- LefterisEsprit sacré
En langage néo-managérial, ça s'appelle faire "émerger un consensus sur de nouvelles représentations du métier " . En réalité, tous les thèmes soumis à la discussion le sont sous forme de questions fermées, correspondant au cahier des charges venant d'en haut...
Voici l'analyse de FO :
"comment un Ministre peut-il dire qu’il souhaite lors de cette demi journée banalisée dans les établissements des réseaux d’éducation prioritaire « recueillir réflexions et suggestions » des personnels alors que tout est déjà écrit ?
Un diagnostic pour associer les personnels
En effet, il est bien précisé que les Assises de l'éducation prioritaire « ont pour objectif de faire partager le diagnostic établi dans le cadre de la modernisation de l'action publique (MAP) ».
Les documents fournis par le rectorat le confirment : « Ce diagnostic n’a de sens que dans le cadre d’une démarche d’association forte de tous les acteurs pour l’enrichir, le compléter et débattre de la manière de mettre en œuvre les leviers identifiés. »
L’objectif affiché de cette «consultation » est clair : « étudier les conditions de faisabilité des leviers d’efficacité identifiés dans ce diagnostic ».
Une conclusion déjà écrite
Ces mêmes documents précisent les perspectives attendues par le Ministre :
Perspectives pédagogiques et éducatives…
Perspectives relatives aux ressources humaines : « Affecter les professeurs en précisant les missions attendues qui dépassent les missions ordinaires (travail en équipes, tâches spécifiques). »
Perspectives relatives au pilotage : « Passer d’une logique de prescription à une logique de contractualisation.
Développer un pilotage en lien avec la politique de la ville et les collectivités territoriales. »
Le But est clair
- « attirer » et « retenir des professeurs motivés et efficaces » par des « leviers financiers (jusque là peu convaincants), relatifs au mouvement, à l'évolution des carrières, aux conditions d'exercice, aux dynamiques d'équipe et à l'accompagnement » ; ce qui signifie : instituer des zones franches en matière de carrière et de droits statutaires sur le modèle du dispositif ECLAIR.
- « renforcer le pilotage national » en articulation avec d'autres politiques publiques (ville, petite enfance, famille, jeunesse) ou encore en renforçant l'évaluation interne et externe ; ce signifie : confier aux collectivités les missions dont l’Etat se désengage comme cela est déjà mis en place par le décret sur les rythmes scolaires.
A cela s’ajoutent les menaces sur nos statuts
Les textes ministériels prévoient de :
- resserrer le périmètre en « l'ajustant aux écoles et collèges connaissant les plus fortes concentrations de défavorisés ». Concrètement cela signifie : faire sortir des établissements de l’éducation prioritaire ;
- « Dans l’état actuel des connaissances et des budgets disponibles, il est souhaitable de centrer l’usage des moyens vers l’école quitte à trouver des ressources au niveau du lycée » (p. 38), cela revient à dire : supprimer des décharges statutaires aux certifiés et aux agrégés pour financer le premier degré et préfigure sans doute les intentions du ministre en matière de refonte des missions et statuts dans le secondaire.
De fait ces documents reconnaissent que 1,131 milliard d’euros sont consacrés en surcoût à l’éducation prioritaire (1,8% du budget de l’éducation nationale pour 20% des élèves). Si ce montant est jugé insuffisant par la Cour des comptes, la concertation d’aujourd’hui a hélas pour objectif, sous couvert de « diversités des situations académiques et des remontées de terrain », de diminuer les dépenses.
Avant que la discussion n’ait débuté, ses conclusions en sont déjà annoncées. Les voix des personnels devraient se soumettre à la double contrainte de l’austérité budgétaire et de la remise en cause des statuts des personnels"'
Voici l'analyse de FO :
"comment un Ministre peut-il dire qu’il souhaite lors de cette demi journée banalisée dans les établissements des réseaux d’éducation prioritaire « recueillir réflexions et suggestions » des personnels alors que tout est déjà écrit ?
Un diagnostic pour associer les personnels
En effet, il est bien précisé que les Assises de l'éducation prioritaire « ont pour objectif de faire partager le diagnostic établi dans le cadre de la modernisation de l'action publique (MAP) ».
Les documents fournis par le rectorat le confirment : « Ce diagnostic n’a de sens que dans le cadre d’une démarche d’association forte de tous les acteurs pour l’enrichir, le compléter et débattre de la manière de mettre en œuvre les leviers identifiés. »
L’objectif affiché de cette «consultation » est clair : « étudier les conditions de faisabilité des leviers d’efficacité identifiés dans ce diagnostic ».
Une conclusion déjà écrite
Ces mêmes documents précisent les perspectives attendues par le Ministre :
Perspectives pédagogiques et éducatives…
Perspectives relatives aux ressources humaines : « Affecter les professeurs en précisant les missions attendues qui dépassent les missions ordinaires (travail en équipes, tâches spécifiques). »
Perspectives relatives au pilotage : « Passer d’une logique de prescription à une logique de contractualisation.
Développer un pilotage en lien avec la politique de la ville et les collectivités territoriales. »
Le But est clair
- « attirer » et « retenir des professeurs motivés et efficaces » par des « leviers financiers (jusque là peu convaincants), relatifs au mouvement, à l'évolution des carrières, aux conditions d'exercice, aux dynamiques d'équipe et à l'accompagnement » ; ce qui signifie : instituer des zones franches en matière de carrière et de droits statutaires sur le modèle du dispositif ECLAIR.
- « renforcer le pilotage national » en articulation avec d'autres politiques publiques (ville, petite enfance, famille, jeunesse) ou encore en renforçant l'évaluation interne et externe ; ce signifie : confier aux collectivités les missions dont l’Etat se désengage comme cela est déjà mis en place par le décret sur les rythmes scolaires.
A cela s’ajoutent les menaces sur nos statuts
Les textes ministériels prévoient de :
- resserrer le périmètre en « l'ajustant aux écoles et collèges connaissant les plus fortes concentrations de défavorisés ». Concrètement cela signifie : faire sortir des établissements de l’éducation prioritaire ;
- « Dans l’état actuel des connaissances et des budgets disponibles, il est souhaitable de centrer l’usage des moyens vers l’école quitte à trouver des ressources au niveau du lycée » (p. 38), cela revient à dire : supprimer des décharges statutaires aux certifiés et aux agrégés pour financer le premier degré et préfigure sans doute les intentions du ministre en matière de refonte des missions et statuts dans le secondaire.
De fait ces documents reconnaissent que 1,131 milliard d’euros sont consacrés en surcoût à l’éducation prioritaire (1,8% du budget de l’éducation nationale pour 20% des élèves). Si ce montant est jugé insuffisant par la Cour des comptes, la concertation d’aujourd’hui a hélas pour objectif, sous couvert de « diversités des situations académiques et des remontées de terrain », de diminuer les dépenses.
Avant que la discussion n’ait débuté, ses conclusions en sont déjà annoncées. Les voix des personnels devraient se soumettre à la double contrainte de l’austérité budgétaire et de la remise en cause des statuts des personnels"'
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- DinosauraHabitué du forum
Regarde le compte-rendu succinct des assises de l'éducation prioritaire qu'un certain nombre d'entre nous avons vécues dans le fil "octobre 2013 : les assises de l'éducation prioritaire".
On tombe à peu près tous d'accord, au moins sur ce forum...
On tombe à peu près tous d'accord, au moins sur ce forum...
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"Le plus esclave est celui qui ignore ses chaînes."
- LefterisEsprit sacré
Eh oui, il ne faut pas faire preuve de myopie , il faut prendre de la hauteur pour apercevoir le grand puzzle qui se met en place, et pas seulement ce que l'on aperçoit à notre niveau .Dinosaura a écrit:Regarde le compte-rendu succinct des assises de l'éducation prioritaire qu'un certain nombre d'entre nous avons vécues:evil: dans le fil "octobre 2013 : les assises de l'éducation prioritaire".
On tombe à peu près tous d'accord, au moins sur ce forum...
Chaque mesure prise en ce moment , même si elle ne paraît avoir aucun rapport avec les autres, en a un .
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- DinosauraHabitué du forum
Et merci pour le debrief de FO !
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- DinosauraHabitué du forum
J'étais dans le groupe "pilotage et évaluation". Outre le fait que je n'ai jamais réussi à bien comprendre ce que recouvrait cette novlangue managériale (mais je dois être bête), j'ai eu l'immense plaisir de voir que certains "collègues" applaudissaient à l'idée de redéfinir nos missions et de faire évoluer notre statut vers une garderie éducative généralisée et vers plus de "concertation".
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J'spère que tu as bien piloté ta voiture à pédalesDinosaura a écrit:J'étais dans le groupe "pilotage et évaluation". Outre le fait que je n'ai jamais réussi à bien comprendre ce que recouvrait cette novlangue managériale (mais je dois être bête), j'ai eu l'immense plaisir de voir que certains "collègues" applaudissaient à l'idée de redéfinir nos missions et de faire évoluer notre statut vers une garderie éducative généralisée et vers plus de "concertation".
Hormis quelques "ravis" qui s'emparent de la parole, puisqu'on la leur tend comme un piège qu'ils ne voient pas, j'ai surtout vu des gens ennuyés et sceptiques.
La novlangue managériale, je la comprends , c'est la même dans toutes les administrations , et elle même vient de la Sainte-Entreprise. On nous a tout servi , mais alors tout, et j'en passe :
""changer les leviers de pilotage, intégrer la culture des indicateurs, changer ses représentations et modifier ses perceptions, être acteur de la pédagogie de projet collaboratif, qui est une notion de développement durable , faire mettre la main à la pâte, faire du lien avec l'éducatif, être innovant, balayer la norme, faire du local ....etc. etc. "
Ils vont trouver beaucoup moins drôle les projets imposés et menés grâce à l'annualisation du service, qui permettra de réunir tout le mondde en même temps pur travailler sous la férule d'un chef de projet, l'alourdissement du service par des tâches de vie scolaire ("la vie scolaire doit devenir l'affaire de tout le monde...") , et l'augmentation des groupes qui écloront après l'éclatement du "tabou groupe -classe" :diable:
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- DinosauraHabitué du forum
J'ai bien saisi que toute la novlangue managériale nous a été ressortie, mais que signifie concrètement "pilotage" ? Est-ce juste un étendard brandi pour faire moderne et progressiste, ou implique-t-il autre chose de l'ordre de la dénaturation de nos missions ? En clair, s'agit-il de nous faire faire plus de concertation et de brassage de vent, et de détourner pudiquement le regard des vrais problèmes de programmes ?
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- LefterisEsprit sacré
Dinosaura a écrit:J'ai bien saisi que toute la novlangue managériale nous a été ressortie, mais que signifie concrètement "pilotage" ? Est-ce juste un étendard brandi pour faire moderne et progressiste, ou implique-t-il autre chose de l'ordre de la dénaturation de nos missions ? En clair, s'agit-il de nous faire faire plus de concertation et de brassage de vent, et de détourner pudiquement le regard des vrais problèmes de programmes ?
"Pilotage" recouvre l"idée de diriger . Ca fait plus "soft" , plus "société du care", comme disait l'autre cucurbitacée . Et on t'associe ...
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- DinosauraHabitué du forum
D'accord, donc mettre ensemble "pilotage et évaluation" signifie que l'on s'associe, étant associés à cet audit (terme employé à dessein), à la diminution des moyens que l'on veut nous allouer (en plus de ne pas parler des sujets qui fâchent comme les programmes et les méthodes, et les horaires disciplinaires et l'accumulation de matières inutiles dans le primaire), j'ai tout bon ?
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- LefterisEsprit sacré
En gros c'est ça. D'ailleurs, déjà à titre individuel on associe dans certaines boîtes l'évalué a son évaluation ( et ça a failli arriver dans l'EN, avec les idées de la Zézette, toutou du Marchand de Shampoing), pour la lui faire mieux avaler , pour qu'il reparte avec le sourire du "co-producteur d'évaluation" qu'il est, même si ça laisse augurer un poste moins bon, un ralentissement de carrière...Dinosaura a écrit:D'accord, donc mettre ensemble "pilotage et évaluation" signifie que l'on s'associe, étant associés à cet audit (terme employé à dessein), à la diminution des moyens que l'on veut nous allouer (en plus de ne pas parler des sujets qui fâchent comme les programmes et les méthodes, et les horaires disciplinaires et l'accumulation de matières inutiles dans le primaire), j'ai tout bon ?
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- ParatgeNeoprof expérimenté
Et on demande à l'évalué comment il a fait pour ne pas arriver à faire l'infaisable qu'on exigeait de lui.
Histoire de bien lui foutre la pression et de le rabaisser dès fois qu'il aurait des velléités de réfléchir par lui-même.
À coups de "leviers" et de "groupes de pilotage", œuf corse !
Histoire de bien lui foutre la pression et de le rabaisser dès fois qu'il aurait des velléités de réfléchir par lui-même.
À coups de "leviers" et de "groupes de pilotage", œuf corse !
- User5899Demi-dieu
Quand je veux faire un devoir le mercredi, je fais un vote : mercredi ou vendredi ? S'ils votent mercredi, c'est mercredi. S'ils votent vendredi, c'est mercredi aussi. J'ai une chance sur deux de sembler démocrate
- OlympiasProphète
Je garde un souvenir ému des grands débats au moment de la consultation lancée par Meirieu...Beaucoup de temps perdu et tout ça n'a servi à rien !
- ParatgeNeoprof expérimenté
Mais c'est ça l'école démocratique ! Co-construite en plusse !Cripure a écrit:Quand je veux faire un devoir le mercredi, je fais un vote : mercredi ou vendredi ? S'ils votent mercredi, c'est mercredi. S'ils votent vendredi, c'est mercredi aussi. J'ai une chance sur deux de sembler démocrate
- LefterisEsprit sacré
C'est un peu un mélange de la confession , de l'auto-critique stalinienne, et de la soumission dans l'entreprise marchande.Paratge a écrit:Et on demande à l'évalué comment il a fait pour ne pas arriver à faire l'infaisable qu'on exigeait de lui.
Histoire de bien lui foutre la pression et de le rabaisser dès fois qu'il aurait des velléités de réfléchir par lui-même.
Il est piquant de voir naître des méthodes issues de trois totalitarismes qui sur le papier sont censés se haïr et s'exclure mutuellement.
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- ParatgeNeoprof expérimenté
+ 1Lefteris a écrit:C'est un peu un mélange de la confession , de l'auto-critique stalinienne, et de la soumission dans l'entreprise marchande.Paratge a écrit:Et on demande à l'évalué comment il a fait pour ne pas arriver à faire l'infaisable qu'on exigeait de lui.
Histoire de bien lui foutre la pression et de le rabaisser dès fois qu'il aurait des velléités de réfléchir par lui-même.
Il est piquant de voir naître des méthodes issus de trois totalitarismes qui sur le papier sont censés se haïr et s'exclure mutuellement.
Il y a un autre point commun entre dictatures, Éduknat' et "management" et qui ne me paraît pas du tout trivial : c'est l'amour immodéré des acronymes !
C'est un point qui doit faire moderne et technique, enfin moderne années 1930...
- LefterisEsprit sacré
Sujet abordé aujourd'hui en congrès. Je résume les idées maîtresses: l'angle d'attaque pour briser les statuts et régionaliser (acte III de la décentralisation => PET (Projets Educatifs Territoriaux) ) est devenu, entre autres, celui de l'éducation prioritaire.
Il s'agit de faire participer les professeurs à la casse des programmes , en faisant du localisme, en déconstruisant la notion de savoirs disciplinaires, de classe, et donc changer le rôle des enseignants en les rendant "acteurs" de la dénaturation de leur métier.
Plus de programmes, donc plus de notion de "national". Tout est alors prêt pour la régionalisation de l'Education, avec ce que ça implique, notamment sur le statut des enseignants qui est une "paralysie".
C'est encore loin ? Jugeons de l'imminence du danger
Un CDE présent nous disait avoir assisté à des réunions où sont en grand nombre des représentants du majoritaire(SNPDEN) qui pousse à la roue dans ce sens : "on doit pouvoir tout faire faire aux enseignants". Tel est le credo ...
Plusieurs témoignages à la tribune ont fait état de ce genre d'expérimentation en ECLAIR . Le projet est roi face aux matières ( ce sont les fameuses "missions qui dépassent le cadre ordinaire") ;
Les enseignants n'ont plus jamais le temps de souffler, ils n'enseignent qu'accessoirement :
- On se réunit sans cesse , notamment avec le primaire, en vue de la future fusion primaire -collège (le soir, le samedi matin, pour que les horaires soient compatibles)
- les professeurs sont recrutés sur lettres de mission, les "enveloppes" sont distribuées discrétionnairement à hauteur de 3000 roros annuels pour certains, donc les fameux "leviers financiers"
- une hiérarchie interne est créée avec les préfets des études, destinés à supplanter les CPE à terme. Ils supervisent leurs collègues, ont des décharges et des primes d'objectif .
Tout ceci est entièrement discrétionnaire, évidemment, le chef d'établissement est le maître absolu dans le "management" : affectations dans l'établissement, puis fonctions au sein de celui-ci, puis primes.. outre l’impossibilité de reprendre son souffle, l'épuisement, l'ambiance est insupportable, les collègues se jalousent, se défient des "concurrents".
J'ai vu des collègues écrasés, pratiquement détruits...
Il s'agit de faire participer les professeurs à la casse des programmes , en faisant du localisme, en déconstruisant la notion de savoirs disciplinaires, de classe, et donc changer le rôle des enseignants en les rendant "acteurs" de la dénaturation de leur métier.
Plus de programmes, donc plus de notion de "national". Tout est alors prêt pour la régionalisation de l'Education, avec ce que ça implique, notamment sur le statut des enseignants qui est une "paralysie".
C'est encore loin ? Jugeons de l'imminence du danger
Un CDE présent nous disait avoir assisté à des réunions où sont en grand nombre des représentants du majoritaire(SNPDEN) qui pousse à la roue dans ce sens : "on doit pouvoir tout faire faire aux enseignants". Tel est le credo ...
Plusieurs témoignages à la tribune ont fait état de ce genre d'expérimentation en ECLAIR . Le projet est roi face aux matières ( ce sont les fameuses "missions qui dépassent le cadre ordinaire") ;
Les enseignants n'ont plus jamais le temps de souffler, ils n'enseignent qu'accessoirement :
- On se réunit sans cesse , notamment avec le primaire, en vue de la future fusion primaire -collège (le soir, le samedi matin, pour que les horaires soient compatibles)
- les professeurs sont recrutés sur lettres de mission, les "enveloppes" sont distribuées discrétionnairement à hauteur de 3000 roros annuels pour certains, donc les fameux "leviers financiers"
- une hiérarchie interne est créée avec les préfets des études, destinés à supplanter les CPE à terme. Ils supervisent leurs collègues, ont des décharges et des primes d'objectif .
Tout ceci est entièrement discrétionnaire, évidemment, le chef d'établissement est le maître absolu dans le "management" : affectations dans l'établissement, puis fonctions au sein de celui-ci, puis primes.. outre l’impossibilité de reprendre son souffle, l'épuisement, l'ambiance est insupportable, les collègues se jalousent, se défient des "concurrents".
J'ai vu des collègues écrasés, pratiquement détruits...
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- DinosauraHabitué du forum
[quote="Lefteris"]Sujet abordé aujourd'hui en congrès. Je résume les idées maîtresses: l'angle d'attaque pour briser les statuts et régionaliser (acte III de la décentralisation => PET (Projets Educatifs Territoriaux) ) est devenu, entre autres, celui de l'éducation prioritaire.
Il s'agit de faire participer les professeurs à la casse des programmes , en faisant du localisme, en déconstruisant la notion de savoirs disciplinaires, de classe, et donc changer le rôle des enseignants en les rendant "acteurs" de la dénaturation de leur métier.
Merci Lefteris ! C'est tout à fait ce que je me suis intérieurement formulé hier. Mais j'ai l'impression que bien peu le perçoivent dans toute sa gravité malheureusement. Et surtout, surtout, l'association des professeurs à leur propre dénaturation est en marche, ce me semble... (Ou alors, je suis vraiment tombée sur les mauvais numéros hier).
Il s'agit de faire participer les professeurs à la casse des programmes , en faisant du localisme, en déconstruisant la notion de savoirs disciplinaires, de classe, et donc changer le rôle des enseignants en les rendant "acteurs" de la dénaturation de leur métier.
Merci Lefteris ! C'est tout à fait ce que je me suis intérieurement formulé hier. Mais j'ai l'impression que bien peu le perçoivent dans toute sa gravité malheureusement. Et surtout, surtout, l'association des professeurs à leur propre dénaturation est en marche, ce me semble... (Ou alors, je suis vraiment tombée sur les mauvais numéros hier).
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- LefterisEsprit sacré
Disons que les questions sont posées de telle manière, qu'on oblige les gens à dire "oui", comme les démarcheurs-escrocs : "vous voulez-aider la lutte contre le cancer ?" "Vous aimez les seniors ?" "Vous voulez aider les affamés ?" . A partir de la réponse obligatoire à cette question fermée , tout s'enchaîne, il n'existe plus qu'une parole possible. C'est ce à quoi j'ai assisté l'autre jour.Dinosaura a écrit:Lefteris a écrit:Sujet abordé aujourd'hui en congrès. Je résume les idées maîtresses: l'angle d'attaque pour briser les statuts et régionaliser (acte III de la décentralisation => PET (Projets Educatifs Territoriaux) ) est devenu, entre autres, celui de l'éducation prioritaire.
Il s'agit de faire participer les professeurs à la casse des programmes , en faisant du localisme, en déconstruisant la notion de savoirs disciplinaires, de classe, et donc changer le rôle des enseignants en les rendant "acteurs" de la dénaturation de leur métier.
Merci Lefteris ! C'est tout à fait ce que je me suis intérieurement formulé hier. Mais j'ai l'impression que bien peu le perçoivent dans toute sa gravité malheureusement. Et surtout, surtout, l'association des professeurs à leur propre dénaturation est en marche, ce me semble... (Ou alors, je suis vraiment tombée sur les mauvais numéros hier).
Certains sont de vrais collabos, à la recherche d'un intérêt personnel immédiat (un poste, une prime, la reconnaissance du chef... ) , d'autres sont incapables de faire le lien entre les différentes pièces du puzzle. Je le vois avec certains de mes collègues, capables de se mobiliser sur un problème local , mais se sentant peu concernés par un problème national, de bonne foi.
Ils ne voient pas toujours que le fait concret contre lequel ils s'insurgent est le résultat d'une politique globale, en amont. De même que les boutons ne sont que le symptôme d'une allergie. Il vaudrait mieux soigner celle-ci que les éruptions ...
Et ça commence avec le TSCG (passé en force rappelons-le) , qui veut la peau des services publics, et notamment du plus gros et coûteux, l'Education. Puis ces directives se déclinent au niveau national avec leur cortège de mesures destinées à le réduire en le disloquant, en le transférant (régionalisation, externalisation et privatisation de services...)
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Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- DinosauraHabitué du forum
Encore une fois, 100% d'accord, et j'observe la même chose. Mais j'ai toujours l'impression à te lire que tu exprimes parfaitement ce que je pense aussi au quotidien sur le métier (dans toutes ses facettes).Lefteris a écrit:Disons que les questions sont posées de telle manière, qu'on oblige les gens à dire "oui", comme les démarcheurs-escrocs : "vous voulez-aider la lutte contre le cancer ?" "Vous aimez les seniors ?" "Vous voulez aider les affamés ?" . A partir de la réponse obligatoire à cette question fermée , tout s'enchaîne, il n'existe plus qu'une parole possible. C'est ce à quoi j'ai assisté l'autre jour.Dinosaura a écrit:Lefteris a écrit:Sujet abordé aujourd'hui en congrès. Je résume les idées maîtresses: l'angle d'attaque pour briser les statuts et régionaliser (acte III de la décentralisation => PET (Projets Educatifs Territoriaux) ) est devenu, entre autres, celui de l'éducation prioritaire.
Il s'agit de faire participer les professeurs à la casse des programmes , en faisant du localisme, en déconstruisant la notion de savoirs disciplinaires, de classe, et donc changer le rôle des enseignants en les rendant "acteurs" de la dénaturation de leur métier.
Merci Lefteris ! C'est tout à fait ce que je me suis intérieurement formulé hier. Mais j'ai l'impression que bien peu le perçoivent dans toute sa gravité malheureusement. Et surtout, surtout, l'association des professeurs à leur propre dénaturation est en marche, ce me semble... (Ou alors, je suis vraiment tombée sur les mauvais numéros hier).
Certains sont de vrais collabos, à la recherche d'un intérêt personnel immédiat (un poste, une prime, la reconnaissance du chef... ) , d'autres sont incapables de faire le lien entre les différentes pièces du puzzle. Je le vois avec certains de mes collègues, capables de se mobiliser sur un problème local , mais se sentant peu concernés par un problème national, de bonne foi.
Ils ne voient pas toujours que le fait concret contre lequel ils s'insurgent est le résultat d'une politique globale, en amont. De même que les boutons ne sont que le symptôme d'une allergie. Il vaudrait mieux soigner celle-ci que les éruptions ...
Et ça commence avec le TSCG (passé en force rappelons-le) , qui veut la peau des services publics, et notamment du plus gros et coûteux, l'Education. Puis ces directives se déclinent au niveau national avec leur cortège de mesures destinées à le réduire en le disloquant, en le transférant (régionalisation, externalisation et privatisation de services...)
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- Après-midi banalisé pour les Assises de l'éducation prioritaire : suis-je obligée d'y aller alors que je ne travaille pas cet aprem ?
- Education: les décisions prises fin juillet
- Octobre 2013 : Assises de l'éducation prioritaire.
- Nevers - Annulation de décisions prises en conseil de discipline aux lycées Raoul-Follereau et Jules-Renard
- Education prioritaire : au collège République de Bobigny, les réformes ont déjà fait perdre 141 heures de cours depuis 2007
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