- doctor whoDoyen
Tentative de critique des nouveaux programmes de français
Éduquer sans cultiver - Nouveaux programmes de français et culture littéraire
Extrait
Éduquer sans cultiver - Nouveaux programmes de français et culture littéraire
Extrait
Autant dire que les rédacteurs de ces programmes se sont fait plaisir, structurant les trois années du cycle 4 comme autant de dissertations plus ou moins dialectiques, fondées sur des idées très arrêtées concernant le développement des élèves. Ces présupposés sont contestables et ne sont d'ailleurs pas justifiés par des références psychologiques et philosophiques, que l'on devine éclectiques et approximatives. On décèle ce manque de rigueur dans l'usage permanent des jeux de mots (« informer-déformer », « le monde-les mondes »), des pluriels (les mondes, les héroïsmes, les valeurs, les visions poétiques) et des verbes à l'infinitif.
En fait, ce genre d'incohérences est inévitable à partir du moment où l'on essaie de de définir différents thèmes à étudier. On est sûr d'en oublier, et surtout de faire des choix contestables à cause de la part d'arbitraire qui y a présidé. Ainsi, qu'est-ce qui a justifié l'introduction du thème de la ville en 4e ? Il est certes possible de ne pas l'étudier et de choisir un autre questionnement. Mais ce genre de proposition est le symptôme d'un vice essentiel.
Surtout, un programme par thème en littérature enlève de la souplesse au travail de sélection des textes et des œuvres par l'enseignant. Au lieu de réfléchir au plus prêt des textes, de se fier à la réflexion qui leur est propre, on introduit deux sous-catégories de réflexion entre eux et la réflexion des élèves. Une partie de l'attention et de l'énergie des professeurs sera prise par la conformité de leurs choix au programmes, alors que rien ne le justifie intégralement. En outre, il s'agira de choisir les textes permettant d'illustrer la complexité du questionnement au programme. Il faudra calquer l'ordre des lectures sur celui d'une dissertation implicite, prescrite en amont au mépris du contenu particulier de chaque œuvre, de l'identité de chaque classe et du style de chaque professeur.
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- miss sophieExpert spécialisé
Tes réflexions sont intéressantes. L'absence totale d'impératif sur les époques ou auteurs à étudier m'inquiète également.
[Attention à une faute : "au plus près des textes" (et non prêt).]
[Attention à une faute : "au plus près des textes" (et non prêt).]
- stanleymilgramNiveau 9
Et dire que les inspecteurs ne juraient que par les problématiques.
Les mêmes vont nous vanter cette réforme...
Une fois de plus, quand le niveau va encore baisser, ce sera notre faute....
Les mêmes vont nous vanter cette réforme...
Une fois de plus, quand le niveau va encore baisser, ce sera notre faute....
- TangledingGrand Maître
Exactement ce à quoi je pensais... Ils en ont pas marre de manger leur chapeau, nos chers inspecteurs, d'ailleurs ?stanleymilgram a écrit:Et dire que les inspecteurs ne juraient que par les problématiques.
Les mêmes vont nous vanter cette réforme...
Une fois de plus, quand le niveau va encore baisser, ce sera notre faute....
- AsarteLilithBon génie
Excellente analyse. En regardant les thèmes, je me suis en effet rendue compte de la difficulté d'une chronologie et de celle de ne prendre les lectures que pour répondre aux thématiques imposées.
On pourrait peu ou prou remettre ce qu'on fait dans ces programmes, mais ça risque de coincer un peu.
Toujours rien en littérature pour le cycle 3 ? Ou bien l'esprit de la réforme est-il de former d'abord les compétences langagières pour ensuite entrer dans la littérature ?
Autre question : puisque ces programmes manquent de culture littéraire, peut-on envisager un épi lettres/histoire/sciences sur ce thème ou bien est-ce trop déconnecté des textes ?
On pourrait peu ou prou remettre ce qu'on fait dans ces programmes, mais ça risque de coincer un peu.
Toujours rien en littérature pour le cycle 3 ? Ou bien l'esprit de la réforme est-il de former d'abord les compétences langagières pour ensuite entrer dans la littérature ?
Autre question : puisque ces programmes manquent de culture littéraire, peut-on envisager un épi lettres/histoire/sciences sur ce thème ou bien est-ce trop déconnecté des textes ?
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- VivivavaNiveau 10
Tu as bien expliqué les parallèles que les concepteurs du programme font entre l'étude des textes et la construction psychologique de l'adolescent que ces programmes cherchent à accompagner.
Je trouve restrictive cette approche thématique. Pourquoi pas en effet baser sa progression sur un épanouissement de l'individu comme ils le font, mais ce qui est embêtant c'est que cette seule approche soit privilégiée, sans efficacité certaine, comme tu le dis. Il y en a bien d'autres. Il me semble par ailleurs que les élèves ont toute une littérature axée sur des personnages adolescents pour le faire, et ils ne s'en privent pas pour certains.
Bref, j'aurais préféré qu'on laisse le prof libre des thèmes plutôt que libre des oeuvres, des époques et des genres.
Je trouve restrictive cette approche thématique. Pourquoi pas en effet baser sa progression sur un épanouissement de l'individu comme ils le font, mais ce qui est embêtant c'est que cette seule approche soit privilégiée, sans efficacité certaine, comme tu le dis. Il y en a bien d'autres. Il me semble par ailleurs que les élèves ont toute une littérature axée sur des personnages adolescents pour le faire, et ils ne s'en privent pas pour certains.
Bref, j'aurais préféré qu'on laisse le prof libre des thèmes plutôt que libre des oeuvres, des époques et des genres.
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