- NoukaExpert
Salut !
Je suis toujours en train de préparer ma pseudo séquence de littérature pour mon Master Fle et je cherche des textes de genres différents sur le thème du départ (partir de son pays, volontairement ou non), de l'exil. Je voudrais proposer plusieurs supports sur ce thème et en même temps à travers les différents genres littéraires.
Pour la poésie, pas le choix c'est mon texte imposé, le poème de Schehadé dont j'ai parlé ailleurs. A la rigueur je peux choisir éventuellement un autre poème dans lequel le poète exprime un sentiment positif sur son départ ou sa nouvelle vie). Je pensais aussi à la chanson de Michel Berger (Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux) mais je ne suis pas sûre.
Je sèche pour le reste.
Auriez-vous des idées ?
Merci !
Nouka
Je suis toujours en train de préparer ma pseudo séquence de littérature pour mon Master Fle et je cherche des textes de genres différents sur le thème du départ (partir de son pays, volontairement ou non), de l'exil. Je voudrais proposer plusieurs supports sur ce thème et en même temps à travers les différents genres littéraires.
Pour la poésie, pas le choix c'est mon texte imposé, le poème de Schehadé dont j'ai parlé ailleurs. A la rigueur je peux choisir éventuellement un autre poème dans lequel le poète exprime un sentiment positif sur son départ ou sa nouvelle vie). Je pensais aussi à la chanson de Michel Berger (Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux) mais je ne suis pas sûre.
Je sèche pour le reste.
Auriez-vous des idées ?
Merci !
Nouka
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- tannatHabitué du forum
BD de Marjane Satrapi, je crois que "Persépolis" comporte des planches qui abordent le sujet.
Et puis peut-être un passage de cet extrait ?
Lettres XXIII, le 22 juin 1984. A Nancy.
J’ai pensé à mon père ces derniers jours. Je me suis demandé si ce n’est pas l’exil qui l’a affaibli, plus que l’âge (il a soixante-dix ans, ce n’est pas si vieux). Pour la première fois de sa vie, mon père a des ennuis cardiaques. Il a toujours eu de l’asthme, je suis habituée depuis l’enfance à ses crises de suffocation, mais là, mon père est sur un lit d’hôpital le cœur malade. Je ne peux croire que ce sera grave. Et c’est dans le pays de ma mère, la Dordogne, que mon père, patient dans son exil (il porte bien son nom : Sebbar, c’est « le patient »), se couche dans une chambre d’hôpital, isolé, sous surveillance, avec pour seul lien à sa terre ma mère qui connaît son village et sa maison natale en Algérie. Je ne sais ce que pense mon père dans ce petit hôpital près de Périgueux. Je ne le saurais pas parce que je ne demanderai rien et que mon père, s’il est un homme de patience, est aussi un homme de silence. Je ne sais pourquoi, je me suis mise à penser à quel point j’écris depuis le début du manque, un manque fondamental, et je n’ai même pas inscrit sur une bande magnétique la voix de mon père, en français et en arabe. J’écris sur le silence, une mémoire blanche, une histoire en miettes, une communauté dispersée, éclatée, divisée à jamais, j’écris sur du fragment, du vide, une terre pauvre, inculte, stérile où il faut creuser profond et loin pour mettre au jour ce qu’on aurait oublié pour toujours. J’ai peur de la mort de mon père. J’ai peur d’un tarissement, parce que je comprends aujourd’hui qu’il est ma source et ma ressource dans la langue française qui serait restée morte, simple outil d’expression, de communication, sans l’histoire paternelle, sans l’aventure croisée, amoureuse de mon père et de ma mère, de l’Algérie et de la France liées dans l’occupation, la guerre, le travail de colonisation et de libération. […] LEÏLA
Lettres parisiennes, B. Bararault, 1986
Et puis peut-être un passage de cet extrait ?
Lettres XXIII, le 22 juin 1984. A Nancy.
J’ai pensé à mon père ces derniers jours. Je me suis demandé si ce n’est pas l’exil qui l’a affaibli, plus que l’âge (il a soixante-dix ans, ce n’est pas si vieux). Pour la première fois de sa vie, mon père a des ennuis cardiaques. Il a toujours eu de l’asthme, je suis habituée depuis l’enfance à ses crises de suffocation, mais là, mon père est sur un lit d’hôpital le cœur malade. Je ne peux croire que ce sera grave. Et c’est dans le pays de ma mère, la Dordogne, que mon père, patient dans son exil (il porte bien son nom : Sebbar, c’est « le patient »), se couche dans une chambre d’hôpital, isolé, sous surveillance, avec pour seul lien à sa terre ma mère qui connaît son village et sa maison natale en Algérie. Je ne sais ce que pense mon père dans ce petit hôpital près de Périgueux. Je ne le saurais pas parce que je ne demanderai rien et que mon père, s’il est un homme de patience, est aussi un homme de silence. Je ne sais pourquoi, je me suis mise à penser à quel point j’écris depuis le début du manque, un manque fondamental, et je n’ai même pas inscrit sur une bande magnétique la voix de mon père, en français et en arabe. J’écris sur le silence, une mémoire blanche, une histoire en miettes, une communauté dispersée, éclatée, divisée à jamais, j’écris sur du fragment, du vide, une terre pauvre, inculte, stérile où il faut creuser profond et loin pour mettre au jour ce qu’on aurait oublié pour toujours. J’ai peur de la mort de mon père. J’ai peur d’un tarissement, parce que je comprends aujourd’hui qu’il est ma source et ma ressource dans la langue française qui serait restée morte, simple outil d’expression, de communication, sans l’histoire paternelle, sans l’aventure croisée, amoureuse de mon père et de ma mère, de l’Algérie et de la France liées dans l’occupation, la guerre, le travail de colonisation et de libération. […] LEÏLA
Lettres parisiennes, B. Bararault, 1986
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- NoukaExpert
Excellent, je ne connaissais pas merci ! Quant à Persepolis, super idée, je n'y avais pas pensé.
Merci beaucoup pour ces conseils Tannat !
Merci beaucoup pour ces conseils Tannat !
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- tannatHabitué du forum
http://www.universalis.fr/encyclopedie/litteratures-de-l-exil/ressources/
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- NoukaExpert
Je viens de tomber sur la chanson Exil de Ralph Thamar.
Les lettres parisiennes sont un roman épistolaire de Leïla Sabbar et Nancy Huston.
Merci !
Les lettres parisiennes sont un roman épistolaire de Leïla Sabbar et Nancy Huston.
Merci !
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- User5899Demi-dieu
"Départ
Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. — Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l'affection et le bruit neufs !"
A. Rimbaud
Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. — Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l'affection et le bruit neufs !"
A. Rimbaud
- User5899Demi-dieu
"Là -bas
Tout est neuf et tout est sauvage
Libre continent sans grillage
Ici, nos rêves sont étroits
C'est pour ça que j'irai là -bas
Là -bas
Faut du cœur et faut du courage
Mais tout est possible à mon âge
Si tu as la force et la foi
L'or est à portée de tes doigts
C'est pour ça que j'irai là -bas
N'y va pas
Y a des tempêtes et des naufrages
Le feu, les diables et les mirages
Je te sais si fragile parfois
Reste au creux de moi
On a tant d'amour à faire
Tant de bonheur à venir
Je te veux mari et père
Et toi, tu rêves de partir
Ici, tout est joué d'avance
Et l'on n'y peut rien changer
Tout dépend de ta naissance
Et moi je ne suis pas bien né
Là -bas
Loin de nos vies, de nos villages
J'oublierai ta voix, ton visage
J'ai beau te serrer dans mes bras
Tu m'échappes déjà , là -bas
J'aurai ma chance, j'aurai mes droits
N'y va pas
Et la fierté qu'ici je n'ai pas
Là -bas
Tout ce que tu mérites est à toi
N'y va pas
Ici, les autres imposent leur loi
Là -bas
Je te perdrai peut-être là -bas
N'y va pas
Mais je me perds si je reste là
Là -bas
La vie ne m'a pas laissé le choix
N'y va pas
Toi et moi, ce sera là -bas ou pas
Là -bas
Tout est neuf et tout est sauvage
N'y va pas
Libre continent sans grillage
Là -bas
Beau comme on n'imagine pas
N'y va pas
Ici, même nos rêves sont étroits
Là -bas
C'est pour ça que j'irai là -bas
N'y va pas
On ne m'a pas laissé le choix
Là -bas
Je me perds si je reste là
N'y va pas
C'est pour ça que j'irai là -bas"
Pas A. Rimbaud
Tout est neuf et tout est sauvage
Libre continent sans grillage
Ici, nos rêves sont étroits
C'est pour ça que j'irai là -bas
Là -bas
Faut du cœur et faut du courage
Mais tout est possible à mon âge
Si tu as la force et la foi
L'or est à portée de tes doigts
C'est pour ça que j'irai là -bas
N'y va pas
Y a des tempêtes et des naufrages
Le feu, les diables et les mirages
Je te sais si fragile parfois
Reste au creux de moi
On a tant d'amour à faire
Tant de bonheur à venir
Je te veux mari et père
Et toi, tu rêves de partir
Ici, tout est joué d'avance
Et l'on n'y peut rien changer
Tout dépend de ta naissance
Et moi je ne suis pas bien né
Là -bas
Loin de nos vies, de nos villages
J'oublierai ta voix, ton visage
J'ai beau te serrer dans mes bras
Tu m'échappes déjà , là -bas
J'aurai ma chance, j'aurai mes droits
N'y va pas
Et la fierté qu'ici je n'ai pas
Là -bas
Tout ce que tu mérites est à toi
N'y va pas
Ici, les autres imposent leur loi
Là -bas
Je te perdrai peut-être là -bas
N'y va pas
Mais je me perds si je reste là
Là -bas
La vie ne m'a pas laissé le choix
N'y va pas
Toi et moi, ce sera là -bas ou pas
Là -bas
Tout est neuf et tout est sauvage
N'y va pas
Libre continent sans grillage
Là -bas
Beau comme on n'imagine pas
N'y va pas
Ici, même nos rêves sont étroits
Là -bas
C'est pour ça que j'irai là -bas
N'y va pas
On ne m'a pas laissé le choix
Là -bas
Je me perds si je reste là
N'y va pas
C'est pour ça que j'irai là -bas"
Pas A. Rimbaud
- NoukaExpert
Merci !
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- Fires of PompeiiGuide spirituel
Un extrait en traduction des Tristes d'Ovide ?
Edit : j'avais mal lu, tu cherches des sentiments positifs sur l'exil donc oublie ce que je viens de dire^^
Edit : j'avais mal lu, tu cherches des sentiments positifs sur l'exil donc oublie ce que je viens de dire^^
- NoukaExpert
PB64 a écrit:Un extrait en traduction des Tristes d'Ovide ?
Edit : j'avais mal lu, tu cherches des sentiments positifs sur l'exil donc oublie ce que je viens de dire^^
Non, non, pas forcément ! Je vais regarder. Merci !
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- AnacycliqueÉrudit
Le thème de l'exil me fait penser à Là où vont nos pères, Shaun Tan (Dargaud), mais la BD a ceci de particulier qu'il n'y a pas un seul mot d'écrit. http://www.planetebd.com/bd/dargaud/la-ou-vont-nos-peres/-/2961.html
Sinon, tu as le Temps des miracles, d'Anne-Laure Bondoux, (existe pour FLE, en collection "easy riders", niveau C, B1, pour une LC). Bijou. Tu devrais trouver des extraits exploitables.
Sinon, tu as le Temps des miracles, d'Anne-Laure Bondoux, (existe pour FLE, en collection "easy riders", niveau C, B1, pour une LC). Bijou. Tu devrais trouver des extraits exploitables.
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"Faire ce que l'on dit et dire ce que l'on fait. Passer aux actes afin de faire sa part."
- NoukaExpert
Je découvre, je fais m'acheter le livre. Merci beaucoup...
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En disponibilité
- AnacycliqueÉrudit
De rien.
Le code ISBN pour la collection FLE, si tu en as besoin : 8723907578.
Le code ISBN pour la collection FLE, si tu en as besoin : 8723907578.
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"Faire ce que l'on dit et dire ce que l'on fait. Passer aux actes afin de faire sa part."
- NoukaExpert
Qu'ont de particulier ces collections ?
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- AnacycliqueÉrudit
Abréger et simplifier les classiques et les contemporains pour les FLE. Les expressions et les mots les plus courants de la langue française sont utilisés; les mots plus difficiles sont parfois illustrés/définis.
Un classement indique le niveau de lecture requis :
Niveau A (lecteur qui maîtrise 600 mots) = A2
B (1200 mots) = A2
C (1800 mots) = B1
D (2500 mots) = B2
Je suis tombée dessus vraiment par hasard. La maison d'édition semble être Egmont.
Un classement indique le niveau de lecture requis :
Niveau A (lecteur qui maîtrise 600 mots) = A2
B (1200 mots) = A2
C (1800 mots) = B1
D (2500 mots) = B2
Je suis tombée dessus vraiment par hasard. La maison d'édition semble être Egmont.
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"Faire ce que l'on dit et dire ce que l'on fait. Passer aux actes afin de faire sa part."
- tannatHabitué du forum
Pour les lectures dédiées au FLE (mais plus en lien avec ce que tu cherchais au départ) :
http://www.cle-inter.com/recherche.html
http://www.lire-en-francais-facile.com/
http://www.cle-inter.com/recherche.html
http://www.lire-en-francais-facile.com/
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- NoukaExpert
Ok, merci à vous 2 !
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En disponibilité
- User5899Demi-dieu
Un autre départ, que j'aime beaucoup mais qui est peu utilisable en classe...
Tout à reprendre. Tout à redire. Et la faux du regard sur tout l’avoir menée !
Un homme s’en vint rire aux galeries de pierre des Bibliothécaires. - Basilique du Livre ! … Un homme aux rampes de sardoine ( ), sous les prérogatives ( ) du bronze et de l’albâtre ( ). Homme de peu de nom. Qui était-il, qui n’était-il pas ?
Et les murs sont d’agate ( ) où se lustrent les lampes, l’homme tête nue et les mains lisses dans les carrières de marbre jaune - où sont les livres au sérail ( ), où sont les livres dans leurs niches, comme jadis, sous bandelettes, les bêtes de paille dans leurs jarres, aux chambres closes des grands Temples - les livres tristes, innombrables, par hautes couches crétacées ( ) portant créance ( ) et sédiment dans la montée du temps…
Et les murs sont d’agate où s’illustrent les lampes. Hauts murs polis par le silence et par la science, et par la nuit des lampes. Silence et silencieux office. Prêtres et prêtrise. Sérapéum ( ) !
À quelles fêtes du Printemps vert nous faudra-t-il laver ce doigt souillé aux poudres des archives - dans cette pruine ( ) de vieillesse, dans tout ce fard de Reines mortes, de flamines ( ) - comme aux gisements des villes saintes de poterie blanche, mortes de trop de lune et d’attrition ?
Ha ! qu’on m’évente tout ce lœss ! Ha ! qu’on m’évente tout ce leurre ! Sécheresse et supercherie d’autels… Les livres tristes, innombrables, sur leur tranche de craie pâle…
Et qu’est-ce encore, à mon doigt d’os, que tout ce talc d’usure et de sagesse, et tout cet attouchement des poudres du savoir ? comme aux fins de saison poussière et poudre de pollen, spores et sporules de lichen, un émiettement d’ailes de piérides ( ), d’écailles aux volves ( ) des lactaires… toutes choses faveuses ( ) à la limite de l’infime, dépôts d’abîmes sur leurs fèces ( ), limons et lies ( ) à bout d’avilissement - cendres et squames ( ) de l’esprit.
Ha ! tout ce parfum tiède de lessive et de fomentation ( ) sous verre… , de terres blanches à sépulcre, de terres blanches à foulon ( ) et de terre de bruyère pour vieilles Serres Victoriennes… , toute cette fade exhalaison de soude et de falun ( ), de pulpe blanche de coprah ( ), et de sécherie d’algues sous leurs thalles ( ) au feutre gris des grands herbiers,
Ha ! tout ce goût d’asile et de casbah ( ), et cette pruine de vieillesse aux moulures de la pierre - sécheresse et supercherie d’autels, carie de grèves à corail, et l’infection soudaine, au loin, des grandes rames de calcaire aux trahisons de l’écliptique…
S’en aller ! s’en aller ! Parole de vivant !
SAINT-JOHN PERSE, Vents, I, 4 (1946)
(pardon pour les ( ), ce sont des notes dans mon TT).
Tout à reprendre. Tout à redire. Et la faux du regard sur tout l’avoir menée !
Un homme s’en vint rire aux galeries de pierre des Bibliothécaires. - Basilique du Livre ! … Un homme aux rampes de sardoine ( ), sous les prérogatives ( ) du bronze et de l’albâtre ( ). Homme de peu de nom. Qui était-il, qui n’était-il pas ?
Et les murs sont d’agate ( ) où se lustrent les lampes, l’homme tête nue et les mains lisses dans les carrières de marbre jaune - où sont les livres au sérail ( ), où sont les livres dans leurs niches, comme jadis, sous bandelettes, les bêtes de paille dans leurs jarres, aux chambres closes des grands Temples - les livres tristes, innombrables, par hautes couches crétacées ( ) portant créance ( ) et sédiment dans la montée du temps…
Et les murs sont d’agate où s’illustrent les lampes. Hauts murs polis par le silence et par la science, et par la nuit des lampes. Silence et silencieux office. Prêtres et prêtrise. Sérapéum ( ) !
À quelles fêtes du Printemps vert nous faudra-t-il laver ce doigt souillé aux poudres des archives - dans cette pruine ( ) de vieillesse, dans tout ce fard de Reines mortes, de flamines ( ) - comme aux gisements des villes saintes de poterie blanche, mortes de trop de lune et d’attrition ?
Ha ! qu’on m’évente tout ce lœss ! Ha ! qu’on m’évente tout ce leurre ! Sécheresse et supercherie d’autels… Les livres tristes, innombrables, sur leur tranche de craie pâle…
Et qu’est-ce encore, à mon doigt d’os, que tout ce talc d’usure et de sagesse, et tout cet attouchement des poudres du savoir ? comme aux fins de saison poussière et poudre de pollen, spores et sporules de lichen, un émiettement d’ailes de piérides ( ), d’écailles aux volves ( ) des lactaires… toutes choses faveuses ( ) à la limite de l’infime, dépôts d’abîmes sur leurs fèces ( ), limons et lies ( ) à bout d’avilissement - cendres et squames ( ) de l’esprit.
Ha ! tout ce parfum tiède de lessive et de fomentation ( ) sous verre… , de terres blanches à sépulcre, de terres blanches à foulon ( ) et de terre de bruyère pour vieilles Serres Victoriennes… , toute cette fade exhalaison de soude et de falun ( ), de pulpe blanche de coprah ( ), et de sécherie d’algues sous leurs thalles ( ) au feutre gris des grands herbiers,
Ha ! tout ce goût d’asile et de casbah ( ), et cette pruine de vieillesse aux moulures de la pierre - sécheresse et supercherie d’autels, carie de grèves à corail, et l’infection soudaine, au loin, des grandes rames de calcaire aux trahisons de l’écliptique…
S’en aller ! s’en aller ! Parole de vivant !
SAINT-JOHN PERSE, Vents, I, 4 (1946)
(pardon pour les ( ), ce sont des notes dans mon TT).
- trompettemarineMonarque
Les Tristes
Les Regrets
La petite fille de monsieur Linh
Les Regrets
La petite fille de monsieur Linh
- KloeyNiveau 5
Pour compléter la liste des éditeurs proposant des lectures faciles, il y a Didier :
http://www.editionsdidier.com/collection/mondes-en-vf
Je n'ai pas encore eu le temps d'en lire une en entier mais j'ai pu feuilleter et c'est pas mal du tout !
Et concernant le thème de l'exil je rejoins trompettemarine avec La petite fille monsieur Linh, assez facilement abordable.
http://www.editionsdidier.com/collection/mondes-en-vf
Je n'ai pas encore eu le temps d'en lire une en entier mais j'ai pu feuilleter et c'est pas mal du tout !
Et concernant le thème de l'exil je rejoins trompettemarine avec La petite fille monsieur Linh, assez facilement abordable.
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Jetez un oeil à mes bijoux & mes bidouilles sur ma page FB, mon blog, ou ma boutique en ligne
All the world’s a stage, and all the men and women merely players;
They have their exits and their entrances, and one man in his time plays many parts.
- NoukaExpert
Super, merci pour ces références, je note !
_________________
En disponibilité
- MalavitaÉrudit
Même chose :
- Là où vont nos pères : permet de travailler les différentes causes de l'exil et travailler l'écrit (passage où le héros écrit une lettre à sa famille)
- Persépolis : causes de l'exil et difficultés d'intégration
- La petite fille de M. Linh : la fin est surprenante
En plus,
- Heureux qui comme Ulysse : pourquoi pas la version de Ridan ?
- Le voyage de Baudelaire dans les Fleurs du Mal : bon pour des FLE peut-être pas...
- Eldorado de Gaudé : on suit plusieurs personnages dont un capitaine de navires qui récupère les migrants en pleine mer ou la passage où un des fils part en laissant le reste de la famille. Le vocabulaire est accessible
- Le soleil des Scorta de Gaudé : famille italienne qui tente l'exil aux USA
- aller voir du côté du site de musée de l'Immigration : textes écrits, lus disponibles ? objets...
- en prolongement, le jeu sérieux du HCR, Envers et contre tout : cause du départ, difficultés d'intégration...
- Là où vont nos pères : permet de travailler les différentes causes de l'exil et travailler l'écrit (passage où le héros écrit une lettre à sa famille)
- Persépolis : causes de l'exil et difficultés d'intégration
- La petite fille de M. Linh : la fin est surprenante
En plus,
- Heureux qui comme Ulysse : pourquoi pas la version de Ridan ?
- Le voyage de Baudelaire dans les Fleurs du Mal : bon pour des FLE peut-être pas...
- Eldorado de Gaudé : on suit plusieurs personnages dont un capitaine de navires qui récupère les migrants en pleine mer ou la passage où un des fils part en laissant le reste de la famille. Le vocabulaire est accessible
- Le soleil des Scorta de Gaudé : famille italienne qui tente l'exil aux USA
- aller voir du côté du site de musée de l'Immigration : textes écrits, lus disponibles ? objets...
- en prolongement, le jeu sérieux du HCR, Envers et contre tout : cause du départ, difficultés d'intégration...
- KloeyNiveau 5
Je te rajoute un titre paru récemment : Ru de Kim Thuy. J'ai lu à un article à son sujet et ça m'a rappelé ce que tu recherchais...
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- AmaliahEmpereur
Dans Le Soleil des Scorta, cet extrait-là précisément:
Don Giorgio nous a menés jusqu’au port et nous avons embarqué sur un de ces paquebots construits pour emmener les crève-la-faim d’un point à un autre du globe, dans de grands soupirs de fioul. Nous avons pris place sur le pont au milieu de nos semblables. Miséreux d’Europe au regard affamé. Familles entières ou gamins esseulés. Comme tous les autres, nous nous sommes tenus par la main pour ne pas nous perdre dans la foule. Comme tous les autres, la première nuit, nous n’avons pu trouver le sommeil, craignant que des mains vicieuses ne nous dérobent la couverture que nous nous partagions. Comme tous les autres, nous avons pleuré lorsque l’immense bateau a quitté la baie de Naples. « La vie commence », a murmuré Domenico. L’Italie disparaissait à vue d’œil. Comme tous les autres, nous nous sommes tournés vers l’Amérique, attendant le jour où les côtes seraient en vue, espérant, dans des rêves étranges, que tout là-bas soit différent, les couleurs, les odeurs, les lois, les hommes. Tout. Plus grand. Plus doux. Durant la traversée, nous restions agrippés des heures au parapet, rêvant à ce que pouvait bien être ce continent où les crasseux comme nous étaient les bienvenus. Les jours étaient longs, mais cela importait peu, car les rêves que nous faisions avaient besoin d’heures entières pour se développer dans nos esprits. Les jours étaient longs mais nous les avons laissés couler avec bonheur puisque le monde commençait.
Un jour enfin, nous sommes entrés dans la baie de New York. Le paquebot se dirigeait lentement vers la petite île d’Ellis Island. La joie de ce jour, don Salvatore, je ne l’oublierai jamais. Nous dansions et criions. Une agitation frénétique avait pris possession du pont. Tout le monde voulait voir la terre nouvelle. Nous acclamions chaque chalutier de pêcheur que nous dépassions. Tous montraient du doigt les immeubles de Manhattan. Nous dévorions des yeux chaque détail de la côte.
Lorsque enfin le bateau fut à quai, nous descendîmes dans un brouhaha de joie et d’impatience. La foule emplit le grand hall de la petite île. Le monde entier était là. Nous entendions parler des langues que nous prîmes d’abord pour du milanais ou du romain, mais nous dûmes ensuite convenir que ce qui se passait ici était bien plus vaste. Le monde entier nous entourait. Nous aurions pu nous sentir perdus. Nous étions étrangers. Nous ne comprenions rien. Mais un sentiment étrange nous envahit, don Salvatore. Nous avions la conviction que nous étions ici à notre place.
Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta, chapitre XVI.
Don Giorgio nous a menés jusqu’au port et nous avons embarqué sur un de ces paquebots construits pour emmener les crève-la-faim d’un point à un autre du globe, dans de grands soupirs de fioul. Nous avons pris place sur le pont au milieu de nos semblables. Miséreux d’Europe au regard affamé. Familles entières ou gamins esseulés. Comme tous les autres, nous nous sommes tenus par la main pour ne pas nous perdre dans la foule. Comme tous les autres, la première nuit, nous n’avons pu trouver le sommeil, craignant que des mains vicieuses ne nous dérobent la couverture que nous nous partagions. Comme tous les autres, nous avons pleuré lorsque l’immense bateau a quitté la baie de Naples. « La vie commence », a murmuré Domenico. L’Italie disparaissait à vue d’œil. Comme tous les autres, nous nous sommes tournés vers l’Amérique, attendant le jour où les côtes seraient en vue, espérant, dans des rêves étranges, que tout là-bas soit différent, les couleurs, les odeurs, les lois, les hommes. Tout. Plus grand. Plus doux. Durant la traversée, nous restions agrippés des heures au parapet, rêvant à ce que pouvait bien être ce continent où les crasseux comme nous étaient les bienvenus. Les jours étaient longs, mais cela importait peu, car les rêves que nous faisions avaient besoin d’heures entières pour se développer dans nos esprits. Les jours étaient longs mais nous les avons laissés couler avec bonheur puisque le monde commençait.
Un jour enfin, nous sommes entrés dans la baie de New York. Le paquebot se dirigeait lentement vers la petite île d’Ellis Island. La joie de ce jour, don Salvatore, je ne l’oublierai jamais. Nous dansions et criions. Une agitation frénétique avait pris possession du pont. Tout le monde voulait voir la terre nouvelle. Nous acclamions chaque chalutier de pêcheur que nous dépassions. Tous montraient du doigt les immeubles de Manhattan. Nous dévorions des yeux chaque détail de la côte.
Lorsque enfin le bateau fut à quai, nous descendîmes dans un brouhaha de joie et d’impatience. La foule emplit le grand hall de la petite île. Le monde entier était là. Nous entendions parler des langues que nous prîmes d’abord pour du milanais ou du romain, mais nous dûmes ensuite convenir que ce qui se passait ici était bien plus vaste. Le monde entier nous entourait. Nous aurions pu nous sentir perdus. Nous étions étrangers. Nous ne comprenions rien. Mais un sentiment étrange nous envahit, don Salvatore. Nous avions la conviction que nous étions ici à notre place.
Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta, chapitre XVI.
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