Enseignante en ZEP : je ne me sens pas à la hauteur

Juste besoin de me confier.

La semaine dernière, deux élèves en viennent au mains dans mon cours. J'envoie une élève à la vie scolaire, je tente de maintenir les deux élèves à distance l'un de l'autre. Ils continuent à s'énerver et à s'invectiver. Je crains qu'un coup ne parte sur moi. L'espace d'une seconde, je me dis "Tant pis, je les lâche. Qu'ils se battent. Je me protège." Je tiens quelques minutes tant bien que mal jusqu'à l'arrivée d'un surveillant qui ceinture l'un des deux élèves.
Le même jour, deux heures plus tard, je surveille une inclusion avec l'agent de prévention. Deux élèves durant une heure se moquent ouvertement de moi et d'autres collègues. Je reste de marbre, note leurs propos. Rapport.
Ces quatre élèves seront exclus trois jours et reviendront.
Même semaine, un élève de 3ème pourrit mon cours. L'après-midi, deux élèves de cette même classe manquent de respect à une EAP.
Hier, je relève le carnet d'un élève. L'élève se met à hurler puis se lève, jette ses affaires à travers la salle et sort en courant. Il sera rattrapé par l'agent de prévention, présent dans le couloir à ce moment-là.
J'essaie de faire de mon mieux, d'instaurer des règles. Le début fut très difficile : j'ai tenu bon. Avec trois classes sur quatre, les choses se passent plutôt bien. J'ai bien conscience qu'il ne s'agit que de quelques élèves qui, pour une raison ou pour une autre, vont "exploser" dans mon cours : certains reproduisant la violence de l'extérieur, d'autres jouissant d'un sentiment d'impunité.
Mais le soir, je craque. Parfois, entre deux cours, je craque en SDP. Le sentiment que tout cela ne sert à rien. Plus je suis fatiguée, moins mes cours sont de qualité. Et même si je les jugeais satisfaisant, serviraient-ils vraiment pour autant ?

je t'ai lue... cargaison de pensées positives...
en ce moment avec l'approche de Noël et des vacances nous sommes fatigués (fin de période) et les élèves aussi... ça se traduit souvent par des montées d'agitation, de problèmes de discipline etc. donc j'imagine qu'en ZEP c'est multiplié...
courage...

La première année quelque part est toujours éprouvante, en mode "test". En ZEP, c'est encore plus vrai. Tu dis "le début fut très difficile", mais c'est l'année entière qu'il faut considérer ainsi, il est bien trop tôt pour faire un vrai bilan. Continue à ne pas lâcher, à tenir tes règles, même si cela parait vain. Ils jouent l'usure.

Ciara
On est toujours utiles. Même si tu n'es pas satisfaite,  tu fais déjà beaucoup.
Tu fais de ton mieux, tu n'abandonnes pas, et quand tu tombes sept fois,  tu te relèves huit.

C'est être à la hauteur, je t'assure.
Personne ne te demande un miracle, ne sois pas trop dure avec toi-même.  Dans le contexte, tenir bon et faire cours est déjà un début pas évident. Il est tput à ton honneur de vouloir faire les meilleurs cours possibles mais ne fais pas de cet objectif quelque chose qui te mine: si tu y parviens, tant mieux. Sinon, et bien ma foi, il n'y a pas mort d'homme.
A chaque jour suffit sa peine. Surtout en zep.

Courage! Ne lâche pas!

Une reprise est toujours difficile, une reprise en ZEP encore plus. Ces incidents ont lieu tous les jours dans d'autres cours que les tiens, dans les couloirs etc. Ne t'en fais pas. Essaie plutôt de te focaliser sur le positif, les réussites de certains élèves, les sourires...   

De ce que tu racontes, il me semble que tu fais ce qu'il faut. Mais les débuts sont toujours difficile et avec ce type de public encore plus.
Tout ce que tu fais finira par payer, il faut le temps ... même si parfois ça parait très long.
Bon courage, les vacances arrivent tu vas pouvoir te reposer.

C'est parce que tu ne te satisfais pas de ce que tu fais pour le moment que tu es une bonne prof.



“The fundamental cause of the trouble is that in the modern world the stupid are cocksure while the intelligent are full of doubt.”

― Bertrand Russell

A méditer...  

 
Courage, et ne lâche rien. Ils t'en sont/seront reconnaissants malgré tout.
Repose-toi, tes cours n'en seront que meilleurs et tu dois avoir besoin d'être en forme pour affronter cela tous les jours.

Ciara,

Ton témoignage est émouvant.
On me conseille souvent de prendre de la distance avec le travail mais ce n'est pas facile pour tout le monde !
Le fait que tu parles de ce que tu ressens , c'est déjà bien.
Accroche-toi et sache que tu n'es pas seule !

Et surtout ne garde pas ça pour toi... parles-en.
J'ai fait mon stage en ZEP, j'ai eu une année assez cool ensuite et là je suis en ECLAIR. Et c'est dur! Mais je parle, beaucoup! Je ne garde rien pour moi quand je suis contrariée.
Et même si parler ne change pas les choses en classe, au moins ça t'aide à évacuer la pression et à prendre du recul.
Les autres collègues vivent la même chose...
  

Bon courage, nous sommes nombreux à être passés par là, dans nos premiers postes dans les ZEP. La question n'est pas de se dire que l'on n'est pas à la "hauteur", littéralement, car ce n'est pas de hauteur qu'il s'agit dans cet exercice, mais plutôt de l'inverse de la hauteur.

Il est important d'être solidaires dans l'équipe enseignante. Il est vrai que la période de Noël est mauvaise dans la plupart des écoles, zep ou pas. Le retour de Noël n'est pas bon non plus d'ailleurs. Il faut se préparer. Votre volonté prouve que vous avez encore l'énergie pour le faire. Quand on commence à laisser passer un peu tout parce que l'on en a marre, que l'on se dit que cela ne sert pas à grand chose et que l'on cherche surtout à assurer sa tranquillité et sa santé personnelle, c'est que la date de péremption est passée et qu'il faut partir. C'est ce qui m'est arrivé le jour où je me suis rendu compte que je relativisais tout,que plus rien ne me semblait important tant qu'il n'y avait pas mort d'homme (ou d'animal...) à force de m'être trop forcé à m'adapter à ce milieu très primitif, et je suis parti, juste à temps.

C'est par votre ténacité que vous allez vous faire un nom et une place auprès es élèves et votre réputation fera que dès la seconde année, votre rapport aux élèves sera très différent. Vous deviendrez un professeur à part entière pour eux, avec un respect proportionnel à l'exigence que vous imposerez. Le fonctionnement est assez primaire mais il est ainsi.

Bonne fêtes à vous. Faites un vrai break, ne prenez pas de copies, et ne pensez plus à l'école durant 15 jours, c'est important.

Tout mon soutien.

Ce que vous faites est parfait.

Ces deux semaines avant les vacances de noël sont difficiles, en janvier ça ira mieux. J'ai remarqué qu'à partir de janvier c'est toujours plus facile, on dirait qu'on monte à un sommet de septembre à décembre et qu'ensuite on attaque la descente de janvier à juin.

Pour se changer les idées un peu de sport au grand air pendant les vacances m'a aidé.

La ZEP, c'est dur, fatigant et usant. J'y suis passée. Il est normal d'avoir des moments de doute mais tu ne dois jamais partir du principe que tu n'es pas à la hauteur.   

Bon courage à toi   

 Si tu savais comme je comprends tes moments de découragement!  Je suis en ZEP également, il m'arrive d'attendre de bien longues minutes avant de faire un semblant de cours, dans ma classe aussi les élèves s'interpellent tout fort pour s'insulter...
Courage
Craque si tu en as besoin, ça soulage.

Bon courage !  :etoilecoeur:  cette période est difficile en zep, surtout la 1ere année !
Comme on te l a déjà dit, il ne faut pas le prendre pour toi et tâcher de voir les moments positifs... (facile à dire, j'ai moi aussi beaucoup craqué ds la voiture en rentrant...)

Bref :    

Olympias a écrit:La ZEP, c'est dur, fatigant et usant. J'y suis passée. Il est normal d'avoir des moments de doute mais tu ne dois jamais partir du principe que tu n'es pas à la hauteur.   

  Je crois que par moments, on se sent tous en dessous de tout, pas la hauteur... C'est juste usant, surtout en ce moment.

Courage à toi! C'est très difficile, c'est vrai. Je suis encore en ZEP cette année donc je comprends.

Marie Laetitia a écrit:

Olympias a écrit:La ZEP, c'est dur, fatigant et usant. J'y suis passée. Il est normal d'avoir des moments de doute mais tu ne dois jamais partir du principe que tu n'es pas à la hauteur.   

  Je crois que par moments, on se sent tous en dessous de tout, pas la hauteur... C'est juste usant, surtout en ce moment.

Mon dieu, oui... Et pas qu'en ZEP.

Ciara, au vu de ce que tu décris, être là, juste là, présente, sans même parler de faire cours, c'est déjà un exploit. Tu peux être fière de toi, vraiment. Fière de tenir. Peut importe le cours. Crois-moi, tu es largement à la hauteur. Le reste, c'est accessoire.

C'est le lot quotidien en cette période de nombre de nos collègues. Il faut tenir le coup. C'est une période très difficile en ce moment avec la période du mois de Juin. Tu as très bien réagi et c'est normal ta réaction. Tiens le coup!