- Luigi_BGrand Maître
Très belle réponse, Philippe.
Je me suis quand même interrogé sur ce qui avait permis à notre formateur TICE (lequel reconnaît ingénuement ne pas connaître Proust) d'affirmer que celui-ci "constellait ses écrits de fautes grossières".
J'ai alors exhumé une vieille chronique du "Monde" de Laurent Greilsamer en 2005 intitulé "Flaubert et Proust aussi faisaient des fautes !" Cet article était une réaction "de mauvaise foi" (sic) à une initiative de "Sauver les lettres" qui avait eu le malheur de l'agacer. Plus intéressant encore : cette chronique, avec un article de la même eau de Pierre Madiot dans "Les Cahiers Pédagogiques" (2005 également), est présente dans un dossier quelque peu orienté donné à une épreuve orale d'admission du CRPE 2006. Le dossier ne présente évidemment pas l'action de "Sauver les lettres" visant à alerter sur le niveau orthographique des élèves. Voilà pourquoi je plains souvent les collègues PE, soumis à un tel matraquage idéologique...
http://www.orleans-tours.iufm.fr/formations/prepa_crpe/04.pdf
Citons la fin de la chronique du "Monde" :
A quoi tient la diffusion de fausses informations sur le Net : un beau travail d'éducation (involontaire) aux médias. Merci Michel Guillou !
Je me suis quand même interrogé sur ce qui avait permis à notre formateur TICE (lequel reconnaît ingénuement ne pas connaître Proust) d'affirmer que celui-ci "constellait ses écrits de fautes grossières".
J'ai alors exhumé une vieille chronique du "Monde" de Laurent Greilsamer en 2005 intitulé "Flaubert et Proust aussi faisaient des fautes !" Cet article était une réaction "de mauvaise foi" (sic) à une initiative de "Sauver les lettres" qui avait eu le malheur de l'agacer. Plus intéressant encore : cette chronique, avec un article de la même eau de Pierre Madiot dans "Les Cahiers Pédagogiques" (2005 également), est présente dans un dossier quelque peu orienté donné à une épreuve orale d'admission du CRPE 2006. Le dossier ne présente évidemment pas l'action de "Sauver les lettres" visant à alerter sur le niveau orthographique des élèves. Voilà pourquoi je plains souvent les collègues PE, soumis à un tel matraquage idéologique...
http://www.orleans-tours.iufm.fr/formations/prepa_crpe/04.pdf
Citons la fin de la chronique du "Monde" :
Je n'ai pas pu accéder à la source de ces lettres pour les vérifier moi-même, mais l'âge auquel elles sont supposées être écrites relativise quelque peu la considération que "Proust romancier" ou "Flaubert romancier" "constellai[en]t de fautes grossières [leurs] écrits".Laurent Greilsamer a écrit:Pour finir, un petit jeu. Voici deux extraits de lettres. Quels sont les romanciers ignares qui se sont permis de truffer leur correspondance de telles fautes ?
Première devinette. Qui a écrit : “Je suis dévoré d’impatience de voir le meilleur de mes amis celui avec lequel je serait toujours amis nous nous aimerons, ami qui sera toujours dans mon cœur. Oui ami depuis la naisance jusqua la mort” ?
Seconde devinette. Qui a écrit : “Mon cher grand-père pardonne moi de mon péché car j’ai moin mangé qu’a l’ordinaire j’ai pleuré pendant un cardeur aprè cela j’était en senglot (…)”?
Vous y êtes ? Allez, un indice : il s’agit respectivement de G. F. et de M. P. Etonnant, non ? Bon, d’accord, ils n’avaient pas dix ans ! On peut au moins leur accorder le mérite d’avoir fait ensuite beaucoup de progrès.
A quoi tient la diffusion de fausses informations sur le Net : un beau travail d'éducation (involontaire) aux médias. Merci Michel Guillou !
- Spoiler:
- Pour la bouche, j'ai dans ma bibliothèque des écrits de jeunesse de Proust qui montrent que son maniement de la langue n'était pas si déficient...
Un exemple avec ce travail de collégien, peut-être en quatrième, rendu par le jeune Marcel Proust, la page narrative la plus ancienne connue selon Thierry Laget, avec quelques petites maladresses de style.Marcel Proust a écrit:L'air est embaumé des senteurs qu'exhale un frais lilas. Le soleil se lève gaiement. Il dore la campagne de ses rayons: enfin c'est un radieux matin de mai qui nous occupe. Là-bas dissimulée sous l'aubépine est une vieille chaumière enfumée que Denis Revolle a acheté lors de son mariage. C'est le témoin de douces soirées passées au foyer. Ce grand brun à veste blanche et à casquette bleue qui sort chantonnant du petit édifice c'est ce même Denis Revolle qui il y a cinq ans se trouvait à Saint-André, pourquoi c'est ce qu'il est inutile de dire. On dirait qu'il lui coûte de sortir, il hésite, se tourne, penche vers la maison, puis vers la ville, enfin il rentre dans sa modeste demeure. Au bout de 5 minutes peut-être car l'impatience que j'avais de connaître sa dernière résolution m'avait fait trouver le temps long, il ressort suivi d'une jeune femme, assez jolie blonde avec des yeux bleus ce qui va sans dire, emmaillottée dans un cachemire, cachemire duquel l'on aurait pu dire: Et les trous sur le drap marquaient tous ses exploits, n'en déplaise à Corneille car je n'aurais pas porté à son plus haut degré la satisfaction de Denis en laissant le vers intact comme l'a fait Racine dans ses Plaideurs; du reste quel rapport entre un vieillard et une jeune femme. Deux petits garçons l'accompagnèrent jusqu'à la porte et la petite fille, jeune Hébé dont les cheveux, si les lèvres étaient de vermillon, auraient pu être de filasse. Elle lui cria d'une voix fraîche qui pour un naturaliste eut été le son de l'air se brisant contre les cordes vocales et pour un romancier un chant de rossignol. Moi qui ne suis ni romancier ni naturaliste, simplement amateur c'était une jolie voix possible (sic) de charmer tout le monde excepté moi.
- JPhMMDemi-dieu
Proust, peu doué en orthographe ? Guillou ne sait pas de quoi il parle.
Cadeau.
Cadeau.
- Spoiler:
- Une composition française de Proust, 16 ans, en rhétorique.
Source : Album Proust, Iconographie réunie et commentée par Pierre Clarac et André Ferré, Bibliothèque de la Pléiade, 1965 Éditions Gallimard
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum