- Roumégueur IerÉrudit
Bon, j'avoue, je ne saute pas au plafond d'apprendre que le collège est "une place forte idéologique et corporatiste" et que les notes sont une pratique "stressante" et "humiliante"...
http://www.franceinfo.fr/education-jeunesse/question-d-education/refondation-de-l-ecole-2014-ca-passe-ou-ca-casse-1271565-2014-01-06
"On pourrait résumer l'enjeu de cette année en une formule un peu triviale : " ça passe ou ça casse ". 2013 a en effet été l'année des promesses, reste à les tenir.
Ces promesses, ce sont celles de la loi d'orientation...
Oui. Une loi qui promet rien moins qu'une refondation de l'école. Mais elle se contente de poser le cadre en fixant des objectifs et en créant une demi-douzaine d'instances qui sont désormais chargées de les mettre en musique. Il y en a pour tous les pans du systèmes : les programmes – ils doivent être réécrits cette année -, la formation des enseignants – elle se déroule désormais au sein des nouvelles Espé, les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation, mais pour l'heure le bilan est plus que mitigé -, le métier d'enseignant – il est censé être complètement repensé -, le collège doit également être refondé, des Assises de l'éducation prioritaire sont aussi en train de formuler des propositions dans toute la France afin de réformer le fonctionnement des établissements accueillant les publics les plus fragiles, une stratégie numérique a été annoncée, les dispositifs de repérage et de prise en charge des élèves dérocheurs ont été revus...
Le tout accompagné par des créations de postes...
Oui. Promises par François Hollande pendant la campagne présidentielle. Elles étaient censées ramener au bercail l'électorat enseignant – comprendre dans le giron du parti socialiste – mais aussi jouer le rôle de monnaie d'échange avec les syndicats. Le problème c'est que ces derniers en demandent plus. Dans le secondaire le Snes FSU, largement majoritaire, vient de lancer une campagne pour réclamer des augmentations ; et dans le primaire le Snuipp FSU, également majoritaire, demande une refonte du métier .
Il conteste aussi la mise en œuvre de la réforme des rythmes...
Oui. Une réforme qui pour l'heure ne concerne que 20% des écoles. Les choses sont loin de se passer mal partout mais l'idée s'est imposée dans l'opinion que cette réforme était mal mise en œuvre. L'essentiel des problèmes est donc devant et pas derrière : assurer la généralisation de cette réforme, et attaquer les places fortes idéologiques et corporatistes que sont le collège, l'éducation prioritaire, les programmes ou le métier d'enseignant, des dossiers qui sont tous plus piégés les uns que les autres. Et ce dans un contexte de montée des revendications syndicales.
Et d'élections...
Et d'élections dont le résultat aura forcément un impact national, même si le grand jeu consistera comme toujours à rappeler, pour ce qui est des municipales, le caractère local du scrutin ou à insister sur le côté défouloir que revêtent souvent les Européennes. Vincent Peillon a d'ailleurs pris le risque de brouiller un peu plus les cartes en annonçant qu'il se présentait à ses élections. Cela nourrit l'hypothèse d'un départ au prochain remaniement, hypothèse qui court depuis plusieurs mois.
D'où cette idée que " ça passe ou ça casse ".
Oui, mais une idée qui n'est pas forcément vécue de la même façon à l'Education nationale et à l'Elysée. Ça passe, côté Education nationale, cela signifie que les réformes se font, petit à petit, que la loi d'orientation n'est pas vidée de ses intentions, que les premiers résultats commencent à se voir dans deux ou trois ans, pour la prochaine grande échéance électorale. Mais cela peut se faire au prix de tensions avec le monde enseignant, des tensions dont l'Elysée ne veut pas - rappelons la spectaculaire volte-face sur la réforme de la rémunération des professeurs de classes préparatoires, juste avant les vacances. Entre la volonté de refonder l'école et l'angoisse de perdre à nouveau l'électorat enseignant, le choix a déjà été fait.
Toute la question est donc de savoir si on peut vraiment changer les choses sans rompre avec ce monde enseignant...
Exactement. Un monde enseignant pluriel qui même à gauche ne partage pas la même doctrine en matière d'éducation. La tradition élitiste républicaine est aussi vivace que la tendance plus intégratrice ; on trouve autant de défenseurs des notes et des classements que de défenseurs de formes d'enseignement et d'évaluation moins stressantes, le cas échéant moins humiliantes ; c'est un peu pour le dire simplement le vieux clivage entre instruction et éducation, qui ne recouvre pas un clivage droite-gauche mais scinde chacun des camps ; et ce clivage nous allons les retrouver sur tous les dossiers que j'ai mentionnés – le collège, les programmes, le métier d'enseignant, etc.
Et les parents dans tout ça, ils ne peuvent pas peser ?
D'abord il est toujours très délicat de jouer les parents contre les enseignants – certains s'y sont essayés sans succès notamment à droite ; ensuite ils sont parcourus, les parents, par les mêmes contradictions. Raison pour laquelle notre système pourtant très inégalitaire perdure au fil des ans. Il fait l'objet d'un consensus social extrêmement difficile à bousculer. Et la gauche de gouvernement a toujours eu plus à perdre que la droite en s'y attaquant, raison pour laquelle elle n'a pas forcément mieux réussi, alors même que l'école vote majoritairement à gauche."
http://www.franceinfo.fr/education-jeunesse/question-d-education/refondation-de-l-ecole-2014-ca-passe-ou-ca-casse-1271565-2014-01-06
"On pourrait résumer l'enjeu de cette année en une formule un peu triviale : " ça passe ou ça casse ". 2013 a en effet été l'année des promesses, reste à les tenir.
Ces promesses, ce sont celles de la loi d'orientation...
Oui. Une loi qui promet rien moins qu'une refondation de l'école. Mais elle se contente de poser le cadre en fixant des objectifs et en créant une demi-douzaine d'instances qui sont désormais chargées de les mettre en musique. Il y en a pour tous les pans du systèmes : les programmes – ils doivent être réécrits cette année -, la formation des enseignants – elle se déroule désormais au sein des nouvelles Espé, les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation, mais pour l'heure le bilan est plus que mitigé -, le métier d'enseignant – il est censé être complètement repensé -, le collège doit également être refondé, des Assises de l'éducation prioritaire sont aussi en train de formuler des propositions dans toute la France afin de réformer le fonctionnement des établissements accueillant les publics les plus fragiles, une stratégie numérique a été annoncée, les dispositifs de repérage et de prise en charge des élèves dérocheurs ont été revus...
Le tout accompagné par des créations de postes...
Oui. Promises par François Hollande pendant la campagne présidentielle. Elles étaient censées ramener au bercail l'électorat enseignant – comprendre dans le giron du parti socialiste – mais aussi jouer le rôle de monnaie d'échange avec les syndicats. Le problème c'est que ces derniers en demandent plus. Dans le secondaire le Snes FSU, largement majoritaire, vient de lancer une campagne pour réclamer des augmentations ; et dans le primaire le Snuipp FSU, également majoritaire, demande une refonte du métier .
Il conteste aussi la mise en œuvre de la réforme des rythmes...
Oui. Une réforme qui pour l'heure ne concerne que 20% des écoles. Les choses sont loin de se passer mal partout mais l'idée s'est imposée dans l'opinion que cette réforme était mal mise en œuvre. L'essentiel des problèmes est donc devant et pas derrière : assurer la généralisation de cette réforme, et attaquer les places fortes idéologiques et corporatistes que sont le collège, l'éducation prioritaire, les programmes ou le métier d'enseignant, des dossiers qui sont tous plus piégés les uns que les autres. Et ce dans un contexte de montée des revendications syndicales.
Et d'élections...
Et d'élections dont le résultat aura forcément un impact national, même si le grand jeu consistera comme toujours à rappeler, pour ce qui est des municipales, le caractère local du scrutin ou à insister sur le côté défouloir que revêtent souvent les Européennes. Vincent Peillon a d'ailleurs pris le risque de brouiller un peu plus les cartes en annonçant qu'il se présentait à ses élections. Cela nourrit l'hypothèse d'un départ au prochain remaniement, hypothèse qui court depuis plusieurs mois.
D'où cette idée que " ça passe ou ça casse ".
Oui, mais une idée qui n'est pas forcément vécue de la même façon à l'Education nationale et à l'Elysée. Ça passe, côté Education nationale, cela signifie que les réformes se font, petit à petit, que la loi d'orientation n'est pas vidée de ses intentions, que les premiers résultats commencent à se voir dans deux ou trois ans, pour la prochaine grande échéance électorale. Mais cela peut se faire au prix de tensions avec le monde enseignant, des tensions dont l'Elysée ne veut pas - rappelons la spectaculaire volte-face sur la réforme de la rémunération des professeurs de classes préparatoires, juste avant les vacances. Entre la volonté de refonder l'école et l'angoisse de perdre à nouveau l'électorat enseignant, le choix a déjà été fait.
Toute la question est donc de savoir si on peut vraiment changer les choses sans rompre avec ce monde enseignant...
Exactement. Un monde enseignant pluriel qui même à gauche ne partage pas la même doctrine en matière d'éducation. La tradition élitiste républicaine est aussi vivace que la tendance plus intégratrice ; on trouve autant de défenseurs des notes et des classements que de défenseurs de formes d'enseignement et d'évaluation moins stressantes, le cas échéant moins humiliantes ; c'est un peu pour le dire simplement le vieux clivage entre instruction et éducation, qui ne recouvre pas un clivage droite-gauche mais scinde chacun des camps ; et ce clivage nous allons les retrouver sur tous les dossiers que j'ai mentionnés – le collège, les programmes, le métier d'enseignant, etc.
Et les parents dans tout ça, ils ne peuvent pas peser ?
D'abord il est toujours très délicat de jouer les parents contre les enseignants – certains s'y sont essayés sans succès notamment à droite ; ensuite ils sont parcourus, les parents, par les mêmes contradictions. Raison pour laquelle notre système pourtant très inégalitaire perdure au fil des ans. Il fait l'objet d'un consensus social extrêmement difficile à bousculer. Et la gauche de gouvernement a toujours eu plus à perdre que la droite en s'y attaquant, raison pour laquelle elle n'a pas forcément mieux réussi, alors même que l'école vote majoritairement à gauche."
- PaddyHabitué du forum
Manu, ministre de l'EN ! C'est ça qu'il nous faut !
- elena3Fidèle du forum
C'est un bon résumé mais un peu simplifié il me semble. Les notes ne sont pas forcément plus stressantes ou humiliantes que des lettres ou des smileys. Puis même en trouvant un consensus (impossible car d'autres divergences apparaitront), rien ne dit que cela rendra notre système moins inégalitaire; il ne l'est pas plus qu'ailleurs et il est à l'image des inégalités sociales...Toute la question est donc de savoir si on peut vraiment changer les choses sans rompre avec ce monde enseignant...
Exactement. Un monde enseignant pluriel qui même à gauche ne partage pas la même doctrine en matière d'éducation. La tradition élitiste républicaine est aussi vivace que la tendance plus intégratrice ; on trouve autant de défenseurs des notes et des classements que de défenseurs de formes d'enseignement et d'évaluation moins stressantes, le cas échéant moins humiliantes ; c'est un peu pour le dire simplement le vieux clivage entre instruction et éducation, qui ne recouvre pas un clivage droite-gauche mais scinde chacun des camps ; et ce clivage nous allons les retrouver sur tous les dossiers que j'ai mentionnés – le collège, les programmes, le métier d'enseignant, etc.
Et les parents dans tout ça, ils ne peuvent pas peser ?
D'abord il est toujours très délicat de jouer les parents contre les enseignants – certains s'y sont essayés sans succès notamment à droite ; ensuite ils sont parcourus, les parents, par les mêmes contradictions. Raison pour laquelle notre système pourtant très inégalitaire perdure au fil des ans. Il fait l'objet d'un consensus social extrêmement difficile à bousculer. Et la gauche de gouvernement a toujours eu plus à perdre que la droite en s'y attaquant, raison pour laquelle elle n'a pas forcément mieux réussi, alors même que l'école vote majoritairement à gauche."
- User17706Bon génie
Exemples d'appréciations peu stressantes:
J'ai quand même comme un doute. :aas: :abb: :abd::lol: :lol!: :Gné: :Lool:
- User17706Bon génie
Bon, cela étant dit, l'analyse de Davidenkoff (qui conclut, si je lis bien, à la nécessité de quelque chose comme une épreuve de force) s'impose à partir du moment où l'on accepte son présupposé fondamental, qui est que c'est la tradition qu'il appelle «élitiste» qui est fabricatrice d'inégalités. Je pense qu'on ne peut pas faire de contresens plus radical; mais au moins il en tire les conséquences.
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