Langues anciennes : boîte à idées d'une collègue de Musagora

Chère collègue,

nous sommes nombreux à vivre périodiquement ce que vous découvrez cette année.

Professeur de Lettres classiques depuis très longtemps, je peux vous dire que vous avez entièrement raison de vouloir résister et je vous offre tout mon appui dans le mesure de nos moyens.

Puisque votre inspecteur vous conseille et donc, implicitement, vous autorise à recruter des élèves pour la quatrième, n'hésitez pas à le faire : essayez de passer dans les classes de cinquième pour faire de "la publicité", élaborez peut-être une "circulaire" à distribuer aux
élèves pour leurs parents, proposez une réunion d'information aux parents où vous essaierez d'être la plus "séduisante" possible grâce à des arguments efficaces pour le choix de l'option.

Si vous avez besoin de "munitions" fréquentez les sites internet de nos collègues, comme Latine Loquere, Menapia, Le Portique et le site de l'académie de Versailles, celui de l'académie de Nancy-Metz, le site de Sauver les Lettres (http://www.sauv.net), ...etc.

Je vous conseillerais aussi de faire beaucoup de battage auprès des sixièmes, sous forme ludique : jeux, concours, films et de proposer, si vous le pouvez, des activités périscolaires, comme des sorties sur site, des petits voyages, des rencontres avec des écrivains, des archéologues, des professeurs d'université.

Je sais qu'il faut beaucoup d'énergie et d'invention pour pérenniser notre discipline mais c'est possible : j'ai moi-même, depuis trois ans, redonné leurs lettres de noblesse aux langues anciennes dans un établissement marseillais où la culture en général et les langues anciennes en particulier ne sont pas les préoccupations principales des enfants et de leurs parents. Pour redynamiser cet enseignement, je pratique l'ECLA ou enseignement conjoint des langues anciennes (on enseigne le bilinguisme latin-grec, allez voir sur le site Menapia et sur le site de l'académie de Besançon ou sur Eduscol ; cf. aussi le projet Hélios dans l'académie de Grenoble et tout ce que propose Musagora !), ce qui a beaucoup de succès et a permis de réouvrir la section de grec dans le lycée voisin en plus du latin ! Nous partons régulièrement en voyage (Italie ou Grèce), sortons dans notre région qui est très riche en sites et musées de toutes sortes, organisons des projections de nos propres diaporamas (voyages et activités), des projets communs avec le lycée.

Je pense sincèrement, si vous vous en sentez capable (ce dont je ne doute pas, quant à moi), qu'une proposition de ce genre aux futures quatrièmes serait de nature à attirer quelques élèves curieux.

Voici quelques exemples d'actitvités qui fonctionnent bien pour la promotion de l'option (elles peuvent durer d'une demi-heure à deux
heures) :

• faire lire
  des fables en latin, en grec et en français (Ésope, Phèdre et La Fontaine) : repérage des termes reconnaissables et parenté avec le français et les autres langues modernes ;
  
• découvrir les termes qui désignent des objets modernes qui portent des noms d'origine grecque ou latine : il n'y a que l'embarras du choix !
  
• chercher les noms de marques qui viennent du latin ou du grec dans la publicité (je sais qu'une ou plusieurs collègues ont placé des séquences sur le net, mais je ne sais plus où pour l'instant) ;
  
• construire des mots mêlés en latin ou en grec pour retrouver des mots de notre quotidien (cela aussi se trouve sur internet, mais c'est facile à fabriquer soi-même !) ;
  
• découvrir ce que mangeaient nos ancêtres avec le vocabulaire afférent et constater que nous mangeons presque la même chose ; s'appuyer par exemple sur le système des thermopolia à Pompéi (on trouve beaucoup de photos et d'explications sur ce thème) et découvrir le vocabulaire latin ou grec avec ses successeurs en français et dans les autres langues modernes ;
  
• expliquer le bilinguisme du monde gréco-romain et en donner des exemples frappants pour montrer que nihil novi sub sole (lire l'ouvrage de Paul VEYNE, L'Empire gréco-romain ) ;
  
• imaginer un travail ou un jeu sur les expressions des pages roses du Larousse : traduire et expliquer le contexte des proverbes et des citations latines et grecques et montrer leur succès dans notre monde moderne ;
  
• découvrir l'étymologie des prénoms et des noms des élèves en montrant que savoir le latin et le grec permet de savoir quand les mots ne sont pas issus du latin et du grec ! Ouvrir donc au gaulois, par exemple ... ;
  
• travailler sur les formules magiques d'Harry Potter ou sur la traduction latine ou grecque du premier tome de l'œuvre de J. K. Rowling ;
  
• parler latin et grec ancien : apprendre à faire l'appel en latin ou en grec, à se présenter, à décrire son voisin, ...etc.
  

Je pratique régulièrement ces activités en sixième et en cinquième, quelquefois même en quatrième, dans les réunions d'information avec les parents et je rencontre un succès certain.

N'hésitez pas à me recontacter en fin de semaine pour de plus amples informations !

Bon courage et bonne lutte !

basmehab a écrit:

J'ai été abasourdie tout à l'heure quand j'ai demandé à mes 3° hellénistes et latinistes qui poursuivaient l'étude des langues anciennes au lycée l'an prochain. Sur la classe entière, seulement une élève veut continuer ... Je pensais que la moitié de la classe voulait poursuivre ; surtout que ce sont pour la plupart de très bons élèves.

Farnace a écrit:J'entretiens d'excellentes relations avec une de mes collégues de collége ( bon avec toutes mais surtout avec une..au point de faire des sorties ensemble avec nos élèves de collége et de lycée) .. en fait on peut bien mobiliser par l'oral et la civi mais le problème qui reste est un ensemble de grosses lacunes grammaticales d'une part.. et surtout les élèves pensent réduire leur horaire deprésence ..pour ma part, je subis aussi rudement la concurrence de la langue européenne. Ce sont les mêmes élèves et ceux que j'aurais du avoir en latin, je les retrouve en Français en s.