Recherches sur les pratiques enseignantes efficaces, Laurent Talbot

Le vocable 'enseignant/efficacité/performance' aurait tendance à me faire fuir, mais point de doxa dans cet article, un état des lieux et les limites de l'exercice :
http://questionsvives.revues.org/1234

Extrait :
"Quels effets des pratiques enseignantes sur les apprentissages des élèves ? Un état des lieux des recherches effectuées

Les études menées sur l’efficacité des pratiques d’enseignement aux Etats-Unis dans un premier temps il y a une cinquantaine d’années, en Europe et en France ensuite montrent que les performances des élèves ne sont pas sans lien avec les pratiques des professeurs, ce qui d’un certain côté est rassurant… Effectivement, certaines pratiques d’enseignement sont plus efficaces et équitables que d’autres. Cet effet des pratiques d’enseignement, nommé encore parfois « effet-maître » ou « effet-enseignant » comme nous le rappellent Bedin et Broussal dans le dernier article, explique généralement entre 10 et 20 % de la variance des performances des élèves de fin d’année (Bianco & Bressoux, 2009 ; Bressoux, 1994, 2000, 2007 ; Cusset, 2011 ; Kahn dans ce numéro). Il est à noter que cet effet est supérieur à celui de l’effet établissement (production de la fréquentation d’un établissement scolaire sur les performances des élèves) ou à celui de l’effet-classe (impact de la fréquentation de telle classe ou telle classe sur la réussite des élèves). Mais quelles sont les caractéristiques de ces pratiques d’enseignement efficaces ?

Premièrement et de manière assez surprenante, certaines études tendraient à démontrer que les enseignants efficaces et équitables mettraient en place des activités d’enseignement « directes , « explicites », « systématiques » ou « instructionnistes » (Dubé et al., 2011 ; Feyfant, 2011 ; Bissonnette et al., 2005 ; Swanson,1999 cité par Briquet-Duhazé dans ce numéro). Ces recherches de type « processus-produits » (les performances scolaires des élèves sont envisagées comme étant directement le produit du processus d’enseignement élaboré par le professeur) déterminent les caractéristiques de l’activité efficace des enseignants à travers leur structuration en quatre phases essentielles :

- un premier temps de démonstration relativement long de la part de l’enseignant qui peut être magistral ou frontal, cette activité est généralement peu différenciée, une mise en situation est opérée (rappel des connaissances antérieures signifiantes par rapport aux apprentissages nouveaux envisagés), les objectifs de l’activité et le niveau de performances attendues sont clairement définis et les notions de bases nécessaires sont rappelées, quelques exemples sont présentés et une démonstration est effectuée ;


- une deuxième phase durant laquelle le professeur donne un (des) exercice(s) d’illustration à réaliser généralement au sein du grand groupe classe collectivement, l’enseignant pose des questions et guide l’activité d’apprentissage,


- le troisième temps est consacré à des exercices d’application réalisés pour le coup individuellement, l’enseignant pourra alors évaluer les performances des élèves et leur proposer des feedbacks sur les réponses données et les stratégies utilisées,


- et enfin, dans un dernier temps, le professeur organise des révisions régulières et répétitives en insistant sur les apprentissages de base et leur évaluation.


Ces quatre phases sont parfois détaillées en sept temps essentiels :

1.Mise en situation : rappel des connaissances antérieures signifiantes par rapport aux apprentissages nouveaux,


2.Présentation des objectifs d’apprentissage,


3.Présentation des nouveaux éléments de connaissance de façon magistro-centrée généralement,


4.Pratique guidée avec le groupe classe,


5.Correction et rétroaction (objectivation) toujours avec l’ensemble du grand groupe d’élèves,


6.Pratique indépendante (exercices autonomes et individuels), entraînements,


7.Révision régulière (synthèse périodique de ce qui a été appris), évaluations sommatives, contrôles. "

Dans le même genre on trouve les 17 principe d'enseignement de Barak Rosenshine :

Barak Rosenshine's 17 Principles of Instruction
1. Begin a lesson with a short review of previous learning.
2. Present new material in small steps with student practice after each step.
3. Limit the amount of material students receive at one time.
4. Give clear and detailed instructions and explanations.
5. Ask a large number of questions and check for understanding.
6. Provide a high level of active practice for all students.
7. Guide students as they begin to practice.
8. Think aloud and model steps.
9. Provide models of worked-out problems.
10. Ask students to explain what they had learned.
11. Check the responses of all students.
12. Provide systematic feedback and corrections.
13. Use more time to provide explanations.
14. Provide many examples.
15. Re-teach material when necessary.
16. Prepare students for independent practice.
17. Monitor students when they begin independent practice.

Liste ici

L'article de B. Rosenshine en pdf http://files.eric.ed.gov/fulltext/EJ971753.pdf

et l'adaptation française (canadienne) ici : http://enseignementefficace.blogspot.fr/2011/11/principes-denseignement-de-barak.html

M.Talbot est très connu parmi les profs de SVT à Toulouse (j'ai assisté à l'une de ses conférences), il a inventé un tableau ou grille pour pouvoir évaluer ou faire évaluer les élèves, mais je ne l'ai jamais appliqué.
C'est amusant de voir que M.Talbot redécouvrir ce que l'on savait depuis belle lurette. Les meilleurs résultats liés à un enseignement explicite par rapport à un enseignement constructiviste sont connus depuis longtemps....
Il met du temps à comprendre, ce qui m'amuse c'est lorsqu'il dit "de manière surprenante.. les enseignements explicites sont plus efficaces" .... non mais je rigole.... tant mieux qu'il s'en aperçoive même si ce n'est que maintenant.
Je ne sais pas, mais j'ai envie de lui mettre un paire de claque : ai-je le droit de le faire?   

Tu as ma bénédiction

gauvain31 a écrit:C'est amusant de voir que M.Talbot redécouvrir ce que l'on savait depuis belle lurette. Les meilleurs résultats liés à un enseignement explicite par rapport à un enseignement constructiviste sont connus depuis longtemps....
Il met du temps à comprendre, ce qui m'amuse c'est lorsqu'il dit "de manière surprenante.. les enseignements explicites sont plus efficaces" .... non mais je rigole.... tant mieux qu'il s'en aperçoive même si ce n'est que maintenant.  

Mais ça vaut toujours le coup d'être rappelé ; je te rappelle que le dogme prévoit l'inverse.

C'est bien qu'il arrive à découvrir la lune...

Keuouah ? Un prof serait efficace quand il fait le prof ?
Mais c'est le chaos !

Cripure a écrit:Keuouah ? Un prof serait efficace quand il fait le prof ?
Mais c'est le chaos !

Vous voyez où on en est rendus? On se félicite de voir des articles qui nous semblent, à nous, tellement évidents... Mais peu de monde en est encore convaincu, notamment rue de Grenelle.

Roumégueur Ier a écrit:Mais peu de monde en est encore convaincu, notamment rue de Grenelle.

Non mais postulez, y'a des postes vacants tous les jours sur la site de la BIEP. (Pas aujourd'hui... ils doivent être en maintenance.)

Perso, je trouve le concept d'enseignement "explicite" ou "instructionniste". Est-ce vraiment cette décomposition particulière du cours qui est efficace, ou bien le fait de franchement "faire cours", ou bien autre chose?

C'est effectivement étonnant de les voir redécouvrir ce qu'on sait depuis un moment. Mais la fin de l'article est plus ambiguë et reste dans le "toutes les pédagogies sont bonnes, mais pas dans n'importe quel apprentissage, il faut s'adapter". Ce sont les limites actuelles des discours qui prennent en compte la pédagogie explicite.  
Pour vous répondre, docteur Who, je crois qu'au delà des aspects techniques de transmission, la démarche est efficace parce qu'on ne laisse pas les élèves seuls à construire leur savoir. Pour moi, sur ce plan-là, le constructivisme est incroyablement anxiogène. Il me semble que cette pédagogie est plus humaine. On prend l'élève par la main et on l'aide à franchir les premiers obstacles, on lui donne des "trucs" on l'aide à mettre en mémoire l'essentiel, on le regarde s'entraîner et on rectifie au besoin, avant de le laisser réussir seul; ça apaise les élèves (j'ai des CM), ça les rassure sur leurs capacités et ils savent qu'ils ne sont pas seuls face aux apprentissages, pourvu que de leur côté ils travaillent.

Gryphe a écrit:

Roumégueur Ier a écrit:Mais peu de monde en est encore convaincu, notamment rue de Grenelle.

Non mais postulez, y'a des postes vacants tous les jours sur la site de la BIEP. (Pas aujourd'hui... ils doivent être en maintenance.)

Je crains ne pas pouvoir passer l'étape de l'entretien individuel; en entendant mon discours sur l'éducation et l'école, il n'y a aucun espoir d'être retenu pour de tels postes...
Et toi Gryphe, avec ta vision 'passéiste' des notes et de la transmission exigeante du savoir, personne ne te nuit lors de tes inspections?