- JohnMédiateur
Article complet, qui comporte aussi la présentation de situations plus positives :Dans certaines écoles de Seine-Maritime, les activités périscolaires sont réduites à un goûter ou à une récré.
Cuisine moléculaire, informatique, VTT ou encore découverte de la pêche : le programme des activités périscolaires dans certains communes de la région a de quoi susciter des vocations culturelles et sportives. Mais tous les écoliers haut-normands, qui testent la réforme depuis début septembre, ne voient pas s’ouvrir devant eux un tel panel d’activités après l’école. A Rouen, par exemple, c’est un goûter de 15 h 45 à 16 h 15 qui est mis en place. Le temps périscolaire doit se contenter de la pause de midi rallongée d’un quart d’heure.
« Les enfants restent dans la cour »
« Il y a en effet une ou deux personnes en plus pour s’occuper des enfants, témoigne une enseignante en charge d’une moyenne section de maternelle. Mais pour l’instant, ils restent dans la cour, c’est tout. »
Où sont passées les activités culturelles, artistiques et sportives à Rouen, pourtant annoncées avec enthousiasme par Valérie Fourneyron, ministre des Sports et ancienne maire de la ville ? « Pour l’instant, on ne voit pas l’ombre de ces activités. Concrètement, l’enfant vient à l’école 5 jours sur 7 et on ne voit pas vraiment de bénéfices. Juste de la fatigue en plus ».
Pour certains enseignants, c’est la déception après l’espoir d’une réforme de grande ampleur, ambitieuse pédagogiquement : « On mettait de l’espoir dans cette réforme, dans l’idée avoir des journées moins chargées et que les enfants s’ouvrent à l’art, au sport et à la culture. Les enseignants étaient prêts à travailler le mercredi pour que les enfants aient des rythmes plus adaptés, assure l’institutrice rouennaise. On a l’impression que la réforme n’était pas prête, qu’elle est faite dans la précipitation et qu’il n’y a pas assez de moyens pour la mettre en œuvre ».
A Petit-Couronne, la mairie propose une « pause récréative » entre 15 h 15 et 16 h pendant laquelle les parents peuvent venir récupérer leurs enfants, pris en charge par les Atsem (Agent spécialisé des écoles maternelles). Les écoles contactées préfèrent ne pas s’exprimer mais Sandrine Duarte, enseignante en maternelle dans la commune et secrétaire départementale du syndicat SNIUPP, affirme que « les enfants sont dehors quand il fait beau ou devant la télé ».
Selon Joël Bigaut, premier adjoint au maire chargé de l’enfance et de la jeunesse, les 45 minutes libérées seraient « trop courtes pour créer des activités ». De plus, la commune proposerait déjà de nombreux projets culturels et sportifs sur le temps scolaire. « Il aurait été difficile pour nous de remettre d’autres activités, cela a un coût », rappelle-t-il.
J. G.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- OlympiasProphète
Pour compléter, on trouve aussi cet article sur le site Le Point.fr
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le début...
Début septembre, un écolier français sur cinq découvrait la semaine de 4,5 jours. Chaque commune ayant adopté la réforme des rythmes scolaires était alors libre d'organiser la journée des élèves de maternelle et d'élémentaire comme bon lui semblait, pour que les journées de travail soient moins longues. À Paris, en contrepartie des cours le mercredi matin, les petits referment leurs cahiers le mardi et le vendredi à 15 heures. Une très grande majorité d'enfants restent ensuite dans l'enceinte de l'école pour des "temps d'activités périscolaires" (TAP), dont l'idée était de proposer une ouverture au monde et à la culture au plus grand nombre.
Las, après trois semaines d'expérimentation, les critiques fusent. Devant les protestations entendues à la sortie de l'école, les fédérations de parents d'élèves, comme la PEEP, ont lancé un sondage pour recueillir les avis. Un syndicat d'enseignants, le SNUIpp, affirme que les premières remontées sont "alarmantes". Face à cette grogne qui monte et le tollé annoncé, le ministre de l'Éducation nationale reste serein : cette réforme "est faite, d'ailleurs on le voit bien, uniquement dans l'intérêt des enfants. On voit que pour les adultes, c'est plus difficile", ironisait Vincent Peillon lundi matin. Après trois semaines d'expérimentation, un directeur d'école maternelle parisienne (qui a souhaité rester anonyme) dresse pourtant, lui aussi, un bilan peu reluisant de ces nouveaux rythmes.
Le Point.fr : Quelles sont les premières conclusions que l'on peut tirer de l'instauration de cette semaine de 4,5 jours ?
Monsieur le directeur : Personne ne s'y retrouve. Les adultes, parents, enseignants, animateurs et intervenants en tout genre finiront bien sûr par s'habituer à ces changements. Mais pour les enfants, c'est le chaos total. Ils n'ont pas deux jours consécutifs semblables. C'est un problème majeur, a fortiori pour les tout-petits que sont les élèves de maternelle : ils ont besoin de régularité pour structurer leur temps. Et dire que l'un des principaux arguments des partisans de la réforme était de "travailler le mercredi pour éviter une semaine trop saccadée". Quel échec !
Concrètement, comment cela se manifeste-t-il ?
Les enfants ont perdu tout repère : le lundi, l'école se termine à 16 h 30, le mardi à 15 heures, le mercredi à 11 h 30... Ils ne savent pas s'ils retrouveront leur maîtresse après la récréation de l'après-midi, si c'est l'heure du goûter parce que les animateurs arrivent, les élèves de petite section découvrent parfois un animateur à la place de leur maîtresse en se réveillant de la sieste... Impossible pour eux de se projeter dans la journée : à quelle heure quitteront-ils l'école ? Resteront-ils avec les mêmes camarades tout au long de l'après-midi ? Certains sortent à 15 heures, d'autres à 16 h 30, voire à 17 h 30... Et le ballet se poursuit jusqu'à 18 h 15 ! C'est extrêmement anxiogène pour des petits âgés de 3 à 5 ans. Tout cela pour que les élèves soient moins fatigués ? Mais le temps passé en collectivité est plus important qu'avant ! C'est absurde. En tant que directeur d'école, je constate des faits objectifs : il y a davantage d'absentéisme et de maladies que l'année dernière à la même époque. La différence est si significative qu'il ne peut s'agir d'une simple coïncidence.
Quels sont les gros problèmes posés par la réforme au sein d'un établissement comme le vôtre ?
Il y a tout d'abord le souci des locaux. Les classes, "prêtées" de 15 heures à 16 h 30, ne sont plus exclusivement dédiées à l'apprentissage. Et même si, en maternelle, le temps passé avec la maîtresse s'articule autour de jeux, ceux-ci ne sont pas de même nature que ceux proposés par un animateur. Les enseignants avaient évoqué cette question avant que la réforme ne soit instaurée, et cela avait alors été perçu comme un réflexe corporatiste, comme si les instituteurs ne voulaient pas partager leurs jouets. Mais cela n'a rien à voir ! Les enfants ne comprennent plus s'ils sont autonomes et peuvent choisir leur activité ou s'ils doivent suivre une règle dont l'objectif est pédagogique. Il y a mille façons de passer du temps dans un "coin cuisine" : on peut simplement jouer ou alors tenter de sélectionner uniquement les couverts nécessaires à table et les choisir tous de la même couleur. Un animateur n'a ni la même autorité ni la même approche qu'un enseignant, et les pistes sont brouillées pour les enfants.
Lorsque les cours s'arrêtent à 15 heures, les Atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles), qui assistent les enseignants pendant la journée notamment pour tout ce qui a trait à l'entretien de la classe et l'hygiène des enfants, deviennent animateurs pour les TAP. N'est-ce pas un repère qui perdure tout au long de la journée pour les jeunes élèves ?
In fine, pas du tout ! Car l'Atsem change de rôle. Les enfants ne savent plus quand se tourner vers elles (ce sont quasiment exclusivement des femmes, NDLR). Vont-ils la voir quand ils ont besoin d'aller aux toilettes, comme c'est le cas pendant la classe ? Ah non, plus maintenant, il est 15 heures passées, elles organisent un jeu. Mais, attention : le lendemain matin, si les enfants ne comprennent pas ce qu'il faut faire, c'est à la maîtresse qu'ils doivent cette fois s'adresser, car l'Atsem sera en train de ranger l'activité précédente. C'est le bazar absolu. Par ailleurs, toutes talentueuses qu'elles soient, les Atsem ne sont pas formées pour occuper les enfants : au mieux, elles les laissent libres de faire ce qu'ils souhaitent, au pire, elles jouent à la maîtresse en tentant de reproduire ce qu'elles ont vu le matin pendant la classe.
Certains syndicats, comme le SNUipp, ont dénoncé des "problèmes d'hygiène et de sécurité". Qu'en est-il ?
C'est absolument exact. Dévolues désormais à partir de 15 heures à d'autres activités, les Atsem ne peuvent plus ni ranger la classe, comme elles le faisaient avant (rendant impossibles des activités plus salissantes en classe, comme la peinture acrylique ou la cuisine, qui nécessitent un nettoyage particulier), ni nettoyer l'école comme avant en se relayant tout au long de la journée. Désormais, une entreprise de nettoyage vient le samedi matin dans l'école : mais une cour d'école jonchée de feuilles mortes et de fientes de pigeon a besoin d'être nettoyée plus d'une fois par semaine ! Un dortoir où un petit a fait pipi par accident aussi ! L'hygiène et la propreté sont essentielles dans une école !
Mais malgré toutes ces difficultés, les TAP permettent-ils réellement aux enfants de découvrir de nouvelles activités ?
Pour le moment, pas du tout. Une fois les temps de passage de relais entre les équipes passés, il ne reste plus qu'une heure, deux fois par semaine. La qualité des ateliers proposés n'y est pas du tout, et les animateurs, pourtant pétris de bonne volonté pour la plupart, improvisent, alors que des petits ont besoin d'être bien encadrés. Que peut bien comprendre un enfant de 4 ans inscrit en activité "sciences", lorsqu'on lui explique ce qu'est la poussée d'Archimède ? Où sont ces magnifiques activités qu'on nous avait vantées ?
Cela ne peut-il pas s'arranger ? Après tout, cela ne fait que trois semaines que la rentrée a eu lieu...
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le début...
Début septembre, un écolier français sur cinq découvrait la semaine de 4,5 jours. Chaque commune ayant adopté la réforme des rythmes scolaires était alors libre d'organiser la journée des élèves de maternelle et d'élémentaire comme bon lui semblait, pour que les journées de travail soient moins longues. À Paris, en contrepartie des cours le mercredi matin, les petits referment leurs cahiers le mardi et le vendredi à 15 heures. Une très grande majorité d'enfants restent ensuite dans l'enceinte de l'école pour des "temps d'activités périscolaires" (TAP), dont l'idée était de proposer une ouverture au monde et à la culture au plus grand nombre.
Las, après trois semaines d'expérimentation, les critiques fusent. Devant les protestations entendues à la sortie de l'école, les fédérations de parents d'élèves, comme la PEEP, ont lancé un sondage pour recueillir les avis. Un syndicat d'enseignants, le SNUIpp, affirme que les premières remontées sont "alarmantes". Face à cette grogne qui monte et le tollé annoncé, le ministre de l'Éducation nationale reste serein : cette réforme "est faite, d'ailleurs on le voit bien, uniquement dans l'intérêt des enfants. On voit que pour les adultes, c'est plus difficile", ironisait Vincent Peillon lundi matin. Après trois semaines d'expérimentation, un directeur d'école maternelle parisienne (qui a souhaité rester anonyme) dresse pourtant, lui aussi, un bilan peu reluisant de ces nouveaux rythmes.
Le Point.fr : Quelles sont les premières conclusions que l'on peut tirer de l'instauration de cette semaine de 4,5 jours ?
Monsieur le directeur : Personne ne s'y retrouve. Les adultes, parents, enseignants, animateurs et intervenants en tout genre finiront bien sûr par s'habituer à ces changements. Mais pour les enfants, c'est le chaos total. Ils n'ont pas deux jours consécutifs semblables. C'est un problème majeur, a fortiori pour les tout-petits que sont les élèves de maternelle : ils ont besoin de régularité pour structurer leur temps. Et dire que l'un des principaux arguments des partisans de la réforme était de "travailler le mercredi pour éviter une semaine trop saccadée". Quel échec !
Concrètement, comment cela se manifeste-t-il ?
Les enfants ont perdu tout repère : le lundi, l'école se termine à 16 h 30, le mardi à 15 heures, le mercredi à 11 h 30... Ils ne savent pas s'ils retrouveront leur maîtresse après la récréation de l'après-midi, si c'est l'heure du goûter parce que les animateurs arrivent, les élèves de petite section découvrent parfois un animateur à la place de leur maîtresse en se réveillant de la sieste... Impossible pour eux de se projeter dans la journée : à quelle heure quitteront-ils l'école ? Resteront-ils avec les mêmes camarades tout au long de l'après-midi ? Certains sortent à 15 heures, d'autres à 16 h 30, voire à 17 h 30... Et le ballet se poursuit jusqu'à 18 h 15 ! C'est extrêmement anxiogène pour des petits âgés de 3 à 5 ans. Tout cela pour que les élèves soient moins fatigués ? Mais le temps passé en collectivité est plus important qu'avant ! C'est absurde. En tant que directeur d'école, je constate des faits objectifs : il y a davantage d'absentéisme et de maladies que l'année dernière à la même époque. La différence est si significative qu'il ne peut s'agir d'une simple coïncidence.
Quels sont les gros problèmes posés par la réforme au sein d'un établissement comme le vôtre ?
Il y a tout d'abord le souci des locaux. Les classes, "prêtées" de 15 heures à 16 h 30, ne sont plus exclusivement dédiées à l'apprentissage. Et même si, en maternelle, le temps passé avec la maîtresse s'articule autour de jeux, ceux-ci ne sont pas de même nature que ceux proposés par un animateur. Les enseignants avaient évoqué cette question avant que la réforme ne soit instaurée, et cela avait alors été perçu comme un réflexe corporatiste, comme si les instituteurs ne voulaient pas partager leurs jouets. Mais cela n'a rien à voir ! Les enfants ne comprennent plus s'ils sont autonomes et peuvent choisir leur activité ou s'ils doivent suivre une règle dont l'objectif est pédagogique. Il y a mille façons de passer du temps dans un "coin cuisine" : on peut simplement jouer ou alors tenter de sélectionner uniquement les couverts nécessaires à table et les choisir tous de la même couleur. Un animateur n'a ni la même autorité ni la même approche qu'un enseignant, et les pistes sont brouillées pour les enfants.
Lorsque les cours s'arrêtent à 15 heures, les Atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles), qui assistent les enseignants pendant la journée notamment pour tout ce qui a trait à l'entretien de la classe et l'hygiène des enfants, deviennent animateurs pour les TAP. N'est-ce pas un repère qui perdure tout au long de la journée pour les jeunes élèves ?
In fine, pas du tout ! Car l'Atsem change de rôle. Les enfants ne savent plus quand se tourner vers elles (ce sont quasiment exclusivement des femmes, NDLR). Vont-ils la voir quand ils ont besoin d'aller aux toilettes, comme c'est le cas pendant la classe ? Ah non, plus maintenant, il est 15 heures passées, elles organisent un jeu. Mais, attention : le lendemain matin, si les enfants ne comprennent pas ce qu'il faut faire, c'est à la maîtresse qu'ils doivent cette fois s'adresser, car l'Atsem sera en train de ranger l'activité précédente. C'est le bazar absolu. Par ailleurs, toutes talentueuses qu'elles soient, les Atsem ne sont pas formées pour occuper les enfants : au mieux, elles les laissent libres de faire ce qu'ils souhaitent, au pire, elles jouent à la maîtresse en tentant de reproduire ce qu'elles ont vu le matin pendant la classe.
Certains syndicats, comme le SNUipp, ont dénoncé des "problèmes d'hygiène et de sécurité". Qu'en est-il ?
C'est absolument exact. Dévolues désormais à partir de 15 heures à d'autres activités, les Atsem ne peuvent plus ni ranger la classe, comme elles le faisaient avant (rendant impossibles des activités plus salissantes en classe, comme la peinture acrylique ou la cuisine, qui nécessitent un nettoyage particulier), ni nettoyer l'école comme avant en se relayant tout au long de la journée. Désormais, une entreprise de nettoyage vient le samedi matin dans l'école : mais une cour d'école jonchée de feuilles mortes et de fientes de pigeon a besoin d'être nettoyée plus d'une fois par semaine ! Un dortoir où un petit a fait pipi par accident aussi ! L'hygiène et la propreté sont essentielles dans une école !
Mais malgré toutes ces difficultés, les TAP permettent-ils réellement aux enfants de découvrir de nouvelles activités ?
Pour le moment, pas du tout. Une fois les temps de passage de relais entre les équipes passés, il ne reste plus qu'une heure, deux fois par semaine. La qualité des ateliers proposés n'y est pas du tout, et les animateurs, pourtant pétris de bonne volonté pour la plupart, improvisent, alors que des petits ont besoin d'être bien encadrés. Que peut bien comprendre un enfant de 4 ans inscrit en activité "sciences", lorsqu'on lui explique ce qu'est la poussée d'Archimède ? Où sont ces magnifiques activités qu'on nous avait vantées ?
Cela ne peut-il pas s'arranger ? Après tout, cela ne fait que trois semaines que la rentrée a eu lieu...
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