- JohnMédiateur
http://www.lepoint.fr/societe/les-profs-de-prepas-se-rebiffent-29-11-2013-1763226_23.phpLes professeurs des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) sont en colère. Du prestigieux lycée Henri-IV, dans le 5e arrondissement de Paris, aux plus petits établissements de province, l'heure est à la mobilisation. Les assemblées générales se multiplient et un préavis de grève a été déposé pour le 9 décembre. Une première ou presque pour cette petite corporation de 8 000 enseignants connue pour sa discrétion. Motif de la grogne ? Une piste de réforme envisagée par Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale, qui supprimerait à terme certains de leurs avantages.
Présenté le 18 novembre 2013, le projet vise à réduire le salaire de ces professeurs considérés comme privilégiés. "La rémunération nette annuelle est en moyenne, pour 10 à 20 ans d'ancienneté, de 49 296 euros pour les agrégés et de 63 470 euros pour les chaires supérieures", détaille un rapport de la Cour des comptes rendu public en mai 2013. [...]
En dégraissant les salaires des profs de prépas, Vincent Peillon cherche à alléger l'emploi du temps de leurs collègues de zones d'éducation prioritaires (ZEP). Confrontés à des conditions d'enseignement réputées difficiles, ces derniers hériteraient d'un service diminué d'une à deux heures par semaine. Pour financer cette mesure, le ministre de l'Éducation nationale a décidé de rogner sur le régime particulier des professeurs de CPGE. [...]
Le ministre de l'Éducation nationale souhaite également que tous les professeurs de CPGE soient soumis à 10 heures hebdomadaires de cours. Jusqu'à présent, le volume d'enseignement varie entre 8 et 11 heures par semaine, en fonction du nombre d'élèves et de leur classe.
Pour Stéphane Coviaux, professeur en classes préparatoires littéraires au lycée Camille-Guérin (Poitiers) et secrétaire général de l'APPLS (Association des professeurs de première et lettres supérieures), il est inconcevable que leur statut - quasi inchangé depuis sa publication en 1950 - soit ainsi attaqué. "Les conservatismes sont en train de s'organiser en ce moment même", prédisait Vincent Peillon le 18 novembre.
Contacté par Le Point.fr, Stéphane Coviaux dénonce avec éloquence la méthode employée et le mutisme de son ministre de tutelle. Mais dès lors que le montant du salaire est évoqué, les réponses se font plus confuses. Avec trente-huit élèves d'hypokhâgne et quarante de khâgne, l'agrégé d'histoire est soumis à une obligation de service de 8 heures. Auxquelles s'ajoutent "4 heures supplémentaires par semaine et de nombreuses heures d'interrogations orales" (près de 120 heures au cours d'une année, selon nos calculs). À plus de 100 euros (en moyenne) l'heure supplémentaire et à 65 euros (en moyenne) l'heure d'interrogation, le tout forme un joli pactole. Après dix-huit ans d'ancienneté, Stéphane Coviaux évalue son salaire à 4 000 euros net. Avec ou sans les heures supplémentaires ? Il n'a pas effectué ce calcul et ne peut répondre à cette question. [...]
Enseignant au lycée Stanislas (Paris) et président de l'Aphec (Association des classes préparatoires économiques et commerciales), Philippe Heudron se fait plus précis que son confrère poitevin. Selon lui, la baisse de salaire pourrait atteindre 20 % et la rétribution des heures supplémentaires 2,5 %. Là encore, lorsque les gros sous sont évoqués, la mémoire s'embrouille. Derrière ce projet de réforme, il craint aussi que l'Éducation nationale ne cherche à réduire le nombre de postes : "De nombreux professeurs se retrouveraient en sous-dotation horaire", annonce-t-il. Sur les forums, les discussions consacrées à la question se multiplient et de nombreux internautes interprètent ce projet de réforme comme un premier pas vers la destruction pure et simple des classes préparatoires.
Ces dernières vivent-elles leurs dernières heures ? Rien ne permet de l'affirmer, mais les classes préparatoires sont de plus en plus pointées du doigt. En mai 2013, contre l'avis du gouvernement, l'Assemblée nationale a voté un amendement-surprise à la loi Fioraso pour mettre un terme à la gratuité de ces formations très coûteuses. Un élève de classe préparatoire revenant en moyenne à 15 240 euros, tandis que l'étudiant en licence ne coûte que 8 080 euros à la collectivité. Très sélectives, les CPGE sont accusées de privilégier les élèves issus des classes supérieures.
Faux, réplique Stéphane Coviaux : 40 % de mes étudiants sont des boursiers." À l'écouter, les classes préparatoires sont toujours synonymes d'ascenseur social. Le professeur ne cache pas sa satisfaction quand il évoque cet élève, fils d'ouvrière, qui a intégré l'École des Chartes, une prestigieuse école parisienne. S'interdisant tout prosélytisme politique en salle de classe, il affirme que ses élèves s'inquiètent de la grogne qui monte. Signes de leur soutien, des groupes Facebook et des pétitions recueillant plusieurs milliers de signatures fleurissent sur Internet.
Derrière l'une d'elles, présentée comme émanant d'élèves, se cache en réalité un professeur de mathématiques du lycée Chaptal, dans le 9e arrondissement de Paris. Contacté, il affirme que "l'idée est collective". Dénonçant la violence des attaques de son ministère, il assure ne pas compter ses heures. "Personne à ma connaissance n'est capable d'un tel rythme", plaide-t-il. Effectuant plus de 65 heures de travail par semaine, il explique ne dormir que "cinq heures trente par nuit". Quant aux salaires astronomiques de certains de ses collègues, il juge le phénomène marginal : "Il y en a moins que de députés qui ne siègent jamais."
Des discussions doivent avoir lieu au ministère le 2 décembre. Avant cette date, l'intersyndicale représentant les enseignants de classes prépas souhaite être reçue pour plaider sa cause auprès du ministre (cf. lettre ci-dessous). Au moment où nous publions cet article, Vincent Peillon n'a pas donné suite.
http://www.lepoint.fr/societe/vincent-peillon-se-defend-de-vouloir-s-en-prendre-aux-prepas-29-11-2013-1763356_23.phpLe ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, s'est défendu vendredi de vouloir s'en "prendre aux classes préparatoires", dont les syndicats d'enseignants et associations ont déposé un préavis de grève, craignant une baisse de leurs salaires dans le cadre de discussions avec le ministère. "Il n'y a aucune volonté, aucun projet de s'en prendre aux classes préparatoires et de vouloir les supprimer", a assuré Vincent Peillon. "Les situations mêmes des professeurs de classes préparatoires sont très disparates. Il y a en a qui ont des situations peut-être meilleures que d'autres", a-t-il dit, selon les disciplines, selon qu'on enseigne en première année ou en deuxième année, selon les lieux où l'on enseigne, selon le nombre d'élèves par classe", invoquant un souci "de transparence et de justice".
Les syndicats d'enseignants Snes-FSU et Snalc, et les associations de classes préparatoires APHEC, APPLS, UPA, UPLS, UPS et UPSTI ont déposé un préavis de grève pour le 9 décembre, craignant une éventuelle hausse de leurs heures de cours et une baisse de leur rémunération. Actuellement, les professeurs de classes préparatoires doivent faire cours dix heures par semaine, un volume qui peut descendre à 9 ou 8 heures, avec des décharges d'une heure s'ils enseignent en deuxième année et d'une heure s'ils enseignent au moins une heure par semaine à plus de 35 élèves (la plupart des classes).
[...] Dans une pétition qui affiche plus de 18 000 signatures, les syndicats estiment que la majorité des professeurs de prépas pourraient perdre 10 à 20 % de leur salaire.
"Cette estimation que je vois circuler me semble totalement fausse, a affirmé Vincent Peillon. L'objet n'est pas de baisser les salaires. L'objet est de faire que les uns et les autres aient des salaires qui se justifient en fonction des tâches accomplies." Selon la Cour des comptes, un professeur de prépa agrégé gagne en moyenne 4 108 euros net par mois à 15 ans de carrière et 4 812 euros à 30 ans de carrière. Un titulaire d'une chaire supérieure perçoit 5 289 euros à 15 ans de carrière et 5 745 euros à 30 ans.
Une nouvelle réunion entre syndicats et ministère est prévue lundi.
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- CathEnchanteur
Sans déc...pour quelqu'un qui a brillé par son absence au parlement européen en empochant sans vergogne toutes les indemnités...John a écrit:"Cette estimation que je vois circuler me semble totalement fausse, a affirmé Vincent Peillon. L'objet n'est pas de baisser les salaires. L'objet est de faire que les uns et les autres aient des salaires qui se justifient en fonction des tâches accomplies."
- AdsoNiveau 6
J'en ai assez d'entendre dire que les classes prépa sont élitistes! On ferait mieux de pointer du doigt la désorganisation programmée de la "séquence" foutoir et de l'absence d'organisation rationnelle du savoir qui évidemment défavorise les enfants des milieux sociaux où ni l'argent de cours particuliers ni la culture parentale ne peut se substituer à ce que ne fait plus la scolarité obligatoire.
- Vincent83Niveau 6
Pour enseigner post bac je ne peux que plussoyer et encore on n'a rien vu...Adso a écrit:J'en ai assez d'entendre dire que les classes prépa sont élitistes! On ferait mieux de pointer du doigt la désorganisation programmée de la "séquence" foutoir et de l'absence d'organisation rationnelle du savoir qui évidemment défavorise les enfants des milieux sociaux où ni l'argent de cours particuliers ni la culture parentale ne peut se substituer à ce que ne fait plus la scolarité obligatoire.
C'est un magnifique cadeau fait aux officines privées.
En terme de déclassement d'une partie de la population c'est un remarquable projet, le FN n'aurait même pas osé l'envisager:affraid:
- AdsoNiveau 6
Fille d'ouvrier je dois à mes profs d'être entrée en prépa où j'ai eu la chance de rencontrer des profs parfois exceptionnels comme Jeanne Reboul et qui ont décidé de ma vocation pour l'enseignement. J'aimerais bien que les enfants d'aujourd'hui puissent en faire autant.
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