- fracfloNiveau 8
Le Système
Cela fait cinq minutes qu’il voudrait parler. Il hésite, avance la main, tapote le micro. Tousse, deux fois.
Rien n’y fait. Il jette un regard à sa gauche, un regard à sa droite, ouvre sa bouteille de Vichy – avant de songer qu’il n’a pas soif –, la repose, fait semblant d’avoir une idée, un souvenir qui lui revient. Histoire de.
Le temps passe. Il lui semble que là-haut, sur la grande pendule, la trotteuse a encore accéléré sa course. Il va tout de même falloir commencer ! Il déboutonne son col (ça fait moins « collet monté »), se rapproche un chouia de la table de conférence.
« Bien ! »
Voilà une manière idéale de commencer son discours ! Ou, du moins, de prendre contact avec son public. Bienveillant, toujours bienveillant, se rappelle-t-il.
« Bien, bien, bien ! »
Il baisse ses lunettes, les remonte. Son nœud de cravate, trop serré, lui comprime la gorge, mais son sourire de circonstance tient toujours. Pour combien de temps ?
« Quelle énergie ! »
Une dizaine de têtes se tournent vers lui avec curiosité. Mais l’attention se relâche vite. Deux jeunes gens descendent en pouffant les marches de l’amphithéâtre. Quelques-uns se lèvent bruyamment pour les laisser passer.
« Que d’énergie ! Que d’énergie ! »
Puis il se tait, et reste immobile.
Une minute de plus, deux minutes. Est-il possible qu’il se fasse taper sur les doigts si l’on prend du retard à cause de lui ? Les premières gouttes de sueur apparaissent sur son front. Cette fois, il faut vraiment y aller…
« Ça fait plaisir, cette énergie ! »
L’assistance frétille, comme pour répondre à cet encouragement. Tout à coup, le grand homme se lève.
« Merci ! »
Loin de s’interrompre, les discussions redoublent. Il se retourne vers ses collègues qui, les bras croisés, lui sourient unanimement jusqu’aux oreilles. Ils vont se calmer tout seuls, ils vont se calmer tout seuls…
« Merci ! Merci à vous, vraiment ! Vous êtes… vous êtes la force vive de la nation ! »
On ne l’entend plus du tout. Et s’il était en train de perdre complètement la face ? Il y en a sans doute qui s’en réjouiraient en haut lieu… Ses aisselles sont toutes mouillées, son regard cherche un regard ami.
En désespoir de cause, il fait un signe de la main. Aussitôt, six hommes en costume font leur apparition et se postent de part et d’autre des travées, fixant les perturbateurs d’un œil inquisiteur. Le brouhaha finit par cesser ; la foule se tourne avec une expression stupéfaite vers le petit homme aux genoux cagneux qui sue à ses pieds. Qui est donc ce mauvais plaisant ? Que leur veut-il ? Quatre-cents paires d’yeux avides sont braquées sur lui.
Enfin il s’avance, les mains tremblantes, le dos un peu voûté ; et voilà ce qu’il leur dit :
« Mesdames et Messieurs les animateurs stagiaires, mon nom est M. … Je suis le directeur de l'E... de ... et je vous souhaite la bienvenue dans le monde fascinant de l'É... N...! »
- lumeekaExpert spécialisé
"Vous êtes… vous êtes la force vive de la nation !", "animateurs stagiaires" :
_________________
Animals are my friends... and I don't eat my friends. George Bernard Shaw
https://www.facebook.com/sansvoixpaca/
http://www.nonhumanrightsproject.org/about-us-2/
- InvitéeLoChaHabitué du forum
fracflo a écrit:Le Système
Cela fait cinq minutes qu’il voudrait parler. Il hésite, avance la main, tapote le micro. Tousse, deux fois.
Rien n’y fait. Il jette un regard à sa gauche, un regard à sa droite, ouvre sa bouteille de Vichy – avant de songer qu’il n’a pas soif –, la repose, fait semblant d’avoir une idée, un souvenir qui lui revient. Histoire de.
Le temps passe. Il lui semble que là-haut, sur la grande pendule, la trotteuse a encore accéléré sa course. Il va tout de même falloir commencer ! Il déboutonne son col (ça fait moins « collet monté »), se rapproche un chouia de la table de conférence.
« Bien ! »
Voilà une manière idéale de commencer son discours ! Ou, du moins, de prendre contact avec son public. Bienveillant, toujours bienveillant, se rappelle-t-il.
« Bien, bien, bien ! »
Il baisse ses lunettes, les remonte. Son nœud de cravate, trop serré, lui comprime la gorge, mais son sourire de circonstance tient toujours. Pour combien de temps ?
« Quelle énergie ! »
Une dizaine de têtes se tournent vers lui avec curiosité. Mais l’attention se relâche vite. Deux jeunes gens descendent en pouffant les marches de l’amphithéâtre. Quelques-uns se lèvent bruyamment pour les laisser passer.
« Que d’énergie ! Que d’énergie ! »
Puis il se tait, et reste immobile.
Une minute de plus, deux minutes. Est-il possible qu’il se fasse taper sur les doigts si l’on prend du retard à cause de lui ? Les premières gouttes de sueur apparaissent sur son front. Cette fois, il faut vraiment y aller…
« Ça fait plaisir, cette énergie ! »
L’assistance frétille, comme pour répondre à cet encouragement. Tout à coup, le grand homme se lève.
« Merci ! »
Loin de s’interrompre, les discussions redoublent. Il se retourne vers ses collègues qui, les bras croisés, lui sourient unanimement jusqu’aux oreilles. Ils vont se calmer tout seuls, ils vont se calmer tout seuls…
« Merci ! Merci à vous, vraiment ! Vous êtes… vous êtes la force vive de la nation ! »
On ne l’entend plus du tout. Et s’il était en train de perdre complètement la face ? Il y en a sans doute qui s’en réjouiraient en haut lieu… Ses aisselles sont toutes mouillées, son regard cherche un regard ami.
En désespoir de cause, il fait un signe de la main. Aussitôt, six hommes en costume font leur apparition et se postent de part et d’autre des travées, fixant les perturbateurs d’un œil inquisiteur. Le brouhaha finit par cesser ; la foule se tourne avec une expression stupéfaite vers le petit homme aux genoux cagneux qui sue à ses pieds. Qui est donc ce mauvais plaisant ? Que leur veut-il ? Quatre-cents paires d’yeux avides sont braquées sur lui.
Enfin il s’avance, les mains tremblantes, le dos un peu voûté ; et voilà ce qu’il leur dit :
« Mesdames et Messieurs les animateurs stagiaires, mon nom est M. … Je suis le directeur de l'E... de ... et je vous souhaite la bienvenue dans le monde fascinant de l'É... N...! »
Il a l'air pas mal ce film. Quel est son titre ? tu aurais du poster dans la partie cinéma
- User5899Demi-dieu
Il desserre son col puis trouve que son noeud de cravate est trop serré ?
- fracfloNiveau 8
Cripure a écrit:Il desserre son col puis trouve que son noeud de cravate est trop serré ?
Monsieur chipote.
Voilà ton nouveau surnom : Monsieur Chipote.
- florestanGrand sage
fracflo a écrit:Cripure a écrit:Il desserre son col puis trouve que son noeud de cravate est trop serré ?
Monsieur chipote.
Voilà ton nouveau surnom : Monsieur Chipote.
C'est pas drôle
- JézabelNiveau 10
Monsieur chipote..
Voilà ton nouveau surnom : Monsieur Chipote.
Nan mais quelle arrogance, là... Après l'"enquête sociologique" pour voir le pourcentage de collègues cons, et le topic de la semaine dernière...
- RendashBon génie
Jézabel a écrit:Nan mais quelle arrogance, là... Après l'"enquête sociologique" pour voir le pourcentage de collègues cons, et le topic de la semaine dernière...
*Pssst! c'est une blague!..*
* *
_________________
"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- JézabelNiveau 10
Rendash a écrit:Jézabel a écrit:Nan mais quelle arrogance, là... Après l'"enquête sociologique" pour voir le pourcentage de collègues cons, et le topic de la semaine dernière...
*Pssst! c'est une blague!..*
* *
Ah bon ? C'est vrai que derrière un écran, difficile de percevoir le fond du message. Ou alors, c'est un humour que je ne comprends pas.
- lumeekaExpert spécialisé
Je penche pour la dernière solution.
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Animals are my friends... and I don't eat my friends. George Bernard Shaw
https://www.facebook.com/sansvoixpaca/
http://www.nonhumanrightsproject.org/about-us-2/
- JézabelNiveau 10
J'espère que tous ses messages ne sont que des blagues. Enfin, je l'espère pour ses collègues.
- fracfloNiveau 8
Jézabel a écrit:J'espère que tous ses messages ne sont que des blagues. Enfin, je l'espère pour ses collègues.
Jézabel, ça rime avec péronnelle, non?
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
fracflo a écrit:Jézabel a écrit:J'espère que tous ses messages ne sont que des blagues. Enfin, je l'espère pour ses collègues.
Jézabel, ça rime avec péronnelle, non?
Et Fracflo avec Bozo.
- JézabelNiveau 10
fracflo a écrit:Jézabel a écrit:J'espère que tous ses messages ne sont que des blagues. Enfin, je l'espère pour ses collègues.
Jézabel, ça rime avec péronnelle, non?
Ca vole haut.
- User5899Demi-dieu
Vous inventez la faute de raccord en littérature...fracflo a écrit:Cripure a écrit:Il desserre son col puis trouve que son noeud de cravate est trop serré ?
Monsieur chipote.
Voilà ton nouveau surnom : Monsieur Chipote.
Je ne puis lutter
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