[Demande de conseils bibliographiques] Les ateliers d'écriture

Salut à tous,

étant donné que je gère de plus en plus mes travaux de rédaction de cette manière, ainsi qu'en les rendant plus réguliers (j'en fais plus, quoi), je voulais savoir si certains avaient des conseils biblio à proposer sur le sujet des ateliers d'écriture.

J'ai en magasin:

Vers une écriture littéraire, Catherine Tauveron et Pierre Sève, Hatier pédagogie, coll. Cycle 2 et cycle 3, 2005,

L'atelier d'écriture, voies et détours, Jean-Paul Michallet, Lucie Editions, 2012,

Concevoir et animer un atelier d'écriture à visée littéraire, Nathalie Fremaux, Chronique sociale, 2009.

Quelqu'un aurait-il des idées ou des références à proposer?

PP

En fouillant un peu, je suis tombé sur deux livres de François Bon:

Tous les mots sont adultes, ed. Fayard, 2005,

Apprendre l'invention, ed. Publie.net, 2012.

Quelqu'un les a lus?

Pas de conseils de biblio, désolé. Tu nous parles de la manière dont tu pratiques ces ateliers ?

Ateliers d'écriture thérapeutique, Nayla Chidiac, Masson, Issy-les-Moulineaux, 2010.

Le livre de François Bon que tu cites, Tous les mots sont adultes, est une mine. Si je devais n'en choisir qu'un, je choisirais celui-là.

Naguère, je travaillais avec la Petite fabrique de littérature de chépuki aux éditions chépuhou

Pour les plus jeunes (mais pas que), beaucoup d'idées très pratiques: 1001 conseils pour écrivains en herbe, chez Casterman (je l'ai trouvé à la bibliothèque, je vois sur amazon qu'il n'est plus disponible, mais la recherche sur amazon te donne des titres liés, dont à peu près tous ceux mentionnés ci-dessus si ma mémoire ne me joue pas des tours   ).
Il me semble aussi que quelqu'un avait posté un lien en anglais il y a quelque temps, avec des accroches originales pour écrire.

doctor who a écrit:Pas de conseils de biblio, désolé. Tu nous parles de la manière dont tu pratiques ces ateliers ?

Pour le dire succinctement, ça ressemble à un truc iufmesque. Mes tables de classe sont disposées en îlots. Je laisse les groupes se constituer comme bon leur semble. Ensuite, nous travaillons sur un sujet en rapport avec nos lectures. Par exemple, en ce moment, en cinquième, je suis toujours sur Tristan et Iseut version Bédier. Je leur ai proposé un passage de cinq cases d'une adaptation BD, la scène où Marc retrouve les amants dans la forêt, va les tuer et finalement y renonce pour repartir. Notons que les cinq cases ne contiennent pas de bulle. Il s'agit donc d'imaginer tout ce qui est suggéré par le dessin.
Il s'agit de réécrire ce passage de BD sous forme narrative. La progression est divisée en trois étapes.
D'abord nous avons simplement rédigé l'enchaînement des évènements, avec obligation de marquer les transitions entre chaque case.
Ensuite, nous avons réfléchi en nous demandant quelle était la case "la plus importante", celle où se fait la péripétie (au sens aristotélicien, même si je ne parle pas d'Aristote à mes petits cinquièmes ^^). L'étape 2 consistait donc à développer le contenu alloué à cette case, en retranscrivant les délibérations du personnage. Là je donne un objectif de taille de texte (1/3 du texte total doit être consacré à cette case).
Enfin, nous avons recentré sur les sentiments du personnage principal. Nous avons relu tous les passages déjà lus sur Marc pour nous remettre en tête sa psychologie. Ensuite, nous nous sommes demandé quels pouvaient être les sentiments qui traversaient le personnage. Nous avons fait une petite liste. Pour varier le vocabulaire, je leur fournis des dictionnaires analogiques (j'adore ce genre de dictionnaires). L'étape trois consiste à intégrer ces sentiments dans le corps du texte, et à rendre tout cela plus "joli".

Ils sont en îlots parce que, entre chaque étape, la copie d'un élève est relue par deux autres membres du groupe. Chaque copie est accompagnée d'une feuille sur laquelle les élèves font leurs remarques, sur le contenu, le respect des consignes... Ils ont le droit de chuchoter, mais s'il y a trop de bruit, la communication n'est plus autorisée que par écrit (après tout, ils ont l'habitude de s'envoyer des petits mots). S'ils parlent, heure de colle: j'en ai collé un, après avertissement oral, naturellement.
Je circule dans la classe et aide les élèves, lis par dessus leur épaule, donne des conseils... Je m'efforce de ménager des temps différents, entre rédaction, relecture, réflexion commune sur le contenu du texte. Entre chaque étape, je ramasse et je corrige. Nous y passons six heures de cours.

Je ne sais pas si ce sont à proprement parler des ateliers d'écriture, mais bon. J'espère que cela permet aux élèves de mieux sentir l'oeuvre que nous lisons, et que les relectures successives de leur copies leur montre l'importance de cette étape et de mieux comprendre que bien écrire n'est pas un don mais un travail.

Sinon, dans ma classe, lors de cet exercice, j'ai affiché deux citations:
- Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. de Boileau
- Le génie, c'est 1% d'inspiration et 99% de transpiration. Attribuée à Edison, les trads sont variables sur le net.

Je suis preneur de toute remarque sur cette manière de faire.

Cripure a écrit:Naguère, je travaillais avec la Petite fabrique de littérature de chépuki aux éditions chépuhou

C'est le Duchesne Legeay, chez Hachette dans mon souvenir. Je l'ai aussi, je l'avais oublié, je remettrai le nez dedans à l'occasion.

Sei a écrit:Le livre de François Bon que tu cites, Tous les mots sont adultes, est une mine. Si je devais n'en choisir qu'un, je choisirais celui-là.

J'ai commandé à mon libraire les deux de François Bon. Merci pour le commentaire.

Ronin a écrit:Ateliers d'écriture thérapeutique, Nayla Chidiac, Masson, Issy-les-Moulineaux, 2010.

Je retiens la référence, merci.

Extrêmement intéressant. Je suis démangé par ce genre d'expérience, et si je ne lorgnais pas sur un poste en lycée, j'investirai du temps pour mettre cela en place (pareil que pour une version collège des textes libres de Freinet).

Sinon, comme affichage pour la rédac, je mettrais volontiers : "Show, don't tell !"

Presse-Purée, j'envisage un atelier d'écriture avec mes 4e, sur une heure de 16H à 17H où eux et moi n'en pouvons plus (ce jour-là, nous nous voyons trois heures, et cette dernière heure est franchement de trop). Je voudrais également tester les îlots, selon les conseils de ma tutrice, afin de casser un face à face épuisant pour moi.

Cependant, je freine des quatre fers considérant leur nombre (ils sont 28). Pratiques-tu tes ateliers en classe entière ou en demi-groupe ? Si c'est en classe entière, as-tu le temps de lire les textes en fin d'heure ?

Sei a écrit:Presse-Purée, j'envisage un atelier d'écriture avec mes 4e, sur une heure de 16H à 17H où eux et moi n'en pouvons plus (ce jour-là, nous nous voyons trois heures, et cette dernière heure est franchement de trop). Je voudrais également tester les îlots, selon les conseils de ma tutrice, afin de casser un face à face épuisant pour moi.

Les conseils de ta tutrice sonnent étrangement dans ce cas précis. "Casser le face à face", que veut-elle dire par là exactement? Les îlots ne dispensent pas de maintenir une discipline de travail, bien au contraire. C'est aussi, voire plus fatiguant que du face-à-face.

Sei a écrit:
Cependant, je freine des quatre fers considérant leur nombre (ils sont 28). Pratiques-tu tes ateliers en classe entière ou en demi-groupe ? Si c'est en classe entière, as-tu le temps de lire les textes en fin d'heure ?

C'est en classe entière, les élèves sont entre 23 et 26. Je ne lis pas les textes en fin d'heure.

Presse-purée a écrit:

Ronin a écrit:Ateliers d'écriture thérapeutique, Nayla Chidiac, Masson, Issy-les-Moulineaux, 2010.

Je retiens la référence, merci.

Heu... Je ne suis pas certaine que ce soit approprié. Il ne s'agit pas de thérapie.

Grammaire de l'imagination de rodari
Les différents tomes de la petite fabrique de littérature


Avec ça, tu devrais déjà avoir de quoi faire.

J'ai acheté récemment Faire écrire les enfants de Stachack. c'est une sorte de banque de propositions d'écriture, avec régulièrement des petits textes illustratifs pas mal choisi. Ca sauve en cas de panne d'inspiration, ou pour avoir un stock de consignes thématiques.

Sei a écrit:Le livre de François Bon que tu cites, Tous les mots sont adultes, est une mine. Si je devais n'en choisir qu'un, je choisirais celui-là.

Je trouve qu'il a vieilli.

Pseudo a écrit:

Sei a écrit:Le livre de François Bon que tu cites, Tous les mots sont adultes, est une mine. Si je devais n'en choisir qu'un, je choisirais celui-là.

Je trouve qu'il a vieilli.

Que conseillerais-tu, Pseudo ?

Pseudo a écrit:

Sei a écrit:Le livre de François Bon que tu cites, Tous les mots sont adultes, est une mine. Si je devais n'en choisir qu'un, je choisirais celui-là.

Je trouve qu'il a vieilli.

Edit : oups, je viens de voir tes conseils !

Presse-purée a écrit:

Sei a écrit:Presse-Purée, j'envisage un atelier d'écriture avec mes 4e, sur une heure de 16H à 17H où eux et moi n'en pouvons plus (ce jour-là, nous nous voyons trois heures, et cette dernière heure est franchement de trop). Je voudrais également tester les îlots, selon les conseils de ma tutrice, afin de casser un face à face épuisant pour moi.

Les conseils de ta tutrice sonnent étrangement dans ce cas précis. "Casser le face à face", que veut-elle dire par là exactement? Les îlots ne dispensent pas de maintenir une discipline de travail, bien au contraire. C'est aussi, voire plus fatiguant que du face-à-face.

Sei a écrit:
Cependant, je freine des quatre fers considérant leur nombre (ils sont 28). Pratiques-tu tes ateliers en classe entière ou en demi-groupe ? Si c'est en classe entière, as-tu le temps de lire les textes en fin d'heure ?

C'est en classe entière, les élèves sont entre 23 et 26. Je ne lis pas les textes en fin d'heure.

Ce n'est pas tellement la discipline, le problème. Je me doute qu'il est difficile d'assurer le calme quand les élèves sont en autonomie, mais j'aimerais essayer.

Merci pour ta réponse !

Je vais me lancer, je pense, mais je vais proposer à la documentaliste de travailler avec moi, afin de diviser la classe en deux groupes.

Je te ferai part de mon expérience (je débute, hein).

Le livre de François Bon que tu cites, Tous les mots sont adultes

sur le web : http://www.tierslivre.net/atel/

et dans les liens,
les ateliers d'écriture de Tiers Livre
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?rubrique135
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3547

François Bon est la référence en matière d'atelier d'écriture et pourtant... Quand j'ai cherché à utiliser ses ouvrages, ce fût toujours un échec. Les propositions n'enchantaient pas mon public, moi-même je les trouvais souvent tirées par les cheveux. C'était, à mon sens, mal adapté à mon public (alors même qu'il disait avoir eu le même, à peu de chose près)
Je pense que quelques soit le bouquin ou la méthode, il faut trouver ce qui nous convient. Apparemment beaucoup de gens ont utilisé les préconisations de Bon avec profit. Moi pas.

Oui, pour ma part, je n'applique presque jamais à la lettre les consignes de Bon.

Mais il est dans mon horizon, dirons-nous.

Il est arrivé plusieurs fois que je me serve du principe des listes en début de séance pour la dépasser par d'autres exercices.

Sei a écrit:Oui, pour ma part, je n'applique presque jamais à la lettre les consignes de Bon.

Mais il est dans mon horizon, dirons-nous.

Il est arrivé plusieurs fois que je me serve du principe des listes en début de séance pour la dépasser par d'autres exercices.

Oui, mais les listes, ou inventaires, n'ont pas été inventés par Bon. Ca fonctionne effectivement bien, les inventaires.

Les consignes sont de toutes façon comme les cours trouvés tout prêt : à adapter.

Non, c'est sûr. Je pense que ce sont les seuls exercices que je recycle tels quels. Sauf cas extrême de panique (j'ai pas de consigne aujourd'hui !).