- oli54Niveau 5
Risques de cette réforme
Deux types de risques :
risques externes à la réforme : comme toute réforme il peut y avoir des difficultés de mise en place... en travaillant ces points faibles, on peut améliorer les problèmes
risques internes à la réforme, intrinsèques: la réforme en elle même conduit nécessairement à des difficultés. Ces difficultés seront durables, on pourra tenter de modifier des aspects de la réforme, mais les risques seront toujours présents, les difficultés seront amoindries peut-être, mais le problème sera récurrent ? Pour certains risques, on ne pourra pas diminuer les effets de la réforme : toute modification d'un système entraîne des avantages et des inconvénients. Ici, un avantage de la réforme entraîné un inconvénient. Parfois la réforme proposera de jouer sur un curseur et ce curseur aura des effets positifs ici et négatifs là (d'où risque).
Quelle attitude face aux risques ?
Il faut faire comme les assurances font : il faut estimer le risque. Si on voit que les risques sont faibles et que les avantages sont grands alors on peut mener cette conduite. Si les risques sont importants, les avantages faibles et les inconvénients importants, alors il vaut mieux éviter cette pratique.
Le risque c'est ce qu'on peut estimer et l'inconvénient c'est ce qu'on peut observer. Le risque, c'est la possibilité d'un inconvénient.
Comment mesurer les risques ou les inconvénients ?
Difficiles à mesurer dans le cas de cette réforme, car il y a beaucoup d'aspects qualitatifs dans l'éducation. Mais il faudra surveiller l'évolution : du taux d'absentéisme des élèves et personnel, les résultats des élèves. D'autre part, procéder à des enquêtes d'opinion, pour apprécier le sentiment des différents acteurs (adultes et élèves).
Ce qui est dommage, c'est d'avoir lancé une expérimentation à l'échelle nationale. Il aurait été préférable d'avoir d'abord testé la réforme (par exemple sur un département), en prenant soin auparavant de faire tous les relevés pour pouvoir comparer ensuite avec les statistiques postérieures à la réforme.
Il y a 2 objectifs annoncés dans cette réforme :
- il faut répartir différemment les temps d'apprentissages scolaires. (premier objectif)
- la mairie doit proposer des activités à tous les enfants (2ème objectif)
Quels sont les risques de cette réforme ?
1) Lier ce dossier à un autre dossier complexifie encore plus les choses et comporte des risques d'échecs supplémentaires
Est-ce une bonne idée de vouloir résoudre 2 problèmes à la fois ?
La réforme des rythmes est un dossier complexe. Pourquoi lier les changements de rythmes scolaires et le problème des activités proposées par la mairie ? En voulant faire d'une pierre 2 coups, il y a un risque d'échec. Si c'est un problème que la mairie ne propose pas aux enfants d'activités, pourquoi obliger les mairies à résoudre ce problème en utilisant les temps de l'école comme moyen de pression ? Il faut résoudre un problème à la fois.
2) L'absence de débat démocratique par rapport aux conséquences de cette réforme risque de nuire à l'adhésion de tous à cette réforme
Le mercredi était libre, il ne l'est plus. C'est un changement majeur de société. Cette pause existe en France depuis des siècles. Elle permettait aux enfants de connaître autre chose que l'école. Le meilleur comme le pire.
Le meilleur : allons y pour les images d'Epinal : la guerre des boutons, les photos de Doisneau, les séries tv, se lever tard, se la couler douce, la bibliothèque avec l'emprunt d'une dizaine de BD qu'on lit en mangeant des tartines, le ciné, jouer chez un copain... Que faisiez vous de sympa les mercredis quand vous étiez enfants ? Visiblement Peillon devait s'ennuyer... l'école lui manquait... il se disait « quand je serai grand, je supprimerai le mercredi matin (le jeudi à l'époque) pour aller à l'école »
Le pire : idem : s'ennuyer, regarder des inepties à la télé, grossir en mangeant tout le nutella, devenir un excité sur des jeux vidéos, battre le pavé, zoner, repérer pour les dealers, faire une tournante...
L'école ne peut pas non plus résoudre tous les problèmes : Peillon regrette que rien n'est fait pour ces enfants qui regardent la télévision les mercredis matins. Mais, si c'est un problème que les enfants regardent une télévision de mauvaise qualité, pourquoi les obliger à venir à l'école le mercredi matin ? Pourquoi ne pas résoudre le problème de la télévision en changeant la télévision ? D'autre part, ne peut-on rien proposer pour les enfants en dehors de l'école ? Est-ce la mort de l'école buissonnière ? Autrement dit, la volonté d'enfermement ou d'encadrement des enfants est-elle plus grande ? Aurait-on peur de la jeunesse en dehors de l'école ?
3) Le remède n'est pas adapté à la maladie.
Je crois que les problèmes n'ont pas bien été identifiés. La réforme tente de résoudre plusieurs problèmes à la fois sans bien préciser ce qu'elle cherche à faire. Passer peu de jours à l'école n'est pas un problème si les élèves réussissent et si ils y sont heureux. Et s'ils ont des difficultés, en quoi précisément ont-ils des difficultés ? en lecture, écriture, math ou confiance en soi ? Ce n'est pas du tout les mêmes remèdes qu'il faudra alors apporter.
A : Faut-il passer plus de temps à l'école ? (la fréquence, le nombre de jours)
A' : Faut-il passer moins de temps avec son professeur ? (la durée d'une journée)
B : Faut-il passer du bon temps en classe ? (le bien être, les conditions d'accueil, la pédagogie)
C : Faut-il avoir le temps en classe ? (la qualité du travail, les conditions d'accueil, la pédagogie)
La réforme répond A et A' : il faut passer plus de temps à l'école (c'est ce qu'on observe pour la plupart des enfants) et moins de temps avec son professeur par jour (mais si peu ! qu'est-ce que 45 minutes?). Notons au passage que ce n'est pas grand chose comme changement 45 minutes en moins par jour (le temps d'une récré et d'un petit regroupement : ce n'est pas ça qui va exténuer un élève)... mais une matinée en plus, un temps de respiration en moins, ça c'est du changement...
Pour une éducation de qualité, il est nécessaire (mais pas suffisant) d'avoir des conditions de travail de qualité : la première des conditions n'est pas d'avoir plus de temps passé tous ensemble, mais d'avoir le temps de s'occuper des enfants. Pour cela, il faut qu'il n'y ait pas trop d'enfant.
Je préconiserai donc de répondre d'abord à B et C, en évitant plus de 25 élèves par classe et en diminuant la moyenne des effectifs (ceci nécessite une réforme en soi).
Si le problème des élèves, c'est le bien être à l'école, alors améliorons les conditions d'accueil et la pédagogie en fonction de cela.
Si le problème c'est le niveau des élèves, alors améliorons les conditions d'accueil et la pédagogie en fonction de cela.
Si le problème c'est que les enfants ne passent pas assez de temps à l'école, alors réduisons les vacances ou rajoutons un matin (après avoir demandé leur avis aux français).
Si le problème c'est que rien n'est fait le mercredi pour les enfants alors créons des centres dans toutes les communes.
4) Il y a risque de perte de repères plus importante (déstabilisant, déboussolé, confusion, angoisse, stress) chez les enfants. Le remède peut faire empirer la maladie.
Certains enfants sont plus désorientés qu'avant (nombreuses ruptures) : cette réforme est inadaptée surtout pour les maternelles.
difficulté pour se repérer avec les adultes : perte d'un seul adulte référent
En maternelle, c'est l'enseignant qui endort et parfois l'animateur réveille. "j’ai deux maîtresses", certains enfants peuvent confondre l'animatrice et l'enseignant.
La multiplicité des adultes présents déroute : cela changeait déjà le midi, maintenant cela change en plus parfois après le temps scolaire, l'adulte peut aussi changer en fonction des jours, il change aussi si l'enfant va au centre de loisirs. Il y a aussi un risque de changement des animateurs en cours d'année. L'autorité n'est pas la même. Le prof peut parfois sentir un changement dans les relations élève-adulte.
difficulté pour se repérer avec les règles de vie
Le temps scolaire et le temps périscolaire peuvent avoir lieu dans la même salle, mais l'organisation, le fonctionnement les règles de vie peuvent être différentes.
difficulté pour se repérer avec les horaires
Parfois chaque jour l'enfant termine l'école à une heure différente (le lundi à 15h30, le mardi à 16h30, le mercredi à 11h30, le jeudi à 15h30 et le vendredi à 16h30). Difficile surtout pour les maternelles.
L'urgence pour les enfants, ce n'est pas de changer les rythmes. Le plus urgent c'est d'éviter d'avoir des classes supérieures à 25 élèves. Or statistiquement, une classe sur 2 en maternelle est au delà des 25 élèves. Près de 1,3 millions d'enfants sont dans de très mauvaises conditions d'accueil. On pourrait dire qu'il y a une maltraitance institutionnalisée pour ces enfants. Pour améliorer les compétences et le bien être des élèves, il faut diminuer le nombre d'élèves par classe.
5) Risque d'aggraver le malaise enseignant
Croyez vous que cette réforme imposée va améliorer ou faire empirer cette crise ? Il me semble que le malaise des enseignants est plus grand encore...
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6) Risque de transformer l'école en centre aéré
Il est important que les enfants deviennent des élèves, apprennent le "métier" d'élève (certains feront ce "métier" pendant plus de 20 ans) : on ne se comporte pas en tant qu'élève comme dans un centre aéré. Un animateur n'est pas un prof et un prof n'est pas un animateur. Le mélange des genres dans un même lieu (la classe), dans un même temps (il faut du temps pour mettre son costume d'élève et le retirer) conduira les jeunes enfants à une confusion.
Le fonctionnement des activités risque de ne pas être le même que le fonctionnement en classe, l'autorité d'un animateur risque de ne pas être la même que celle d'un prof... cela risque donc d'induire des changements de comportement de l'élève qui parfois fera la confusion entre l'école et le centre aéré.
7) Si on lie le périscolaire au scolaire, les fluctuations du périscolaire risque de perturber l'école. Ainsi il y a un risque d'influence plus grande des changements de majorité municipale sur l'école.
Cette réforme risque d'être utilisée par les politiques : le budget consacré au périscolaire risque d'être un enjeu électoral municipal beaucoup plus grand. Au gré des élections, ce budget pourrait donc être augmenté ou diminué, impliquant une fluctuation là où il n'y en avait pas avant.
Le périscolaire risque donc d'influer sur le temps de l'école de manière pérenne, car un changement de majorité à la mairie pourrait entrainer une organisation différente du temps périscolaire et par là même influer sur le temps de l'école. Là où il pouvait y avoir une certaine stabilité, n'y a-t-il pas plus de risque de changement ?
Imagine-t-on que les mairies PS, UMP, FN, « communistes », ... ont les mêmes priorités pour cette question ? De plus, imagine-t-on que les budgets vont rester les mêmes dans le temps quel que soit le bord politique ?
8) La réforme demande pour être réussie beaucoup à l'humain. Le facteur humain va-t-il être acquis à cette réforme ?
La réforme prend comme acquis que tout le monde va être de bonne volonté pour améliorer les choses, se donner du mal, donner de son temps, et ce, en faisant passer avant tout, l'intérêt de l'enfant.
Cette réforme a de bonnes intentions : on s'est rendu compte que l'absence de continuité des temps éducatifs (scolaires, périscolaires et extrascolaires) entrainait des problèmes (lesquels, je ne sais pas ?). Il est souhaité que les temps de la mairie et ceux de l'Education nationale soient perméables. La participation des enseignants semble profitable pour aider à la conception des activités (pertinence, niveau de langage, partage des règles de vie dans la classe...).
Est-ce que tous les profs ont envie de venir travailler une matinée de plus sans compensation financière ? Sont-ils tous prêts à donner de leur temps pour des réunions avec les animateurs ? Sont-ils tous prêts à confier leur classe à d'autres personnes ? Mettez vous à leur place : seriez vous prêts à revenir avec plaisir aux 39 heures ? Confieriez vous votre bureau et votre ordinateur à un nouveau venu dans votre entreprise ? etc...
Est-ce que toutes les mairies ont la capacité du discours démocratique ? Sont-elles prêtes à écouter la parole des profs ? Est-ce qu'elles ont toutes l'intention de dépenser suffisamment pour leur enfant ?
Est-ce que tous les parents sont prêts à écouter la parole des profs, des animateurs, des mairies ?
Est-ce qu'on est prêt à entendre la parole de l'autre sans l'accuser de conservatisme, d'égoïsme, de radinerie ou d'incompétence ?
Malheureusement l'être humain reste imparfait : méfiance, égoïsme, doute, difficulté de communication restent donc un obstacle...
Une réforme qui prend pour principe que tout va se passer dans le meilleur des mondes conduit parfois à l'échec (ex : le communisme en Russie ?). Il faut du pragmatisme. Il faut envisager les choses concrètes sur le terrain, voire tester avant. Il faut aussi envisager le pire pour le prévenir.
Avant l'été, une partie des profs étaient contre, avec des inquiétudes dans les mairies. On voit maintenant qu'ils ont été rejoints par une partie des syndicats d'enseignants, des parents, des politiques et du personnel municipal.
9) Le coût de la réforme
Combien coûte aux communes les activités périscolaires (coût par enfant) ?
Ca coûte ce qu'on dépense ! aurait dit La Palisse...
150 euros ? 200 ? Copé dit 300 ! Certains annoncent jusqu'à 500 euros en zone rurale sans aménagement... c'est à qui mieux mieux... Il semblerait qu'à Paris les dépenses prévues aient doublé... certains prédisent qu'elles vont en fait tripler...
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10) Risque de voir se creuser un peu plus les inégalités
- entre les villes et les campagnes
- entre les communes riches et les communes pauvres
- entre les écoles où ça marche et celles où ça ne marche pas
11) Risque matériel, non humain
On pourrait parler ici des manques de locaux, de matériel. Mais aussi des cartables à trimbaler...
"Personne n’y avait pensé avant, mais avec cette réforme, les enfants sont obligés de se balader avec leur cartable. Ça les fatigue beaucoup"
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Sources
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Deux types de risques :
risques externes à la réforme : comme toute réforme il peut y avoir des difficultés de mise en place... en travaillant ces points faibles, on peut améliorer les problèmes
risques internes à la réforme, intrinsèques: la réforme en elle même conduit nécessairement à des difficultés. Ces difficultés seront durables, on pourra tenter de modifier des aspects de la réforme, mais les risques seront toujours présents, les difficultés seront amoindries peut-être, mais le problème sera récurrent ? Pour certains risques, on ne pourra pas diminuer les effets de la réforme : toute modification d'un système entraîne des avantages et des inconvénients. Ici, un avantage de la réforme entraîné un inconvénient. Parfois la réforme proposera de jouer sur un curseur et ce curseur aura des effets positifs ici et négatifs là (d'où risque).
Quelle attitude face aux risques ?
Il faut faire comme les assurances font : il faut estimer le risque. Si on voit que les risques sont faibles et que les avantages sont grands alors on peut mener cette conduite. Si les risques sont importants, les avantages faibles et les inconvénients importants, alors il vaut mieux éviter cette pratique.
Le risque c'est ce qu'on peut estimer et l'inconvénient c'est ce qu'on peut observer. Le risque, c'est la possibilité d'un inconvénient.
Comment mesurer les risques ou les inconvénients ?
Difficiles à mesurer dans le cas de cette réforme, car il y a beaucoup d'aspects qualitatifs dans l'éducation. Mais il faudra surveiller l'évolution : du taux d'absentéisme des élèves et personnel, les résultats des élèves. D'autre part, procéder à des enquêtes d'opinion, pour apprécier le sentiment des différents acteurs (adultes et élèves).
Ce qui est dommage, c'est d'avoir lancé une expérimentation à l'échelle nationale. Il aurait été préférable d'avoir d'abord testé la réforme (par exemple sur un département), en prenant soin auparavant de faire tous les relevés pour pouvoir comparer ensuite avec les statistiques postérieures à la réforme.
Il y a 2 objectifs annoncés dans cette réforme :
- il faut répartir différemment les temps d'apprentissages scolaires. (premier objectif)
- la mairie doit proposer des activités à tous les enfants (2ème objectif)
Quels sont les risques de cette réforme ?
1) Lier ce dossier à un autre dossier complexifie encore plus les choses et comporte des risques d'échecs supplémentaires
Est-ce une bonne idée de vouloir résoudre 2 problèmes à la fois ?
La réforme des rythmes est un dossier complexe. Pourquoi lier les changements de rythmes scolaires et le problème des activités proposées par la mairie ? En voulant faire d'une pierre 2 coups, il y a un risque d'échec. Si c'est un problème que la mairie ne propose pas aux enfants d'activités, pourquoi obliger les mairies à résoudre ce problème en utilisant les temps de l'école comme moyen de pression ? Il faut résoudre un problème à la fois.
2) L'absence de débat démocratique par rapport aux conséquences de cette réforme risque de nuire à l'adhésion de tous à cette réforme
Le mercredi était libre, il ne l'est plus. C'est un changement majeur de société. Cette pause existe en France depuis des siècles. Elle permettait aux enfants de connaître autre chose que l'école. Le meilleur comme le pire.
Le meilleur : allons y pour les images d'Epinal : la guerre des boutons, les photos de Doisneau, les séries tv, se lever tard, se la couler douce, la bibliothèque avec l'emprunt d'une dizaine de BD qu'on lit en mangeant des tartines, le ciné, jouer chez un copain... Que faisiez vous de sympa les mercredis quand vous étiez enfants ? Visiblement Peillon devait s'ennuyer... l'école lui manquait... il se disait « quand je serai grand, je supprimerai le mercredi matin (le jeudi à l'époque) pour aller à l'école »
Le pire : idem : s'ennuyer, regarder des inepties à la télé, grossir en mangeant tout le nutella, devenir un excité sur des jeux vidéos, battre le pavé, zoner, repérer pour les dealers, faire une tournante...
L'école ne peut pas non plus résoudre tous les problèmes : Peillon regrette que rien n'est fait pour ces enfants qui regardent la télévision les mercredis matins. Mais, si c'est un problème que les enfants regardent une télévision de mauvaise qualité, pourquoi les obliger à venir à l'école le mercredi matin ? Pourquoi ne pas résoudre le problème de la télévision en changeant la télévision ? D'autre part, ne peut-on rien proposer pour les enfants en dehors de l'école ? Est-ce la mort de l'école buissonnière ? Autrement dit, la volonté d'enfermement ou d'encadrement des enfants est-elle plus grande ? Aurait-on peur de la jeunesse en dehors de l'école ?
3) Le remède n'est pas adapté à la maladie.
Je crois que les problèmes n'ont pas bien été identifiés. La réforme tente de résoudre plusieurs problèmes à la fois sans bien préciser ce qu'elle cherche à faire. Passer peu de jours à l'école n'est pas un problème si les élèves réussissent et si ils y sont heureux. Et s'ils ont des difficultés, en quoi précisément ont-ils des difficultés ? en lecture, écriture, math ou confiance en soi ? Ce n'est pas du tout les mêmes remèdes qu'il faudra alors apporter.
A : Faut-il passer plus de temps à l'école ? (la fréquence, le nombre de jours)
A' : Faut-il passer moins de temps avec son professeur ? (la durée d'une journée)
B : Faut-il passer du bon temps en classe ? (le bien être, les conditions d'accueil, la pédagogie)
C : Faut-il avoir le temps en classe ? (la qualité du travail, les conditions d'accueil, la pédagogie)
La réforme répond A et A' : il faut passer plus de temps à l'école (c'est ce qu'on observe pour la plupart des enfants) et moins de temps avec son professeur par jour (mais si peu ! qu'est-ce que 45 minutes?). Notons au passage que ce n'est pas grand chose comme changement 45 minutes en moins par jour (le temps d'une récré et d'un petit regroupement : ce n'est pas ça qui va exténuer un élève)... mais une matinée en plus, un temps de respiration en moins, ça c'est du changement...
Pour une éducation de qualité, il est nécessaire (mais pas suffisant) d'avoir des conditions de travail de qualité : la première des conditions n'est pas d'avoir plus de temps passé tous ensemble, mais d'avoir le temps de s'occuper des enfants. Pour cela, il faut qu'il n'y ait pas trop d'enfant.
Je préconiserai donc de répondre d'abord à B et C, en évitant plus de 25 élèves par classe et en diminuant la moyenne des effectifs (ceci nécessite une réforme en soi).
Si le problème des élèves, c'est le bien être à l'école, alors améliorons les conditions d'accueil et la pédagogie en fonction de cela.
Si le problème c'est le niveau des élèves, alors améliorons les conditions d'accueil et la pédagogie en fonction de cela.
Si le problème c'est que les enfants ne passent pas assez de temps à l'école, alors réduisons les vacances ou rajoutons un matin (après avoir demandé leur avis aux français).
Si le problème c'est que rien n'est fait le mercredi pour les enfants alors créons des centres dans toutes les communes.
4) Il y a risque de perte de repères plus importante (déstabilisant, déboussolé, confusion, angoisse, stress) chez les enfants. Le remède peut faire empirer la maladie.
Certains enfants sont plus désorientés qu'avant (nombreuses ruptures) : cette réforme est inadaptée surtout pour les maternelles.
difficulté pour se repérer avec les adultes : perte d'un seul adulte référent
En maternelle, c'est l'enseignant qui endort et parfois l'animateur réveille. "j’ai deux maîtresses", certains enfants peuvent confondre l'animatrice et l'enseignant.
La multiplicité des adultes présents déroute : cela changeait déjà le midi, maintenant cela change en plus parfois après le temps scolaire, l'adulte peut aussi changer en fonction des jours, il change aussi si l'enfant va au centre de loisirs. Il y a aussi un risque de changement des animateurs en cours d'année. L'autorité n'est pas la même. Le prof peut parfois sentir un changement dans les relations élève-adulte.
difficulté pour se repérer avec les règles de vie
Le temps scolaire et le temps périscolaire peuvent avoir lieu dans la même salle, mais l'organisation, le fonctionnement les règles de vie peuvent être différentes.
difficulté pour se repérer avec les horaires
Parfois chaque jour l'enfant termine l'école à une heure différente (le lundi à 15h30, le mardi à 16h30, le mercredi à 11h30, le jeudi à 15h30 et le vendredi à 16h30). Difficile surtout pour les maternelles.
L'urgence pour les enfants, ce n'est pas de changer les rythmes. Le plus urgent c'est d'éviter d'avoir des classes supérieures à 25 élèves. Or statistiquement, une classe sur 2 en maternelle est au delà des 25 élèves. Près de 1,3 millions d'enfants sont dans de très mauvaises conditions d'accueil. On pourrait dire qu'il y a une maltraitance institutionnalisée pour ces enfants. Pour améliorer les compétences et le bien être des élèves, il faut diminuer le nombre d'élèves par classe.
5) Risque d'aggraver le malaise enseignant
Croyez vous que cette réforme imposée va améliorer ou faire empirer cette crise ? Il me semble que le malaise des enseignants est plus grand encore...
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6) Risque de transformer l'école en centre aéré
Il est important que les enfants deviennent des élèves, apprennent le "métier" d'élève (certains feront ce "métier" pendant plus de 20 ans) : on ne se comporte pas en tant qu'élève comme dans un centre aéré. Un animateur n'est pas un prof et un prof n'est pas un animateur. Le mélange des genres dans un même lieu (la classe), dans un même temps (il faut du temps pour mettre son costume d'élève et le retirer) conduira les jeunes enfants à une confusion.
Le fonctionnement des activités risque de ne pas être le même que le fonctionnement en classe, l'autorité d'un animateur risque de ne pas être la même que celle d'un prof... cela risque donc d'induire des changements de comportement de l'élève qui parfois fera la confusion entre l'école et le centre aéré.
7) Si on lie le périscolaire au scolaire, les fluctuations du périscolaire risque de perturber l'école. Ainsi il y a un risque d'influence plus grande des changements de majorité municipale sur l'école.
Cette réforme risque d'être utilisée par les politiques : le budget consacré au périscolaire risque d'être un enjeu électoral municipal beaucoup plus grand. Au gré des élections, ce budget pourrait donc être augmenté ou diminué, impliquant une fluctuation là où il n'y en avait pas avant.
Le périscolaire risque donc d'influer sur le temps de l'école de manière pérenne, car un changement de majorité à la mairie pourrait entrainer une organisation différente du temps périscolaire et par là même influer sur le temps de l'école. Là où il pouvait y avoir une certaine stabilité, n'y a-t-il pas plus de risque de changement ?
Imagine-t-on que les mairies PS, UMP, FN, « communistes », ... ont les mêmes priorités pour cette question ? De plus, imagine-t-on que les budgets vont rester les mêmes dans le temps quel que soit le bord politique ?
8) La réforme demande pour être réussie beaucoup à l'humain. Le facteur humain va-t-il être acquis à cette réforme ?
La réforme prend comme acquis que tout le monde va être de bonne volonté pour améliorer les choses, se donner du mal, donner de son temps, et ce, en faisant passer avant tout, l'intérêt de l'enfant.
Cette réforme a de bonnes intentions : on s'est rendu compte que l'absence de continuité des temps éducatifs (scolaires, périscolaires et extrascolaires) entrainait des problèmes (lesquels, je ne sais pas ?). Il est souhaité que les temps de la mairie et ceux de l'Education nationale soient perméables. La participation des enseignants semble profitable pour aider à la conception des activités (pertinence, niveau de langage, partage des règles de vie dans la classe...).
Est-ce que tous les profs ont envie de venir travailler une matinée de plus sans compensation financière ? Sont-ils tous prêts à donner de leur temps pour des réunions avec les animateurs ? Sont-ils tous prêts à confier leur classe à d'autres personnes ? Mettez vous à leur place : seriez vous prêts à revenir avec plaisir aux 39 heures ? Confieriez vous votre bureau et votre ordinateur à un nouveau venu dans votre entreprise ? etc...
Est-ce que toutes les mairies ont la capacité du discours démocratique ? Sont-elles prêtes à écouter la parole des profs ? Est-ce qu'elles ont toutes l'intention de dépenser suffisamment pour leur enfant ?
Est-ce que tous les parents sont prêts à écouter la parole des profs, des animateurs, des mairies ?
Est-ce qu'on est prêt à entendre la parole de l'autre sans l'accuser de conservatisme, d'égoïsme, de radinerie ou d'incompétence ?
Malheureusement l'être humain reste imparfait : méfiance, égoïsme, doute, difficulté de communication restent donc un obstacle...
Une réforme qui prend pour principe que tout va se passer dans le meilleur des mondes conduit parfois à l'échec (ex : le communisme en Russie ?). Il faut du pragmatisme. Il faut envisager les choses concrètes sur le terrain, voire tester avant. Il faut aussi envisager le pire pour le prévenir.
Avant l'été, une partie des profs étaient contre, avec des inquiétudes dans les mairies. On voit maintenant qu'ils ont été rejoints par une partie des syndicats d'enseignants, des parents, des politiques et du personnel municipal.
9) Le coût de la réforme
Combien coûte aux communes les activités périscolaires (coût par enfant) ?
Ca coûte ce qu'on dépense ! aurait dit La Palisse...
150 euros ? 200 ? Copé dit 300 ! Certains annoncent jusqu'à 500 euros en zone rurale sans aménagement... c'est à qui mieux mieux... Il semblerait qu'à Paris les dépenses prévues aient doublé... certains prédisent qu'elles vont en fait tripler...
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10) Risque de voir se creuser un peu plus les inégalités
- entre les villes et les campagnes
- entre les communes riches et les communes pauvres
- entre les écoles où ça marche et celles où ça ne marche pas
11) Risque matériel, non humain
On pourrait parler ici des manques de locaux, de matériel. Mais aussi des cartables à trimbaler...
"Personne n’y avait pensé avant, mais avec cette réforme, les enfants sont obligés de se balader avec leur cartable. Ça les fatigue beaucoup"
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Sources
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- Pourquoi le malaise enseignant est-il plus grand avec cette réforme ?
- La mort de cette réforme ignoble passera par la résistance des communes.
- réforme college 2016 : lister ici des arguments qui remettent en cause la possibilité concrète de réaliser cette réforme
- Nathalie Kosciusko-Morizet : "la réforme des rythmes scolaires, on voit quelle catastrophe c'est. Cette réforme n'a pas de sens".
- NVB ose dire que "les enseignants eux-mêmes ont inspiré cette réforme"
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