- The GoonExpert
Au train où vont les choses, où s'arrêtera-t-on ? Va-t-on franchir dès l'an prochain la barre des 90 % de réussite ? C'est en effet probable : elle est déjà dépassée pour le bac S (90,9 % de réussite cette année) et pour le bac technologique (90,6 %, soit 4,1 points de mieux que l'an dernier). Seule la série professionnelle (81,9 % de réussite "seulement") freine un peu le mouvement. Encore un petit effort : les 95 % de réussite ne sont plus très loin. Et pas grand monde, à vrai dire, ne semble s'en inquiéter. Au ministère de l'Education nationale, on juge même "le crû 2014 excellent". Rappelons que, dans le même temps, les résultats des jeunes Français aux tests internationaux PISA disent exactement le contraire : ils n'ont jamais été aussi faibles.
Au passage, on ne peut que s'étonner aussi d'un système qui permet à quelques centaines d'élèves, certes très brillants, d'être admis avec des moyennes supérieures à 20/20. Par quel mystère est-il possible de dépasser la note maximum ? Aurait-on inventé la perfection relative ? S'agit-il d'une nouvelle exception culturelle française ? Comment expliquer ce miracle à nos voisins étrangers ? Et là encore, où s'arrêtera-t-on ? Aurons-nous l'an prochain des bacheliers à 22 ou 24 de moyenne ?
La porte ouverte à la sélection à l'entrée de l'université
En réalité, chacun en est conscient : cette envolée du taux de réussite au bac - qui est même plus largement accordé que le brevet, c'est dire - ne fait que refléter un affaissement progressif du niveau d'exigence et une multitude de petits abandons. Les savoirs de base, que le baccalauréat est censé contrôler, sont de moins en moins maîtrisés. L'enseignement secondaire, peu à peu, se résout à accepter et à entériner la baisse du niveau général des élèves. En renonçant, bien souvent, à exiger des élèves un minimum de travail et d'efforts, on renonce aussi à imposer un examen qui en soit vraiment un.
http://focuscampus.blog.lemonde.fr/2014/07/12/879-de-reussite-au-bac-ou-la-strategie-du-renoncement/
- wanaxFidèle du forum
Le crû du nihil ?
C'est un boncrû cru.
Quand même !
C'est un bon
Quand même !
- PabloPEExpert
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"Et moi qui
me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun."
- GrypheMédiateur
Mais enfin, il ne faut pas tout mélanger. Le problème n'est pas que le % de réussite au bac augmente, mais qu'il augmente artificiellement en raison de barèmes aménagés.
Je pense qu'on serait tous ravis ici que ce % soit élevé si cela correspondait réellement à l'élévation corrélative du niveau de maîtrise de la langue par nos élèves.
Je pense qu'on serait tous ravis ici que ce % soit élevé si cela correspondait réellement à l'élévation corrélative du niveau de maîtrise de la langue par nos élèves.
- BalthazaardVénérable
C'est en tous cas un billet remarquablement lucide, à la fois sur le constat, les causes et les probables conséquences. je trouve bien qu'on puisse y accéder par le monde
- trompettemarineMonarque
+1000Gryphe a écrit:Mais enfin, il ne faut pas tout mélanger. Le problème n'est pas que le % de réussite au bac augmente, mais qu'il augmente artificiellement en raison de barèmes aménagés.
Je pense qu'on serait tous ravis ici que ce % soit élevé si cela correspondait réellement à l'élévation corrélative du niveau de maîtrise de la langue par nos élèves.
- OlympiasProphète
Je plussoietrompettemarine a écrit:+1000Gryphe a écrit:Mais enfin, il ne faut pas tout mélanger. Le problème n'est pas que le % de réussite au bac augmente, mais qu'il augmente artificiellement en raison de barèmes aménagés.
Je pense qu'on serait tous ravis ici que ce % soit élevé si cela correspondait réellement à l'élévation corrélative du niveau de maîtrise de la langue par nos élèves.
- JacqGuide spirituel
Gryphe a écrit:Mais enfin, il ne faut pas tout mélanger. Le problème n'est pas que le % de réussite au bac augmente, mais qu'il augmente artificiellement en raison de barèmes aménagés.
Je pense qu'on serait tous ravis ici que ce % soit élevé si cela correspondait réellement à l'élévation corrélative du niveau de maîtrise de la langue par nos élèves.
+1000
- dandelionVénérable
Notons cependant que nous aimons tous les bons résultats, et les mentions. Je suis la première à me réjouir des bons résultats de mes élèves, ou de mes enfants. Sur un autre fil, Gryphe s'était, très légitimement, réjouie des bons résultats de son collège au brevet. Une collègue était heureuse de la mention très bien obtenue par sa fille au même brevet, tout en regrettant qu'elle n'ait eu qu'une note moyenne en français. Nous savons que ces résultats sont finalement bien relatifs, mais nous nous précipitons pour les avoir, nous les considérons comme un vrai reflet de notre valeur en tant qu'enseignants, personnels administratifs, élèves ou parents.
Nous vivons dans un monde -occidental au moins- qui refuse les aspects négatifs de la vie. Que des gens échouent, ou même fassent autrement, ce n'est pas acceptable. Aujourd'hui tout le monde a droit à son quart d'heure de célébrité et à son bac. C'est dans le contrat. Pour que ça s'arrête, il faudrait accepter de renoncer aux paillettes et aux miroirs aux selfies.
Nous vivons dans un monde -occidental au moins- qui refuse les aspects négatifs de la vie. Que des gens échouent, ou même fassent autrement, ce n'est pas acceptable. Aujourd'hui tout le monde a droit à son quart d'heure de célébrité et à son bac. C'est dans le contrat. Pour que ça s'arrête, il faudrait accepter de renoncer aux paillettes et aux miroirs aux selfies.
- DimkaVénérable
Mais est-on content d’acquérir des diplômes et des honneurs dont tout le monde pense qu’ils ne valent rien ? Est-on content d’avoir un quart d’heure de célébrité qui ne fasse pas consensus ? Les lycéens sont-ils dupes ? Et surtout, que penseront les lycéens l’année prochaine, quand ils se prendront le supérieur dans la tronche ? Quand je suis entré à la fac, le discours des profs, c’était « oubliez tout ce que vous avez appris au lycée », j’en ai conçu un certain ressentiment à l’égard du secondaire, une vague impression d’arnaque.dandelion a écrit:Nous vivons dans un monde -occidental au moins- qui refuse les aspects négatifs de la vie. Que des gens échouent, ou même fassent autrement, ce n'est pas acceptable. Aujourd'hui tout le monde a droit à son quart d'heure de célébrité et à son bac. C'est dans le contrat. Pour que ça s'arrête, il faudrait accepter de renoncer aux paillettes et aux miroirs aux selfies.
On voudrait que tous réussissent quelque chose de difficile. La hiérarchie a décidé de favoriser le « tous » au détriment de « quelque chose de difficile », et ceux qui défendent la valeur du bac voudraient favoriser le « quelque chose de difficile ». Après, j’ai du mal à voir pourquoi on en arrive à « tous avec un bac S », de nombreux élèves pourraient réussir quelque chose de difficile dans un domaine qui leur convient (donc y compris en bac pro ou techno). Et on pourrait se contenter de proposer à tous la possibilité de tenter quelque chose de difficile : si 30% de la population passe son bac et l’obtient, mais que les autres obtiennent un autre type de diplôme qui les intéresse, il n’y a pas d’échec. Bien moins que dans la situation actuelle.
Et je trouve que c’est totalement faux de dire que la société refuse l’échec et les aspects négatifs de la vie, au contraire, les 90% de bacheliers, c’est aussi la moitié qui va se planter l’année suivante. Le monde occidental est le monde de l’échec, le monde de la sélection et du classement, et donc celui des recalés, des chômeurs, des exclus, de la marginalisation, même les meilleurs peuvent subir l’échec (les meilleurs étudiants préparent l’agrégation ou les concours d’accès aux grandes écoles, combien y échouent ? Les meilleurs obtiennent un concours, combien redoublent, abandonnent leur année de stage, ou en sont virés ? Les meilleurs sportifs vont aux compétitions les plus prestigieuses, on s’y moque pourtant des derniers et des perdants), parce qu’on ne conçoit la réussite que selon une seule voie et que par l’échec des autres, alors qu’on pourrait aussi la concevoir comme le fait de trouver sa place.
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- Spoiler:
- User5899Demi-dieu
Evidemment, j'aime que mes élèves réussissent. Enfin, ce que j'aimerais, c'est retrouver une cohérence plus fréquente entre ce que sait ou pas faire un élève et ses résultats au Bac. Je ne me suis jamais planté sur mes pronostics pour le supérieur, fac ou prépa, mais je ne donnerais jamais aujourd'hui un pronostic pour le Bac, et surtout pas en français; où la notation est devenue imprévisible. Entre le correcteur qui note globalement et celui qui décortique des tas de points qui n'ont rien à voir avec un exercice donné, il y a un monde... qu'on ne peut prévoir.
- philannDoyen
Je souscris aux propos de Dimka!
Je ne vois pas comment l'on peut sérieusement prétendre vouloir 1°mener TOUT le monde à un examen 2) Que cet examen est une valeur (qu'il soit lié à une exigence) et 3) avoir des scores staliniens ou dignes d'une république bananière.
Tant qu'on continuera de croire que tous peuvent tout faire, on continuera à avoir une telle descente en flèche du niveau.
Je me réjouis des bons résultats de mes élèves comme tout le monde...mais je pleure du mur qu'ils vont se prendre dans la figure ap.
Je ne vois pas comment l'on peut sérieusement prétendre vouloir 1°mener TOUT le monde à un examen 2) Que cet examen est une valeur (qu'il soit lié à une exigence) et 3) avoir des scores staliniens ou dignes d'une république bananière.
Gryphe a écrit:Mais enfin, il ne faut pas tout mélanger. Le problème n'est pas que le % de réussite au bac augmente, mais qu'il augmente artificiellement en raison de barèmes aménagés.
Je pense qu'on serait tous ravis ici que ce % soit élevé si cela correspondait réellement à l'élévation corrélative du niveau de maîtrise de la langue par nos élèves.
Tant qu'on continuera de croire que tous peuvent tout faire, on continuera à avoir une telle descente en flèche du niveau.
Je me réjouis des bons résultats de mes élèves comme tout le monde...mais je pleure du mur qu'ils vont se prendre dans la figure ap.
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- JacqGuide spirituel
dandelion a écrit:Notons cependant que nous aimons tous les bons résultats, et les mentions.
Encore faut-il y voir une valeur. IL y a quelques années nous avions une classe (1/2) de 16 élèves, nous pensions que la moitié seulement aurait le bac, et 15 sur 16 ont obtenu une mention. Quelle valeur ? Et c'était il y a cinq ans !
Une amie, hier, m'expliquait que dans son établissement il y avait plus de mentions bien et très bien que de mentions passables.
EDIT : et dans certains filières de mon établissement les collègues me disaient que leurs élèves étaient bien moins qualifiés et travailleurs qu'avant, et pourtant le taux de réussite est supérieur (bon, faut dire qu'on a supprimé les questions difficiles pour eux au bac)...
- Presse-puréeGrand sage
Gryphe a écrit:Mais enfin, il ne faut pas tout mélanger. Le problème n'est pas que le % de réussite au bac augmente, mais qu'il augmente artificiellement en raison de barèmes aménagés.
Je pense qu'on serait tous ravis ici que ce % soit élevé si cela correspondait réellement à l'élévation corrélative du niveau de maîtrise de la langue par nos élèves.
Voilà. Le taux de réussite à un examen (je parle bien d'examens) n'a pas à se calculer par le nombre de collés, mais par les réelles acquisitions qu'il manifeste chez les élèves.
Le problème n'est pas la hauteur du pourcentage, mais qu'on l'augmente en baissant les exigences, en proposant des sujets difficiles (pour faire genre qu'on ne lâche pas sur les exigences) qu'on corrige n'importe comment derrière, ce qui aboutit en fait à cette baisse des exigences.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- KikiHabitué du forum
Depuis combien d'années peut-on constater que l'on demande aux correcteurs du bac de noter "large" ?
Jusqu'à présent je n'ai noté que le brevet et cela fait six ans que l'on nous ordonne explicitement de noter "large".
Je voudrais savoir quel événement a produit ce changement. Est-ce lié à la montée du chômage ? On évite les redoublements pour faire des économies mais n'y a-t-il pas autre chose ?
Jusqu'à présent je n'ai noté que le brevet et cela fait six ans que l'on nous ordonne explicitement de noter "large".
Je voudrais savoir quel événement a produit ce changement. Est-ce lié à la montée du chômage ? On évite les redoublements pour faire des économies mais n'y a-t-il pas autre chose ?
- JacqGuide spirituel
Kiki a écrit:Depuis combien d'années peut-on constater que l'on demande aux correcteurs du bac de noter "large" ?
Jusqu'à présent je n'ai noté que le brevet et cela fait six ans que l'on nous ordonne explicitement de noter "large".
Je voudrais savoir quel événement a produit ce changement. Est-ce lié à la montée du chômage ? On évite les redoublements pour faire des économies mais n'y a-t-il pas autre chose ?
Le but est d'atteindre un % de réussite malgré le niveau, c'est aussi simple que cela. Pourquoi certains examens ont-ils été modifiés ?
En Histoire-Géo, bac pro, la première question était ambitieuse (question sèche, de cours). Les élèves qui n'apprennent pas avaient donc zéro sur 9, donc loupaient l'épreuve. Réaction : on a supprimé la question sèche ! Tant pis pour les élèves qui apprennaient et qui eux obtenaient là des points !
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