Page 2 sur 2 • 1, 2
- VicomteDeValmontGrand sage
"On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans." reste pourtant une "phrase culte" de l'univers rimbaldien.
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Ce vers, je l'avais retenu. Mais il ne m'a jamais parlé plus que ça.
- User5899Demi-dieu
MrBrightside a écrit:On approche de Noël, je vote donc pour l'hypallage, et c'est cadeau !
T'as pas honte, toi ?
Tiens !
Pauvre Yorick, je vous en avais fait un bel exemple !
- User5899Demi-dieu
Mais c'est tout qu'est-ce que je dis depuis le début ! On n'est pas obligé de voir ici une figure, enfin !Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Je suis pas hyper convaincu. Le faux-col peut-être effrayant parce qu'il incarne à lui seul l'image du père, comme un symbole. Il est effrayant par ce qu'il représente, mais ça ne revient pas à dire que c'est en fait le père qui est effrayant. Il faudrait voir le contexte...
Et il y aurait eu métonymie si, parlant de son père, l'auteur eût écrit : "me disait ce faux-col effrayant", par exemple
- OudemiaBon génie
+1Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Je suis pas hyper convaincu. Le faux-col peut-être effrayant parce qu'il incarne à lui seul l'image du père, comme un symbole. Il est effrayant par ce qu'il représente, mais ça ne revient pas à dire que c'est en fait le père qui est effrayant. Il faudrait voir le contexte...
La respectabilité du faux-col, horrible pour le jeune débraillé.
Edit : Cripure
- User5899Demi-dieu
Vritur, infelix Yorix ! :magister:PauvreYorick a écrit:Tu ne connais pas par coeur l'Énéide? :shock: :shock:
- User5899Demi-dieu
Je vais vous dire, Copine-de-Daria et Audrey, que ce texte ne me dit rienSylvain de Saint-Sylvain a écrit:Quelle que soit la taille dudit bagage, ce que je n'aime ni ne comprends, c'est qu'il nous soit imposé. Il y a du bon à ce que certaines personnes nous incitent à aller vers un certain nombre d’œuvres : cela permet de découvrir, de s'ouvrir, de ne pas rester prisonnier de ses goûts. Il nous faut des quoi-tu-connais-pas-ça. Mais c'est quand même mieux si ça ne sent pas le panthéon, le faux-pas de salon littéraire, le reproche de manque de culture. Si je manque quelque chose de passionnant avec ce poème, ça m'intéresse, mais sinon, c'est juste - un peu - désagréable.
(De toute façon je n'aurai jamais les moyens intellectuels d'avoir tout bien en tête, alors je n'ai pas le choix d'être d'accord. :p )
Je suis en train de creuser un trou pour m'enterrer vivant.
Adieu, monde cruel !!
Edit Mais c'est fou, ça ! je connais le texte et le vers ne me disait absolument rien.
Bon, Audrey, tu retiendras que la prochaine fois, ça ira plus vite avec un contexte. Métonymie, non. Hypallage, possible voire probable, disons qu'elle enrichit le texte.
- AudreyOracle
Ce poème, par exemple, est...
... piquant par le dénigrement du romantisme, à travers les expressions triviales, la dégradation de certaines images gnangnan comme celle du baiser réduit à une "petite bête" (qui monte qui monte),
.... profondément charnel par la sensualité à l'oeuvre dans la construction du décor, l'évocation des pulsions de séduction, les sensations du désir,
.... plein d'humour, notamment dans la chute du texte, avec ce jeune homme qui préfère à la jeune fille la compagnie des bocks ou de la limonade, et qui maintenant qu'il a connu la griserie des amours d'été se sent prêt à de nouvelles aventures, dans les cafés devenus soudainement éclatants...
Je dis tout ça sans doute très mal, mais vraiment, ne pas connaître ce poème de Rimbaud me semble une grave lacune.
A moins, bien sûr, de connaître tous les autres textes d'Arthur.... ;-)
... piquant par le dénigrement du romantisme, à travers les expressions triviales, la dégradation de certaines images gnangnan comme celle du baiser réduit à une "petite bête" (qui monte qui monte),
.... profondément charnel par la sensualité à l'oeuvre dans la construction du décor, l'évocation des pulsions de séduction, les sensations du désir,
.... plein d'humour, notamment dans la chute du texte, avec ce jeune homme qui préfère à la jeune fille la compagnie des bocks ou de la limonade, et qui maintenant qu'il a connu la griserie des amours d'été se sent prêt à de nouvelles aventures, dans les cafés devenus soudainement éclatants...
Je dis tout ça sans doute très mal, mais vraiment, ne pas connaître ce poème de Rimbaud me semble une grave lacune.
A moins, bien sûr, de connaître tous les autres textes d'Arthur.... ;-)
- AudreyOracle
Voilà, l'hypallage enrichit le texte, et il n'y a pas métonymie. Ma première pensée, donc.
Ca va, je ne suis pas complètement cruche. ;-)
Ca va, je ne suis pas complètement cruche. ;-)
- MrBrightsideEmpereur
Je ne connais pas le texte, mais je peux vous dire que la copine de Daria c'est Jane. On a les références qu'on peutCripure a écrit:Je vais vous dire, Copine-de-Daria et Audrey, que ce texte ne me dit rien
- AudreyOracle
Allez, je vous le copie...
Roman
I
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...
II
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
III
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...
- Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Roman
I
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...
II
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
III
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...
- Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
- User5899Demi-dieu
Elles sont excellentes, ces références. J'avais oublié Jane. En VO, a-t-elle aussi cette voix très particulière de la VF ?MrBrightside a écrit:Je ne connais pas le texte, mais je peux vous dire que la copine de Daria c'est Jane. On a les références qu'on peutCripure a écrit:Je vais vous dire, Copine-de-Daria et Audrey, que ce texte ne me dit rien
- AudreyOracle
J'adore les voix de la VF...
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Si je devais défendre Rimbaud, je m'attacherais à montrer la critique des valeurs et de conceptions parfois toujours en place qu'opère sa manière, et la critique du romantisme en fait partie. Mais on la trouve dans bien d'autres poèmes du Monsieur - idem pour le reste, qui en soi je l'avoue m'intéresse moins - du coup je ne vois pas où est ma "grave lacune". :/
Oui, je te rejoignais Cripure. On peut y lire une hypallage, ou pas... Ne pas y voir de figure ne me semble pas appauvrissant : je trouve juste la lecture d'Oudemia.
Oui, je te rejoignais Cripure. On peut y lire une hypallage, ou pas... Ne pas y voir de figure ne me semble pas appauvrissant : je trouve juste la lecture d'Oudemia.
Là on est d'accord.Audrey a écrit:J'adore les voix de la VF...
- User17706Bon génie
Une petite aide pour ma mémoire défaillante?Cripure a écrit:Pauvre Yorick, je vous en avais fait un bel exemple !
- RobinFidèle du forum
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
"Sous l'ombre du faux col effrayant de son père.."
Le faux col a évidemment une dimension symbolique : le père est effrayant parce qu'il porte un faux-col, symbole de respectabilité bourgeoise. Ce faux col symbolise (c'est pourquoi on peut effectivement hésiter : dimension métonymique, hyperbolique et/ ou allégorique ?) la rigueur intransigeante de l'autorité paternelle, "sous l'ombre" (sous la tutelle, l'autorité) de laquelle se trouve la jeune fille. Le faux col est effrayant pour le poète, mais aussi et surtout pour la jeune fille. Il est comme une "barrière" qui se dresse contre toute velléité d'approche. Mais on sent tout de même l'humour, l'ironie de Rimbaud : le père, représentant des "valeurs bourgeoises", est plus ridicule qu'effrayant et l'antithèse "petits airs charmants"/"col effrayant" évoque une caricature de l'époque (Daumier).
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
"Sous l'ombre du faux col effrayant de son père.."
Le faux col a évidemment une dimension symbolique : le père est effrayant parce qu'il porte un faux-col, symbole de respectabilité bourgeoise. Ce faux col symbolise (c'est pourquoi on peut effectivement hésiter : dimension métonymique, hyperbolique et/ ou allégorique ?) la rigueur intransigeante de l'autorité paternelle, "sous l'ombre" (sous la tutelle, l'autorité) de laquelle se trouve la jeune fille. Le faux col est effrayant pour le poète, mais aussi et surtout pour la jeune fille. Il est comme une "barrière" qui se dresse contre toute velléité d'approche. Mais on sent tout de même l'humour, l'ironie de Rimbaud : le père, représentant des "valeurs bourgeoises", est plus ridicule qu'effrayant et l'antithèse "petits airs charmants"/"col effrayant" évoque une caricature de l'époque (Daumier).
- User5899Demi-dieu
Ben je vous ai désigné par "la philosophie"PauvreYorick a écrit:Une petite aide pour ma mémoire défaillante?Cripure a écrit:Pauvre Yorick, je vous en avais fait un bel exemple !
- User17706Bon génie
Rhâââ...
:boulet:
:boulet:
- RobinFidèle du forum
Le faux-col joue un grand rôle dans l'imaginaire des artistes bohème au XIXème comme symbole de la bourgeoisie... On le voit aussi chez Verlaine, évoquant Monsieur Prudhomme dans les Poèmes saturniens :
http://blog.crdp-versailles.fr/1eres4michelet/public/Rimbaud/Documents_complementaires_texte_2.pdf
http://blog.crdp-versailles.fr/1eres4michelet/public/Rimbaud/Documents_complementaires_texte_2.pdf
- AudreyOracle
Merci Robin... Je ne me posais pas de question sur le sens du faux-col, ça, ça allait... ;-)
Page 2 sur 2 • 1, 2
- Le programme de Terminale Littéraire en littérature 2016-2017 : Journal des Faux-Monnayeurs, Les Faux-Monnayeurs (Gide) ; Oedipe-Roi (Sophocle, Pasolini)
- caricature d'un personnage effrayant?
- Conte de Noël effrayant!!!
- Rue89 - A la Ferté-sous-Jouarre, le candidat Front National veut-il donner "des coups de pelle" aux "muzz" sous le pseudo Jacques de Molay ?
- Sciences économiques et sociales : Terminale, réforme 2020
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum