Page 1 sur 2 • 1, 2
- Isis39Enchanteur
Au fond, pourquoi enseigner l’histoire ? la géographie ? – Une réponse, aujourd’hui, pourrait être que ces deux enseignements, conçus comme complémentaires, ont pour finalité de donner aux élèves d’une part un schéma narratif emboîtant les temps de l’évolution de l’humanité, de la civilisation occidentale et de l’histoire de France, avec quelques rudiments d’éléments extra-européens ; d’autre part un tableau descriptif multiscalaire du Monde, de l’Europe et de la France. Cette réponse, qu’on ne reprendra pas comme nôtre, correspond à la logique du Livret personnel de compétences : la raison d’être de l’histoire et de la géographie à l’École serait de donner une « culture humaniste », c’est-à-dire d’avoir des connaissances et des repères relevant de l’espace[3] et du temps[4].
Il ne s’agit pas de renier cette dimension culturelle, mais de ramener au devant la fonction intellectuelle de ces enseignements. L’histoire et la géographie doivent donner aux élèves les outils d’intelligibilité du réel, ce dont il n’est nulle part question dans le Livret personnel de compétences. Or ceci n’implique-t-il pas de rompre avec un diptyque profondément ancré qui assimile l’histoire au passé et la géographie au présent ? Ce n’est ni le passé ni le présent qui constituent l’horizon de sens de notre enseignement, mais le futur ! Que faut-il en effet enseigner pour que nos élèves aient les moyens de comprendre et d’agir dans la société globale qui se tisse ? Tant que nous ne prendrons pas au sérieux cette question, les programmes que nous pourrons proposer seront irrémédiablement condamnés à être obsolètes. Il faut cesser de repriser. La refondation dont Vincent Peillon a fait son mot d’ordre ne doit pas être prise à la légère[5], comme un simple motif, un ornement de communication ; c’est un impératif.
Pour cela, ne peut-on pas rompre définitivement la barrière entre histoire et géographie en proposant une approche totale qui soit transdisciplinaire et qui englobe l’ensemble des sciences humaines et sociales ? L’idée n’est pas nouvelle. Pour désigner cela, Charles Morazé, en 1948, volait à Fernand Braudel le mot de « géohistoire »[6]. Sans doute à tort, car il est trop spécifique, ou trop flou. Mais dans tous les cas, il est difficile d’accepter le discours de ceux qui voient dans l’enseignement actuel une forme de bivalence. L’histoire et la géographie ne sont que deux manières étroitement imbriquées d’appréhender la réalité humaine. À moins de ne voir dans l’une et l’autre respectivement qu’une simple connaissance chronologique et cartographique, toutes les deux impliquent en réalité la maîtrise de concepts économiques, démographiques, sociologiques, psychologiques, juridiques, politiques, etc. Il y a une circulation des notions entre les « sciences de l’homme », comme on disait il y a un demi-siècle. Or l’enseignement primaire et secondaire n’a pas pour objectif d’enseigner des disciplines universitaires constituées en champs-clos – ce qui est en soi une fiction –, mais de rendre intelligibles les sociétés humaines. Il n’y a ni homo œconomicus ni homo geogaphicus ni homo historicus. La dimension mémorielle et symbolique de l’enseignement d’histoire doit donc clairement être abandonnée au profit d’une approche problématisée et critique privilégiant l’accès de l’individu à l’autonomie par la maîtrise de connaissances, mais plus encore de concepts et de méthodes. De ce point de vue, on peut considérer que l’enseignement de géographie a déjà partiellement fait son aggiornamento.
La suite ici : http://aggiornamento.hypotheses.org/1727
Pour ma part, cela me pose problème : abandonner la chronologie dans la progression du programme me semble une belle bêtise.
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Effectivement, leur tableau me semble bien obscur et clairement à mille lieux des réalités de notre public.
Voilà le genre d'idées auquel je n'adhère pas du tout.
Voilà le genre d'idées auquel je n'adhère pas du tout.
- Isis39Enchanteur
Douglas Colvin a écrit:Effectivement, leur tableau me semble bien obscur et clairement à mille lieux des réalités de notre public.
Voilà le genre d'idées auquel je n'adhère pas du tout.
Disons pour préciser que c'est une proposition d'un membre du collectif et que la discussion est ouverte. D'autres propositions viendront peut-être.
Un point positif : cela laisse une grande liberté pédagogique, à l'inverse de ce qu'on a avec les derniers programmes de collège qui sont très directifs.
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Certes ce n'est qu'une proposition et heureusement !
Liberté pédagogique oui, mais si c'est la "liberté" de choisir ses propres études de cas, non merci !
Liberté pédagogique oui, mais si c'est la "liberté" de choisir ses propres études de cas, non merci !
- Isis39Enchanteur
Douglas Colvin a écrit:Certes ce n'est qu'une proposition et heureusement !
Liberté pédagogique oui, mais si c'est la "liberté" de choisir ses propres études de cas, non merci !
Il est vrai que tout baser sur les études de cas....
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Les études de cas ont clairement montré leurs limites dans le programme de 3e (je pense à celle pour la 2nde GM, comme Stalingrad).
J'estime qu'avoir un programme cadré est essentiel, ce qui n'enlève en rien à notre liberté pédagogique.
Les anciens programmes (on parle souvent de celui de 3eme qu'on semble regretter tous les deux) étaient plutôt biens.
J'estime qu'avoir un programme cadré est essentiel, ce qui n'enlève en rien à notre liberté pédagogique.
Les anciens programmes (on parle souvent de celui de 3eme qu'on semble regretter tous les deux) étaient plutôt biens.
- Isis39Enchanteur
Douglas Colvin a écrit:Les études de cas ont clairement montré leurs limites dans le programme de 3e (je pense à celle pour la 2nde GM, comme Stalingrad).
J'estime qu'avoir un programme cadré est essentiel, ce qui n'enlève en rien à notre liberté pédagogique.
Les anciens programmes (on parle souvent de celui de 3eme qu'on semble regretter tous les deux) étaient plutôt biens.
Je suis d'accord avec toi : l'ancien programme de 3e était vraiment bien.
Il faudrait réserver les "études de cas" aux sujets qui s'y prêtent. En mettre partout.... Pour nos élèves,donc la Première Guerre mondiale c'est Verdun, et la 2e c'est Stalingrad. Vraiment restrictif.
Je ne l'ai fait qu'une année, mais cela me semblait aussi problématique dans certains chapitres d'histoire en 5e, notamment (je ne sais plus l'intitulé) sur la construction de la France.
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Pour la 5e, à la rigueur, le principe est de voir un épisode de la construction du royaume et de l'affirmation du pouvoir royal, je trouve ça moins restrictif que Stalingrad.
Bouvines est un bon exemple pour montrer comment le roi affirme son pouvoir sur des vassaux qui le contestent.
Stalingrad pose bcp plus de problèmes à mon sens.
Donc les EDC, ça marche par moment, mais, c'est souvent restrictif et limite caricatural.
Bouvines est un bon exemple pour montrer comment le roi affirme son pouvoir sur des vassaux qui le contestent.
Stalingrad pose bcp plus de problèmes à mon sens.
Donc les EDC, ça marche par moment, mais, c'est souvent restrictif et limite caricatural.
- Isis39Enchanteur
Douglas Colvin a écrit:Pour la 5e, à la rigueur, le principe est de voir un épisode de la construction du royaume et de l'affirmation du pouvoir royal, je trouve ça moins restrictif que Stalingrad.
Bouvines est un bon exemple pour montrer comment le roi affirme son pouvoir sur des vassaux qui le contestent.
Stalingrad pose bcp plus de problèmes à mon sens.
Donc les EDC, ça marche par moment, mais, c'est souvent restrictif et limite caricatural.
Et pour les espaces productifs... pfffff
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Pas mieux !
- ElyasEsprit sacré
Pffffffffffffffff...
Ils sont complètement déconnectés de la réalité à Aggiornamento. De plus, cette offensive en faveur de la géohistoire (sujet de thèse de l'auteur de la proposition) et, disons-le tout net, de la contemporaine est lassant. Sans parler de transformer en fait l'histoire-géographie en cours de sciences sociales en y ajoutant l'économie et la sociologie.
Ce qu'oublient ces gentils membres du collectif, c'est qu'au collège, les élèves apprennent le langage de l'histoire et de la géographie tout en se créant une conscience et une culture historiques et géographies. Les lancer tout de suite dans des grandes thématiques en reniant l'apprentissage du langage disciplinaire de base, les repères chronologiques et spatiaux marquant et en comprenant les évolutions, ça ne sert à rien.
Je les rejoins cependant sur l'importance de "penser le temps". D'ailleurs, Olympias et moi voulions créer un sujet à ce propos. Le problème, c'est que leur approche est trop dans la stratosphère intellectuelle. Prenons les axes de la 6e : vivre et mourir, les langues en France et la ville... Euh... comment crée-t-on une conscience historique avec ça ? Et géographique ? Le programme de 6e actuel est très bon : l'Antiquité autour des notions de territoire organisé en Etat (de la cité à l'Empire), de la place des humains dans ces territoires (la question de la citoyenneté) et l'émergence des monothéismes et de la science. En géographie, la notion d'habiter est tout simplement très efficace... Donc, se réduire à seulement la ville...
Enfin, ils parlent de développer le sens diachronique et synchronique. Ils ont raison mais les programmes actuels le permettent déjà. Le seul souci est la lourdeur de ces programmes pour le peu de temps que nous avons. Par contre, ils oublient totalement l'aspect chronologique ET surtout chronosophique.
Pour finir, ils ne mettent pas assez l'accent sur les autres types d'écriture que l'argumentation. Très ennuyeux.
J'ai menti, je n'ai pas fini. Ils délayent trop. Ils jouent avec l'échelle sur 4 ans, faisant découvrir un nouvel aspect scalaire chaque année. C'est une erreur fondamentale. Et surtout, ça ne pose aucun souci aux élèves de jouer avec les échelles.
Pour autant, je ne partage pas votre avis sur les EdC et les entrées... mais là, ce n'est pas le débat.
En clair, je ne suis pas d'accord avec l'approche d'Aggiornamento. Si c'est la piste suivie par le MEN, on court à la catastrophe. Par contre, amener à créer une didactique de "penser le temps", oui ! Mais pas comme ça !
Ils sont complètement déconnectés de la réalité à Aggiornamento. De plus, cette offensive en faveur de la géohistoire (sujet de thèse de l'auteur de la proposition) et, disons-le tout net, de la contemporaine est lassant. Sans parler de transformer en fait l'histoire-géographie en cours de sciences sociales en y ajoutant l'économie et la sociologie.
Ce qu'oublient ces gentils membres du collectif, c'est qu'au collège, les élèves apprennent le langage de l'histoire et de la géographie tout en se créant une conscience et une culture historiques et géographies. Les lancer tout de suite dans des grandes thématiques en reniant l'apprentissage du langage disciplinaire de base, les repères chronologiques et spatiaux marquant et en comprenant les évolutions, ça ne sert à rien.
Je les rejoins cependant sur l'importance de "penser le temps". D'ailleurs, Olympias et moi voulions créer un sujet à ce propos. Le problème, c'est que leur approche est trop dans la stratosphère intellectuelle. Prenons les axes de la 6e : vivre et mourir, les langues en France et la ville... Euh... comment crée-t-on une conscience historique avec ça ? Et géographique ? Le programme de 6e actuel est très bon : l'Antiquité autour des notions de territoire organisé en Etat (de la cité à l'Empire), de la place des humains dans ces territoires (la question de la citoyenneté) et l'émergence des monothéismes et de la science. En géographie, la notion d'habiter est tout simplement très efficace... Donc, se réduire à seulement la ville...
Enfin, ils parlent de développer le sens diachronique et synchronique. Ils ont raison mais les programmes actuels le permettent déjà. Le seul souci est la lourdeur de ces programmes pour le peu de temps que nous avons. Par contre, ils oublient totalement l'aspect chronologique ET surtout chronosophique.
Pour finir, ils ne mettent pas assez l'accent sur les autres types d'écriture que l'argumentation. Très ennuyeux.
J'ai menti, je n'ai pas fini. Ils délayent trop. Ils jouent avec l'échelle sur 4 ans, faisant découvrir un nouvel aspect scalaire chaque année. C'est une erreur fondamentale. Et surtout, ça ne pose aucun souci aux élèves de jouer avec les échelles.
Pour autant, je ne partage pas votre avis sur les EdC et les entrées... mais là, ce n'est pas le débat.
En clair, je ne suis pas d'accord avec l'approche d'Aggiornamento. Si c'est la piste suivie par le MEN, on court à la catastrophe. Par contre, amener à créer une didactique de "penser le temps", oui ! Mais pas comme ça !
- doctor whoDoyen
Ce qui me gêne, c'est encore e toujours ce manque d'ambition pour le primaire en termes de contenus.
C'est un enseignement hyper abstrait qui est préconisé, très éloigné des capacités de compréhension et des centres d'intérêts des enfants. Désolé, mais sans un contenu riche et diversifié, pas d'accès à l'abstraction possible.
Et toujours la même erreur : privilégier le concept à l'imaginaire. La curiosité des enfants ne sera jamais éveillée par un tel programme. On perd toute la saveur des connaissances historiques, qui tient justement dans le jeu entre l'exotisme et la familiarité que peut susciter le passé.
Bref, on veut enseigner une "pensée historienne" sans créer "d'imaginaire historique" (qui a besoin d'un grand nombre de connaissances concrètes pour être construite).
Or, pas d'imaginaire historique si on joue trop au "petit historien". Et pas de "pensée historienne" sans un imaginaire historique suffisamment riche.
C'est un enseignement hyper abstrait qui est préconisé, très éloigné des capacités de compréhension et des centres d'intérêts des enfants. Désolé, mais sans un contenu riche et diversifié, pas d'accès à l'abstraction possible.
Et toujours la même erreur : privilégier le concept à l'imaginaire. La curiosité des enfants ne sera jamais éveillée par un tel programme. On perd toute la saveur des connaissances historiques, qui tient justement dans le jeu entre l'exotisme et la familiarité que peut susciter le passé.
Bref, on veut enseigner une "pensée historienne" sans créer "d'imaginaire historique" (qui a besoin d'un grand nombre de connaissances concrètes pour être construite).
Or, pas d'imaginaire historique si on joue trop au "petit historien". Et pas de "pensée historienne" sans un imaginaire historique suffisamment riche.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- doctor whoDoyen
Pareil qu'Elyas sur les échelles : il me semble qu'on peut les mêler dès la 6è. (Pour ce qui est du primaire, je serais davantage progressif.)
Idem pour la chronologie. Pour la chronosophie, au primaire, je serais beaucoup plus prudent. Je trouve par exemple très confuse la notion de différentes temporalités, qui est une métaphore heuristique justifiée à un niveau universitaire ou de fin de secondaire, mais gênante avant cela.
Idem pour la chronologie. Pour la chronosophie, au primaire, je serais beaucoup plus prudent. Je trouve par exemple très confuse la notion de différentes temporalités, qui est une métaphore heuristique justifiée à un niveau universitaire ou de fin de secondaire, mais gênante avant cela.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- ElyasEsprit sacré
Quand je parle de conscience historique, je parle de ce que tu appelles imaginaire.
Sur le reste, je suis d'accord avec toi, surtout pour le manque d'ambition par tronçonnage. Pour la chronosophie, pardon, je parlais pour le secondaire où on peut commencer sur des points très précis (la cité, le partage d'un repas après un sacrifice du polythéisme antique qui devient la messe avec eucharistie chez les Chrétiens...).
Sur le reste, je suis d'accord avec toi, surtout pour le manque d'ambition par tronçonnage. Pour la chronosophie, pardon, je parlais pour le secondaire où on peut commencer sur des points très précis (la cité, le partage d'un repas après un sacrifice du polythéisme antique qui devient la messe avec eucharistie chez les Chrétiens...).
- doctor whoDoyen
Elyas a écrit:Quand je parle de conscience historique, je parle de ce que tu appelles imaginaire.
Sur le reste, je suis d'accord avec toi, surtout pour le manque d'ambition par tronçonnage. Pour la chronosophie, pardon, je parlais pour le secondaire où on peut commencer sur des points très précis (la cité, le partage d'un repas après un sacrifice du polythéisme antique qui devient la messe avec eucharistie chez les Chrétiens...).
OK. Tu vois qu'on est d'accord de temps en temps.
Sinon, encore une fois, personne ne prend conscience que l'école primaire est justement le moment où le programme d'histoire peut être assez chargé. On ne demande pas en primaire un approfondissement des notions et des connaissances, mais un parcours répété des différentes époques et des différents lieux du passé. Une sorte de visite guidée intelligente et bourrée jusqu'à la gueule d'anecdotes, d'images, de personnages, si possible haut en couleur et proche des centres d'intérêt des gamins (centres d'intérêt qui incluent à la fois le plus familier et le plus étrange, le plus proche et le plus éloigné).
Cela ne suppose pas d'ailleurs qu'on abandonne l'ambition de faire réfléchir. Mais, AMHA, pas tellement une réflexion externe d'historien de profession, sur les sources, les degrés de véracité, etc. mais une réflexion interne sur la logique des événements, la cohérence sociale et technologique d'une civilisation donnée, la comparaison du passé et du présent et des différents passé entre eux.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- ElyasEsprit sacré
doctor who a écrit:Elyas a écrit:Quand je parle de conscience historique, je parle de ce que tu appelles imaginaire.
Sur le reste, je suis d'accord avec toi, surtout pour le manque d'ambition par tronçonnage. Pour la chronosophie, pardon, je parlais pour le secondaire où on peut commencer sur des points très précis (la cité, le partage d'un repas après un sacrifice du polythéisme antique qui devient la messe avec eucharistie chez les Chrétiens...).
OK. Tu vois qu'on est d'accord de temps en temps.
Cela arrive très souvent même
doctor who a écrit:Sinon, encore une fois, personne ne prend conscience que l'école primaire est justement le moment où le programme d'histoire peut être assez chargé. On ne demande pas en primaire un approfondissement des notions et des connaissances, mais un parcours répété des différentes époques et des différents lieux du passé. Une sorte de visite guidée intelligente et bourrée jusqu'à la gueule d'anecdotes, d'images, de personnages, si possible haut en couleur et proche des centres d'intérêt des gamins (centres d'intérêt qui incluent à la fois le plus familier et le plus étrange, le plus proche et le plus éloigné).
Je comprends maintenant ce que tu veux dire et j'avoue assez partager ton avis.
doctor who a écrit:Cela ne suppose pas d'ailleurs qu'on abandonne l'ambition de faire réfléchir. Mais, AMHA, pas tellement une réflexion externe d'historien de profession, sur les sources, les degrés de véracité, etc. mais une réflexion interne sur la logique des événements, la cohérence sociale et technologique d'une civilisation donnée, la comparaison du passé et du présent et des différents passé entre eux.
Mais c'est aussi une pensée historienne que cela. Ce que tu appelles pensée historienne de base, c'est la méthode et l'ambition de rigueur. Mais la réflexion intérieure sur la logique des événements et tout le toutim, c'est aussi une pensée historienne
La méthode doit être laissée au secondaire, c'est certain.
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Je vais peut-être vous étonner, mais je trouve ce texte vraiment très intéressant. Mais cela ressemble à mon avis plus à un manifeste universitaire qu'à un véritable plan applicable dans le primaire et le secondaire.
- boris vassilievGrand sage
Pour ma part, à lire ça, j'ai plutôt l'impression que cet aggiornamento est en train de devenir une sorte de bateau ivre au même titre que l'éducation nationale.
En fait, je n'ai entendu parler de ce groupe qu'avec la dénonciation du nouveau programme de 1ère en 2011, et j'en avais conclu que c'était plutôt du genre pragmatique et lucide. Mais on dirait que ça part dans tous les sens, maintenant...
En fait, je n'ai entendu parler de ce groupe qu'avec la dénonciation du nouveau programme de 1ère en 2011, et j'en avais conclu que c'était plutôt du genre pragmatique et lucide. Mais on dirait que ça part dans tous les sens, maintenant...
_________________
On a beau dire, y'a pas seulement que de la pomme, y'a autre chose : ça serait pas des fois de la betterave, hein ? Si, y'en a aussi... (Jean Lefebvre / Lino Ventura, Les Tontons flingueurs, 1963, Michel Audiard évidemment, à propos du... "bizarre").
- doctor whoDoyen
Disons qu'ils n'ont pas vu un élève de primaire ou un instit depuis bien longtemps.
D'ailleurs, combien d'instits chez Aggiornamento ?
D'ailleurs, combien d'instits chez Aggiornamento ?
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
Marcel Khrouchtchev a écrit:Je vais peut-être vous étonner, mais je trouve ce texte vraiment très intéressant. Mais cela ressemble à mon avis plus à un manifeste universitaire qu'à un véritable plan applicable dans le primaire et le secondaire.
Le texte est intéressant et bien écrit. Je ne crois qu'il défende la suppression de la chrono puisque s'il on devait s'atteler à un tel programme il est évident qu'il incluerait un séquençage chronologique, sinon ce serait incompréhensible.
Les problèmes qui se posent me semblent les suivants:
-si c'est aussi "libre" que cela, quand (et comment) préparons nous les cours? QUel éditeur se coltinera de créer un manuel sur des thèmes aussi énormes (je ne parle même pas d'élaborer des sujets nationaux d'examen)? Du coup si absence de manuel, comment préparons les cours? (vu l'état de la formation continue dans la plupart des académies, je suis dubitatif)
-la fusion histoire/géo et ouverture aux autres sciences sociales, je suis à fond pour mais au niveau 2ndaire, je doute un peu, je serai plutôt partisan d'un fort ancrage en parallèle avec les lettres histoire de combler les vides souvent soulignés par nos collègues (XVIIe et XIXe notamment)
Bref, une belle utopie ce programme
_________________
CdB
@AbbeCordillere
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Collier de Barbe a écrit:Le texte est intéressant et bien écrit. Je ne crois qu'il défende la suppression de la chrono puisque s'il on devait s'atteler à un tel programme il est évident qu'il incluerait un séquençage chronologique, sinon ce serait incompréhensible.
Il y a quand même deux passages qui me posent particulièrement problème et qui me laissent moins optimiste que toi sur le maintien éventuel d'une forme de chronologie:
Vincent Capdebuy a écrit:Ce n’est ni le passé ni le présent qui constituent l’horizon de sens de notre enseignement, mais le futur !
Vincent Capdebuy a écrit:Tout ceci conduit à délaisser définitivement toute linéarité. Intégrant les critiques métahistoriques et métagéographiques qui ont souligné l’obsolescence des « quatre périodes » et des « cinq continents », les programmes ne pourraient-ils pas se jouer à la fois des périodes et des durées, des découpages spatiaux et des échelles ?
Mais, dans l'ensemble, je trouve moi aussi que c'est intéressant et bien écrit.
- CondorcetOracle
Ce texte alterne les paragraphes séduisants (notamment celui consacré à l'analyse systémique) et d'autres moins originaux qui prêtent le flanc à la critique : le vol par Charles Morazé de la géohistoire, la fusion géohistorique, la conquête par l'élève de l'autonomie grâce à la maîtrise de savoirs, méthodes et compétences. S'il vise à une certaine objectivité et invite à un recul, l'enseignement doit justement proposer à l'élève d'autres perspectives que celles induites par son espace, son milieu, son histoire propres sans pour autant méconnaître le fait que la possession de connaissances, de méthodes, de savoir-faire n'amènent pas toujours à la capacité durable d'agir sur son existence, de subvenir à ses besoins, d'influer sur la marche du monde. Ce manifeste offre le bel effort d'une réflexion épistémologique : je le salue comme tel malgré toutes les objections qu'il soulève en moi. La redéfinition cognitive et paradigmatique qu'il appelle de ses voeux méconnaît le besoin de cadres de pensée plus rudimentaires mais d'un maniement plus aisé par les élèves et tend à estomper des caractéristiques essentielles de chaque discipline : le futur passé implique de prendre en compte la dimension révolue du passé et par-là même quasi impossible à réinvestir telle quelle de celui-ci. L'histoire reste en grande partie une extrapolation à visée scientifique mais aussi un jeu : à trop vouloir transformer des outils de réflexion en organes de gouvernement de soi et des autres, ne risque-t-on pas d'oublier en chemin sa vocation première, celle de l'enquête, de la curiosité oisive, du plaisir de l'étrange ? L'emboîtement des échelles chronologiques et spatiales qui sous-tend la géohistoire corsète l'analyse plutôt qu'elle ne la libère : la hiérarchie des temporalités établie par Braudel résiste mal à l'évolution asymétrique de ses composantes (témoin l'enjeu climatique qui vient mordre le temps court). Où, de ce déséquilibre permanent visant à remplacer des lignes de failles mal assurées, doit-on extraire la myriade de complexités qui rendent périlleuses et caduques l'établissement de synthèses (à l'image d'un paysage académique bien morcelé : verra-t-on un jour la géohistoire du bâton de chaise ou la propédeutique de la fourmi ?). Comment faire sens, là où le sens est si épars que tout programme quelque peu généraliste paraît déjà obsolète ?
- MarmontNiveau 9
Justement "donner du sens", au-delà des nombreuses remarques inutiles dans ce "manifeste" (par moment la recherche esthétique de termes aussi pompeux qu'alambiqués fait peur ! :shock: ), demeure la gageure fondamentale qui se pose à tous les enseignants, qui prodiguent l'Histoire et la Géographie à leurs élèves.
Ce qui me chagrine dans cet "appel" c'est de faire comme si les enseignants ne liaient pas déjà dans leurs pratiques respectives l'Histoire et la Géographie, recherchant tous les moyens à disposition pour expliquer le présent et préparer, en quelque sorte, l'avenir. C'est le fondement même de l'épistémologie historique et géographique actuelle. L'auteur fait comme si tout cela était inexistant. (J'aime beaucoup Braudel, mais pour illustrer la géohistoire, il y a des noms moins datés...)
Alors, lorsqu'on peut lire que l'Histoire ne doit pas être le passé (qui a toujours été questionné à la lumière des contextes contemporains aux auteurs) et la Géographie ne doit pas non plus correspondre au présent, cela me semble constituer une profonde méconnaisse avec ce qui se pratique déjà dans de nombreuses salles de classe.
J'ai l'impression qu'en dehors des programmes, ces auteurs n'ont plus vu (jamais vu ?) des élèves depuis longtemps...
On peut aimer lire Grataloup à titre personnel tout en prenant soin de transposer la recherche scientifique en l'adaptant aux élèves. Pour cela, ils ont besoin de cadres spatiaux et de repères temporels, on ne peut s'amuser à les faire disserter en apesanteur.
Ce qui me chagrine dans cet "appel" c'est de faire comme si les enseignants ne liaient pas déjà dans leurs pratiques respectives l'Histoire et la Géographie, recherchant tous les moyens à disposition pour expliquer le présent et préparer, en quelque sorte, l'avenir. C'est le fondement même de l'épistémologie historique et géographique actuelle. L'auteur fait comme si tout cela était inexistant. (J'aime beaucoup Braudel, mais pour illustrer la géohistoire, il y a des noms moins datés...)
Alors, lorsqu'on peut lire que l'Histoire ne doit pas être le passé (qui a toujours été questionné à la lumière des contextes contemporains aux auteurs) et la Géographie ne doit pas non plus correspondre au présent, cela me semble constituer une profonde méconnaisse avec ce qui se pratique déjà dans de nombreuses salles de classe.
J'ai l'impression qu'en dehors des programmes, ces auteurs n'ont plus vu (jamais vu ?) des élèves depuis longtemps...
On peut aimer lire Grataloup à titre personnel tout en prenant soin de transposer la recherche scientifique en l'adaptant aux élèves. Pour cela, ils ont besoin de cadres spatiaux et de repères temporels, on ne peut s'amuser à les faire disserter en apesanteur.
_________________
"Tous pour un, chacun pour soi"... Non, ça doit pas être ça...
- doctor whoDoyen
Marmont a écrit:Justement "donner du sens", au-delà des nombreuses remarques inutiles dans ce "manifeste" (par moment la recherche esthétique de termes aussi pompeux qu'alambiqués fait peur ! :shock: ), demeure la gageure fondamentale qui se pose à tous les enseignants, qui prodiguent l'Histoire et la Géographie à leurs élèves.
Ce qui me chagrine dans cet "appel" c'est de faire comme si les enseignants ne liaient pas déjà dans leurs pratiques respectives l'Histoire et la Géographie, recherchant tous les moyens à disposition pour expliquer le présent et préparer, en quelque sorte, l'avenir. C'est le fondement même de l'épistémologie historique et géographique actuelle. L'auteur fait comme si tout cela était inexistant. (J'aime beaucoup Braudel, mais pour illustrer la géohistoire, il y a des noms moins datés...)
Alors, lorsqu'on peut lire que l'Histoire ne doit pas être le passé (qui a toujours été questionné à la lumière des contextes contemporains aux auteurs) et la Géographie ne doit pas non plus correspondre au présent, cela me semble constituer une profonde méconnaisse avec ce qui se pratique déjà dans de nombreuses salles de classe.
J'ai l'impression qu'en dehors des programmes, ces auteurs n'ont plus vu (jamais vu ?) des élèves depuis longtemps...
On peut aimer lire Grataloup à titre personnel tout en prenant soin de transposer la recherche scientifique en l'adaptant aux élèves. Pour cela, ils ont besoin de cadres spatiaux et de repères temporels, on ne peut s'amuser à les faire disserter en apesanteur.
D'accord avec toi, sauf sur un point : je ne suis pas sûr que la pratique de l'histoire et de la géographie soit à ce point avancée dans la plupart des classes de l'Hexagone. J'ai bien plutôt l'impression que c'est la 5e roue du carrosse, qu'on s'en occupe quand il reste du temps.
Et j'ajouterai à ta dernière phrase la modification suivante :
Marmont a écrit:Les élèves ont besoin de cadres spatiaux, de repères temporelset de connaissances concrètes, nombreuses et variées, on ne peut s'amuser à les faire disserter en apesanteur.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- MarmontNiveau 9
Merci pour ton ajout auquel je ne peux que souscrire !
Dans le primaire, c'est vrai que les deux disciplines souffrent globalement de "négligence" (essentiellement dans ce qui reste de la "formation continue"), tu as raison. Cependant, il nous manque des données statistiques pour avoir une vision d'ensemble. Il me semble pourtant (c'est très personnel, je ne peux le démontrer) que lorsque ces disciplines sont prodiguées par les professeurs des écoles, ce n'est pas sur un credo poussiéreux et presque abêtissant, comme tente d'en faire le portrait le billet cité plus haut.
Dans le second degré, je ne crois pas un seul instant que la majorité des collègues fassent de l'Histoire et de la Géographie sans vouloir leur donner du sens. Ce serait totalement contre-productif.
Dans le primaire, c'est vrai que les deux disciplines souffrent globalement de "négligence" (essentiellement dans ce qui reste de la "formation continue"), tu as raison. Cependant, il nous manque des données statistiques pour avoir une vision d'ensemble. Il me semble pourtant (c'est très personnel, je ne peux le démontrer) que lorsque ces disciplines sont prodiguées par les professeurs des écoles, ce n'est pas sur un credo poussiéreux et presque abêtissant, comme tente d'en faire le portrait le billet cité plus haut.
Dans le second degré, je ne crois pas un seul instant que la majorité des collègues fassent de l'Histoire et de la Géographie sans vouloir leur donner du sens. Ce serait totalement contre-productif.
_________________
"Tous pour un, chacun pour soi"... Non, ça doit pas être ça...
Page 1 sur 2 • 1, 2
- Les propositions et remarques de l'APHG sur les projets de programmes de collège
- Ecole normale supérieure - Programmes session 2014 à Lyon et en histoire-géographie pour Ulm
- Programmes d'histoire-géographie : les Clionautes reçus par le conseil supérieur des programmes - compte rendu.
- Propositions programmes APHG
- [Philosophie] Propositions du CSP sur la réforme des programmes
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum