Problème entre la classe dont je suis PP et un collègue : comment réagir ?

Si tu est jeune, influençable, que l'ESPE t'a fait un premier lavage de cerveau, que le le principal a remis une couche, cela se comprend sans peine.

Tu cherches à bien faire, tu veux résoudre les problèmes, tu ne cadres pas assez les élèves et tu n'a pas le recul nécessaire que ce soit au niveau du métier, de la gestion de classe, ou de la parole de l'adolescent.

Sachant que les ados adorent les médisances (comme les adultes, ils faut voir ce que j'entends en salle des profs, ce qui est d'ailleurs propre à tout groupe d'individus).

Ajoutez à cela les phénomènes de groupe, la surenchère médiatique à laquelle nous sommes tous exposés, la téléréalité et j'en passe. Bref il y a beaucoup de causes à ce phénomène.

J'ai encore assisté à un beau cas d'école cette semaine dans mon bahut, où une prof accusait une collègue (remplaçante, non titulaire) d'être trop sévère, accusation portée dans le dos en salle des profs. "Et les gentils zélèves brillants en pleureraient parcequ'elle n'est pas gentille". Belle manière de résoudre les problèmes, la PP en question est pourtant expérimentée.

Cléroli a écrit:Je vais arrêter d'alimenter ce fil car j'ai l'impression de défendre une position contraire à ma pratique. Ce que tu décris de l'organisation de la préparation du conseil est exactement (mot pour mot, même le couloir ! ) ce que je fais. Je pense que c'est aussi dû que toi, comme moi, enseignons en lycée. Nos élèves sont matures. C'est après cette préparation que j'invite les délégués à aller voir leurs profs (ne le fais-tu pas ?). Et c'est pourquoi, je ne trouve en rien choquant de dire à un collègue "les élèves ont préparé le conseil, ils vendront te voir". Et je ne suis pas non plus choquée lorsqu'un de mes collègues, PP, me dit la même chose, c'est une pratique courante dans mon lycée. C'est peut-être là que nos pratiques divergent.

La maturité des élèves modifie les préparations de conseil, c'est certain.
Pour le reste, oui, comme toi, j'invite les délégués à aller voir leurs profs. Je n'en avertis pas les collègues concernés, d'abord parce qu'il n'est pas toujours certain que les délégués vont le faire, et ensuite parce que je pense que c'est plus simple si le collègue n'a pas l'impression qu'un tiers (moi en l'occurrence) est déjà "informé" de quelque chose, et enfin parce que je ne sais pas toujours quels profs les délégués comptent aller voir. Donc oui, c'est peut-être là que nos pratiques divergent. Ceci étant, c'est minime, je te l'accorde volontiers et c'est en tout cas loin de la dérive massive qui est en question au fond dans les échanges ici, à savoir "se sentir investi de la mission", pour reprendre l'expression de Cripure, d'aller voir les collègues pour leur faire part des difficultés que les élèves disent rencontrer avec eux, dans leurs cours, du fait de leur gestion de classe.

Les élèves de la classe dont je suis PP se plaignent chaque année du même enseignant: le gars plante sa classe, met les notes au pif, insulte les élèves... tout le monde le sait, la direction prend ça à la rigolade ("ah mais je le connais, il est un peu space mais c'est pas grave..."). Ce collègue refuse le dialogue et est agressif. J'ai donc fini par dire à mes élèves: "écoutez, c'est comme ça, dans la vie, parfois il faut faire avec, on ne travaille pas toujours dans les meilleurs conditions, avec les gens que l'on voudrait, mais à un moment, il faut faire avec et s'adapter". Je sais que c'est nul mais je ne voyais pas trop quoi faire.

scot69 a écrit:Les élèves de la classe dont je suis PP se plaignent chaque année du même enseignant: le gars plante sa classe, met les notes au pif, insulte les élèves... tout le monde le sait, la direction prend ça à la rigolade ("ah mais je le connais, il est un peu space mais c'est pas grave..."). Ce collègue refuse le dialogue et est agressif. J'ai donc fini par dire à mes élèves: "écoutez, c'est comme ça, dans la vie, parfois il faut faire avec, on ne travaille pas toujours dans les meilleurs conditions, avec les gens que l'on voudrait, mais à un moment, il faut faire avec et s'adapter". Je sais que c'est nul mais je ne voyais pas trop quoi faire.

Ne pas vous être mis dans la situation d'entendre ça. Ca ne vous regarde en rien.

Le PP est parfois vu par des collégiens comme le chef des profs de l'équipe et donc comme un redresseur de torts. Il ne faut jamais ouvrir la porte à ce genre de confession. Les élèves ne me confient pas ce qui se passe dans le cours de Mme Machin ou de M. Truc, car je ne leur demande pas. Il m'arrive de demander aux délégués ou aux autres élèves comme se comporte tel ou tel élève dans les autres cours, mais je refuse d'entendre "oh, avec Mme Trucmuche, il fait n'importe quoi parce qu'elle ne pas assez sévère". La deuxième partie de la réponse ne m'intéresse pas, je ne retiens que la première.
Un jour, un PP qui se sentait intronisé de par sa fonction et sa prime mirobolante s'est permis un "il faut que je te parle, il y a un problème..." laconique mais inquiétant. Puis il m'expliqua que mes premières STI ne comprenaient rien à la pièce que j'avais choisie et qu'il fallait que j'en change absolument. Il était professeur de génie méca et s'est copieusement envoyé se faire voir. Le théâtre de l'absurde n'est pas soluble dans une classe de STI et j'assume très bien. Depuis, les PP et leur toute puissance, j'en rigole.

Bien répondu, et vive Ionesco et La cantatrice chauve, que j'ai étudiée moult fois !

Ancolie a écrit:

clo74 a écrit:Je ne fais pas d'heure de vie de classe, et refuse les jugements sur les collègues (mais je suis PP, honte sur moi!) : mais que faire quand un collègue ne fait pas son boulot? Quand, sur le bulletin, apparaissent les notes (oui, c'est la nouvelle mouture, stupide, mais c'est ainsi, a répondu la direction) et, dans une matière, une note pour le trimestre, qui est donc la moyenne (et une note sur un film, vu pendant plusieurs heures de cours!) Que faire quand les parents râlent, à juste titre? Oui, ce collègue ne fait pas son boulot, ne travaille jamais en salle des profs, mais regarde Facebook, joue à des jeux en salle info, passe des films aux élèves, parle en français alors qu'il s'agit d'un cours de langue, etc.
Bon, j'espère ne pas faire dévier le topic, mais c'est vraiment un cas de conscience pour moi...

Et sinon, à Vichy, ça va ?

Gilbertine a écrit:Le PP est parfois vu par des collégiens comme le chef des profs de l'équipe et donc comme un redresseur de torts. Il ne faut jamais ouvrir la porte à ce genre de confession. Les élèves ne me confient pas ce qui se passe dans le cours de Mme Machin ou de M. Truc, car je ne leur demande pas. Il m'arrive de demander aux délégués ou aux autres élèves comme se comporte tel ou tel élève dans les autres cours, mais je refuse d'entendre "oh, avec Mme Trucmuche, il fait n'importe quoi parce qu'elle ne pas assez sévère". La deuxième partie de la réponse ne m'intéresse pas, je ne retiens que la première.
Un jour, un PP qui se sentait intronisé de par sa fonction et sa prime mirobolante s'est permis un "il faut que je te parle, il y a un problème..." laconique mais inquiétant. Puis il m'expliqua que mes premières STI ne comprenaient rien à la pièce que j'avais choisie et qu'il fallait que j'en change absolument. Il était professeur de génie méca et s'est copieusement envoyé se faire voir. Le théâtre de l'absurde n'est pas soluble dans une classe de STI et j'assume très bien. Depuis, les PP et leur toute puissance, j'en rigole.

Voilà. C'est une démarche très saine. J'apprécie en tant que PP qu'on vienne me parler des élèves, je parle des élèves aux autres PP et je les tiens au courant. Le reste ressortit aux ragots.
Une bonne partie du sentiment de toute puissance des élèves qu'on voit de plus en plus au centre des posts désemparés de ce forum (et IRL) provient du fait que certains PP jouent carrément au service-après-vente Darty et enregistrent les doléances. Non, désolé. Dans la vie, on a besoin d'apprendre à se comporter avec des gens parfois difficiles, c'est ça, l'éducation, aussi.

Cripure a écrit: certains PP jouent carrément au service-après-vente Darty