- InvitéeHrÉrudit
Quels sont les éléments que vous donnez aux élèves concernant l'arrière-plan de cette fable pour éclairer son contexte ?
Merci.
Merci.
- AbraxasDoyen
Je pars de la fable elle-même — du dernier mot.
Puis je repars en arrière — fausses accusations, confusion des rôles procureur / bourreau,le "Votre Majesté" qui n'est pas là par hasard, etc., pour évoquer toute l'affaire Fouquet (D'Artagnan compris), à partir du Cénacle de Vaux et de la réception de Luis XIV à Vaux, l'anecdote de Le Brun, et le procès du surintendant via Colbert — jusqu'à la scène époustouflante, racontée par Dumas dans le Vicomte de Bragelonne, où Gourville, Pélisson et La Fontaine viennent en délégation demander au roi le droit de secourir la "veuve" de Fouquet (http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Vicomte_de_Bragelonne/Chapitre_CCLX). Bref, l'intégrale — puis parallèe avec toutes les autres fables racontant des procès — par exemple les Animaux malades de la peste, pour montrer la permanence de ce sentiment de profonde injustice chez La Fontaine — payé par le refus du roi, pendant un certain temps, d'en faire un Académicien.
Puis je repars en arrière — fausses accusations, confusion des rôles procureur / bourreau,le "Votre Majesté" qui n'est pas là par hasard, etc., pour évoquer toute l'affaire Fouquet (D'Artagnan compris), à partir du Cénacle de Vaux et de la réception de Luis XIV à Vaux, l'anecdote de Le Brun, et le procès du surintendant via Colbert — jusqu'à la scène époustouflante, racontée par Dumas dans le Vicomte de Bragelonne, où Gourville, Pélisson et La Fontaine viennent en délégation demander au roi le droit de secourir la "veuve" de Fouquet (http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Vicomte_de_Bragelonne/Chapitre_CCLX). Bref, l'intégrale — puis parallèe avec toutes les autres fables racontant des procès — par exemple les Animaux malades de la peste, pour montrer la permanence de ce sentiment de profonde injustice chez La Fontaine — payé par le refus du roi, pendant un certain temps, d'en faire un Académicien.
- retraitéeDoyen
Ne pas oublier "L'ode au Roi" demandant la clémence pour Fouquet, intéressant pour l'argumentation !
Ode au Roi pour Monsieur Fouquet
1663
1658÷ La Fontaine devient un des nombreux protégés de Fouquet, le fastueux surintendant des Finances. 1661 : après avoir organisé des fêtes grandioses en l’honneur de Louis XIV, Fouquet est arrêté et jugé à partir de 1662. C’est dans ce contexte que La Fontaine écrit cette Ode : il y supplie le roi de se montrer magnanime et de se souvenir des services rendus par son ancien ministre.
Prince qui fais nos destinées,
Digne monarque des François,
Qui du Rhin jusqu’aux Pyrénées
Portes la crainte de tes lois,
Si le repentir de l’offense
Sert aux coupables de défense
Près d’un courage généreux,
Permets qu’Apollon t’importune,
Non pour les biens et la fortune,
Mais pour les jours d’un malheureux.
Ce triste objet de ta colère
N’a-t-il point encore effacé
Ce qui jadis t’a pu déplaire
Aux emplois où tu l’as placé ?
Depuis le moment qu’il soupire,
Deux fois l’hiver en ton empire
A ramené les aquilons ;
Et nos climats ont vu l’année
Deux fois de pampre couronnée
Enrichir coteaux et vallons.
Oronte seul, ta créature,
Languit dans un profond ennui ;
Et les bienfaits de la nature
Ne se répandent plus pour lui.
Tu peux d’un éclat de ta foudre
Achever de le mettre en poudre :
Mais si les dieux à ton pouvoir
Aucunes bornes n’ont prescrites,
Moins ta grandeur a de limites,
Plus ton courroux en doit avoir.
Réserve-le pour des rebelles ;
Ou, si ton peuple t’est soumis,
Fais-en voler les étincelles
Chez tes superbes ennemis.
Déjà Vienne est irritée
De ta gloire aux astres montée :
Ses monarques en sont jaloux ;
Et Rome t’ouvre une carrière
Où ton cœur trouvera matière
D’exercer ce noble courroux.
Va-t-en punir l’orgueil du Tibre ;
Qu’il se souvienne que ses lois
N’ont jadis rien laissé de libre
Que le courage des Gaulois.
Mais parmi nous sois débonnaire ;
A cet empire si sévère
Tu ne te peux accoutumer,
Et ce serait trop te contraindre :
Les étrangers te doivent craindre ;
Tes sujets te veulent aimer.
L’Amour est fils de la Clémence ;
La Clémence est fille des dieux ;
Sans elle toute leur puissance
Ne serait qu’un titre odieux.
Parmi les fruits de la victoire,
César, environné de gloire,
N’en trouva point dont la douceur
A celui-ci pût être égale ;
Non pas même aux champs où Pharsale
L’honora du nom de vainqueur.
Je ne veux pas te mettre en compte
Le zèle ardent ni les travaux
En quoi tu te souviens qu’Oronte
Ne cédait point à ses rivaux.
Sa passion pour ta personne,
Pour ta grandeur, pour ta couronne,
Quand le besoin s’est vu pressant,
A toujours été remarquable ;
Mais, si tu crois qu’il est coupable,
Il ne veut point être innocent.
Laisse-lui donc pour toute grâce
Un bien qui ne lui peut durer,
Après avoir perdu la place
Que ton cœur lui fit espérer.
Accorde-nous les faibles restes
De ses jours tristes et funestes,
Jours qui se passent en soupirs.
Ainsi les tiens filés de soie
Puissent se voir comblés de joie,
Même au-delà de tes désirs !
Ode au Roi pour Monsieur Fouquet
1663
1658÷ La Fontaine devient un des nombreux protégés de Fouquet, le fastueux surintendant des Finances. 1661 : après avoir organisé des fêtes grandioses en l’honneur de Louis XIV, Fouquet est arrêté et jugé à partir de 1662. C’est dans ce contexte que La Fontaine écrit cette Ode : il y supplie le roi de se montrer magnanime et de se souvenir des services rendus par son ancien ministre.
Prince qui fais nos destinées,
Digne monarque des François,
Qui du Rhin jusqu’aux Pyrénées
Portes la crainte de tes lois,
Si le repentir de l’offense
Sert aux coupables de défense
Près d’un courage généreux,
Permets qu’Apollon t’importune,
Non pour les biens et la fortune,
Mais pour les jours d’un malheureux.
Ce triste objet de ta colère
N’a-t-il point encore effacé
Ce qui jadis t’a pu déplaire
Aux emplois où tu l’as placé ?
Depuis le moment qu’il soupire,
Deux fois l’hiver en ton empire
A ramené les aquilons ;
Et nos climats ont vu l’année
Deux fois de pampre couronnée
Enrichir coteaux et vallons.
Oronte seul, ta créature,
Languit dans un profond ennui ;
Et les bienfaits de la nature
Ne se répandent plus pour lui.
Tu peux d’un éclat de ta foudre
Achever de le mettre en poudre :
Mais si les dieux à ton pouvoir
Aucunes bornes n’ont prescrites,
Moins ta grandeur a de limites,
Plus ton courroux en doit avoir.
Réserve-le pour des rebelles ;
Ou, si ton peuple t’est soumis,
Fais-en voler les étincelles
Chez tes superbes ennemis.
Déjà Vienne est irritée
De ta gloire aux astres montée :
Ses monarques en sont jaloux ;
Et Rome t’ouvre une carrière
Où ton cœur trouvera matière
D’exercer ce noble courroux.
Va-t-en punir l’orgueil du Tibre ;
Qu’il se souvienne que ses lois
N’ont jadis rien laissé de libre
Que le courage des Gaulois.
Mais parmi nous sois débonnaire ;
A cet empire si sévère
Tu ne te peux accoutumer,
Et ce serait trop te contraindre :
Les étrangers te doivent craindre ;
Tes sujets te veulent aimer.
L’Amour est fils de la Clémence ;
La Clémence est fille des dieux ;
Sans elle toute leur puissance
Ne serait qu’un titre odieux.
Parmi les fruits de la victoire,
César, environné de gloire,
N’en trouva point dont la douceur
A celui-ci pût être égale ;
Non pas même aux champs où Pharsale
L’honora du nom de vainqueur.
Je ne veux pas te mettre en compte
Le zèle ardent ni les travaux
En quoi tu te souviens qu’Oronte
Ne cédait point à ses rivaux.
Sa passion pour ta personne,
Pour ta grandeur, pour ta couronne,
Quand le besoin s’est vu pressant,
A toujours été remarquable ;
Mais, si tu crois qu’il est coupable,
Il ne veut point être innocent.
Laisse-lui donc pour toute grâce
Un bien qui ne lui peut durer,
Après avoir perdu la place
Que ton cœur lui fit espérer.
Accorde-nous les faibles restes
De ses jours tristes et funestes,
Jours qui se passent en soupirs.
Ainsi les tiens filés de soie
Puissent se voir comblés de joie,
Même au-delà de tes désirs !
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