Thonon-Les-Bains : une famille mongole bientôt expulsée.

Chimgee, Batseeri et leurs deux enfants, installés en France depuis 2011, sont aujourd’hui sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Une situation qui révolte leurs soutiens locaux, pour qui la famille est un modèle d’intégration. Il y a deux ans, Chimgee et son époux Batseeri, fuient la Mongolie, où ils tiennent un hôtel dans la capitale. Un établissement à la clientèle essentiellement chinoise. Ce qui leur a valu d’être la cible de groupuscules néo-nazis.[...] En mai 2011, ils débarquent dans le centre d’accueil de demandeurs d’asile de Dole (Jura). Pourquoi la France ? « Un peu par hasard, mais aussi parce que c’est le pays des Droits de l’homme et qu’ils pensaient y être davantage protégés » [...]

Premier rejet. « Le dossier n’était pas très bien ficelé et la Mongolie est considérée comme un pays sûr depuis une dizaine d’années », regrette Serge Veyssière. [...] le 18 septembre dernier, l’administration déboute une nouvelle fois Chimgee de sa demande d’asile, retenant que « la réalité de risques particuliers en cas de retour dans son pays » n’est pas établie. [...]

Batseeri, cuisinier de formation, travaille au sein de l’association Emmaüs. « Parce qu’il a beaucoup reçu depuis qu’il est en France, il veut rendre un peu », traduit son fils, Ganbold. Une promesse d’embauche a été faite par l’association fondée par l’abbé Pierre, sous réserve bien sûr d’une régularisation. « Batseeri est assidu, comprend vite et fait preuve d’initiative », défend le représentant de l’antenne thononaise dans un courrier adressé au service de l’immigration. Depuis le début de l’année, le père de famille prend également des cours de français avec un commissaire de police en retraite.

Ganbold, le fils aîné âgé de 16 ans, suit lui une scolarité exemplaire. « Beaucoup de sérieux », « des efforts prometteurs pour la suite de sa scolarité », une note de 20/20 pour la vie scolaire… Les bulletins sont bons. Très bons même pour un adolescent qui n’est en France que depuis deux ans et qui ne maîtrise pas encore parfaitement la langue. Tenace, Ganbold, qui rêve de devenir médecin, a fait jusqu’à 20 km à vélo chaque jour pour se rendre au collège quand la famille a dû passer trois mois dans un camping de Thonon.

Bref, « c’est un peu l’opposé de la famille de Léonarda. C’est pour ça que le rejet de leur demande d’asile est incompréhensible », dénoncent les soutiens de la famille.