Capes de lettres 2014 : alors, comment s'est déroulé votre oral ?

Voilà une heure, j'étais encore dans "la fosse aux lions", pour la première épreuve du capes lettres modernes, session exceptionnelle 2014 à Tours. J'ai eu le choix entre Ronsard (Un poème à la con, où l'amoureux est comparé à un cerf, la dame à Diane Chasseresse) et Rousseau, (Les Rêveries d'un promeneur solitaire) j'ai choisi Rousseau avec une question portant sur les syntagmes prépositionnels. Je ne sais pas pour vous, mais le vieux françois me fait peur, j'ai l'impression de lire une langue étrangère avec touteS les ambiguïtés et contre-sens que ça sous-entend.

Quelle horreur! Le temps est passé très vite, je n'ai pas eu le temps de terminer mon explication de texte, j'ai donc du improviser devant le jury. (Plutôt sympathique par ailleurs, enfin, je les ai trouvés plutôt agréables.) En effet, comme une truffe, j'ai mal lu la consigne et j'ai travaillé ma grammaire sur une partie du texte beaucoup plus large que celle demandée. Conseil? Soyez hyper attentifs aux lignes données. Bon, au moins, j'ai tenu les quarante minutes, même si j'avais l'impression d'être Daniel Cohn Bendit sur la fin, clamant les beautés de la nature, et parlant de ses bienfaits pour l'Homme, ce qui était de la totale digression.

Impressions ? Très mitigées. J'ai l'impression d'avoir sorti des horreurs toutes les minutes: à cause du stress, j'avais des trous de mémoire, et certaines choses évidentes m'apparaissaient très difficiles. Par exemple, j'ai donné une mauvaise définition de l'hypallage, et je me suis emmêlée les pinceaux avec les termes "avalent", "monovalent"...ayant confondu les termes. Le pire, c'est qu'au fond de moi, une voix me disait que quelque chose sonnait bizarre...Bref, cette expérience est vraiment étonnante et éprouvante. En sortant, je réalisai petit à petit toutes mes bêtises et me disais :" bon dieu, ce n'est pas possible! Non ! Je n'ai pas fait ça !" Je crois qu'on perd 50% de ses moyens dans ces situations, d'où l'importance d'avoir énormément de rigueur et des connaissances solides, pour ne pas avoir l'impression de rejouer le naufrage du Batavia.
Bon courage, en espérant que vos impressions soient meilleures que les miennes.

Maintenant que c'est passé, n'y pense plus trop : il te reste par contre à bien préparer la seconde épreuve

Je crois que ton expérience montre aussi l'importance de bien s'entraîner : est-ce que tu avais passé plusieurs orales blanches de ce type auparavant ?

Oui, c'est sûr, mais c'est humain ce n'est vraiment pas facile. On se sent une bille ! Pour me donner du courage, je pense à cette élève que j'avais fait passer en oral blanc du bac, toute joufflue, toute mimi, et qui s'était plantée en beauté. Réalisant qu'elle se mélangeait les pinceaux, elle avait soupiré un bon coup, haussé ses épaules et m'avait dit : "je crois que j'ai capoté, pour aujourd'hui c'est mort mais ça ira p'tre mieux la prochaine fois". A vrai dire, je ne sais pas comment se sont déroulées ses épreuves, mais il n'empêche que ce pragmatisme et cet optimisme m'avaient fait sourire et réaliser qu'au fond, oui, il faut regarder devant soi. C'est avec cet esprit de pionnier, qu'on finit par faire quelque chose même de modeste.

Et non, je ne m'étais pas entraînée suffisamment. Séparément, j'avais bien effectué plusieurs explications de texte et quelques épreuves de grammaire mais jamais ensemble d'où ce sentiment de flou. En plus, c'était pas de bol, je n'aimais aucun des deux auteurs proposés. Rousseau me gonfle. J'avais adoré apprendre sur sa vie, (quel excentrique!) mais son oeuvre m'ennuie. J'ai l'impression de ne pas être assez mûre pour comprendre ses motivations et réflexions, étant encore à me débattre avec la vie active et le plein présent qu'il a lui digéré et analysé.

De plus, je me souviens avoir lu le tome 1 des confessions juste après les quatre tomes de la saga Game of Thrones, et ce décalage m'avait plus amusée que séduite. Dans Game of Thrones, on est dans du sauvage, du violent, (Winter is comming les gars, pas le temps pour les sensibleries ! ) et paf tu te retrouves d'un coup avec un mec racontant qu'il court dans la nature comme un petit fou avec son cousin et son chien et qu'il a envie de pleurer pour un rien. Du coup, oui, c'est pas évident de s'investir dans un texte qui nous est étranger quelque part, et regrette de n'avoir pas eu plus de chance. Enfin, comme je le dis, ceci n'est que mon témoignage direct, peut-être n'était ce pas si catastrophique si j'en juge par certains plans de commentaires liés à cet extrait. J'espère sincèrement qu'une telle aventure et de tels sentiments de "panique" ne seront pas connus par les autres candidats.

Je te répète ce qu'a dit le président du jury lors de la réunion : on est son plus mauvais juge. Écoute le maître et profite de Tours...   

Tiens c'est marrant (enfin façon de parler) mais il m'était arrivé exactement la même chose lorsque j'ai passé le capes l'année dernière, pour la partie grammaire: j'étais sûre d'avoir bien lu que le passage à analyser allait des lignes tant à tant. Cela faisait un "bon" passage et je n'avais pas eu le temps de finir l'analyse des occurrences.
J'arrive face au jury avec mon intro, mon plan et seulement les premières lignes analysées (et bien sûr l'étude de texte). Je lis mon intro et j'enchaîne sur la première occurrence: le jury échange des regards et je comprends immédiatement qu'il y a un problème.

Je l'ai joué un peu comme la gamine dont tu parles: j'ai respiré un grand coup et je leur ai dit la vérité, que par manque de temps je n'avais pas pu terminer la grammaire mais que si je l'avais eu voila comment je l'aurais traitée (et j'ai expliqué mon plan, etc.).

Mon passage n'a pas dû durer plus de 20-25mn (j'ai toujours été une speedy gonzales pour les oraux de la fac donc bon j'étais dans mon timing :lol: ); lorsque je suis revenue pour la partie question, un des membres du jury a simplement repris la grammaire par cette phrase "bien nous allons revenir sur l'extrait qui allait de la ligne tant+10 à la ligne tant..." c'est ainsi que j'ai réalisé ma méprise (et pourtant j'étais persuadée d'avoir bien vérifié, tellement l'extrait me paraissait long sur le coup - et un doute subsiste toujours dans mon esprit quand au fait que cela était mal indiqué sur le document    )

conclusion de ce pavé? J'ai eu 14/20 pour cette épreuve. Donc ne t'inquiète pas, ce n'est pas forcément pénalisant  

Bon, pour l'épreuve de didactique, je suis tombée sur deux nanas ultra sympas. Je me fiche de leur notation, cette attitude là m'est apparue comme une bénédiction. Sans rire, ici au moins j'avais l'impression de passer un concours qui permettait d'exercer un métier en rapport avec l'humain. Et, comme ce ne doit pas être facile, je les admire d'autant plus.

Pour plus de cordialité de la part du jury, hip hip hourra !

Pour finir sur ce témoignage, je finirais sur deux conseils.
Pensez à acheter un thermos si comme moi vous ne pouvez rien faire sans un café le matin. Comme vous avez pu le lire, ce genre de "manque" peut nuire à votre approche de l'épreuve.
Convoquée à 6h10, rien n'était ouvert, si bien que je suis arrivée avec juste du jus d'orange trop sucrés et du pain dans le ventre.

Si comme moi vous êtes émotif, n'hésitez pas à demander conseil à votre médecin. J'avais l'habitude dans ce genre de situation de prendre un spasmine ou un quart de lexomil, mais le jour de la première épreuve je n'avais rien, d'où une totale panique. Ce matin, j'ai réussi à me procurer un quart de lexomil, et je me sentais comme à un festival hippy mais avec la classe d'une Rotschild !

John a écrit:Maintenant que c'est passé, n'y pense plus trop : il te reste par contre à bien préparer la seconde épreuve

Je crois que ton expérience montre aussi l'importance de bien s'entraîner : est-ce que tu avais passé plusieurs orales blanches de ce type auparavant ?

   

Renardfuté a écrit:Bon, pour l'épreuve de didactique, je suis tombée sur deux nanas ultra sympas. Je me fiche de leur notation, cette attitude là m'est apparue comme une bénédiction. Sans rire, ici au moins j'avais l'impression de passer un concours qui permettait d'exercer un métier en rapport avec l'humain. Et, comme ce ne doit pas être facile, je les admire d'autant plus.

Pour plus de cordialité de la part du jury, hip hip hourra !

Ah ben moi, je suis tombée sur un jury très sympa aussi mais, finalement, ça ne m'a pas aidée.

Renardfuté a écrit:Si comme moi vous êtes émotif, n'hésitez pas à demander conseil à votre médecin. J'avais l'habitude dans ce genre de situation de prendre un spasmine ou un quart de lexomil, mais le jour de la première épreuve je n'avais rien, d'où une totale panique. Ce matin, j'ai réussi à me procurer un quart de lexomil, et je me sentais comme à un festival hippy mais avec la classe d'une Rotschild !

J'aurais dû y penser, ça m'aurait évité de chouiner devant le jury.  

Pourrais-tu corriger la coquille dans ton titre ? cela pique les yeux   

Ronsard du vieux français... et puis quoi encore !

Et puis surtout, le problème c'est qu'il écrit des poèmes à la con, Ronsard....

Renardfuté a écrit:
Si comme moi vous êtes émotif, n'hésitez pas à demander conseil à votre médecin. J'avais l'habitude dans ce genre de situation de prendre un spasmine ou un quart de lexomil, mais le jour de la première épreuve je n'avais rien, d'où une totale panique. Ce matin, j'ai réussi à me procurer un quart de lexomil, et je me sentais comme à un festival hippy mais avec la classe d'une Rotschild !

J'avais pris des bêtabloquants.   

ysabel a écrit:Pourrais-tu corriger la coquille dans ton titre ? cela pique les yeux   

Je dois être bête mais je ne vois pas la coquille . Sinon je n'ai pas compris non plus l'allusion au vieux français...

Bon courage pour tous ceux qui vont passer leurs oraux !

BlackMail a écrit:

ysabel a écrit:Pourrais-tu corriger la coquille dans ton titre ? cela pique les yeux   

Je dois être bête mais je ne vois pas la coquille . Sinon je n'ai pas compris non plus l'allusion au vieux français...

Bon courage pour tous ceux qui vont passer leurs oraux !

Elle vient apparemment d'être corrigée: de "coment" on est passé à "comment"...

BlackMail a écrit:

ysabel a écrit:Pourrais-tu corriger la coquille dans ton titre ? cela pique les yeux   

Je dois être bête mais je ne vois pas la coquille . Sinon je n'ai pas compris non plus l'allusion au vieux français...

Bon courage pour tous ceux qui vont passer leurs oraux !

Renardfuté a écrit: J'ai eu le choix entre Ronsard (Un poème à la con, où l'amoureux est comparé à un cerf, la dame à Diane Chasseresse) et Rousseau, (Les Rêveries d'un promeneur solitaire) j'ai choisi Rousseau avec une question portant sur les syntagmes prépositionnels. Je ne sais pas pour vous, mais le vieux françois me fait peur, j'ai l'impression de lire une langue étrangère avec touteS les ambiguïtés et contre-sens que ça sous-entend.

Ronsard, c'est déjà du français moderne...   un peu archaïsant, certes, mais rien de bien difficile.

Provence a écrit:

Renardfuté a écrit:
Si comme moi vous êtes émotif, n'hésitez pas à demander conseil à votre médecin. J'avais l'habitude dans ce genre de situation de prendre un spasmine ou un quart de lexomil, mais le jour de la première épreuve je n'avais rien, d'où une totale panique. Ce matin, j'ai réussi à me procurer un quart de lexomil, et je me sentais comme à un festival hippy mais avec la classe d'une Rotschild !

J'avais pris des bêtabloquants.   

Attention : le lexomil ça peut rendre euphorique, et ce n'est pas bon non plus d'arriver à l'épreuve en étant tout fou de joie.

Audrey a écrit:Et puis surtout, le problème c'est qu'il écrit des poèmes à la con, Ronsard....

C'est de l'ironie ?

Audrey: Ok merci :].

Ysabel: Je sais bien, parler de vieux français pour un texte du XVIe me fait légèrement halluciner ^^.

John a écrit:

Audrey a écrit:Et puis surtout, le problème c'est qu'il écrit des poèmes à la con, Ronsard....

C'est de l'ironie ?

Tu te doutes bien que je ne transcris pas ici ma pensée personnelle, John... j'évoque le propos tenu dans le premier message de ce post...qui me laisse un peu dubitative, quand même. Qu'on puisse ne pas apprécier Ronsard, ma foi, je peux comprendre, mais dire qu'un de ses poèmes est un "poème à la con" quand on passe l'oral du Capes...oui, ça me laisse un peu comme ça:   

Enzo17 a écrit:

John a écrit:Maintenant que c'est passé, n'y pense plus trop : il te reste par contre à bien préparer la seconde épreuve

Je crois que ton expérience montre aussi l'importance de bien s'entraîner : est-ce que tu avais passé plusieurs orales blanches de ce type auparavant ?

   

des (épreuves) orales blanches  

John a écrit:

Audrey a écrit:Et puis surtout, le problème c'est qu'il écrit des poèmes à la con, Ronsard....

C'est de l'ironie ?

Audrey reprend l'expression de Renardfuté...   

Audrey a écrit:

John a écrit:

Audrey a écrit:Et puis surtout, le problème c'est qu'il écrit des poèmes à la con, Ronsard....

C'est de l'ironie ?

Tu te doutes bien que je ne transcris pas ici ma pensée personnelle, John... j'évoque le propos tenu dans le premier message de ce post...qui me laisse un peu dubitative, quand même. Qu'on puisse ne pas apprécier Ronsard, ma foi, je peux comprendre, mais dire qu'un de ses poèmes est un "poème à la con" quand on passe l'oral du Capes...oui, ça me laisse un peu comme ça:   

  

Audrey a écrit:

John a écrit:

Audrey a écrit:Et puis surtout, le problème c'est qu'il écrit des poèmes à la con, Ronsard....

C'est de l'ironie ?

Tu te doutes bien que je ne transcris pas ici ma pensée personnelle, John... j'évoque le propos tenu dans le premier message de ce post...qui me laisse un peu dubitative, quand même. Qu'on puisse ne pas apprécier Ronsard, ma foi, je peux comprendre, mais dire qu'un de ses poèmes est un "poème à la con" quand on passe l'oral du Capes...oui, ça me laisse un peu comme ça:   

Moi aussi... entre "poème à la con" et Ronsard du vieux français. Je me dis que ce futur collègue manque encore de quelque chose.

Pardonnez-moi pour mes imprécisions. J'entends par "vieux françois" (référence à Kaamelott) du français dans le texte de l'époque qui pardonnez-moi a encore une syntaxe et des expressions qui n'ont plus lieu d'être aujourd'hui. (Pour l'épreuve de grammaire, ça m'a refroidi ! )  C'est donc pour moi du vieux français, au sens d'un français d'avant l'académie française et ses normes voire mais c'est évident, un français différent du notre.  Je ne crois pas que lever les bras au ciel face à cette lapalissade soit pertinent.


Pour ce qui est de ma formule" à la con", pardonnez-moi de ne pas rester bouche bée devant un poète qui se compare avec un cerf ayant été criblé de flèches d'amour par sa belle. Pour moi aujourd'hui, ces élans passionnés et ces ballades romantiques m'ennuient. Elles me rappellent Francis Cabrel et Lalanne, sauf que oui, c'est mieux écrit. Je n'ai pas envie de m'agenouiller devant chaque grand nom du patrimoine sous prétexte qu'ils y sont. Ronsard pour moi, c'est un peu comme ce vieux vase ornemental de la grand mère qu'on garde sentimentalement et parce que, oui, il est bien réalisé, mais qui aujourd'hui dans ce cadre là d'écriture n'a plus vraiment de sens. En revanche, ses oeuvres engagées dans le contexte des guerres de religion sont à mon sens plus intéressantes, et c'est ici que je lui trouve une personnalité plus complexe, plus singulière et à dire vrai susceptible de nous éclairer aujourd'hui sur le monde et pour notre avenir.
Mais surtout j'ai dit ça parce qu'il s'agissait d'un extrait de poème qui faisait dans son intégralité six pages. Dès lors, pour le traiter, il aurait fallu que je lise l'ensemble du poème, et ça m'aurait pris un temps fou.
Voilà, après n'y voyez pas de la pédanterie, je ne suis qu'une lectrice qui dit juste pourquoi elle n'a jamais gardé Ronsard sur sa table de chevet, et qui se permet de dire des gros mots car après tout la langue évolue et qu'à y regarder rétrospectivement, la belle langue de Ronsard par exemple repose sur le fumier linguistique des romains en tongs du 1er siècle après notre ère.

ps: Pardonnez-moi pour la coquille, mon ordinateur a pris la pluie une fois et depuis, je dois appuyer très fort sur les touches pour écrire correctement ce qui n'est pas toujours évident.

Je ne vois pas le rapport entre Ronsard et Kaamelott ni avec les ballades romantiques...

Tu as l'air de mépriser royalement le patrimoine littéraire alors pourquoi veux-tu devenir prof de lettres si Ronsard fait des poèmes à la con, que Rousseau te gonfle, etc. ?

Même question, je remercie Ysabel de m'avoir évité de la poser de façon moins policée.