- proustinetteNiveau 5
bonjour, j'entame bientôt ma dixième année d'enseignement, et comme beaucoup de personnes, je dis souvent qu'"avant", on n'avait pas ci ou ça, "avant" on pouvait faire ci ou ça avec les élèves, j'observe que ds mon lycée mes propos sont relayés par les collègues de mm ancienneté . plus précisément, moi je dis que ça se serait dégradé il ya à peu près 3 - 4 ans, et ICI aussi j'entends le mm constat et le mm délai. qu'en pensez vous et quelles raisons donneriez vous à ces changements?
- AbraxasDoyen
Du haut de mes 36 ans de carrière, en vérité je vus le dis : ça n'a pas cessé de se dégrader. Lentement et sûrement.
- doublecasquetteEnchanteur
Abraxas a écrit:Du haut de mes 36 ans de carrière, en vérité je vus le dis : ça n'a pas cessé de se dégrader. Lentement et sûrement.
Même chose en CP !
- V.MarchaisEmpereur
Bonjour,
Certes. Je n'ai pas autant d'ancienneté mais, du haut de mes 10 ans d'expérience je pourrais dire la même chose : ça n'a pas cessé de se dégrader. Diminution des horaires, foutoir croissant des IDD, des TPE, des TICES, intrusion de plus en plus fréquente du non scolaire sur le temps scolaire (mes 5e, cette année, ont appris à se brosser les dents. Formidable !), disparition des manuels de grammaire face à la sacro-sainte séquence et au décloisonnement mal compris, impressionnisme croissant dans les apprentissages, augmentation du caractère bureaucratique du métier (dossiers à remplir, réunions à honorer, bilans à fournir) au détriment du temps passé à préparer ses cours, lire des ouvrages critiques...
Il s'est pourtant bien passé quelque chose, "il y a deux-trois ans" : l'arrivée de la génération des programmes 2002 au collège, pour ceux qui étaient alors au CP, et au lycée, pour ceux qui entamaient leur CM. Si c'est pas la preuve que ces programmes, comme le disaient Lang et Ferry, étaient merveilleux... Les résultats, nous les avons - et nous allons nous les colletiner quelques années encore, surtout vu le zèle de certains enseignants du Primaire à défendre ces programmes, affichent leur refus d'appliquer les nouveaux, jugés réactionnaires parce qu'ils rappellent qu'on est bien obligé de fixer les connaissances par du par coeur et des exercices systématiques - tout ceci dûment relayé par la plupart des IEN (qui défendent leurs prébendes, pas fous !) et certains syndicats majoritaires...
Cordialement,
Véronique.
Certes. Je n'ai pas autant d'ancienneté mais, du haut de mes 10 ans d'expérience je pourrais dire la même chose : ça n'a pas cessé de se dégrader. Diminution des horaires, foutoir croissant des IDD, des TPE, des TICES, intrusion de plus en plus fréquente du non scolaire sur le temps scolaire (mes 5e, cette année, ont appris à se brosser les dents. Formidable !), disparition des manuels de grammaire face à la sacro-sainte séquence et au décloisonnement mal compris, impressionnisme croissant dans les apprentissages, augmentation du caractère bureaucratique du métier (dossiers à remplir, réunions à honorer, bilans à fournir) au détriment du temps passé à préparer ses cours, lire des ouvrages critiques...
Il s'est pourtant bien passé quelque chose, "il y a deux-trois ans" : l'arrivée de la génération des programmes 2002 au collège, pour ceux qui étaient alors au CP, et au lycée, pour ceux qui entamaient leur CM. Si c'est pas la preuve que ces programmes, comme le disaient Lang et Ferry, étaient merveilleux... Les résultats, nous les avons - et nous allons nous les colletiner quelques années encore, surtout vu le zèle de certains enseignants du Primaire à défendre ces programmes, affichent leur refus d'appliquer les nouveaux, jugés réactionnaires parce qu'ils rappellent qu'on est bien obligé de fixer les connaissances par du par coeur et des exercices systématiques - tout ceci dûment relayé par la plupart des IEN (qui défendent leurs prébendes, pas fous !) et certains syndicats majoritaires...
Cordialement,
Véronique.
- doublecasquetteEnchanteur
Mon bac C a 33 ans et celui de mon grand frère et de mon époux en ont 38 . Y'a pas commune mesure entre ces deux bacs C ! De leur bac au mien, les exigences et les programmes avaient été revus à la baisse. Trois chapitres de Physique et de maths en moins, plus de thèmes en LV et Langues Mortes, plus de scansion en latin, et quoi encore ??? Je ne sais ... Probablement des coupes sombres en géo, histoire et autre. Des consignes de notation ? Certainement !
Ce que je sais, c'est que leur bac ouvrait, en soi, des offres d'embauche (PTT, Trésor public, Banques, Enseignement Primaire, SNCF, etc ...) , alors que le mien était juste un viatique pour l'accès à l'enseignement supérieur, sans aucun débouché immédat.
Ce que je sais, c'est que leur bac ouvrait, en soi, des offres d'embauche (PTT, Trésor public, Banques, Enseignement Primaire, SNCF, etc ...) , alors que le mien était juste un viatique pour l'accès à l'enseignement supérieur, sans aucun débouché immédat.
- doublecasquetteEnchanteur
V.Marchais a écrit:Bonjour,
Certes. Je n'ai pas autant d'ancienneté mais, du haut de mes 10 ans d'expérience je pourrais dire la même chose : ça n'a pas cessé de se dégrader. Diminution des horaires, foutoir croissant des IDD, des TPE, des TICES, intrusion de plus en plus fréquente du non scolaire sur le temps scolaire (mes 5e, cette année, ont appris à se brosser les dents. Formidable !), disparition des manuels de grammaire face à la sacro-sainte séquence et au décloisonnement mal compris, impressionnisme croissant dans les apprentissages, augmentation du caractère bureaucratique du métier (dossiers à remplir, réunions à honorer, bilans à fournir) au détriment du temps passé à préparer ses cours, lire des ouvrages critiques...
Il s'est pourtant bien passé quelque chose, "il y a deux-trois ans" : l'arrivée de la génération des programmes 2002 au collège, pour ceux qui étaient alors au CP, et au lycée, pour ceux qui entamaient leur CM. Si c'est pas la preuve que ces programmes, comme le disaient Lang et Ferry, étaient merveilleux... Les résultats, nous les avons - et nous allons nous les colletiner quelques années encore, surtout vu le zèle de certains enseignants du Primaire à défendre ces programmes, affichent leur refus d'appliquer les nouveaux, jugés réactionnaires parce qu'ils rappellent qu'on est bien obligé de fixer les connaissances par du par coeur et des exercices systématiques - tout ceci dûment relayé par la plupart des IEN (qui défendent leurs prébendes, pas fous !) et certains syndicats majoritaires...
Cordialement,
Véronique.
Nous avons pu constater les mêmes conséquences lorsque nous avons commencé à accueillir au CP les maternelles "programme 2002", prototype achevé de la charrue seule dans le champ pendant que les bœufs hilares, assis à l'ombre sous un arbre, crient : "Ben ! Qu'est-ce que tu attends ! Avance !"
- RuthvenGuide spirituel
L'argument des programmes pourrait être le bon, mais j'ai fait exactement le même constat en Terminale. Il y a eu notamment un effondrement de la hiérarchie réelle des séries (les S ne sont plus meilleurs que les autres, alors que la série est encore censée aspirer les bons élèves).
Je me demande si ce n'est pas plus civilisationnel que proprement scolaire, avec une généralisation totale d'Internet. Le rapport au temps (réponse sans médiation de l'effort), à l'individualité (je suis tout puissant dans la détermination de ce que je regarde) et à l'attention (déstructuration de l'attention par nécessité d'une stimulation sans cesse renouvelée) généré par Internet dé-forme les élèves.
Il y a des signes évidents : je travaillais jusqu'à présent en diffusant, de temps en temps, des films, et face au robinet à images, il y avait une fascination hypnotique quel que soit le sujet (bon, je ne passais quand même pas du Tarkovski!); or aujourd'hui, ou plutôt depuis deux ou trois ans, même cette fascination hypnotique a disparu, les classes que j'ai eues cette année ne pouvaient pas rester tranquilles plus de dix minutes devant un film, avant de se déconcentrer. C'est l'effet Youtube à coup sûr où la durée de concentration sur un "film" dépasse rarement les deux minutes.
Cette nouvelle temporalité est très perturbante pour nous, parce qu'on est globalement bergsonien - on a une conscience de la durée et de la continuité - là où ils ne vivent que dans une série juxtaposée d'instants autonomes et autosuffisants.
B.Stiegler évoque à ce propos une "destruction industrielle de la conscience", mais son analyse se fonde essentiellement sur ce qu'il appelle la télécratie. Dans mes souvenirs, dans Prendre soin de la jeunesse et des générations, il évoque peu Internet qui pourtant a pris le relai de la télévision chez les adolescents...
Je me demande si ce n'est pas plus civilisationnel que proprement scolaire, avec une généralisation totale d'Internet. Le rapport au temps (réponse sans médiation de l'effort), à l'individualité (je suis tout puissant dans la détermination de ce que je regarde) et à l'attention (déstructuration de l'attention par nécessité d'une stimulation sans cesse renouvelée) généré par Internet dé-forme les élèves.
Il y a des signes évidents : je travaillais jusqu'à présent en diffusant, de temps en temps, des films, et face au robinet à images, il y avait une fascination hypnotique quel que soit le sujet (bon, je ne passais quand même pas du Tarkovski!); or aujourd'hui, ou plutôt depuis deux ou trois ans, même cette fascination hypnotique a disparu, les classes que j'ai eues cette année ne pouvaient pas rester tranquilles plus de dix minutes devant un film, avant de se déconcentrer. C'est l'effet Youtube à coup sûr où la durée de concentration sur un "film" dépasse rarement les deux minutes.
Cette nouvelle temporalité est très perturbante pour nous, parce qu'on est globalement bergsonien - on a une conscience de la durée et de la continuité - là où ils ne vivent que dans une série juxtaposée d'instants autonomes et autosuffisants.
B.Stiegler évoque à ce propos une "destruction industrielle de la conscience", mais son analyse se fonde essentiellement sur ce qu'il appelle la télécratie. Dans mes souvenirs, dans Prendre soin de la jeunesse et des générations, il évoque peu Internet qui pourtant a pris le relai de la télévision chez les adolescents...
- CaroNiveau 10
Mon grand-père (qui aurait 88 ans cette année) a arrêté l'école très tôt. A l'âge de 10 ans, ses parents l'ont retiré de l'école pour qu'il garde les vaches ! Et pourtant, il était capable d'écrire correctement : ses phrases avaient du sens et ne comportaient que peu de fautes d'orthographe. Quand je vois ma cousine qui va passer son bac cette année et qui écrit des horreurs aussi bien du point de vue de l'orthographe que de la syntaxe, cela me fait hurler !
- AbraxasDoyen
Ruthven pourrait bien avoir raison, mais son analyse, justement, aurait dû impliquer un renforcement, dans les programmes, de ce qui était à proprement parler disciplinaire.
L'éducation n'est jamais que l'art de contrarier la nature — ou l'époque.
Mais on a voulu (et on veut de plus en plus, si j'en crois le Café pédagogique qui voudrait que le bac se passe avec libre accès à Internet, comme au Danemark) aller dans le sens de la "nature" (ce que l'on croyait être la nature, dans le monde de bisounours des pédagos) et de la "modernité" — alors qu'il fallait justement donner un coup de barre à gauche pour équilibrer la modernité. Aller dans le sens de la pente, ce ne sera jamais une méthode d'apprentissage productive.
L'éducation n'est jamais que l'art de contrarier la nature — ou l'époque.
Mais on a voulu (et on veut de plus en plus, si j'en crois le Café pédagogique qui voudrait que le bac se passe avec libre accès à Internet, comme au Danemark) aller dans le sens de la "nature" (ce que l'on croyait être la nature, dans le monde de bisounours des pédagos) et de la "modernité" — alors qu'il fallait justement donner un coup de barre à gauche pour équilibrer la modernité. Aller dans le sens de la pente, ce ne sera jamais une méthode d'apprentissage productive.
- kensingtonEsprit éclairé
Entièrement d'accord avec Ruthven. La dégradation, entamée avant, a été accélérée et aggravée par l'Internet, les jeux vidéo, l'utilisation quasi permanente des téléphones portables etc. Avec de gros intérêts financiers derrière pour ceux qui contrôlent l'accès à ces outils. Les violences dont on parle actuellement sont aussi largement liées à tout cela.
Et donc mille fois d'accord avec Abraxas sur le rôle que l'école aurait dû jouer pour contrecarrer ces phénomènes.
Ce sont les nouvelles technologies qui éduquent et manipulent aujourd'hui nos élèves (en ne leur apprenant rien bien sûr) et l'école n'est plus pour eux que du temps (de cerveau vide) volé à leur quête de distractions immédiates sans fin.
Et donc mille fois d'accord avec Abraxas sur le rôle que l'école aurait dû jouer pour contrecarrer ces phénomènes.
Ce sont les nouvelles technologies qui éduquent et manipulent aujourd'hui nos élèves (en ne leur apprenant rien bien sûr) et l'école n'est plus pour eux que du temps (de cerveau vide) volé à leur quête de distractions immédiates sans fin.
- doublecasquetteEnchanteur
N'oublions pas non plus que les "nouveaux parents" sont ceux qui ont subi tout ou partie de leur scolarité après la loi d'orientation dite de "l'élève au centre" et qu'ils en ont tiré de la graine pour l'élevage de leurs petits.
Je ne dis pas ça pour toutes les jeunes mamans du forum qui, étant de "la maison", mettent bien sûr tout en œuvre pour que leurs enfants arrivent à l'école maternelle déjà socialisés, prêts à boire les paroles de leurs enseignants et conscients de leur immaturité intellectuelle et psychologique.
Je ne dis pas ça pour toutes les jeunes mamans du forum qui, étant de "la maison", mettent bien sûr tout en œuvre pour que leurs enfants arrivent à l'école maternelle déjà socialisés, prêts à boire les paroles de leurs enseignants et conscients de leur immaturité intellectuelle et psychologique.
- V.MarchaisEmpereur
Re bonjour,
Là où l'argument des programmes et celui d'Internet se rencontrent terriblement, c'est autour de la notion d'effort.
Je ne sais pas si c'est vraiment le rapport au temps, qui est changé, avec Internet (c'est tellement complexe, une construction pareille), que celui à l'effort et à la frustration. C'est aussi ça, l'immédiateté : l'abolition de toute patience, le refus de différer la satisfaction de son désir.
Or cela nous renvoie à des changements plus globaux dans notre société de consommation. On célèbre partout le plaisir, un hédonisme facile - on y a DROIT, non ? La frustration - dimension essentielle de tout dépassement de soi - c'est ringard. Combien de parents n'osent plus imposer ni limites ni contraintes à leurs enfants, soit parce qu'ils craignent de le "traumatiser", qu'ils pensent mal "l'épanouissement de l'enfant", soit parce que l'enfant, sacralisé dans une projection narcissique, a droit à tout et est maintenu dans une toute puissance ravageuse, qui le rend d'ailleurs bien vulnérable, soit parce qu'ils n'en ont tout simplement plus l'énergie (je pense surtout aux nombreuses familles monoparentales) ? Quand je vois le nombre d'élèves qui ne foutent rien de rien, et les parents en face qui me disent être dépassés (déjà en Sixième !) alors que Toto chéri a la télé dans sa chambre, internet en libre accès, forfait illimité, etc., ça me rend folle : c'est tellement difficile de dire : maintenant, Toto, tes conjugaisons, tu me les apprends, et tu ne revois aucun écran avant qu'elles ne soient parfaitement sues (remplacer conjugaisons par classes grammaticales, identités remarquables ou leçons d'Histoire) ? Les parents n'osent plus être des parents et tout ça fini en choeur dans le cabinet du psy.
Comme le dit Abraxas, l'école devrait à tout le moins oeuvrer de toutes ses forces pour contrer ces tendances générales à la facilité - car nous ne pouvons pa intervenir au niveau sociologique. Nous devrions refuser massivement les TICE, imposer un rythme différent, le temps de la réflexion, et surtout contraindre à l'effort, sans concession ni démagogie... Au lieu de quoi, nos grands pédagogues tentent depuis des années de faire croire que tout peut être ludique, qu'apprendre peut se faire absolument sans frustration et sans effort, ce qui est mensonger. Et nous avons érigé un système où l'absence d'effort ne se traduit plus par aucune conséquence. Que se passe-t-il pour un élève qui a 5 de moyenne, des "avertissements travail" à chaque conseil de classe, des punitions en pagaille ? Rien. Il passe même dans la classe supérieure. Ce phénomène ravage désormais même les classes sociales élevées.
Nous avons produit des élèves qui ne fichent rien. Comment en sortir, maintenant ? Il va falloir déployer une énergie folle en coercition - si seulement on veut bien nous autoriser à faire notre boulot.
Cordialement,
Véronique.
Là où l'argument des programmes et celui d'Internet se rencontrent terriblement, c'est autour de la notion d'effort.
Je ne sais pas si c'est vraiment le rapport au temps, qui est changé, avec Internet (c'est tellement complexe, une construction pareille), que celui à l'effort et à la frustration. C'est aussi ça, l'immédiateté : l'abolition de toute patience, le refus de différer la satisfaction de son désir.
Or cela nous renvoie à des changements plus globaux dans notre société de consommation. On célèbre partout le plaisir, un hédonisme facile - on y a DROIT, non ? La frustration - dimension essentielle de tout dépassement de soi - c'est ringard. Combien de parents n'osent plus imposer ni limites ni contraintes à leurs enfants, soit parce qu'ils craignent de le "traumatiser", qu'ils pensent mal "l'épanouissement de l'enfant", soit parce que l'enfant, sacralisé dans une projection narcissique, a droit à tout et est maintenu dans une toute puissance ravageuse, qui le rend d'ailleurs bien vulnérable, soit parce qu'ils n'en ont tout simplement plus l'énergie (je pense surtout aux nombreuses familles monoparentales) ? Quand je vois le nombre d'élèves qui ne foutent rien de rien, et les parents en face qui me disent être dépassés (déjà en Sixième !) alors que Toto chéri a la télé dans sa chambre, internet en libre accès, forfait illimité, etc., ça me rend folle : c'est tellement difficile de dire : maintenant, Toto, tes conjugaisons, tu me les apprends, et tu ne revois aucun écran avant qu'elles ne soient parfaitement sues (remplacer conjugaisons par classes grammaticales, identités remarquables ou leçons d'Histoire) ? Les parents n'osent plus être des parents et tout ça fini en choeur dans le cabinet du psy.
Comme le dit Abraxas, l'école devrait à tout le moins oeuvrer de toutes ses forces pour contrer ces tendances générales à la facilité - car nous ne pouvons pa intervenir au niveau sociologique. Nous devrions refuser massivement les TICE, imposer un rythme différent, le temps de la réflexion, et surtout contraindre à l'effort, sans concession ni démagogie... Au lieu de quoi, nos grands pédagogues tentent depuis des années de faire croire que tout peut être ludique, qu'apprendre peut se faire absolument sans frustration et sans effort, ce qui est mensonger. Et nous avons érigé un système où l'absence d'effort ne se traduit plus par aucune conséquence. Que se passe-t-il pour un élève qui a 5 de moyenne, des "avertissements travail" à chaque conseil de classe, des punitions en pagaille ? Rien. Il passe même dans la classe supérieure. Ce phénomène ravage désormais même les classes sociales élevées.
Nous avons produit des élèves qui ne fichent rien. Comment en sortir, maintenant ? Il va falloir déployer une énergie folle en coercition - si seulement on veut bien nous autoriser à faire notre boulot.
Cordialement,
Véronique.
- V.MarchaisEmpereur
doublecasquette a écrit:N'oublions pas non plus que les "nouveaux parents" sont ceux qui ont subi tout ou partie de leur scolarité après la loi d'orientation dite de "l'élève au centre" et qu'ils en ont tiré de la graine pour l'élevage de leurs petits.
Oui. L'élève est au centre, l'enfant est au centre, il est notre idéal et sa propre fin. Dès lors, pourquoi grandir, s'élever ? A quoi bon é-duquer, mener vers un ailleurs de l'enfance ? Dans notre hiérarchie tordue, l'éducation est devenue un non sens, une anti-valeur. Pas étonnant que les pédagogues s'acharnent à la dévoyer, à la vider de son contenu et de son efficience.
- AbraxasDoyen
Pour rebondir sur l'analyse de VM…
Conférence d'Annie Le Brun () la semaine dernière à Nyons, expliquant que l société actuelle, en allant au devant des désirs, a supprimé le désir, l'attente, la frustration, bref, tout ce qui fait que l'on construit une relation aux autres (ou simplement aux objets).
Ce faisant, expliquait-elle (et j'adhère totalement), cela permet de supprimer tous les désirs complexes, illicites, tous ces décalages que les imbéciles appellent des subversions, ou des perversions (c'était une conférence sur Sade…). En limitant les désirs pré-satisfaits à des jouissances immédiates (la sucette, le portable, la BMW) qui n'ont plus jamais à voir qu'avec l'avoir, et jamais plus avec l'être.
Double casquette, qui était là, pourra confirmer…
Conférence d'Annie Le Brun () la semaine dernière à Nyons, expliquant que l société actuelle, en allant au devant des désirs, a supprimé le désir, l'attente, la frustration, bref, tout ce qui fait que l'on construit une relation aux autres (ou simplement aux objets).
Ce faisant, expliquait-elle (et j'adhère totalement), cela permet de supprimer tous les désirs complexes, illicites, tous ces décalages que les imbéciles appellent des subversions, ou des perversions (c'était une conférence sur Sade…). En limitant les désirs pré-satisfaits à des jouissances immédiates (la sucette, le portable, la BMW) qui n'ont plus jamais à voir qu'avec l'avoir, et jamais plus avec l'être.
Double casquette, qui était là, pourra confirmer…
- Traduire en allemand : "Le Los Angeles Times, dont un reporter est mort en Iran il y a trois jours".
- "Pourquoi tant de haine?????"
- Eviter de répéter "être", "avoir", "il y a", "faire", "dire"
- La Fontaine, "Les deux coqs" : burlesque ou héroï-comique ?
- "J'ai deux ans de retard, mais je n'ai jamais redoublé."
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