- User25965Niveau 6
Bonjour à tous,
Il s'agit bien d'un message concernant la réforme des collèges.
Ma femme est enseignante à l'Université (à l'UMPC, Paris VI) et je vous livre quelques informations concernant les parcours personnalisés à l'Université, qui pourront peut-être éclairer les projets de réforme au collège. J'écris après une discussion avec ma femme, mais sans sa participation, car elle ne souhaite pas être reconnue. Il est possible que des inexactitudes se glissent dans mon texte.
En licence, l'accueil des étudiants s'effectuent durant une première année de tronc commun.
En L1, il existe trois portails d'entrée :
http://www.upmc.fr/fr/formations/diplomes/sciences_et_technologies2/licences.html
BGC (Biologie - Géosciences - Chimie)
PCGI (Physique - Chimie - Géosciences - Ingénierie)
MIPI (Mathématiques - Informatique - Physique - Ingénierie)
En raison d'une baisse dramatique et récente du niveau en mathématiques, certaines universités, comme Paris VII, ont fait le choix d'une année de L1 de remise à niveau en mathématiques et physique. Ce n'est pas le cas de Paris VI, les cycles de spécialisation commencent uniquement en L2. Le majorité des élèves n'a pas le niveau en mathématiques. Certains élèves ont eu leur BAC S dans une "pochette surprise" et posent des questions du type : "Madame, c'est quoi une démonstration ?". Ils ne sont pas en mesure de manier les vecteurs "Madame, c'est quoi un produit vectoriel" et sont encore incapables d'intégrer.
Les projets de réforme au collège inquiètent tout le monde : elle se traduira par une nouvelle baisse au lycée. Or, il y a un niveau minimum, à partir duquel on ne peut plus étudier en faculté. D'autant que la remise à niveau s'effectue tardivement, en L2. C'est trop tardif pour une remise à niveau et seuls environ 30% des élèves terminent avec succès leur cycle de licence.
Pour éviter de faire fuir les bons élèves, Paris VI a mis en place des double-cursus. Au lieu d'avoir une majeure et une mineur, les étudiants ont deux majeurs. On propose des parcours personnalisés aux meilleurs élèves de L2, avec parfois des groupes de 20 à 30 élèves. Ce qui intéressant dans cette approche, et qui nous rapproche de la réforme du collège, c'est que la personnalisation des parcours est bien - et tout le monde s'en accorde à l'université, mais sans l'écrire nul part - une manière de sélectionner les étudiants.
Même si aujourd'hui les parcours personnalisés au collège semblent niveler le niveau, rien n'indique qu'à l'avenir, après une nouvelle réforme, on n'utilise les parcours personnalisés pour sélectionner les meilleurs élèves et les regrouper. L'enseignement privé est déjà organisé par classes de niveau.
Maintenant, à l'université, qui sont les étudiants bénéficiant de parcours personnalisés ?
Il faut prendre en compte la particularité française : les meilleurs élèves étudient souvent en classe préparatoire.
Assez logiquement, les étudiants de grandes écoles (Science-Po) bénéficient des ces double-parcours. Mais les meilleurs éléments sont des étudiants étrangers, souvent originaires de l'Union-Européenne, mais pas des Erasmus, qui trustent les premières places et bénéficient des double-parcours Dans le cas des étrangers, il s'agit de tourisme universitaire : des étudiants d'Europe de l'Est, des Russes et quelques Américains.
Plutôt que de dépenser des dizaines de milliers d'euros dans leur pays, il préfèrent la France. On ne va pas leur reprocher.
Les petits Frenchies, formés au collège "de la république" et au lycée du "coin", ne peuvent pas lutter à armes égales avec ces étudiants, formés à l'ancienne, et qui disposent TOUS d'un bon bagage en mathématiques. Quand les français colorient des quadrillages pour représenter une aire en cinquième, eux écrivaient déjà les équations en utilisant la notation cartésienne. Et ce n'est pas à 20 ans qu'on peut rattraper son retard en mathématiques.
Maintenant, mon analyse concernant les projets de réforme, personnelle (sans avis de ma femme) :
Quand on aura écrasé ce qui reste de notre enseignement en mathématiques et en sciences, les étrangers, surtout ceux venus d'Europe de l'Est, vont définitivement s'imposer en L1 et L2 et par la suite et bien rares seront encore les petits français qui pourront suivre des études scientifiques de bon niveau, à l'université. Actuellement, très peu d'étrangers s'inscrivent aux concours de l'X, de Centrale, Mines, Ponts, Supéaro, Supélec. Mais rien n'indique que cela dure, et si la baisse du niveau se confirme, il faudra bien recruter ailleurs, c'est à dire à l'étranger, principalement en Union-Européenne.
Le phénomène est assez semblable en année de médecine, où en raison du numerus clausus, on empêche nos enfants de devenir médecins. Et la conséquence est simple : un nouveau médecin sur deux s'installant en France a été formé à l'étranger, en Union-Européenne. C'est un situation totalement ridicule. A chaque fois que j'entends un reportage à la télévision sur le thème du manque de médecin, je manque de m'étrangler. Mais c'est un signe que la nation peut être totalement et durablement aveugle et massacrer ses propres enfants, pour aller chercher ensuite ailleurs ceux qui manquent à l'appel.
Pour résumer mon avis : la nature a horreur du vide.
Si on fait le vide en science, les universités et même les grandes écoles feront le plein de candidats à l'étranger, en Union-Européenne, dès la première année, en concours ou en admission directe. Les parcours personnalisés sont une manière parmi d'autres de détourner les fondements de l'université. Plus on essaiera d'uniformiser par le bas, plus on créera des biais et des inégalités.
Kellogs.
Il s'agit bien d'un message concernant la réforme des collèges.
Ma femme est enseignante à l'Université (à l'UMPC, Paris VI) et je vous livre quelques informations concernant les parcours personnalisés à l'Université, qui pourront peut-être éclairer les projets de réforme au collège. J'écris après une discussion avec ma femme, mais sans sa participation, car elle ne souhaite pas être reconnue. Il est possible que des inexactitudes se glissent dans mon texte.
En licence, l'accueil des étudiants s'effectuent durant une première année de tronc commun.
En L1, il existe trois portails d'entrée :
http://www.upmc.fr/fr/formations/diplomes/sciences_et_technologies2/licences.html
BGC (Biologie - Géosciences - Chimie)
PCGI (Physique - Chimie - Géosciences - Ingénierie)
MIPI (Mathématiques - Informatique - Physique - Ingénierie)
En raison d'une baisse dramatique et récente du niveau en mathématiques, certaines universités, comme Paris VII, ont fait le choix d'une année de L1 de remise à niveau en mathématiques et physique. Ce n'est pas le cas de Paris VI, les cycles de spécialisation commencent uniquement en L2. Le majorité des élèves n'a pas le niveau en mathématiques. Certains élèves ont eu leur BAC S dans une "pochette surprise" et posent des questions du type : "Madame, c'est quoi une démonstration ?". Ils ne sont pas en mesure de manier les vecteurs "Madame, c'est quoi un produit vectoriel" et sont encore incapables d'intégrer.
Les projets de réforme au collège inquiètent tout le monde : elle se traduira par une nouvelle baisse au lycée. Or, il y a un niveau minimum, à partir duquel on ne peut plus étudier en faculté. D'autant que la remise à niveau s'effectue tardivement, en L2. C'est trop tardif pour une remise à niveau et seuls environ 30% des élèves terminent avec succès leur cycle de licence.
Pour éviter de faire fuir les bons élèves, Paris VI a mis en place des double-cursus. Au lieu d'avoir une majeure et une mineur, les étudiants ont deux majeurs. On propose des parcours personnalisés aux meilleurs élèves de L2, avec parfois des groupes de 20 à 30 élèves. Ce qui intéressant dans cette approche, et qui nous rapproche de la réforme du collège, c'est que la personnalisation des parcours est bien - et tout le monde s'en accorde à l'université, mais sans l'écrire nul part - une manière de sélectionner les étudiants.
Même si aujourd'hui les parcours personnalisés au collège semblent niveler le niveau, rien n'indique qu'à l'avenir, après une nouvelle réforme, on n'utilise les parcours personnalisés pour sélectionner les meilleurs élèves et les regrouper. L'enseignement privé est déjà organisé par classes de niveau.
Maintenant, à l'université, qui sont les étudiants bénéficiant de parcours personnalisés ?
Il faut prendre en compte la particularité française : les meilleurs élèves étudient souvent en classe préparatoire.
Assez logiquement, les étudiants de grandes écoles (Science-Po) bénéficient des ces double-parcours. Mais les meilleurs éléments sont des étudiants étrangers, souvent originaires de l'Union-Européenne, mais pas des Erasmus, qui trustent les premières places et bénéficient des double-parcours Dans le cas des étrangers, il s'agit de tourisme universitaire : des étudiants d'Europe de l'Est, des Russes et quelques Américains.
Plutôt que de dépenser des dizaines de milliers d'euros dans leur pays, il préfèrent la France. On ne va pas leur reprocher.
Les petits Frenchies, formés au collège "de la république" et au lycée du "coin", ne peuvent pas lutter à armes égales avec ces étudiants, formés à l'ancienne, et qui disposent TOUS d'un bon bagage en mathématiques. Quand les français colorient des quadrillages pour représenter une aire en cinquième, eux écrivaient déjà les équations en utilisant la notation cartésienne. Et ce n'est pas à 20 ans qu'on peut rattraper son retard en mathématiques.
Maintenant, mon analyse concernant les projets de réforme, personnelle (sans avis de ma femme) :
Quand on aura écrasé ce qui reste de notre enseignement en mathématiques et en sciences, les étrangers, surtout ceux venus d'Europe de l'Est, vont définitivement s'imposer en L1 et L2 et par la suite et bien rares seront encore les petits français qui pourront suivre des études scientifiques de bon niveau, à l'université. Actuellement, très peu d'étrangers s'inscrivent aux concours de l'X, de Centrale, Mines, Ponts, Supéaro, Supélec. Mais rien n'indique que cela dure, et si la baisse du niveau se confirme, il faudra bien recruter ailleurs, c'est à dire à l'étranger, principalement en Union-Européenne.
Le phénomène est assez semblable en année de médecine, où en raison du numerus clausus, on empêche nos enfants de devenir médecins. Et la conséquence est simple : un nouveau médecin sur deux s'installant en France a été formé à l'étranger, en Union-Européenne. C'est un situation totalement ridicule. A chaque fois que j'entends un reportage à la télévision sur le thème du manque de médecin, je manque de m'étrangler. Mais c'est un signe que la nation peut être totalement et durablement aveugle et massacrer ses propres enfants, pour aller chercher ensuite ailleurs ceux qui manquent à l'appel.
Pour résumer mon avis : la nature a horreur du vide.
Si on fait le vide en science, les universités et même les grandes écoles feront le plein de candidats à l'étranger, en Union-Européenne, dès la première année, en concours ou en admission directe. Les parcours personnalisés sont une manière parmi d'autres de détourner les fondements de l'université. Plus on essaiera d'uniformiser par le bas, plus on créera des biais et des inégalités.
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