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Le grincheux
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Pour Jacques Sapir, la France doit quitter l'euro. - Page 2 Empty Re: Pour Jacques Sapir, la France doit quitter l'euro.

par Le grincheux Sam 16 Nov 2013 - 19:05
egomet a écrit:
Leclochard a écrit:Les nouvelles économies devront être réalisées ailleurs que dans la fonction publique d'Etat. Il y a un gros boulot à faire dans les collectivités locales qui continuent à embaucher...
On doit aussi sanctionner plus durement les fraudeurs. J'ai appris que Bercy bloquait les poursuites pénales. C'est scandaleux véritablement.
Par ailleurs, soit on harmonisera les règles entre les pays, soit on ira dans le mur.
Par contre, je me demande pourquoi tu veux renouveler le matériel militaire.

Est-ce qu'Hollande agira ? Rien n'est moins sûr. S'il ne fait rien, ce sera pire d'un certain point de vue que si on avait eu un gouvernement de droite. Aurore avait lancé sur ce forum un topic sur ce sujet : Sarkozy a-t-il pris une seule bonne mesure ? On était arrivé à la conclusion que non. Je ne sais pas ce qu'on dira du président actuel, mais je ne suis pas certain que le bilan sera beaucoup plus glorieux dans trois ans.

Quant aux économies réalisées par sur le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, il est probable qu'elles ont été dépensées en aides sociales, en augmentations automatiques et en remboursement de la dette. Les ressources ont été plus faibles que prévues aussi. Si on ne fait aucun effort spécial, l'Etat dépense obligatoirement chaque année plus que l'année précédente par le jeu des passages d'échelon et de l'accroissement des dépenses sociales. C'est un énorme effort qu'il faudrait consentir pour qu'à un moment donné, elles ne bougent pas.
Il faudra réduire aussi dans la fonction publique d’État. C'est trop facile d'accuser les collectivités territoriales. La plus grosse partie des augmentations d'impôts locaux est due à des obligations légales ou à des transferts de charges. Il n'y a qu'à voir ce que donne la réforme des rythmes scolaires.

Plutôt que de distinguer la fonction publique d’État et la fonction publique territoriale, il vaut mieux se pencher sur les fonctions régaliennes et laisser de côté les services qui peuvent être assurés par le marché. Surtout, il faut distinguer ce qui relève de la mission proprement dite d'un ministère et ce qui est pur produit de l'administration.

Mais c'est la protection sociale qui représente de très loin la plus grosse charge. L'astuce qui consiste à faire des caisses séparées du budget de l’État ne doit pas nous tromper. Il s'agit bel et bien de prélèvements obligatoires. Ça fonctionne exactement comme un impôt. C'est aussi la charge la moins facile à maîtriser, parce qu'on s'engage à fournir une certaine somme, sans savoir combien de gens seront concernés et combien d'argent va rentrer dans les caisses. La moindre des choses serait d'avoir une gestion des risques sérieuse, comme dans les assurances privées. Les prestations et les cotisations devraient être révisables tous les ans.En fait, le plus simple serait de supprimer le monopole de la Sécu et d'autoriser les gens à choisir d'autres assurances.
Mais ce monopole est mort au début des années 2000. Cela a même été officialisé par un arrêt du conseil d'état du mois dernier.
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par Condorcet Sam 16 Nov 2013 - 21:26
Pousser les gaz avec des politiques récessives ?
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par egomet Sam 16 Nov 2013 - 22:26
Le grincheux a écrit:
egomet a écrit:

Mais c'est la protection sociale qui représente de très loin la plus grosse charge. L'astuce qui consiste à faire des caisses séparées du budget de l’État ne doit pas nous tromper. Il s'agit bel et bien de prélèvements obligatoires. Ça fonctionne exactement comme un impôt. C'est aussi la charge la moins facile à maîtriser, parce qu'on s'engage à fournir une certaine somme, sans savoir combien de gens seront concernés et combien d'argent va rentrer dans les caisses. La moindre des choses serait d'avoir une gestion des risques sérieuse, comme dans les assurances privées. Les prestations et les cotisations devraient être révisables tous les ans.En fait, le plus simple serait de supprimer le monopole de la Sécu et d'autoriser les gens à choisir d'autres assurances.
Mais ce monopole est mort au début des années 2000. Cela a même été officialisé par un arrêt du conseil d'état du mois dernier.
En principe oui. Mais d'après ce que j'ai pu lire, il faut encore batailler ferme pour faire appliquer la loi et profiter de cette possibilité.

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par egomet Sam 16 Nov 2013 - 22:27
Condorcet a écrit:Pousser les gaz avec des politiques récessives ?
Tu peux préciser?

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par Condorcet Sam 16 Nov 2013 - 23:03
Des politiques d'austérité, qui en limitant à la fois la dépense (qui est aussi investissement) publique et le pouvoir d'achat des salariés et fonctionnaires, ne poussent pas à la consommation intérieure et entraînent ceux qui pourraient dépenser à retarder l'achat.
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Pour Jacques Sapir, la France doit quitter l'euro. - Page 2 Empty Re: Pour Jacques Sapir, la France doit quitter l'euro.

par Instructeurpublic Sam 16 Nov 2013 - 23:20
Condorcet a écrit:Pousser les gaz avec des politiques récessives ?
Tu es pointilleux, c'est bien.Wink  C'est la FED qui pousse les gaz avec les QE... Ce qui ne sera pas pour autant sans conséquences pour nous en cas de crash.

En fait, pour que la métaphore colle à l'UE, il faudrait imaginer une situation où la tour de contrôle décide de prendre en compte l'alarme de sur-vitesse (inflation) alors qu'on est en train de perdre de l'altitude (récession). L'ordre de réduire la vitesse ne faisant qu'aggraver les choses.
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par Condorcet Sam 16 Nov 2013 - 23:26
Une autre objection me vient : j'ai du mal à envisager ce qu'une politique économique isolée (comme la décision unilatérale de sortir de l'euro) peut apporter à la France (dans une économie mondialisée et au moins dans un espace européen puissamment interconnecté). Et si la France quittait la zone euro, la Grèce, Chypre et d'autres se trouveraient-ils menacés de défaut ou la France honorerait-elle les engagements qu'elle a pris vis-à-vis du mécanisme européen de stabilisation ?
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par egomet Dim 17 Nov 2013 - 0:24
Condorcet a écrit:Des politiques d'austérité, qui en limitant à la fois la dépense (qui est aussi investissement) publique et le pouvoir d'achat des salariés et fonctionnaires, ne poussent pas à la consommation intérieure et entraînent ceux qui pourraient dépenser à retarder l'achat.
Première remarque, les dépenses publique ne constituent pas en elles-mêmes des investissements. C'est vrai lorsqu'il s'agit d'infrastructures, c'est vrai à long terme lorsqu'il s'agit d'éducation. Mais les dépenses de consommation ne sont pas des investissements. Elle n'augmentent pas par elles-mêmes les capacités de production.
Deuxième remarque, un investissement peut être mauvais. Si on construit une route là où personne ne passe, c'est un gaspillage, qui correspond peut-être à une route utile que l'on n'a pas construite ailleurs. L'investissement éducatif dans les ESPE me semble douteux.
Troisième remarque, tout bien consommé doit d'abord avoir été produit. C'est une grave erreur de considérer la consommation comme un moyen de faire tourner l'économie. La consommation est le but de l'économie. Si vous voulez faire tourner l'économie, il faut faire en sorte qu'un grand nombre de gens travaillent de la manière la plus efficace possible, c'est à dire améliorer les techniques et supprimer ce qui fait obstacle au travail. En premier lieu, il faut supprimer les tâches inutiles, pour permettre aux travailleurs de se concentrer sur ce qui est plus productif (au sens large). Ça implique notamment de modérer la pression fiscale, d'être prudent avec les politiques de redistribution, qui, concrètement, obligent les travailleurs à prendre en charge des non-travailleurs et incitent ces derniers à ne rien faire.

Quant au fait que les gens diffèrent leurs achats, ce n'est pas forcément un drame en soi. D'abord il peut s'agir d'un réajustement nécessaire, quand on a pris l'habitude de vivre au-dessus de ses moyens. On ne peut pas espérer, à long terme, consommer plus qu'on ne produit. Pour parvenir à un tel résultat, le seul moyen serait de faire travailler les autres pour son seul profit. Il y a quelques années, Obama avait lancé un message aux Chinois du genre: "Soutenez notre consommation en achetant de la dette américaine, pour soutenir l'emploi chez vous." Je ne sais pas si tu sens l'indécence d'une telle demande. Le travail pour vous, la consommation pour nous. J'appelle ça de l'esclavage. Les Chinois n'aspirent pas à être les ouvriers du monde, ils aspirent à la prospérité. Ils fabriquent des lave-vaisselle pour les Français, en espérant un jour pouvoir les fabriquer pour eux-mêmes.
Ensuite, le principal obstacle à la consommation, lorsque les gens ont les moyens de leurs désirs, c'est l'incertitude. Les gens thésauriseront, peut-être à l'excès, s'ils ne sont pas sûrs des règles. En ce moment, on n'est pas sûr de savoir combien d'impôts on va devoir payer. On n'est pas sûr d'y arriver. On n'est même pas sûr de pouvoir garder son argent. La menace qui plane sur l'épargne en ce moment n'incite pas du tout à dépenser (on risque d'en avoir besoin de toute façon), mais à s'interroger sur la façon de la mettre à l'abri. Les gens se demandent s'il vaut mieux garder son argent à la banque, ou le sortir en liquide pour le garder chez soi. On n'a pas vraiment besoin d'une inflation pour inciter les gens à consommer, on a surtout besoin de stabilité monétaire, pour qu'ils soient sûrs de leur budget. Au demeurant, a-t-on vraiment besoin d'être incité à consommer? A-t-on besoin d'être incité par un gouvernement pour prendre du plaisir?

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par egomet Dim 17 Nov 2013 - 0:45
Condorcet a écrit:Une autre objection me vient : j'ai du mal à envisager ce qu'une politique économique isolée (comme la décision unilatérale de sortir de l'euro) peut apporter à la France (dans une économie mondialisée et au moins dans un espace européen puissamment interconnecté). Et si la France quittait la zone euro, la Grèce, Chypre et d'autres se trouveraient-ils menacés de défaut ou la France honorerait-elle les engagements qu'elle a pris vis-à-vis du mécanisme européen de stabilisation ?
Sortir de l'euro effectivement aurait précisément pour but de ne pas respecter les engagements du mécanisme de stabilisation. Il est certain que la sortie de la France ferait éclater toute la zone euro. Sans la France, l'Allemagne ne verrait sans doute plus l'intérêt de continuer à payer pour les autres. Si même la France n'y croit plus, pourquoi s'obstiner? Les petits pays très endettés ne verraient plus la nécessité de faire des efforts budgétaires, si un grand pays donneur de leçon s'en dispensait d'une façon aussi cavalière. Les conséquences sont très difficiles à prévoir pour l'Europe et dépendraient énormément de ce que chaque pays ferait de sa nouvelle monnaie. Quoi qu'il en soit, dans un premier temps, nous aurions une contraction des échanges due à la méfiance généralisée, le temps qu'on sache à quoi sen tenir.

Maintenant, je ne suis pas capable de dire si la sortie de l'euro serait une erreur. La monnaie unique souffre de graves faiblesses, du fait qu'on n'a pas d'harmonisation fiscale, que les déficits sont énormes et qu'il s'agit d'une monnaie fiat. Elle crée une solidarité dangereuse entre des pays rigoureux et d'autres qui ne le sont pas. Pour qu'on comprenne ce que je veux dire, je prends une comparaison. Les époux sont solidaires financièrement. La solidarité est une notion juridique sans rapport avec leur éventuelle générosité. Du fait de leur mariage, tous leurs biens sont mis en commun. Leurs dettes aussi. Et si Monsieur est un joueur compulsif, Madame devra payer ses dettes de jeu. A l'inverse un fils n'est pas solidaire des dettes de son père. S'il a un minimum de moralité, il lui assurera une subsistance, mais il ne va pas pour autant financer son vice du poker.
Lorsqu'on garantit systématiquement les dépenses d'autrui, on crée un redoutable aléa moral. Objectivement, on l'incite à tricher.
Dans ces conditions, je ne suis pas capable de dire s'il vaut mieux abandonner l'euro tout de suite et accepter des pertes modérées, pour en éviter de plus grandes plus tard; ou s'il vaut mieux continuer, avec l'espoir qu'on va s'assagir, trouver des règles communes et rétablir les comptes.

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par Condorcet Dim 17 Nov 2013 - 1:01
egomet a écrit:
Condorcet a écrit:Des politiques d'austérité, qui en limitant à la fois la dépense (qui est aussi investissement) publique et le pouvoir d'achat des salariés et fonctionnaires, ne poussent pas à la consommation intérieure et entraînent ceux qui pourraient dépenser à retarder l'achat.
Première remarque, les dépenses publique ne constituent pas en elles-mêmes des investissements. C'est vrai lorsqu'il s'agit d'infrastructures, c'est vrai à long terme lorsqu'il s'agit d'éducation. Mais les dépenses de consommation ne sont pas des investissements. Elle n'augmentent pas par elles-mêmes les capacités de production.
Deuxième remarque, un investissement peut être mauvais. Si on construit une route là où personne ne passe, c'est un gaspillage, qui correspond peut-être à une route utile que l'on n'a pas construite ailleurs. L'investissement éducatif dans les ESPE me semble douteux.
Troisième remarque, tout bien consommé doit d'abord avoir été produit. C'est une grave erreur de considérer la consommation comme un moyen de faire tourner l'économie. La consommation est le but de l'économie. Si vous voulez faire tourner l'économie, il faut faire en sorte qu'un grand nombre de gens travaillent de la manière la plus efficace possible, c'est à dire améliorer les techniques et supprimer ce qui fait obstacle au travail. En premier lieu, il faut supprimer les tâches inutiles, pour permettre aux travailleurs de se concentrer sur ce qui est plus productif (au sens large). Ça implique notamment de modérer la pression fiscale, d'être prudent avec les politiques de redistribution, qui, concrètement, obligent les travailleurs à prendre en charge des non-travailleurs et incitent ces derniers à ne rien faire.

Quant au fait que les gens diffèrent leurs achats, ce n'est pas forcément un drame en soi. D'abord il peut s'agir d'un réajustement nécessaire, quand on a pris l'habitude de vivre au-dessus de ses moyens. On ne peut pas espérer, à long terme, consommer plus qu'on ne produit. Pour parvenir à un tel résultat, le seul moyen serait de faire travailler les autres pour son seul profit. Il y a quelques années, Obama avait lancé un message aux Chinois du genre: "Soutenez notre consommation en achetant de la dette américaine, pour soutenir l'emploi chez vous." Je ne sais pas si tu sens l'indécence d'une telle demande. Le travail pour vous, la consommation pour nous. J'appelle ça de l'esclavage. Les Chinois n'aspirent pas à être les ouvriers du monde, ils aspirent à la prospérité. Ils fabriquent des lave-vaisselle pour les Français, en espérant un jour pouvoir les fabriquer pour eux-mêmes.
Ensuite, le principal obstacle à la consommation, lorsque les gens ont les moyens de leurs désirs, c'est l'incertitude. Les gens thésauriseront, peut-être à l'excès, s'ils ne sont pas sûrs des règles. En ce moment, on n'est pas sûr de savoir combien d'impôts on va devoir payer. On n'est pas sûr d'y arriver. On n'est même pas sûr de pouvoir garder son argent. La menace qui plane sur l'épargne en ce moment n'incite pas du tout à dépenser (on risque d'en avoir besoin de toute façon), mais à s'interroger sur la façon de la mettre à l'abri. Les gens se demandent s'il vaut mieux garder son argent à la banque, ou le sortir en liquide pour le garder chez soi. On n'a pas vraiment besoin d'une inflation pour inciter les gens à consommer, on a surtout besoin de stabilité monétaire, pour qu'ils soient sûrs de leur budget. Au demeurant, a-t-on vraiment besoin d'être incité à consommer? A-t-on besoin d'être incité par un gouvernement pour prendre du plaisir?
Si la culture, la justice, la défense ne sont pas des investissements qu'est-ce ? Mais parmi les non-travailleurs se trouvent des personnes qui ne peuvent pas travailler !
Et par qui cet esclavage a-t-il été créé si ce n'est par des esclavagistes ?
La thésaurisation est tout aussi mauvaise que l'achat à bas prix par les circuits que tu désignes.
Mais comment définir le travail "efficace" ? Qu'est-ce qu'un chercheur ou un enseignant efficace ?
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par Instructeurpublic Dim 17 Nov 2013 - 11:50
Condorcet a écrit:Une autre objection me vient : j'ai du mal à envisager ce qu'une politique économique isolée (comme la décision unilatérale de sortir de l'euro) peut apporter à la France (dans une économie mondialisée et au moins dans un espace européen puissamment interconnecté). Et si la France quittait la zone euro, la Grèce, Chypre et d'autres se trouveraient-ils menacés de défaut ou la France honorerait-elle les engagements qu'elle a pris vis-à-vis du mécanisme européen de stabilisation ?
La politique économique de la France n'a jamais été et ne sera jamais isolée, et la sortie de l'euro ne doit pas être prise de façon unilatérale. Nous sommes loin d'être les seuls à tirer un bilan négatif du passage à l'euro, c'est même beaucoup plus tabou chez nous qu'en Allemagne. Et quand bien même, la France ne doit pas avoir peur de redevenir la locomotive de l'Europe sur le plan politique, même si encore une fois il existe une part de risque. Il ne faut pas sous estimer notre capacité à faire modèle, aujourd'hui encore.
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par egomet Mar 19 Nov 2013 - 11:37
Condorcet a écrit:Si la culture, la justice, la défense ne sont pas des investissements qu'est-ce ? Mais parmi les non-travailleurs se trouvent des personnes qui ne peuvent pas travailler !
Parmi les non-travailleurs, il y en a effectivement une partie qui ne peuvent pas travailler. Il est légitime qu'ils soient pris en charge. Par qui? Jusqu'à quel point? De quelle manière? Ce sont des questions techniques, dont on peut discuter.
Mais il faut bien reconnaître que ça ne représente qu'une toute petite partie des non-travailleurs. Beaucoup ont fait ce choix. C'est parfois légitime, par exemple quand il s'agit de parents au foyer. Parfois ça l'est moins (assistanat). Mais c'est un choix individuel. Il faut reconnaître aussi que la France est très généreuse dans sa définition du handicap. L'immense majorité des chômeurs le sont non pas à cause d'une incapacité physique ou mentale, mais de l'incohérence de notre système économique et en particulier de l'incohérence du code du travail.

La culture, la défense ou la justice ne sont pas nécessairement des dépenses d'investissement. Ça ne veut pas dire qu'elle sont inutiles. Si on distingue les dépenses d'investissement des dépenses de fonctionnement, c'est parce qu'on pense pouvoir amortir les premières. C'est aussi parce que les premières peuvent jusqu'à un certain point justifier l'endettement. Une dépense d'investissement, c'est une dépense, en principe ponctuelle, qui permet d'espérer des gains ultérieurs. Une entreprise ne peut pas faire passer le salaire de la femme de ménage pour une dépense d'investissement, bien que la femme de ménage soit parfaitement indispensable. Mais ça n'a pas de sens de s'endetter pour payer les salaires. On irait à la faillite.
Alors pour la justice, informatiser les dossier pour faciliter les procédures et réduire les délais, c'est un investissement. Les salaires des juges et des huissiers, non.
La culture, acheter un monument, construire un musée, c'est un investissement. Ça augmente le patrimoine national. Mais le salaire de gardiens, ça rentre dans les dépenses courantes.
Cela dit, il est bon que les investissements soient payés autant que possible par des excédents et non par la dette, pour éviter de payer les intérêts et pour maîtriser l'évolution des coûts. Une organisation aussi grosse que l’État a évidemment toujours des investissements à faire, de sorte que globalement, on ne peut pas trop compter sur le caractère exceptionnel de chaque dépense pour rétablir l'équilibre des comptes. Et si on s'autorise des dettes, il arrivera très vite un moment, où la dette ne servira plus à payer des infrastructures, mais à payer les dépenses courantes, voire le service de la dette lui-même, ce qui s'appelle de la cavalerie.

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par egomet Mar 19 Nov 2013 - 12:24
Condorcet a écrit:
Et par qui cet esclavage a-t-il été créé si ce n'est par des esclavagistes ?
La thésaurisation est tout aussi mauvaise que l'achat à bas prix par les circuits que tu désignes.
Mais comment définir le travail "efficace" ? Qu'est-ce qu'un chercheur ou un enseignant efficace ?
Il est certain qu'il y a des gens qui profitent du système. Notamment les grands patrons capables de faire protéger leur business par le gouvernement, en prétextant l'intérêt général. Notamment ceux qui se font subventionner ou renflouer, en faisant un chantage au chômage ou en mettant en avant l'intérêt stratégique de leur activité.

L'efficacité du travail est un point relativement délicat. Sur un marché, c'est assez facile. Le prix juste, c'est celui sur lequel les acteurs se mettent d'accord librement. L'efficacité se mesure en comparant avec la concurrence, soit qu'on privilégie la qualité de l'offre, soit qu'on recherche des prix bas, soit qu'on essaie d'optimiser le rapport qualité/prix. Les trois approches sont légitimes. Si quelqu'un pense pouvoir faire mieux, il est libre d'essayer.
Il est beaucoup plus difficile d'évaluer l'efficacité en situation de monopole, en particulier de monopole public. Dans le PIB, les services les services publics sont comptés, positivement bien sûr, à leur valeur budgétaire, alors que les services privés le sont à leur valeur de marché. C'est embêtant. Supposons deux administrations, l'une corrompue et l'autre qui ne l'est pas. Sur le même budget l'une paiera du caviar à des fonctionnaires, caviar d'ailleurs acheté l'étranger, l'autre recrutera des enseignants reconnus. Même sans aller sur un cas aussi extrême, l'une se perdra dans la paperasse, tandis que l'autre agira sur le terrain. Pourtant les règles comptables accordent exactement la même valeur à toutes ces administrations. Si quelqu'un pense pouvoir faire mieux, il n'est pas libre d'essayer et aura toute les peines à faire reconnaître son talent.
Je ne peux certes pas dire que la fonction publique est improductive, ce serait profondément injuste. Mais il est très difficile d'évaluer ses performances, faute d'élément de comparaison. Ce qu'on peut dire sans trop risquer de se tromper, c'est qu'à long terme sa performance est décroissante, parce qu'elle est difficilement remise en cause, parce que les règlements s'accumulent et parce que la friction augmente avec la complexité. L'inamovibilité des fonctionnaires, surtout en haut de l'échelle, empêche de revenir sur les éventuelles erreurs stratégiques. C'est vrai de tout organisme qui n'a pas une raison impérieuse de s'améliorer. Et c'est indépendant de la bonne volonté des travailleurs. Une administration sclérosée n'est pas nécessairement corrompue au sens où ses agents ne touchent pas nécessairement des pots-de-vin.
Alors on peut tenter de définir des critères techniques pour contrôler la performance des agents de l’État. Le problème, c'est qu'on ne peut pas penser à tout. Les Kolkhozes étaient évalués au poids du blé livré. Alors on livrait du blé humide qui pourrissait. Si les enseignants sont évalués d'après les résultats du bac, alors on va être incité à diminuer les exigences. Si on les évalue d'après l'application des nouvelles directives sur les TICE, alors on utilisera l'ordinateur à tort et à travers. L'école publique a sans doute eu de brillants succès en France, autrefois, mais elle est entrée dans une spirale technocratique mortifère, dont elle ne peut plus sortir.

Quant à la thésaurisation, elle n'est pas illégitime en soi. Après tout, celui qui thésaurise a déjà fourni un service à la société et attend simplement pour en tirer la contrepartie concrète. En effet l'argent n'est pas une richesse en soi, ce n'est qu'un symbole de richesse, un promesse garantie par l'ensemble de la société.
En outre la fameuse loi de l'offre et de la demande ajuste en permanence les prix, selon la masse monétaire disponible.
Il est vrai cependant qu'une trop grosse thésaurisation, ou plutôt un repli protecteur brutal sur l'épargne peut poser problème. L'élasticité des prix vers le bas n'est pas totale, parce qu'il y a des engagements sur lesquels on ne peut pas revenir. Par exemple, il est difficile de diminuer le salaire inscrit sur le contrat d'embauche, ou le montant du loyer inscrit sur le bail. Il est peut-être nécessaire d'augmenter la masse monétaire pour accompagner la croissance économique. Mais l'augmentation doit être modérée et régulière. Elle doit être dans le même ordre de grandeur que la croissance, ou que la croissance qu'on peut légitimement espérer (2 ou 3% par an). Elle ne doit pas s'apparenter à une spoliation et ne doit pas rendre impossible les prévision de rentabilité des investissements.

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par Leclochard Mar 19 Nov 2013 - 19:12
Qu'est-ce que vous entendez par  "thésauriser" ? Mettre son argent sous son lit ? Le laisser sur son compte courant ? Parce que très souvent, ce qui est épargné rejoint les circuits de l'économie sous une forme ou une autre (obligations, actions, livret A...). Les économies des ménages ont donc un rôle utile.
Par ailleurs,  classiquement, l'épargne est considérée comme une consommation différée. A moins de retirer son argent et de brûler les billets, à un moment, elle sera employée.

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par egomet Mar 19 Nov 2013 - 20:55
Leclochard a écrit:Qu'est-ce que vous entendez par  "thésauriser" ? Mettre son argent sous son lit ? Le laisser sur son compte courant ? Parce que très souvent, ce qui est épargné rejoint les circuits de l'économie sous une forme ou une autre (obligations, actions, livret A...). Les économies des ménages ont donc un rôle utile.
Par ailleurs,  classiquement, l'épargne est considérée comme une consommation différée. A moins de retirer son argent et de brûler les billets, à un moment, elle sera employée.
De fait. La plupart du temps, épargne = investissement.

C'est d'ailleurs précisément dans une période comme la nôtre que les gens peuvent être tentés par le matelas inutile. Vu le peu de respect du gouvernement pour la propriété privée, on peut légitimement s'inquiéter pour son épargne bancaire.

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