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- Mila Saint AnneNiveau 9
Un texte intéressant d'Olivier Rey, histoire de reposer le débat au bon endroit.
"La question des compétences dans la scolarité obligatoire en France fait apparaître un décalage significatif entre la reconnaissance officielle de la notion dans le socle commun, son succès relatif auprès de nombreux enseignants et acteurs éducatifs et le faible intérêt que lui porte la recherche en éducation.
Au delà de ce constat élémentaire, on peut surtout s’interroger sur la différence entre l’usage du terme par les acteurs éducatifs et sa perception par les chercheurs."
http://eduveille.hypotheses.org/6938http://eduveille.hypotheses.org/6938
Bonne lecture.
"La question des compétences dans la scolarité obligatoire en France fait apparaître un décalage significatif entre la reconnaissance officielle de la notion dans le socle commun, son succès relatif auprès de nombreux enseignants et acteurs éducatifs et le faible intérêt que lui porte la recherche en éducation.
Au delà de ce constat élémentaire, on peut surtout s’interroger sur la différence entre l’usage du terme par les acteurs éducatifs et sa perception par les chercheurs."
http://eduveille.hypotheses.org/6938http://eduveille.hypotheses.org/6938
Bonne lecture.
- Presse-puréeGrand sage
https://stevanmiljevic.wordpress.com/2015/03/03/des-competences-ou-des-connaissances/
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- User5899Demi-dieu
Le jour où l'on parlera de savoir-faire, je m'y intéresserai.
Compétence, c'est non.
Sinon, exposé habituel sur le carcan disciplinaire, la densification du socle, le sens des apprentissages, l'aspect peu démocratique du travail par disciplines.
Je ne sais pas ce qu'en penseront les historiens, mais un régime peut être démocratique tout en excluant une partie énorme de sa population. Il me semble que la IIIe république française, par exemple, a été démocratique, tout en excluant les femmes du droit de vote.
C'est assez dire que je suis fatigué de lire ce terme assaisonné n'importe comment et omniprésent, surtout là où il n'a aucun sens.
Compétence, c'est non.
Sinon, exposé habituel sur le carcan disciplinaire, la densification du socle, le sens des apprentissages, l'aspect peu démocratique du travail par disciplines.
Je ne sais pas ce qu'en penseront les historiens, mais un régime peut être démocratique tout en excluant une partie énorme de sa population. Il me semble que la IIIe république française, par exemple, a été démocratique, tout en excluant les femmes du droit de vote.
C'est assez dire que je suis fatigué de lire ce terme assaisonné n'importe comment et omniprésent, surtout là où il n'a aucun sens.
- doctor whoDoyen
L'aveu est tout de même de taille : la communauté scientifique met très sérieusement en question, de manière quasi-unanime, l'existence de compétence a priori transdisciplinaire!
Et il faudrait se coltiner la notion comme outil pragmatique ??? Tout ça parce qu'O. Rey présuppose la dimension excessivement disciplinaire du secondaire...
Et il faudrait se coltiner la notion comme outil pragmatique ??? Tout ça parce qu'O. Rey présuppose la dimension excessivement disciplinaire du secondaire...
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
doctor who a écrit:L'aveu est tout de même de taille : la communauté scientifique met très sérieusement en question, de manière quasi-unanime, l'existence de compétence a priori transdisciplinaire!
Il s'agit toutefois de chercheurs en sciences de l'éducation. Chez nous, en histoire, nous commençons à réfléchir aux nouvelles maquettes (pour 2018 ) et la plupart des collègues veulent que l'on construise tout sur les compétences...
- InvitéInvité
Un texte effectivement fort intéressant et surtout qui exprime bien le flou et la polysémie du concept, très sensible par exemple quand on regarde la rédaction du socle. Il serait bien d'essayer de le lire sans trop d'a priori si c'est possible.
- InvitéInvité
Cripure a écrit:Le jour où l'on parlera de savoir-faire, je m'y intéresserai.
Compétence, c'est non.
Je pense qu'une des définitions de compétence est parfaitement synonyme de "savoir-faire". C'est celle que je préfère d'ailleurs.
(pour les historiens je n’emploie pas le mot savoir-faire dans le sens de technique qui nous est habituel, à mon sens à tort).
- Presse-puréeGrand sage
Le flou et la polysémie du concept sont établis depuis longtemps, tant par les critiques de la notion que par ses défenseurs. Il y a même eu un article intitulé "éloge d'une notion floue" (je ne sais plus dans quoi, j'ai lu cela il y a longtemps). Bref...
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
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- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Les compétences, en liant les connaissances et la méthode, me semblent pouvoir être un bon moyen d'en finir une bonne fois pour toute avec la "méthodologie". A l'université, les étudiants n'ont jamais été aussi ignorants de la façon de rédiger une dissertation ou un commentaire de document que depuis qu'il y a des UE entières de "méthodologie", alors que la méthode, ça s'apprend en TD, et avec des applications directes liées au cours. En cela, lier les deux par la notion de "compétence" (même si le flou serait donc à préciser) me semble intéressant, car c'est un vrai combat à mener que de lutter contre cette foutue "méthodologie".
Mais peut-être ai-je mal compris.
Mais peut-être ai-je mal compris.
- Presse-puréeGrand sage
Et il y a une marge entre parler de compétence pour de jeunes adultes qui se spécialisent et se dirigent vers un métier, et en parler à tout bout de champ pour des enfants de maternelle ou en cours de formation (au collège par exemple). Enfin, est-ce qu'une "compétence" s'enseigne? Est-ce que la compréhension et appréhension d'un monde "complexe" ne s'appuie pas d'abord sur de solides connaissances?
Allons plus loin: O. Rey explique que le choix des compétences a été fait par des praticiens non pas pour mieux travailler les connaissances avec les élèves, mais pour faire bouger les cloisons disciplinaires, forcer au travail en équipe, à la pédagogie de projet... Ce n'est donc pas un objectif cognitif qui pousse vers les compétences. Si la démarche par compétences est moins efficace du point de vue cognitif (voir l'article plus haut, et beaucoup d'autres, notamment chez les anglo-saxons), ce n'est pas important puisque l'objectif est autre.
Ensuite, l'objectif que s'assignent ces personnes, toujours selon O. Rey, serait de doter les élèves des "compétences nécessaires pour la vie". Donc, cela veut dire qu'on prend pour acquis, et que l'on base toute sa pédagogie sur le présupposé des compétences transférables, dont O. Rey dit lui-même qu'elles sont sujettes à caution, à débat et que la formulation en elle-même est malheureuse et prête à confusion.
Y a-t'il une étude qui montre que lire un document en HG est: 1)la même chose que lire un document en lettres? 2) la même chose que lire un document dans la vie? Donc, en bout de ligne, pourquoi maintenir l'histoire-géographie dans le tronc commun? Ce n'est pas du fait des compétences, mais par les connaissances que ces disciplines sont supposées apporter.
Le débat tourne non pas autour des méthodes, mais des finalités, et de la supériorité supposée des compétences sur les connaissances. Cela a été soulevé dès l'arrivée de cette notion par les constructivistes tels que Hirrt. Et il y a aussi l'idée que, derrière les formules du type "on ne doit enseigner que ce qui est pertinent pour la vie future des jeunes" s'opère une réduction, qui, in fine, ne permette plus à l'élève d'acquérir, peu à peu, grâce aux connaissances, un regard instruit (j'aime bien cette expression que je pique dans l'article) et cultivé sur le monde. Les compétences seraient alors ce regard instruit cultivé et conscient qui s'exerce, mais il n'est pas possible sans connaissances.
Allons plus loin: O. Rey explique que le choix des compétences a été fait par des praticiens non pas pour mieux travailler les connaissances avec les élèves, mais pour faire bouger les cloisons disciplinaires, forcer au travail en équipe, à la pédagogie de projet... Ce n'est donc pas un objectif cognitif qui pousse vers les compétences. Si la démarche par compétences est moins efficace du point de vue cognitif (voir l'article plus haut, et beaucoup d'autres, notamment chez les anglo-saxons), ce n'est pas important puisque l'objectif est autre.
Ensuite, l'objectif que s'assignent ces personnes, toujours selon O. Rey, serait de doter les élèves des "compétences nécessaires pour la vie". Donc, cela veut dire qu'on prend pour acquis, et que l'on base toute sa pédagogie sur le présupposé des compétences transférables, dont O. Rey dit lui-même qu'elles sont sujettes à caution, à débat et que la formulation en elle-même est malheureuse et prête à confusion.
Y a-t'il une étude qui montre que lire un document en HG est: 1)la même chose que lire un document en lettres? 2) la même chose que lire un document dans la vie? Donc, en bout de ligne, pourquoi maintenir l'histoire-géographie dans le tronc commun? Ce n'est pas du fait des compétences, mais par les connaissances que ces disciplines sont supposées apporter.
Le débat tourne non pas autour des méthodes, mais des finalités, et de la supériorité supposée des compétences sur les connaissances. Cela a été soulevé dès l'arrivée de cette notion par les constructivistes tels que Hirrt. Et il y a aussi l'idée que, derrière les formules du type "on ne doit enseigner que ce qui est pertinent pour la vie future des jeunes" s'opère une réduction, qui, in fine, ne permette plus à l'élève d'acquérir, peu à peu, grâce aux connaissances, un regard instruit (j'aime bien cette expression que je pique dans l'article) et cultivé sur le monde. Les compétences seraient alors ce regard instruit cultivé et conscient qui s'exerce, mais il n'est pas possible sans connaissances.
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"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- doctor whoDoyen
Presse-purée a écrit:Et il y a une marge entre parler de compétence pour de jeunes adultes qui se spécialisent et se dirigent vers un métier, et en parler à tout bout de champ pour des enfants de maternelle ou en cours de formation (au collège par exemple). Enfin, est-ce qu'une "compétence" s'enseigne? Est-ce que la compréhension et appréhension d'un monde "complexe" ne s'appuie pas d'abord sur de solides connaissances?
Allons plus loin: O. Rey explique que le choix des compétences a été fait par des praticiens non pas pour mieux travailler les connaissances avec les élèves, mais pour faire bouger les cloisons disciplinaires, forcer au travail en équipe, à la pédagogie de projet... Ce n'est donc pas un objectif cognitif qui pousse vers les compétences. Si la démarche par compétences est moins efficace du point de vue cognitif (voir l'article plus haut, et beaucoup d'autres, notamment chez les anglo-saxons), ce n'est pas important puisque l'objectif est autre.
Ce n'est donc pas une "notion pragmatique" pour l'enseignant, mais bien pour le militant pédagogique qui veut changer l'école.
Et c'est vrai qu'on ne voit pas pourquoi on se fonderait sur une notion inopérante au niveau intellectuel pour réguler le système scolaire dont les finalités sont justement intellectuelles.
Presse-purée a écrit:Ensuite, l'objectif que s'assignent ces personnes, toujours selon O. Rey, serait de doter les élèves des "compétences nécessaires pour la vie". Donc, cela veut dire qu'on prend pour acquis, et que l'on base toute sa pédagogie sur le présupposé des compétences transférables, dont O. Rey dit lui-même qu'elles sont sujettes à caution, à débat et que la formulation en elle-même est malheureuse et prête à confusion.
Y a-t'il une étude qui montre que lire un document en HG est: 1)la même chose que lire un document en lettres? 2) la même chose que lire un document dans la vie? Donc, en bout de ligne, pourquoi maintenir l'histoire-géographie dans le tronc commun? Ce n'est pas du fait des compétences, mais par les connaissances que ces disciplines sont supposées apporter.
Ce n'est pas grave, voyons ! L'existence de compétences transférables est remise en cause, mais il faut l'utiliser tout de même pour réformer le système scolaire...
...pour enseigner des compétences transférables.
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- InvitéInvité
Presse-purée a écrit:Et il y a une marge entre parler de compétence pour de jeunes adultes qui se spécialisent et se dirigent vers un métier, et en parler à tout bout de champ pour des enfants de maternelle ou en cours de formation (au collège par exemple). Enfin, est-ce qu'une "compétence" s'enseigne? Est-ce que la compréhension et appréhension d'un monde "complexe" ne s'appuie pas d'abord sur de solides connaissances?
Allons plus loin: O. Rey explique que le choix des compétences a été fait par des praticiens non pas pour mieux travailler les connaissances avec les élèves, mais pour faire bouger les cloisons disciplinaires, forcer au travail en équipe, à la pédagogie de projet... Ce n'est donc pas un objectif cognitif qui pousse vers les compétences. Si la démarche par compétences est moins efficace du point de vue cognitif (voir l'article plus haut, et beaucoup d'autres, notamment chez les anglo-saxons), ce n'est pas important puisque l'objectif est autre.
Ensuite, l'objectif que s'assignent ces personnes, toujours selon O. Rey, serait de doter les élèves des "compétences nécessaires pour la vie". Donc, cela veut dire qu'on prend pour acquis, et que l'on base toute sa pédagogie sur le présupposé des compétences transférables, dont O. Rey dit lui-même qu'elles sont sujettes à caution, à débat et que la formulation en elle-même est malheureuse et prête à confusion.
Y a-t'il une étude qui montre que lire un document en HG est: 1)la même chose que lire un document en lettres? 2) la même chose que lire un document dans la vie? Donc, en bout de ligne, pourquoi maintenir l'histoire-géographie dans le tronc commun? Ce n'est pas du fait des compétences, mais par les connaissances que ces disciplines sont supposées apporter.
Le débat tourne non pas autour des méthodes, mais des finalités, et de la supériorité supposée des compétences sur les connaissances. Cela a été soulevé dès l'arrivée de cette notion par les constructivistes tels que Hirrt. Et il y a aussi l'idée que, derrière les formules du type "on ne doit enseigner que ce qui est pertinent pour la vie future des jeunes" s'opère une réduction, qui, in fine, ne permette plus à l'élève d'acquérir, peu à peu, grâce aux connaissances, un regard instruit (j'aime bien cette expression que je pique dans l'article) et cultivé sur le monde. Les compétences seraient alors ce regard instruit cultivé et conscient qui s'exerce, mais il n'est pas possible sans connaissances.
Donc nous sommes d'accord ? Vous intégrez les connaissances dans une démarche de compétences ou alors vous choisissez d'employer les deux mots en opposition ? J'ai du mal à suivre.
- User5899Demi-dieu
Le littéraire sait bien qu'il n'existe pas deux synonymes parfaits. Le savoir est un état, la pétence est une action tendue vers. Ne serait-ce que ça. Mais la réflexion sur les deux termes conduit, et c'est tout l'intérêt, à la nécessaire pensée de l'enseignement. Que sommes-nous censés faire durant toutes ces heures passées dans un mot qui, en grec, signifie "loisir" ?Tamerlan a écrit:Cripure a écrit:Le jour où l'on parlera de savoir-faire, je m'y intéresserai.
Compétence, c'est non.
Je pense qu'une des définitions de compétence est parfaitement synonyme de "savoir-faire".
- InvitéInvité
doctor who a écrit:
Ce n'est donc pas une "notion pragmatique" pour l'enseignant, mais bien pour le militant pédagogique qui veut changer l'école.
Et c'est vrai qu'on ne voit pas pourquoi on se fonderait sur une notion inopérante au niveau intellectuel pour réguler le système scolaire dont les finalités sont justement intellectuelles.
Pouvez-vous préciser en quoi c'est "inopérant au niveau intellectuel" ?
- doctor whoDoyen
Tamerlan a écrit:doctor who a écrit:
Ce n'est donc pas une "notion pragmatique" pour l'enseignant, mais bien pour le militant pédagogique qui veut changer l'école.
Et c'est vrai qu'on ne voit pas pourquoi on se fonderait sur une notion inopérante au niveau intellectuel pour réguler le système scolaire dont les finalités sont justement intellectuelles.
Pouvez-vous préciser en quoi c'est "inopérant au niveau intellectuel" ?
C'est ce qu'est obligé de rappeler O. Rey : la compétence est a priori transdisciplinaire, voire a-disciplinaire. Hors, les chercheurs montrent que l'on apprend un savoir-faire (toujours technique, à mon avis, et ce n'est pas un gros mot) dans un cadre précis, pour ensuite le transférer.
Le problème du transfert est réel, mais ce n'est pas une raison pour briser le cadre initial de l'apprentissage.
A mon avis, la difficulté à transférer vient surtout d'une maîtrise insuffisante. Quand on sait très bien faire quelque chose dans un domaine, on saura bien faire une chose similaire, sinon semblable, dans un domaine connexe, malgré toutes les difficultés qu'on aura pu avoir dans un premier temps.
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- InvitéInvité
Cripure a écrit:Le littéraire sait bien qu'il n'existe pas deux synonymes parfaits. Le savoir est un état, la pétence est une action tendue vers. Ne serait-ce que ça. Mais la réflexion sur les deux termes conduit, et c'est tout l'intérêt, à la nécessaire pensée de l'enseignement. Que sommes-nous censés faire durant toutes ces heures passées dans un mot qui, en grec, signifie "loisir" ?Tamerlan a écrit:Cripure a écrit:Le jour où l'on parlera de savoir-faire, je m'y intéresserai.
Compétence, c'est non.
Je pense qu'une des définitions de compétence est parfaitement synonyme de "savoir-faire".
Il me semble que si tout l'enseignement ne peut être finalisé en tâches, il y a tout de même une large place pour celles-ci. Moi je suis un peu bourrin et pas très fin lettré. Il me semble que si j'ai un problème de plomberie que mon plombier soit :
- capable
- possède un bon savoir-faire
- soit compétent
... ça reviendra au même. Le type possède des connaissances et n'est pas manchot pour les mettre en œuvre et ce soir j'aurai de la flotte.
- Presse-puréeGrand sage
Tamerlan a écrit:Presse-purée a écrit:Et il y a une marge entre parler de compétence pour de jeunes adultes qui se spécialisent et se dirigent vers un métier, et en parler à tout bout de champ pour des enfants de maternelle ou en cours de formation (au collège par exemple). Enfin, est-ce qu'une "compétence" s'enseigne? Est-ce que la compréhension et appréhension d'un monde "complexe" ne s'appuie pas d'abord sur de solides connaissances?
Allons plus loin: O. Rey explique que le choix des compétences a été fait par des praticiens non pas pour mieux travailler les connaissances avec les élèves, mais pour faire bouger les cloisons disciplinaires, forcer au travail en équipe, à la pédagogie de projet... Ce n'est donc pas un objectif cognitif qui pousse vers les compétences. Si la démarche par compétences est moins efficace du point de vue cognitif (voir l'article plus haut, et beaucoup d'autres, notamment chez les anglo-saxons), ce n'est pas important puisque l'objectif est autre.
Ensuite, l'objectif que s'assignent ces personnes, toujours selon O. Rey, serait de doter les élèves des "compétences nécessaires pour la vie". Donc, cela veut dire qu'on prend pour acquis, et que l'on base toute sa pédagogie sur le présupposé des compétences transférables, dont O. Rey dit lui-même qu'elles sont sujettes à caution, à débat et que la formulation en elle-même est malheureuse et prête à confusion.
Y a-t'il une étude qui montre que lire un document en HG est: 1)la même chose que lire un document en lettres? 2) la même chose que lire un document dans la vie? Donc, en bout de ligne, pourquoi maintenir l'histoire-géographie dans le tronc commun? Ce n'est pas du fait des compétences, mais par les connaissances que ces disciplines sont supposées apporter.
Le débat tourne non pas autour des méthodes, mais des finalités, et de la supériorité supposée des compétences sur les connaissances. Cela a été soulevé dès l'arrivée de cette notion par les constructivistes tels que Hirrt. Et il y a aussi l'idée que, derrière les formules du type "on ne doit enseigner que ce qui est pertinent pour la vie future des jeunes" s'opère une réduction, qui, in fine, ne permette plus à l'élève d'acquérir, peu à peu, grâce aux connaissances, un regard instruit (j'aime bien cette expression que je pique dans l'article) et cultivé sur le monde. Les compétences seraient alors ce regard instruit cultivé et conscient qui s'exerce, mais il n'est pas possible sans connaissances.
Donc nous sommes d'accord ? Vous intégrez les connaissances dans une démarche de compétences ou alors vous choisissez d'employer les deux mots en opposition ? J'ai du mal à suivre.
Je n'organise pas mon enseignement en vue de compétences. Elles sont la conséquence de la maîtrise des connaissances et des pratiques de travail en classe. Mon objectif, c'est de développer les connaissances de mes élèves.
Par exemple, un travail sur la littérature médiévale va me permettre de travailler l'histoire littéraire, les genres, le vocabulaire particulier (preux, prouesse, fief...), et de réfléchir avec les élèves sur les textes lus ("pourquoi, selon vous, Tristan réagit-il ainsi?" "que pensez-vous de l'attitude du Roi Marc dans ce passage? Comment ses sentiments sont-ils exprimés, quels sont-ils?") et de les faire écrire.
Je ne profite pas de mon travail sur Tristan pour faire un débat citoyen et valider ainsi la compétence "débat citoyen".
Et on voit que, contrairement aux défenseurs des compétences, qui tentent toujours de faire dériver le débat sur ce terrain, cela n'a rien à voir avec la question de l'évaluation. Le paragraphe ou la rédaction, je peux y mettre des points, la noter sur 20, par échelle de maîtrise, par points forts/points faibles, en renseignant le LPC, SaCoche...
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"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- doctor whoDoyen
Presse-purée a écrit:Tamerlan a écrit:Presse-purée a écrit:Et il y a une marge entre parler de compétence pour de jeunes adultes qui se spécialisent et se dirigent vers un métier, et en parler à tout bout de champ pour des enfants de maternelle ou en cours de formation (au collège par exemple). Enfin, est-ce qu'une "compétence" s'enseigne? Est-ce que la compréhension et appréhension d'un monde "complexe" ne s'appuie pas d'abord sur de solides connaissances?
Allons plus loin: O. Rey explique que le choix des compétences a été fait par des praticiens non pas pour mieux travailler les connaissances avec les élèves, mais pour faire bouger les cloisons disciplinaires, forcer au travail en équipe, à la pédagogie de projet... Ce n'est donc pas un objectif cognitif qui pousse vers les compétences. Si la démarche par compétences est moins efficace du point de vue cognitif (voir l'article plus haut, et beaucoup d'autres, notamment chez les anglo-saxons), ce n'est pas important puisque l'objectif est autre.
Ensuite, l'objectif que s'assignent ces personnes, toujours selon O. Rey, serait de doter les élèves des "compétences nécessaires pour la vie". Donc, cela veut dire qu'on prend pour acquis, et que l'on base toute sa pédagogie sur le présupposé des compétences transférables, dont O. Rey dit lui-même qu'elles sont sujettes à caution, à débat et que la formulation en elle-même est malheureuse et prête à confusion.
Y a-t'il une étude qui montre que lire un document en HG est: 1)la même chose que lire un document en lettres? 2) la même chose que lire un document dans la vie? Donc, en bout de ligne, pourquoi maintenir l'histoire-géographie dans le tronc commun? Ce n'est pas du fait des compétences, mais par les connaissances que ces disciplines sont supposées apporter.
Le débat tourne non pas autour des méthodes, mais des finalités, et de la supériorité supposée des compétences sur les connaissances. Cela a été soulevé dès l'arrivée de cette notion par les constructivistes tels que Hirrt. Et il y a aussi l'idée que, derrière les formules du type "on ne doit enseigner que ce qui est pertinent pour la vie future des jeunes" s'opère une réduction, qui, in fine, ne permette plus à l'élève d'acquérir, peu à peu, grâce aux connaissances, un regard instruit (j'aime bien cette expression que je pique dans l'article) et cultivé sur le monde. Les compétences seraient alors ce regard instruit cultivé et conscient qui s'exerce, mais il n'est pas possible sans connaissances.
Donc nous sommes d'accord ? Vous intégrez les connaissances dans une démarche de compétences ou alors vous choisissez d'employer les deux mots en opposition ? J'ai du mal à suivre.
Je n'organise pas mon enseignement en vue de compétences. Elles sont la conséquence de la maîtrise des connaissances et des pratiques de travail en classe. Mon objectif, c'est de développer les connaissances de mes élèves.
Par exemple, un travail sur la littérature médiévale va me permettre de travailler l'histoire littéraire, les genres, le vocabulaire particulier (preux, prouesse, fief...), et de réfléchir avec les élèves sur les textes lus ("pourquoi, selon vous, Tristan réagit-il ainsi?" "que pensez-vous de l'attitude du Roi Marc dans ce passage? Comment ses sentiments sont-ils exprimés, quels sont-ils?") et de les faire écrire.
Idem, mais je ne considère pas le terme "savoir-faire" comme tabou. Je ne vois pas pourquoi il faudrait l'amalgamer absolument avec celui de "connaissance", même s'il y entre une part de "savoir".
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- User5899Demi-dieu
Voilà, c'est pile ça. Je ne fais pas lire Racine pour quelque chose. Donc la compétence m'oblige à reconsidérer le sens de ce que je fais en classe. Pour moi, mon boulot ne peut pas être une préparation à une quelconque activité professionnelle ultérieure, c'en est même une forme de négation. Et là, pour moi, on touche au sacré.Tamerlan a écrit:Cripure a écrit:Le littéraire sait bien qu'il n'existe pas deux synonymes parfaits. Le savoir est un état, la pétence est une action tendue vers. Ne serait-ce que ça. Mais la réflexion sur les deux termes conduit, et c'est tout l'intérêt, à la nécessaire pensée de l'enseignement. Que sommes-nous censés faire durant toutes ces heures passées dans un mot qui, en grec, signifie "loisir" ?Tamerlan a écrit:
Je pense qu'une des définitions de compétence est parfaitement synonyme de "savoir-faire".
Il me semble que si tout l'enseignement ne peut être finalisé en tâches, il y a tout de même une large place pour celles-ci. Moi je suis un peu bourrin et pas très fin lettré. Il me semble que si j'ai un problème de plomberie que mon plombier soit :
- capable
- possède un bon savoir-faire
- soit compétent
... ça reviendra au même. Le type possède des connaissances et n'est pas manchot pour les mettre en œuvre et ce soir j'aurai de la flotte.
- Presse-puréeGrand sage
Savoir-faire n'est absolument pas tabou chez moi, ni capacité. Compétence l'est, du fait de l'
Rédiger, c'est un savoir-faire, et je l'évalue comme tel.
Olivier Rey a écrit:approche de « sociologie critique » [qui] estime que la compétence est essentiellement une transposition dans l’éducation de conceptions utilitaristes imposées par les intérêts économiques néo-libéraux.
Rédiger, c'est un savoir-faire, et je l'évalue comme tel.
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"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- User5899Demi-dieu
Presse-purée a écrit:Savoir-faire n'est absolument pas tabou chez moi, ni capacité. Compétence l'est.
- doctor whoDoyen
Cripure a écrit:Voilà, c'est pile ça. Je ne fais pas lire Racine pour quelque chose. Donc la compétence m'oblige à reconsidérer le sens de ce que je fais en classe. Pour moi, mon boulot ne peut pas être une préparation à une quelconque activité professionnelle ultérieure, c'en est même une forme de négation. Et là, pour moi, on touche au sacré.Tamerlan a écrit:Cripure a écrit:
Le littéraire sait bien qu'il n'existe pas deux synonymes parfaits. Le savoir est un état, la pétence est une action tendue vers. Ne serait-ce que ça. Mais la réflexion sur les deux termes conduit, et c'est tout l'intérêt, à la nécessaire pensée de l'enseignement. Que sommes-nous censés faire durant toutes ces heures passées dans un mot qui, en grec, signifie "loisir" ?
Il me semble que si tout l'enseignement ne peut être finalisé en tâches, il y a tout de même une large place pour celles-ci. Moi je suis un peu bourrin et pas très fin lettré. Il me semble que si j'ai un problème de plomberie que mon plombier soit :
- capable
- possède un bon savoir-faire
- soit compétent
... ça reviendra au même. Le type possède des connaissances et n'est pas manchot pour les mettre en œuvre et ce soir j'aurai de la flotte.
Je fais lire Racine pour faire lire Racine aussi. Mais en faisant lire Racine, j'essaie aussi de rendre mes élèves plus cultivés, meilleurs lecteurs, et capables d'écrire un texte de narration (au collège) et de réflexion (au collège puis au lycée).
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- doctor whoDoyen
Je crois vraiment que les républicains, antipédagos, pédagos alternatifs, tout ce qu'on veut, gagneraient à s'approprier cette notion de savoir-faire, qu'ils ont longtemps rejetée.
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- Presse-puréeGrand sage
Et si je lis un texte avec mes élèves, c'est d'abord parce qu'il est beau, dérangeant, parce qu'il pose des questions sur le monde, sur nous. Pas pour le transformer ensuite en TaCo.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- InvitéInvité
doctor who a écrit:
C'est ce qu'est obligé de rappeler O. Rey : la compétence est a priori transdisciplinaire, voire a-disciplinaire. Hors, les chercheurs montrent que l'on apprend un savoir-faire (toujours technique, à mon avis, et ce n'est pas un gros mot) dans un cadre précis, pour ensuite le transférer.
Le problème du transfert est réel, mais ce n'est pas une raison pour briser le cadre initial de l'apprentissage.
A mon avis, la difficulté à transférer vient surtout d'une maîtrise insuffisante. Quand on sait très bien faire quelque chose dans un domaine, on saura bien faire une chose similaire, sinon semblable, dans un domaine connexe, malgré toutes les difficultés qu'on aura pu avoir dans un premier temps.
Pour la notion de savoir-faire effectivement là on n'est pas d'accord sur les mots. Je préfère m'en tenir au sens même des mots qui composent l'expression(et la rapprocher donc de la définition que je donne de compétence) et parler pour le reste de technique et de méthodologie.
Pour le reste 100 % d'accord sur la transférabilité. D'autre part l'identification précise de savoirs disciplinaires est indispensable dans une démarche de compétences puisqu'ils correspondent à la structure qui garantit leur validité et la solidité intellectuelle des enseignants (université et recherche).
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