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- JohnMédiateur
Extrait :
Texte intégral : http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/02/15/dans-la-thierache-la-fierte-des-meres-ados_4367151_3224.htmlSa première visite dans les bourgades de la Thiérache l'a sidéré, « un choc visuel », dit-il. Pourtant, Franck Audin est né ici, ou pas très loin, à Saint-Quentin, 40 km vers le Nord. Il a voyagé aussi, des missions humanitaires dans des contrées déchirées. Pourtant, dans ces rues de brique et d'ardoise, il ne parvient pas à détourner les yeux de ces filles, si jeunes, si nombreuses, la sortie de l'école, croirait-on, si chacune ne poussait un landau avec un bébé : la traversée d'un pays de gosses qui font des gosses. Bien sûr, Audin a la sale impression de basculer dans la caricature, lui qui fédère les centres sociaux de l'Aisne.
Déjà, la région de la Thiérache, collée à la frontière belge, se remet à peine d'avoir été baptisée « Chômeurland », avec ses 17,9 % de sans-emploi. Et voilà les « grossesses précoces », comme disent les institutions, deux fois plus nombreuses qu'ailleurs. Au début, on parlait de « problème ». On évite maintenant. « Problème pour qui ? La plupart de ces jeunes filles disent désirer avoir un enfant », explique Véronique Thuez, infirmière et conseillère au rectorat d'Amiens.
Aujourd'hui, il n'est pas sûr que Miranda sera au rendez-vous du McDonald's d'Hirson, 9 000 habitants, une des grandes villes de la Thiérache. Miranda est devenue fière, paraît-il, elle préfère « le restaurant », c'est-à-dire le Flunch, de l'autre coté du parking. Les autres filles en rient, attablées dans le fond de la salle, un sachet de frites pour cinq et un hamburger pour les huit enfants. « C'est une intello, elle peut tout expliquer », dit l'une. Puis, soudain grave, elle agite un doigt d'institutrice : « Les mères sérieuses viennent ici, c'est éducatif. Manger un hamburger proprement, ça doit s'apprendre tout petit. » On acquiesce. « Il ne faut plus ne penser qu'à soi quand on a des enfants », raisonne sa voisine, lissant d'un ongle verni noir le drap de son petit.
Emeline est une des plus jeunes à avoir eu le sien, un garçon, à 14 ans. Ses parents ont encaissé, le papa l'a reconnu, le principal du collège l'a reçue, soucieux pour le brevet. « Le vrai conte de fées », commente la fille au vernis noir. En fait, elles étaient quatre au collège à accoucher cette année-là. Les autres ont abandonné l'école. « De toute façon, un diplôme, ça ne veut plus rien dire », proteste une autre, deux couettes nouées haut sur la tête, comme sa toute petite fille. Sa voisine hausse les épaules : « Même les patrons ne veulent plus, d'un CAP : on serait trop cher payées. »
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- menerveOracle
La ville où j'habite est surnommée la "ville poussettes" ....on n'y voit que des très jeunes filles qui en ont ras le bol de l'école et ne pensent pas avoir d'autre avenir que de faire des gosses et vivre des allocs....
- OlympiasProphète
Ce n'est pas une caricature. C'est tragique.
- InviteeFVénérable
Même chose là où j'étais en poste l'an dernier.
Notre voisin, 20 ans, un fils de 5 ans, mère déchue des droits parentaux; en couple avec une jeune fille de 17 ans qui regardait mon ventre avec des yeux de merlan frit en me disant "ça fait 3 ans que j'essaie". Sa soeur aînée, la vingtaine, deux enfants de deux pères etc.
C'est tragique. Olympias a trouvé le mot juste.
Notre voisin, 20 ans, un fils de 5 ans, mère déchue des droits parentaux; en couple avec une jeune fille de 17 ans qui regardait mon ventre avec des yeux de merlan frit en me disant "ça fait 3 ans que j'essaie". Sa soeur aînée, la vingtaine, deux enfants de deux pères etc.
C'est tragique. Olympias a trouvé le mot juste.
- menerveOracle
Oui c'est bien le mot.
Ma voisin a deux filles....l'une ne vit plus chez lui mais y vient régulièrement, pas de boulot, deux enfants insupportables de deux pères différents....et régulièrement elle déboule chez papa pour y passer quelques temps avec ses deux gosses qui n'ont que des gros mots à la bouche....
Faut dire qu'ici, pas d'usine, pas de boulot.....aucun avenir pour qui n'a pas permis et voiture vu qu'il n'y a pas non plus de transports en commun.... Alors la seule solution pour survivre quand on a arrêté l'école c'est de faire des gosses et de se déclarer mère célibataire et de vivre des aides sociales.
C'est triste.
Ma voisin a deux filles....l'une ne vit plus chez lui mais y vient régulièrement, pas de boulot, deux enfants insupportables de deux pères différents....et régulièrement elle déboule chez papa pour y passer quelques temps avec ses deux gosses qui n'ont que des gros mots à la bouche....
Faut dire qu'ici, pas d'usine, pas de boulot.....aucun avenir pour qui n'a pas permis et voiture vu qu'il n'y a pas non plus de transports en commun.... Alors la seule solution pour survivre quand on a arrêté l'école c'est de faire des gosses et de se déclarer mère célibataire et de vivre des aides sociales.
C'est triste.
- ParatgeNeoprof expérimenté
Phénomène très répandu en Angleterre, ce pays qu'on nous vante sans cesse pour sa merveilleuse réussite économique.
On ne nous explique jamais pourquoi tant d'Anglais continuent à émigrer…
On ne nous explique jamais pourquoi tant d'Anglais continuent à émigrer…
- Reine MargotDemi-dieu
j'ai connu aussi, au fin fond de la Champagne...
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- OlympiasProphète
Pour parler un peu de ce sujet que je connais bien...ne soyez pas choqués, c'est la réalité, pas autre chose.
Le département cumulant un des taux les plus élevés de grossesses d'ados, d'abus sexuels et d'inceste, d'enfants maltraités (verbe à prendre dans des sens divers) et placés à l'ASE, on a là, une conjonction d'éléments catastrophiques :
- un chômage massif et une culture de masse à rebours du progrès : machisme, sexisme, racisme, alcoolisme, violence conjugale, violence envers les enfants qui sont des sortes d'objets qu'on trimballe, vulgarité, incapacité à s'exprimer autrement qu'en braillant
- des populations qui ne raisonnent pas avec les paramètres qui sont les nôtres
- la reproduction sociale (la mère, la tante, la soeur a fait la même chose = mère à 16 ans) ; comme elles veulent l'enfant, pourquoi serait-ce un problème ??? Elles ont envie...
- l'enfant qui donne un statut (et les finances puisqu'elles ont intégré l'idée qu'on vit avec les allocations de l'Etat aux mères précoces) au lieu de travailler à l'école...
Un enfant, il ne faut pas seulement le concevoir, mais l'élever, l'éduquer, s'occuper de lui....Ces gamines (et les pères) n'ont aucune idée des besoins et des rythmes d'un bébé puis d'un jeune enfant. Donc, chaque année, on a des situations délirantes (des gosses dont toutes les dents sont foutues parce que les mères mettent du coca dans le biberon...), parfois des drames, puis des placements.
Oui, un bébé pleure (et pas pour embêter les parents), parfois, il pleure souvent, oui, il faut le garder et s'en occuper (flûte, on ne peut pas sortir...), oui il faut l'éveiller (et pas le laisser en permanence dans le landau/la coque avec la tétine).
Non, on ne parle pas à des bouts de chou en leur hurlant dessus parce qu'ils n'avancent pas assez vite...
Après, les enfants rencontrent des problèmes dès la maternelle, puis on les retrouve dans les CMP. Elles ne veulent pas s'emm..... à les emmener chez l'orthophoniste (et puis faire les devoirs, ça ne sert à rien...)...L'échec scolaire au bout de la route. Et comment trouver un travail ? Sur place pas évident, la région est une trappe à chômage ; ailleurs, on pourrait, mais on ne veut pas bouger. Surtout pas. Et qui va embaucher des filles qui sont incapables de s'exprimer correctement, qui ponctuent chaque phrase de deux gros mots ?
Tout ça vu et revu. Jusqu'à quand ce désastre va-t-il durer ?
Celles qui ont compris que l'instruction peut servir s'en sortiront ; mais les autres ? Et toutes ces autres, il y en a des centaines.
Le département cumulant un des taux les plus élevés de grossesses d'ados, d'abus sexuels et d'inceste, d'enfants maltraités (verbe à prendre dans des sens divers) et placés à l'ASE, on a là, une conjonction d'éléments catastrophiques :
- un chômage massif et une culture de masse à rebours du progrès : machisme, sexisme, racisme, alcoolisme, violence conjugale, violence envers les enfants qui sont des sortes d'objets qu'on trimballe, vulgarité, incapacité à s'exprimer autrement qu'en braillant
- des populations qui ne raisonnent pas avec les paramètres qui sont les nôtres
- la reproduction sociale (la mère, la tante, la soeur a fait la même chose = mère à 16 ans) ; comme elles veulent l'enfant, pourquoi serait-ce un problème ??? Elles ont envie...
- l'enfant qui donne un statut (et les finances puisqu'elles ont intégré l'idée qu'on vit avec les allocations de l'Etat aux mères précoces) au lieu de travailler à l'école...
Un enfant, il ne faut pas seulement le concevoir, mais l'élever, l'éduquer, s'occuper de lui....Ces gamines (et les pères) n'ont aucune idée des besoins et des rythmes d'un bébé puis d'un jeune enfant. Donc, chaque année, on a des situations délirantes (des gosses dont toutes les dents sont foutues parce que les mères mettent du coca dans le biberon...), parfois des drames, puis des placements.
Oui, un bébé pleure (et pas pour embêter les parents), parfois, il pleure souvent, oui, il faut le garder et s'en occuper (flûte, on ne peut pas sortir...), oui il faut l'éveiller (et pas le laisser en permanence dans le landau/la coque avec la tétine).
Non, on ne parle pas à des bouts de chou en leur hurlant dessus parce qu'ils n'avancent pas assez vite...
Après, les enfants rencontrent des problèmes dès la maternelle, puis on les retrouve dans les CMP. Elles ne veulent pas s'emm..... à les emmener chez l'orthophoniste (et puis faire les devoirs, ça ne sert à rien...)...L'échec scolaire au bout de la route. Et comment trouver un travail ? Sur place pas évident, la région est une trappe à chômage ; ailleurs, on pourrait, mais on ne veut pas bouger. Surtout pas. Et qui va embaucher des filles qui sont incapables de s'exprimer correctement, qui ponctuent chaque phrase de deux gros mots ?
Tout ça vu et revu. Jusqu'à quand ce désastre va-t-il durer ?
Celles qui ont compris que l'instruction peut servir s'en sortiront ; mais les autres ? Et toutes ces autres, il y en a des centaines.
- Presse-puréeGrand sage
Entre ce reportage et le bouquin d'Edouard Louis, c'est la fête pour les picards en ce début 2014!
_________________
Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- ParatgeNeoprof expérimenté
J'en ai connu des comme ça, reproduisant le même schéma à la lettre dans la même famille : la petite-fille 16 ans, la mère 32 ans et la grand-mère 48 !
- OlympiasProphète
Oui, la Picardie du pauvre, du prolétariat. Pas celle des gros gros agriculteurs qui payent l'ISF (mais toujours en train de pleurnicher), pas celle des familles qui ont la grosse villa au Touquet, pas celles des notables qui mettent leurs enfants dans le privé catholique. Un autre monde.Presse-purée a écrit:Entre ce reportage et le bouquin d'Edouard Louis, c'est la fête pour les picards en ce début 2014!
Plusieurs années après mon atterrissage, je reste encore sidérée et choquée de ce que je vois et entends.
- ChoupsyFidèle du forum
Olympias, tu as parfaitement résumé la situation de cette région que j'ai aussi découverte il y a plusieurs années maintenant, pour cause d'"atterrissage" contraint par les mutations. Comme toi, aujourd'hui encore, je reste sidérée par ce que je vois, ce que j'entends, ce que je découvre encore...
Je me souviendrai toujours de ces jeunes filles de 4e, lors de ma première année, qui nous disaient avec fierté et ambition qu'elles voulaient devenir mères au foyer, lorsque nous les interrogions sur leur avenir!
Je me souviendrai toujours de ces jeunes filles de 4e, lors de ma première année, qui nous disaient avec fierté et ambition qu'elles voulaient devenir mères au foyer, lorsque nous les interrogions sur leur avenir!
- InvitéYoNiveau 10
j'ai été prof 3 ans en Champagne-Ardennes, et nombre de mes anciennes élèves ont été mères à 16, 17 ans...que je lis l'article de Florence Aubenas, j'ai l'impression qu'elle parle de cette sinistre région dans laquelle j'ai enseigné
- Presse-puréeGrand sage
Olympias a écrit:Oui, la Picardie du pauvre, du prolétariat. Pas celle des gros gros agriculteurs qui payent l'ISF (mais toujours en train de pleurnicher), pas celle des familles qui ont la grosse villa au Touquet, pas celles des notables qui mettent leurs enfants dans le privé catholique. Un autre monde.Presse-purée a écrit:Entre ce reportage et le bouquin d'Edouard Louis, c'est la fête pour les picards en ce début 2014!
Plusieurs années après mon atterrissage, je reste encore sidérée et choquée de ce que je vois et entends.
Les ruraux, en Picardie ou ailleurs, sont souvent les grands oubliés de l'éducation prioritaire.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- OlympiasProphète
Choupsy a écrit:Olympias, tu as parfaitement résumé la situation de cette région que j'ai aussi découverte il y a plusieurs années maintenant, pour cause d'"atterrissage" contraint par les mutations. Comme toi, aujourd'hui encore, je reste sidérée par ce que je vois, ce que j'entends, ce que je découvre encore...
Je me souviendrai toujours de ces jeunes filles de 4e, lors de ma première année, qui nous disaient avec fierté et ambition qu'elles voulaient devenir mères au foyer, lorsque nous les interrogions sur leur avenir!
Et ça risque de durer puisque tout le monde s'en fout !
Presse-purée, tu dis que Les ruraux, en Picardie ou ailleurs, sont souvent les grands oubliés de l'éducation prioritaire. Je dirais de l'éducation tout court.
- InvitéYoNiveau 10
capucine1981 a écrit:j'ai été prof 3 ans en Champagne-Ardennes, et nombre de mes anciennes élèves ont été mères à 16, 17 ans...que je lis l'article de Florence Aubenas, j'ai l'impression qu'elle parle de cette sinistre région dans laquelle j'ai enseigné
je ne parle pas de la région champagne-ardennes dans sa totalité, mais seulement d'une zone bien précise du département de l'Aube.
- SchéhérazadeNiveau 10
Olympias a écrit:Pour parler un peu de ce sujet que je connais bien...ne soyez pas choqués, c'est la réalité, pas autre chose.
Le département cumulant un des taux les plus élevés de grossesses d'ados, d'abus sexuels et d'inceste, d'enfants maltraités (verbe à prendre dans des sens divers) et placés à l'ASE, on a là, une conjonction d'éléments catastrophiques :
- un chômage massif et une culture de masse à rebours du progrès : machisme, sexisme, racisme, alcoolisme, violence conjugale, violence envers les enfants qui sont des sortes d'objets qu'on trimballe, vulgarité, incapacité à s'exprimer autrement qu'en braillant
- des populations qui ne raisonnent pas avec les paramètres qui sont les nôtres
- la reproduction sociale (la mère, la tante, la soeur a fait la même chose = mère à 16 ans) ; comme elles veulent l'enfant, pourquoi serait-ce un problème ??? Elles ont envie...
- l'enfant qui donne un statut (et les finances puisqu'elles ont intégré l'idée qu'on vit avec les allocations de l'Etat aux mères précoces) au lieu de travailler à l'école...
Un enfant, il ne faut pas seulement le concevoir, mais l'élever, l'éduquer, s'occuper de lui....Ces gamines (et les pères) n'ont aucune idée des besoins et des rythmes d'un bébé puis d'un jeune enfant. Donc, chaque année, on a des situations délirantes (des gosses dont toutes les dents sont foutues parce que les mères mettent du coca dans le biberon...), parfois des drames, puis des placements.
Oui, un bébé pleure (et pas pour embêter les parents), parfois, il pleure souvent, oui, il faut le garder et s'en occuper (flûte, on ne peut pas sortir...), oui il faut l'éveiller (et pas le laisser en permanence dans le landau/la coque avec la tétine).
Non, on ne parle pas à des bouts de chou en leur hurlant dessus parce qu'ils n'avancent pas assez vite...
Après, les enfants rencontrent des problèmes dès la maternelle, puis on les retrouve dans les CMP. Elles ne veulent pas s'emm..... à les emmener chez l'orthophoniste (et puis faire les devoirs, ça ne sert à rien...)...L'échec scolaire au bout de la route. Et comment trouver un travail ? Sur place pas évident, la région est une trappe à chômage ; ailleurs, on pourrait, mais on ne veut pas bouger. Surtout pas. Et qui va embaucher des filles qui sont incapables de s'exprimer correctement, qui ponctuent chaque phrase de deux gros mots ?
Tout ça vu et revu. Jusqu'à quand ce désastre va-t-il durer ?
Celles qui ont compris que l'instruction peut servir s'en sortiront ; mais les autres ? Et toutes ces autres, il y en a des centaines.
L'article et ton témoignage sont accablants. Donc chômage de masse, bien des filles renoncent à toute perspective d'émancipation de ce milieu "machiste" par l'école et procréent pour avoir un statut et des revenus...Et les garçons alors? Comment envisagent-ils leur "promotion sociale"? par le "machisme" que tu évoques, par la domination exercée sur les femmes? Quels pères sont-ils? Le modèle de la séparation précoce suivi de l'éducation de l'enfant par la mère secondée éventuellement de la grand-mère est-il dominant?
- ZepoNiveau 6
Un lycée professionnel près de chez moi (bien loin de l'Aisne) est surnommé le lycée "9 mois". L'an dernier, le (ou la) proviseur se réjouissait d'avoir eu moins de 10 grossesses dans l'année (lu dans le journal). Et pourtant, chaque année, des réunions sont organisées pour alerter les jeunes filles.
Le thème de l'année 2013 ?
"Dans une relation sexuelle, il est important de donner son accord".
En lisant cela, les bras m'en sont tombés. D'ailleurs, je tape ce mot avec le nez.
Si vous avez une solution,
Le thème de l'année 2013 ?
"Dans une relation sexuelle, il est important de donner son accord".
En lisant cela, les bras m'en sont tombés. D'ailleurs, je tape ce mot avec le nez.
Si vous avez une solution,
- agcNiveau 9
dans la région en lycée pro, j'ai plusieurs arrêts de scolarité pour grossesse chaque année et parfois à la sortie de la maternelle pour récupérer mes enfants j'ai l'impression d'être vieille à 33 ans.
- InviteeFVénérable
L'an dernier, dans une zone particulièrement sinistrée du Nord, à 25 ans, j'étais la plus vieille du cours de prépa à l'accouchement et celles de presque mon âge attendaient le deuxième ou le troisième.
C'était affreux.
C'était affreux.
- OlympiasProphète
Il y a plusieurs cas de figure possibles :
- la collégienne/lycéenne qui se retrouve piégée par une grossesse car pas de préservatif ou mal mis ; peur de le dire....donc trop tard pour une IVG....tout dépend après de la réaction des parents et des projets de la jeune fille. Deux de mes élèves se sont retrouvée enceintes : d'abord une fille très sérieuse en terminale (oubli de pilule, trop tard pour avorter ; le garçon a pris la tangente...elle a gardé l'enfant, soutenue par ses parents, elle avait une famille structurée. Elle a été absente un mois en tout et a eu son bac avec mention TB) ; ensuite une autre en seconde, piégée car le garçon n'avait pas de préservatif, elle n'a pas osé dire non (parce que sinon, il ne l'aimera plus...vous comprenez). Trop tard, là aussi. Elle a arrêté le lycée.
- ceux décrits dans l'article : l'enfant qui donne un statut, un moyen d'exister quand on a une vie morne et qu'on ne réussit pas en classe (l'échec est là aussi parce que l'école n'est jamais présentée par les parents comme étant un des éléments qui permet d'avancer dans la vie) ; l'enfant caprice (en oubliant que le poupon va grandir ....). L'article est révélateur de l'ignorance profonde des besoins des bébés et très jeunes enfants (on va chez MacDo...sauf que la nourriture est totalement inadaptée, mais bon, elles ont envie, donc, ce n'est pas grave...)
Pourquoi cela cesserait-il alors que tout est fait pour les encourager dans leurs caprices ? La réponse de celle qui travaille au Rectorat est révélatrice !!!!! Elles ont envie, c'est un projet donc il faut les laisser et ce n'est pas un problème. La mère ne va pas forcément décourager la fille...elle a fait la même chose.
Les pères...peu impliqués, invisibles...Cela dépend des cas. Après, cela peut aussi déboucher sur la constitution de quelques couples solides, mais c'est plus rare. Cette situation m'exaspère.
Les juges des enfants ont dans leurs dossiers des familles où les mères ont 6, 7, enfants avec deux ou trois pères différents, la fonction de parent n'est jamais habitée. Les enfants grandissent sans repères.
Après, on trouvera toujours des exceptions
- la collégienne/lycéenne qui se retrouve piégée par une grossesse car pas de préservatif ou mal mis ; peur de le dire....donc trop tard pour une IVG....tout dépend après de la réaction des parents et des projets de la jeune fille. Deux de mes élèves se sont retrouvée enceintes : d'abord une fille très sérieuse en terminale (oubli de pilule, trop tard pour avorter ; le garçon a pris la tangente...elle a gardé l'enfant, soutenue par ses parents, elle avait une famille structurée. Elle a été absente un mois en tout et a eu son bac avec mention TB) ; ensuite une autre en seconde, piégée car le garçon n'avait pas de préservatif, elle n'a pas osé dire non (parce que sinon, il ne l'aimera plus...vous comprenez). Trop tard, là aussi. Elle a arrêté le lycée.
- ceux décrits dans l'article : l'enfant qui donne un statut, un moyen d'exister quand on a une vie morne et qu'on ne réussit pas en classe (l'échec est là aussi parce que l'école n'est jamais présentée par les parents comme étant un des éléments qui permet d'avancer dans la vie) ; l'enfant caprice (en oubliant que le poupon va grandir ....). L'article est révélateur de l'ignorance profonde des besoins des bébés et très jeunes enfants (on va chez MacDo...sauf que la nourriture est totalement inadaptée, mais bon, elles ont envie, donc, ce n'est pas grave...)
Pourquoi cela cesserait-il alors que tout est fait pour les encourager dans leurs caprices ? La réponse de celle qui travaille au Rectorat est révélatrice !!!!! Elles ont envie, c'est un projet donc il faut les laisser et ce n'est pas un problème. La mère ne va pas forcément décourager la fille...elle a fait la même chose.
Les pères...peu impliqués, invisibles...Cela dépend des cas. Après, cela peut aussi déboucher sur la constitution de quelques couples solides, mais c'est plus rare. Cette situation m'exaspère.
Les juges des enfants ont dans leurs dossiers des familles où les mères ont 6, 7, enfants avec deux ou trois pères différents, la fonction de parent n'est jamais habitée. Les enfants grandissent sans repères.
Après, on trouvera toujours des exceptions
- dandelionVénérable
J'ai eu des fratries de cinq avec cinq pères différents. Simple.
Dimanche j'ai regardé Super Nanny: dans le Nord, un couple de personnes visiblement gentilles et aimantes, mais avec trois enfants, dont le premier eu à dix-neuf ans si j'ai bien calculé. Trois enfants à 29 ans. Le gamin de dix ans jouait à des jeux vidéos interdits aux moins de dix-huit ans, avait des difficultés de comportement en classe (il s'était levé en classe en disant: 'je suis né pour tuer'). Il avait la télé dans sa chambre, et jouait cinq heures par jour. Le père a aussi dit qu'il regardait des films d'horreur mais qu'il les regardait avant pour vérifier :shock: (ça m'a fait repenser à une autre discussion sur les problèmes psy chez les enfants)
La mère ne travaillait pas visiblement mais à midi, les enfants arrivaient et elle sortait du congélateur nuggets et hamburgers.
S'ils étaient modestes, ils n'étaient clairement pas dans la difficulté sociale, et même ils avaient tout sur le papier pour être de bons parents (gentils, dévoués, aimant très clairement leurs enfants), mais complétement paumés par rapport à ce dont un enfant a besoin. C'étaient des enfants avec des enfants (la super nanny leur a dit qu'ils étaient des ados, mais c'était presque optimiste tant ils semblaient naïfs).
Dimanche j'ai regardé Super Nanny: dans le Nord, un couple de personnes visiblement gentilles et aimantes, mais avec trois enfants, dont le premier eu à dix-neuf ans si j'ai bien calculé. Trois enfants à 29 ans. Le gamin de dix ans jouait à des jeux vidéos interdits aux moins de dix-huit ans, avait des difficultés de comportement en classe (il s'était levé en classe en disant: 'je suis né pour tuer'). Il avait la télé dans sa chambre, et jouait cinq heures par jour. Le père a aussi dit qu'il regardait des films d'horreur mais qu'il les regardait avant pour vérifier :shock: (ça m'a fait repenser à une autre discussion sur les problèmes psy chez les enfants)
La mère ne travaillait pas visiblement mais à midi, les enfants arrivaient et elle sortait du congélateur nuggets et hamburgers.
S'ils étaient modestes, ils n'étaient clairement pas dans la difficulté sociale, et même ils avaient tout sur le papier pour être de bons parents (gentils, dévoués, aimant très clairement leurs enfants), mais complétement paumés par rapport à ce dont un enfant a besoin. C'étaient des enfants avec des enfants (la super nanny leur a dit qu'ils étaient des ados, mais c'était presque optimiste tant ils semblaient naïfs).
- CasparProphète
J'ai vu cet épisode aussi et je ne suis pas parent donc mal placé pour jugé mais ces parents m'ont paru en effet complètement paumés, pour ne pas dire stupides (je me souviens d'un autre épisode où la mère transportait la télé dans le salon le temps que ça fille s'endorme et la rapportait au salon une fois sa fille endormie pour pouvoir la regarder à son tour...)
J'ai enseigné cinq ans en Thiérache (mon premier poste) et ça a été un petit choc je dois le dire, mais tout n'est pas noir non plus malgré les problèmes.
J'ai enseigné cinq ans en Thiérache (mon premier poste) et ça a été un petit choc je dois le dire, mais tout n'est pas noir non plus malgré les problèmes.
- OlympiasProphète
Non tout n'est pas noir, mais la misère sociale, culturelle l'est.Caspar Goodwood a écrit:J'ai vu cet épisode aussi et je ne suis pas parent donc mal placé pour jugé mais ces parents m'ont paru en effet complètement paumés, pour ne pas dire stupides (je me souviens d'un autre épisode où la mère transportait la télé dans le salon le temps que ça fille s'endorme et la rapportait au salon une fois sa fille endormie pour pouvoir la regarder à son tour...)
J'ai enseigné cinq ans en Thiérache (mon premier poste) et ça a été un petit choc je dois le dire, mais tout n'est pas noir non plus malgré les problèmes.
- CasparProphète
Oui, c'est sûr que j'ai été assez surpris par toute cette misère et ces villages qui pourraient être jolis mais semblent abandonnés. Je n'étais pas fâché de la quitter cette Thiérache en tout cas.
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