Les jeunes lisent toujours mais pas des livres

Un article sur les pratiques culturelles des 15-29 ans : http://campus.lemonde.fr/campus/article/2014/09/24/les-jeunes-lisent-toujours-mais-pas-des-livres_4491903_4401467.html

J'irais bien jeter un oeil au bouquin en question, intéressant de se pencher sur cette différence d'approche des médias et usages culturels.

En 3e j'ai demandé aux élèves ce qu'ils lisaient (rien pour la plupart) et l'une d'entre eux a répondu : "Je lis des textes sur Facebook." :|

Vous appelez ça lire ?

Oui dans ce cas, tout le monde lit. Tout à l'heure, dans ma voiture, j'ai lu "STOP"

Catalunya a écrit:Oui dans ce cas, tout le monde lit. Tout à l'heure, dans ma voiture, j'ai lu "STOP"

Notre époque aura fabriqué la nouvelle barbarie.

En attendant, il ne faut pas en faire une généralité non plus : je suis persuadée qu'ils sont plus qu'on ne pourrait le penser à lire régulièrement (ma fille est une vraie mordue de lecture par exemple).

Je suis quand même étonnée de voir chaque année, de très bons élèves, de milieux "protégés" qui ne lisent pas ou alors des trucs de vampires ou autres en 3e. Il y a quelques années, j'avais toujours quelques élèves par classes, en 3e qui avaient attaqué les classiques.

Mais tu sais, ça se voit aussi en primaire. Les abonnements école des loisirs, par exemple, sont de moins en moins achetés par les parents (alors que ça mettait au sein des familles des livres de jeunesse de qualité, pour la plupart). Et le pire, c'est que je vois que même les enfants d'instits ne les prennent plus systématiquement (dans la classe de ma fille, ils ne sont que 3 par exemple sur 31 CM1/CM2 à les avoir pris : le fils d'une orthophoniste, la fille d'un médecin et d'un prof d'université et la mienne).

On dit que d'être illettré est un handicap mais vu le nombre de pictogrammes et autres qui remplacent les indications écrites !

"Le glissement de notre société de ce qu'on appelait les humanités vers le technico-commercial"

Ca fait rêver... :|

roxanne a écrit:Je suis quand même étonnée de voir chaque année, de très bons élèves, de milieux "protégés" qui ne lisent pas ou alors des trucs de vampires ou autres en 3e. Il y a quelques années, j'avais toujours quelques élèves par classes, en 3e qui avaient attaqué  les classiques.

Il aura fallu quelques posts mais le voilà lâché le fameux mot reflétant l'aboutissement ultime.

???
Si le mot classique gêne, je peux parler même de romans populaires.

Catalunya a écrit:Oui dans ce cas, tout le monde lit. Tout à l'heure, dans ma voiture, j'ai lu "STOP"

roxanne a écrit:Si le mot classique gêne, je peux parler même de romans populaires.

Il me semblait au contraire que les "classiques" n'étaient guère "populaires"    (sauf auprès des profs naturellement ).

Bon, on ne se comprend pas. Zola est populaire , non? Mais je parlais aussi de leurs lectures de romans contemporains populaires dont ils n'ont pas plus entendu parler que des classiques.

Non, je ne crois pas que Zola soit populaire.
Je viens d'une famille de non-lecteurs, j'ai découvert la littérature en piquant les livres que les profs de Français avaient fait acheter à mes aînés. Il ne serait jamais venu à l'idée de mes parents de m'acheter un livre (à part Télé Z, je veux dire...)
Pour les abonnements Ecole des Loisirs en primaire, on les trouve tous dans la majorité des bibliothèques de quartier, ce qui explique qu'on ne s'abonne pas à la maison (outre le fait que ce n'est pas spécialement bon marché...).
Je crois qu'il faut être amené vers la lecture, sinon ce n'est pas naturel dans toutes les familles. Et encore, ma pauvre expérience remonte à une époque où on n'avait ni portable, ni ordinateur, ni accès internet (aurais-je dévoré Molière à 12 ans si j'avais pu aller sur FB à la place ?)

Je partage ton avis, Dinaaa - et la même vie, d'ailleurs.
Lire un livre en entier, c'est déjà lire, non? En 3e, je lisais par exemple les romans de Marie-Paul Armand sur les corons, qui avaient aussi mauvaise presse auprès de mes professeurs de Français que les sagas actuelles autour des vampires, des loups-garous, des sorcières, voire des dystopies (Hunger Games, par exemple). Je n'ai découvert les classiques qu'en lycée et, plus encore, à la fac... et encore aujourd'hui. En plus je continue à lire ces livres décriés, romans de gare, mangas, livres estampillés "young adults", qui jouent le rôle que j'en attends : passer un bon moment, m'emmener dans un autre monde... J'ai même lu - et apprécié- Twilight ! Bien sûr, l'écriture assez "light" m'a tout de suite frappée; cela ne m'a pourtant pas empêchée d'apprécier l'histoire, et d'autres sur le même thème. Donc pourquoi en dénierais-je le droit à mes élèves ? Mon rôle d'enseignante est de les amener vers la découverte des classiques, nullement de leur interdire les autres livres. Je suis même gênée lorsque l'on utilise - moi la première - toute cette littérature décriée pour les emmener vers les "vrais" livres, comme si on décrétait "ah, tu lis tel roman, telle œuvre ? Donc tu ne lis pas." Idem quand on pense que, ne lisant que le journal, mon père ne lit pas. Il ne lit peut-être pas beaucoup, mais il lit.
Est-ce que lire beaucoup de romans mais aucun classique, c'est encore lire ? Qu'en pensez-vous ?
Loin de moi l'idée de critiquer ce qui a été écrit précédemment ou d'imposer mon opinion, mais c'est un sujet qui m'a toujours interpellée car mon expérience personnelle me porte à répondre "oui", alors que j'entends et lis "non" chez beaucoup de collègues de ma discipline.

Jaenelle a écrit:Je partage ton avis, Dinaaa - et la même vie, d'ailleurs.
Lire un livre en entier, c'est déjà lire, non? En 3e, je lisais par exemple les romans de Marie-Paul Armand sur les corons, qui avaient aussi mauvaise presse auprès de mes professeurs de Français que les sagas actuelles autour des vampires, des loups-garous, des sorcières, voire des dystopies (Hunger Games, par exemple). Je n'ai découvert les classiques qu'en lycée et, plus encore, à la fac... et encore aujourd'hui. En plus je continue à lire ces livres décriés, romans de gare, mangas, livres estampillés "young adults", qui jouent le rôle que j'en attends : passer un bon moment, m'emmener dans un autre monde... J'ai même lu - et apprécié- Twilight ! Bien sûr, l'écriture assez "light" m'a tout de suite frappée; cela ne m'a pourtant pas empêchée d'apprécier l'histoire, et d'autres sur le même thème. Donc pourquoi en dénierais-je le droit à mes élèves ? Mon rôle d'enseignante est de les amener vers la découverte des classiques, nullement de leur interdire les autres livres. Je suis même gênée lorsque l'on utilise - moi la première - toute cette littérature décriée pour les emmener vers les "vrais" livres, comme si on décrétait "ah, tu lis tel roman, telle œuvre ? Donc tu ne lis pas." Idem quand on pense que, ne lisant que le journal, mon père ne lit pas. Il ne lit peut-être pas beaucoup, mais il lit.
Est-ce que lire beaucoup de romans mais aucun classique, c'est encore lire ? Qu'en pensez-vous ?
Loin de moi l'idée de critiquer ce qui a été écrit précédemment ou d'imposer mon opinion, mais c'est un sujet qui m'a toujours interpellée car mon expérience personnelle me porte à répondre "oui", alors que j'entends et lis "non" chez beaucoup de collègues de ma discipline.

Idem, je suis d'accord. A ce sujet, les cours de culture numérique d'Hervé Le Crosnier sur les changements des pratiques de lecture (lecture par picorage notamment), et les enquêtes d'Olivier Donnat sur les pratiques culturelles des Français sont intéressants.
J'aurai tendance à penser que le principal est qu'ils lisent (bon, peut-être pas uniquement les commentaires facebook ), et ça mènera naturellement, vers des ouvrages plus élaborés.
A chaque ouvrage son objectif : certains ouvrages "légers" permettent de se vider l'esprit, et franchement, quand on lit Twilight, même si ça n'est pas de la grande littérature, ça vaut très largement les "cœurs grenadine" très niais d'il y a 15 ans, que je dévorais secrètement entre deux "classiques". Au-moins l'ouvrage fait référence à Shakespeare ...