- LouisBarthasExpert
Avec 27 000 soldats français tués par la mitraille allemande sur 400 km de front, le 22 août 1914 fut la journée la plus sanglante de l'histoire de France, moins de trois semaines après le début du conflit. À Charleroi, 7 000 soldats sont tombés ce jour-là.
Ces hécatombes du début du conflit ont été longtemps occultées parce qu'elles révélaient les faiblesses de la doctrine française de l'offensive, doublée de l'incompétence du commandement.
Du 20 au 25 août, 40 000 soldats français perdront la vie au cours de la bataille des Frontières.
« On attaquera l'ennemi partout où on le rencontrera » avait dit Joffre le 14 août, totalement inconscient des capacités terriblement destructrices de l'armement moderne dont les guerres de Sécession et russo-japonaise avaient pourtant donné l'exemple, favorisant la défense contre l'attaque.
Les soldats français qui chargent à la baïonnette le 22 août au matin sont décimés par les mitrailleurs allemands en position défensive. Et les officiers sommés d'affronter l'ennemi "corps redressé", sans chercher à s'abriter, pour donner l'exemple, sont les plus touchés.
À Charleroi, le matin du 22, les Bretons du 2e bataillon du 41e régiment, soit un peu moins de mille hommes, doivent partir à l'attaque d'Arsimont. Georges Vaux, resté en arrière, les observe :
« L'ordre arrive aux quatre compagnies du bataillon de soutenir l'attaque à la baïonnette sur Arsimont. Au loin on aperçoit la 6e compagnie qui s'élance : en tête le capitaine Déchard, le sabre à la main droite, le révolver au poing gauche. À sa suite, les lieutenants Cholet et Grassiot suivis de tous leurs hommes ; on manoeuvre comme à l'exercice ; c'est un élan extraordinaire. La 5e compagnie, dirigée par le capitaine Tuloup, suit la 6e. Le capitaine est blessé ; le lieutenant Benoit prend le commandement. La 7e cie arrive ; tous ces Bretons foncent sur la fameuse Garde impériale. »
De Gaulle a livré son témoignage de ce début de guerre lorsque lui-même a dû mener sa section à la reconquête de la citadelle de Dinant le 15 août :
« Le capitaine Bosquet nous crie : "La 11e en avant ! Sur leurs talons ! De l'autre côté du pont ! La 1re section en tête !" Je hurle : "Première section ! Avec moi en avant !" et je m'élance, conscient que notre seule chance de réussite est de faire très vite avant que l'ennemi, qu'on voit refluer précipitamment, n'ait eu le temps de se retourner. J'ai l'impression que mon moi vient à l'instant de se dédoubler : un qui court comme un automate et un autre qui observe avec angoisse. J'ai à peine franchi la vingtaine de mètres qui nous séparent de l'entrée du pont que je reçois au genou comme un coup de fouet qui me fait manquer le pied. les quatre premiers qui sont avec moi sont également fauchés en un clin d'oeil. Je tombe, et le sergent Debout tombe sur moi, tué raide ! Alors c'est pendant une demi-minute une grêle épouvantable de balles autour de moi. Je les entends craquer sur les pavés et les parapets, devant, derrière, à côté ! Je les entends aussi rentrer avec un bruit sourd dans les cadavres et les blessés qui jonchent le sol. »
Ces hécatombes du début du conflit ont été longtemps occultées parce qu'elles révélaient les faiblesses de la doctrine française de l'offensive, doublée de l'incompétence du commandement.
Du 20 au 25 août, 40 000 soldats français perdront la vie au cours de la bataille des Frontières.
« On attaquera l'ennemi partout où on le rencontrera » avait dit Joffre le 14 août, totalement inconscient des capacités terriblement destructrices de l'armement moderne dont les guerres de Sécession et russo-japonaise avaient pourtant donné l'exemple, favorisant la défense contre l'attaque.
Les soldats français qui chargent à la baïonnette le 22 août au matin sont décimés par les mitrailleurs allemands en position défensive. Et les officiers sommés d'affronter l'ennemi "corps redressé", sans chercher à s'abriter, pour donner l'exemple, sont les plus touchés.
À Charleroi, le matin du 22, les Bretons du 2e bataillon du 41e régiment, soit un peu moins de mille hommes, doivent partir à l'attaque d'Arsimont. Georges Vaux, resté en arrière, les observe :
« L'ordre arrive aux quatre compagnies du bataillon de soutenir l'attaque à la baïonnette sur Arsimont. Au loin on aperçoit la 6e compagnie qui s'élance : en tête le capitaine Déchard, le sabre à la main droite, le révolver au poing gauche. À sa suite, les lieutenants Cholet et Grassiot suivis de tous leurs hommes ; on manoeuvre comme à l'exercice ; c'est un élan extraordinaire. La 5e compagnie, dirigée par le capitaine Tuloup, suit la 6e. Le capitaine est blessé ; le lieutenant Benoit prend le commandement. La 7e cie arrive ; tous ces Bretons foncent sur la fameuse Garde impériale. »
De Gaulle a livré son témoignage de ce début de guerre lorsque lui-même a dû mener sa section à la reconquête de la citadelle de Dinant le 15 août :
« Le capitaine Bosquet nous crie : "La 11e en avant ! Sur leurs talons ! De l'autre côté du pont ! La 1re section en tête !" Je hurle : "Première section ! Avec moi en avant !" et je m'élance, conscient que notre seule chance de réussite est de faire très vite avant que l'ennemi, qu'on voit refluer précipitamment, n'ait eu le temps de se retourner. J'ai l'impression que mon moi vient à l'instant de se dédoubler : un qui court comme un automate et un autre qui observe avec angoisse. J'ai à peine franchi la vingtaine de mètres qui nous séparent de l'entrée du pont que je reçois au genou comme un coup de fouet qui me fait manquer le pied. les quatre premiers qui sont avec moi sont également fauchés en un clin d'oeil. Je tombe, et le sergent Debout tombe sur moi, tué raide ! Alors c'est pendant une demi-minute une grêle épouvantable de balles autour de moi. Je les entends craquer sur les pavés et les parapets, devant, derrière, à côté ! Je les entends aussi rentrer avec un bruit sourd dans les cadavres et les blessés qui jonchent le sol. »
_________________
Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- Isis39Enchanteur
Journée la plus sanglante de l'histoire de France ?
Peut-être bien. Mais il faudrait voir si la Saint Barthélemy ne détient pas ce triste record. Il me semble que sur toute la France on était presque à 30 000 morts.
Peut-être bien. Mais il faudrait voir si la Saint Barthélemy ne détient pas ce triste record. Il me semble que sur toute la France on était presque à 30 000 morts.
- Isis39Enchanteur
LouisBarthas a écrit:Pour la Saint Barthélemy, une statistique doit être très difficile à établir. Mais vous avez raison, je vais rectifier le titre en remplaçant "journée" par "bataille".
De toute façon, cette guerre à été une vraie boucherie.
- LouisBarthasExpert
Je m'aperçois que "bataille" ne convient pas non plus parce que cette journée du 22 août s'inscrit dans la bataille des Frontières qui a duré cinq jours !
Bon, j'ai remis "journée" !
Bon, j'ai remis "journée" !
_________________
Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- cliohistHabitué du forum
+ 1les faiblesses de la doctrine française de l'offensive, doublée de l'incompétence du commandement.
22 août 1914: le jour le plus meurtrier de l’histoire de l’armée française titre Libération pour un entretien avec Jean-Michel Steg, l'auteur de l'ouvrage «Le jour le plus meurtrier de l’histoire de France», Fayard
L'article mentionne 27.000 morts et disparus* en un seul jour, dont environ 7.000 pour la seule bataille qui se déroula autour du village belge de Rossignol ; environ 10 000 côté allemand.
http://www.liberation.fr/societe/2014/08/22/22-aout-1914-le-jour-le-plus-meurtrier-de-l-histoire-de-l-armee-francaise_1084713
2 exemples normands :
- Le 22 août 1914, 319 soldats du 104e régiment d'infanterie (Argentan) ont été tués à Ethe.
- 6 Virois figurent parmi les tués du 22 août (Rossignol, Châtelet, Arsimont).
* d'après Mémoire des hommes, dans leur cas, la confirmation légale de leur décès attend 1920 et 1921.
http://clioweb.canalblog.com/tag/22aout1914
- LouisBarthasExpert
Dans son journal daté de la fin août, Louis Barthas écrit que « de tous les anciens de la 13e escouade je restai le seul combattant et le ravitailleur Terrisse ; tous les autres étaient blessés ou tués. À quand mon tour maintenant ? ».
(Les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918)
(Les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918)
_________________
Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- Pas de prérentrée en août pour le SNALC: préavis de grève pour la journée du 31 août 2015.
- Apprendre qu'on est tuteur d'un stagiaire le lundi 27 août, se voir convoqué au rectorat jeudi 30 août pour une réunion
- Peut-on me retirer une journée de salaire si je n'assiste pas à un stage qui se déroule une journée où je n'ai aucun cours ?
- Une demi-journée portes ouvertes organisée au titre de la journée de solidarité reconnue comme obligation de service.
- 1914-1918
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum