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- mimikaNiveau 6
Pseudo tu dis que l'angoisse c'est nous qui la produisons, certes, mais comment faire pour ne plus la produire? Si tu crois que c'est un choix, alors pas du tout!
Perso je m'en passerais bien!
Perso je m'en passerais bien!
- PseudoDemi-dieu
Bon. Il y a une part d'angoisse avec laquelle il faut bien vivre. Mourir, ça angoisse, par exemple. On est tous confronté à cette angoisse. Le changement, ça angoisse. Et il faut bien accepter cette dose là d'angoisse aussi. Etc...
Mais au delà d'une certaine dose d'angoisse, hé bien il y a des choses à faire. C'est un choix, oui. De subir ou de prendre les choses à bras le corps.
La psychothérapie m'a beaucoup aidé contre l'angoisse. Même si ça n'était pas ma demande initiale. Mais une psychothérapie, ça n'est pas une comprimé qu'on prend, et hop, tout est rose.
La philosophie m'a beaucoup aidé aussi. Par exemple j'ai vécu une véritable illumination philosophique qui m'a débarrassée de mes angoisses nocturnes et matinales. Du jour au lendemain.
Mais évidemment, tout cela nécessite des remises en cause qu'on n'est pas toujours décidés à faire. Et de se colleté avec les vrais peurs qu'il y a sous l'angoisse, parfois.
Pour les bénéfices secondaires, ça peut être plein de choses. Etre une angoissée permet d'éviter tout un tas de choses, depuis le contact avec autrui, en passant par l'action (et donc de vivre une procrastination "habitée"), ou éviter la sensation de vide intérieur, voire de repousser l'angoisse de mort. Ca peut aussi être une façon de tenir les proches (je suis une angoissée, donc il ne faut pas - faites la liste -).
Mais au delà d'une certaine dose d'angoisse, hé bien il y a des choses à faire. C'est un choix, oui. De subir ou de prendre les choses à bras le corps.
La psychothérapie m'a beaucoup aidé contre l'angoisse. Même si ça n'était pas ma demande initiale. Mais une psychothérapie, ça n'est pas une comprimé qu'on prend, et hop, tout est rose.
La philosophie m'a beaucoup aidé aussi. Par exemple j'ai vécu une véritable illumination philosophique qui m'a débarrassée de mes angoisses nocturnes et matinales. Du jour au lendemain.
Mais évidemment, tout cela nécessite des remises en cause qu'on n'est pas toujours décidés à faire. Et de se colleté avec les vrais peurs qu'il y a sous l'angoisse, parfois.
Pour les bénéfices secondaires, ça peut être plein de choses. Etre une angoissée permet d'éviter tout un tas de choses, depuis le contact avec autrui, en passant par l'action (et donc de vivre une procrastination "habitée"), ou éviter la sensation de vide intérieur, voire de repousser l'angoisse de mort. Ca peut aussi être une façon de tenir les proches (je suis une angoissée, donc il ne faut pas - faites la liste -).
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- Mila Saint AnneNiveau 9
Mezzo voce a écrit:Bonjour,
Je souhaiterais partager avec vous au sujet de l'anxiété de l'enseignant... C'est peut-être ridicule, mais je change de collège l'année prochaine... et je suis anxieuse. Je crains de rencontrer des collègues peu amènes, aguerris en le sport de la critique (moins, cela s'entend, de l'auto-critique), comme ce fut le cas cette année ("oh, lui, il doit être dépressif, ah, elle, elle est trop inquiète, oh-ah, lui, c'est un prof bien sympathique, mais dépassé, oui, elle, elle se fait bordéliser, elle est nulle...) et une direction qui préfère taper sur les enseignants plutôt que de sanctionner les élèves (moins de conseils de discipline pour faire remonter la réputation de l'établissement). Je commence déjà à revisiter, en de doux rêves, les moments les plus forts avec la classe qui me posait problème. C'est pénible; j'ai peur du bizutage de la rentrée à l'attention du nouveau "prof"; j'ai bien plus peur encore de finir sur les rotules vers la fin de l'année, comme cette année, croulant sous la fatigue alimentée par le stress.
Bref... Je prépare mes cours consciencieusement, avec un grand plaisir, d'ailleurs, mais l'anxiété semble évidente... pour ce qui est de l'année à venir.
Je remercie par avance ceux et celles qui auront la gentillesse de me répondre.
Je te conseillerais de te convertir au stoïcisme...
Blague à part (cela dit la relecture de Marc Aurèle ne peut jamais faire de mal) pourquoi s'angoisser de quelque chose qui est hypothétique et à laquelle tu ne peux rien ?
Cette angoisse-là, dis toi que c'est un luxe inutile. Parce que tu as un boulot intéressant, que tu as les compétences pour le faire et que tu es suffisamment en bonne santé pour l'exercer. Le reste, c'est du détail.
- PhalèneNiveau 2
Pseudo a écrit:Bon. Il y a une part d'angoisse avec laquelle il faut bien vivre. Mourir, ça angoisse, par exemple. On est tous confronté à cette angoisse. Le changement, ça angoisse. Et il faut bien accepter cette dose là d'angoisse aussi. Etc...
Mais au delà d'une certaine dose d'angoisse, hé bien il y a des choses à faire. C'est un choix, oui. De subir ou de prendre les choses à bras le corps.
La psychothérapie m'a beaucoup aidé contre l'angoisse. Même si ça n'était pas ma demande initiale. Mais une psychothérapie, ça n'est pas une comprimé qu'on prend, et hop, tout est rose.
La philosophie m'a beaucoup aidé aussi. Par exemple j'ai vécu une véritable illumination philosophique qui m'a débarrassée de mes angoisses nocturnes et matinales. Du jour au lendemain.
Mais évidemment, tout cela nécessite des remises en cause qu'on n'est pas toujours décidés à faire. Et de se colleté avec les vrais peurs qu'il y a sous l'angoisse, parfois.
Pour les bénéfices secondaires, ça peut être plein de choses. Etre une angoissée permet d'éviter tout un tas de choses, depuis le contact avec autrui, en passant par l'action (et donc de vivre une procrastination "habitée"), ou éviter la sensation de vide intérieur, voire de repousser l'angoisse de mort. Ca peut aussi être une façon de tenir les proches (je suis une angoissée, donc il ne faut pas - faites la liste -).
A la faveur de quoi s'est faite cette illumination? Peux-tu nous en dire un peu plus? Cela donne à espérer.
Il y a une forme d'injustice à dire que l'anxieux gratte sa plaie pour l'entretenir et développe une forme de complaisance vis à vis de sa souffrance. Cette suspicion me semble bien commode pour évacuer le problème. Juste pour dire que "être bien intégré dans un monde malade n'est pas un signe de bonne santé".
- PseudoDemi-dieu
Phalène a écrit:Pseudo a écrit:Bon. Il y a une part d'angoisse avec laquelle il faut bien vivre. Mourir, ça angoisse, par exemple. On est tous confronté à cette angoisse. Le changement, ça angoisse. Et il faut bien accepter cette dose là d'angoisse aussi. Etc...
Mais au delà d'une certaine dose d'angoisse, hé bien il y a des choses à faire. C'est un choix, oui. De subir ou de prendre les choses à bras le corps.
La psychothérapie m'a beaucoup aidé contre l'angoisse. Même si ça n'était pas ma demande initiale. Mais une psychothérapie, ça n'est pas une comprimé qu'on prend, et hop, tout est rose.
La philosophie m'a beaucoup aidé aussi. Par exemple j'ai vécu une véritable illumination philosophique qui m'a débarrassée de mes angoisses nocturnes et matinales. Du jour au lendemain.
Mais évidemment, tout cela nécessite des remises en cause qu'on n'est pas toujours décidés à faire. Et de se colleté avec les vrais peurs qu'il y a sous l'angoisse, parfois.
Pour les bénéfices secondaires, ça peut être plein de choses. Etre une angoissée permet d'éviter tout un tas de choses, depuis le contact avec autrui, en passant par l'action (et donc de vivre une procrastination "habitée"), ou éviter la sensation de vide intérieur, voire de repousser l'angoisse de mort. Ca peut aussi être une façon de tenir les proches (je suis une angoissée, donc il ne faut pas - faites la liste -).
A la faveur de quoi s'est faite cette illumination? Peux-tu nous en dire un peu plus? Cela donne à espérer.
Il y a une forme d'injustice à dire que l'anxieux gratte sa plaie pour l'entretenir et développe une forme de complaisance vis à vis de sa souffrance. Cette suspicion me semble bien commode pour évacuer le problème. Juste pour dire que "être bien intégré dans un monde malade n'est pas un signe de bonne santé".
Je suis peut-être juste une illuminée alors. Ou bien une folle inconsciente qui ne voit pas le monde de malade dans lequel elle vit. C'est possible. Mais je préfère ça à l'angoisse. Surtout que si le monde est malade, je n'y peux rien, alors pourquoi m'angoisser avec ça ?
Cela dit, je n'ai pas parlé de complaisance. J'ai parlé de bénéfices secondaires, ce qui n'est pas de la complaisance. La complaisance arrive quand on refuse de tenter de changer.
Bien commode pour évacuer le problème ? Évacuer quel problème ? L'angoisse ?
Il y a quelque jours, un ami est venu me rendre visite. Habituellement, il m'envoie un sms pour me dire qu'il est bien rentré (la voiture m'inquiète, et sa conduite aussi lol) et là, rien. Le lendemain, je lui ai envoyé un sms, et je n'ai eu de ses nouvelles que bien plus tard, le surlendemain. Il y a quelques années, cela aurait fini en crise d'angoisse, et dispute sanglante. Aujourd'hui, ça me fait presque ni chaud ni froid, même si j'ai apprécié d'avoir son sms, ça m'évitait d'y penser régulièrement. Mais je sais que l'angoisse ne sert à rien ! Mon angoisse n'aurait rien changé à la vie (ou à la mort dans ce cas là). Et l'apprendre plus tôt ou plus tard n'y change rien non plus. Je me souviens d'un temps, où, en quelque sorte, je pensais que mon angoisse allait contre carrer le destin. Ne pas m'angoisser revenait à précipiter la mort de l'autre, dans un cas comme celui-là. Angoisser me donnait un sentiment de maîtrise (totalement illusoire bien sur) et ressemblait beaucoup, tout bien réfléchi, à l’illusion de toute puissance de l'enfance (si je fais ci ou ça, maman sera heureuse, et tout ira bien. Et si maman va mal, c'est ma faute. Si je m'angoisse, il n'y aura pas d'accident).
J'ai raconté sur le forum ce qui m'était arrivé l'été dernier. J'étais sur mon balcon, tranquille, et je pensais à deux phrases. "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve" et "on a deux vies, la deuxième commence quand on se rend compte qu'on en a qu'une". J'aimais ces deux phrases (je les aime toujours) et je les brassais sans but, en regardant le monde. Et tout à coup, j'ai senti la fragilité de l'instant, et en même temps sa beauté. Cet instant là n'existerait plus jamais, le bus qui passait ne passerait plus jamais en même temps que cette dame avec sa poussette, sous le ciel de cette couleur là, avec ce canard qui traversait le canal à ce moment là. Ca n'existerait plus jamais. J'ai compris que la beauté du monde venait de sa fragilité, et que la beauté de ma vie venait de ce que chaque instant était unique et donc précieux, plus précieux que tout. Je n'avais qu'une vie, et ce qui faisait sa beauté et sa valeur était que chaque instant était unique, et qu'elle était fragile. La fragilité de la vie, c'est ce qui fait sa valeur, et sa beauté.
A partir de ce jour, j'en ai eu fini avec mes angoisses nocturnes et matinales. Je crois que j'avais réglé un compte avec la mort. Elle avait un sens, tout à coup, celle de donner sa beauté et sa valeur à ma vie, à la vie. Il m'est encore arrivé de ressentir au réveil une petite angoisse, bien plus légère qu'avant, mais elle disparaissait en quelques secondes, il suffisait que je me dise : "c'est rien, c'est la peur de la mort, mais tu ne peux rien contre la mort", et hop ! fini l'angoisse.
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- LeclochardEmpereur
Pseudo a écrit:Ma foi, dès qu'on pense à l'avenir, on peut vite être anxieux. Sans compter que l'issue est toujours fatale, avouez que y a de quoi flipper sa race !
Une seule solution, le retour au moment présent. Si faut, tu la verra même pas la rentrée, tu peux avoir un accident demain. Alors autant ne pas se pourrir la vie avec un truc qui n'est pas là et n'arrivera peut-être jamais (et n'arrivera de toute façon jamais comme tu l'imagines). Ce n'est pas l'avenir qui te fait peur, mais l'image que tu t'en fais.
Ça me rappelle une triste anecdote de l'époque où j'étais stagiaire : deux jours avant de faire sa rentrée, un jeune collègue s'est tué en voiture. J'imagine qu'il avait dû beaucoup angoissé comme nous tous. Si on connaissait le futur..
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- pailleauquebecFidèle du forum
Phalène a écrit:Je ne vois aucun bénéfice secondaire à l'angoisse. C'est rien qu'un truc mortifère qui finit par paralyser et qui, c'est vrai, peut participer à la construction de l'identité. Malheureusement. Et comment s'en défaire si c'est le cas?
Certes, il y a la piscine, la respiration, Christophe André, le contact avec la nature, le conjoint... dans cet ordre ou dans un autre. Je pratique tout. Et parfois, malgré tout, insidieusement, l'angoisse revient. Sans aucune justifications personnelles. C'est juste une béance qui attend son heure.
Il m'arrive aussi d'être angoissé, même si ce n'est plus un handicap.
Disons que l'anticipation angoissée sert à la survie de l'espèce. Elle répond au besoin de prévoir, d'anticiper les problèmes,... C'est ce qui à permis à nos ancêtres de survivre dans un monde hostile et d'évoluer.
C'est aussi ce qui m'a permis de réussir mes études par exemple. J'étais très angoissé, mais cette angoisse m'a aidé à mobiliser des ressources incroyables pour réussir les concours, dans la douleur, certes. Mais je ne regrette absolument pas mes années passionnantes de classes prépa à bosser 12h par jour.
La rumination angoissée, sert aussi à tirer les leçons du passé.
Maintenant cette angoisse peut en effet ressurgir à des moments où finalement elle n'est pas utile, et nous pourrir la vie.
L'angoisse est liée à une partie ancienne du cerveau dit émotionnel ou reptilien. C'est la partie la plus ancienne du cerveau de l'homme, celle qui est située le plus au centre de la boite crânienne. C'est un cerveau assez automatique sur lequel on a peu de contrôle, qui gère l'adrénaline, les battements du coeur, la mémorisation à long terme, certaines émotions liées au danger...
Heureusement d'autres parties du cerveau, plus récentes, le néocortex, sous le front, sont plus plastiques et peuvent réguler tout cela.
Les recherche récentes montrent qu'une grande partie du fonctionnement du cerveau échappe à la conscience. Autrement dit notre cerveau fonctionne en partie de manière autonome. Ce fonctionnement "non conscient" (notion plus large que l'inconscient) est souvent méconnu et c'est ce qui explique cette angoisse qui apparaît sans que la conscience puisse en expliquer la cause.
Pour ceux que le sujet intéresse :
Votre cerveau n'a pas fini de vous étonner
http://www.amazon.fr/Votre-cerveau-fini-vous-%C3%A9tonner/dp/2226240748
L'angoisse est donc utile dans beaucoup de situations, le tout est d'éviter qu'elle devienne trop envahissante.
- PhalèneNiveau 2
Pseudo a écrit:
Je suis peut-être juste une illuminée alors. Ou bien une folle inconsciente qui ne voit pas le monde de malade dans lequel elle vit. C'est possible. Mais je préfère ça à l'angoisse. Surtout que si le monde est malade, je n'y peux rien, alors pourquoi m'angoisser avec ça ?
Cela dit, je n'ai pas parlé de complaisance. J'ai parlé de bénéfices secondaires, ce qui n'est pas de la complaisance. La complaisance arrive quand on refuse de tenter de changer.
Bien commode pour évacuer le problème ? Évacuer quel problème ? L'angoisse ?
Il y a quelque jours, un ami est venu me rendre visite. Habituellement, il m'envoie un sms pour me dire qu'il est bien rentré (la voiture m'inquiète, et sa conduite aussi lol) et là, rien. Le lendemain, je lui ai envoyé un sms, et je n'ai eu de ses nouvelles que bien plus tard, le surlendemain. Il y a quelques années, cela aurait fini en crise d'angoisse, et dispute sanglante. Aujourd'hui, ça me fait presque ni chaud ni froid, même si j'ai apprécié d'avoir son sms, ça m'évitait d'y penser régulièrement. Mais je sais que l'angoisse ne sert à rien ! Mon angoisse n'aurait rien changé à la vie (ou à la mort dans ce cas là). Et l'apprendre plus tôt ou plus tard n'y change rien non plus. Je me souviens d'un temps, où, en quelque sorte, je pensais que mon angoisse allait contre carrer le destin. Ne pas m'angoisser revenait à précipiter la mort de l'autre, dans un cas comme celui-là. Angoisser me donnait un sentiment de maîtrise (totalement illusoire bien sur) et ressemblait beaucoup, tout bien réfléchi, à l’illusion de toute puissance de l'enfance (si je fais ci ou ça, maman sera heureuse, et tout ira bien. Et si maman va mal, c'est ma faute. Si je m'angoisse, il n'y aura pas d'accident).
J'ai raconté sur le forum ce qui m'était arrivé l'été dernier. J'étais sur mon balcon, tranquille, et je pensais à deux phrases. "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve" et "on a deux vies, la deuxième commence quand on se rend compte qu'on en a qu'une". J'aimais ces deux phrases (je les aime toujours) et je les brassais sans but, en regardant le monde. Et tout à coup, j'ai senti la fragilité de l'instant, et en même temps sa beauté. Cet instant là n'existerait plus jamais, le bus qui passait ne passerait plus jamais en même temps que cette dame avec sa poussette, sous le ciel de cette couleur là, avec ce canard qui traversait le canal à ce moment là. Ca n'existerait plus jamais. J'ai compris que la beauté du monde venait de sa fragilité, et que la beauté de ma vie venait de ce que chaque instant était unique et donc précieux, plus précieux que tout. Je n'avais qu'une vie, et ce qui faisait sa beauté et sa valeur était que chaque instant était unique, et qu'elle était fragile. La fragilité de la vie, c'est ce qui fait sa valeur, et sa beauté.
A partir de ce jour, j'en ai eu fini avec mes angoisses nocturnes et matinales. Je crois que j'avais réglé un compte avec la mort. Elle avait un sens, tout à coup, celle de donner sa beauté et sa valeur à ma vie, à la vie. Il m'est encore arrivé de ressentir au réveil une petite angoisse, bien plus légère qu'avant, mais elle disparaissait en quelques secondes, il suffisait que je me dise : "c'est rien, c'est la peur de la mort, mais tu ne peux rien contre la mort", et hop ! fini l'angoisse.
Non, tu n'es pas une illuminée pas plus que le monde n'est totalement malade et je te remercie pour le partage de ce témoignage très perso qui s'apparente à un choc esthétique. J'ai pu éprouver dans des conditions très particulières ce que tu évoques là. Notamment lors du décès de mon père. Même si aujourd'hui je n'en ressens plus les effets contrairement à toi. J'attends le prochain avec impatience!
Le fait est que l'anxiété nous prend de court, à des moments si inattendus qu'elle nous frappe de stupeur. Elle est largement alimentée par le monde dans lequel nous vivons. C'est pourquoi j'aime parfois me souvenir de cette citation un peu provocante.
- PhalèneNiveau 2
pailleauquebec a écrit:
Il m'arrive aussi d'être angoissé, même si ce n'est plus un handicap.
Disons que l'anticipation angoissée sert à la survie de l'espèce. Elle répond au besoin de prévoir, d'anticiper les problèmes,... C'est ce qui à permis à nos ancêtres de survivre dans un monde hostile et d'évoluer.
C'est aussi ce qui m'a permis de réussir mes études par exemple. J'étais très angoissé, mais cette angoisse m'a aidé à mobiliser des ressources incroyables pour réussir les concours, dans la douleur, certes. Mais je ne regrette absolument pas mes années passionnantes de classes prépa à bosser 12h par jour.
La rumination angoissée, sert aussi à tirer les leçons du passé.
Maintenant cette angoisse peut en effet ressurgir à des moments où finalement elle n'est pas utile, et nous pourrir la vie.
L'angoisse est liée à une partie ancienne du cerveau dit émotionnel ou reptilien. C'est la partie la plus ancienne du cerveau de l'homme, celle qui est située le plus au centre de la boite crânienne. C'est un cerveau assez automatique sur lequel on a peu de contrôle, qui gère l'adrénaline, les battements du coeur, la mémorisation à long terme, certaines émotions liées au danger...
Heureusement d'autres parties du cerveau, plus récentes, le néocortex, sous le front, sont plus plastiques et peuvent réguler tout cela.
Les recherche récentes montrent qu'une grande partie du fonctionnement du cerveau échappe à la conscience. Autrement dit notre cerveau fonctionne en partie de manière autonome. Ce fonctionnement "non conscient" (notion plus large que l'inconscient) est souvent méconnu et c'est ce qui explique cette angoisse qui apparaît sans que la conscience puisse en expliquer la cause.
Pour ceux que le sujet intéresse :
Votre cerveau n'a pas fini de vous étonner
http://www.amazon.fr/Votre-cerveau-fini-vous-%C3%A9tonner/dp/2226240748
L'angoisse est donc utile dans beaucoup de situations, le tout est d'éviter qu'elle devienne trop envahissante.
PailleauQuebec, merci pour cette mise au point éclairante. Voilà de quoi se réconcilier avec l'anxiété. Je viens de consulter le lien que tu proposes. J'y vois la collaboration de Cyrulnik et André. Je me laisserai peut-être tenter par cette lecture.
- User5899Demi-dieu
Partons du principe que la prochaine rentrée sera pire que la précédente et bien meilleure que la suivante, que nous allons tranquillement vers le chaos, qu'on va nous brouiller l'écoute pendant un an avec la-nécessaire-réforme-de-la-névaluation-qu'elle-n'est-pas-zentille, que Brandon aura plutôt changé de portable qu'acheté un neurone, que papa FCPE sera toujours aussi noc et que l'an prochain, le calendrier indique que les profs reprennent vendredi 28/8 et les élèves le lundi 31/8, donc sans profs puisque ces derniers seront toujours nommés au 1/9. Au milieu, il y aura eu les nouveaux scandales du Bac, certains élèves n'ayant pas eu les sujets quinze jours avant, et d'autres protestant sur FB qu'il ait fallu savoir lire pour les découvrir, ce qui amènera la décision de pratiquer la correction avec toute l'indulgence requise afin que personne ne soit lésé.
Bref, ce n'est pas du tout de l'anxiété, c'est de la lucidité.
Là, ça va mieux ?
Bref, ce n'est pas du tout de l'anxiété, c'est de la lucidité.
Là, ça va mieux ?
- pailleauquebecFidèle du forum
Cripure a écrit:Partons du principe que la prochaine rentrée sera pire que la précédente et bien meilleure que la suivante, que nous allons tranquillement vers le chaos, qu'on va nous brouiller l'écoute pendant un an avec la-nécessaire-réforme-de-la-névaluation-qu'elle-n'est-pas-zentille, que Brandon aura plutôt changé de portable qu'acheté un neurone, que papa FCPE sera toujours aussi noc et que l'an prochain, le calendrier indique que les profs reprennent vendredi 28/8 et les élèves le lundi 31/8, donc sans profs puisque ces derniers seront toujours nommés au 1/9. Au milieu, il y aura eu les nouveaux scandales du Bac, certains élèves n'ayant pas eu les sujets quinze jours avant, et d'autres protestant sur FB qu'il ait fallu savoir lire pour les découvrir, ce qui amènera la décision de pratiquer la correction avec toute l'indulgence requise afin que personne ne soit lésé.
Bref, ce n'est pas du tout de l'anxiété, c'est de la lucidité.
Là, ça va mieux ?
Je te remercie pour ce discours mi-ironique mi-anxiogène, dans lequel apparaît bien l'idée d'une spirale descendante dans laquelle on serait tous pris et qui nous mènerait vers la mort, ça va me permettre de clarifier un ou deux points sur les aspects anxiogènes de notre profession, au delà de ce discours.
C'est d'ailleurs un des défauts de neoprof, cet effet caisse de résonance sur des sujets parfois insignifiants, comme les sujets aux examens, pour lesquels on assiste à des réaction disproportionnées, et angoissantes.
Avec souvent un point de vue majoritaire, que je respecte, mais qui mériterait d'être relativisé, à la fois dans le temps, dans l'espace, et sociologiquement d'admettre que c'est un discours corporatiste.
Souvent aussi un discours d'usure de compassion envers les élèves ou les parents, car c'est réellement difficile de lutter contre ce phénomène mal connu et pourtant si présent chez des collègues d'usure de compassion, qui peut tous nous atteindre à la longue si on y prend pas garde.
Un collègue à l'entrée dans la profession, m'a dit de ne pas passer trop de temps en salle des profs.
Je croyais qu'il exagérait, je dois dire que je lui donne raison.
On a vite fait d'être contaminé pas un esprit de déprime, de négativité, qui bien souvent y règne en majorité.
A la longue c'est comme un lavage de cerveau, et c'est "contagieux".
C'est d'ailleurs bien expliqué avec la découverte récente des "neurones miroir". Un phénomène tout à fait intéressant qui s'apparente à l'imitation. Pour simplifier, si on côtoie des personnes qui ont des schémas de pensée, on finit par être "contaminé" par leurs enchaînements de pensée. Un peu comme deux amoureux qui pensent la même chose au même moment.
J'ai la chance d'avoir travaillé dans tellement d'entreprises où les changements d'organisation étaient incessant, que je relativise beaucoup... au final tout ce remue ménage dans l'EN pour quoi ? Car comme disait un bon ami dans un précédant job en sortant de réunion, "à partir de demain, on fait comme avant".
Je lisais le rapport Condorcet de 1791 sur l'instruction publique et quand je vois qu'il préconisait 1 maître pour 100 élèves, 2 salles de 50 élèves communiquant par une porte, et pendant que le maître fait cours d'un côté, un bon élève s'occupe des 50 autres élèves.
Que de chemin parcouru depuis, ça laisse rêveur,... Sur le long terme je fais confiance à la société française pour faire les bons choix en matière d'éducation.
Si je suis honnête avec ma conscience je dirais que j'ai la chance de faire un beau métier dans des conditions acceptables. J'ai la chance de penser cela, mais je comprends bien que c'est impossible pour une majorité de collègues, de par leur vécu, leurs schémas de pensée, où les situations réellement difficiles dans lesquelles ils sont pris, et sincèrement je les plains.
- PseudoDemi-dieu
Pour revenir un peu sur les mécanismes psychologiques, je viens de lire ce que disait Freud de l'angoisse.
Pour lui, l'angoisse peut être un affect qui survient dans le processus du refoulement. On refoule quelque chose, par un phénomène de déplacement on va choisir un substitut à l'objet refoulé qui va se charger de l'angoisse du truc refoulé.
L'angoisse est généré par un refoulement en partie raté.
C'est ce que je voulais dire de façon abrupte plus haut : on angoisse pour ne pas avoir à affronter ses vraies peurs (les objets refoulés).
Il y a quelques mois, je me suis mise à angoisser un max à propos de l'argent. Je suis fauchée comme les blés depuis un brave moment déjà, mais là, tout à coup, c'était la panique. Mon angoisse était démesurée par rapport au problème. Je n'ai compris qu'un peu plus tard comment deux peurs (peut-être trois d'ailleurs) s'étaient déplacées vers l'argent. Le problème, c'est que si j'avais affronté les trucs refoulés, j'avais de la matière. Mais sur une angoisse générée par le déplacement, et qui est en grande partie sans objet réel, on n'a pas de prise.
Pour lui, l'angoisse peut être un affect qui survient dans le processus du refoulement. On refoule quelque chose, par un phénomène de déplacement on va choisir un substitut à l'objet refoulé qui va se charger de l'angoisse du truc refoulé.
L'angoisse est généré par un refoulement en partie raté.
C'est ce que je voulais dire de façon abrupte plus haut : on angoisse pour ne pas avoir à affronter ses vraies peurs (les objets refoulés).
Il y a quelques mois, je me suis mise à angoisser un max à propos de l'argent. Je suis fauchée comme les blés depuis un brave moment déjà, mais là, tout à coup, c'était la panique. Mon angoisse était démesurée par rapport au problème. Je n'ai compris qu'un peu plus tard comment deux peurs (peut-être trois d'ailleurs) s'étaient déplacées vers l'argent. Le problème, c'est que si j'avais affronté les trucs refoulés, j'avais de la matière. Mais sur une angoisse générée par le déplacement, et qui est en grande partie sans objet réel, on n'a pas de prise.
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- PseudoDemi-dieu
pailleauquebec a écrit:[
Car comme disait un bon ami dans un précédant job en sortant de réunion, "à partir de demain, on fait comme avant".
:lol:
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- YoKonokéFidèle du forum
Je vous recommande la lecture de L'intelligence du stress de Jacques Fradin. Il donne, avec l'appui des neurosciences, des pistes intéressantes et fait référence à une méthode de gestion des modes mentaux.
- LeclochardEmpereur
pailleauquebec a écrit:Cripure a écrit:Partons du principe que la prochaine rentrée sera pire que la précédente et bien meilleure que la suivante, que nous allons tranquillement vers le chaos, qu'on va nous brouiller l'écoute pendant un an avec la-nécessaire-réforme-de-la-névaluation-qu'elle-n'est-pas-zentille, que Brandon aura plutôt changé de portable qu'acheté un neurone, que papa FCPE sera toujours aussi noc et que l'an prochain, le calendrier indique que les profs reprennent vendredi 28/8 et les élèves le lundi 31/8, donc sans profs puisque ces derniers seront toujours nommés au 1/9. Au milieu, il y aura eu les nouveaux scandales du Bac, certains élèves n'ayant pas eu les sujets quinze jours avant, et d'autres protestant sur FB qu'il ait fallu savoir lire pour les découvrir, ce qui amènera la décision de pratiquer la correction avec toute l'indulgence requise afin que personne ne soit lésé.
Bref, ce n'est pas du tout de l'anxiété, c'est de la lucidité.
Là, ça va mieux ?
Je te remercie pour ce discours mi-ironique mi-anxiogène, dans lequel apparaît bien l'idée d'une spirale descendante dans laquelle on serait tous pris et qui nous mènerait vers la mort, ça va me permettre de clarifier un ou deux points sur les aspects anxiogènes de notre profession, au delà de ce discours.
C'est d'ailleurs un des défauts de neoprof, cet effet caisse de résonance sur des sujets parfois insignifiants, comme les sujets aux examens, pour lesquels on assiste à des réaction disproportionnées, et angoissantes.
Avec souvent un point de vue majoritaire, que je respecte, mais qui mériterait d'être relativisé, à la fois dans le temps, dans l'espace, et sociologiquement d'admettre que c'est un discours corporatiste.
Souvent aussi un discours d'usure de compassion envers les élèves ou les parents, car c'est réellement difficile de lutter contre ce phénomène mal connu et pourtant si présent chez des collègues d'usure de compassion, qui peut tous nous atteindre à la longue si on y prend pas garde.
Un collègue à l'entrée dans la profession, m'a dit de ne pas passer trop de temps en salle des profs.
Je croyais qu'il exagérait, je dois dire que je lui donne raison.
On a vite fait d'être contaminé pas un esprit de déprime, de négativité, qui bien souvent y règne en majorité.
A la longue c'est comme un lavage de cerveau, et c'est "contagieux".
C'est d'ailleurs bien expliqué avec la découverte récente des "neurones miroir". Un phénomène tout à fait intéressant qui s'apparente à l'imitation. Pour simplifier, si on côtoie des personnes qui ont des schémas de pensée, on finit par être "contaminé" par leurs enchaînements de pensée. Un peu comme deux amoureux qui pensent la même chose au même moment.
J'ai la chance d'avoir travaillé dans tellement d'entreprises où les changements d'organisation étaient incessant, que je relativise beaucoup... au final tout ce remue ménage dans l'EN pour quoi ? Car comme disait un bon ami dans un précédant job en sortant de réunion, "à partir de demain, on fait comme avant".
Je lisais le rapport Condorcet de 1791 sur l'instruction publique et quand je vois qu'il préconisait 1 maître pour 100 élèves, 2 salles de 50 élèves communiquant par une porte, et pendant que le maître fait cours d'un côté, un bon élève s'occupe des 50 autres élèves.
Que de chemin parcouru depuis, ça laisse rêveur,... Sur le long terme je fais confiance à la société française pour faire les bons choix en matière d'éducation.
Si je suis honnête avec ma conscience je dirais que j'ai la chance de faire un beau métier dans des conditions acceptables. J'ai la chance de penser cela, mais je comprends bien que c'est impossible pour une majorité de collègues, de par leur vécu, leurs schémas de pensée, où les situations réellement difficiles dans lesquelles ils sont pris, et sincèrement je les plains.
Tes références scientifiques me font sourire. Depuis que je suis devenu enseignant, je crois que je peux compter sur les doigts d'une main les bonnes nouvelles (la suppression de la note de vie scolaire et augmentation du nombre de postes dernièrement -après une chute importante, il faut dire), tandis que les mauvaises s'accumulent année après année (suppression de postes, gel des traitements, âge de départ à la retraite repoussé, hausse des cotisations retraite, nombre d'élèves par classe qui explose, disparition des ZEP, refondation calamiteuse du brevet devenu "light"...) A cela s'ajoute le fait que je vais encore faire un complément de service cette année. Alors à part la joie d'enseigner des trucs que je sais à des jeunes qui s'en moquent pour la plupart, pourrais-tu me dire quelques bonnes nouvelles que je n'aurais pas remarquées ?
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- roxanneOracle
Pour être là à cette heure, je dois l'être un peu...
- PseudoDemi-dieu
pailleauquebec a écrit:a
C'est d'ailleurs bien expliqué avec la découverte récente des "neurones miroir". Un phénomène tout à fait intéressant qui s'apparente à l'imitation. Pour simplifier, si on côtoie des personnes qui ont des schémas de pensée, on finit par être "contaminé" par leurs enchaînements de pensée. Un peu comme deux amoureux qui pensent la même chose au même moment.
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Les neurones miroir sont un peu beaucoup plus que cela. Ils permettraient d'ailleurs l'empathie, et donc de lutter contre l'usure de compassion dont tu parles aussi dans ton post.
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- pailleauquebecFidèle du forum
Leclochard a écrit:Tes références scientifiques me font sourire. Depuis que je suis devenu enseignant, je crois que je peux compter sur les doigts d'une main les bonnes nouvelles (la suppression de la note de vie scolaire et augmentation du nombre de postes dernièrement -après une chute importante, il faut dire), tandis que les mauvaises s'accumulent année après année (suppression de postes, gel des traitements, âge de départ à la retraite repoussé, hausse des cotisations retraite, nombre d'élèves par classe qui explose, disparition des ZEP, refondation calamiteuse du brevet devenu "light"...) A cela s'ajoute le fait que je vais encore faire un complément de service cette année. Alors à part la joie d'enseigner des trucs que je sais à des jeunes qui s'en moquent pour la plupart, pourrais-tu me dire quelques bonnes nouvelles que je n'aurais pas remarquées ?
Je compatis pour ton complément de service, ce n'est pas facile.
On ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure, j'ai peut être la chance d'être dans un de ceux là, tu me diras qu'ils sont rares, mais ils existent.
Tu vas donc être frustré car je crois que je ne vis pas dans la même réalité (ou perception de la réalité) que la tienne et j'ai bien peur qu'on ne se comprenne pas. Note que dans mon établissement il y a aussi des personnes découragées et qui tiennent un peu le même discours que toi. Il y a donc le réel et le vécu de cette réalité. Il faut à ce sujet voir (ou revoir) le film Rashomon de Kurosawa (sic, encore une référence à deux balles), un film qui m'a marqué sur l'insaisissable notion de vérité, et les différents niveaux de la réalité.
C'est comme quand je reçois les journaux du SNES (oui je suis syndiqué), ce qu'ils racontent, je le comprends, mais cela ne correspond pas à mon vécu.
Quelques bonnes nouvelles (je ne lis plus aucun journaux, n'écoute pas la radio ni la TV) :
- J'ai une salle avec une jolie vue sur la campagne, je peux même voir le cheval qui broute le pré d'à côté.
- Mes élèves sont gentils et travailleurs, ils me proposent spontanément d'effacer le tableau, il y a en a même qui me disent que je suis un bon prof. (on connait le manque d'objectivité de l'adolescence, mais c'est néanmoins agréable).
- J'ai quelques jeunes (ou moins jeunes) collègues qui sont optimistes, souriant(es), avenant(es).
- Je considère que pour la première fois de ma vie j'ai ce que je pourrais appeler "un métier", utile.
- J'ai encore la sensation de progresser.
- Mon salaire me suffit.
- J'ai un principal avec pas mal de défauts mais dont les qualités me conviennent.
- Je profite de mes vacances.
- J'ai le luxe d'avoir le temps de m'occuper de ma famille et donc de pouvoir les aider.
- J'ai pris conscience de mon agressivité face aux élèves et je tente d'y remédier, ça se passe de mieux en mieux.
- J'ai une CPE compétente.
Mes mauvaises nouvelles :
- je suis toujours angoissé par moment
- je n'ai pas toujours le temps de faire le sport qu'il faudrait, ou de jardiner comme avant, ou encore de méditer régulièrement
- comme tous les optimistes j'ai mes moments de blues
- mes enfants se disputent
- mes collègues grincheux
- l'institution EN stupide
- LeclochardEmpereur
pailleauquebec a écrit:Leclochard a écrit:Tes références scientifiques me font sourire. Depuis que je suis devenu enseignant, je crois que je peux compter sur les doigts d'une main les bonnes nouvelles (la suppression de la note de vie scolaire et augmentation du nombre de postes dernièrement -après une chute importante, il faut dire), tandis que les mauvaises s'accumulent année après année (suppression de postes, gel des traitements, âge de départ à la retraite repoussé, hausse des cotisations retraite, nombre d'élèves par classe qui explose, disparition des ZEP, refondation calamiteuse du brevet devenu "light"...) A cela s'ajoute le fait que je vais encore faire un complément de service cette année. Alors à part la joie d'enseigner des trucs que je sais à des jeunes qui s'en moquent pour la plupart, pourrais-tu me dire quelques bonnes nouvelles que je n'aurais pas remarquées ?
Je compatis pour ton complément de service, ce n'est pas facile.
On ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure, j'ai peut être la chance d'être dans un de ceux là, tu me diras qu'ils sont rares, mais ils existent.
Tu vas donc être frustré car je crois que je ne vis pas dans la même réalité (ou perception de la réalité) que la tienne et j'ai bien peur qu'on ne se comprenne pas. Note que dans mon établissement il y a aussi des personnes découragées et qui tiennent un peu le même discours que toi. Il y a donc le réel et le vécu de cette réalité. Il faut à ce sujet voir (ou revoir) le film Rashomon de Kurosawa (sic, encore une référence à deux balles), un film qui m'a marqué sur l'insaisissable notion de vérité, et les différents niveaux de la réalité.
C'est comme quand je reçois les journaux du SNES (oui je suis syndiqué), ce qu'ils racontent, je le comprends, mais cela ne correspond pas à mon vécu.
Quelques bonnes nouvelles (je ne lis plus aucun journaux, n'écoute pas la radio ni la TV) :
- J'ai une salle avec une jolie vue sur la campagne, je peux même voir le cheval qui broute le pré d'à côté.
- Mes élèves sont gentils et travailleurs, ils me proposent spontanément d'effacer le tableau, il y a en a même qui me disent que je suis un bon prof. (on connait le manque d'objectivité de l'adolescence, mais c'est néanmoins agréable).
- J'ai quelques jeunes (ou moins jeunes) collègues qui sont optimistes, souriant(es), avenant(es).
- Je considère que pour la première fois de ma vie j'ai ce que je pourrais appeler "un métier", utile.
- J'ai encore la sensation de progresser.
- Mon salaire me suffit.
- J'ai un principal avec pas mal de défauts mais dont les qualités me conviennent.
- Je profite de mes vacances.
- J'ai le luxe d'avoir le temps de m'occuper de ma famille et donc de pouvoir les aider.
- J'ai pris conscience de mon agressivité face aux élèves et je tente d'y remédier, ça se passe de mieux en mieux.
- J'ai une CPE compétente.
Mes mauvaises nouvelles :
- je suis toujours angoissé par moment
- je n'ai pas toujours le temps de faire le sport qu'il faudrait, ou de jardiner comme avant, ou encore de méditer régulièrement
- comme tous les optimistes j'ai mes moments de blues
- mes enfants se disputent
- mes collègues grincheux
- l'institution EN stupide
Désolé, mais tu vis dans la même réalité professionnelle. C'est le contexte te permet de négliger les faits que je t'ai énoncés. Concernant mon complément de service, je fais comme toi: Je positive en me disant que ça me permet de découvrir d'autres collègues et d'autres pratiques d'établissement.
Je ne dis pas qu'on n'est pas heureux (étrange, tu n'as pas employé le mot) quand on est enseignant. Ce que je dis, c'est qu'objectivement les conditions d'exercice du métier se dégradent. Evidemment que quand on vit à la campagne, ou qu'on est agrégé, ou que le conjoint gagne bien sa vie, ou qu'on vit modestement, on fait moins attention à la perte de pouvoir d'achat. Que quand on est jeune, la baisse des pensions ou le report de l'âge de départ à la retraite, on s'en fout un peu car c'est loin et qu'on a plein d'énergie. Que quand on a la chance de vivre dans une zone désirée à côté de son établissement, les choses passent mieux, surtout si on s'est fait des amis parmi les collègues sympas. Il ne manquerait plus qu'on refasse les mêmes cours chaque année pour avoir plein de temps libre...parce qu'en lettres avec 19 heures de cours, j'ai du mal à voir où passe le mien. Remarque suite à une discussion sur le forum, j'ai décidé de m'organiser autrement cette année.
Pour finir, je suis bien d'accord avec toi sur un point: les médias et la TV, en particulier, sont anxiogènes. En les évitant, on vit moins inquiet.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- Mezzo voceNiveau 9
J'ai fait une coupure de quelques jours et ne me rends compte que maintenant de la présence de vos différents messages. Je ne vais certainement brasser que des évidences mais, à mon sens, ce qui génère plutôt une anxiété plus ou moins forte en ce métier, est l'inégalité foncière à laquelle nous sommes confrontés. J'ai parcouru certains fils toute cette matinée de dimanche à la recherche de solutions concrètes pour pallier certaines carences d'autorité (réelles ou imaginaires, d'ailleurs), et "réussir" le premier jour de rentrée, mais je me dis que, finalement, à lire notamment certains messages de Dwarf ou d'Ysabel, nous ne faisons pas le même métier, et ce, d'abord parce que nous n'avons pas la même personnalité. Je lis souvent qu'il ne faut pas douter de soi (base de l'autorité). Mais si je me prends narcissiquement comme exemple, j'ai toujours douté de moi (et le doute m'a permis, très souvent, quand il ne m'a pas paralysée, il est vrai, de me dépasser). A croire que j'aurai beau tenter de concevoir les meilleurs cours du monde, beau parfaire ma culture, beau suivre tous les conseils, le manque de confiance ou un schéma inapproprié me renvoyant une image négative de moi-même m'empêcheront toujours d'être un bon prof (professeur, pardon). J'entame bien sûr un travail sur l'image de soi, sur la confiance nécessaire à acquérir. Il n'en reste pas moins que je ne me sens pas à égalité avec un enseignant qui ne doute pas une seconde et qui a la capacité à développer ses certitudes propres. J'ai moins souvent rencontré cette année des stagiaires s'avouant en difficulté que des stagiaires s'époumonant à déclarer qu'ils s'en sortaient mieux du point de vue autorité que des enseignants expérimentés et, pour certains, arborant régulièrement quelques trophées de guerre: tel ou tel cadeau fait par tel ou tel élève ayant déclaré son amour inconditionné pour le dit stagiaire. L'amour des élèves devenant, visiblement, au fils des semaines, l'irréfutable preuve de la qualité de l'enseignant. Bref, je ne peux que progresser du point de vue de l'anxiété et/ou de la confiance en soi, mais je ne peux pas non plus "changer" de personnalité et s'il y a une personnalité type pour être à même d'enseigner aujourd'hui sans souffrance, eh bien...
- DerborenceModérateur
Mezzo voce a écrit:J'ai fait une coupure de quelques jours et ne me rends compte que maintenant de la présence de vos différents messages. Je ne vais certainement brasser que des évidences mais, à mon sens, ce qui génère plutôt une anxiété plus ou moins forte en ce métier, est l'inégalité foncière à laquelle nous sommes confrontés. J'ai parcouru certains fils toute cette matinée de dimanche à la recherche de solutions concrètes pour pallier certaines carences d'autorité (réelles ou imaginaires, d'ailleurs), et "réussir" le premier jour de rentrée, mais je me dis que, finalement, à lire notamment certains messages de Dwarf ou d'Ysabel, nous ne faisons pas le même métier, et ce, d'abord parce que nous n'avons pas la même personnalité. Je lis souvent qu'il ne faut pas douter de soi (base de l'autorité). Mais si je me prends narcissiquement comme exemple, j'ai toujours douté de moi (et le doute m'a permis, très souvent, quand il ne m'a pas paralysée, il est vrai, de me dépasser). A croire que j'aurai beau tenter de concevoir les meilleurs cours du monde, beau parfaire ma culture, beau suivre tous les conseils, le manque de confiance ou un schéma inapproprié me renvoyant une image négative de moi-même m'empêcheront toujours d'être un bon prof (professeur, pardon). J'entame bien sûr un travail sur l'image de soi, sur la confiance nécessaire à acquérir. Il n'en reste pas moins que je ne me sens pas à égalité avec un enseignant qui ne doute pas une seconde et qui a la capacité à développer ses certitudes propres. J'ai moins souvent rencontré cette année des stagiaires s'avouant en difficulté que des stagiaires s'époumonant à déclarer qu'ils s'en sortaient mieux du point de vue autorité que des enseignants expérimentés et, pour certains, arborant régulièrement quelques trophées de guerre: tel ou tel cadeau fait par tel ou tel élève ayant déclaré son amour inconditionné pour le dit stagiaire. L'amour des élèves devenant, visiblement, au fils des semaines, l'irréfutable preuve de la qualité de l'enseignant. Bref, je ne peux que progresser du point de vue de l'anxiété et/ou de la confiance en soi, mais je ne peux pas non plus "changer" de personnalité et s'il y a une personnalité type pour être à même d'enseigner aujourd'hui sans souffrance, eh bien...
Je n'ai pas confiance en moi, je doute beaucoup, je me remets souvent en question : c'est ma personnalité.
Mais en cours, je ne le montre pas : je joue un rôle, celui du prof sûr de lui. Et ça marche !
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"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois
"Derborence, le mot chante triste et doux dans la tête pendant qu’on se penche sur le vide, où il n’y a plus rien, et on voit qu’il n’y a plus rien."
Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
- Mezzo voceNiveau 9
C'est donc possible! Quant à moi, jouer un rôle... Je n'arrive pas à tenir sur la longueur: le naturel revient au galop...
- mimikaNiveau 6
J'étais anxieuse, je le suis devenue de plus en plus au fil des années, car ce métier n'arrive pas les choses. Certes, on progresse, on prend de l'assurance face aux élèves, mais le public évolue aussi, et les missions avec: aujourd'hui, la liste s'est bien allongée, du coup je me sens submergée et angoissée par tout ce qu'il faudrait faire pour "bien" travailler, par tout ce qu'on attend de chacun de nous, par tout ce qui nous pend au nez...
- CincinnataHabitué du forum
pailleauquebec a écrit:
Il m'arrive aussi d'être angoissé, même si ce n'est plus un handicap.
Disons que l'anticipation angoissée sert à la survie de l'espèce. Elle répond au besoin de prévoir, d'anticiper les problèmes,... C'est ce qui à permis à nos ancêtres de survivre dans un monde hostile et d'évoluer.
C'est aussi ce qui m'a permis de réussir mes études par exemple. J'étais très angoissé, mais cette angoisse m'a aidé à mobiliser des ressources incroyables pour réussir les concours, dans la douleur, certes. Mais je ne regrette absolument pas mes années passionnantes de classes prépa à bosser 12h par jour.
La rumination angoissée, sert aussi à tirer les leçons du passé.
Maintenant cette angoisse peut en effet ressurgir à des moments où finalement elle n'est pas utile, et nous pourrir la vie.
L'angoisse est liée à une partie ancienne du cerveau dit émotionnel ou reptilien. C'est la partie la plus ancienne du cerveau de l'homme, celle qui est située le plus au centre de la boite crânienne. C'est un cerveau assez automatique sur lequel on a peu de contrôle, qui gère l'adrénaline, les battements du coeur, la mémorisation à long terme, certaines émotions liées au danger...
Heureusement d'autres parties du cerveau, plus récentes, le néocortex, sous le front, sont plus plastiques et peuvent réguler tout cela.
Les recherche récentes montrent qu'une grande partie du fonctionnement du cerveau échappe à la conscience. Autrement dit notre cerveau fonctionne en partie de manière autonome. Ce fonctionnement "non conscient" (notion plus large que l'inconscient) est souvent méconnu et c'est ce qui explique cette angoisse qui apparaît sans que la conscience puisse en expliquer la cause.
Pour ceux que le sujet intéresse :
Votre cerveau n'a pas fini de vous étonner
http://www.amazon.fr/Votre-cerveau-fini-vous-%C3%A9tonner/dp/2226240748
L'angoisse est donc utile dans beaucoup de situations, le tout est d'éviter qu'elle devienne trop envahissante.
On dirait mon père ! Eh je dirais que l'angoisse (la peur, pour moi c'est pareil) c'est comme l'ennui, on ne peut s'en débarrasser avant d'avoir accepté de la traverser. Je sais bien que c'est difficile mais c'est justement le principe de la méditation : prendre le temps de se poser et de ressentir ce qui se passe à l'intérieur, fût-ce désagréable. Plus on essaye de la fuir et plus elle revient en puissance.
Mais si vous préférez fuir, la musique est un bon moyen
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" Je ne promettrai donc pas le plaisir, mais je donnerai comme fin la difficulté vaincue." Alain
" Ce n'est pas le mur que je trouerai avec mon front, si, réellement, je n'ai pas assez de force pour le trouer, mais le seul fait qu'il soit un mur de pierre et que je sois trop faible n'est pas une raison pour que je me soumette !" Les Carnets du sous-sol, Dostoïevski
Ceux qui pensent que c'est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient.
- trompettemarineMonarque
Bon, après avoir lu un peu rapidement ce topic, et comme il est tard, je vais prendre un lexo et au lit !!!
Une anxieuse qui compatit (je n'ai ni lu Epitecte, ni fait de sport : je vais essayer !
Une anxieuse qui compatit (je n'ai ni lu Epitecte, ni fait de sport : je vais essayer !
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