- SosoBNiveau 3
Bonjour,
Certains d'entre vous ont-ils eu l'occasion d'enseigner la philosophie avant la terminale? Cela concerne généralement la première, mais est-ce que cela peut également concerner les classes de seconde?
En l'absence de programme, quels types de supports utilisez-vous? Quels objectifs vous donnez vous? Comment s'articulent vos cours? Bref comment enseignez-vous la philosophie avant la terminale?
Merci d'avance pour vos témoignages.
SosoB
Certains d'entre vous ont-ils eu l'occasion d'enseigner la philosophie avant la terminale? Cela concerne généralement la première, mais est-ce que cela peut également concerner les classes de seconde?
En l'absence de programme, quels types de supports utilisez-vous? Quels objectifs vous donnez vous? Comment s'articulent vos cours? Bref comment enseignez-vous la philosophie avant la terminale?
Merci d'avance pour vos témoignages.
SosoB
- RuthvenGuide spirituel
- En seconde dans le cadre d'un enseignement d'exploration (2h sur 13 semaines pour un élève)
- En première L dans le cadre de l'AP
En seconde, j'essaie de ne pas mordre sur le programme ; je travaille des questions autour des animaux (L'homme est-il un animal ? ; Faut-il donner des droits à l'animal ? etc ...) en essayant de développer la construction de problème, faire sentir que les réponses ne vont pas de soi. Je mobilise peu de textes philosophiques (trop difficiles pour le temps imparti), surtout des articles généralistes et quelques documentaires ou films. J'ai aussi travaillé sur le rapport du sport et de la violence. Mes collègues procèdent autrement, l'une faisait un cours assez proche de ce que l'on fait en Terminale avec une présentation de Platon, l'autre fait un cours sur des notions avec une démarche proche de celle que l'on peut avoir en classe techno (petits exos).
En première L, en revanche, je ne fais pas d'initiation mais je commence mon cours de Terminale en me concentrant sur les exigences méthodologiques ; après une séance de brainstorming sur un sujet, je leur apporte au cours suivant un peu de matière (un petit texte ou un point de doctrine) et à la troisième séance, ils doivent faire un exo. d'application de la méthode sur ce sujet (par ex. rédiger une intro. complète).
- En première L dans le cadre de l'AP
En seconde, j'essaie de ne pas mordre sur le programme ; je travaille des questions autour des animaux (L'homme est-il un animal ? ; Faut-il donner des droits à l'animal ? etc ...) en essayant de développer la construction de problème, faire sentir que les réponses ne vont pas de soi. Je mobilise peu de textes philosophiques (trop difficiles pour le temps imparti), surtout des articles généralistes et quelques documentaires ou films. J'ai aussi travaillé sur le rapport du sport et de la violence. Mes collègues procèdent autrement, l'une faisait un cours assez proche de ce que l'on fait en Terminale avec une présentation de Platon, l'autre fait un cours sur des notions avec une démarche proche de celle que l'on peut avoir en classe techno (petits exos).
En première L, en revanche, je ne fais pas d'initiation mais je commence mon cours de Terminale en me concentrant sur les exigences méthodologiques ; après une séance de brainstorming sur un sujet, je leur apporte au cours suivant un peu de matière (un petit texte ou un point de doctrine) et à la troisième séance, ils doivent faire un exo. d'application de la méthode sur ce sujet (par ex. rédiger une intro. complète).
- RuthvenGuide spirituel
[Ne pas citer, je supprimerai ce message dans quelques jours].
Le sport est-il la continuation de la guerre par d’autres moyens ?
Préalables :
1) Il faut d’abord déterminer le concept de sport
(Un concept est une notion générale et abstraite qui permet de penser ce qui est commun à plusieurs exemples)
Dans la série suivante d’activités, distinguez :
Judo, Football, Rugby, Triathlon, Danse, Monopoly, Marathon, Saut à la perche, Handball, Vendanges, Tennis, Footing, Dominos, Musculation, Haltérophilie, Poker, Skateboard, Scrabble
- Ce qui est de l’ordre du sport :
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
- Ce qui peut être de l’ordre du sport mais ne l’est pas toujours :
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
- Ce qui n’est pas de l’ordre du sport :
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
A partir des classifications précédentes, répondez aux questions suivantes :
- Tout sport est-il une activité physique ?..............................................
- Toute activité physique est-elle un sport ?.........................................
- Qu’est-ce qui différencie le footing (activité physique) d’un semi-marathon (sport) ?
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
- Tout sport est-il un jeu ? ……………………………………………………
- Lorsque le sport devient une source de revenus, perd-il son caractère de jeu ? …………………………
- Tout jeu est-il un sport ? …………………………………………………………………..
- A partir de l’exemple de la danse, qu’est-ce qui différencie la pratique artistique et la pratique sportive ?
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Définition : Le sport est une ………………………………………………………….. où l’on se confronte……………………………………… – et parfois à soi-même – en respectant …………………………………… afin de déterminer qui est ……………………………….. Cette confrontation est …………………………………. défini dans un espace et une durée déterminés, qui vise à procurer …………………………………..
Mots : à l’autre / des règles déterminées / du plaisir / le meilleur / un jeu / une activité physique
2) Un horizon culturel à préciser : un jeu sur une citation de Clausewitz
La question telle qu’elle est posée : « Le sport est-il la continuation de la guerre par d’autres moyens ? » est un jeu sur une citation d’un stratège prussien, Carl von Clausewitz du début du XIXème siècle, qui faisait de la guerre la continuation de la politique par d’autres moyens. Il définit ainsi la guerre : « La guerre est donc un acte de violence dont l’objet est de contraindre l’adversaire à se plier à notre volonté. »
Elaboration du problème :
Confrontez l’image 1 (Haka des All Blacks, équipe de rugby de la Nouvelle Zélande) et l’image 2 (échange de maillot entre Ronaldo et Ibrahimovic à la fin du match Suède/Portugal pour la qualification de la coupe du monde 2014) pour cerner l’ambiguïté du rapport du sport à la violence.
Même exercice avec l’image 3 (supporters brésiliens) et l’image 4 (supporters espagnols lors de la Coupe du Monde de football en Afrique du Sud).
Essai d’introduction :
- Trouver un exemple qui illustre une des deux thèses (=accroche) :
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
- Première thèse possible avec une justification (la thèse doit correspondre à l’exemple décrit précédemment)
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
- Deuxième thèse possible avec une justification
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Introduction :
[Thèse 1] « Je demeure convaincu que le sport est un des plus puissants éléments de paix et j’ai confiance en son action future. » ………………………………………. fondé par Pierre de Coubertin se construit dans une ode affirmée à la paix ; le drapeau olympique incarnant l’unité des continents, symbolisés par les anneaux, et des nations, dont la couleur des drapeaux se retrouve dans les couleurs olympiques, bleu, jaune, noir, vert, rouge et blanc. Réunis autour d’un stade, dans un gymnase ou au bord d’un bassin, les hommes mettent entre parenthèse …………………………………………….. [Thèse 2] N’y a-t-il pas là un portrait idyllique d’une réalité autrement triviale ? Si ………………………………………(=division violente, contraire de concorde) est mise sous le boisseau (=dissimulée), loin d’être éteinte, elle est ce qui nourrit sourdement la compétition sportive tant dans l’affrontement ………………………………………. que dans celui …………………………………………………………….. unis par un profond sentiment communautaire. Cette violence latente au cœur du stade est-elle réelle ou est-elle transfigurée ? [2a] Si elle est réelle, faut-il la distinguer de …………………………………………………., comme on peut distinguer dans la double eris hésiodique , ………………………………………………………. (=sentiment qui pousse à surpasser quelqu’un en mérite) et une rage destructrice ? [2b] Si elle est transfigurée, prend-elle alors le visage du ………………………. qui déconnecte l’action de ses conséquences dans le réel ? La parenté de l’affrontement sportif et de l’affrontement guerrier ne doit cependant pas nous faire conclure spontanément à leur identité. Le sport n’est pas la guerre certes, mais ne pourrait-on pas jouer sur la célèbre formule de Clausewitz en se demandant s’il ne serait pas sa continuation par d’autres moyens, une forme détournée d’expression d’une agressivité fondamentale, d’une volonté de faire plier l’autre à sa volonté ? La violence est-elle constitutive du sport ?
Mots : des athlètes /des groupes de supporters / jeu / la discorde et le conflit / la dissension / la violence guerrière / le néo-olympisme / une saine émulation
I) Le sport suppose l’affrontement et la violence
A) L’agôn est constitutif du sport
1) Les quatre formes de jeu selon R. Caillois
2) Les caractéristiques de l’agôn
3) Agôn et alea : opposition et comparaison
4) L’origine guerrière des pratiques sportives
B) Le sport comme préparation à la guerre : discipline du corps, discipline de l’âme
1) L’entraînement physique : un jeu en vue du sérieux de la guerre
2) Le sport comme formation de l’esprit
a. La vertu virile ? Un stéréotype masculin
b. Une vertu belliciste ?
c. Un homme nouveau : l’usage du sport dans les régimes totalitaires dévoile-t-il sa nature profonde ?
3) Le sport comme contrôle social et assujettissement : la fonction de la discipline
C) La meute sportive et le sport-spectacle
1) Les identités sportives : construction et exaltation des communautés
2) Le sport et la masse
II) Le sport suspend la violence brute et régule la force
A) Le sport n’est pas le lieu du non-droit, il se caractérise par des règles
1) L’égalité des candidats
2) L’espace de la règle
B) Le sport moderne suppose une forme d’auto-contrôle de la violence qui correspond à un processus historique de civilisation des mœurs
C) Agôn ou arétè ? Le sport recherche d’abord l’excellence avant la confrontation
D) Le sport est déconnecté du sérieux de l’existence
1) Le sport est un jeu
2) Le sport est un spectacle
III) Le sport est la continuation, non pas de la guerre, mais de la politique par d’autres moyens
A) Le sport est-il le nouvel opium du peuple ?
B) Les enjeux géopolitiques et économiques du sport : une version spectaculaire du capitalisme ?
I) Le sport suppose l’affrontement et la violence
A) L’agôn est constitutif du sport
1) Les quatre formes de jeu selon R. Caillois
L’agôn est une des catégories par lesquelles R . Caillois , dans Les jeux et les hommes. Le masque et le vertige propose de classifier les jeux : agôn, alea, mimicry et ilinx.
L’alea désigne l’ensemble des jeux qui font intervenir le hasard, la mimicry l’ensemble des jeux d’imitation, l’ilinx les jeux qui créent un état physique de vertige, de tournis et enfin l’agôn les jeux d’affrontement.
Identifiez le type de jeu dont il est question dans les exemples ci-dessous :
Agôn Alea Mimicry Ilinx
Jouer à la roulette
Jouer au football
Jouer aux pirates
Sauter à l’élastique
Jouer aux billes
Jouer au docteur
Jouer au loto
Faire la course
Jouer aux échecs
2) Les caractéristiques de l’agôn
Agôn : terme grec qui désigne aussi bien l’assemblée, en particulier l’assemblée des Grecs autour des Jeux, le concours pour un prix, qu’il soit sportif, gymnique ou hippique ou musical et enfin le combat ou l’affrontement – dans un débat mais aussi dans la bataille.
Vocabulaire : quelques mots en français qui dérivent du grec agôn
- ………………………………………….. : acteur qui tient le rôle principal
- Agoniser :…………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………….
- …………………………………………… : état d’opposition de deux choses
L’agôn fédère un ensemble de jeux autour de la notion de compétition, « c’est-à-dire comme un combat où l’égalité des chances est artificiellement créée pour que les antagonistes s’affrontent dans des conditions idéales, susceptibles de donner une valeur précise et incontestable au triomphe du vainqueur. Il s’agit donc chaque fois d’une rivalité qui porte sur une seule qualité (rapidité, endurance, vigueur, mémoire, adresse, ingéniosité, etc.), s’exerçant dans des limites définies et sans aucun secours extérieur, de telle façon que le gagnant apparaisse comme le meilleur dans une certaine catégorie d’exploits ».
Qu’est-ce qui motive ce type de jeu ? « Le ressort du jeu est pour chaque concurrent le désir de voir reconnue son excellence dans un domaine supposé. (…) L’agôn se présente comme la forme pure du mérite personnel et sert à le manifester. »
Cet esprit de l’agôn déborde le cadre du jeu, et en particulier du sport, et on en « retrouve l’esprit de l’agôn dans d’autres phénomènes culturels qui obéissent au même code : le duel, le tournoi, certains aspects constants et remarquables de la guerre dite courtoise ».
3) Agôn et alea : opposition et comparaison
Cet agôn s’oppose à l’alea, nom latin du jeu de dé, mot par lequel Caillois désigne « tous jeux à l’exact opposé de l’agôn sur une décision qui ne dépend pas du joueur, sur laquelle il ne saurait avoir la moindre prise, et où il s’agit par conséquent de gagner bien moins sur un adversaire que sur le destin ».
Néanmoins, un point commun unit agôn et alea : « la création artificielle entre les joueurs des conditions d’égalité pure que la réalité refuse aux hommes (…). Le jeu, agôn ou alea, est donc une tentative pour substituer, à la confusion normale de l’existence courante, des situations parfaites. Celles-ci sont telles que le rôle du mérite ou du hasard s’y montre net et indiscutable ». On retrouve cette parenté sur le plan de la politique avec l’émergence de la démocratie qui « hésite (…) entre l’agôn et l’alea : deux formes opposées de la justice », entre le tirage au sort des magistrats et l’élection. Aujourd’hui, « l’esprit de compétition l’a emporté (…). Une certaine conception de la démocratie (…) tend à considérer la lutte entière des partis comme une sorte de rivalité sportive, qui devrait présenter la plupart des caractères des combats du stade, de la lice ou du ring ».
4) L’origine guerrière des pratiques sportives
Cette compétition mise en scène dans le sport trouve essentiellement son origine dans les pratiques guerrières. Que l’on songe aux sports gymniques en Grèce comme la lutte, le pugilat ou encore le pancrace, ou encore le lancer de javelot même s’il faut reconnaître que le javelot de lancer est différent du javelot guerrier (il s’agit d’ailleurs de le lancer le plus loin possible et non de toucher une cible), sans parler de l’hoplitodrome, course en armes qui clôt les Jeux Olympiques à partir de la 65ème Olympiade (-520). Dans la modernité, l’invention du marathon pour les Jeux Olympiques d’Athènes de 1896 est censé commémorer la course légendaire de Philippidès rapportant à Athènes l’annonce de la victoire des Athéniens et Platéens contre les Perses à Marathon en 490 av. J.-C., Philippidès mourant d’épuisement après avoir transmis son message. Le développement de l’escrime condense ces ambiguïtés d’une pratique guerrière à la dimension privée du duel en passant par l’entraînement et le jeu, avant de voir naître l’escrime comme sport à la fin du XIXème siècle.
B) Le sport comme préparation à la guerre : discipline du corps, discipline de l’âme
Ce n’est pas seulement de l’affrontement sur le terrain que le sport tire son rapport à la guerre ; par les qualités qu’il développe, il assure une éducation potentielle pour le futur soldat. La préparation est certes physique – il faut savoir se battre, courir, porter de lourdes charges sur le front –, mais encore morale ou spirituelle.
Indépendamment des vertus martiales (=militaires), quelles qualités développent le sport ?
Par exemple, on associe :
- Au rugby : …………………………………………………………………
- Au marathon : ……………………………………………………………..
- Aux arts martiaux : ……………………………………………………….
- Au tir à l’arc : ……………………………………………………………….
1) L’entraînement physique : un jeu en vue du sérieux de la guerre
C’est de longue antiquité que le sport est vu comme une préparation militaire. Platon, dans la construction de la cité des Lois reprend la formation traditionnelle grecque entre gymnastique qui forme le corps et ce qui relève des Muses pour former l’âme. La gymnastique se compose de la danse et de la lutte ; Platon souligne essentiellement ce qui relève de « l’utilité pour l’entraînement guerrier » (Platon, Les Lois, livre vii, 795d-796e et livre viii 832d-835c). La dimension ludique de l’exercice physique est clairement subordonnée à sa visée éducative et militaire, le sport renouerait alors avec une de ses origines possibles. Chez Platon, il ne s’agit pas tant d’une construction de la masculinité que celle de la citoyenneté – les exercices concernent aussi les femmes.
2) Le sport comme formation de l’esprit : courage, volonté, abnégation
a. La vertu virile ? Un stéréotype masculin
« Durant sa vie relativement brève (depuis la fin du XVIIIème), l’idéal masculin moderne a (…) peu changé, toujours défini par la volonté de puissance, l’honneur, le courage. (…) Il s’est fixé en même temps que les règles de conduite et les conventions morales de la modernité. » L’image de la virilité moderne se nourrit à une double source plus ancienne, d’une part le rite du duel, d’autre part le modèle grec du kalos kagathos, solidarité entre l’esprit et le corps. (George L. Mosse, L’image de l’homme. L’invention de la virilité moderne)
Le sport apparaît d’abord comme un exercice physique ou corporel, mais cet exercice se redouble d’une dimension subjective ; le sport n’est pas qu’activité physique, cette activité suppose une vie intérieure spécifique. Sans exercice de la volonté, le sportif ne chercherait pas à surmonter la souffrance qu’il éprouve pour finir sa course ; il reculerait devant la peur des coups ou n’accepterait pas d’être chargé par ses adversaires au profit de son équipe.
L’accomplissement de la vertu virile se construit dans deux modèles distincts, d’une part le développement de la gymnastique en Allemagne, d’autre part dans les sports d’équipe en Grande Bretagne.
- Le modèle de la gymnastique allemande
La gymnastique moderne naît en 1793 avec le texte de J. F. C. Guts Muth, Gymnastik für die Jugend. Pour Guts, l’état du corps conditionne la vision du monde. « La santé mentale, la fermeté du caractère sont bien souvent les conséquences de la force physique ». Guts distinguait clairement l’entraînement militaire et la gymnastique ; mais les circonstances firent qu’il « mit à profit la réaction face à la Révolution française pour pousser le régime prussien à introduire la gymnastique dans sa réforme scolaire – destinée essentiellement à former des patriotes. »
C’est quand même Friedrich Ludwig Jahn qui apparaît comme « le véritable fondateur de la gymnastique moderne, peut-être parce qu’il lui donna ce tour ouvertement patriotique qui ne se trouvait pas chez Guts Muth. (…) Jahn voyait dans la gymnastique un outil façonnant la virilité et préparant à la guerre ». Il donnait à la gymnastique une dimension extrêmement large puisqu’il y incluait escrime, natation, équitation, patinage etc… c’est-à-dire des activités physiques qui sont opposées aux sports d’équipe qui « impliquent la compétition alors que le patriotisme exige la solidarité ». De manière assez paradoxale, ces sports individuels favorisent le groupe et se font en groupe. « L’idée que le vrai homme doive servir un noble idéal contribua à ce que l’on pourrait appeler la militarisation de la virilité ». Ce modèle se diffusa assez largement en Europe continentale, la gymnastique favorisant la santé, la force d’âme et la capacité militaire.
- Le modèle des sports collectifs anglais : à l’origine du rugby et du football
Seule l’Angleterre fait exception par le développement des sports d’équipe lors de la réforme des collèges privés – internats universitaires destinés à l’élite anglaise. Le sport y apparaît comme une école de morale et de discipline.
Le sport apparaît comme le moyen d’endurcissement non seulement du corps, mais encore du mental, tout en développant une discipline collective indispensable à la forme moderne de la guerre. A en croire le duc de Wellington, c’est sur les terrains de sport d’Eton que s’est gagnée la bataille de Waterloo . Et la défaite de Napoléon III à Sedan en 1870 contre les Prussiens est parfois mise en relation avec la formation exclusivement intellectuelle des lycées français.
b. Une vertu belliciste ?
Préparer des individus qui ont les qualités de bons soldats conduit-il à en faire des individus belliqueux et va-t-en-guerre ? Pierre de Courbertin, lorsqu’il rêve de nations sportives, se révèle être un personnage beaucoup plus ambigu que ce que la tradition a pu en retenir.
Pierre de Coubertin (1863-1937), aristocrate fasciné tant par l’expérience antique grecque du gymnase que par le développement du sport dans les public schools anglaises, voit dans l’exercice physique de quoi forger une élite nouvelle à partir de la jeunesse dorée de son époque. Dans un texte d’une troublante ambiguïté, « Le sport et la guerre » extrait des Essais de psychologie sportive, il présente le sport à la fois comme une préparation à la guerre et comme son adoucissement. Il dresse un constat historique : jusqu’au XIXème siècle, les guerres mobilisaient « les plus allants, les épris d’aventures, les sportifs dont en ce temps-là rien ne satisfaisait, en dehors de la guerre, les instincts musculaires ». Le début du XXème siècle voit, au-delà de déclaration humanistes, un succès de la guerre auprès de la jeunesse, alors même que « les instincts sportifs, actuellement, trouvent abondamment de quoi se satisfaire dans les plaisirs de la vie civile ». Peut-on lier cet engouement guerrier au goût et à la pratique des sports ?
« Une des causes de l’élan juvénile dont nous venons de rappeler la vigueur pourrait être dans la préparation indirecte à la guerre que comportent les sports. (…) Les sports ont fait fleurir toutes les qualités qui servent à la guerre : insouciance, belle humeur, accoutumance à l’imprévu, notion exacte de l’effort à faire sans dépenser des forces inutiles… Le jeune sportsman se sent évidemment mieux préparé à « partir » que ne le furent ses aînés. »
Par ailleurs, « les sports ont contribué à répandre ce que nous appellerons : le sentiment du jeu » ; la guerre est perçue finalement comme un jeu au point que la réconciliation après les hostilités devient facile.
Le sport a donc des conséquences sur la nature de la guerre. « Il la modifie parce qu’il tend à en atténuer la barbarie et les vilains aspects. Une armée de sportsmen sera plus humaine, plus pitoyable dans la lutte, plus calme et plus douce après ».
Pierre de Coubertin voit dans le sport l’école d’une guerre humaine : « Les sports ne tendent pas à rendre la jeunesse plus belliqueuse, mais seulement plus militaire, c’est-à-dire qu’ils lui donnent le sentiment de sa force sans l’inciter davantage à en faire emploi. Ils n’ont donc pas accru les chances de guerre, mais ne les ont pas diminuées non plus »
.
c. Un homme nouveau : l’usage du sport dans les régimes totalitaires dévoile-t-il sa nature profonde ?
Le sport moderne est intimement lié à la notion de régénération de l’homme afin d’arriver à un « homme nouveau ». L’exploitation totalitaire du thème dans les années 30 est inscrit en filigrane dans l’invention du sport ou du moins en est un avenir possible. La question sous-jacente est de savoir si le sport est fascisant dans sa nature même. On distingue généralement deux grandes positions :
- la théorie critique du sport (J.M. Brohm) voit dans le sport une puissance fascisante quel que soit son exercice ; Brohm, ancien professeur d’EPS devenu sociologue, dénonce, avec une truculente virulence, les « meutes sportives », la force brutale, le culte du héros unifiant une masse
- une position moins radicale qui voit dans l’instrumentalisation fasciste du sport une dérive et non la révélation de sa nature.
Par exemple, pour G. Vigarello (« Virilités sportives », in Histoire de la virilité. Tome III : La virilité en crise ? XXème-XXIème siècle), le sport fasciste est le « versant noir de la mobilisation ‘virile’ par le sport » qui occulte finalement le fait que « le sport des sociétés démocratiques orientait (…) vers des modèles contestant les vieilles virilités, privilégiant l’individualisme, l’autonomie ». Mais il est vrai que « ascétismes, forces conquérantes, soumission absolue au chef ou au ‘collectif’ trouvent dans la gestuelle et la phraséologie sportives autant de références ‘exploitables’… »
Le stade totalitaire « est présenté comme des terrains de métamorphoses » avec des nuances selon les régimes, « la ‘santé physique de la race’ l’emporte dans le cadre des fascismes, l’ ‘amélioration physique des travailleurs’ l’emporte dans le cadre du socialisme ». « Une utopie de l’homme supérieur en revanche, pensée dans les deux cas, pour la lutte comme pour le rejet, installe le militaire comme horizon de la culture musculaire. » Il s’agit de lutter contre une décadence physique et morale.
Deux artistes au service de l’idéologie nazie permettent de saisir la nature du culte du corps et de la force : le sculpteur Arno Breker et la cinéaste Leni Riefenstahl.
La statuaire de Breker met en scène des nus guerriers et athlétiques, par exemple le diptyque du porte-flambeau et du porte-glaive, image du Parti et de la Wehrmacht, met en scène des hommes nus à la musculature puissante. Comme le remarque J. Chapoutot, dans « Le nu guerrier nazi. Art d’Etat et archétype de la race » (en ligne ici : http://ipr.univ-paris1.fr/spip.php?article319 ) :
« Le corps doit être irréprochable pour manifester l’excellence de la race, permettre la production et la reproduction d’êtres beaux et sains à leur tour. Mais, de surcroît, la beauté du corps est l’expression de son excellente condition, entretenue par la pratique régulière et recommandée, voire obligatoire, de l’effort sportif. La belle apparence physique révèle un corps aguerri, un corps de guerrier, tant, Hitler ne s’en cache pas, la finalité de l’effort et de la perfection corporelle est ce sport suprême qu’est la guerre. Dans Mein Kampf, Hitler répète à plusieurs reprises que l’éducation physique et sportive, à l’école, doit « rendre le jeune corps dur comme l’acier » . À cette fin, et en bon pédagogue pétri d’humanisme, Hitler recommande la pratique scolaire de la boxe, car « il n’est nul autre sport qui forme à ce point l’esprit d’agression, qui exige autant de rapidité de décision et qui éduque le corps à une souplesse d’acier [sic] ». Le sport doit en effet apprendre « à supporter les coups », car « l’État raciste n’a pas vocation à former une colonie d’esthètes pacifistes ou de dégénérés physiques » , mais bien, on s’en doute, une race de combattants agressifs et volontaires. » « La virilité belliqueuse et marmoréenne du nu guerrier nazi représente donc l’épiphanie à la fois glorieuse, sereine et agressive d’un nouvel archétype de la race, d’un canon à la fois esthétique et éthique, manifeste des prétentions eugéniques et des ambitions géopolitiques du nouveau Reich. Matrice et modèle, source d’émulation, le nu guerrier affiche le projet nazi de renouveler l’histoire glorieuse d’une race belle, créatrice et conquérante par la géographie d’un Lebensraum impérial, espace vital aux corps athlétiques et hostiles d’un peuple allemand régénéré. »
Leni Riefenstahl mit ses talents réels de cinéaste au service de la propagande nazie ; après avoir filmé, le congrès du parti dans Le triomphe de la volonté en 1934, elle réalise un documentaire sur les Jeux Olympiques de Berlin de 1936, Olympia plus connu sous le nom des Dieux du stade. Ce documentaire en deux parties, Fête des peuples et Fête de la beauté, est reçu diversement par la critique qui y voit aussi bien une œuvre de propagande (Riefenstahl filme avec une fascination certaine la puissance des corps) qu’une œuvre d’art (elle invente de nombreux procédés techniques pour filmer le sport et met en valeur la quadruple victoire de l’athlète noir Jesse Owens (100m, saut en longueur, 200m, relais 4x100m)).
3) Le sport comme contrôle social et assujettissement : la fonction de la discipline
C) La meute sportive et le sport-spectacle
1) Les identités sportives : construction et exaltation des communautés
2) Le sport et la masse
II) Le sport suspend la violence brute et la régule
A) Le sport n’est pas le lieu du non-droit, il se caractérise par des règles
1) L’égalité des candidats
2) L’espace de la règle
B) Le sport moderne suppose une forme d’auto-contrôle de la violence qui correspond à un processus historique de civilisation des mœurs
C) Agôn ou arétè ? Le sport recherche d’abord l’excellence avant la confrontation
D) Le sport est déconnecté du sérieux de l’existence
1) Le sport est un jeu
2) Le sport est un spectacle
III) Le sport est la continuation, non pas de la guerre, mais de la politique par d’autres moyens
A) Le sport est-il le nouvel opium du peuple ?
B) Les enjeux géopolitiques et économiques du sport : une version spectaculaire du capitalisme ?
Le sport est-il la continuation de la guerre par d’autres moyens ?
Préalables :
1) Il faut d’abord déterminer le concept de sport
(Un concept est une notion générale et abstraite qui permet de penser ce qui est commun à plusieurs exemples)
Dans la série suivante d’activités, distinguez :
Judo, Football, Rugby, Triathlon, Danse, Monopoly, Marathon, Saut à la perche, Handball, Vendanges, Tennis, Footing, Dominos, Musculation, Haltérophilie, Poker, Skateboard, Scrabble
- Ce qui est de l’ordre du sport :
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- Ce qui peut être de l’ordre du sport mais ne l’est pas toujours :
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- Ce qui n’est pas de l’ordre du sport :
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A partir des classifications précédentes, répondez aux questions suivantes :
- Tout sport est-il une activité physique ?..............................................
- Toute activité physique est-elle un sport ?.........................................
- Qu’est-ce qui différencie le footing (activité physique) d’un semi-marathon (sport) ?
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- Tout sport est-il un jeu ? ……………………………………………………
- Lorsque le sport devient une source de revenus, perd-il son caractère de jeu ? …………………………
- Tout jeu est-il un sport ? …………………………………………………………………..
- A partir de l’exemple de la danse, qu’est-ce qui différencie la pratique artistique et la pratique sportive ?
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Définition : Le sport est une ………………………………………………………….. où l’on se confronte……………………………………… – et parfois à soi-même – en respectant …………………………………… afin de déterminer qui est ……………………………….. Cette confrontation est …………………………………. défini dans un espace et une durée déterminés, qui vise à procurer …………………………………..
Mots : à l’autre / des règles déterminées / du plaisir / le meilleur / un jeu / une activité physique
2) Un horizon culturel à préciser : un jeu sur une citation de Clausewitz
La question telle qu’elle est posée : « Le sport est-il la continuation de la guerre par d’autres moyens ? » est un jeu sur une citation d’un stratège prussien, Carl von Clausewitz du début du XIXème siècle, qui faisait de la guerre la continuation de la politique par d’autres moyens. Il définit ainsi la guerre : « La guerre est donc un acte de violence dont l’objet est de contraindre l’adversaire à se plier à notre volonté. »
Elaboration du problème :
Confrontez l’image 1 (Haka des All Blacks, équipe de rugby de la Nouvelle Zélande) et l’image 2 (échange de maillot entre Ronaldo et Ibrahimovic à la fin du match Suède/Portugal pour la qualification de la coupe du monde 2014) pour cerner l’ambiguïté du rapport du sport à la violence.
Même exercice avec l’image 3 (supporters brésiliens) et l’image 4 (supporters espagnols lors de la Coupe du Monde de football en Afrique du Sud).
Essai d’introduction :
- Trouver un exemple qui illustre une des deux thèses (=accroche) :
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- Première thèse possible avec une justification (la thèse doit correspondre à l’exemple décrit précédemment)
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- Deuxième thèse possible avec une justification
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Introduction :
[Thèse 1] « Je demeure convaincu que le sport est un des plus puissants éléments de paix et j’ai confiance en son action future. » ………………………………………. fondé par Pierre de Coubertin se construit dans une ode affirmée à la paix ; le drapeau olympique incarnant l’unité des continents, symbolisés par les anneaux, et des nations, dont la couleur des drapeaux se retrouve dans les couleurs olympiques, bleu, jaune, noir, vert, rouge et blanc. Réunis autour d’un stade, dans un gymnase ou au bord d’un bassin, les hommes mettent entre parenthèse …………………………………………….. [Thèse 2] N’y a-t-il pas là un portrait idyllique d’une réalité autrement triviale ? Si ………………………………………(=division violente, contraire de concorde) est mise sous le boisseau (=dissimulée), loin d’être éteinte, elle est ce qui nourrit sourdement la compétition sportive tant dans l’affrontement ………………………………………. que dans celui …………………………………………………………….. unis par un profond sentiment communautaire. Cette violence latente au cœur du stade est-elle réelle ou est-elle transfigurée ? [2a] Si elle est réelle, faut-il la distinguer de …………………………………………………., comme on peut distinguer dans la double eris hésiodique , ………………………………………………………. (=sentiment qui pousse à surpasser quelqu’un en mérite) et une rage destructrice ? [2b] Si elle est transfigurée, prend-elle alors le visage du ………………………. qui déconnecte l’action de ses conséquences dans le réel ? La parenté de l’affrontement sportif et de l’affrontement guerrier ne doit cependant pas nous faire conclure spontanément à leur identité. Le sport n’est pas la guerre certes, mais ne pourrait-on pas jouer sur la célèbre formule de Clausewitz en se demandant s’il ne serait pas sa continuation par d’autres moyens, une forme détournée d’expression d’une agressivité fondamentale, d’une volonté de faire plier l’autre à sa volonté ? La violence est-elle constitutive du sport ?
Mots : des athlètes /des groupes de supporters / jeu / la discorde et le conflit / la dissension / la violence guerrière / le néo-olympisme / une saine émulation
I) Le sport suppose l’affrontement et la violence
A) L’agôn est constitutif du sport
1) Les quatre formes de jeu selon R. Caillois
2) Les caractéristiques de l’agôn
3) Agôn et alea : opposition et comparaison
4) L’origine guerrière des pratiques sportives
B) Le sport comme préparation à la guerre : discipline du corps, discipline de l’âme
1) L’entraînement physique : un jeu en vue du sérieux de la guerre
2) Le sport comme formation de l’esprit
a. La vertu virile ? Un stéréotype masculin
b. Une vertu belliciste ?
c. Un homme nouveau : l’usage du sport dans les régimes totalitaires dévoile-t-il sa nature profonde ?
3) Le sport comme contrôle social et assujettissement : la fonction de la discipline
C) La meute sportive et le sport-spectacle
1) Les identités sportives : construction et exaltation des communautés
2) Le sport et la masse
II) Le sport suspend la violence brute et régule la force
A) Le sport n’est pas le lieu du non-droit, il se caractérise par des règles
1) L’égalité des candidats
2) L’espace de la règle
B) Le sport moderne suppose une forme d’auto-contrôle de la violence qui correspond à un processus historique de civilisation des mœurs
C) Agôn ou arétè ? Le sport recherche d’abord l’excellence avant la confrontation
D) Le sport est déconnecté du sérieux de l’existence
1) Le sport est un jeu
2) Le sport est un spectacle
III) Le sport est la continuation, non pas de la guerre, mais de la politique par d’autres moyens
A) Le sport est-il le nouvel opium du peuple ?
B) Les enjeux géopolitiques et économiques du sport : une version spectaculaire du capitalisme ?
I) Le sport suppose l’affrontement et la violence
A) L’agôn est constitutif du sport
1) Les quatre formes de jeu selon R. Caillois
L’agôn est une des catégories par lesquelles R . Caillois , dans Les jeux et les hommes. Le masque et le vertige propose de classifier les jeux : agôn, alea, mimicry et ilinx.
L’alea désigne l’ensemble des jeux qui font intervenir le hasard, la mimicry l’ensemble des jeux d’imitation, l’ilinx les jeux qui créent un état physique de vertige, de tournis et enfin l’agôn les jeux d’affrontement.
Identifiez le type de jeu dont il est question dans les exemples ci-dessous :
Agôn Alea Mimicry Ilinx
Jouer à la roulette
Jouer au football
Jouer aux pirates
Sauter à l’élastique
Jouer aux billes
Jouer au docteur
Jouer au loto
Faire la course
Jouer aux échecs
2) Les caractéristiques de l’agôn
Agôn : terme grec qui désigne aussi bien l’assemblée, en particulier l’assemblée des Grecs autour des Jeux, le concours pour un prix, qu’il soit sportif, gymnique ou hippique ou musical et enfin le combat ou l’affrontement – dans un débat mais aussi dans la bataille.
Vocabulaire : quelques mots en français qui dérivent du grec agôn
- ………………………………………….. : acteur qui tient le rôle principal
- Agoniser :…………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………….
- …………………………………………… : état d’opposition de deux choses
L’agôn fédère un ensemble de jeux autour de la notion de compétition, « c’est-à-dire comme un combat où l’égalité des chances est artificiellement créée pour que les antagonistes s’affrontent dans des conditions idéales, susceptibles de donner une valeur précise et incontestable au triomphe du vainqueur. Il s’agit donc chaque fois d’une rivalité qui porte sur une seule qualité (rapidité, endurance, vigueur, mémoire, adresse, ingéniosité, etc.), s’exerçant dans des limites définies et sans aucun secours extérieur, de telle façon que le gagnant apparaisse comme le meilleur dans une certaine catégorie d’exploits ».
Qu’est-ce qui motive ce type de jeu ? « Le ressort du jeu est pour chaque concurrent le désir de voir reconnue son excellence dans un domaine supposé. (…) L’agôn se présente comme la forme pure du mérite personnel et sert à le manifester. »
Cet esprit de l’agôn déborde le cadre du jeu, et en particulier du sport, et on en « retrouve l’esprit de l’agôn dans d’autres phénomènes culturels qui obéissent au même code : le duel, le tournoi, certains aspects constants et remarquables de la guerre dite courtoise ».
3) Agôn et alea : opposition et comparaison
Cet agôn s’oppose à l’alea, nom latin du jeu de dé, mot par lequel Caillois désigne « tous jeux à l’exact opposé de l’agôn sur une décision qui ne dépend pas du joueur, sur laquelle il ne saurait avoir la moindre prise, et où il s’agit par conséquent de gagner bien moins sur un adversaire que sur le destin ».
Néanmoins, un point commun unit agôn et alea : « la création artificielle entre les joueurs des conditions d’égalité pure que la réalité refuse aux hommes (…). Le jeu, agôn ou alea, est donc une tentative pour substituer, à la confusion normale de l’existence courante, des situations parfaites. Celles-ci sont telles que le rôle du mérite ou du hasard s’y montre net et indiscutable ». On retrouve cette parenté sur le plan de la politique avec l’émergence de la démocratie qui « hésite (…) entre l’agôn et l’alea : deux formes opposées de la justice », entre le tirage au sort des magistrats et l’élection. Aujourd’hui, « l’esprit de compétition l’a emporté (…). Une certaine conception de la démocratie (…) tend à considérer la lutte entière des partis comme une sorte de rivalité sportive, qui devrait présenter la plupart des caractères des combats du stade, de la lice ou du ring ».
4) L’origine guerrière des pratiques sportives
Cette compétition mise en scène dans le sport trouve essentiellement son origine dans les pratiques guerrières. Que l’on songe aux sports gymniques en Grèce comme la lutte, le pugilat ou encore le pancrace, ou encore le lancer de javelot même s’il faut reconnaître que le javelot de lancer est différent du javelot guerrier (il s’agit d’ailleurs de le lancer le plus loin possible et non de toucher une cible), sans parler de l’hoplitodrome, course en armes qui clôt les Jeux Olympiques à partir de la 65ème Olympiade (-520). Dans la modernité, l’invention du marathon pour les Jeux Olympiques d’Athènes de 1896 est censé commémorer la course légendaire de Philippidès rapportant à Athènes l’annonce de la victoire des Athéniens et Platéens contre les Perses à Marathon en 490 av. J.-C., Philippidès mourant d’épuisement après avoir transmis son message. Le développement de l’escrime condense ces ambiguïtés d’une pratique guerrière à la dimension privée du duel en passant par l’entraînement et le jeu, avant de voir naître l’escrime comme sport à la fin du XIXème siècle.
B) Le sport comme préparation à la guerre : discipline du corps, discipline de l’âme
Ce n’est pas seulement de l’affrontement sur le terrain que le sport tire son rapport à la guerre ; par les qualités qu’il développe, il assure une éducation potentielle pour le futur soldat. La préparation est certes physique – il faut savoir se battre, courir, porter de lourdes charges sur le front –, mais encore morale ou spirituelle.
Indépendamment des vertus martiales (=militaires), quelles qualités développent le sport ?
Par exemple, on associe :
- Au rugby : …………………………………………………………………
- Au marathon : ……………………………………………………………..
- Aux arts martiaux : ……………………………………………………….
- Au tir à l’arc : ……………………………………………………………….
1) L’entraînement physique : un jeu en vue du sérieux de la guerre
C’est de longue antiquité que le sport est vu comme une préparation militaire. Platon, dans la construction de la cité des Lois reprend la formation traditionnelle grecque entre gymnastique qui forme le corps et ce qui relève des Muses pour former l’âme. La gymnastique se compose de la danse et de la lutte ; Platon souligne essentiellement ce qui relève de « l’utilité pour l’entraînement guerrier » (Platon, Les Lois, livre vii, 795d-796e et livre viii 832d-835c). La dimension ludique de l’exercice physique est clairement subordonnée à sa visée éducative et militaire, le sport renouerait alors avec une de ses origines possibles. Chez Platon, il ne s’agit pas tant d’une construction de la masculinité que celle de la citoyenneté – les exercices concernent aussi les femmes.
2) Le sport comme formation de l’esprit : courage, volonté, abnégation
a. La vertu virile ? Un stéréotype masculin
« Durant sa vie relativement brève (depuis la fin du XVIIIème), l’idéal masculin moderne a (…) peu changé, toujours défini par la volonté de puissance, l’honneur, le courage. (…) Il s’est fixé en même temps que les règles de conduite et les conventions morales de la modernité. » L’image de la virilité moderne se nourrit à une double source plus ancienne, d’une part le rite du duel, d’autre part le modèle grec du kalos kagathos, solidarité entre l’esprit et le corps. (George L. Mosse, L’image de l’homme. L’invention de la virilité moderne)
Le sport apparaît d’abord comme un exercice physique ou corporel, mais cet exercice se redouble d’une dimension subjective ; le sport n’est pas qu’activité physique, cette activité suppose une vie intérieure spécifique. Sans exercice de la volonté, le sportif ne chercherait pas à surmonter la souffrance qu’il éprouve pour finir sa course ; il reculerait devant la peur des coups ou n’accepterait pas d’être chargé par ses adversaires au profit de son équipe.
L’accomplissement de la vertu virile se construit dans deux modèles distincts, d’une part le développement de la gymnastique en Allemagne, d’autre part dans les sports d’équipe en Grande Bretagne.
- Le modèle de la gymnastique allemande
La gymnastique moderne naît en 1793 avec le texte de J. F. C. Guts Muth, Gymnastik für die Jugend. Pour Guts, l’état du corps conditionne la vision du monde. « La santé mentale, la fermeté du caractère sont bien souvent les conséquences de la force physique ». Guts distinguait clairement l’entraînement militaire et la gymnastique ; mais les circonstances firent qu’il « mit à profit la réaction face à la Révolution française pour pousser le régime prussien à introduire la gymnastique dans sa réforme scolaire – destinée essentiellement à former des patriotes. »
C’est quand même Friedrich Ludwig Jahn qui apparaît comme « le véritable fondateur de la gymnastique moderne, peut-être parce qu’il lui donna ce tour ouvertement patriotique qui ne se trouvait pas chez Guts Muth. (…) Jahn voyait dans la gymnastique un outil façonnant la virilité et préparant à la guerre ». Il donnait à la gymnastique une dimension extrêmement large puisqu’il y incluait escrime, natation, équitation, patinage etc… c’est-à-dire des activités physiques qui sont opposées aux sports d’équipe qui « impliquent la compétition alors que le patriotisme exige la solidarité ». De manière assez paradoxale, ces sports individuels favorisent le groupe et se font en groupe. « L’idée que le vrai homme doive servir un noble idéal contribua à ce que l’on pourrait appeler la militarisation de la virilité ». Ce modèle se diffusa assez largement en Europe continentale, la gymnastique favorisant la santé, la force d’âme et la capacité militaire.
- Le modèle des sports collectifs anglais : à l’origine du rugby et du football
Seule l’Angleterre fait exception par le développement des sports d’équipe lors de la réforme des collèges privés – internats universitaires destinés à l’élite anglaise. Le sport y apparaît comme une école de morale et de discipline.
Le sport apparaît comme le moyen d’endurcissement non seulement du corps, mais encore du mental, tout en développant une discipline collective indispensable à la forme moderne de la guerre. A en croire le duc de Wellington, c’est sur les terrains de sport d’Eton que s’est gagnée la bataille de Waterloo . Et la défaite de Napoléon III à Sedan en 1870 contre les Prussiens est parfois mise en relation avec la formation exclusivement intellectuelle des lycées français.
b. Une vertu belliciste ?
Préparer des individus qui ont les qualités de bons soldats conduit-il à en faire des individus belliqueux et va-t-en-guerre ? Pierre de Courbertin, lorsqu’il rêve de nations sportives, se révèle être un personnage beaucoup plus ambigu que ce que la tradition a pu en retenir.
Pierre de Coubertin (1863-1937), aristocrate fasciné tant par l’expérience antique grecque du gymnase que par le développement du sport dans les public schools anglaises, voit dans l’exercice physique de quoi forger une élite nouvelle à partir de la jeunesse dorée de son époque. Dans un texte d’une troublante ambiguïté, « Le sport et la guerre » extrait des Essais de psychologie sportive, il présente le sport à la fois comme une préparation à la guerre et comme son adoucissement. Il dresse un constat historique : jusqu’au XIXème siècle, les guerres mobilisaient « les plus allants, les épris d’aventures, les sportifs dont en ce temps-là rien ne satisfaisait, en dehors de la guerre, les instincts musculaires ». Le début du XXème siècle voit, au-delà de déclaration humanistes, un succès de la guerre auprès de la jeunesse, alors même que « les instincts sportifs, actuellement, trouvent abondamment de quoi se satisfaire dans les plaisirs de la vie civile ». Peut-on lier cet engouement guerrier au goût et à la pratique des sports ?
« Une des causes de l’élan juvénile dont nous venons de rappeler la vigueur pourrait être dans la préparation indirecte à la guerre que comportent les sports. (…) Les sports ont fait fleurir toutes les qualités qui servent à la guerre : insouciance, belle humeur, accoutumance à l’imprévu, notion exacte de l’effort à faire sans dépenser des forces inutiles… Le jeune sportsman se sent évidemment mieux préparé à « partir » que ne le furent ses aînés. »
Par ailleurs, « les sports ont contribué à répandre ce que nous appellerons : le sentiment du jeu » ; la guerre est perçue finalement comme un jeu au point que la réconciliation après les hostilités devient facile.
Le sport a donc des conséquences sur la nature de la guerre. « Il la modifie parce qu’il tend à en atténuer la barbarie et les vilains aspects. Une armée de sportsmen sera plus humaine, plus pitoyable dans la lutte, plus calme et plus douce après ».
Pierre de Coubertin voit dans le sport l’école d’une guerre humaine : « Les sports ne tendent pas à rendre la jeunesse plus belliqueuse, mais seulement plus militaire, c’est-à-dire qu’ils lui donnent le sentiment de sa force sans l’inciter davantage à en faire emploi. Ils n’ont donc pas accru les chances de guerre, mais ne les ont pas diminuées non plus »
.
c. Un homme nouveau : l’usage du sport dans les régimes totalitaires dévoile-t-il sa nature profonde ?
Le sport moderne est intimement lié à la notion de régénération de l’homme afin d’arriver à un « homme nouveau ». L’exploitation totalitaire du thème dans les années 30 est inscrit en filigrane dans l’invention du sport ou du moins en est un avenir possible. La question sous-jacente est de savoir si le sport est fascisant dans sa nature même. On distingue généralement deux grandes positions :
- la théorie critique du sport (J.M. Brohm) voit dans le sport une puissance fascisante quel que soit son exercice ; Brohm, ancien professeur d’EPS devenu sociologue, dénonce, avec une truculente virulence, les « meutes sportives », la force brutale, le culte du héros unifiant une masse
- une position moins radicale qui voit dans l’instrumentalisation fasciste du sport une dérive et non la révélation de sa nature.
Par exemple, pour G. Vigarello (« Virilités sportives », in Histoire de la virilité. Tome III : La virilité en crise ? XXème-XXIème siècle), le sport fasciste est le « versant noir de la mobilisation ‘virile’ par le sport » qui occulte finalement le fait que « le sport des sociétés démocratiques orientait (…) vers des modèles contestant les vieilles virilités, privilégiant l’individualisme, l’autonomie ». Mais il est vrai que « ascétismes, forces conquérantes, soumission absolue au chef ou au ‘collectif’ trouvent dans la gestuelle et la phraséologie sportives autant de références ‘exploitables’… »
Le stade totalitaire « est présenté comme des terrains de métamorphoses » avec des nuances selon les régimes, « la ‘santé physique de la race’ l’emporte dans le cadre des fascismes, l’ ‘amélioration physique des travailleurs’ l’emporte dans le cadre du socialisme ». « Une utopie de l’homme supérieur en revanche, pensée dans les deux cas, pour la lutte comme pour le rejet, installe le militaire comme horizon de la culture musculaire. » Il s’agit de lutter contre une décadence physique et morale.
Deux artistes au service de l’idéologie nazie permettent de saisir la nature du culte du corps et de la force : le sculpteur Arno Breker et la cinéaste Leni Riefenstahl.
La statuaire de Breker met en scène des nus guerriers et athlétiques, par exemple le diptyque du porte-flambeau et du porte-glaive, image du Parti et de la Wehrmacht, met en scène des hommes nus à la musculature puissante. Comme le remarque J. Chapoutot, dans « Le nu guerrier nazi. Art d’Etat et archétype de la race » (en ligne ici : http://ipr.univ-paris1.fr/spip.php?article319 ) :
« Le corps doit être irréprochable pour manifester l’excellence de la race, permettre la production et la reproduction d’êtres beaux et sains à leur tour. Mais, de surcroît, la beauté du corps est l’expression de son excellente condition, entretenue par la pratique régulière et recommandée, voire obligatoire, de l’effort sportif. La belle apparence physique révèle un corps aguerri, un corps de guerrier, tant, Hitler ne s’en cache pas, la finalité de l’effort et de la perfection corporelle est ce sport suprême qu’est la guerre. Dans Mein Kampf, Hitler répète à plusieurs reprises que l’éducation physique et sportive, à l’école, doit « rendre le jeune corps dur comme l’acier » . À cette fin, et en bon pédagogue pétri d’humanisme, Hitler recommande la pratique scolaire de la boxe, car « il n’est nul autre sport qui forme à ce point l’esprit d’agression, qui exige autant de rapidité de décision et qui éduque le corps à une souplesse d’acier [sic] ». Le sport doit en effet apprendre « à supporter les coups », car « l’État raciste n’a pas vocation à former une colonie d’esthètes pacifistes ou de dégénérés physiques » , mais bien, on s’en doute, une race de combattants agressifs et volontaires. » « La virilité belliqueuse et marmoréenne du nu guerrier nazi représente donc l’épiphanie à la fois glorieuse, sereine et agressive d’un nouvel archétype de la race, d’un canon à la fois esthétique et éthique, manifeste des prétentions eugéniques et des ambitions géopolitiques du nouveau Reich. Matrice et modèle, source d’émulation, le nu guerrier affiche le projet nazi de renouveler l’histoire glorieuse d’une race belle, créatrice et conquérante par la géographie d’un Lebensraum impérial, espace vital aux corps athlétiques et hostiles d’un peuple allemand régénéré. »
Leni Riefenstahl mit ses talents réels de cinéaste au service de la propagande nazie ; après avoir filmé, le congrès du parti dans Le triomphe de la volonté en 1934, elle réalise un documentaire sur les Jeux Olympiques de Berlin de 1936, Olympia plus connu sous le nom des Dieux du stade. Ce documentaire en deux parties, Fête des peuples et Fête de la beauté, est reçu diversement par la critique qui y voit aussi bien une œuvre de propagande (Riefenstahl filme avec une fascination certaine la puissance des corps) qu’une œuvre d’art (elle invente de nombreux procédés techniques pour filmer le sport et met en valeur la quadruple victoire de l’athlète noir Jesse Owens (100m, saut en longueur, 200m, relais 4x100m)).
3) Le sport comme contrôle social et assujettissement : la fonction de la discipline
C) La meute sportive et le sport-spectacle
1) Les identités sportives : construction et exaltation des communautés
2) Le sport et la masse
II) Le sport suspend la violence brute et la régule
A) Le sport n’est pas le lieu du non-droit, il se caractérise par des règles
1) L’égalité des candidats
2) L’espace de la règle
B) Le sport moderne suppose une forme d’auto-contrôle de la violence qui correspond à un processus historique de civilisation des mœurs
C) Agôn ou arétè ? Le sport recherche d’abord l’excellence avant la confrontation
D) Le sport est déconnecté du sérieux de l’existence
1) Le sport est un jeu
2) Le sport est un spectacle
III) Le sport est la continuation, non pas de la guerre, mais de la politique par d’autres moyens
A) Le sport est-il le nouvel opium du peuple ?
B) Les enjeux géopolitiques et économiques du sport : une version spectaculaire du capitalisme ?
- SosoBNiveau 3
Merci beaucoup Ruthven!
J'aime beaucoup ton exemple de cours. C'est vraiment très sympa de le partager.
J'aime beaucoup ton exemple de cours. C'est vraiment très sympa de le partager.
- RobinFidèle du forum
Merci Ruthven ! Très intéressant ce questionnaire.
Je travaille actuellement dans un organisme de formation privé (cours particuliers, aide aux devoirs) et les élèves de première, seconde (et même avant !) me demandent parfois : "c'est quoi la philosophie ?" C'est ainsi que je me suis retrouvé à expliquer le Mythe de la caverne à un élève de CM2 qui a été très intéressé et a compris, me semble-t-il, peut-être pas la "dialectique ascendante (et descendante)" chez Platon, mais certains aspects du mythe, ceux qui parlent le plus à l'imagination (passage de l'image au concept).
Les animaux dénaturés de Vercors semble approprié pour des élèves de Première, notamment la distinction entre nature et de culture qui fonde toutes les notions du programme, à travers un conte philosophique, genre qu'ils étudient en Première (Candide de Voltaire).
http://www.lechatsurmonepaule.com/search/vercors/
PS : En tout état de cause, je pense que c'est une erreur sur le plan pédagogique de donner aux élèves (je parle des Terminales) d'entrée de jeu des dissertations ou même des commentaires sans balises. Il faut commencer, à mon avis, par des textes assortis de questions pour les inciter à la précision et leur donner des réflexes (quelle est la thèse ?, quels sont les arguments ?, quel est le plan ?, etc.).
D'un point de vue "propédeutique", Le questionnaire de Ruthven me semble excellent.
Je travaille actuellement dans un organisme de formation privé (cours particuliers, aide aux devoirs) et les élèves de première, seconde (et même avant !) me demandent parfois : "c'est quoi la philosophie ?" C'est ainsi que je me suis retrouvé à expliquer le Mythe de la caverne à un élève de CM2 qui a été très intéressé et a compris, me semble-t-il, peut-être pas la "dialectique ascendante (et descendante)" chez Platon, mais certains aspects du mythe, ceux qui parlent le plus à l'imagination (passage de l'image au concept).
Les animaux dénaturés de Vercors semble approprié pour des élèves de Première, notamment la distinction entre nature et de culture qui fonde toutes les notions du programme, à travers un conte philosophique, genre qu'ils étudient en Première (Candide de Voltaire).
http://www.lechatsurmonepaule.com/search/vercors/
PS : En tout état de cause, je pense que c'est une erreur sur le plan pédagogique de donner aux élèves (je parle des Terminales) d'entrée de jeu des dissertations ou même des commentaires sans balises. Il faut commencer, à mon avis, par des textes assortis de questions pour les inciter à la précision et leur donner des réflexes (quelle est la thèse ?, quels sont les arguments ?, quel est le plan ?, etc.).
D'un point de vue "propédeutique", Le questionnaire de Ruthven me semble excellent.
- SosoBNiveau 3
Merci pour l'idée Robin
En revanche, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ton PS :
En revanche, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ton PS :
- Spoiler:
- Je pense au contraire qu'il faut (pour des terminales) leur donner une dissertation (ou une explication de texte) le plus tôt possible, car même si cela semble simpliste je pense que ce n'est qu'en faisant des dissertations que l'on apprend à faire des dissertations, et en expliquant des textes qu'on apprend à expliquer des textes. Et tant pis si l'élève se plante sur la première dissert (ou au contraire tant mieux : cela fera autant d'erreurs qu'il ne fera plus par la suite (ou du moins qu'il aura repérées et sur lesquelles on pourra travailler).
Cela ne veut pas dire laisser les élèves livrées à eux mêmes, mais il y a d'autres manières de "baliser" le chemin que de retarder le moment de faire une première dissertation (ou une première explication) : si nos cours sont faits sous forme de dissertations, qu'on s'arrête régulièrement pour expliciter la manière dont on conduit ce cours-dissertation, pour leur montrer par l'exemple comment on fait; si on accompagne éventuellement le sujet d'un certain nombre de questions intermédiaires sur des textes ou éléments de cours (qui accompagnent leur réflexion complète sur un sujet de dissertation plutôt que de simplement la remplacer par un exercice plus "facile"), les élèves sont "aidés" tout en étant confronté à l'exigence de l'exercice philosophique dès le départ.
En plus en un an, si on ne leur donne une dissertation très rapidement (le premier jour pour ma part), ils manqueront d'occasion de s'entrainer.
- RobinFidèle du forum
SosoB a écrit:Merci pour l'idée Robin
En revanche, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ton PS :
- Spoiler:
Je pense au contraire qu'il faut (pour des terminales) leur donner une dissertation (ou une explication de texte) le plus tôt possible, car même si cela semble simpliste je pense que ce n'est qu'en faisant des dissertations que l'on apprend à faire des dissertations, et en expliquant des textes qu'on apprend à expliquer des textes. Et tant pis si l'élève se plante sur la première dissert (ou au contraire tant mieux : cela fera autant d'erreurs qu'il ne fera plus par la suite (ou du moins qu'il aura repérées et sur lesquelles on pourra travailler).
Cela ne veut pas dire laisser les élèves livrées à eux mêmes, mais il y a d'autres manières de "baliser" le chemin que de retarder le moment de faire une première dissertation (ou une première explication) : si nos cours sont faits sous forme de dissertations, qu'on s'arrête régulièrement pour expliciter la manière dont on conduit ce cours-dissertation, pour leur montrer par l'exemple comment on fait; si on accompagne éventuellement le sujet d'un certain nombre de questions intermédiaires sur des textes ou éléments de cours (qui accompagnent leur réflexion complète sur un sujet de dissertation plutôt que de simplement la remplacer par un exercice plus "facile"), les élèves sont "aidés" tout en étant confronté à l'exigence de l'exercice philosophique dès le départ.
En plus en un an, si on ne leur donne une dissertation très rapidement (le premier jour pour ma part), ils manqueront d'occasion de s'entrainer.
Oui, je comprends. Il faut bien qu'ils plongent un jour dans la piscine sans les flotteurs. J'avais une vision plus "progressive" de la chose. Par exemple :
Vous expliquerez le texte suivant :
"Les connaissances que la science occidentale en ce milieu du XXème siècle possède en matière d'ethnographie, branche du savoir aujoud'hui constituée en discipline méthodique, permettent d'affirmer qu'il n'existe pas un seul groupe humain qu'on puisse dire à "l'état de nature".
Pour en être assuré, il suffit de prendre en considération un fait aussi élémentaire que celui-ci : nulle part au monde on ne trouve de peuple où le corps soit laissé à l'état entièrement brut, exempt de tout vêtement, parure ou rectification quelconque (sous la forme de tatouage, scarification ou autre mutilation), comme s'il était impossible, si diverses que soient les idées dans le domaine de ce qu'en occident on nomme la pudeur, de s'accommoder de ce corps en le prenant tel qu'il est de naissance. L'homme à l'état de nature est, en vérité, une pure vue de l'esprit, car il se distingue de l'animal précisément en tant qu'il possède une culture, dont mêmes les espèces que nous considérons comme les plus proches de la nôtre sont privées, faute d'une intelligence symbolique suffisamment développée pour que puissent être élaborés des systèmes de signes tels que le langage articulé et fabriqués des outils qui, valorisés comme tels, sont conservés pour un usage répété. S'il n'est pas suffisant de dire de l'homme qu'il est un animal social (car des espèces très variées d'animaux vivent elles aussi en société), il peut être défini comme un être doué de culture, car, seul de tous les êtres vivants, il met en jeu des artifices tels que la parole et un certain outillage dans ses rapports avec ses semblables et avec son environnement." (Michel Leiris, Cinq études d'ethnologie, 1951)
Repères pour l'explication de textes :
Introduction (1/2 page min, 1 page max.)
1. Repérez la thèse de l'auteur. Identifiez l'auteur auquel il s'oppose sur ce point. Quel est le présupposé du Droit naturel qu'il réfute ?
2. Quel(s) problème(s) cette réfutation pose-t-elle ?
3. Distinguez explicitement trois parties dans le texte, et justifiez cela en expliquant la progression du raisonnement de l'auteur.
1ère partie (1 page environ)
4. Sur quel témoignage l'auteur s'appuie-t-il pour réfuter la thèse du Droit naturel ? En quoi cette science consiste-t-elle ?
5. Y a-t-il d'autres "connaissances" de la "science occidentale" que l'auteur aurait pu invoquer pour soutenir sa thèse ?
6. En quoi "l'ethnographie" est-elle un témoignage intéressant en faveur de la thèse de l'auteur ? En quoi est-elle insuffisante ? Quels autres témoignages scientifiques pourraient la compléter ?
2ème partie (1 page environ)
7. Analysez les exemples de l'auteur. Expliquez quels pourraient être les différents sens de la "pudeur"
8. En quoi le corps humain est-il si particulier ? A quel autre corps s'oppose-t-il ? Développez.
3ème partie (1 page environ)
9; Quelles sont les différentes caractéristiques que Leiris donne pour caractériser l'homme ? Vous semblent-elles pertinentes ? Donnez des exemples.
10. Pourquoi n'est-il pas "suffisant de dire que l'homme est un animal social" ?
Conclusion : résumez la thèse de l'auteur et indiquez ses limites, en justifiant.
Évidemment, c'est valable pour le commentaire, pas pour la dissert. dont on peut initier à la méthodologie par petites étapes (d'abord l'intro, puis la conclusion, etc.)
- Luc Ferry regrette l'absence d'un "grand programme d'histoire de la philosophie" en terminale.
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