Que faire face à une réaction homophobe à propos d'un texte?

Rell a écrit:Oui, il ne faut pas tergiverser. C'est interdit par la loi, ce n'est pas une opinion légitime.

thrasybule a écrit:Et surtout un rappel de la loi. Comment réagirais-tu si un(e) élève refusait de travailler sur un auteur en proclamant qu'il(elle) est raciste?

stench a écrit:Et si tu lui disais que tu es homo, tu crois qu'elle ne viendrait plus en cours? J'aurais bien envie d'essayer...

sookie a écrit:L'année dernière je commence mon cours d'intro sur les libertés dans une classe de 4ème, dont 2/3 de sport étude foot avec beaucoup d'élèves d'origine africaine, on était en plein vote de la loi sur le mariage pour tous, les élèves en parle comme une nouvelle liberté, et de là est parti un "débat" sur l'homosexualité. Et j'ai halluciné sur ce que j'ai entendu surtout de la part des sportifs. Leur argument était que les homosexuels avaient le droit de vivre (merci pour eux) mais qu'ils n'étaient pas normaux, qu'ils devaient se faire soigner, qu'ils n'en voulaient pas comme amis ("et si ils nous touchent ? "), tout cela n'étant pas de l'homophobie pour eux. Je les ai laissé parler puis j'ai démonté leur argument un par un. J'ai fait un parallèle avec les inégalités de l'ancien régime, avec le racisme (je leur ai dit de remplacer le mot homo par le mot noir dans toutes les phrases pour voir ce que cela faisait). A celui qui a dit , "un couple c'est un homme et une femme et cela a toujours été comme cela" j'ai répondu qu'on aurait pu dire la même chose sur l'esclavage par exemple.
Je ne les ai pas fait changé d'avis en une heure, j'ai fait des petits rappels sur la tolérance pendant tous le reste de l'année, je me dis que cela les a peut être fait réfléchir un peu et que j'ai peut être semer le doute dans leur esprit.

florestan a écrit:

sookie a écrit:L'année dernière je commence mon cours d'intro sur les libertés dans une classe de 4ème, dont 2/3 de sport étude foot avec beaucoup d'élèves d'origine africaine, on était en plein vote de la loi sur le mariage pour tous, les élèves en parle comme une nouvelle liberté, et de là est parti un "débat" sur l'homosexualité. Et j'ai halluciné sur ce que j'ai entendu surtout de la part des sportifs. Leur argument était que les homosexuels avaient le droit de vivre (merci pour eux) mais qu'ils n'étaient pas normaux, qu'ils devaient se faire soigner, qu'ils n'en voulaient pas comme amis ("et si ils nous touchent ? "), tout cela n'étant pas de l'homophobie pour eux. Je les ai laissé parler puis j'ai démonté leur argument un par un. J'ai fait un parallèle avec les inégalités de l'ancien régime, avec le racisme (je leur ai dit de remplacer le mot homo par le mot noir dans toutes les phrases pour voir ce que cela faisait). A celui qui a dit , "un couple c'est un homme et une femme et cela a toujours été comme cela" j'ai répondu qu'on aurait pu dire la même chose sur l'esclavage par exemple.
Je ne les ai pas fait changé d'avis en une heure, j'ai fait des petits rappels sur la tolérance pendant tous le reste de l'année, je me dis que cela les a peut être fait réfléchir un peu et que j'ai peut être semer le doute dans leur esprit.

MDR pour le premier argument, ils craignent quoi exactement?
Pour le deuxième, la Grèce Antique tout ça tout ça.... Dis leur que tu es conneriephobe.
Ce n'est pas une question de" tolérance "mais d'humanité et parmi eux il y a le même pourcentage d'homos que dans le reste de la population.

Celeborn a écrit:

florestan a écrit:

sookie a écrit:L'année dernière je commence mon cours d'intro sur les libertés dans une classe de 4ème, dont 2/3 de sport étude foot avec beaucoup d'élèves d'origine africaine, on était en plein vote de la loi sur le mariage pour tous, les élèves en parle comme une nouvelle liberté, et de là est parti un "débat" sur l'homosexualité. Et j'ai halluciné sur ce que j'ai entendu surtout de la part des sportifs. Leur argument était que les homosexuels avaient le droit de vivre (merci pour eux) mais qu'ils n'étaient pas normaux, qu'ils devaient se faire soigner, qu'ils n'en voulaient pas comme amis ("et si ils nous touchent ? "), tout cela n'étant pas de l'homophobie pour eux. Je les ai laissé parler puis j'ai démonté leur argument un par un. J'ai fait un parallèle avec les inégalités de l'ancien régime, avec le racisme (je leur ai dit de remplacer le mot homo par le mot noir dans toutes les phrases pour voir ce que cela faisait). A celui qui a dit , "un couple c'est un homme et une femme et cela a toujours été comme cela" j'ai répondu qu'on aurait pu dire la même chose sur l'esclavage par exemple.
Je ne les ai pas fait changé d'avis en une heure, j'ai fait des petits rappels sur la tolérance pendant tous le reste de l'année, je me dis que cela les a peut être fait réfléchir un peu et que j'ai peut être semer le doute dans leur esprit.

Tu sais je pense que les taux de suicide, ils s'en moquent un peu. Mais tu as raison sur la Grèce, l'exemple d'une civilisation brillante dans laquelle l'homosexualité ( ni la misogynie d'ailleurs) ne posaient aucun problème ne va pas les toucher. Pseudo a raison, faudrait qu'un gros rappeur style ganga fasse son coming out, on peut toujours rêver... Mais je trouve ça important ( pour les élèves concernés et il y en a dans ces classes comme ailleurs) qu'ils sachent qu'il y a un certain pourcentage d'homos et que par ailleurs les orientations sexuelles se situent sur un continuum et peuvent changer.

MDR pour le premier argument, ils craignent quoi exactement?
Pour le deuxième, la Grèce Antique tout ça tout ça.... Dis leur que tu es conneriephobe.
Ce n'est pas une question de" tolérance "mais d'humanité et parmi eux il y a le même pourcentage d'homos que dans le reste de la population.

Techniquement, la Grèce antique n'est pas le meilleur argument face à "un couple, c'est un homme et une femme".
Personnellement, j'y vais plutôt avec mes taux de suicide, pour montrer l'impact que peuvent avoir de telles paroles et, de manière plus globale, l'homophobie sur des êtres humains.

Cristyna a écrit:Bonsoir,
Dans le cadre d'une séquence sur l'épistolaire en 4ème, nous avons étudié une lettre d'Alfred de Musset adressée à George Sand. Une élève a refusé de travailler en disant que c'était une lettre d'homosexuel, et qu'elle était homophobe. Je n'ai pas su comment réagir. J'ai répondu que ses propos n'étaient pas convenables en classe. Et je lui ai demandé de lire le texte afin de relever des indices permettant de connaitre le sexe du destinataire (participes passés, adjectifs,...). Heureusement, le reste de la classe s'est rappelé que nous avions déjà rencontré "George Sand" et que c'était un pseudonyme. Dois-je prévoir une séance de sensibilisation? en informer l'infirmière ou la COP?

sookie a écrit:Pour eux, s'ils étaient proches d'un homo il allait forcément leur sauter dessus...
Je leur ai dit que pour les hétéros, lorsqu'un homme et une femme se côtoient, ils ne se sautent pas forcément dessus...On est pas des bêtes hétéros comme homos

Je leur ai aussi dit qu'il y avait sûrement des homos dans leur entourage ou parmi les profs et qu'ils ne s'en rendaient pas compte. Alors là, j'ai eu le droit à tous les clichés : "ah mais on voit très bien qu'une personne est homo, un gay est efféminé et fait des manières, une lesbienne a une dégaine de camionneur". C'est dommage que je ne pouvais pas leur dire : voyez Mr Truc, il est homo, et vous ne vous en doutiez pas.

Et j'ai eu aussi le droit en 6e à "Madame, est ce qu'on a le droit de ne pas aimer les homos ?". J'ai répondu que ce n'est pas en ces termes que cela se pose. J'ai parlé d'égalité et de droits, mais comme ils sont plus jeunes, il n'y a pas eu le même débat.

Cristyna a écrit:Bonsoir,
Dans le cadre d'une séquence sur l'épistolaire en 4ème, nous avons étudié une lettre d'Alfred de Musset adressée à George Sand. Une élève a refusé de travailler en disant que c'était une lettre d'homosexuel, et qu'elle était homophobe. Je n'ai pas su comment réagir. J'ai répondu que ses propos n'étaient pas convenables en classe. Et je lui ai demandé de lire le texte afin de relever des indices permettant de connaitre le sexe du destinataire (participes passés, adjectifs,...). Heureusement, le reste de la classe s'est rappelé que nous avions déjà rencontré "George Sand" et que c'était un pseudonyme. Dois-je prévoir une séance de sensibilisation? en informer l'infirmière ou la COP?

Lefteris a écrit:

Cristyna a écrit:Bonsoir,
Dans le cadre d'une séquence sur l'épistolaire en 4ème, nous avons étudié une lettre d'Alfred de Musset adressée à George Sand. Une élève a refusé de travailler en disant que c'était une lettre d'homosexuel, et qu'elle était homophobe. Je n'ai pas su comment réagir. J'ai répondu que ses propos n'étaient pas convenables en classe. Et je lui ai demandé de lire le texte afin de relever des indices permettant de connaitre le sexe du destinataire (participes passés, adjectifs,...). Heureusement, le reste de la classe s'est rappelé que nous avions déjà rencontré "George Sand" et que c'était un pseudonyme. Dois-je prévoir une séance de sensibilisation? en informer l'infirmière ou la COP?

Tiens, quelle coïncidence, j'ai eu exactement la même réaction , sur le même texte je suppose,  mais la  majeure  partie de la classe a réagi bruyamment et avec hostilité. Ca m'a permis de vérifier au passage qu'ils n'avaient pas lu le texte et répondu aux questions qui leur auraient permis  (grâce aux éléments grammaticaux entre autres ) d'identifier  le destinataire . En revanche,  passé l'indignation (menace de punition à ceux qui continuaient à manifester) ils ont fini par écouter.  Je ne pouvais pas punir la quasi totalité de la classe, donc je leur ai rappelé que l'homosexualité  était une question  de choix personnels ne nuisant  à personne, contrairement à leur attitude en cours.

florestan a écrit:

Lefteris a écrit:

Cristyna a écrit:Bonsoir,
Dans le cadre d'une séquence sur l'épistolaire en 4ème, nous avons étudié une lettre d'Alfred de Musset adressée à George Sand. Une élève a refusé de travailler en disant que c'était une lettre d'homosexuel, et qu'elle était homophobe. Je n'ai pas su comment réagir. J'ai répondu que ses propos n'étaient pas convenables en classe. Et je lui ai demandé de lire le texte afin de relever des indices permettant de connaitre le sexe du destinataire (participes passés, adjectifs,...). Heureusement, le reste de la classe s'est rappelé que nous avions déjà rencontré "George Sand" et que c'était un pseudonyme. Dois-je prévoir une séance de sensibilisation? en informer l'infirmière ou la COP?

Tiens, quelle coïncidence, j'ai eu exactement la même réaction , sur le même texte je suppose,  mais la  majeure  partie de la classe a réagi bruyamment et avec hostilité. Ca m'a permis de vérifier au passage qu'ils n'avaient pas lu le texte et répondu aux questions qui leur auraient permis  (grâce aux éléments grammaticaux entre autres ) d'identifier  le destinataire . En revanche,  passé l'indignation (menace de punition à ceux qui continuaient à manifester) ils ont fini par écouter.  Je ne pouvais pas punir la quasi totalité de la classe, donc je leur ai rappelé que l'homosexualité  était une question  de choix personnels ne nuisant  à personne, contrairement à leur attitude en cours.

Lefteris, ce n'est pas un choix!!!

ElleDriver a écrit:Je ne sais pas, aussi horrible cela puisse-t-il paraître, si l'argument du suicide est d'une quelconque utilité chez certain(e)s ados, au contraire. 

Pseudo a écrit:

Rell a écrit:Oui, il ne faut pas tergiverser. C'est interdit par la loi, ce n'est pas une opinion légitime.

Toute opinion est "légitime". Les propos la révélant, en revanche, ne le sont pas dans ce cas là.
Il est quand même heureux qu'on ne puisse pas être jugé pour ses pensées.

Rell a écrit:

Pseudo a écrit:

Rell a écrit:Oui, il ne faut pas tergiverser. C'est interdit par la loi, ce n'est pas une opinion légitime.

Toute opinion est "légitime". Les propos la révélant, en revanche, ne le sont pas dans ce cas là.
Il est quand même heureux qu'on ne puisse pas être jugé pour ses pensées.

Bien sûr, ce que je voulais dire, c'est simplement que l'homophobie (au même titre que le racisme, le sexisme et autres) n'était pas autorisée comme une opinion quelconque, du style "j'aime le chocolat -ah, pas moi".

L'année dernière, en première, j'avais étudié un groupement de textes des Lumières contre le racisme et des élèves s'étaient plaints que je donnais mon opinion, pire encore, que je faisais la promotion de certaines idées politiques (plutôt de gauche, donc, d'après eux). Je leur ai rétorqué qu'en France, le racisme était interdit. Certains sont tombés des nues. Il est vrai que c'était un établissement très huppé de centre-ville, dans lequel il était de bon ton d'arborer des bracelets Manif Pour Tous et des t-shirt "un papa + une maman".