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- InvitéMAFidèle du forum
J'édite les messages pour plus de clarté...
Donc, d'abord, le post-structuralisme:
Qu'est-ce qui caractérise le post-structuralisme français? Quelles sont les principales idées; quel est son positionnement par rapport au structuralisme?
Existe-t-il des points de convergence ou de divergence avec le post-modernisme?
Merci d'avance à ceux qui auront l'envie et la patience de répondre!
Donc, d'abord, le post-structuralisme:
Qu'est-ce qui caractérise le post-structuralisme français? Quelles sont les principales idées; quel est son positionnement par rapport au structuralisme?
Existe-t-il des points de convergence ou de divergence avec le post-modernisme?
Merci d'avance à ceux qui auront l'envie et la patience de répondre!
- InvitéMAFidèle du forum
Bonsoir à tous!
J'aurais besoin de vos lumières pour mieux analyser un roman ("Moi" de Hilbig). J'ai déjà quelques éléments de réponse, mais j'aimerais un autre son de cloche, et voir ce qui vous parait essentiel. Pardon si mes questions vous semblent simplistes!
Quelles sont les caractéristiques d'une écriture postmoderne (notamment du roman postmoderne)?
Est-ce que vous trouvez qu'il y a des points de convergence ou de divergence avec le post-structuralisme?
Merci d'avance à ceux qui auront l'envie et la patience de répondre, même de façon partielle!
J'aurais besoin de vos lumières pour mieux analyser un roman ("Moi" de Hilbig). J'ai déjà quelques éléments de réponse, mais j'aimerais un autre son de cloche, et voir ce qui vous parait essentiel. Pardon si mes questions vous semblent simplistes!
Quelles sont les caractéristiques d'une écriture postmoderne (notamment du roman postmoderne)?
Est-ce que vous trouvez qu'il y a des points de convergence ou de divergence avec le post-structuralisme?
Merci d'avance à ceux qui auront l'envie et la patience de répondre, même de façon partielle!
- User5899Demi-dieu
- Spoiler:
- Je vais suivre ce post avec intérêt, vu que je ne comprends même pas la question et que je ne connais pas le bouquin
- InvitéMAFidèle du forum
Ah ben bravo, jme suis dit "chouette, une réponse!" mais quelle réponse!
- SeiGrand Maître
Je n'ai pas lu Moi, et, concernant le postmodernisme, ma réponse sera toute empirique, et donc nécessairement incomplète (mais tu acceptes les "réponses partielles" ). Je serais ravie de lire le constat d'un théoricien du genre.
J'entends régulièrement parler de postmodernisme, et cette notion - souvent liée avec d'autres mouvements tels que le poststructuralisme ou le postdramatique - me semble difficile à cerner.
J'ai la sensation qu'elle repose sur un effacement radical du sujet lyrique, en même temps qu'elle embrasse l'ensemble des formes narratives classiques. Elle laisse une place au hasard, se défait complètement de la notion de linéarité (encore reconnaissable, même malmenée, dans le nouveau roman). Ainsi, le travail sur le fragment (forme à la mode, et pourtant on ne peut plus classique, voir Pascal, Saint-Simon, Baudelaire...) est revisité. Il y a trois ans, Mathieu Bertholet, auteur de théâtre, montait son propre texte, L'avenir seulement, oeuvre composée de fragments autour de la figure de Rosa Luxembourg. Tous les soirs, les fragments joués étaient tirés au sort, tous les soirs était donc joué un spectacle différent. L'ensemble reposerait sur le hasard. Et pourtant, nous le savons, depuis Mallarmé, "un coup de dès jamais n'abolira le hasard". Le sujet "Rosa" se démultiplie, se fragmente, s'évanouit (nombres de fragments ne sont pas joués). Nos habitudes de récepteur sont mises à l'épreuve par une émission du message qui ne cesse de se troubler. Le hasard lui-même échapperait au hasard.
L'auteur post-moderne interroge ainsi l'art de narrer une histoire, en s'inscrivant de manière non équivoque dans le grand palimpseste de la littérature. Projet postmoderne par excellence que celui de Pierre Ménard, l'écrivain de Borgès, qui souhaite réécrire le Don Quichotte... à l'identique. Alors que la littérature classique ou moderne pourrait se définir comme l'art de révéler des petits bouts d'Humanité, la littérature postmoderne se jouerait du sens profond, préférant parodier la quête du sens elle-même. Le cut-up, pratiqué par Burrough par exemple, en est un symptôme. Mais plus troublant est le mimétisme du discours ambiant, qui n'est désormais plus pondéré par l'existence d'un narrateur moderne omniscient, laissant une place démesurée au doute chez le récepteur. Prigent, dans sa préface, qualifie (prudemment cependant) le poète Tarkos de postmoderniste, parce que ce dernier mime certains types de discours (narration biblique, énoncé publicitaire...), annihilant le discours poétique lui-même en ce qu'il a nommé "poésie de merde". Encore une fois, place est laissée au hasard, mais le travail sur les associations d'idées fait de sa poésie une rumination douteuse plus qu'un jeu surréaliste réjouissant.
La littérature postmoderne pourrait donc faire feu de tous bois, réécrivant des chefs-d'oeuvre classiques sans laisser de côté les multiples réceptions qu'ils auront laissé derrière eux, du côté des artistes comme de la culture populaire, et travaillant ouvertement la méta-fiction.
En ce qui concerne le poststructuralisme, je crois qu'il s'agit d'un mouvement plus phénoménologique, théorisant les conséquences du postmodernisme (crise de la représentation, du sujet...).
J'entends régulièrement parler de postmodernisme, et cette notion - souvent liée avec d'autres mouvements tels que le poststructuralisme ou le postdramatique - me semble difficile à cerner.
J'ai la sensation qu'elle repose sur un effacement radical du sujet lyrique, en même temps qu'elle embrasse l'ensemble des formes narratives classiques. Elle laisse une place au hasard, se défait complètement de la notion de linéarité (encore reconnaissable, même malmenée, dans le nouveau roman). Ainsi, le travail sur le fragment (forme à la mode, et pourtant on ne peut plus classique, voir Pascal, Saint-Simon, Baudelaire...) est revisité. Il y a trois ans, Mathieu Bertholet, auteur de théâtre, montait son propre texte, L'avenir seulement, oeuvre composée de fragments autour de la figure de Rosa Luxembourg. Tous les soirs, les fragments joués étaient tirés au sort, tous les soirs était donc joué un spectacle différent. L'ensemble reposerait sur le hasard. Et pourtant, nous le savons, depuis Mallarmé, "un coup de dès jamais n'abolira le hasard". Le sujet "Rosa" se démultiplie, se fragmente, s'évanouit (nombres de fragments ne sont pas joués). Nos habitudes de récepteur sont mises à l'épreuve par une émission du message qui ne cesse de se troubler. Le hasard lui-même échapperait au hasard.
L'auteur post-moderne interroge ainsi l'art de narrer une histoire, en s'inscrivant de manière non équivoque dans le grand palimpseste de la littérature. Projet postmoderne par excellence que celui de Pierre Ménard, l'écrivain de Borgès, qui souhaite réécrire le Don Quichotte... à l'identique. Alors que la littérature classique ou moderne pourrait se définir comme l'art de révéler des petits bouts d'Humanité, la littérature postmoderne se jouerait du sens profond, préférant parodier la quête du sens elle-même. Le cut-up, pratiqué par Burrough par exemple, en est un symptôme. Mais plus troublant est le mimétisme du discours ambiant, qui n'est désormais plus pondéré par l'existence d'un narrateur moderne omniscient, laissant une place démesurée au doute chez le récepteur. Prigent, dans sa préface, qualifie (prudemment cependant) le poète Tarkos de postmoderniste, parce que ce dernier mime certains types de discours (narration biblique, énoncé publicitaire...), annihilant le discours poétique lui-même en ce qu'il a nommé "poésie de merde". Encore une fois, place est laissée au hasard, mais le travail sur les associations d'idées fait de sa poésie une rumination douteuse plus qu'un jeu surréaliste réjouissant.
La littérature postmoderne pourrait donc faire feu de tous bois, réécrivant des chefs-d'oeuvre classiques sans laisser de côté les multiples réceptions qu'ils auront laissé derrière eux, du côté des artistes comme de la culture populaire, et travaillant ouvertement la méta-fiction.
En ce qui concerne le poststructuralisme, je crois qu'il s'agit d'un mouvement plus phénoménologique, théorisant les conséquences du postmodernisme (crise de la représentation, du sujet...).
- User5899Demi-dieu
Hé oui, je savais bien qu'un jour, je serais vieux
- User17706Bon génie
La porosité entre certains termes «philosophiques», ou passant pour tels, et certaines catégories littéraires, est quelque chose qui m'a toujours davantage embrouillé qu'éclairé.
- JohnMédiateur
Je ne pense pas qu'il y ait une définition précise du "post-modernisme".
Déja, pour définir la modernité, bonjour chez vous...
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
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- User5899Demi-dieu
Donc, je ne serais pas le seul à ne rien avoir compris ?
Chez les historiens, la modernité, n'est-ce pas l'invention de l'imprimerie et la découverte de l'Amérique ?
Chez les historiens, la modernité, n'est-ce pas l'invention de l'imprimerie et la découverte de l'Amérique ?
- falblablaNiveau 7
En art on appelle postmoderne un style des années 70 qui serait une sorte de surréalisme futuriste mais ces deux mots définissent déjà deux courants artistiques. Il fallait trouver autre chose. Il se caractérise par une réinterprétation du réel par déformation ou superposition.
- yphrogEsprit éclairé
Cette page wiki (postmodern literature) me donne envie de relire The Third Policeman de Flann O'Brien ainsi que pas mal de livres de Vonnegut (an Indiana boy).
résumé:
je n'en sais rien
résumé:
- narrateur peu fiable, séparation nette entre narrateur et auteur
- sens aigu de l'absurdité (et l'humour) de la position de l'individu pour saisir "the big picture": wikipedia a écrit: Pynchon's The Crying of Lot 49, long-considered a prototype of postmodern literature, presents a situation which may be "coincidence or conspiracy -- or a cruel joke".
- (Je pense en particulier à Mumbo Jumbo d'Ishmael Reed.) ou à un contraste entre Darkness at Noon (Koestler) / Les derniers jours d'un condamné (Hugo) et Invitation to a Beheading (Nabokov) // ou entre Faust et Master & Margarita
- pastiche (réappropriation de mythes / légendes non pas pour faire de l'oeuvre un roman à clé (Cf. Ulysses de JJ), mais pour donner plus de texture à l'ouvrage, ou tout simplement pour faire rire (je pense à Desdemona Stephanopolos: mère ou grand-mère de l'héro(ïne) dans Middlesex, roman qui joue sur l'Odyssé (the wine-dark Buick), comme sur l'histoire de Stephen Dedalus à Dublin (Eugenides fait comme Joyce en Stephen Hero / Portrait of the Artist... mais sans le même gravitas)
- l'Histoire ne semble pas être un seul narratif dans ce genre de roman (il n'y a pas de narrateur comme chez Dickens ou Zola ou Flaubert qui va nous expliquer le rapport des personnages avec le grand narratif de l'histoire))
je n'en sais rien
- InvitéMAFidèle du forum
@tous: merci pour vos contributions
Dans ce roman, il est question d'un écrivain qui vit en RDA à la fin des années 80 et qui est engagé comme espion par la Stasi, il doit notamment espionner les membres de la littérature non-officielle de RDA. Et en gros, le narrateur (et le lecteur...) perd tous ses repères; le "moi" se désagrège à plusieurs niveaux dans ce monde absurde.
Je vais répondre plus en détails aux principales contributions...
@Sei: oui c'est difficile à cerner, car on entend parler de plusieurs notions qui finalement se recoupent plus ou moins...
A part l'histoire du hasard, je retrouve en effet tout ce que tu dis dans le roman en question. Cependant, à bien y réfléchir, le narrateur se distancie de son "récit" en brouillant les cartes ("il y a deux ans (ou peut-être trois)" "Bidule m'a dit ça – ou peut-être que c'était moi"), et ça donne l'impression qu'au fond, le cadre, ce pourrait être ça ou autre chose, on pourrait donner des indications temporelles au hasard, cela ne changerait pas fondamentalement le propos. En tout cas, le cadre narratif classique explose à ce niveau-là (et à d'autres).
-> Penses-tu que l'intertextualité à outrance et donc le quasi collage de références plus ou moins claires soit caractéristique des oeuvres postmodernes?
C'est drôle ce que tu dis sur le cut-up; car le narrateur s'en moque, justement...Il l'évoque comme une technique à la mode pou faire un bon livre, alors que franchement, quand on le lit, on a l'impression que rien n'est dans l'ordre :-)
-> Tu dis que l'écriture postmoderne "embrasse l'ensemble des formes narratives classiques", c'est-à-dire?
-> Je ne comprends pas en quoi le projet de Pierre Ménard est post-moderne: réécrire Don Quichotte à l'identique...Mais quel est son propos en faisant cela?
@Xphrog: je retrouve aussi ce que tu dis, sauf l'humour (on rit très peu, même s'il y a quand même de l'ironie et de la distance, notamment par rapport au statut d'auteur), en revanche pas de séparation nette entre narrateur et auteur: enfin, si, oui d'un côté il y a séparation (narrateur dit "je" puis passe à la 3e personne "il" puis un prénom), l’œuvre est annoncée dès le départ comme éloignée de la réalité (le titre, c'est "moi", avec les guillemets) MAIS beaucoup d’éléments autobiographiques avérés.
@falblabla: j'essaye de faire le pont entre postmodernisme en arts et en littérature, par rapport à ce que tu dis, mais c'est difficile! Aurais-tu un exemple d’œuvre d'art représentative du courant post-moderne?
Question bête: post-modernisme...pourquoi ce terme? La rupture est-elle si nette avec le "modernisme"?
Dans ce roman, il est question d'un écrivain qui vit en RDA à la fin des années 80 et qui est engagé comme espion par la Stasi, il doit notamment espionner les membres de la littérature non-officielle de RDA. Et en gros, le narrateur (et le lecteur...) perd tous ses repères; le "moi" se désagrège à plusieurs niveaux dans ce monde absurde.
Je vais répondre plus en détails aux principales contributions...
@Sei: oui c'est difficile à cerner, car on entend parler de plusieurs notions qui finalement se recoupent plus ou moins...
A part l'histoire du hasard, je retrouve en effet tout ce que tu dis dans le roman en question. Cependant, à bien y réfléchir, le narrateur se distancie de son "récit" en brouillant les cartes ("il y a deux ans (ou peut-être trois)" "Bidule m'a dit ça – ou peut-être que c'était moi"), et ça donne l'impression qu'au fond, le cadre, ce pourrait être ça ou autre chose, on pourrait donner des indications temporelles au hasard, cela ne changerait pas fondamentalement le propos. En tout cas, le cadre narratif classique explose à ce niveau-là (et à d'autres).
-> Penses-tu que l'intertextualité à outrance et donc le quasi collage de références plus ou moins claires soit caractéristique des oeuvres postmodernes?
C'est drôle ce que tu dis sur le cut-up; car le narrateur s'en moque, justement...Il l'évoque comme une technique à la mode pou faire un bon livre, alors que franchement, quand on le lit, on a l'impression que rien n'est dans l'ordre :-)
-> Tu dis que l'écriture postmoderne "embrasse l'ensemble des formes narratives classiques", c'est-à-dire?
-> Je ne comprends pas en quoi le projet de Pierre Ménard est post-moderne: réécrire Don Quichotte à l'identique...Mais quel est son propos en faisant cela?
@Xphrog: je retrouve aussi ce que tu dis, sauf l'humour (on rit très peu, même s'il y a quand même de l'ironie et de la distance, notamment par rapport au statut d'auteur), en revanche pas de séparation nette entre narrateur et auteur: enfin, si, oui d'un côté il y a séparation (narrateur dit "je" puis passe à la 3e personne "il" puis un prénom), l’œuvre est annoncée dès le départ comme éloignée de la réalité (le titre, c'est "moi", avec les guillemets) MAIS beaucoup d’éléments autobiographiques avérés.
@falblabla: j'essaye de faire le pont entre postmodernisme en arts et en littérature, par rapport à ce que tu dis, mais c'est difficile! Aurais-tu un exemple d’œuvre d'art représentative du courant post-moderne?
Question bête: post-modernisme...pourquoi ce terme? La rupture est-elle si nette avec le "modernisme"?
- falblablaNiveau 7
[quote="MarieAnne
@falblabla: j'essaye de faire le pont entre postmodernisme en arts et en littérature, par rapport à ce que tu dis, mais c'est difficile! Aurais-tu un exemple d’œuvre d'art représentative du courant post-moderne?
quote]
Jeff Koons. La polémique créée par son exposition au Château de Versailles est l'exemple type de la démarche postmoderne qui confronte des univers opposés.
Roy Lichtenstein "Two Paintings: Sleeping Muse" 1984 par exemple ou il intègre une interprétation de Mondrian.
En architecture : "Antigone" à Montpellier, de Ricardo Bofill, inspiré de l'antiquité gréco-romaine, du Bernin et d'Haussmann.
@falblabla: j'essaye de faire le pont entre postmodernisme en arts et en littérature, par rapport à ce que tu dis, mais c'est difficile! Aurais-tu un exemple d’œuvre d'art représentative du courant post-moderne?
quote]
Jeff Koons. La polémique créée par son exposition au Château de Versailles est l'exemple type de la démarche postmoderne qui confronte des univers opposés.
Roy Lichtenstein "Two Paintings: Sleeping Muse" 1984 par exemple ou il intègre une interprétation de Mondrian.
En architecture : "Antigone" à Montpellier, de Ricardo Bofill, inspiré de l'antiquité gréco-romaine, du Bernin et d'Haussmann.
- User5899Demi-dieu
Ben déjà, qu'est-ce que le modernisme ?MarieAnne a écrit:Question bête: post-modernisme...pourquoi ce terme? La rupture est-elle si nette avec le "modernisme"?
- IphigénieProphète
un extrait de citation d'un entretien de Tanguy Viel: (pour faire avancer le smilblick )
« Finalement je trouve cette idée de postmodernité de plus en plus juste. Non pas vraiment le recyclage des codes, mais ce sentiment que nous arrivons « après », que toutes les histoires ont été jouées et surtout déjouées, que nous appartenons à un monde de spectres, entièrement reconstitué, parce qu'entièrement détruit avant nous : »
Il continue en avançant l'idée que le XX ème siècle devrait être lu comme « la mise à sac de trente siècles de littérature. Alors depuis quelques années, nous puiserions sur ce champ de ruines, dans lequel nous avons à disposition une sorte de capital global de figures à réassembler. Si la postmodernité peut ressembler à ça, alors oui, nous y sommes. »
« Finalement je trouve cette idée de postmodernité de plus en plus juste. Non pas vraiment le recyclage des codes, mais ce sentiment que nous arrivons « après », que toutes les histoires ont été jouées et surtout déjouées, que nous appartenons à un monde de spectres, entièrement reconstitué, parce qu'entièrement détruit avant nous : »
Il continue en avançant l'idée que le XX ème siècle devrait être lu comme « la mise à sac de trente siècles de littérature. Alors depuis quelques années, nous puiserions sur ce champ de ruines, dans lequel nous avons à disposition une sorte de capital global de figures à réassembler. Si la postmodernité peut ressembler à ça, alors oui, nous y sommes. »
- User5899Demi-dieu
Fille d'Agamemnon, votre clarté vous perdra, semblant aux cuistres pauvretéiphigénie a écrit:un extrait de citation d'un entretien de Tanguy Viel: (pour faire avancer le smilblick )
« Finalement je trouve cette idée de postmodernité de plus en plus juste. Non pas vraiment le recyclage des codes, mais ce sentiment que nous arrivons « après », que toutes les histoires ont été jouées et surtout déjouées, que nous appartenons à un monde de spectres, entièrement reconstitué, parce qu'entièrement détruit avant nous : »
Il continue en avançant l'idée que le XX ème siècle devrait être lu comme « la mise à sac de trente siècles de littérature. Alors depuis quelques années, nous puiserions sur ce champ de ruines, dans lequel nous avons à disposition une sorte de capital global de figures à réassembler. Si la postmodernité peut ressembler à ça, alors oui, nous y sommes. »
- IphigénieProphète
Non, je travaille sur un vieil ordi de mon fils, qui a travaillé sous la direction de Dominique Viart....
ça me permet de me recycler de temps à autre ...
ça me permet de me recycler de temps à autre ...
- falblablaNiveau 7
Pour faire simple, le modernisme rejette les vieux (exemple le pop art) et le post modernisme rejette le modernisme en créant à partir du vieux.Cripure a écrit:Ben déjà, qu'est-ce que le modernisme ?MarieAnne a écrit:Question bête: post-modernisme...pourquoi ce terme? La rupture est-elle si nette avec le "modernisme"?
- User5899Demi-dieu
Qu'il y vienne, le modernisme !falblabla a écrit:Pour faire simple, le modernisme rejette les vieux (exemple le pop art) et le post modernisme rejette le modernisme en créant à partir du vieux.Cripure a écrit:Ben déjà, qu'est-ce que le modernisme ?MarieAnne a écrit:Question bête: post-modernisme...pourquoi ce terme? La rupture est-elle si nette avec le "modernisme"?
- NLM76Grand Maître
J'aime bien ce sujet, finalement.
Modernisme = obscurantisme médiéval, en pire
Post-modernisme = ersatz de Renaissance.
Modernisme = obscurantisme médiéval, en pire
Post-modernisme = ersatz de Renaissance.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- RobinFidèle du forum
J'ai trouvé cette analyse qui me paraît sérieuse :
http://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2007-2-page-17.htm
Le plus amusant, c'est que Foucault que les Américains et les Allemands qualifient de "post-structuraliste" récusait ce terme qu'il disait ne pas comprendre. Il disait qu'il comprendre à peu près le terme "structuralisme" qui recouvre la question de la remise en question du sujet, mais pas le terme "post-structuralisme".
http://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2007-2-page-17.htm
Le plus amusant, c'est que Foucault que les Américains et les Allemands qualifient de "post-structuraliste" récusait ce terme qu'il disait ne pas comprendre. Il disait qu'il comprendre à peu près le terme "structuralisme" qui recouvre la question de la remise en question du sujet, mais pas le terme "post-structuralisme".
- RobinFidèle du forum
OUPS, fausse manœuvre !
- SeiGrand Maître
Vieux, mais moderne, résolument moderne.Cripure a écrit:Hé oui, je savais bien qu'un jour, je serais vieux
Je ne suis pas suffisamment claire.Cripure a écrit:Donc, je ne serais pas le seul à ne rien avoir compris ?
Chez les historiens, la modernité, n'est-ce pas l'invention de l'imprimerie et la découverte de l'Amérique ?
En littérature, on a coutume de situer la modernité au XIXe, non ? Mais quel terme subjectif et empreint de son époque !
C'est tout le projet du poète Francis Ponge (qui est d'ailleurs plus qu'intéressé par la peinture).falblabla a écrit:En art on appelle postmoderne un style des années 70 qui serait une sorte de surréalisme futuriste mais ces deux mots définissent déjà deux courants artistiques. Il fallait trouver autre chose. Il se caractérise par une réinterprétation du réel par déformation ou superposition.
_________________
"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- SeiGrand Maître
L'enjeu du hasard est assurément plus facile à appréhender au théâtre, où l'objet texte est soumis à la représentation. Mais la tentative que tu décris semble en effet s'en rapprocher. Il faut faire exploser le cadre du récit.MarieAnne a écrit:
@Sei: oui c'est difficile à cerner, car on entend parler de plusieurs notions qui finalement se recoupent plus ou moins...
A part l'histoire du hasard, je retrouve en effet tout ce que tu dis dans le roman en question. Cependant, à bien y réfléchir, le narrateur se distancie de son "récit" en brouillant les cartes ("il y a deux ans (ou peut-être trois)" "Bidule m'a dit ça – ou peut-être que c'était moi"), et ça donne l'impression qu'au fond, le cadre, ce pourrait être ça ou autre chose, on pourrait donner des indications temporelles au hasard, cela ne changerait pas fondamentalement le propos. En tout cas, le cadre narratif classique explose à ce niveau-là (et à d'autres).
Je trouve que la narration a déjà singulièrement évolué depuis les années 70, et il me semble que l'on tend de plus en plus vers une intertextualité. C'est quelque chose de cet ordre-là que je voulais dire par l'écriture postmoderne embrasse l'ensemble des formes narratives classiques. Tanguy Viel le dit mille fois mieux :MarieAnne a écrit:@Sei:
-> Penses-tu que l'intertextualité à outrance et donc le quasi collage de références plus ou moins claires soit caractéristique des oeuvres postmodernes?(...)
-> Tu dis que l'écriture postmoderne "embrasse l'ensemble des formes narratives classiques", c'est-à-dire?
Un auteur moderne tel Stendhal s'empare d'un fait divers pour écrire Le Rouge et le Noir. Il réécrit ainsi un fait divers, tout en jouant sur des figures littéraires diverses (le Tartuffe, le chevalier dans les récits d'amour courtois...). Son texte est riche de références, mais le récit est dominé par un narrateur omniscient qui clarifie les avancées de l'action, la psychologie des personnages... Il propose un point de vue, plus ou moins nouveau, sur une histoire.iphigénie a écrit:
« Finalement je trouve cette idée de postmodernité de plus en plus juste. Non pas vraiment le recyclage des codes, mais ce sentiment que nous arrivons « après », que toutes les histoires ont été jouées et surtout déjouées, que nous appartenons à un monde de spectres, entièrement reconstitué, parce qu'entièrement détruit avant nous : »
Il continue en avançant l'idée que le XX ème siècle devrait être lu comme « la mise à sac de trente siècles de littérature. Alors depuis quelques années, nous puiserions sur ce champ de ruines, dans lequel nous avons à disposition une sorte de capital global de figures à réassembler. Si la postmodernité peut ressembler à ça, alors oui, nous y sommes. »
Un auteur postmoderne intéressé par la trame du Rouge... aurait pu travailler en s'emparant tout à la fois du récit médiéval, de la tentative stendhalienne, de la phrase de Sorel "Je suis un Tartuffe", de la réception à travers les siècles du personnage de Tartuffe, du fait divers comme cadre narratif... sans jamais faire de tout ça un essai, bien sûr. Un auteur postmoderne aurait pleinement conscience que toutes ces histoires ont déjà été écrites, et son but serait de bouleverser des cadres établis en parodiant cette quête du sens incessamment poursuivie. Je crois que l'enjeu du postmodernisme, c'est de travailler le palimpseste en profondeur afin de racler toutes les couches, plutôt que de rajouter un parchemin. Quand Tarkos parle de "poésie de merde" ou "poésie faciale", il y a cette idée d'aplat, cette idée de balayer la profondeur inhérente à la littérature, pour aboutir au suc, sans doute bien plus vulgaire. Le cutup (en tant que technique, c'est simplement un symptôme et ce n'est pas constitutif de l'écriture postmoderne) fonctionne également comme un système d'aplat. Je ne serais pas étonnée que l'on puisse analyser ton roman comme une sorte de cutup des événements autobiographiques.
Mais un mouvement n'est pas figé, et il est difficile de ranger les écrivains à un place aussi précise. Je suis persuadée que, d'une certaine manière, La Recherche a préfiguré le postmodernisme, par ce travail autour du parchemin, ce travail de collage (voir les manuscrits de Proust, où chaque page est une banderole, parce qu'au fur et à mesure de l'écriture se surajoutent des éléments). Ponge, lui aussi, me paraît travailler à partir de collage de niveaux de sens, vertigineux pour le lecteur, ne se contentant pas de décrire un objet, mais travaillant à la manière d'un cubiste, révélant tous les aspects d'un objet en même temps qu'il ne cesse de révéler les aspects du langage, ne cessant ainsi de renvoyer la poésie à son aspect "facial", qui nomme le monde, redéfinissant la "profondeur" de JP Richard comme une simple succession de couches.
Mais voilà bien toute la question ! Quel est son propos ? Quel est le propos de la littérature ? A quoi cela sert-il de raconter des histoires, si tout a déjà été raconté ? Ne vaut-il pas mieux réécrire à l'identique ?MarieAnne a écrit:
-> Je ne comprends pas en quoi le projet de Pierre Ménard est post-moderne: réécrire Don Quichotte à l'identique...Mais quel est son propos en faisant cela?
Plus troublant et vertigineux encore que le travail de Borgès que d'écrire une nouvelle sur l'idée d'un tel projet (qui est imaginaire, entendons-nous bien). Où donc se situe la parole de l'écrivain ? Nous quittons alors le projet initial à la Duchamp.
Moi aussi je me pose la question du terme qui embrouille plus qu'autre chose. Je pense qu'il ne faut pas le lier au modernisme (un courant lui aussi difficile à cerner), mais à l'idée de l'après. Cette littérature a conscience d'elle-même de manière quasi-névrotique.MarieAnne a écrit:
Question bête: post-modernisme...pourquoi ce terme? La rupture est-elle si nette avec le "modernisme"?
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