- retraitéeDoyen
http://www.mezetulle.net/article-les-dilemmes-de-la-morale-laique-par-g-desbiens-121498740.html
Les dilemmes de la morale laïque
par Guy Desbiens
En ligne le 9 décembre 2013
C’est dans la plus grande confusion que le projet d’instituer un enseignement de la morale laïque a pu provoquer, et provoque encore, la polémique au point de fausser le débat public sur l’École. Ceux-là mêmes qui peuvent s’entendre pour l’approuver, ou le désapprouver, ne savent pas toujours qu’ils ne s’entendent pas sur la signification qu’ils peuvent donner aux notions de morale, de laïcité, voire à l’idée de ce que doit être un enseignement. Non seulement les mots ont plus de valeur que de sens, mais ils conduisent de surcroît à une querelle dans l’ignorance des réalités d’une action politique qui leur est totalement inadéquate. C’est ce qu’enseigne une lecture attentive du Rapport de la mission sur l’enseignement laïque de la morale, remis au ministre le 22 avril 2013 (1), dont les conclusions pourraient, paradoxalement, susciter l’enthousiasme de ceux qui sont opposés à la morale laïque et l’indignation de ceux qui lui sont favorables !
Sommaire
1 - Axiomatique : la laïcité comme principe
2 - Problématique : enseigner la morale de manière laïque
3 - Sophistique : de l'instructioncivique à la « pédagogie morale »
Notes
Les dilemmes de la morale laïque
par Guy Desbiens
En ligne le 9 décembre 2013
C’est dans la plus grande confusion que le projet d’instituer un enseignement de la morale laïque a pu provoquer, et provoque encore, la polémique au point de fausser le débat public sur l’École. Ceux-là mêmes qui peuvent s’entendre pour l’approuver, ou le désapprouver, ne savent pas toujours qu’ils ne s’entendent pas sur la signification qu’ils peuvent donner aux notions de morale, de laïcité, voire à l’idée de ce que doit être un enseignement. Non seulement les mots ont plus de valeur que de sens, mais ils conduisent de surcroît à une querelle dans l’ignorance des réalités d’une action politique qui leur est totalement inadéquate. C’est ce qu’enseigne une lecture attentive du Rapport de la mission sur l’enseignement laïque de la morale, remis au ministre le 22 avril 2013 (1), dont les conclusions pourraient, paradoxalement, susciter l’enthousiasme de ceux qui sont opposés à la morale laïque et l’indignation de ceux qui lui sont favorables !
Sommaire
1 - Axiomatique : la laïcité comme principe
2 - Problématique : enseigner la morale de manière laïque
3 - Sophistique : de l'instructioncivique à la « pédagogie morale »
Notes
- User17706Bon génie
Je suis assez d'accord avec le diagnostic de «contradiction manifeste» (fin du 2).
En revanche je suis un peu surpris que le nom de Rawls n'apparaisse pas dans l'article. Comme le dirait un rapport de jury récemment paru, there's an elephant in the room.
En revanche je suis un peu surpris que le nom de Rawls n'apparaisse pas dans l'article. Comme le dirait un rapport de jury récemment paru, there's an elephant in the room.
- trompettemarineMonarque
Je cite la fin de l'article de Mezetulle a écrit:La vertu du citoyen n’est-elle pas d’obéir aux lois ? Or c’est l’École publique elle-même qui donne le mauvais exemple, par son incapacité à faire respecter la loi dans tous les établissements scolaires sans exception – notamment la loi du 15 mars 2004 interdisant les signes religieux ostensibles. Pourtant, le corps enseignant sera tenu par « l’engagement » de transmettre des valeurs avec tous les risques de situations conflictuelles que cela pourra générer : peu importe, c’est pour eux « un devoir car c’est un droit » (p.23).
Nous vivons cela dans notre établissement depuis trois, quatre ans. Nous allons commenter la charte de la laïcité avec les élèves... et certaines filles viennent en djellaba noire ou sombre, mains gantées, coran dans le cartable... je suis outrée et blessée... j'ai parfois l'impression que nous sommes très peu à réagir au lycée... parce que, vous comprenez, "elles sont adolescentes, il ne faut pas entrer dans le jeu de la provocation."
Et puis le texte de loi parle de voile... (moi j'avais lu "tenue" On ne doit pas avoir le même texte.)
Pour moi elles sont hors la loi, quel message reçoivent-elles de l'institution ? Continuez... On comprend votre révolte ?
- User17706Bon génie
La djellaba n'a strictement aucune signification religieuse. Les mains gantées, après, je peux voir en quel sens ça peut être pris pour une prescription. Si je comprends bien, elles sont tête nues mais couvrent le reste ?
- trompettemarineMonarque
Oui. Elles remettent le voile dès la sortie des cours. Certains élèves se plaignent de les voir le mettre dans les toilettes (mais pas de preuves). Elles tentent de prier en cours jusqu'à ce qu'on les arrête.
J'avoue que pour la djellaba, j'ai du mal à l'accepter, même si tu as raison. Car, selon moi, elles le mettent pour des raisons religieuses.
J'avoue que j'aimerais bien avoir ton avis de philosophe : si elles s'habillent dans une intention religieuse, l'habit ne le devient-il pas ?
J'avoue que pour la djellaba, j'ai du mal à l'accepter, même si tu as raison. Car, selon moi, elles le mettent pour des raisons religieuses.
J'avoue que j'aimerais bien avoir ton avis de philosophe : si elles s'habillent dans une intention religieuse, l'habit ne le devient-il pas ?
- User17706Bon génie
C'est plutôt une question de droit, à mon avis. J'ai envie de dire qu'il n'y a pas de solution tranchée. Le problème que ça pose (la loi de 2004 use de prédicats vagues) est analogue aux problèmes évoqués par Jean-Fabien Spitz dans un article que j'ai déjà posé dans un autre fil:
http://nekaka.com/d/fMrEyzVWTm
Après, le libellé de la loi «signes [...] par lesquels les élèves manifestent leur appartenance religieuse» laisse une certaine latitude pour ne pas rattacher à la nature du vêtement, mais à l'intention dans laquelle il est porté, la faute. C'est un peu le danger, d'ailleurs, de cette loi: elle légifère dans un domaine par définition flou.
http://nekaka.com/d/fMrEyzVWTm
Après, le libellé de la loi «signes [...] par lesquels les élèves manifestent leur appartenance religieuse» laisse une certaine latitude pour ne pas rattacher à la nature du vêtement, mais à l'intention dans laquelle il est porté, la faute. C'est un peu le danger, d'ailleurs, de cette loi: elle légifère dans un domaine par définition flou.
- trompettemarineMonarque
Je vais lire l'article du lien (pas ce soir, je suis cuite).
merci de ta réponse.
En gros, il faut attendre une décision de justice sur l'intentionnalité religieuse. On n'est pas sortis !
merci de ta réponse.
En gros, il faut attendre une décision de justice sur l'intentionnalité religieuse. On n'est pas sortis !
- User17706Bon génie
Pour préciser mon propos (hier il était tard):
Avec des choses telles que les gants, il sera difficile d'échapper à l'argument de Spitz qui fait appel à la «maladie de peau», et je ne parle même pas de djellaba. Ou alors, uniforme pour tout le monde.
La notion d'intention n'est pas du tout étrangère au droit, cf. «homicide involontaire» etc., mais dans le cas d'une «intention de prosélytisme» pour des actions ou postures essentiellement muettes et qui ne produisent rien qui soit par ailleurs interdit, c'est, j'ai envie de dire, par définition impossible à trancher de façon générale. Avec un T-Shirt sur lequel serait écrit un passage bien choisi de la Bible ou du Coran, OK. Avec un simple vêtement (quel qu'il soit d'ailleurs), l'existence d'une intention prosélyte, voire même le caractère religieux du signe, est difficile sinon impossible à constituer en éliminant tout doute raisonnable. C'est comme ça, on n'y peut rien.
Avec des choses telles que les gants, il sera difficile d'échapper à l'argument de Spitz qui fait appel à la «maladie de peau», et je ne parle même pas de djellaba. Ou alors, uniforme pour tout le monde.
La notion d'intention n'est pas du tout étrangère au droit, cf. «homicide involontaire» etc., mais dans le cas d'une «intention de prosélytisme» pour des actions ou postures essentiellement muettes et qui ne produisent rien qui soit par ailleurs interdit, c'est, j'ai envie de dire, par définition impossible à trancher de façon générale. Avec un T-Shirt sur lequel serait écrit un passage bien choisi de la Bible ou du Coran, OK. Avec un simple vêtement (quel qu'il soit d'ailleurs), l'existence d'une intention prosélyte, voire même le caractère religieux du signe, est difficile sinon impossible à constituer en éliminant tout doute raisonnable. C'est comme ça, on n'y peut rien.
- trompettemarineMonarque
Bigre !
Et dire que je ne voyais pas l'intérêt de l'uniforme...
Et dire que je ne voyais pas l'intérêt de l'uniforme...
- User17706Bon génie
Après, les députés se sont rangés à un autre avis que Spitz. Mais les députés n'ont pas à traiter les cas singuliers, ils nous ont refilé le bébé ainsi qu'aux juges.
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