- cecile23Niveau 10
je crois qu'on est un certain nombre à faire travailler nos Premières sur Les laisons...Je voudrais leur donner avant les vacances un sujet d'invention à faire à la maison mais je sèche un peu...Mes critères: qu'ils imitent le style d'un des personnages, dc contexte XVIIIème plutôt... Et comme c'est à la maison, ce serait encore mieux si le corrigé n'était pas sur le net...
A votre bon coeur m'sieurs dames...
A votre bon coeur m'sieurs dames...
- AnguaGrand sage
J'ai séché lamentablement pour leur trouver un sujet sur les Liaisons (pour l'instant, je ne désespère pas), le premier sur lequel nous avons travaillé portait sur un autre roman....
Mon idée de départ (si cela peut t'aider) était de faire raconter une scène sous un autre point de vue, en prenant pour modèle la mise en scène de la générosité de Valmont pour séduire Tourvel... mais pas trouvé de scène qui me paraisse à la fois pertinente et accessible...
Mon idée de départ (si cela peut t'aider) était de faire raconter une scène sous un autre point de vue, en prenant pour modèle la mise en scène de la générosité de Valmont pour séduire Tourvel... mais pas trouvé de scène qui me paraisse à la fois pertinente et accessible...
- variaHabitué du forum
Et une lettre de Tourvel répondant à la dernière missive de Valmont (celle - terrible - du "ce n'est pas ma faute etc..." ?
Assez peu crédible car une lettre comme ça on ne s'en relève pas, mais bon, pour les besoins de la cause...
A partir de là, tu peux :
- lui faire évoquer des épisodes antérieurs
- tout ce qu'elle a perdu pour lui
- sa sidération à la découverte du machiavélisme du séducteur...
- des reproches amers, l'expression du désespoir, etc., etc.
Non ?
Assez peu crédible car une lettre comme ça on ne s'en relève pas, mais bon, pour les besoins de la cause...
A partir de là, tu peux :
- lui faire évoquer des épisodes antérieurs
- tout ce qu'elle a perdu pour lui
- sa sidération à la découverte du machiavélisme du séducteur...
- des reproches amers, l'expression du désespoir, etc., etc.
Non ?
- cecile23Niveau 10
merci pour vos pistes! pas facile, hein?
finalement j'ai trouvé un sujet qui me plait sur ac-réunion. Texte support la dernière lettre des lettres de la religieuse portugaise . sujet: imaginer la lettre écrite par l'officier français,( libertin cynique écrivant à la manière de Valmont) à un ami, qui ferait le récit de cette séduction.
C'est assez simple et en m^^eme temps ça correspond bien à ce que je cherche niveau style...
merci à vous en tous cas!
finalement j'ai trouvé un sujet qui me plait sur ac-réunion. Texte support la dernière lettre des lettres de la religieuse portugaise . sujet: imaginer la lettre écrite par l'officier français,( libertin cynique écrivant à la manière de Valmont) à un ami, qui ferait le récit de cette séduction.
C'est assez simple et en m^^eme temps ça correspond bien à ce que je cherche niveau style...
merci à vous en tous cas!
- AbraxasDoyen
J'ai donné ça en HK il y a deux ans. Sujet : écrivez la lettre que Cécile aurait pu écrire à son amie de couvent, Sophie Carnay, après son aventure avec Valmont (aux alentours de la lettre 97).
À faire en classe, bien sûr. En une heure. Après tout, c'étaient des hypokhagneux, et nous avions travaillé deux mois sur le roman. D'ailleurs, quelques-un(e)s ont fait des choses très intéressantes.
J'ai fait l'exercice moi-même dans le même temps. Avec appareil critique, tant qu'à faire.
Ça donnait ça — ça a bien amusé les étudiants quand je la leur ai lu, à la fin :
De Cécile de Volanges à Sophie Carnay
1er octobre 17…
Comment te dire ? Comment ne pas te dire ? Je ne sais, ou je ne sais que trop… Que s’est-il passé ? Comment ai-je pu, comment a-t-il osé ? Si confuse sans être affligée… Honteuse, et honteuse de l’être si peu… L’amour… Mais comment parler d’amour ?
Oui, comment te dire ? Ce mystère dont nous avons cent fois parlé, au couvent, n’a plus de secrets pour moi : en un mot comme en sang (1), je suis à présent femme – et très femme, même… oui, ma Sophie, cette nuit, un homme…
Je sens bien que déjà tu voudrais tout savoir, et de l’événement, et de ses circonstances (2). Ce vicomte dont je t’ai déjà parlé, cet être odieux dont les regards narquois me laissaient toute moite… Il est venu hier au soir dans ma chambre, et là… Il me menaçait d’un scandale épouvantable — et ma mère qui dormait de l’autre côté de la cloison ! « Un baiser », disait-il. « Rien qu’un baiser ! » À plusieurs reprises, il m’a bâillonnée de sa main, pour m’empêcher de crier — de frayeur d’abord, de douleur ensuite, de bonheur enfin… Oui, de bonheur : les caresses de cet homme épouvantable avaient bien plus de persuasion que celles de Sœur Suzanne (3), que tu as si souvent partagées avec moi… Mais jamais nos jeux innocents, ou moins innocents… Non, non, jamais je n’éprouvai un tel plaisir. J’en ai honte, bien honte, mais pour être tout à fait sincère, cette honte qui monte à mes joues brûlantes me fait penser à cette nuit, et le plaisir revient avec ma honte. Et déjà je sens que je ne pourrai terminer cette Lettre sans l’interrompre.
Jeux de mains, jeux de vilains, nous sermonnait la Mère supérieure quand elle nous surprenait dans nos ébats. Et nous devions le répéter tandis qu’elle nous donnait le fouet… C’est peut-être vrai face à Dieu, mais tout à fait faux face à un homme. Et celui-là est d’une adresse !… Sa main soulevait une gaze ici, une dentelle là. Le temps d’y penser, et de penser à protester, et j’étais déjà nue. Les baisers sont venus par dessus tout ça, et crois-moi, ils n’étaient pas si âcres que ceux de Saint-Preux : ce monsieur Rousseau n’y connaissait pas grand chose. Et puisqu’il me fait tout avouer, je n’ai pas eu plus de vertu qu’Héloïse : à bon instituteur, tout immoral qu’il soit (4), bonne élève.
Las ! Le souvenir de mon abandon fait remonter en moi celui de la sensation, je ne peux me défendre, aujourd’hui, contre ma propre main. Je m’en vais dissiper un trouble qui s’augmente à chaque mot griffonné sur cette Lettre.
Je reviens à toi, ma Sophie. Epargne-moi de te raconter le reste, je n’y survivrais pas, le souvenir des actes brûle autant que les gestes. Valmont a tout voulu de moi, il a tout obtenu. Il m’a comblée de toutes les manières, et je sais bien que mon Confesseur les réprouverait toutes, si je les lui confessais — ce dont j’aurai garde ! D’ailleurs, le moyen de le lui dire, quand les seuls mots écrits me replongent en enfer, c’est-à-dire au paradis. En tout cas, me voilà bien savante, mais pas assez : il m’a fait promettre de le laisser revenir ce soir, et en vérité, je ne suis déjà qu’attente. Puisque la porte est désormais ouverte, ce n’est pas pour la refermer, n’est-ce pas…
Ce sera lui ce soir, peut-être Danceny demain. Ce n’est que durant les pauses que j’avais le loisir de penser à Danceny, ce qui me désespérait fort — mais dès que le Vicomte revenait à la charge, j’oubliais Danceny, ma mère, ma Sophie, je m’oubliais moi-même.
Sans doute vas-tu bien me gronder, et tu sais combien j’aime à l’être. Oh oui, gronde-moi fort, j’en jouirai de plus belle. Adieu : il me faut à présent écrire une Lettre à Madame de Merteuil : prude comme elle est, je vais devoir jouer la confusion niaise, alors que jamais mes idées n’ont été si claires. En vérité, je te le dis, on a bien raison d’affirmer que c’est ainsi que l’esprit vient aux filles.
Ta Cécile qui t’aime, et qui pour un peu, souhaiterait que tu partages avec le Vicomte et moi la nuit prochaine, et toutes les autres. Comme nous nous amuserions ! (5)
(1) Curieux lapsus calami, — ou errance orthographique bien excusable de la part d’une jeune fille encore pleine de trouble.
(2) Ce goût des alexandrins témoigne bien sûr d’une société hantée de tragédie. Mais aussi d’une mise à distance, d’une théâtralisation de la scène (re)vécue.
(3) Sœur Suzanne, est-ce l’héroïne de la Religieuse ? Mais le roman de Diderot ne parut qu’en 1796. Cette lettre serait-elle apocryphe ?
(4) On se souvient sans doute que les « instituteurs immoraux » est le sous-titre de la Philosophie dans le boudoir, le roman de Sade. Mais ce dernier ne parut qu’en 1795, ce qui confirme la Note précédente : la lettre de Cécile est peut-être un inédit de Sade, qui toute sa vie envia Laclos.
(5) La suite de la lettre évoque les diverses combinaisons que cette idée suggère à Cécile. Nous avons cru devoir épargner au lecteur un long paragraphe à caractère pornographique, auquel les amateurs suppléeront aisément..
À faire en classe, bien sûr. En une heure. Après tout, c'étaient des hypokhagneux, et nous avions travaillé deux mois sur le roman. D'ailleurs, quelques-un(e)s ont fait des choses très intéressantes.
J'ai fait l'exercice moi-même dans le même temps. Avec appareil critique, tant qu'à faire.
Ça donnait ça — ça a bien amusé les étudiants quand je la leur ai lu, à la fin :
De Cécile de Volanges à Sophie Carnay
1er octobre 17…
Comment te dire ? Comment ne pas te dire ? Je ne sais, ou je ne sais que trop… Que s’est-il passé ? Comment ai-je pu, comment a-t-il osé ? Si confuse sans être affligée… Honteuse, et honteuse de l’être si peu… L’amour… Mais comment parler d’amour ?
Oui, comment te dire ? Ce mystère dont nous avons cent fois parlé, au couvent, n’a plus de secrets pour moi : en un mot comme en sang (1), je suis à présent femme – et très femme, même… oui, ma Sophie, cette nuit, un homme…
Je sens bien que déjà tu voudrais tout savoir, et de l’événement, et de ses circonstances (2). Ce vicomte dont je t’ai déjà parlé, cet être odieux dont les regards narquois me laissaient toute moite… Il est venu hier au soir dans ma chambre, et là… Il me menaçait d’un scandale épouvantable — et ma mère qui dormait de l’autre côté de la cloison ! « Un baiser », disait-il. « Rien qu’un baiser ! » À plusieurs reprises, il m’a bâillonnée de sa main, pour m’empêcher de crier — de frayeur d’abord, de douleur ensuite, de bonheur enfin… Oui, de bonheur : les caresses de cet homme épouvantable avaient bien plus de persuasion que celles de Sœur Suzanne (3), que tu as si souvent partagées avec moi… Mais jamais nos jeux innocents, ou moins innocents… Non, non, jamais je n’éprouvai un tel plaisir. J’en ai honte, bien honte, mais pour être tout à fait sincère, cette honte qui monte à mes joues brûlantes me fait penser à cette nuit, et le plaisir revient avec ma honte. Et déjà je sens que je ne pourrai terminer cette Lettre sans l’interrompre.
Jeux de mains, jeux de vilains, nous sermonnait la Mère supérieure quand elle nous surprenait dans nos ébats. Et nous devions le répéter tandis qu’elle nous donnait le fouet… C’est peut-être vrai face à Dieu, mais tout à fait faux face à un homme. Et celui-là est d’une adresse !… Sa main soulevait une gaze ici, une dentelle là. Le temps d’y penser, et de penser à protester, et j’étais déjà nue. Les baisers sont venus par dessus tout ça, et crois-moi, ils n’étaient pas si âcres que ceux de Saint-Preux : ce monsieur Rousseau n’y connaissait pas grand chose. Et puisqu’il me fait tout avouer, je n’ai pas eu plus de vertu qu’Héloïse : à bon instituteur, tout immoral qu’il soit (4), bonne élève.
Las ! Le souvenir de mon abandon fait remonter en moi celui de la sensation, je ne peux me défendre, aujourd’hui, contre ma propre main. Je m’en vais dissiper un trouble qui s’augmente à chaque mot griffonné sur cette Lettre.
Je reviens à toi, ma Sophie. Epargne-moi de te raconter le reste, je n’y survivrais pas, le souvenir des actes brûle autant que les gestes. Valmont a tout voulu de moi, il a tout obtenu. Il m’a comblée de toutes les manières, et je sais bien que mon Confesseur les réprouverait toutes, si je les lui confessais — ce dont j’aurai garde ! D’ailleurs, le moyen de le lui dire, quand les seuls mots écrits me replongent en enfer, c’est-à-dire au paradis. En tout cas, me voilà bien savante, mais pas assez : il m’a fait promettre de le laisser revenir ce soir, et en vérité, je ne suis déjà qu’attente. Puisque la porte est désormais ouverte, ce n’est pas pour la refermer, n’est-ce pas…
Ce sera lui ce soir, peut-être Danceny demain. Ce n’est que durant les pauses que j’avais le loisir de penser à Danceny, ce qui me désespérait fort — mais dès que le Vicomte revenait à la charge, j’oubliais Danceny, ma mère, ma Sophie, je m’oubliais moi-même.
Sans doute vas-tu bien me gronder, et tu sais combien j’aime à l’être. Oh oui, gronde-moi fort, j’en jouirai de plus belle. Adieu : il me faut à présent écrire une Lettre à Madame de Merteuil : prude comme elle est, je vais devoir jouer la confusion niaise, alors que jamais mes idées n’ont été si claires. En vérité, je te le dis, on a bien raison d’affirmer que c’est ainsi que l’esprit vient aux filles.
Ta Cécile qui t’aime, et qui pour un peu, souhaiterait que tu partages avec le Vicomte et moi la nuit prochaine, et toutes les autres. Comme nous nous amuserions ! (5)
(1) Curieux lapsus calami, — ou errance orthographique bien excusable de la part d’une jeune fille encore pleine de trouble.
(2) Ce goût des alexandrins témoigne bien sûr d’une société hantée de tragédie. Mais aussi d’une mise à distance, d’une théâtralisation de la scène (re)vécue.
(3) Sœur Suzanne, est-ce l’héroïne de la Religieuse ? Mais le roman de Diderot ne parut qu’en 1796. Cette lettre serait-elle apocryphe ?
(4) On se souvient sans doute que les « instituteurs immoraux » est le sous-titre de la Philosophie dans le boudoir, le roman de Sade. Mais ce dernier ne parut qu’en 1795, ce qui confirme la Note précédente : la lettre de Cécile est peut-être un inédit de Sade, qui toute sa vie envia Laclos.
(5) La suite de la lettre évoque les diverses combinaisons que cette idée suggère à Cécile. Nous avons cru devoir épargner au lecteur un long paragraphe à caractère pornographique, auquel les amateurs suppléeront aisément..
- AzadHabitué du forum
Moi aussi je cherchais un sujet d'invention, mais je n'ai étudié que la lettre 48 (dans le cadre d'un GT). C'est vrai que ce n'est pas facile de trouver un sujet qu'ils puissent aborder de manière efficace et simple, alors qu'ils n'ont pas lu le livre.
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Bravo Abraxas pour cet exercice de style aussi amusant que réussi. :lol:
Ça fait plaisir d'ailleurs d'imaginer que cette pauvre Cécile est moins godiche qu'elle en a l'air!
Ça fait plaisir d'ailleurs d'imaginer que cette pauvre Cécile est moins godiche qu'elle en a l'air!
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
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