Recherche de textes qui montrent l'évolution de la perception qu'on se fait de l'enfant

charlygp a écrit:

Bonjour,

concernant ce thème, on peut prendre la vision d'Astyanax qui évolue chez Homère, Ronsard, André Pieyre de Mandiarque, Racine.

Il y aussi la perception de l'enfant chez Rabelais qui est intéressante ainsi que celle de Montaigne.

Au XVIIIè siècle, on déteste les enfants donc on les évoque peu ou alors ils sont perçus d'une mauvaise manière. Au XIXè, ils réapparaissent et sont parfois des personnages centraux.

Edit : il y a un très bon livre sur le sujet Les enfants dans la littérature française de Marina Bethlenfalvay

Ça a l'air très intéressant, mais il n'est pas en bibliothèques à Paris.

Une partie de l'ouvrage est disponible sur Google Book : http://books.google.fr/books?id=Eo5pzS8hnN8C&pg=PA10&dq=les+visages+de+l%27enfant+dans+la+litt%C3%A9rature+fran%C3%A7aise&hl=fr&sa=X&ei=OUDGU8CQKsSq0QWu1YD4Dg&ved=0CCEQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false

Merci, je lirai cela cet après-midi !

Je dirais l'Emile de Rousseau - en trouvant un extrait emblématique. Pour le 19ème il me semble qu'il y a deux périodes: dans la première partie, la plus longue, l'enfant est souvent le symbole du couple, de l'union légitime ou non. C'est au mieux un adulte miniature, au pire un pantin prétexte sans réelle intériorité. Dans les romans pour enfants - en particulier la comtesse de Ségur, on trouve des figures néanmoins plus complexes, avec une volonté édifiante. Dans les récits pour adultes, vers les années 70, la représentation change - souvent avec utilisation de la focalisation interne- et l'enfant, centre de la perception, se place au coeur du récit -Poil de Carotte de Jules Renard, Mon petit Trott de Lichtenberger par exemple, évidemment L'enfant de Vallès. Il reste encore des enfants prétexte -Petit Bob par exemple- dont la naïveté permet le développement d'un point de vue explicatif de l'adulte, mais la spécificité de la vision lacunaire enfantine, du rôle de l'imaginaire est mieux mis en scène - l'ancêtre en est le cochet, le chat et le souriceau de La Fontaine.

Un essai de 2011 de Pierre Péju, Enfance obscure, traite assez bien du regard porté sur les enfants dans les sciences humaines et en littérature (beaucoup d'écrivains sont convoqués : Rousseau, Carroll, Collodi, Benjamin, Kafka, Baudelaire, Dickens, Hugo, Nabokov, Sarraute, Michaux, Loti, Sartre, Proust bien sûr). C'est agréable à lire.

Sur Rabelais et Montaigne, un article récent pour te donner à penser : "De l'infans à l'enfant : Rabelais et Montaigne pédagogues" de Jean-Pierre van Eslande dans Enfance et littérature (V. Gély dir.), SFLGC, 2012, p. 17-33 (à la fin de l'ouvrage sont recensés tous les grands travaux, y compris historiques (Ariès, Becchi & Julia), sur ce sujet).

Je dois avoir qq trucs là-dessus ; il faudrait que je regarde.

Ce programme de textes sur la perception de l'enfant et son évolution n'est-il pas trop ambitieux pour des élèves de 1ère STMG ?

Ce type de filière éprouve de grosses difficultés de compréhension avec des textes présentant un vocabulaire fort simple, alors je pense qu'il faut oublier Montaigne et Rabelais, sans vouloir être pessimiste.
J'avais déjà essayé l'Emile de Rousseau et ils ne comprenaient pas avec le vocabulaire en notes, alors je crois que le spectacle risque d'être hilarant avec ces deux auteurs.

Lurima3 a écrit:Ce programme de textes sur la perception de l'enfant et son évolution n'est-il pas trop ambitieux pour des élèves de 1ère STMG  ?

Ce type de filière éprouve de grosses difficultés de compréhension avec des textes présentant un vocabulaire fort simple, alors je pense qu'il faut oublier Montaigne et Rabelais, sans vouloir être pessimiste.
J'avais déjà essayé l'Emile de Rousseau  et ils ne comprenaient pas avec le vocabulaire en notes, alors je crois que le spectacle risque d'être hilarant avec ces deux auteurs.

Non, il suffit de prendre le temps et on étudie moins de textes dans l'année. On commence par faire une "traduction" - (enfin, cela je le fais avec tous les textes de toutes les époques).

Là comme ça, lorsqu'on me dit "enfant prétexte", je pense immédiatement à Nana de Zola qui se sert à plusieurs reprises de son enfant (une fille je crois, c'est un peu loin et un peu tôt...) pour ses propres intérêts.

Pour le XXe, je pense au livre de ma Mère d'Albert Cohen, mais surtout tu trouveras des passages extraordinaires dans les 20 premières pages de La Vie est ailleurs, de Kundera (et sans doute bien représentatif du rapport à l'enfant au XXe). Tiens, il y a aussi une belle relation mère/fils dans La Grande Beune de Pierre Michon (très très court roman). Rapport à la chair qu'on retrouve aussi, entre autres choses merveilleuses, dans le roman de Kundera.

Une phrase de Danielle Sallenave, dans Le Don des morts, me revient à l'esprit : "A défaut d'aimer ce qui pense, on aime ce qui pousse". Ce n'est pas un roman, mais c'est une phrase tirée d'un récit, ou de la description d'une photo, je ne sais plus très bien. Bon, ça, c'est vraiment s'il se trouve que tu as le livre dans ta bibliothèque.

Un texte de Victor Hugo, dans 93  (mais c'est davantage sur la maternité que sur l'enfance) : http://expositions.bnf.fr/hugo/pedago/dossiers/romans/textes/5.htm

N'y aurait-il pas un passage intéressant à étudier dans La Princesse de Clèves? J'essayais de trouver, de manière plus générale, un passage sur la transmission de l'honneur familial (type Rodrigue/don Diegue) dans le roman, mais je ne vois pas.

Un ouvrage intéressant

Les visages de l'enfant dans la littérature française du XIXe
Marina Bethlenfalvay
Droz 1979

Je l'avais utilisé pour un groupement de textes;