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- User19866Expert
Je ne connais pas, ça.Aspasie a écrit:Question d'ailleurs : le petit mot de Kant suite à la mort de son valet "Penser à oublier Lampe", c'est une anecdote tirée d'où ? Le texte de Quincey ou autre chose ?
- philopoussinNiveau 8
Aspasie a écrit:Intentionnel ou pas ? Un comble tout de même...
Question d'ailleurs : le petit mot de Kant suite à la mort de son valet "Penser à oublier Lampe", c'est une anecdote tirée d'où ? Le texte de Quincey ou autre chose ?
Oui, c’est bien dans Les derniers jours...
- AspasieNiveau 10
Merci Philopoussin.
@Dalathée2 : Avec plaisir
*met son chapeau de Davy Crockett... à défaut de toute la tenue de Père Castor *
Bon... mieux vaut laisser l'auteur parler lui-même en fait...
Voici donc l'extrait du livre de Quincey, Les derniers jours d'Emmanuel Kant
Kant a dû changer de serviteur et son vieux Lampe, ancien militaire qui l'a servi durant quasiment toute sa vie, a été remplacé par un petit nouveau qui ne maîtrise pas encore toutes les habitudes si bien règlées du "vieux chinois de Koenigsberg", comme l'appelait Nietzsche. Mais Kant finit par s'y habituer... :
@Dalathée2 : Avec plaisir
*met son chapeau de Davy Crockett... à défaut de toute la tenue de Père Castor *
Bon... mieux vaut laisser l'auteur parler lui-même en fait...
Voici donc l'extrait du livre de Quincey, Les derniers jours d'Emmanuel Kant
Kant a dû changer de serviteur et son vieux Lampe, ancien militaire qui l'a servi durant quasiment toute sa vie, a été remplacé par un petit nouveau qui ne maîtrise pas encore toutes les habitudes si bien règlées du "vieux chinois de Koenigsberg", comme l'appelait Nietzsche. Mais Kant finit par s'y habituer... :
A partir de ce moment, tout se passa régulièrement. Et si par hasard il y avait une petite erreur, Kant montrait beaucoup de condescendance et d’indulgence, faisant observer spontanément qu’on ne saurait demander à un nouveau valet de chambre de connaître toutes ses habitudes et tous ses caprices. Il y eut toutefois un point sur lequel ce nouveau domestique s’adapta au goût d’érudition de Kant en une façon dont Lampe s’était montré incapable. Kant était un délicat en matière de prononciation, et Kauffmann avait une grande facilité à saisir le son des mots latins, les titres des livres, et les noms et les professions des amis de Kant : chose à laquelle Lampe, le plus insupportable des imbéciles, n’avait jamais pu parvenir. En particulier les vieux amis de Kant m’ont raconté que pendant l’espace des trente-huit ans durant lesquels Kant avait l’habitude de lire la gazette publiée par Hartung, Lampe la lui apportait à son jour de publication en proférant la même et identique sottise : “Monsieur le Professeur, voilà le journal de Hartmann”, sur quoi Kant répondait : “Hein ? quoi ? qu’est-ce que vous dites ? Journal de Hartmann ; je vous dis que ce n’est pas Hartmann, mais Hartung ; allons, répétez après moi : pas Hartmann, mais Hartung.” Alors, Lampe, morose, se redressait, prenait l’air raide d’une sentinelle en faction et, du ton monotone dont il avait poussé jadis le cri de “Qui-vive”, rugissait : “pas Hartmann, mais Hartung”. “Encore !”, criait Kant. Sur quoi Lampe rugissait pour la seconde fois : “pas Hartmann, mais Hartung”. “Encore une fois”, criait Kant. Et une troisième fois le malheureux Lampe hurlait avec un désespoir truculent : “pas Hartmann, mais Hartung”. Et cette ridicule scène de parade militaire était répétée sans cesse le jour de la publication de la gazette ; dûment, deux fois par semaine, l’incorrigible vieux sot était soumis au même exercice, lequel était invariablement suivi de la même sottise, la fois suivante. De sorte que ce pertinace idiot répéta sans variation la même imbécillité 104 fois par an (deux fois par semaine) multipliée par trente-huit, nombre des années ! Pendant plus de la moitié d’une vie normale humaine, selon les limites que lui accorde l’Ecriture Sainte, ce vieil âne, qu’on ne saurait assez admirer, avait buté ponctuellement sur la même pierre. Et pourtant, malgré cet avantage en son nouveau domestique qui se joignait à une supériorité générale sur son prédécesseur, la nature de Kant était trop tendre, trop bonne et trop indulgente aux infirmités de toute personne, sauf aux siennes propres, pour que la voix et le vieux visage familier auquel il avait été accoutumé pendant quarante ans ne lui manquassent point. Et je trouvai un trait touchant du regret qu’éprouva Kant pour son vieux serviteur qui n’avait jamais rien valu, qui est inscrit dans son carnet. D’autres personnes notent ce dont elles désirent se souvenir. Là, Kant avait noté ce qu’il devait oublier : “Mem. – février 1802 – il ne faut plus se souvenir du nom de Lampe.
- User19866Expert
Merci.
- philopoussinNiveau 8
Berdiaev, Le Christinanisme et la lutte des classes :
Je me souviens d’une anecdote célèbre attribuée, si je ne me trompe, à Louis Blanc. Un homme riche passe devant un fiacre et demande au cocher : "Es-tu libre?" Le cocher répond : "Libre". - "Vive la liberté" s'écrie alors le passant en poursuivant son chemin.
Je me souviens d’une anecdote célèbre attribuée, si je ne me trompe, à Louis Blanc. Un homme riche passe devant un fiacre et demande au cocher : "Es-tu libre?" Le cocher répond : "Libre". - "Vive la liberté" s'écrie alors le passant en poursuivant son chemin.
- User17706Bon génie
Alors je ne sais plus du tout où j'ai entendu (lu ?) ça, mais il me revient en mémoire qu'on m'a dit que Leibniz, dans les dernières années de sa vie, avait fait tout bonnement ôter son lit de ses appartements. Lorsque Morphée l'appelait, il posait la plume dans l'encrier, posait un oreiller sur le bureau, et quatre heures plus tard reprenait la phrase ainsi interrompue.
Bien sûr, ce serait à vérifier, comme (presque) tout ce qui se poste ici. (Y compris ce que raconte De Quincey, qui n'est pas exactement ce qu'on appelle une source fiable, même s'il fait gloire à Kant d'avoir inventé... le porte-jarretelle [mouahahahahahahahaha]).
Bien sûr, ce serait à vérifier, comme (presque) tout ce qui se poste ici. (Y compris ce que raconte De Quincey, qui n'est pas exactement ce qu'on appelle une source fiable, même s'il fait gloire à Kant d'avoir inventé... le porte-jarretelle [mouahahahahahahahaha]).
- User5899Demi-dieu
Je ne connais cette anecdote qu'avec Cocteau comme "auteur"PauvreYorick a écrit:Mais l'histoire de l'ange qui passe, ce n'est pas... Artaud qui a beuglé ça un jour ?
Artaud, grand lecteur des néoplatoniciens, ceci expliquant peut-être cela.
On ne prête qu'aux riches, de toutes façons.
- User5899Demi-dieu
Voilà !PauvreYorick a écrit:Et sa remarque ayant provoqué un nouveau silence, Cocteau aurait dit : « tiens, il aime ça, le revoilà ».
Gaston Lagaffe fait ça aussiPauvreYorick a écrit:Alors je ne sais plus du tout où j'ai entendu (lu ?) ça, mais il me revient en mémoire qu'on m'a dit que Leibniz, dans les dernières années de sa vie, avait fait tout bonnement ôter son lit de ses appartements. Lorsque Morphée l'appelait, il posait la plume dans l'encrier, posait un oreiller sur le bureau, et quatre heures plus tard reprenait la phrase ainsi interrompue.
- User17706Bon génie
Reste à savoir si ça révèle le côté Leibniz de Gaston Lagaffe ou le côté Gaston Lagaffe de Leibniz
Cela dit, Gaston n'est pas du genre à faire ôter son lit de sa chambre, plutôt à installer un hamac dans son bureau.
Cela dit, Gaston n'est pas du genre à faire ôter son lit de sa chambre, plutôt à installer un hamac dans son bureau.
- AspasieNiveau 10
Ah oui, c'est vrai ! Je l'avais oublié ça !PauvreYorick a écrit:
Bien sûr, ce serait à vérifier, comme (presque) tout ce qui se poste ici. (Y compris ce que raconte De Quincey, qui n'est pas exactement ce qu'on appelle une source fiable, même s'il fait gloire à Kant d'avoir inventé... le porte-jarretelle [mouahahahahahahahaha]).
Ceci étant, je me souviens d'un de mes profs de fac qui nous expliquait Kant par le menu, et qui faisait de la phrase "il faut bien que ça tienne !" une clé essentielle de la philosophie de Kant.
Cela m'a toujours semblé fort bien vu (la phrase clé hein... pour le porte-jaretelle, je réserve ma "position").
- PanturleNiveau 8
D'après un prof de prépa, un jour Foucault s'est retrouvé au poste après avoir commenté la taille du sexe d'un policier en civil qui se soulageait dans l'urinoir à côté de lui... Mais je n'ai jamais trouvé la source de cette histoire. :journal:
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Multaque res subita et paupertas horrida suasit.
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Cripure a écrit:Gourinat déclamait du Heidegger à l'ENS avec une pantoufle sur la tête et un tintement de cuillère sur une tasse à café (source : Jean-Paul Aron, Les Modernes), et il n'était pas nazi
Par ailleurs, ayant été scolarisé en khâgne avec Jean-Baptiste, son fils, j'ai un témoignage de première main concernant la mort de Jankélévitch : Gourinat senior aurait attrapé une tranche de jambon dans son assiette et l'aurait lancée au plafond en hurlant : "Enfin ! Crève, s alope !".
https://www.neoprofs.org/t87365-heidegger-existential-existentiel#2960770
Mais pourquoi une pantoufle sur la tête ? (le jambon, passe encore*)
*Robin (loc. cit.) a écrit:Jankélévitch (que nos appelions Janké) est décédé dans son appartement du 1, quai aux fleurs, face à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Lui qui possédait l'intelligence la plus brillante que j'aie jamais vue et qui était doué en tout : il jouait aussi du violon et du piano et pouvait passer de Spinoza à Debussy sans débrayer était retombé en enfance et les étudiants de toutes les facultés de Paris (pharmacie, médecine, Lettres...) se relayaient auprès de celui qui avait perdu les siennes (pardon pour ce mauvais jeu de mots). Ce fut sans doute la plus grande leçon de philosophie que nous ayons jamais reçue de lui. C'était quelqu'un d'absolument adorable. J'en ai encore les larmes aux yeux quand j'y pense.
Mais il ne fallait pas lui parler de Heidegger, de philosophie allemande et de musique allemande et de tout ce qui était allemand. Il avait ses raisons que j'ai comprises pas la suite en le voyant fleurir la plaque dédiée à Jean Cavaillès dans la salle du même nom à la Sorbonne.
- philopoussinNiveau 8
Pour rappeler la lecture des souliers de Van Gogh? :gratte:
- AspasieNiveau 10
En tout cas, cela témoigne d'une belle tonicité dans ses détestations ! :lol:
- philopoussinNiveau 8
Lue dans L’Histoire populaire des sciences de Clifford D. Conner, qui la tient lui-même (enfin, je soupçonne un vernis) de Mitchen Cohen, l’anecdote suivante, qui pourrait bien servir aux collègues d'économie, puisqu'elle "révèle le fond de la pensée des ouvriers" à l'arrivée du taylorisme (âmes sensibles s’abstenir) :
- Vous travaillez très bien, dit l'ingénieur, tout en observant un menuisier en train de raboter un morceau de bois. Mais si on fixait simplement une brosse sur votre coude, vous pourriez raboter le bois et le poncer dans le même mouvement.
- Ouais, répondit le menuisier, et si vous vous mettiez un balais dans le cul, vous pourriez prendre des notes et balayer par terre en même temps.
- Vous travaillez très bien, dit l'ingénieur, tout en observant un menuisier en train de raboter un morceau de bois. Mais si on fixait simplement une brosse sur votre coude, vous pourriez raboter le bois et le poncer dans le même mouvement.
- Ouais, répondit le menuisier, et si vous vous mettiez un balais dans le cul, vous pourriez prendre des notes et balayer par terre en même temps.
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