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- doctor whoDoyen
Le Café pédagogique rapporte les résultats de trois études :
http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2015/05/26052015Article635682229213550403.aspx
Pour ma part, je pense que ce décrochage en termes de connaissances encyclopédiques n'a rien à voir avec des soit-disant "culture scolaire" et "langue de l'école".
C'est juste que plus on a de connaissance, plus on en apprend de nouvelles. Les petits écoliers de maternelle sont à peu près égaux. Mais l'école échoue à nourrir suffisamment la culture des élèves de milieux défavorisés. Et donc, l'écart se creuse de manière croissante. Surtout quand des ruptures ont lieu et que certaines connaissances et les exercices qui y sont associés (analyse littéraire, démonstration mathématique, paragraphe argumenté historique...) ne peuvent être compris faute d'une culture suffisante.
http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2015/05/26052015Article635682229213550403.aspx
François Jarraud a écrit:Les facteurs d'inégalités sociales et cognitives au collège mis à nu
Comment expliquer le lien entre l'origine sociale et les inégalités de résultat au collège ? Trois études de la Depp, la direction des études du ministère, abordent sous des éclairages différents cette question. La dernière, publiée dans un nouveau numéro d'Education & formations (no double 86-87) qui parait le 26 mai, montre des différences importantes dans les acquis cognitifs des collégiens en fonction de leur origine sociale. Durant la scolarisation au collège, le bagage culturel familial fait la différence.
Les inégalités sociales au collège se réduisent
Les inégalités sociales de résultats au collège sont bien réelles. Pourtant, une étude de JP Caille pour la Depp, dans Education & formations n°85, montre que celles -ci sont allées se réduisant. Ainsi les inégalités d'accès en seconde générale et technologique se sont fortement réduites. En 1995, 91% des enfants d'enseignants, 89% des ceux des cadres, 46% des enfants d'immigrés et 31% de ceux des ouvriers non qualifiés faisaient un parcours direct vers la seconde. En 2007, la part des enfants de profs passait à 89% à l'égal de celle des enfants de cadres. Par contre celle des enfants d'immigrés montait à 53% et celle des enfants d'ouvriers non qualifiés à 40%. L'écart social reste donc énorme : un enfant de cadre a plus de deux fois plus de chance d'arriver à l'heure en seconde générale qu'un enfant d'ouvrier non qualifié. Mais cet écart s'est réduit.
Malgré un décrochage cognitif important
Cet échec au collège, dans une étude de décembre 2013, Jeanie Cayouette-Remblière (CREST EHESS) l'appréhendait une première fois au ras de la classe. Etudiant les évaluations précises de la 6ème à la 3ème des élèves de deux collèges d'une même ville, elle montrait la montée du décrochage cognitif au collège. Toutes les catégories sociales voient leurs résultats scolaires baisser au long du collège. Mais quand les enfants de profs passent de 15,5 à 14 de moyenne de la 6ème à la 3ème, les enfants des familles populaires passent de 11,5 à 9,5. Cette baisse de résultats est liée à la montée des exigences au collège, l'introduction de la démonstration en maths en 4ème, du paragraphe argumenté en histoire-géo, de l'analyse littéraire en français. Ce que montre J Cayouette Remblière c'est que face à ce décrochage cognitif, les équipes enseignantes soit occupent autrement les élèves qui ont décroché, soit passent avec eux un accord tacite où ils échangent le calme dans la classe contre l'absence de travail. Dans els deux cas, la chercheuse montre un renoncement à faire progresser des élèves qui n'ont pas acquis les bases nécessaires en amont.
Le discours scolaire au centre du décrochage
La nouvelle étude de Linda Ben Ali et Ronan Vourc'h (DEPP) va plus loin en utilisant des données soumettant les élèves de la 6ème à la 3ème à des tests cognitifs. L'enquête évalue leur compétence en mémoire encyclopédique, c'est à dire l'acquisition du vocabulaire propre aux disciplines du collège, en maths, par exemple en calcul mental, en traitement de phrases lacunaires (TPL) c'est à dire en richesse du lexique, en lecture silencieuse, c'est à dire en compréhension de l'écrit et en raisonnement sur cartes de Chartier (RCC) c'est à dire en raisonnement logique.
Ce que montre l'étude c'est que les différents groupes sociaux ne connaissent pas de différence quand il s'agit de compréhension de l'écrit ou de capacité de raisonnement. Sur ces points, "les méthodes de transmission des savoirs et de savoir-faire ne détérioreraient pas le degré d'acquisition ", écrivent les auteurs. "Pour ces compétences, les apprentissages ne permettraient pas de résorber les écarts dus au marquage social mais ils n'aggraveraient pas les différences".
Ce n'est pas le cas pour le niveau en maths et la mémoire encyclopédique où le collège accroit les inégalités sociales. "Pour les épreuves de mémoire encyclopédique et de mathématiques, le collège accroit les inégalités sociales", affirment-ils. "Les résultats suggèrent que les écarts sociaux auraient tendance à se creuser davantage pour des épreuves construites à partir d'un contenu strictement scolaire". C'est bien la capacité familiale à avoir acquis cette culture scolaire (le vocabulaire des manuels scolaires par exemple) qui augmente les inégalités sociales au collège. Les élèves des milieux populaires, les enfants immigrés comprennent aussi bien que les autres. Mais ils n'ont pas accès comme les autres à la langue de l'école.
L'intérêt de cette étude c'est qu'elle commence à donner des indications sur les points où doivent agir les équipes enseignantes. Le décrochage scolaire semble moins lié à des difficultés de compréhension qu'à une incompréhension du discours scolaire. La différence peut sembler subtil pour beaucoup d'enseignants eux-mêmes anciens bons élèves et bons connaisseurs des usages scolaires. Les travaux de la Depp montrent l'importance de bien marquer les facteurs d'explication des raisonnements scolaires, la nécessité d'une acculturation scolaire.
Pour ma part, je pense que ce décrochage en termes de connaissances encyclopédiques n'a rien à voir avec des soit-disant "culture scolaire" et "langue de l'école".
C'est juste que plus on a de connaissance, plus on en apprend de nouvelles. Les petits écoliers de maternelle sont à peu près égaux. Mais l'école échoue à nourrir suffisamment la culture des élèves de milieux défavorisés. Et donc, l'écart se creuse de manière croissante. Surtout quand des ruptures ont lieu et que certaines connaissances et les exercices qui y sont associés (analyse littéraire, démonstration mathématique, paragraphe argumenté historique...) ne peuvent être compris faute d'une culture suffisante.
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- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Le Café a écrit:Pourtant, une étude de JP Caille pour la Depp, dans Education & formations n°85, montre que celles -ci sont allées se réduisant. Ainsi les inégalités d'accès en seconde générale et technologique se sont fortement réduites.
Tiens donc ! Mais par quel miracle ? :lol:
Le Café a écrit:L'intérêt de cette étude c'est qu'elle commence à donner des indications sur les points où doivent agir les équipes enseignantes. Le décrochage scolaire semble moins lié à des difficultés de compréhension qu'à une incompréhension du discours scolaire.
Je veux bien travailler là-dessus, mais je ne sais pas ce qu'il faut mettre derrière "discours scolaire". Ça veut dire quoi ? Des exemples ?
- V.MarchaisEmpereur
Enfin on dira ce qu'on voudra, un élève de Troisième qu'entrave que dalle à un extrait de roman simple, c'est pas sur le "discours scolaire", qu'il butte.
- archebocEsprit éclairé
V.Marchais a écrit:Enfin on dira ce qu'on voudra, un élève de Troisième qu'entrave que dalle à un extrait de roman simple, c'est pas sur le "discours scolaire", qu'il butte.
Relisez tout l'article en remplaçant "langue de l'école" par "richesse du vocabulaire". Cela devient d'un coup beaucoup plus clair.
Il est inutile de se taper trois études arides pour arriver à une telle banalité. Il aurait suffi de regarder la prestation de Franck Lepage sur les performances comparées des ailes de parapentes "roudoudou" et "satanax".
https://www.youtube.com/watch?v=ACxRSSkYR_k
- doctor whoDoyen
Richesse du vocabulaire et des connaissances "encyclopédiques".
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- eleonore69Érudit
doctor who a écrit:Le Café pédagogique rapporte les résultats de trois études :
http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2015/05/26052015Article635682229213550403.aspxFrançois Jarraud a écrit:Les facteurs d'inégalités sociales et cognitives au collège mis à nu
Comment expliquer le lien entre l'origine sociale et les inégalités de résultat au collège ? Trois études de la Depp, la direction des études du ministère, abordent sous des éclairages différents cette question. La dernière, publiée dans un nouveau numéro d'Education & formations (no double 86-87) qui parait le 26 mai, montre des différences importantes dans les acquis cognitifs des collégiens en fonction de leur origine sociale. Durant la scolarisation au collège, le bagage culturel familial fait la différence.
Les inégalités sociales au collège se réduisent
Les inégalités sociales de résultats au collège sont bien réelles. Pourtant, une étude de JP Caille pour la Depp, dans Education & formations n°85, montre que celles -ci sont allées se réduisant. Ainsi les inégalités d'accès en seconde générale et technologique se sont fortement réduites. En 1995, 91% des enfants d'enseignants, 89% des ceux des cadres, 46% des enfants d'immigrés et 31% de ceux des ouvriers non qualifiés faisaient un parcours direct vers la seconde. En 2007, la part des enfants de profs passait à 89% à l'égal de celle des enfants de cadres. Par contre celle des enfants d'immigrés montait à 53% et celle des enfants d'ouvriers non qualifiés à 40%. L'écart social reste donc énorme : un enfant de cadre a plus de deux fois plus de chance d'arriver à l'heure en seconde générale qu'un enfant d'ouvrier non qualifié. Mais cet écart s'est réduit.
Malgré un décrochage cognitif important
Cet échec au collège, dans une étude de décembre 2013, Jeanie Cayouette-Remblière (CREST EHESS) l'appréhendait une première fois au ras de la classe. Etudiant les évaluations précises de la 6ème à la 3ème des élèves de deux collèges d'une même ville, elle montrait la montée du décrochage cognitif au collège. Toutes les catégories sociales voient leurs résultats scolaires baisser au long du collège. Mais quand les enfants de profs passent de 15,5 à 14 de moyenne de la 6ème à la 3ème, les enfants des familles populaires passent de 11,5 à 9,5. Cette baisse de résultats est liée à la montée des exigences au collège, l'introduction de la démonstration en maths en 4ème, du paragraphe argumenté en histoire-géo, de l'analyse littéraire en français. Ce que montre J Cayouette Remblière c'est que face à ce décrochage cognitif, les équipes enseignantes soit occupent autrement les élèves qui ont décroché, soit passent avec eux un accord tacite où ils échangent le calme dans la classe contre l'absence de travail. Dans els deux cas, la chercheuse montre un renoncement à faire progresser des élèves qui n'ont pas acquis les bases nécessaires en amont.
Le discours scolaire au centre du décrochage
La nouvelle étude de Linda Ben Ali et Ronan Vourc'h (DEPP) va plus loin en utilisant des données soumettant les élèves de la 6ème à la 3ème à des tests cognitifs. L'enquête évalue leur compétence en mémoire encyclopédique, c'est à dire l'acquisition du vocabulaire propre aux disciplines du collège, en maths, par exemple en calcul mental, en traitement de phrases lacunaires (TPL) c'est à dire en richesse du lexique, en lecture silencieuse, c'est à dire en compréhension de l'écrit et en raisonnement sur cartes de Chartier (RCC) c'est à dire en raisonnement logique.
Ce que montre l'étude c'est que les différents groupes sociaux ne connaissent pas de différence quand il s'agit de compréhension de l'écrit ou de capacité de raisonnement. Sur ces points, "les méthodes de transmission des savoirs et de savoir-faire ne détérioreraient pas le degré d'acquisition ", écrivent les auteurs. "Pour ces compétences, les apprentissages ne permettraient pas de résorber les écarts dus au marquage social mais ils n'aggraveraient pas les différences".
Ce n'est pas le cas pour le niveau en maths et la mémoire encyclopédique où le collège accroit les inégalités sociales. "Pour les épreuves de mémoire encyclopédique et de mathématiques, le collège accroit les inégalités sociales", affirment-ils. "Les résultats suggèrent que les écarts sociaux auraient tendance à se creuser davantage pour des épreuves construites à partir d'un contenu strictement scolaire". C'est bien la capacité familiale à avoir acquis cette culture scolaire (le vocabulaire des manuels scolaires par exemple) qui augmente les inégalités sociales au collège. Les élèves des milieux populaires, les enfants immigrés comprennent aussi bien que les autres. Mais ils n'ont pas accès comme les autres à la langue de l'école.
L'intérêt de cette étude c'est qu'elle commence à donner des indications sur les points où doivent agir les équipes enseignantes. Le décrochage scolaire semble moins lié à des difficultés de compréhension qu'à une incompréhension du discours scolaire. La différence peut sembler subtil pour beaucoup d'enseignants eux-mêmes anciens bons élèves et bons connaisseurs des usages scolaires. Les travaux de la Depp montrent l'importance de bien marquer les facteurs d'explication des raisonnements scolaires, la nécessité d'une acculturation scolaire.
Pour ma part, je pense que ce décrochage en termes de connaissances encyclopédiques n'a rien à voir avec des soit-disant "culture scolaire" et "langue de l'école".
C'est juste que plus on a de connaissance, plus on en apprend de nouvelles. Les petits écoliers de maternelle sont à peu près égaux. Mais l'école échoue à nourrir suffisamment la culture des élèves de milieux défavorisés. Et donc, l'écart se creuse de manière croissante. Surtout quand des ruptures ont lieu et que certaines connaissances et les exercices qui y sont associés (analyse littéraire, démonstration mathématique, paragraphe argumenté historique...) ne peuvent être compris faute d'une culture suffisante.
Je ne trouve pas.. Dès la première année de maternelle, il ya de grosses différences.:, entre ceux(par exemple) qui ne parlent quasiment pas et ceux qui ont déjà un langage élaboré...
- doctor whoDoyen
eleonore69 a écrit:
Pour ma part, je pense que ce décrochage en termes de connaissances encyclopédiques n'a rien à voir avec des soit-disant "culture scolaire" et "langue de l'école".
C'est juste que plus on a de connaissance, plus on en apprend de nouvelles. Les petits écoliers de maternelle sont à peu près égaux. Mais l'école échoue à nourrir suffisamment la culture des élèves de milieux défavorisés. Et donc, l'écart se creuse de manière croissante. Surtout quand des ruptures ont lieu et que certaines connaissances et les exercices qui y sont associés (analyse littéraire, démonstration mathématique, paragraphe argumenté historique...) ne peuvent être compris faute d'une culture suffisante.
Je ne trouve pas.. Dès la première année de maternelle, il ya de grosses différences.:, entre ceux(par exemple) qui ne parlent quasiment pas et ceux qui ont déjà un langage élaboré... [/quote]
Différence d'âge souvent. Mais à ce moment là, la différence en termes de connaissances n'est pas aussi importante que plus tard. Ca augmente de manière exponentielle (peut-être moins que ça quand même...)
A cet âge plus que jamais, l'apprentissage n'est pas linéaire ni régulier ni simultané.
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- lumeekaExpert spécialisé
En PS, ma fille ne parlait pas autant ni aussi bien que les autres : elle est bilingue. Elle s'est bien rattrapée depuis.eleonore69 a écrit:
Je ne trouve pas.. Dès la première année de maternelle, il ya de grosses différences.:, entre ceux(par exemple) qui ne parlent quasiment pas et ceux qui ont déjà un langage élaboré...
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- sinanNiveau 9
C'est vrai que les PE de maternelle dans l'école de ma fille (saint-denis) me disent qu'il y a déjà un fort écart entre les élèves. Une PE de MS me donnait l'exemple des couleurs : certains ne les connaissent pas du tout (les parents étonnés: ah bon ce n'est pas l'école qui apprend cela). Autre exemple : dix objets de la vie quotidienne. Certains élèves n'étaient capables que d'en nommer trois.
- doctor whoDoyen
C'est pourquoi l'école maternelle est là, et aussi pourquoi la scolarisation à deux ans doit être encouragée.
Mais une maternelle digne de ce nom apporte suffisamment de connaissances pour réduire le fossé entre les enfants, me semble-t-il.
Et la primaire a son rôle a jouer. Je pense à l'histoire, et à l'introduction tardive des connaissances sur les civilisations passées (CE2 jusqu'à aujourd'hui, CM1 en 2016). Les enfants de prof et de CSP+ auront eu leurs premiers livres d'histoire à 4 ans, et les autres commenceront avec l'école, à 8 ans.
Voir le fil sur Twitter #histoiregéoavant8ans.
Mais une maternelle digne de ce nom apporte suffisamment de connaissances pour réduire le fossé entre les enfants, me semble-t-il.
Et la primaire a son rôle a jouer. Je pense à l'histoire, et à l'introduction tardive des connaissances sur les civilisations passées (CE2 jusqu'à aujourd'hui, CM1 en 2016). Les enfants de prof et de CSP+ auront eu leurs premiers livres d'histoire à 4 ans, et les autres commenceront avec l'école, à 8 ans.
Voir le fil sur Twitter #histoiregéoavant8ans.
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- eleonore69Érudit
sinan a écrit:C'est vrai que les PE de maternelle dans l'école de ma fille (saint-denis) me disent qu'il y a déjà un fort écart entre les élèves. Une PE de MS me donnait l'exemple des couleurs : certains ne les connaissent pas du tout (les parents étonnés: ah bon ce n'est pas l'école qui apprend cela). Autre exemple : dix objets de la vie quotidienne. Certains élèves n'étaient capables que d'en nommer trois.
Certains parents attendant tout de l'école et de l'instit... Et parfois on se demande sur quelle planète ils vivent...
Anecdote pour la classe de mon fils: pour les vacances de Pâques, l'instit avait donné un petit pot de terre avec quelques graines de haricots.. il s'agissait de planter ses fameux haricots et de les ramener après les vacances pour permettre de futures observations..
Et bien des parents ont râlé parce qu'ils voulaient que l'inst fasse un poly pour expliquer comment planter les graines et puis cela ls faisait ch... certains..; Aucun effort, aucune initiative.. comment voulez-vous que leurs gosses réussissent dans ces conditions? On ne peut pas tout attendre de la société non plus !
- eleonore69Érudit
Je précise que mon fils n'est pas dans une école défavorisée... Les gens ne sont pas dans la misère...
- doctor whoDoyen
C'est pourquoi l'utopie d'une annulation des déterminismes sociaux par l'école à l'échelle d'un destin individuel est stupide.
Et c'est cette utopie qui est commune aux pédagogues modernistes et à certains républicains.
Pour ma part, je crois à la possibilité de réduire les déterminismes sur le plan individuel, mais refuse de penser que si on n'y arrive pas pour certains, c'est un échec. Il faut voir à plus long terme, à l'échelle de deux ou trois générations.
J'ajoute que le critère de réussite de la réduction de ces déterminismes n'est pas l'ascension sociale, même si l'accès à des professions variées et plus qualifiées est nécessaire. Cette réussite se mesure aussi au niveau d'instruction moyen de la population, y compris ouvriers, employés, etc.
Bref, le but n'est pas que les enfants d'ouvriers deviennent tous cadres, mais que les enfants d'ouvriers restant ouvriers soient instruits, lisent, et prennent les commandes de leur vie, notamment de leur vie professionnelle.
Et c'est cette utopie qui est commune aux pédagogues modernistes et à certains républicains.
Pour ma part, je crois à la possibilité de réduire les déterminismes sur le plan individuel, mais refuse de penser que si on n'y arrive pas pour certains, c'est un échec. Il faut voir à plus long terme, à l'échelle de deux ou trois générations.
J'ajoute que le critère de réussite de la réduction de ces déterminismes n'est pas l'ascension sociale, même si l'accès à des professions variées et plus qualifiées est nécessaire. Cette réussite se mesure aussi au niveau d'instruction moyen de la population, y compris ouvriers, employés, etc.
Bref, le but n'est pas que les enfants d'ouvriers deviennent tous cadres, mais que les enfants d'ouvriers restant ouvriers soient instruits, lisent, et prennent les commandes de leur vie, notamment de leur vie professionnelle.
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- CarnyxNeoprof expérimenté
Plusieurs instits me l'ont dit aussi.sinan a écrit:C'est vrai que les PE de maternelle dans l'école de ma fille (saint-denis) me disent qu'il y a déjà un fort écart entre les élèves. Une PE de MS me donnait l'exemple des couleurs : certains ne les connaissent pas du tout (les parents étonnés: ah bon ce n'est pas l'école qui apprend cela). Autre exemple : dix objets de la vie quotidienne. Certains élèves n'étaient capables que d'en nommer trois.
Ce sont des choses qui permettent de comprendre un peu mieux certaines réactions d'élèves.
Dans le même genre de choses qui nous semblent évidentes : des lycéens découvraient « arteu ».
Il s'agissait de la chaîne Arte.
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Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
- V.MarchaisEmpereur
Entièrement d'accord avec tout ce que tu dis, Doctor Who.
- CathEnchanteur
Et aussi on ne voit pas pourquoi ces enfants "à peu près égaux", confrontés à l'apprentissage de la même "langue de l'école", de la même façon et au même ryhtme ne la comprendraient pas tous, alors...
- doctor whoDoyen
Ce concept de "langue de l'école", mais aussi de "codes" sont des fausses-pistes, qui dédouanent l'école de sa responsabilité en matières de connaissances.
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- Spinoza1670Esprit éclairé
C'est sûr qu'un cancre qui n'a par définition rien pigé aux "usages scolaires" sera plus à même de les expliquer à des élèves, ces "usages scolaires".étude à la con a écrit:L'intérêt de cette étude c'est qu'elle commence à donner des indications sur les points où doivent agir les équipes enseignantes. Le décrochage scolaire semble moins lié à des difficultés de compréhension qu'à une incompréhension du discours scolaire. La différence peut sembler subtil pour beaucoup d'enseignants eux-mêmes anciens bons élèves et bons connaisseurs des usages scolaires. Les travaux de la Depp montrent l'importance de bien marquer les facteurs d'explication des raisonnements scolaires, la nécessité d'une acculturation scolaire.
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- doctor whoDoyen
On est là devant le dernier avatar de la distinction artificielle entre les connaissances scientifiquement établies et la manière de les enseigner.
La quantité et la qualité des connaissances ne compteraient pas, y a qu'à prendre deux ou trois trucs qui se font à l'université et transposer ça en primaire. Par contre, on va saouler les élèves avec des travaux sur leurs attitudes, leur savoir-être.
Alors que cette culture scolaire est une culture des connaissances. Si tu sais, tu sauras.Si tu sais moins, tu sauras moins. Si tu ne sais presque pas, tu ne sauras presque rien.
La quantité et la qualité des connaissances ne compteraient pas, y a qu'à prendre deux ou trois trucs qui se font à l'université et transposer ça en primaire. Par contre, on va saouler les élèves avec des travaux sur leurs attitudes, leur savoir-être.
Alors que cette culture scolaire est une culture des connaissances. Si tu sais, tu sauras.Si tu sais moins, tu sauras moins. Si tu ne sais presque pas, tu ne sauras presque rien.
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- ThalieGrand sage
Entièrement d'accord avec tout ce qui est dit là.doctor who a écrit:
Bref, le but n'est pas que les enfants d'ouvriers deviennent tous cadres, mais que les enfants d'ouvriers restant ouvriers soient instruits, lisent, et prennent les commandes de leur vie, notamment de leur vie professionnelle.
Mais de plus, ils ne POURRONT pas devenir tous cadres. Le système est devenu fou ! Je ne supporte plus de les entendre dire : "150 000 jeunes sortent du système sans aucun diplôme". Nous les connaissons tous ces élèves. Nous savons qu'ils font partie des absentéistes, des perturbateurs, des élèves décrocheurs qui ne veulent pas travailler.
Le chômage est massif, il n'y a pas de travail et on accuse l'école ! C'est tragique !
Des générations entières désormais vont exiger d'avoir un emploi correspondant à la hauteur de leurs études. La chute va être et est déjà très dure. Il n'y a qu'à voir le sujet des surdiplômés au chômage.
- doctor whoDoyen
Surtout, en visant l'annulation des déterminismes individuels, on crée de la frustration, la sensation de déclassement.
Tout sauf de gauche, si l'on se souvient un peu de Marx : les communistes n'ont jamais voulu faire un peuple de petits-bourgeois envieux de la place de leur voisin.
Tout sauf de gauche, si l'on se souvient un peu de Marx : les communistes n'ont jamais voulu faire un peuple de petits-bourgeois envieux de la place de leur voisin.
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- madamedNiveau 7
Je suis susceptible ou je comprends bien qu'on est encore responsable de l'échec parce qu'on explique pas assez les implicites scolaires et le langage scolaire?
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Tempête sous un crâne
- doctor whoDoyen
madamed a écrit:Je suis susceptible ou je comprends bien qu'on est encore responsable de l'échec parce qu'on explique pas assez les implicites scolaires et le langage scolaire?
C'est ça. Et il faut que tu prennes le temps de le faire, quitte à transmettre moins de connaissances. T'as compris !
Suffit de regarder l'inflation des activités d'écriture dans les programmes de cycle 3. Ils vont passer des heures à griffonner autour de trois notions qui se courent après...
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- lumeekaExpert spécialisé
Je suis une vilaine mère qui fait faire des cahiers de vacances (pendant les petites vacances ) à ma fille bilingue de MS. Lors d'une activité de reconnaissance d'objets (que nous faisons dans les deux langues afin d'équilibrer le lexique), je me suis rendue compte qu'elle ne savait pas reconnaître... un pauvre paquet de céréales. :shock: Et puis j'ai réalisé que nous n'en avions pas à la maison et que nous ne regardions jamais la télévision.sinan a écrit:C'est vrai que les PE de maternelle dans l'école de ma fille (saint-denis) me disent qu'il y a déjà un fort écart entre les élèves. Une PE de MS me donnait l'exemple des couleurs : certains ne les connaissent pas du tout (les parents étonnés: ah bon ce n'est pas l'école qui apprend cela). Autre exemple : dix objets de la vie quotidienne. Certains élèves n'étaient capables que d'en nommer trois.
Ceci dit, ne reconnaître que trois objets sur 10 est quand même effarant.
Trop peu de parents prennent le temps de discuter ou de lire à leurs enfants, certains ont des horaires décalés et rentrent tard crevés, et d'autres encore pensent que l'école fait tout.
Pour la scolarisation à deux ans, je ne suis pas aussi convaincue que toi mais c'est peut-être parce que j'ai pu choisir avec précaution l'assistante maternelle de ma fille; dans certaines villes tous les parents ne peuvent pas faire la fine bouche, c'est vrai.doctor who a écrit:C'est pourquoi l'école maternelle est là, et aussi pourquoi la scolarisation à deux ans doit être encouragée.
Mais une maternelle digne de ce nom apporte suffisamment de connaissances pour réduire le fossé entre les enfants, me semble-t-il.
Et la primaire a son rôle a jouer. Je pense à l'histoire, et à l'introduction tardive des connaissances sur les civilisations passées (CE2 jusqu'à aujourd'hui, CM1 en 2016). Les enfants de prof et de CSP+ auront eu leurs premiers livres d'histoire à 4 ans, et les autres commenceront avec l'école, à 8 ans.
Voir le fil sur Twitter #histoiregéoavant8ans.
L'autre problème est l'hygiène à deux ans, l'enfant ne doit pas avoir de couches et aller aux toilettes.
Pour les enfants de profs, tu as sûrement raison : ma fille de quatre ans et demi a, comme beaucoup d'enfants de profs, plus de livres que de peluches, adore les librairies, sait ce qu'est un viking ou un romain, peut situer quelques organes comme le cœur, le cerveau ou les poumons et reconnaître Saturne ou la Terre, mais j'irai plus loin : les enfants dont les parents ont fait des études supérieures ont souvent un peu plus d'avance malheureusement; le père de mon Pikachu n'est pas prof, il est ingénieur (maths sup-maths spé/grande école). Notre fille aura déjà plus d'avance que certains gosses et beaucoup d'aide pour les devoirs. Elle aura également entendu un discours qui valorise l'école.
Je suis fille d'ouvriers mais j'avais un avantage - une mère féministe, frustrée d'avoir dû s'arrêter au Certificat d'études, terriblement curieuse et qui possédait une bibliothèque gigantesque dans laquelle on pouvait choisir entre Hugo, Gogol, Shakespeare, Dante et Goethe, sans parler des atlas, des biographies et des encyclopédies. Ma mère fut ma première PE, un modèle de soif de connaissances qui valorisait, elle aussi, l'école mais surtout les enseignants.
doctor who a écrit:C'est pourquoi l'utopie d'une annulation des déterminismes sociaux par l'école à l'échelle d'un destin individuel est stupide.
Et c'est cette utopie qui est commune aux pédagogues modernistes et à certains républicains.
Pour ma part, je crois à la possibilité de réduire les déterminismes sur le plan individuel, mais refuse de penser que si on n'y arrive pas pour certains, c'est un échec. Il faut voir à plus long terme, à l'échelle de deux ou trois générations.
J'ajoute que le critère de réussite de la réduction de ces déterminismes n'est pas l'ascension sociale, même si l'accès à des professions variées et plus qualifiées est nécessaire. Cette réussite se mesure aussi au niveau d'instruction moyen de la population, y compris ouvriers, employés, etc.
Bref, le but n'est pas que les enfants d'ouvriers deviennent tous cadres, mais que les enfants d'ouvriers restant ouvriers soient instruits, lisent, et prennent les commandes de leur vie, notamment de leur vie professionnelle.
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Animals are my friends... and I don't eat my friends. George Bernard Shaw
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http://www.nonhumanrightsproject.org/about-us-2/
- lumeekaExpert spécialisé
Je suis tombée sur un article de l'Observatoire des Inégalités datant de 2011 : http://www.inegalites.fr/spip.php?article1478
On peut y lire entre autre :
L'article remet cependant en question la crise et le chômage, beaucoup de pays en souffrent mais la France reste cependant championne des inégalités scolaires avec la Nouvelle Zélande. Pour les auteurs, c'est en autre, le collège unique et le manque de moyens :
Quand je lis qu'il y a une trop "forte place réservée aux savoirs académiques", je m'étrangle. Tout le monde n'a pas envie de suivre une filière professionnelle non plus.
Je suis restée bête face au "fétichisme" de l'évaluation permanente et je passe sous silence les horribles professeurs qui favoriseraient leurs enfants. Le choix des mots est quand même lourd: on croirait presque un complot. De plus, on passe "d'enfants de diplômés" à "un élève dont le père est enseignant" selon le ministère. Le ministère a-t-il des chiffres sur la réussite scolaire des enfants de ministre ?
On peut y lire entre autre :
Le point 4, est tiré de « Surpeuplement du logement et retard scolaire », Données sociales 2002-2003, Insee.La montée du chômage et son maintien à un niveau particulièrement élevé en France, ainsi que la précarisation de l’emploi et l’instabilité qui en résulte, ont fragilisé les familles du bas de l’échelle sociale et joué sur les résultats scolaires de leurs enfants. Ainsi, par exemple, une famille qui ne présente pas les garanties nécessaires pour accéder à un logement suffisamment grand ne met pas ses enfants dans la meilleure situation pour réussir à l’école : comme l’ont montré les économistes Eric Maurin et Dominique Goux, le surpeuplement du logement exerce en effet une influence négative sur les résultats scolaires [4]. De même, seuls ceux qui en ont les moyens peuvent payer à leurs enfants des cours privés pour tenter d’améliorer leurs bulletins scolaires, aidés en cela par de substantielles réductions d’impôts.
L'article remet cependant en question la crise et le chômage, beaucoup de pays en souffrent mais la France reste cependant championne des inégalités scolaires avec la Nouvelle Zélande. Pour les auteurs, c'est en autre, le collège unique et le manque de moyens :
J'ai mis en gras ce qui me paraissait pertinent car certains passages...Dans les années 1970 et 1980, pour rattraper le retard considérable qu’elle avait pris en matière d’éducation, la France a ouvert les portes de ses collèges et lycées au plus grand nombre. Mais elle n’est pas allée au bout de cet effort. Contrairement aux souhaits des réformateurs de l’époque, la façon de faire l’école a peu évolué, notamment dans l’enseignement secondaire. Celui-ci est resté marqué par la forte place réservée aux savoirs académiques, la dévalorisation des savoirs professionnels et techniques et le fétichisme de l’évaluation permanente. Au total, collèges et lycées ont continué et continuent encore de favoriser les enfants de diplômés : un élève dont le père est enseignant a quatorze fois plus de chances d’obtenir le bac général que celui dont le père est ouvrier non qualifié, selon le ministère de l’Education nationale. Et ces inégalités se poursuivent dans l’enseignement supérieur : l’université généraliste reçoit presque deux fois moins de moyens par étudiant que les grandes écoles sélectives ; trop peu, en tout cas, pour développer des premiers cycles de grande qualité et des conditions d’études dignes de ce nom.
Quand je lis qu'il y a une trop "forte place réservée aux savoirs académiques", je m'étrangle. Tout le monde n'a pas envie de suivre une filière professionnelle non plus.
Je suis restée bête face au "fétichisme" de l'évaluation permanente et je passe sous silence les horribles professeurs qui favoriseraient leurs enfants. Le choix des mots est quand même lourd: on croirait presque un complot. De plus, on passe "d'enfants de diplômés" à "un élève dont le père est enseignant" selon le ministère. Le ministère a-t-il des chiffres sur la réussite scolaire des enfants de ministre ?
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