- yranohHabitué du forum
Une idée qui m'est venue comme il en vient à 2h du mat (toujours fumeuses, mais on ne s'en rend compte que le lendemain!).
Proposer une analyse fautive d'un texte, prendre connaissance des réactions, et demander qu'on me montre mon erreur. Pensez-vous que cela vaille le coup d’être tenté?
Mes élèves sont faibles et lisent de façon bien superficielle. Je me dis que la contrainte que cela exercerait sur leur réflexion pourrait aider certains à l'approfondir. Cela permettrait aussi d’entrer vraiment dans une démarche d'argumentation, et peut-être de s'exprimer avec plus de finesse.
J'imagine cela par exemple sur des textes comme l'esclavage des nègres (lu sans ironie), le vol des pommes (comme réécriture, fidèle à la pensée du vol des poires), sur des questions de registre, etc.
En tous les cas, vos réactions m'intéressent.
Proposer une analyse fautive d'un texte, prendre connaissance des réactions, et demander qu'on me montre mon erreur. Pensez-vous que cela vaille le coup d’être tenté?
Mes élèves sont faibles et lisent de façon bien superficielle. Je me dis que la contrainte que cela exercerait sur leur réflexion pourrait aider certains à l'approfondir. Cela permettrait aussi d’entrer vraiment dans une démarche d'argumentation, et peut-être de s'exprimer avec plus de finesse.
J'imagine cela par exemple sur des textes comme l'esclavage des nègres (lu sans ironie), le vol des pommes (comme réécriture, fidèle à la pensée du vol des poires), sur des questions de registre, etc.
En tous les cas, vos réactions m'intéressent.
- NLM76Grand Maître
Ouais. Il n'y a pas déjà des textes qui analysent des raisonnements fautifs ? Des milliers, je pense.
A priori, donner l'exemple de l'erreur me paraît antipédagogique.
A priori, donner l'exemple de l'erreur me paraît antipédagogique.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- yogiSage
nlm76 a écrit:Ouais. Il n'y a pas déjà des textes qui analysent des raisonnements fautifs ? Des milliers, je pense.
A priori, donner l'exemple de l'erreur me paraît antipédagogique.
+1 Mes formateurs disaient que ce n'était pas la chose à faire.
Qu'en pensent les autres néos? Je suis curieuse de savoir si des collègues sont favorables.
_________________
"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- ysabelDevin
nlm76 a écrit:Ouais. Il n'y a pas déjà des textes qui analysent des raisonnements fautifs ? Des milliers, je pense.
A priori, donner l'exemple de l'erreur me paraît antipédagogique.
Cela me gênerait vis-à-vis des gamins de leur offrir qqch de faux sans leur dire : je considère qu'ils doivent toujours me faire confiance. Rien de tel pour la rompre.
_________________
« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- babetteNeoprof expérimenté
Yohanr a écrit:Une idée qui m'est venue comme il en vient à 2h du mat (toujours fumeuses, mais on ne s'en rend compte que le lendemain!).
Proposer une analyse fautive d'un texte, prendre connaissance des réactions, et demander qu'on me montre mon erreur. Pensez-vous que cela vaille le coup d’être tenté?
Mes élèves sont faibles et lisent de façon bien superficielle. Je me dis que la contrainte que cela exercerait sur leur réflexion pourrait aider certains à l'approfondir. Cela permettrait aussi d’entrer vraiment dans une démarche d'argumentation, et peut-être de s'exprimer avec plus de finesse.
J'imagine cela par exemple sur des textes comme l'esclavage des nègres (lu sans ironie), le vol des pommes (comme réécriture, fidèle à la pensée du vol des poires), sur des questions de registre, etc.
En tous les cas, vos réactions m'intéressent.
Tes élèves risquent de ne pas voir ce qui pose problème dans l'analyse que tu proposes et surtout de ne pas comprendre cette démarche. Je pense que cela n'engendra qu'incompréhension et méfiance de leur part vis à vis de toi.
_________________
« Si ton rève se réalise, c'est qu'il n'était pas assez beau."
Proverbe chinois.
- *Lady of Shalott*Fidèle du forum
On a déjà du mal à faire comprendre certains textes (je pense notamment à l'ironie qui n'est pas toujours perçue)... faire croire le faux avant d'en revenir au vrai me paraît propre à entretenir la confusion
+ 1 avec Ysabel : la démarche me gênerait aussi !
+ 1 avec Ysabel : la démarche me gênerait aussi !
_________________
"Est-ce que les professeurs vont dans un au-delà spécial quand ils meurent ? fit Cohen. - Je ne crois pas", répondit tristement monsieur Cervelas. Il se demanda un instant s'il existait réellement dans les cieux une grande Heure de Libre. Ça paraissait peu probable. Il y aurait sûrement des corrections à se taper. (T. Pratchett, Les Tribulations d'un mage en Aurient)
- CeladonDemi-dieu
Je suis de l'avis de Babette. Il me semble que cette démarche est à proscrire, l'échelle de valeurs entre le vrai et le faux sera brouillée, tu n'es pas censé être porteur du faux et ils pourraient bien ne plus avoir confiance en toi.
- henrietteMédiateur
Il y a quelques années, j'avais donné, dans le cadre d'une correction de commentaire, un très large extrait d'une copie de bac blanc (tout un axe, si mes souvenirs sont bons) en demandant aux élèves de m'expliquer pourquoi la démarche d'analyse n'allait pas.
Ils ont presque tous trouvé quelque chose qui n'allait pas d’après eux, mais n'avait rien à voir avec le vrai problème ; du coup j'ai perdu un temps fou à réfuter de faux problèmes, ce ne fut pas productif du tout : je n'ai jamais retenté.
Il vaut mieux, à mon avis, délimiter un argument précis qui ne tient pas, en demandant aux élèves de trouver pourquoi on ne peut pas affirmer ça sur le texte, plutôt que toute une analyse.
Ils ont presque tous trouvé quelque chose qui n'allait pas d’après eux, mais n'avait rien à voir avec le vrai problème ; du coup j'ai perdu un temps fou à réfuter de faux problèmes, ce ne fut pas productif du tout : je n'ai jamais retenté.
Il vaut mieux, à mon avis, délimiter un argument précis qui ne tient pas, en demandant aux élèves de trouver pourquoi on ne peut pas affirmer ça sur le texte, plutôt que toute une analyse.
- User17706Bon génie
J'imagine qu'il n'y a pas de problème de principe avec l'idée de départ, mais qu'il faut être très précautionneux dans sa mise en oeuvre. Je serais curieux d'en entendre davantage si tu essaies.henriette a écrit: délimiter un argument précis qui ne tient pas, en demandant aux élèves de trouver pourquoi on ne peut pas affirmer ça sur le texte, plutôt que toute une analyse.
- henrietteMédiateur
C'est clair qu'il faut bien choisir. Je précise que je ne le faisais en lycée que dans le cadre des corrections de devoirs type bac.
Par exemple, une année, sur Cendrillon, une élève était partie de l'idée que ce conte illustrait "la revanche des boniches" et était donc "révolutionnaire" avant l'heure. Cette erreur initiale, discutée en classe, a ensuite permis aux élèves de la classe en question de bien mieux cerner le rôle de la fée dans le conte de Perrault : permettre le retour à l'ordre normal, pas du tout le bouleversement des classes sociales.
En fait, ça fonctionne bien lorsqu'on se trouve face à un contresens très précis sur un passage du texte (dans l'exemple précédent, l'élève avait totalement occulté la situation de départ de Cendrillon : "Il était une fois un Gentilhomme qui avait une fille") qui amène du coup toute une analyse erronée.
Par exemple, une année, sur Cendrillon, une élève était partie de l'idée que ce conte illustrait "la revanche des boniches" et était donc "révolutionnaire" avant l'heure. Cette erreur initiale, discutée en classe, a ensuite permis aux élèves de la classe en question de bien mieux cerner le rôle de la fée dans le conte de Perrault : permettre le retour à l'ordre normal, pas du tout le bouleversement des classes sociales.
En fait, ça fonctionne bien lorsqu'on se trouve face à un contresens très précis sur un passage du texte (dans l'exemple précédent, l'élève avait totalement occulté la situation de départ de Cendrillon : "Il était une fois un Gentilhomme qui avait une fille") qui amène du coup toute une analyse erronée.
- clo74Niveau 9
Pour ma part, je cite souvent à mes élèves cette interprétation d'un élève : on avait donné en commentaire "Le Pain" de Francis Ponge, et ayant lu la date de parution du recueil, 1942, l'élève avait fait de ce poème une métaphore de la guerre! Mais je ne leur donne cet exemple qu'après étude du texte, afin de leur montrer qu'une interprétation n'est valable que si un réseau sérieux d'indices apparaît.
- kiwiGuide spirituel
Pour les lettres je ne sais pas, encore moins pour une analyse de texte.
J'ai déjà tenté en méthodo de croquis ou de dissertation/rédaction de prendre des travaux d'élèves mauvais sur tel ou tel point, de voir avec les gamins ce qui n'allait justement pas pour ensuite réfléchir à ce qu'il aurait fallu faire. Donc on a corrigé les travaux. Cela fonctionne plutôt bien.
J'ai déjà tenté en méthodo de croquis ou de dissertation/rédaction de prendre des travaux d'élèves mauvais sur tel ou tel point, de voir avec les gamins ce qui n'allait justement pas pour ensuite réfléchir à ce qu'il aurait fallu faire. Donc on a corrigé les travaux. Cela fonctionne plutôt bien.
- Madame_ProfEsprit sacré
J'ai édité le titre du fil pour plus de lisibilité et de clarté vis-à-vis des autres membres.
_________________
2017-2025 - 10ème établissement, en poste fixe ! Et, militante (encore, malgré tout...) !
2013-2017 - TZR en expérimentation au gré des établissements, et militante !
2012-2013 - Année de stage en collège
- yranohHabitué du forum
Merci Madame Prof!
A la fac, il me semble que la confrontation est une technique utilisée et riche pour l'analyse des textes. Un commentaire oral d'étudiant est parfois suivi par une confrontation entre lui et le professeur, et, en ce qui me concerne, je trouvais assez grisant ce genre de combat prof/étudiant. Cela permet de regarder vraiment le texte dans les détails,un simple mot pouvant faire pencher la balance d'un coté ou de l'autre ("Sire loup"), et de croire ce que l'on dit (ce qui n'est pas toujours le cas chez les élèves). Au lycée, étant donné le trop faible niveau des élèves pour mener cet d'exercice, je ne vois pas d'autre transformation que celle que je propose. On peut partir effectivement des mauvaises interprétations des élèves, mais il me semble que l'enjeu n'est pas le même.
Après, je suis d'accord avec vous, c'est risqué, et je ne le pratiquerai pas. Mais j'aimerais voir ce que cela donne.
A la fac, il me semble que la confrontation est une technique utilisée et riche pour l'analyse des textes. Un commentaire oral d'étudiant est parfois suivi par une confrontation entre lui et le professeur, et, en ce qui me concerne, je trouvais assez grisant ce genre de combat prof/étudiant. Cela permet de regarder vraiment le texte dans les détails,un simple mot pouvant faire pencher la balance d'un coté ou de l'autre ("Sire loup"), et de croire ce que l'on dit (ce qui n'est pas toujours le cas chez les élèves). Au lycée, étant donné le trop faible niveau des élèves pour mener cet d'exercice, je ne vois pas d'autre transformation que celle que je propose. On peut partir effectivement des mauvaises interprétations des élèves, mais il me semble que l'enjeu n'est pas le même.
Après, je suis d'accord avec vous, c'est risqué, et je ne le pratiquerai pas. Mais j'aimerais voir ce que cela donne.
- InvitéeEvNiveau 5
J'ai déjà essayé un exercice de ce genre…
J'ai pris un commentaire composé sur internet, j'ai distribué la première partie aux élèves avec une mise en page qui permettait les corrections.
Mon bilan est mitigé : les élèves ont eu plaisir à chercher ce qui n'allait pas, ils ont trouvé plein de défauts avec une sorte de jubilation à dire que c'était vraiment un très mauvais devoir (ce n'était d'ailleurs pas un si mauvais devoir…).
Le travail de correction leur a fait prendre conscience qu'ils irritent le prof en ne soulignant pas les titres, ne faisant pas les alinéas etc.
Mais je ne suis pas certaine du bénéfice réel de cet exercice : je n'ai remarqué aucune amélioration nette… même formelle.
sauf chez les élèves qui étaient déjà assez au point.
J'ai pris un commentaire composé sur internet, j'ai distribué la première partie aux élèves avec une mise en page qui permettait les corrections.
Mon bilan est mitigé : les élèves ont eu plaisir à chercher ce qui n'allait pas, ils ont trouvé plein de défauts avec une sorte de jubilation à dire que c'était vraiment un très mauvais devoir (ce n'était d'ailleurs pas un si mauvais devoir…).
Le travail de correction leur a fait prendre conscience qu'ils irritent le prof en ne soulignant pas les titres, ne faisant pas les alinéas etc.
Mais je ne suis pas certaine du bénéfice réel de cet exercice : je n'ai remarqué aucune amélioration nette… même formelle.
sauf chez les élèves qui étaient déjà assez au point.
- cléoNiveau 9
En revanche, ce qui peut-être est plus facile à mettre en oeuvre et qui peut véritablement faire comprendre à un élève qu'un commentaire est une démonstration, c'est de lui dire : "imagine que ton correcteur n'est pas d'accord avec ton hypothèse de lecture, au départ. Il va falloir lui prouver que c'est toi qui as raison."
- NLM76Grand Maître
Oui, d'ailleurs, je songe à faire venir une collègue dans ma classe pour qu'ils lui expliquent ce que nous avons vu dans tel ou tel texte ensemble : ils verront bien qu'il faut expliquer, quand la personne n'a pas vu ce que vous avez vu.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum