- JohnMédiateur
http://www.liberation.fr/societe/2014/04/18/les-eleves-qui-reussissent-le-mieux-sont-les-moins-marques-par-les-stereotypes_1000382Les stéréotypes sont donc intégrés psychologiquement ?
Oui, les personnes concernées sont moins sûres d’elles, pensent qu’elles vont échouer. Comme pour les relations raciales. Quand on présentait, aux Etats-Unis, un test d’intelligence à des étudiants noirs, ils le réussissaient moins bien que si on leur disait que l’exercice portait sur le fonctionnement de la mémoire. Les stéréotypes nuisent à la réussite.
Souvent les filles matheuses sont un peu garçonnes et les garçons littéraires un brin efféminés…
Des travaux canadiens montrent en effet que les élèves qui réussissent le mieux sont les moins «marqués» par les stéréotypes. Les filles pas trop «féminines» osent aller sur les brisées des garçons, et réciproquement. On ne réussit pas seulement en fonction de ses caractéristiques personnelles, mais selon l’image que l’on a de soi comme étant compétent dans tel domaine et, de ce fait, conforme ou non aux stéréotypes.
Au-delà du débat sur le genre, n’y a-t-il pas deux conceptions de l’école qui s’affrontent, l’une qui transmet des connaissances, l’autre qui éduque ?
Cette alternative n’est pas défendable. On ne peut instruire sans éduquer. Enseigner, c’est aussi apprendre à respecter certains résultats de la science même s’ils ne vous font pas plaisir. L’éducation s’immisce partout. Quand on emmène des classes à la piscine et que les garçons se moquent des filles trop grosses, le professeur ne devrait rien dire car c’est de l’éducation ? C’est très français de croire que l’on peut séparer éducation et instruction. Il n’y a qu’en France qu’existe la fonction de conseillers principaux d’éducation (CPE). On peut voir des collégiens se bagarrer et entendre le professeur dire : «Je vais chercher le CPE.»
Ne ferait-on pas peser trop d’attente sur l’école ?
L’école intervient dans un environnement très stéréotypé, avec une ségrégation professionnelle marquée. A l’école, vous allez expliquer aux filles qu’elles peuvent travailler dans le bâtiment. Or, sur les chantiers, elles ne voient que des hommes. Ce constat est valable pour toutes les actions de l’école. On veut sensibiliser les élèves à la lecture, on leur vante un loisir passionnant alors que tout va à l’encontre à l’extérieur. Certes, on ne peut pas tout attendre de l’école. Mais si on n’attend rien, autant la fermer.
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