- henrietteMédiateur
Le billet est à lire ici : https://monsieursamovar.wordpress.com/2016/05/01/le-fast-food-de-la-pensee/
Bon.
Ça suffit les conneries.
Jusqu’ici, j’ai essayé de traiter la réforme du collège avec impartialité. J’ai tenté de mettre en avant ses points positifs. Je passe des heures à rassurer les collègues sur les possibilités qui seront offertes. Le fait de pouvoir travailler en groupe, les outils qui nous permettront d’individualiser l’enseignement, une vision plus fine de chaque élève, permettant de faire reculer ce fameux « cours médian » que nous mettons en place pour un élève hypothétique, qui n’existe pas.
Mais là, commencent à sortir les nouveaux manuels, et je suis colère.
[...]
Nous sommes entrés à l’ère de l’utilitarisme et ça me débecte.
Les profs ont désormais le devoir de fournir aux mômes des compétences prêtes à servir, des savoir-faire exploitables immédiatement. La Princesse de Clèves ? Qui a lu la Princesse de Clèves, hein ? C’est le fast-food de la pensée.
Alors que nous sommes dans une société qui n’a jamais eu autant besoin d’abstraction. De suranné. De différent.
Le collège n’échoue pas parce qu’il n’est pas en phase avec les préoccupations des élèves, le collège échoue parce qu’il n’arrive pas à faire comprendre aux élèves à quel point cette culture, même lorsqu’elle n’a rien à voir avec eux, est importante. On n’étudie pas pour « trouver un travail ». On étudie pour se forger une pensée qui permettra de partir à l’assaut du quotidien. Et c’est un combat auquel cette réforme semble avoir totalement renoncé. Elle aurait pu être une chance. Se demander comment toucher des mômes à travers des connaissances qui ne leur ressemblent pas. Qui ne sont pas eux.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- OlympiasProphète
Merci Henriette. Il a tout à fait raison.
- OsmieSage
Il est bien sympa M. Samovar, mais je suis surprise qu'il ne réalise qu'avec l'arrivée des manuels que cette réforme ne donnera rien de bon ; n'avait-il pas lu les programmes, assisté aux formations ? Enfin, mieux vaut tard que jamais, sans doute. Pour ma part, j'ai l'impression d'être une Cassandre depuis avril 2015, et je suis lassée de voir que de nombreux collègues ne réalisent qu'aujourd'hui les enjeux de cette réforme.
- InvitéInvité
Je pense qu'il n'a pas attendu l'arrivée des manuels : https://www.neoprofs.org/t95973-en-direct-de-la-reunion-de-formation-vacancesOsmie a écrit:Il est bien sympa M. Samovar, mais je suis surprise qu'il ne réalise qu'avec l'arrivée des manuels que cette réforme ne donnera rien de bon ; n'avait-il pas lu les programmes, assisté aux formations ? Enfin, mieux vaut tard que jamais, sans doute. Pour ma part, j'ai l'impression d'être une Cassandre depuis avril 2015, et je suis lassée de voir que de nombreux collègues ne réalisent qu'aujourd'hui les enjeux de cette réforme.
- Le grincheuxSage
Je suis assez d'accord avec la conclusion, mais il y a juste un petit défaut au raisonnement. La réforme actuelle n'est que le parachèvement (encore que je n'en suis même pas sûr) d'une lame de fond qui sape depuis plus de vingt ans l'instruction. Sauf à mettre un violent coup de pied dans la fourmilière (et il s'en trouvera encore pour râler), il est aujourd'hui trop tard.
Quant au couplet sur les savoir-faire immédiatement exploitables, tarte à la crème s'il en est, si seulement c'était le cas, tout ne serait pas totalement perdu. Mais ce n'est même pas vrai. Ceux qui sortent actuellement du lycée (général) n'ont quasiment aucun savoir-faire immédiatement exploitable, plus aucune culture générale. Dans le supérieur, on en est encore à ramer à contre courant pour remettre les étudiants sur de bons rails, mais le fossé sera tellement grand dans quelques années qu'on baissera les bras.
Le CNISF aujourd'hui IeSF tire la sonnette d'alarme depuis quinze ans. On nous a rigolé au nez, personne ne nous a soutenu. La conséquence logique est cette réforme.
Quant au couplet sur les savoir-faire immédiatement exploitables, tarte à la crème s'il en est, si seulement c'était le cas, tout ne serait pas totalement perdu. Mais ce n'est même pas vrai. Ceux qui sortent actuellement du lycée (général) n'ont quasiment aucun savoir-faire immédiatement exploitable, plus aucune culture générale. Dans le supérieur, on en est encore à ramer à contre courant pour remettre les étudiants sur de bons rails, mais le fossé sera tellement grand dans quelques années qu'on baissera les bras.
Le CNISF aujourd'hui IeSF tire la sonnette d'alarme depuis quinze ans. On nous a rigolé au nez, personne ne nous a soutenu. La conséquence logique est cette réforme.
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Le carnet du Grincheux, Chroniques de misanthropie ordinaire
http://grincheux.de-charybde-en-scylla.fr/
Ma vie, mon œuvre
http://www.systella.fr/
- RendashBon génie
Ouais. Je l'aime bien, le Prof Samovar. Mais
Autrement dit, il a poussé, à sa façon et à son échelle, à la mise en place de cette chose qu'il dénonce aujourd'hui. Et ce, en utilisant la rhétorique ministérielle ("rassuré", comme si l'opposition était uniquement une peur devant l'inconnu, alors qu'elle est un refus de ce qui n'est que trop connu).
J’ai passé du temps à rassurer les collègues sur les possibilités qui seront offertes. Le fait de pouvoir travailler en groupe, les outils qui nous permettront d’individualiser l’enseignement, une vision plus fine de chaque élève, permettant de faire reculer ce fameux « cours médian » que nous mettons en place pour un élève hypothétique, qui n’existe pas.
Autrement dit, il a poussé, à sa façon et à son échelle, à la mise en place de cette chose qu'il dénonce aujourd'hui. Et ce, en utilisant la rhétorique ministérielle ("rassuré", comme si l'opposition était uniquement une peur devant l'inconnu, alors qu'elle est un refus de ce qui n'est que trop connu).
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