Allez vous rendre hommage à Charlie Hebdo dans vos classes?

Bonsoir,
Comme beaucoup, je suis consternée par ce qui s'est passé, triste même... Je ne me vois pas faire cours comme si rien ne s'était passée et en même temps je ne sais pas comment m'y prendre.... J' ai une forte population musulmane dans mes classes, j'ai peur que ça déborde... Pensez-vous qu'il y aura une minute de silence de proposer? Je pensais afficher des unes de Charlie Hebdo sur mon tableau... Modeste, symbolique... Et vous?

Si j'ai bien compris demain est une journée de deuil national avec minute de silence à midi?

Je ne sais pas trop, je suis encore sous le choc, n'ayant appris la nouvelle qu'à six heures du soir. J'essaierai d'aller au collège assez tôt pour voir mes collègues et le cde avant le début des cours. Rien sur le site du rectorat pour l'instant...

J'affiche le journal au tableau. Et je leur demande s'ils ont des questions auxquelles je peux répondre. Je ne vois pas pourquoi on ne devrait pas en parler. Ce sera plus utile que toutes les "semaines sur la presse " en classe !

J'ai déjà montré la caricature "c'est dur d'être aimé par des cons" en classe aux 1ères, je pense que je vais récidiver. Je crains un peu la minute de silence à midi, mais bon (très mauvais souvenir de celle imposer en 2012 au moment des tueries de Merah, réflexions débiles d'élèves sur les victimes juives...J'espère qu'on évitera les remarques sur les blasphémateurs.)

En 6e, je ne pense pas. Mais en 3e, je fais Persepolis donc forcément je vais en parler.

http://www.charliehebdo.fr/index.html

J'ai préparé un truc pour les troisième, que je verrai demain, j'aviserai à ce moment-là. Pour les petits, je ne suis pas sûre, je ne me sens pas capable de trouver les mots justes pour eux.

Je pense que j'aviserais en fonction de comment se passe les heures, des classes. Avec mes 1re, je pense qu'il y aura un moment d'échange. En tout cas, avec toutes mes classe, je veux, autant que possible, leur laisser la possibilité de parler s'ils en ont besoin. J'ai confiance en mes élèves pour qu'il n'y ait pas de dérives...
Je me suis fabriquée un petit "pin's" avec "Je suis charlie".

En seconde, on était en pleine discussion sur ce sujet, parce qu'ils étaient très intrigués par le danger de la lecture selon le texte de Voltaire. Je ne pensais pas devoir développer dans un tel contexte. Mais je commentais l'actualité avec Charlie à l'époque du résumé-discussion, je ne vais pas me priver d'évoquer la presse sans pub.

Qu'as-tu choisi, Moon ?

J'ai préparé quelques unes de Charlie Hebdo, quelques dessins de dessinateurs qui réagissent à ce massacre, quelques unes de journaux pour expliquer à mes élèves ce qui vient de se passer.

Merci Malaga pour ce diaporama. Je vais tenter d'expliquer les faits avec mes 5èmes même si je pense avoir droit à des réflexions un peu déplacées (une partie de mes élèves est d'origine maghrébine et assez virulente au niveau de la question du racisme).
Au moins, chacun verra avec ses propres yeux et réfléchira avec son propre cerveau, pas celui de papa, maman ou du grand frère.

Merci, Malaga.

Merci Malaga.

Merci Malaga.
J'ai improvisé ce matin avec quelques dessins imprimés hier soir, mais je compte bien revenir sur ce sujet avec toutes mes classes lors de la semaine de la presse, et j'utiliserai ton diaporama à ce moment-là.

Ce matin, mes élèves (4e) avaient surtout besoin qu'on leur explique la situation : certains ne comprenaient pas qui est ce "Charlie" dont on parle, certains croyaient que Charlie Hebdo, c'était François Hollande (l'Etat en général), certains ont demandé pourquoi ils avaient eu le droit de publier des dessins du prophète alors que c'est interdit, certains ont demandé ce que ça voulait dire, en fait "Etat laïc", d'autres ont demandé pourquoi tout le monde s'appelle Charlie depuis hier... bref, ce sont des gamins, ils ont besoin avant tout d'explications, même à chaud, même un peu désordonnées.
Ca a été très dur de commencer à parler, à 8h, mais ça a été très bénéfique dans mes deux classes. Oui, on a le droit d'être choqué par un dessin. Non, on n'a pas le droit de tuer pour un dessin : ça a l'air bête, hein ? Mais nos élèves ont besoin de l'entendre.

J'ai pris entre 15 et 25 minutes ce matin pour expliquer les événements. Comme Dinaaa , certains n'avaient pas compris qui était Charlie. Beaucoup on besoin d'explication. Parfois d'interprétation.

Le plus gros amalgame est évidemment Musulman/Islamiste (bien que je ne pense pas que mes élèves soit dans une démarche consciente d'association malheureuse). Après les questions étaient très sincères, et touchantes.

Ce qui m'a vraiment impressionné par contre, c'est que c'est avec ma cinquième boulet que j'ai eu la meilleure discussion.

J'ai fait cours, portant un badge fait maison 'Je suis Charlie". Les élèves ont apprécié, ils me regardaient avec gravité, certains me disaient : je suis d'accord avec vous, madame. L'ambiance était particulière, ils comprenaient bien la gravité de la situation. Ils se sont comportés comme je l'espérais, ils semblaient réellement concernés. En fin de matinée, avant la minute de silence, je leur ai demandé ce qu'ils avaient compris et j'ai expliqué ce qui pour eux n'était pas bien clair. Nous nous sommes sentis très proches, eux et moi.

C'est fait:
Discussion ce matin avec mes CM1/CM2, explication de la "liberté d'expression", puis 1 minute de silence complet à Midi.
Les enfants, même jeunes, sont choqués, mais comprennent l'objectif de l'acte quand on le leur explique.

Je vais éviter pour ne pas ajouter encore à l'emballement médiatique et au tout émotionnel.

On en parlera dans quelques temps quand tout cela se sera calmé et qu'on y verra plus clair. Là j'ai peur que ce soit n'importe quoi dans la précipitation et qu'on obtienne l'inverse de ce qui est recherché : à savoir prendre du recul, faire la part des choses, donner du sens, expliquer nos valeurs...

J'ai eu beaucoup de questions. Je ne me voyais pas ne pas leur répondre. J'ai fait du mieux que j'ai pu et je pense sincèrement que ça a été bénéfique à certains...

J'ai demandé aux élèves ce qu'ils avaient entendu/compris, on a passé une petite vingtaine de minutes dans chaque classe à en parler, j'ai répondu à leurs questions comme j'ai pu, en leur faisant bien comprendre que ces hommes s'en sont pris à notre liberté de penser, qu'on peut ne pas être d'accord avec qq'un mais qu'on ne doit pas y répondre par des actes violents, et qu'il ne fallait surtout pas faire d'amalgames (j'ai peu de musulmans dans mes classes), je pense qu'ils ont bien compris. Nous avons observé la minute de silence à midi, j'ai projeté "je suis charlie" au tableau pendant cette minute. Voilà.

J'avais mes TS à 8h ce matin, j'étais donc le premier prof qu'ils voyaient.
Je les ai mis au boulot et leur ai demandé s'ils avaient HG aujourd'hui. C'était le cas.
Je leur ai dit que je pensais que mon collègue allait leur parler des événements tragiques d'hier, que je ne savais pas comment aborder les choses et ma voix s'est étranglée.
Alors on a fait des maths, au moins c'est un monde stable, sans idéologie.

Mon collègue abordait le sujet avec chacune de ses classes aujourd'hui, il me l'a confirmé ensuite.

Hommage rendu à travers la lecture (et la brève étude) d'un texte de Voltaire sur la liberté de la presse/liberté d'expression extrait de L'Encyclopédie.
Le texte a permis un échange intéressant avec les classes (4e et 6e) et surtout nourri d'une base textuelle solide (référence au texte, aux programmes d'Histoire, etc.)
Le débat était tout de même tendu. J'ai souvent répété qu'il ne fallait pas faire d'amalgame, que les islamistes n'étaient qu'une secte terroriste extrémiste sans rapport avec l'Islam. Cette précision était importante pour certains élèves qui m'ont dit qu'à la radio ils avaient entendu dire que c'était des musulmans qui avaient fait le coup.

Malheureusement, certains élèves de la classe (musulmans) se sont mis à critiquer le principe de la satire et à parler de complot. Pour eux, il est irrespectueux de critiquer le prophète et donc, ils sous entendaient que Charlie Hebdo l'avait bien cherché...Et puis la théorie du complot est venue s’immiscer dans cette discussion. Bref, difficile de défendre et de prêcher le "Pas d'amalgame" après tout ça...

Duke_of_Portland a écrit:Hommage rendu à travers la lecture (et la brève étude) d'un texte de Voltaire sur la liberté de la presse/liberté d'expression extrait de L'Encyclopédie.
Le texte a permis un échange intéressant avec les classes (4e et 6e) et surtout nourri d'une base textuelle solide (référence au texte, aux programmes d'Histoire, etc.)
Le débat était tout de même tendu. J'ai souvent répété qu'il ne fallait pas faire d'amalgame, que les islamistes n'étaient qu'une secte terroriste extrémiste sans rapport avec l'Islam. Cette précision était importante pour certains élèves qui m'ont dit qu'à la radio ils avaient entendu dire que c'était des musulmans qui avaient fait le coup.

Malheureusement, certains élèves de la classe (musulmans) se sont mis à critiquer le principe de la satire et à parler de complot. Pour eux, il est irrespectueux de critiquer le prophète et donc, ils sous entendaient que Charlie Hebdo l'avait bien cherché...Et puis la théorie du complot est venue s’immiscer dans cette discussion. Bref, difficile de défendre et de prêcher le "Pas d'amalgame" après tout ça...

C'est toute la limite de l'exercice d'auto-conviction. J'ai eu dans une de mes classes un élève musulman qui m'a dit que c'était "torts partagés, 50/50". Autant dire que cela a entamé une discussion assez riche... pour tenter de faire en sorte qu'aucun élève de ma classe ne puisse ressortir de mon cours en ayant dans un coin de sa tête l'idée de "torts partagés".

Ensuite j'ai entendu du même élève que Charlie Hebo avait fait "ça" (= se faire tirer dessus) "pour faire le buzz" et que l'on parle d'eux, parce que "franchement, moi avant, je n'en n'avais jamais entendu parler". Rediscussion sur la notion de "chercher à faire le buzz" en se faisant trucider...."

Tout ceci en dit beaucoup sur le travail qui reste à faire avec une partie des musulmans.

La théorie du complot aussi est assez entendu dans le registre du déni par des musulmans sur ce sujet. Il faut bien se douter qu'une partie des musulmans ne sont pas tous totalement dans la condamnation même si ce ne sont pas ceux que l'on fait entendre dans les médias pour ne pas mettre d'huile sur le feu. Dire que l'URSS, la Corée Du Nord, la Tchécoslovaquie et Cuba n'étaient pas le Communisme sonne pour moi un peu comme dire que tout cela ici et ailleurs n'est pas l'Islam. Il y a ce que les choses devraient être, et puis ce qu'elles sont en fait parfois.

Intéressant aussi, des élèves s'étonnaient qu'ils parlent français. Je leur ai dit qu'ils étaient français comme eux et moi et certains m'ont dit que "non, car ils ont attaqué la France, donc ils ne sont pas Français, ils ne peuvent pas être Français". Intéressant comme sujet, non ? S'en est suivi un autre débat intéressant sur la question justement de la nationalité et de l'idéologie.