- JohnMédiateur
http://www.lemonde.fr/education/article/2014/05/14/etudes-scientifiques-plus-d-exigence-au-lycee-pour-enrayer-le-declin_4416675_1473685.htmlC'est une tendance lourde. Les étudiants désertent les amphis de physique, chimie ou encore de mathématiques. Dans cette dernière matière, alors que l'école de mathématiques française est l'une des plus prestigieuses au monde – onze médailles Fields (attribuées tous les quatre ans au cours du congrès international des mathématiciens) sur cinquante-deux –, les inscriptions se font attendre.[...]
« Le nombre d'étudiants en sciences, et encore plus en mathématiques, n'est pas à la hauteur des besoins et, pire encore, le nombre décline », s'alarmait récemment Geneviève Fioraso, secrétaire d'Etat à l'enseignement supérieur et à la recherche. Le phénomène n'est pas nouveau. Cette désaffection date du milieu des années 1990 et les rapports successifs envoyés aux différents ministres n'y ont rien fait.[...]
Les bacheliers de section S s'y engouffrent ou choisissent d'aller en classes préparatoires. Résultat, en physique, par exemple, les doctorants passés par ce cursus sont largement majoritaires. « Lorsque l'on regarde les chiffres, seuls 30 % des étudiants en doctorat ont commencé leurs études à l'université, contre 70 % passés par une prépa », dit Maximilien Cazayous, professeur de physique à l'université Diderot-Paris-VII.[...]
Les programmes à l'université, eux, seraient trop complexes par rapport aux connaissances acquises au lycée et décourageraient les étudiants. « Il y a une absence notoire d'enthousiasme à l'idée de réussir à résoudre un problème. Or, cet enthousiasme doit être pris tout petit, dès la maternelle, dit un enseignant-chercheur. Le problème est qu'il n'y a qu' une faible fraction de professeurs des écoles qui a fait des sciences. Il faut donc faire venir des intervenants extérieurs. » Et généraliser des initiatives comme « La main à la pâte », lancée par le Prix Nobel de physique en 1992, Georges Charpak, et reposant sur une démarche active.
Comment inverser cette tendance ? « C'est un équilibre subtil à trouver entre le respect accordé par la société au chercheur et à l'enseignant et à la prise de parole du chercheur qui parle de son métier, de l'enseignant qui a voix au chapitre pour définir ses pratiques pédagogiques préférées », affirme Cédric Villani, médaillé Fields en 2010. Mais, pour cet amoureux des mathématiques, l'un des problèmes est la perte des exigences : « Ce n'est pas comme cela que l'on va augmenter l'appétit des jeunes. Les exercices se changent souvent en récitation, en application sans surprise de recettes apprises par coeur sans démonstration et sans compréhension. »
Par Nathalie Brafman
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- EnaecoVénérable
Je ne pense pas que ce soit le niveau des facs de Sciences qui découragent les étudiants. En tout cas il a largement baissé au cours de la dernière décennie.
C'est surtout le nombre et la qualité des élèves qui arrivent en fac qui diminue.
Les prépas ne sont peut-être pas (encore) trop touchées parce que c'est le haut du panier.
Je doute que le décalage entre les nouveaux programmes de TS et les programmes actuels de prépa/fac permettent d'inverser la tendance !
C'est surtout le nombre et la qualité des élèves qui arrivent en fac qui diminue.
Les prépas ne sont peut-être pas (encore) trop touchées parce que c'est le haut du panier.
Je doute que le décalage entre les nouveaux programmes de TS et les programmes actuels de prépa/fac permettent d'inverser la tendance !
- elena3Fidèle du forum
Les programmes à l'université, eux, seraient trop complexes par rapport aux connaissances acquises au lycée et décourageraient les étudiants. « Il y a une absence notoire d'enthousiasme à l'idée de réussir à résoudre un problème. Or, cet enthousiasme doit être pris tout petit, dès la maternelle, dit un enseignant-chercheur. Le problème est qu'il n'y a qu' une faible fraction de professeurs des écoles qui a fait des sciences. Il faut donc faire venir des intervenants extérieurs. » Et généraliser des initiatives comme « La main à la pâte », lancée par le Prix Nobel de physique en 1992, Georges Charpak, et reposant sur une démarche active.
Comment inverser cette tendance ? « C'est un équilibre subtil à trouver entre le respect accordé par la société au chercheur et à l'enseignant et à la prise de parole du chercheur qui parle de son métier, de l'enseignant qui a voix au chapitre pour définir ses pratiques pédagogiques préférées », affirme Cédric Villani, médaillé Fields en 2010. Mais, pour cet amoureux des mathématiques, l'un des problèmes est la perte des exigences : « Ce n'est pas comme cela que l'on va augmenter l'appétit des jeunes. Les exercices se changent souvent en récitation, en application sans surprise de recettes apprises par coeur sans démonstration et sans compréhension. »
Par Nathalie Brafman
C'est idiot. A moins d'économiser pour les intervenants en littérature... qui ne servent à rien, puisque les PE ont majoritairement fait " L "...la filière des nuls !
- PrimuraNiveau 9
OUI, il y a un problème dans l'enseignement des sciences à l'Université.
Déjà, de plus en plus de facs, face à la diminution des effectifs, font des filières de plus en plus pluri-disciplinaires de plus en plus longtemps... Or, il n'y a pas grand chose à voir entre un étudiant en informatique et un étudiant en Chimie - ce qui pousse les étudiants à se retrancher notamment vers les classes préparatoires. Et l'objectif en classe prépa n'est pas vraiment de devenir prof des écoles à 1.400 euros par mois en début de carrière.
Je trouve aussi dommageable l'alliance habituelle Physique et Chimie.
OUI, il y a un rapport entre les deux, ces deux matières sont très, très liées. Le problème est que l'enseignement de ces deux sciences est tellement, tellement différent... Très mathématique en physique, beaucoup moins en chimie, et trop peu de liens tissés - même dans les filières pluridisciplinaires qui ne donnent, en réalité, qu'un goût de "deux (ou trois, ou quatre...) parties de licences mises en une".
Le décalage grandissant des programmes entre la Terminale et la 1ère année de fac n'aide pas non plus à pousser les étudiants vers les Sciences. Surtout avec les passerelles de plus en plus nombreuses en première année...
Déjà, de plus en plus de facs, face à la diminution des effectifs, font des filières de plus en plus pluri-disciplinaires de plus en plus longtemps... Or, il n'y a pas grand chose à voir entre un étudiant en informatique et un étudiant en Chimie - ce qui pousse les étudiants à se retrancher notamment vers les classes préparatoires. Et l'objectif en classe prépa n'est pas vraiment de devenir prof des écoles à 1.400 euros par mois en début de carrière.
Je trouve aussi dommageable l'alliance habituelle Physique et Chimie.
OUI, il y a un rapport entre les deux, ces deux matières sont très, très liées. Le problème est que l'enseignement de ces deux sciences est tellement, tellement différent... Très mathématique en physique, beaucoup moins en chimie, et trop peu de liens tissés - même dans les filières pluridisciplinaires qui ne donnent, en réalité, qu'un goût de "deux (ou trois, ou quatre...) parties de licences mises en une".
Le décalage grandissant des programmes entre la Terminale et la 1ère année de fac n'aide pas non plus à pousser les étudiants vers les Sciences. Surtout avec les passerelles de plus en plus nombreuses en première année...
- VolubilysGrand sage
Euh.. les facs de sciences peinent à recruter et c'est de la faute des professeurs des écoles? ah oui quand même, on a le dos large!
J'ai un bac +4 en biochimie avec spécialisation en virologie et immunologie. Bref des sciences j'en ai bouffé à haute dose pendant des années (et j'adorais ça). Ce qui ne m'aide en rien pour faire sciences en classe et fait que La main à la pâte me file des boutons (car pour moi c'est du bricolage et non des sciences ).
J'ai un bac +4 en biochimie avec spécialisation en virologie et immunologie. Bref des sciences j'en ai bouffé à haute dose pendant des années (et j'adorais ça). Ce qui ne m'aide en rien pour faire sciences en classe et fait que La main à la pâte me file des boutons (car pour moi c'est du bricolage et non des sciences ).
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Je vous prie de m'excuser si mes messages contiennent des coquilles, je remercie les personnes qui me les signaleront par mp pour que je puisse les corriger.
- arcencielGrand Maître
Bah... faut bien trouver un bouc émissaire... nous avons l'habitude et notre dos est large large... Le ridicule ne tue pas.
- philannDoyen
Volubilys a écrit:Euh.. les facs de sciences peinent à recruter et c'est de la faute des professeurs des écoles? ah oui quand même, on a le dos large!
J'ai un bac +4 en biochimie avec spécialisation en virologie et immunologie. Bref des sciences j'en ai bouffé à haute dose pendant des années (et j'adorais ça). Ce qui ne m'aide en rien pour faire sciences en classe et fait que La main à la pâte me file des boutons (car pour moi c'est du bricolage et non des sciences ).
à part ça mettre en parallèle le propos d'un "enseignant-chercheur" inconnu et de Cédric Villani, médaillé Fields faut oser...mais je ne suis pas objective, la perte des exigences me parle beaucoup plus que le "manque d'enthousiasme"
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- wanaxFidèle du forum
Les commentaires :
bouillabaisse 15/05/2014 - 02h10
Tant q'un mauvais médecin gagnera autant ou plus qu'un ingénieur de niveau correct...
Nicolas Portebois 14/05/2014 - 22h50
Il faudrait aussi s'intéresser aux débouchés... La recherche paie-t-elle suffisamment pour attirer les talents ?
Tulipe 14/05/2014 - 21h37
En primaire et au collège, il n'y en a plus que pour l'Histoire des Arts, avec un oral au brevet des collèges. Ajoutons "les artistes " en résidence, les projets "Lez'arts au collège"... Où sont les profs de Sciences ? Où sont les projets Sciences ? Faible part ! Il n'y a pas de lobbys scientifiques à l'Education Nationale,alors qu'il y a des lobbys artistiques..L'heure est grave. Il faut un dispositif sciences-techniques dès la 6ème et évalué au brevets, et des profs de sciences qui se battent
Rudolf BKOUCHE 14/05/2014 - 19h58
Lorsqu'on regarde les programmes de mathématiques du secondaire, on comprend que les étudiants n'aient pas envie. Des bribes de savoir sans aucune cohérence. Difficile ensuite de suivre un enseignement à l'université. Même les classes préparatoires ont dû s'adapter en supprimant des programmes des notions importantes.
HR 14/05/2014 - 15h03
Comment s'étonner du désastre? On réduit de manière criminelle les heures d'enseignement en maths et en sciences dans le secondaire, parce qu'on ne veut pas payer correctement les professeurs, d'où une crise de recrutement terrible. Par démagogie égalitariste, on rabaisse le raisonnement à des récitations ou à l'utilisation des calculettes. Et enfin, on permet à un Peillon obscurantiste de s'attaquer aux CPGE qui arrivent encore à réparer les dégâts, avec beaucoup de travail et d'invention.
- User21714Expert spécialisé
Allons, allons... soyons clairs:
Les PE ne sont aucunement responsables, car c'est à la crèche que l'enseignement des sciences devrait commencer à être fait sérieusement.
Ou alors, in utéro...
Les PE ne sont aucunement responsables, car c'est à la crèche que l'enseignement des sciences devrait commencer à être fait sérieusement.
Ou alors, in utéro...
- RuthvenGuide spirituel
"Pour les enseignants-chercheurs de ces matières, cette désertion s'expliquerait par le fait qu'en France, l'économie est tirée par le tertiaire."
Ah ! Ah ! Ah! Bonne blague ... On présente comme une désertion des études scientifiques ce qui est d'abord et avant tout une désertion de l'université. Pour les scientifiques, les voies alternatives dans les cursus sélectifs sont nombreuses, la stratégie d'évitement tourne à plein régime. Pour ce que je peux voir de mes classes, l'évaporation vers des cursus non scientifiques est relativement marginale, en revanche, les métiers paramédicaux (avec les prépas privées) ont la cote.
Ah ! Ah ! Ah! Bonne blague ... On présente comme une désertion des études scientifiques ce qui est d'abord et avant tout une désertion de l'université. Pour les scientifiques, les voies alternatives dans les cursus sélectifs sont nombreuses, la stratégie d'évitement tourne à plein régime. Pour ce que je peux voir de mes classes, l'évaporation vers des cursus non scientifiques est relativement marginale, en revanche, les métiers paramédicaux (avec les prépas privées) ont la cote.
- user7337Fidèle du forum
N'importe quoi !
Le désintérêt des sciences vient plutôt du secondaire ! On arrête pas de retirer des heures, des demi-groupes en sciences, depuis des années, et après on va faire croire que c'est la faute des PE ??!
Ce désintérêt doit certainement se jouer en collège et lycée ! Faire des TP en collège ou en seconde avec peu de matériel, souvent sans demi-groupes, et avec un programme ras-les pâquerettes en collège, ça ne crée certainement pas des vocations !
Le désintérêt des sciences vient plutôt du secondaire ! On arrête pas de retirer des heures, des demi-groupes en sciences, depuis des années, et après on va faire croire que c'est la faute des PE ??!
Ce désintérêt doit certainement se jouer en collège et lycée ! Faire des TP en collège ou en seconde avec peu de matériel, souvent sans demi-groupes, et avec un programme ras-les pâquerettes en collège, ça ne crée certainement pas des vocations !
- RoninMonarque
républicain a écrit:Allons, allons... soyons clairs:
Les PE ne sont aucunement responsables, car c'est à la crèche que l'enseignement des sciences devrait commencer à être fait sérieusement.
Ou alors, in utéro...
+ 1
- stenchMonarque
Mais, pour cet amoureux des mathématiques, l'un des problèmes est la perte des exigences : « Ce n'est pas comme cela que l'on va augmenter l'appétit des jeunes. Les exercices se changent souvent en récitation, en application sans surprise de recettes apprises par coeur sans démonstration et sans compréhension. »
Par Nathalie Brafman
Ca, c'est quand même plus à prendre en compte, non? Ca me parle plus en tout cas, d'autant que ça fonctionne aussi pour les autres matières.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- grandesvacancesNeoprof expérimenté
Ruthven a écrit:"Pour les enseignants-chercheurs de ces matières, cette désertion s'expliquerait par le fait qu'en France, l'économie est tirée par le tertiaire."
Ah ! Ah ! Ah! Bonne blague ... On présente comme une désertion des études scientifiques ce qui est d'abord et avant tout une désertion de l'université. Pour les scientifiques, les voies alternatives dans les cursus sélectifs sont nombreuses, la stratégie d'évitement tourne à plein régime. Pour ce que je peux voir de mes classes, l'évaporation vers des cursus non scientifiques est relativement marginale, en revanche, les métiers paramédicaux (avec les prépas privées) ont la cote.
+1
- BoubouleDoyen
Les élèves qui aiment les sciences le justifient plus par les arguments de Cédric Villani que pour avoir subi la main à la pâte. C'est juste une expérience personnelle donc ça ne compte pas.
- IgniatiusGuide spirituel
Ce constat est terrible : je le répète sur ce forum et ailleurs depuis des années, et la situation actuelle était attendue malheureusement.
Le point de départ a été la fin des bacs C et D et la création d'une filière unique scientifique : 1995.
A partir de là, en effet, les effectifs ont commencé à diminuer dans les filières scientifiques.
Je pense que la réforme Châtel aura été le coup de grâce porté aux sciences car, on l'a assez répété partout, nous n'enseignons plus les vraies maths en collège et lycée (je ne parle même pas de la physique et de la SVT, portées disparues...) : je partage donc l'avis que la difficulté intrinsèque des sciences, leur nature profonde, dégoûte aujourd'hui énormément d'étudiants qui auraient pu y arriver si on avait maintenu des programmes et des horaires décents dans le secondaire.
Je suis malheureusement aussi d'accord avec le problème du recrutement des PE : il y a déjà 10 ans, plus de 80% des nouveaux PE provenaient de filières non-scientifiques.
Il faut bien comprendre qu'avec les mutations des 5 dernières années, de tels étudiants, futurs PE, n'auront pratiquement aucune connaissance sérieuse en sciences (même les opérations de bases de 6è-5è en maths) : cela ne peut qu'empirer la situation déjà existante.
Pour conclure, le problème du niveau de connaissances et d'intérêt a débarqué cette année en prépa, même les plus cotées (en tous cas en province).
Tout est logique : programmes indigents, formation impossible.
Merci les IG.
Le point de départ a été la fin des bacs C et D et la création d'une filière unique scientifique : 1995.
A partir de là, en effet, les effectifs ont commencé à diminuer dans les filières scientifiques.
Je pense que la réforme Châtel aura été le coup de grâce porté aux sciences car, on l'a assez répété partout, nous n'enseignons plus les vraies maths en collège et lycée (je ne parle même pas de la physique et de la SVT, portées disparues...) : je partage donc l'avis que la difficulté intrinsèque des sciences, leur nature profonde, dégoûte aujourd'hui énormément d'étudiants qui auraient pu y arriver si on avait maintenu des programmes et des horaires décents dans le secondaire.
Je suis malheureusement aussi d'accord avec le problème du recrutement des PE : il y a déjà 10 ans, plus de 80% des nouveaux PE provenaient de filières non-scientifiques.
Il faut bien comprendre qu'avec les mutations des 5 dernières années, de tels étudiants, futurs PE, n'auront pratiquement aucune connaissance sérieuse en sciences (même les opérations de bases de 6è-5è en maths) : cela ne peut qu'empirer la situation déjà existante.
Pour conclure, le problème du niveau de connaissances et d'intérêt a débarqué cette année en prépa, même les plus cotées (en tous cas en province).
Tout est logique : programmes indigents, formation impossible.
Merci les IG.
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- barègesÉrudit
Il n'y a plus grand monde en lettres non plus ; la baisse d'effectifs n'est guère limitée que par l'idée tenace qu'on peut être littéraire en dilettante, qu'il n'y a besoin ni d'efforts ni de rigueur. Cette idée ne vaut que pour le premier semestre, les dilettantes ne sont plus là en seconde année.
Mais la baisse d'effectifs des littéraires, G. Fioraso ne doit pas s'en soucier beaucoup. Un littéraire ne sert à rien et ne rapporte rien.
Mais la baisse d'effectifs des littéraires, G. Fioraso ne doit pas s'en soucier beaucoup. Un littéraire ne sert à rien et ne rapporte rien.
- RuthvenGuide spirituel
Igniatius a écrit:
A partir de là, en effet, les effectifs ont commencé à diminuer dans les filières scientifiques.
Mais les effectifs ne diminuent pas dans les filières scientifiques, ils diminuent seulement dans les licences de maths et de physique. L'emploi scientifique demeure de très loin la première orientation de mes S, au pire sur une classe de 30, 4 ou 5 vont se tourner vers les LSH/Droit/Eco ; mais tous les autres vont dans des filières où il y a des sciences, mais pas à l'université. Je suis persuadé qu'on prend le problème à l'envers, ce n'est pas tant une histoire du goût des sciences (pour aller en IUT ou en prépa, ils doivent aussi l'avoir) que d'attractivité de l'université dans ses filières traditionnelles. Pour aller plus loin, je me demande même si on n'a pas le même recul dans les disciplines littéraires traditionnelles (j'ai vu très peu d'élèves vouloir faire une licence d'histoire, de lettres modernes ...).
Même si je partage ton constat sur les horaires, les méthodes etc... (les maths en particulier ont accepté de se faire laminer depuis Allègre, les SVT ont en revanche été gagnantes), je ne suis pas persuadé qu'il explique fondamentalement pourquoi les licences scientifiques se vident.
- KimberliteExpert
J'ai du mal à voir le lien, de ce côté...Igniatius a écrit:Le point de départ a été la fin des bacs C et D et la création d'une filière unique scientifique : 1995.
A partir de là, en effet, les effectifs ont commencé à diminuer dans les filières scientifiques.
La fin de la filière D a permis que l'on arrête de prendre les SVT pour une matière de "sous-scientifiques" (du moins c'est ce qui s'est passé à mon époque), et que l'on regroupe en D les mauvais élèves de S (je ne sais pas au final comment ça a évolué sur la durée, mais j'ai vu pour mon année de bac autant de très bon élèves partir dans les options de SVT, de Physique-chimie et de maths).
Ceci dit, pour les SVT, la situation en collège s'est dégradée (programme, matériel, de moins en moins de demi-groupes et d'heures).
Par contre, on peut parler des allègements successifs de programmes, mais aussi et surtout de l'évolution de l'emploi dans le secteur scientifique: en quelques années (la tendance se dessinait déjà entre l'année de bac de ma grande sœur et la mienne, 3 années plus tard) j'ai vu autour de moi tous les petits bourgeois bien renseignés diriger leur progéniture (souvent les meilleures élèves...) non plus vers le domaine scientifique (médecine excepté, et encore...), mais vers l'économique (écoles de commerce...). Et ceux qui allaient avant en fac de sciences car non pris en prépa sont allés en prépa (qui a même eu du mal à recruter, donc a fait de la pub pour ça!).
K.
- YazilikayaNeoprof expérimenté
Volubilys a écrit:Euh.. les facs de sciences peinent à recruter et c'est de la faute des professeurs des écoles? ah oui quand même, on a le dos large!
J'ai un bac +4 en biochimie avec spécialisation en virologie et immunologie. Bref des sciences j'en ai bouffé à haute dose pendant des années (et j'adorais ça). Ce qui ne m'aide en rien pour faire sciences en classe et fait que La main à la pâte me file des boutons (car pour moi c'est du bricolage et non des sciences ).
Bac + 4 en bioch aussi
Et comme toi, ça ne m'aide pas pour enseigner les sciences (même si j'aime ça) car la lourdeur gargantuesque des programmes empêchent tous les trucs style main à la pâte§.
- wanaxFidèle du forum
Entièrement d'accord, avec des nuances. La fusion C/D et la disparition des programmes cohérents ne sont pas des phénomènes indépendants, l'un entraînait nécessairement l'autre. Les élèves qui allaient en D ne pouvaient pas suivre en C, l'affaire était réglée par la séparation. Mais ceux qui aujourd'hui ont la SVT pour spécialité doivent suivre le même programme d'obligatoire que ceux qui font spé maths : la seule solution viable était de rabaisser les exigences en mathématiques.Igniatius a écrit:Ce constat est terrible : je le répète sur ce forum et ailleurs depuis des années, et la situation actuelle était attendue malheureusement.
Le point de départ a été la fin des bacs C et D et la création d'une filière unique scientifique : 1995.
A partir de là, en effet, les effectifs ont commencé à diminuer dans les filières scientifiques.
Je pense que la réforme Châtel aura été le coup de grâce porté aux sciences car, on l'a assez répété partout, nous n'enseignons plus les vraies maths en collège et lycée (je ne parle même pas de la physique et de la SVT, portées disparues...) : je partage donc l'avis que la difficulté intrinsèque des sciences, leur nature profonde, dégoûte aujourd'hui énormément d'étudiants qui auraient pu y arriver si on avait maintenu des programmes et des horaires décents dans le secondaire.
Je suis malheureusement aussi d'accord avec le problème du recrutement des PE : il y a déjà 10 ans, plus de 80% des nouveaux PE provenaient de filières non-scientifiques.
Il faut bien comprendre qu'avec les mutations des 5 dernières années, de tels étudiants, futurs PE, n'auront pratiquement aucune connaissance sérieuse en sciences (même les opérations de bases de 6è-5è en maths) : cela ne peut qu'empirer la situation déjà existante.
Pour conclure, le problème du niveau de connaissances et d'intérêt a débarqué cette année en prépa, même les plus cotées (en tous cas en province).
Tout est logique : programmes indigents, formation impossible.
Merci les IG.
Il y a des textes des années 90 où la volonté de réduire la part des mathématiques est explicite, cela a été écrit : les moyens de cette fin ont été la réduction des horaires, l'amalgame mais aussi, de façon plus sournoise, la transformation des programmes de façon à les rendre inintéressants.
Quel meilleur moyen de dégoûter les esprits matheux que de leur faire croire que faire des simulations sous tableur, découper un patron de solide, sont des mathématiques ?
L'indice le plus fort est la disparition de la géométrie.
Il était peut-être possible de créer deux filières d'élite, en renforçant les exigences de la D, quitte à s'accommoder, un temps, d'effectifs faibles. Au lieu de cela, on a préféré ramener la C au niveau de la D. La destruction frontale étant impossible, on a procédé par pourrissement de l'intérieur.
Pour ce qui est de la répartition des bons élèves dans les trois spécialités usuelles, je vois que dans mon lycée, les meilleurs ( en tout : facteur G ) choisissent la spé maths. Si j'en crois la page 5 de ce pdf, c'est un phénomène général.
http://cache.media.education.gouv.fr/file/2013/82/6/DEPP-NI-2013-02-resultats-definitifs-baccalaureat-session-2012_245826.pdf
Il faudrait vérifier avec d'autres années.
- AFP : Université: les facs innovent pour réduire l'échec des étudiants
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- Section "professeurs des écoles" dans le forum de partage entre professeurs de sciences physiques
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