"Le savoir est une arme": un documentaire sur le quotidien d'un professeur de SEGPA

Projeté pour la première fois ce soir à Lille, "Le savoir est une arme" est un documentaire qui montre comment des professeurs se battent au quotidien, dans l'anonymat, faisant preuve d'une abnégation forçant l'admiration.
Pour le réalisateur du documentaire, Abdé Keta, l'échec scolaire n'est pas une fatalité et même dans les quartiers difficiles où on pense que les jeunes sont condamnés d'avance qu'ils n'auront jamais une voie possible pour arriver à l'épanouissement, la réussite et à l'insertion dans cette société.
"Marie-Madeleine Cappello (professeur principal d’une classe de Segpa du collège Jean-Moulins de Wattignies) est une prof à l'ancienne, qui se donne à fond pour son travail, pour les élèves, pour les aider à s'auto-aider et accepter l'aide qu'on peut leur apporter."
"Je n'en suis pas encore sorti de ce tournage car cela a été très lourd, car on est dans un univers où il y a beaucoup de détresse des adultes, des professeurs à qui on ne donne pas vraiment de soutien. Les ministres passent mais les professeurs sont toujours là et attendent qu'on les aide."

Pas de retour pour autant des institutions dénoncées, "les ministres sont dans l'hypercommunication, dans une démarche de carrière."

Pour voir la vidéo de présentation de ce documentaire qui sera projeté ce soir à 20h à la gare St Sauveur à Lille, c'est ici:
http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/2014/10/23/le-savoir-est-une-arme-un-doc-poignant-sur-le-travail-d-une-prof-de-wattignies-577166.html

S'il passe en télé,je crois que je ferais une plongée, j'ai quitté une SES parce que j'étais fatigué de devoir bagarrer pour avoir des crédits pour acheter des livres, IL N'Y EN AVAIT PAS UN... un minimum de matériel en dehors de l'atelier.
Je me suis bagarré aussi pour qu'ils viennent à l'école, pour qu'ils aillent en stage, j'ai enfreint les règles pour faire du ski de fond avec du matériel prêté quand on a eu plein de neige, je me suis bagarré pour qu'ils respectent la classe dans le préfa que nous avions repeinte car elle était pleine de graffitis grossiers...
J'ai fini par encadrer bénévolement une semaine de voile et canoé là où je travaillais l'été pour qu'ils puissent venir dans le cadre du centre aéré. J'ai obtenu mon changement avec soulagement, mais j'avoue qu'à la rentrée suivante recevoir des cartes postales et des lettres maladroites me demandant de bien vouloir revenir parce qu'il n'y avait personne, ou parce que "la fille" ne les aimait pas car elle était toujours absente, je n'étais pas au mieux.
Le réalisateur dit que ce film l'a "bouffé",  c'est aussi ce qui m'a fait quitter ce poste qui avait tendance déborder sur la vie personnelle des collègues et qui arrivait sur la mienne.

Nestya a écrit:

Projeté pour la première fois ce soir à Lille, "Le savoir est une arme" est un documentaire qui montre comment des professeurs se battent au quotidien, dans l'anonymat, faisant preuve d'une abnégation forçant l'admiration.
Pour le réalisateur du documentaire, Abdé Keta, l'échec scolaire n'est pas une fatalité et même dans les quartiers difficiles où on pense que les jeunes sont condamnés d'avance qu'ils n'auront jamais une voie possible pour arriver à l'épanouissement, la réussite et à l'insertion dans cette société.
"Marie-Madeleine Cappello (professeur principal d’une classe de Segpa du collège Jean-Moulins de Wattignies) est une prof à l'ancienne, qui se donne à fond pour son travail, pour les élèves, pour les aider à s'auto-aider et accepter l'aide qu'on peut leur apporter."
"Je n'en suis pas encore sorti de ce tournage car cela a été très lourd, car on est dans un univers où il y a beaucoup de détresse des adultes, des professeurs à qui on ne donne pas vraiment de soutien. Les ministres passent mais les professeurs sont toujours là et attendent qu'on les aide."

Pas de retour pour autant des institutions dénoncées, "les ministres sont dans l'hypercommunication, dans une démarche de carrière."

Pour voir la vidéo de présentation de ce documentaire qui sera projeté ce soir à 20h à la gare St Sauveur à Lille, c'est ici:
http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/2014/10/23/le-savoir-est-une-arme-un-doc-poignant-sur-le-travail-d-une-prof-de-wattignies-577166.html

L'abnégation a ses limites ; j'aimerais bien voir comment vit madame Cappello : a-t-elle encore du temps pour sa propre famille ; peut-elle penser un peu à elle, etc. ? Faute de temps et d'énergie supplémentaires, ses enfants seront-ils plus tard des inconnus pour elle ? Je n'aime pas cette ambiance catholique de don de soi ; je trouve que l'état a bien de la chance d'avoir des agents qui se battent sur le terrain au quotidien, quitte à sombrer dans la dépression ou à mourir de fatigue morale et nerveuse. L'école française est inégalitaire : au lieu d'user et de désespérer ses agents, qui pensent à la fuir, l'EN ferait mieux de la rendre égalitaire.

Janne a écrit: L'école française est inégalitaire : au lieu d'user et de désespérer ses agents, qui pensent à la fuir, l'EN ferait mieux de la rendre égalitaire.

Qu'entendez-vous par "égalitaire" ?

Un professeur "à l'ancienne" ? Est-ce à dire que les professeurs "nouvelles normes" ne s'investiront plus ainsi, la formulation me choque un peu..

Normandyx a écrit:S'il passe en télé,je crois que je ferais une plongée, j'ai quitté une SES parce que j'étais fatigué de devoir bagarrer pour avoir des crédits pour acheter des livres, IL N'Y EN AVAIT PAS UN... un minimum de matériel en dehors de l'atelier.
Je me suis bagarré aussi pour qu'ils viennent à l'école, pour qu'ils aillent en stage, j'ai enfreint les règles pour faire du ski de fond avec du matériel prêté quand on a eu plein de neige, je me suis bagarré pour qu'ils respectent la classe dans le préfa que nous avions repeinte car elle était pleine de graffitis grossiers...
J'ai fini par encadrer bénévolement une semaine de voile et canoé là où je travaillais l'été pour qu'ils puissent venir dans le cadre du centre aéré. J'ai obtenu mon changement avec soulagement, mais j'avoue qu'à la rentrée suivante recevoir des cartes postales et des lettres maladroites me demandant de bien vouloir revenir parce qu'il n'y avait personne, ou parce que "la fille" ne les aimait pas car elle était toujours absente, je n'étais pas au mieux.
Le réalisateur dit que ce film l'a "bouffé",  c'est aussi ce qui m'a fait quitter ce poste qui avait tendance déborder sur la vie personnelle des collègues et qui arrivait sur la mienne.

C'est compréhensible, même si la culpabilité t'a gagné, je ne pense pas que l'on puisse tenir longtemps dans ce milieu où l’abnégation (faute de moyens) devient un quotidien.
J'admire Mme Cappello mais je me demande à quel prix elle peut tenir ainsi.
Ce travail peut effectivement nous "bouffer" nerveusement, psychologiquement, et nous détruire peu à peu. S'écouter un minimum n'est pas du luxe.

Comme lisette83, je ne vois pas ce que vient faire la réflexion "prof à l'ancienne".... pour moi les profs à l'ancienne s'apparentent à ces profs qui me tapaient sur les doigts avec des règles ou qui me mettaient au coin avec deux gros paquets de dictionnaires à tenir à chaque bras, et je ne pense pas qu'ils pensaient à mon bien-être avec ce genre de punitions...

brown_voodoo a écrit: et je ne pense pas qu'ils pensaient à mon bien-être avec ce genre de punitions...

Tout à fait, ce n'est pas un problème de bien être mais d'efficacité dont les résultats sont naturellement à évaluer.

Que les professeurs de Segpa préparent leurs valises, de moins en moins de cours seront confiés à ces spécialistes courageux, la mode de l'inclusion au milieu de 'collégiens' (tiens, je croyais que les Segpa étaient déjà des collégiens!) d'élèves à profil Segpa, qui a commencé depuis belles lurettes, va s'accélérer :

"La ministre a aussi validé la suggestion d'une députée sur l'idée de réunir collégiens et élèves de segpa sur certains cours somme les arts plastiques, l'Eps ou la technologie."
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/10/22102014Article635495637774760762.aspx

Personnellement, j'ai toujours été pour qu'on essaie d'intégrer ces enfants aux autres classes et en particulier en EPS. Quand j'y étais, je m'arrangeais avec mon copain prof de gym pour qu'on puisse aux horaires qui coincidaient mélanger nos élèves en proposant par exemple un atelier foot et un autre sur les disciplines de l'athlétisme. Ces gamins sont déjà souvent à l'écart des autres, quand ils ne sont pas comme nous l'étions parqués dans des préfas pourris.

Normandyx a écrit:Personnellement, j'ai toujours été pour qu'on essaie d'intégrer ces enfants aux autres classes et en particulier en EPS. Quand j'y étais, je m'arrangeais avec mon copain prof de gym pour qu'on puisse aux horaires qui coincidaient mélanger nos élèves en proposant par exemple un atelier foot et un autre sur les disciplines de l'athlétisme. Ces gamins sont déjà souvent à l'écart des autres, quand ils ne sont pas comme nous l'étions parqués dans des préfas pourris.

Je n'ai pas l'impression que ces décisions aillent dans ce sens-là, malheureusement. Nos Segpa et même certains Ulis font déjà des langues vivantes en inclusion dans d'autres classes, si l'on arrive à 5 voire 6 matières faites en inclusion, ne va-t-on pas vers un système 'all inclusive'?
Signalons d'ailleurs que les enseignants accueillant des élèves Segpa ou Ulis n'ont aucune formation spécifique et l'apprennent souvent le jour de la rentrée. On bricole, on bricole.
Les menaces qui planent sur la spécificité des enseignants de Segpa sont bien réelles.

comme je me suis retrouvé parachuté en SES à l'époque, sans aucune formation spécifique malgré le passage à l'école normale, et que JAMAIS je n'ai eu droit à une conférence ou formation continue sauf à accepter de devenir maitre spécialisé, ce que l'inspecteur me proposait de faire en demandant une dispense pour l'ancienneté de service ou d'âge nécessaire, je ne sais plus.
Ceux qui m'avaient précédés et ceux qui m'ont succédé étaient des suppléants éventuels, il en a fallu parfois plusieurs dans l'année, quand j'ai été nommé, le prédécesseur avait quitté la classe en plein milieu de matinée et n'avait jamais voulu revenir...

7 ans en ITEP avec des ados et préados très violents m'ont suffi. C'est à la fois passionnant et épuisant et dangereux (côtes cassées, traumatisme crânien...). Je suis passée ensuite en 4è et 3ème SEGPA avec des jeunes attachants , mais je ne supportais pas la manière dont ces mômes étaient isolés, méprisés (et les adultes qui travaillaient avec d'ailleurs). "Tiens les SEGPA  doivent faire du développement durable ? Ils vont vider les corbeilles à papier des bureaux et classes tous les vendredis" "Tiens les SEGPA doivent travailler sur les services de linge, ils vont trier et mettre en machine le linge sale du centre de loisirs (bien-sûr trier les slips et draps plein de pipi sans gants c'est normal pour un élève de SEGPA) "Tiens c'est la journée porte ouverte ? Les SEGPA vont nous faire des cookies" (bon, on ira pas jusqu’à les inviter le jour J). Alors ensuite les discours bien pensants sur l'inclusion, la réussite pour tous... BEURK

Je vois que l'évolution des SES en SEGPA s'est un peu bloquée sur les changement d'acronyme, j'ai vu un peu la même chose, usant.

Par contre lorsque j'avais des CPPN c'était différent. Cela ressemblait en terme de niveau aux CAP actuels et en terme de comportement de braves gamins un peu perdus et souvent absents.