- Docteur OXGrand sage
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Réforme Peillon : la déscolarisation de l’école
Et si on parlait plutôt d’Instruction publique ?
L’école française est déjà bien malade de ses réformes passées, mais de celle-ci, elle ne pourra sans doute pas se remettre.
La réforme dite des rythmes scolaires est rejetée massivement par les parents, les enseignants en poste et les élus locaux, de droite comme de gauche. Avec raison.
La responsabilité individuelle du ministre est mise en avant, son passage en force, la forme brutale et improvisée, trop rapide, le manque de financement… On lui demande de lever le pied, de donner des délais, de mieux financer. Mais personne, ni les syndicats qui en sont les inspirateurs, ni les politiques qui soutiennent ce ministre-ci ou bien son prédécesseur qui préparait la même réforme, n’en tire la conclusion qui s’impose : le retrait de ce texte calamiteux.
Au-delà de la forme, bâclée et brouillonne, c’est le fond de cette réforme qui la rend impossible : cette réforme scolaire lutte contre l’école elle-même.
En effet, et je ne sais pas si le ministre en a même conscience, cette réforme s’attaque de front à l’Instruction. Elle prétend remplacer les sages et patientes heures de lecture et de calcul par des « ateliers » d’activités de colonies de vacances, ou bien de didactique municipale sur le tri des déchets. Tous les décideurs ont semblé penser, une fois de plus, que n’importe quelle activité ludique, n’importe quel parc de loisirs, apporterait plus de bonheur, et donc plus de progrès intellectuel et moral à l’ « Enfant ». L’école scolaire, le temps exigeant qu’on y passe, et leur cortège de lectures, de dictées, de tables de multiplication, et même de notes quelquefois sévères, seraient directement la cause de l’ « Échec Scolaire ». Un peu comme si le dentiste était la cause des caries. Alors, depuis quarante ans maintenant, tout le personnel non enseignant du ministère et de ses syndicats, tous les idéologues de l’éducation, les pédagogues et les sociologues, et finalement les enseignants en poste plus ou moins persuadés par leur propagande, tout le monde essaie, sans en avoir vraiment conscience, de supprimer l’école dans l’école. C’est la quadrature du cercle. Imaginez un terrain de foot où personne n’a plus vraiment le droit de marquer des buts … Eh, bien c’est l’école d’aujourd’hui, prônée sans dictées, sans lecture alphabétique, sans écriture des lettres en maternelle, sans notes, sans calcul mental … Toutes activités scolaires que beaucoup d’enseignants ont pratiqué malgré tout, parce que c’est tout simplement le plus nécessaire et le plus simple …
Et voici que tout à coup, parce que les enseignants n’étaient pas encore assez ludiques, on charge des animateurs plus ou moins dévoués, de pratiquer à leur place, aux heures scolaires de l’an dernier, dans les classes, en en chassant le maître qui y restait pour préparer l’école du lendemain, des « ateliers » d’art de rue ou d’autres activités hurlantes et débridées, aux dépens des bibliothèques, affichages, coins-sciences et autres coins-lecture si soigneusement fabriqués par les instituteurs. C’est une sorte de Disneyland pauvrement improvisé qui entendrait dépasser Marcel Camus.
Les animateurs sont débordés, les enfants sont exténués de bruit et d’excitation stérile, les enseignants se sentent « virés » de leur classe et de leur légitimité, leurs élèves sont devenus encore plus incontrôlables et les petits de maternelle souffrent très évidemment. Les directeurs d’école passent des heures à l’organisation de listes et d’appels tellement infinis qu’il n’est pas rare qu’une petite fille ou deux soient relâchées à la rue par accident ; quand cette remise à la rue n’est pas directement imposée aux parents même pas rentrés du travail … Les parents affolés courent de-ci, de-là, après des enfants aux horaires scolaires variables ; ils essaient de trouver des arrangements impossibles avec leurs employeurs … Certains -en particulier des enseignants-parents-, cherchent déjà une école privée qui pourrait échapper à ces rythmes infernaux. Et tout ceci pour un coût supplémentaire très lourd, qui sera à terme entièrement à la charge des communes ?
C’est une gabegie, un cirque dangereux et insensé, organisé par idéologie, seulement pour soutenir un ministre qui n’a absolument aucune idée des besoins réels des écoles, qui n’a aucune analyse de ce qui s’y passe, qui a même baptisé « refondation » sa médiocre loi de continuation de ce que l’Éducation Nationale subit de pire depuis quarante ans : la dé-scolarisation de l’école.
Il ne suffit pas d’être socialiste pour réussir à faire tourner cette maison du diable qu’est devenue l’Education Nationale. Il y faut une analyse réaliste et un projet de remise au travail efficace, qui de toute évidence manquent à ce ministre-ci comme elles manquaient à son prédécesseur.
L’Ecole Française n’a pas besoin de réformes sans buts, elle a besoin, grand besoin, urgent besoin, de méthodes de lecture alphabétiques, de calcul mental et de dictées, d’écriture des lettres une à une en maternelle … et d’une méthode générale de recherche d’efficacité qui ne peut passer que par la responsabilisation individuelle -et la liberté pédagogique qui va avec- de chaque enseignant, et plus encore de chaque directeur d’école. Il faut réhabiliter l’Instruction Publique, avant que l’Éducation Nationale ne la vide de son sang. Il faut retirer ce texte. Les considérations politiciennes, les carrières politiques, ou les blessures d’amour-propre ministériel ne pèsent rien devant l’intérêt de nos enfants. Abroger, retirer, annuler, sortir de ce bourbier … Voilà ce qu’il faut faire maintenant, le plus proprement possible.
- trompettemarineMonarque
Je ne pense pas qu'il y ait une quelconque idéologie dans la réforme, et je ne vois pas non plus d'un bon oeil ces discours qui veulent que l'on revienne... au temps soi-disant béni de l'instruction publique... (je n'étais pas né, comme une bonne partie des profs d'aujourd'hui!)
Les professeurs réfléchissent sans cesse sur leur pédagogie et font tout pour la mettre au mieux en pratique dans les conditions qu'ils peuvent, elle peut être différente selon les uns ou les autres, varier selon les époques... mais si les professeurs n'avaient qu'à réfléchir sur leur pédagogie, ce serait le paradis.
Selon moi, le nerf de la guerre, c'est toujours l'argent.
Si on avait remis le mercredi et laissé "les activités" aux professeurs ou fait en sorte que ceux-ci travaillent avec des professionnels (musique sport)... cela se serait peut-être mieux passé.
Mais il aurait fallu payer davantage les profs... et ça, cela semble insurmontable à quel que gouvernement que ce soit... même de gauche.
La prochaine réforme des rythmes qui nous tombera dessus ne visera qu'à réduire les coûts (horaires plafond etc.), pas à penser aux élèves : malgré toute la bonne volonté du ministre, c'est à cela que pensera d'abord un enseignant.
Depuis Allègre, un bon prof est un prof qui ne coûte pas (déjà qu'il est toujours absent, fainéant et en vacances) : la blessure de cette époque saigne encore. Il fallait dégraisser le mammouth, Allègre l'a dit, Fillon l'a fait et les autres continuent... Comment, surtout en ces temps de crise, renverser la vapeur...
Tant qu'on ne sortira pas de cet engrenage, rien ne changera.
Les discours sur l'instruction, le pédagogisme etc. : fumées !
Les professeurs réfléchissent sans cesse sur leur pédagogie et font tout pour la mettre au mieux en pratique dans les conditions qu'ils peuvent, elle peut être différente selon les uns ou les autres, varier selon les époques... mais si les professeurs n'avaient qu'à réfléchir sur leur pédagogie, ce serait le paradis.
Selon moi, le nerf de la guerre, c'est toujours l'argent.
Si on avait remis le mercredi et laissé "les activités" aux professeurs ou fait en sorte que ceux-ci travaillent avec des professionnels (musique sport)... cela se serait peut-être mieux passé.
Mais il aurait fallu payer davantage les profs... et ça, cela semble insurmontable à quel que gouvernement que ce soit... même de gauche.
La prochaine réforme des rythmes qui nous tombera dessus ne visera qu'à réduire les coûts (horaires plafond etc.), pas à penser aux élèves : malgré toute la bonne volonté du ministre, c'est à cela que pensera d'abord un enseignant.
Depuis Allègre, un bon prof est un prof qui ne coûte pas (déjà qu'il est toujours absent, fainéant et en vacances) : la blessure de cette époque saigne encore. Il fallait dégraisser le mammouth, Allègre l'a dit, Fillon l'a fait et les autres continuent... Comment, surtout en ces temps de crise, renverser la vapeur...
Tant qu'on ne sortira pas de cet engrenage, rien ne changera.
Les discours sur l'instruction, le pédagogisme etc. : fumées !
- arcencielGrand Maître
Je ne comprends pas ce que tu veux diretrompettemarine a écrit:Si on avait remis le mercredi et laissé "les activités" aux professeurs... cela se serait peut-être mieux passé
Mais il aurait fallu payer davantage les profs... et ça, cela semble insurmontable à quel que gouvernement que ce soit... même de gauche
- philannDoyen
C'est O combien vrai !!
Malheureusement, on connaît la suite!!
Ils ne retireront rien! Les gosses en crèveront scolairement, de fatigue aussi!
Mais peu importe d'aucuns pédagogues ou ministres auront une belle rente! À vie !!
Malheureusement, on connaît la suite!!
Ils ne retireront rien! Les gosses en crèveront scolairement, de fatigue aussi!
Mais peu importe d'aucuns pédagogues ou ministres auront une belle rente! À vie !!
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2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- Hoa MaiNiveau 8
C'est pour le moment le meilleur texte que j'aie lu contre la réforme Peillon.
- InstructeurpublicFidèle du forum
Je trouve ce texte particulièrement réussi. On y apprend rien mais ces quelques mots posé sur les rythmes percutent et, je l'espère, feront "percuter".
- Luigi_BGrand Maître
Cette tribune me fait penser qu'il manque un chapitre à Festivus festivus qui serait consacré à l'école.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- egometDoyen
Il y a beaucoup d'idéologie dans la démarche de Peillon. Il cherche explicitement à utiliser l'école comme instrument d'un grand changement des mentalités. Ses buts sont avant tout politiques.trompettemarine a écrit:Je ne pense pas qu'il y ait une quelconque idéologie dans la réforme, et je ne vois pas non plus d'un bon oeil ces discours qui veulent que l'on revienne... au temps soi-disant béni de l'instruction publique... (je n'étais pas né, comme une bonne partie des profs d'aujourd'hui!)
Ces "activités", en plus d'être souvent mal ficelées et souvent inutiles, transforment dangereusement les missions de l'école. Qu'elles soient mises en œuvre par les professeurs ou par des professionnels extérieurs ne change rien au problème. Au passage, si le professeur connaît mieux les élèves, c'est l'intervenant qui devrait normalement connaître le mieux "l'activité" proposée.trompettemarine a écrit: Les professeurs réfléchissent sans cesse sur leur pédagogie et font tout pour la mettre au mieux en pratique dans les conditions qu'ils peuvent, elle peut être différente selon les uns ou les autres, varier selon les époques... mais si les professeurs n'avaient qu'à réfléchir sur leur pédagogie, ce serait le paradis.
Selon moi, le nerf de la guerre, c'est toujours l'argent.
Si on avait remis le mercredi et laissé "les activités" aux professeurs ou fait en sorte que ceux-ci travaillent avec des professionnels (musique sport)... cela se serait peut-être mieux passé.
Mais il aurait fallu payer davantage les profs... et ça, cela semble insurmontable à quel que gouvernement que ce soit... même de gauche.
Les réformes coûtent généralement très cher et celle-ci bat des records. Il ne serait pas illégitime de vouloir la supprimer au vu de son rapport coût-bénéfice. Il y a bien mieux à faire avec cet argent. On peut même, pourquoi pas, se contenter de garder des impôts locaux raisonnables. N'oublions pas que tous les avantages qu'on demande aux pouvoirs publics, c'est au final nous-mêmes qui les payons, en tant que contribuables.trompettemarine a écrit: La prochaine réforme des rythmes qui nous tombera dessus ne visera qu'à réduire les coûts (horaires plafond etc.), pas à penser aux élèves : malgré toute la bonne volonté du ministre, c'est à cela que pensera d'abord un enseignant.
Depuis Allègre, un bon prof est un prof qui ne coûte pas (déjà qu'il est toujours absent, fainéant et en vacances) : la blessure de cette époque saigne encore. Il fallait dégraisser le mammouth, Allègre l'a dit, Fillon l'a fait et les autres continuent... Comment, surtout en ces temps de crise, renverser la vapeur...
Tant qu'on ne sortira pas de cet engrenage, rien ne changera.
Les discours sur l'instruction, le pédagogisme etc. : fumées !
J'ajouterai, et sans nier la baisse du pouvoir d'achat pour les professeurs, que nos gouvernements n'ont jamais réussi à faire de réelles économies. Car à chaque fois qu'ils gelaient le point d'indice, ou tiraient sur les conditions de travail, ils en profitaient pour gaspiller ailleurs, dans les gadgets numériques, dans les LPC, dans du périscolaire, dans une administration toujours plus tatillonne, dans les dispositifs censés réguler tout le bazar. Ils n'ont pas dégraissé le mammouth, ils n'ont fait que des transferts.
- trompettemarineMonarque
Tes arguments et notamment celui sur le coût des réformes font mouche.
- yogiSage
Je me reconnais dans ce discours,surtout dans le fait qu'on est tous acteurs de notre propre destruction.
"L'école tue l'école":je ressens au profond de moi cette idée.
"L'école tue l'école":je ressens au profond de moi cette idée.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- Reine MargotDemi-dieu
très bon texte.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- doctor whoDoyen
- SapotilleEmpereur
Mareuil, sors de ce corps !doctor who a écrit:C'est réac. Du vrai avec du faux. Inutilisable.
- RoninMonarque
En quoi est-ce réac ?doctor who a écrit:C'est réac. Du vrai avec du faux. Inutilisable.
- DinosauraHabitué du forum
Effectivement, ce texte dit tout. Il faudrait le diffuser à tous les profs encore naïfs (et il y en a !!!) et ignorants des enjeux réels de la réforme. Tous ceux qui s'évertuent à prôner l'égalité républicaine par le démantèlement de l'école, ou comment transformer l'école qui instruit en école qui occupe et forme des gentils-citoyens-trieurs de déchets-futurs employés corvéables à merci...
Quant à la question du manque de moyens, elle est réelle, mais n'est finalement intervenue que dans un second temps. Toutes ces réformes sont d'abord idéologiques (penser à la devise orwellienne - totalitaire - du CRAP : "changer l'école pour changer la société"... à quoi s'ajoute la visée d'une droite et d'une gauche libérales de la privatisation future de l'éducation ou plutôt de la mise en œuvre assumée d'une école à deux vitesses...)
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"Le plus esclave est celui qui ignore ses chaînes."
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