- etooNiveau 5
En ce début d'année, je voudrais travailler avec mes 5e sur la poésie. Les années précédentes, j'étudiais le thème du voyage. J'aimerais changer et je pensais travailler sur le Moyen-âge en poésie. Je voudrais que les élèves "entrent" dans le moyen-âge et qu'ils découvrent cette période en étudiant des textes poétiques. Auriez-vous des pistes et des idées de textes?
- EoleNiveau 9
Bon chevalier masqué qui chevauche en silence,
Le Malheur a percé mon vieux coeur de sa lance.
Le sang de mon vieux coeur n'a fait qu'un jet vermeil,
Puis s'est évaporé sur les fleurs au soleil.
L'ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche,
Et mon vieux coeur est mort dans un frisson farouche.
Alors le chevalier Malheur s'est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m'a touché.
Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure
Tandis qu'il attestait sa loi d'une voix dure.
Et voici qu'au contact glacé du doigt de fer
Un coeur me renaissait, tout un coeur pur et fier.
Et voici que, fervent d'une candeur divine,
Tout un coeur jeune et bon battit dans ma poitrine.
Or, je restais tremblant, ivre, incrédule un peu,
Comme un homme qui voit des visions de Dieu.
Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête,
En s'éloignant me fit un signe de la tête
Et me cria (j'entends encore cette voix) :
"Au moins, prudence ! Car c'est bon pour une fois."
Verlaine.
Le Malheur a percé mon vieux coeur de sa lance.
Le sang de mon vieux coeur n'a fait qu'un jet vermeil,
Puis s'est évaporé sur les fleurs au soleil.
L'ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche,
Et mon vieux coeur est mort dans un frisson farouche.
Alors le chevalier Malheur s'est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m'a touché.
Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure
Tandis qu'il attestait sa loi d'une voix dure.
Et voici qu'au contact glacé du doigt de fer
Un coeur me renaissait, tout un coeur pur et fier.
Et voici que, fervent d'une candeur divine,
Tout un coeur jeune et bon battit dans ma poitrine.
Or, je restais tremblant, ivre, incrédule un peu,
Comme un homme qui voit des visions de Dieu.
Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête,
En s'éloignant me fit un signe de la tête
Et me cria (j'entends encore cette voix) :
"Au moins, prudence ! Car c'est bon pour une fois."
Verlaine.
- toubyExpert
Je travaille sur le lai, la ballade, le rondeau, l'élégie ...
- doctor whoDoyen
Je vais leur faire faire écrire des décasyllabes épiques pendant le cours sur la Chanson de Roland. Puis un groupement sur la poésie épique, mais postmédiévale.
- rosa12Niveau 6
Bonjour,
Je me permets de relancer ce topic car, comme Etoo, je veux faire entrer les élèves dans le MA par la poésie : je pensais à tout ce que véhiculent les poèmes du MA (et ensuite) sur l'imaginaire de cette époque.
Je compile des idées de poèmes intéressant là-dessus et qui me permettrait d'insister sur le rapport entre forme et signification. Est-ce que vous avez des idées à tout hasard ? Merci !
Je me permets de relancer ce topic car, comme Etoo, je veux faire entrer les élèves dans le MA par la poésie : je pensais à tout ce que véhiculent les poèmes du MA (et ensuite) sur l'imaginaire de cette époque.
Je compile des idées de poèmes intéressant là-dessus et qui me permettrait d'insister sur le rapport entre forme et signification. Est-ce que vous avez des idées à tout hasard ? Merci !
- CelebornEsprit sacré
J'ai déjà travaillé La Ballade des pendus (gros succès sur les "yeux cavés"), random rondeau ou chanson de l'ami Charles d'O (Le temps a laissé son manteau, Que me conseillez-vous mon coeur...). On peut aussi travailler des extraits modernisés de la complainte Rutebeuf ou du Lai du Chèvrefeuille.
_________________
"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
Mon Blog
- rosa12Niveau 6
Merci pour les références : je vais sans doute tenter la ballade des pendus pour évoquer les croyances religieuses ! Je pense évoquer aussi le bestiaire.
- CelebornEsprit sacré
Au delà de la dimension religieuse (ou plutôt en complément de), c'est un texte magnifique pour évoquer ce qu'est la mort, y compris dans sa dimension la plus prosaïque. Et c'est également une passionnante argumentation, où tous les procédés y passent pour convaincre les gens qu'il faut prier Dieu pour qu'il absolve les pendus.rosa12 a écrit:Merci pour les références : je vais sans doute tenter la ballade des pendus pour évoquer les croyances religieuses !
Évidemment, on peut également se faire bien plaisir sur l'étude de la forme fixe, et sur le lien entre poésie et musique.
_________________
"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
Mon Blog
- retraitéeDoyen
Vois du côté des Chansons de toile
Chanson de Gayette et Oriour
Le samedi au soir finit la semaine :
Gayette et Oriour, soeurs germaines,
La main dans la main, vont se baigner à la fontaine.
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
Le jeune Gérard revient de la quintaine,
Il a le coup de foudre pour Gayette au bord de la fontaine :
Entre ses bras il la prend et doucement il l'étreint.
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
« Oriour, quand tu auras puisé de l'eau,
Retourne à la maison, tu connais bien la ville.
Je resterai avec Gérard, qui est amoureux de moi. »
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
Oriour s'en va, pâle et déçue;
Des yeux elle pleure, du coeur elle soupire,
Parce que Gayette, sa soeur, ne revient pas.
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
« Hélas! fait Oriour, comme je suis mal née!
J'ai laissé ma soeur dans le vallon;
Le jeune Gérard l'emmène chez lui! »
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
Le jeune Gérard et Gayette s'en sont allés,
Ils ont pris leur chemin droit vers la cité.
Aussitôt arrivé, il l'épouse.
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
Chanson de Gaieté et Oriour, chanson de toile, traduction J. Bescond
On appelle chansons de toile de courtes compositions poétiques datant du Moyen Age que les femmes chantaient en tissant la toile. Ces chansons, souvent anonymes, content ordinairement une aventure d'amour. Le refrain était sans doute repris en choeur par toutes les femmes.
Chanson de Gayette et Oriour
Le samedi au soir finit la semaine :
Gayette et Oriour, soeurs germaines,
La main dans la main, vont se baigner à la fontaine.
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
Le jeune Gérard revient de la quintaine,
Il a le coup de foudre pour Gayette au bord de la fontaine :
Entre ses bras il la prend et doucement il l'étreint.
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
« Oriour, quand tu auras puisé de l'eau,
Retourne à la maison, tu connais bien la ville.
Je resterai avec Gérard, qui est amoureux de moi. »
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
Oriour s'en va, pâle et déçue;
Des yeux elle pleure, du coeur elle soupire,
Parce que Gayette, sa soeur, ne revient pas.
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
« Hélas! fait Oriour, comme je suis mal née!
J'ai laissé ma soeur dans le vallon;
Le jeune Gérard l'emmène chez lui! »
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
Le jeune Gérard et Gayette s'en sont allés,
Ils ont pris leur chemin droit vers la cité.
Aussitôt arrivé, il l'épouse.
Le vent souffle et les rameaux tremblotent.
Que ceux qui s'entr'aiment s'endorment doucement!
Chanson de Gaieté et Oriour, chanson de toile, traduction J. Bescond
On appelle chansons de toile de courtes compositions poétiques datant du Moyen Age que les femmes chantaient en tissant la toile. Ces chansons, souvent anonymes, content ordinairement une aventure d'amour. Le refrain était sans doute repris en choeur par toutes les femmes.
- retraitéeDoyen
Belle Églantine
Dans une chambre somptueuse, Belle Églantine
près de sa dame cousait une chemise.
À son insu Amour l'a surprise.
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
Près de sa dame, elle coud et taille,
mais moins habile qu'à l'accoutumée,
distraite, elle se pique le doigt.
(Tout aussitôt sa mère l'aperçoit.)
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Belle Églantine, ôtez votre surcot,
je veux dessous voir votre joli corps.
— Non, Madame, le froid apporte la mort. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Belle Églantine, quel mal donc vous mine,
qui vous fait pâlir et épaissir ?
— Ma chère dame, je ne puis plus le nier. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Oui, j'ai aimé un séduisant guerrier,
le preux Henri qui est tant estimé.
Si vous m'aimez, de moi ayez pitié. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Belle Églantine, vous épousera-t-il ?
— Je ne le sais, jamais ne l'ai requis.
— Belle Églantine, allez-vous-en d'ici. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« De ma part demandez à Henri
s'il veut vous prendre ou vous laisser ainsi.
— Bien volontiers, Madame. », a-t-elle dit.
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
Belle Églantine a quitté son logis,
tout droit est venue à l'hôtel d'Henri.
Le comte Henri était couché au lit.
Écoutez bien ce que la belle a dit.
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Seigneur Henri, dormez-vous ? Veillez-vous ?
Églantine au visage clair vous demande
si vous voulez la prendre pour épouse.
— Oui, répond-il. Quelle joie d'être à vous ! »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
En l'entendant, Henri fut très joyeux.
Il fit monter jusqu'à vingt chevaliers,
en son pays il emmena la belle
dont il fit sa femme et puissante comtesse.
Qu'il est heureux
le comte Henri d'avoir belle Églantine !
Dans une chambre somptueuse, Belle Églantine
près de sa dame cousait une chemise.
À son insu Amour l'a surprise.
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
Près de sa dame, elle coud et taille,
mais moins habile qu'à l'accoutumée,
distraite, elle se pique le doigt.
(Tout aussitôt sa mère l'aperçoit.)
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Belle Églantine, ôtez votre surcot,
je veux dessous voir votre joli corps.
— Non, Madame, le froid apporte la mort. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Belle Églantine, quel mal donc vous mine,
qui vous fait pâlir et épaissir ?
— Ma chère dame, je ne puis plus le nier. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Oui, j'ai aimé un séduisant guerrier,
le preux Henri qui est tant estimé.
Si vous m'aimez, de moi ayez pitié. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Belle Églantine, vous épousera-t-il ?
— Je ne le sais, jamais ne l'ai requis.
— Belle Églantine, allez-vous-en d'ici. »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« De ma part demandez à Henri
s'il veut vous prendre ou vous laisser ainsi.
— Bien volontiers, Madame. », a-t-elle dit.
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
Belle Églantine a quitté son logis,
tout droit est venue à l'hôtel d'Henri.
Le comte Henri était couché au lit.
Écoutez bien ce que la belle a dit.
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
« Seigneur Henri, dormez-vous ? Veillez-vous ?
Églantine au visage clair vous demande
si vous voulez la prendre pour épouse.
— Oui, répond-il. Quelle joie d'être à vous ! »
Écoutez bien
ce que fit la belle Églantine.
En l'entendant, Henri fut très joyeux.
Il fit monter jusqu'à vingt chevaliers,
en son pays il emmena la belle
dont il fit sa femme et puissante comtesse.
Qu'il est heureux
le comte Henri d'avoir belle Églantine !
- retraitéeDoyen
Chanson de toile
La chanson de toile, aussi appelée chanson d’histoire, est un genre littéraire du Moyen Âge, ainsi appelée sans doute car les femmes la chantaient en travaillant. À moitié narrative, cette chanson nous expose en un petit tableau une aventure ou une simple situation d'amour. Elle est en vers de huit à dix syllabes assonantes et se compose de quelques strophes de 4, 5, 6 ou 8 vers, munies d'un refrain.
Émilie Simon a écrit une chanson sur ce principe, justement intitulée Chanson de toile, sur son premier album.
Voici la traduction en français moderne d'une des plus célèbres chansons de toile, anonyme, du xiie siècle :
Belle Doette
Belle Doette à la fenêtre assise,
Un livre lit qui au cœur ne la tient;
De son ami Doon lui ressouvient,
Qui loin ailleurs est allé en tournoi.
Et ore en ai deuil.
Un écuyer, aux degrés de la salle,
Est descendu, a détaché sa malle.
Belle Doette a descendu les marches
Ne pensant pas ouïr triste nouvelle.
Et ore en ai deuil.
Belle Doette alors lui demanda :
Où est Doon que je n'ai vu de longtemps ?
Lui eut tel deuil que de pitié pleura.
Belle Doette aussitôt se pâma.
Et ore en ai deuil.
Belle Doette alors debout dressée
Voit l'écuyer, vers lui s'est dirigée.
En son cœur est dolente et en souci
Pour son seigneur qu'elle n'aperçoit mie.
Et ore en ai deuil.
Belle Doette à demander se prit :
« Où est mon sire à qui tant d'amour doit? »
- Par Dieu ne puis, dame, plus vous céler:
Mort est mon sire, occis fut au joûter.
Et ore en ai deuil.
Belle Doette à son deuil s'est donnée :
"Ah ! quel malheur, comte loyal et noble !
Pour votre amour je vêtirai la haire,
Et sur mon corps n'aurai pelisse vaire.
Et ores en ai deuil.
Pour vous deviendrai nonne en l'église Saint-Paul.
Pour vous ferai une telle abbaye :
Quand jour sera de fête proclamée,
Si quelqu'un vient, en amour infidèle,
De ce moutier ne trouvera l'entrée.
Et ore en ai deuil.
Pour vous deviendrai nonne en l'église Saint-Paul.
Belle Doette a fondé son moutier
Qui moult est grand et deviendra plus grand.
Celles et ceux y voudra attirer,
Qui pour amour savent peine et malheur.
Et ore en ai deuil :
Pour vous deviendrai nonne en l'église Saint-Paul.
Nana Mouskouri a chanté une version transformée et simplifiée de cette chanson.
La chanson de toile, aussi appelée chanson d’histoire, est un genre littéraire du Moyen Âge, ainsi appelée sans doute car les femmes la chantaient en travaillant. À moitié narrative, cette chanson nous expose en un petit tableau une aventure ou une simple situation d'amour. Elle est en vers de huit à dix syllabes assonantes et se compose de quelques strophes de 4, 5, 6 ou 8 vers, munies d'un refrain.
Émilie Simon a écrit une chanson sur ce principe, justement intitulée Chanson de toile, sur son premier album.
Voici la traduction en français moderne d'une des plus célèbres chansons de toile, anonyme, du xiie siècle :
Belle Doette
Belle Doette à la fenêtre assise,
Un livre lit qui au cœur ne la tient;
De son ami Doon lui ressouvient,
Qui loin ailleurs est allé en tournoi.
Et ore en ai deuil.
Un écuyer, aux degrés de la salle,
Est descendu, a détaché sa malle.
Belle Doette a descendu les marches
Ne pensant pas ouïr triste nouvelle.
Et ore en ai deuil.
Belle Doette alors lui demanda :
Où est Doon que je n'ai vu de longtemps ?
Lui eut tel deuil que de pitié pleura.
Belle Doette aussitôt se pâma.
Et ore en ai deuil.
Belle Doette alors debout dressée
Voit l'écuyer, vers lui s'est dirigée.
En son cœur est dolente et en souci
Pour son seigneur qu'elle n'aperçoit mie.
Et ore en ai deuil.
Belle Doette à demander se prit :
« Où est mon sire à qui tant d'amour doit? »
- Par Dieu ne puis, dame, plus vous céler:
Mort est mon sire, occis fut au joûter.
Et ore en ai deuil.
Belle Doette à son deuil s'est donnée :
"Ah ! quel malheur, comte loyal et noble !
Pour votre amour je vêtirai la haire,
Et sur mon corps n'aurai pelisse vaire.
Et ores en ai deuil.
Pour vous deviendrai nonne en l'église Saint-Paul.
Pour vous ferai une telle abbaye :
Quand jour sera de fête proclamée,
Si quelqu'un vient, en amour infidèle,
De ce moutier ne trouvera l'entrée.
Et ore en ai deuil.
Pour vous deviendrai nonne en l'église Saint-Paul.
Belle Doette a fondé son moutier
Qui moult est grand et deviendra plus grand.
Celles et ceux y voudra attirer,
Qui pour amour savent peine et malheur.
Et ore en ai deuil :
Pour vous deviendrai nonne en l'église Saint-Paul.
Nana Mouskouri a chanté une version transformée et simplifiée de cette chanson.
- retraitéeDoyen
Voir aussi les pastourelles,
Pastourelle
Cette pastourelle est l’oeuvre d’un grand seigneur, le comte Jean de Brienne (mort en 1237) qui fut roi de Jérusalem, puis régent de Constantinople. Le texte original est rédigé en vers de sept syllabes, groupées en strophes de six vers. Les strophes sont ponctuées par un refrain: “Aé”. L’ensemble est très scandé, très chantant. Le poème s’ouvre sur un joli tableau champêtre. La conversation s’engage aussitôt, et le chevalier va droit au fait: mais la bergère n’est pas impressionnée ni par sa hardiesse ni par sa mine. Son franc parler est amusant et sympathique. Le jeune homme aura beau la tenter, fière et sage, fidèle aussi, elle le repoussera. Le dialogue est plein de vivacité et de naturel. Bref,ce genre, qui deviendra plus tard si conventionnel, offre ici tout le charme de la spontanéité.
1. 1. Sous l’ombre d’un bois trouvai pastoure à mon goût; contre l’hiver était bien protégée la fillette aux blonds cheveux. La voyant sans compagnie, je laisse mon chemin et vais vers elle. Aé!
2. 2. La fille n’avait compagnon, hormis son chien et son bâton. A cause du froid, serrée dans sa cape, elle était blottie contre un buisson. Aux accents de sa flûte elle évoque Garinet et Robichon. Aé!
3. 3. Quand je la vis, aussitôt je me dirige vers elle, mettant pied à terre, et lui dis:”Pastourelle, mon amie, de bon coeur je me rends à vous: faisons tonnelle de feuillage, gentiment nous nous aimerons.” Aé!
4. 4. “ Seigneur, ôtez-vous de là! ce langage je l’ai déjà entendu. Je ne suis pas à la disposition de quiconque me dit: Viens çà! Vous avez beau avoir selle dorée, jamais Garinet n’y perdra.” Aé!
5. 5. “Pastourelle, si tu veux bien, tu seras dame d’un château. Ote ta pauvre chape grise, mets ce manteau de vair; ainsi tu ressembleras à la fraïche rose qui vient de s’épanouir.” Aé!
6. 6. “Seigneur, voilà un grand engagement; mais bien folle celle qui accepte ainsi, d’un inconnu, manteau de vair ou parure, si elle ne cède à sa prière et ne consent à ses voeux.” Aé!
7. 7. “Pastourelle, sur ma foi, je te trouve si belle que je ferai de toi, si tu veux, dame parée, noble et fière. Laisse l’amour des rusteauds, et te remets toute à moi.”Aé!
8. 8. “Seigneur, paix! Je vous en prie; je n’ai pas le coeur si vil: j’aime mieux humble bonheur sous la feuillée avec mon ami que d’être dame dans une chambre lambrissée pour chacun me méprise. “Aé!
les rondeaux,
les ballades,
et chez Villon
http://www.poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/recherche.php?nbRechercheDunAuteur=1&Auteur=VILLON%20Fran%E7ois&Pays=&Age=14&Vers=&Titre=&mots_entiers=
Charles d'Orléans
Rutebeuf
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés ?
Ils ont été trop clair semés,
Je crois, le vent les a ôtés,
L’amour est morte,
Ce sont amis que vent me porte,
Et il ventait devant ma porte,
Les emporta
Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d’hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m’était à venir
M’est advenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M’a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m’évente
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta.
Rutebeuf | 1230 – 1285
Pastourelle
Cette pastourelle est l’oeuvre d’un grand seigneur, le comte Jean de Brienne (mort en 1237) qui fut roi de Jérusalem, puis régent de Constantinople. Le texte original est rédigé en vers de sept syllabes, groupées en strophes de six vers. Les strophes sont ponctuées par un refrain: “Aé”. L’ensemble est très scandé, très chantant. Le poème s’ouvre sur un joli tableau champêtre. La conversation s’engage aussitôt, et le chevalier va droit au fait: mais la bergère n’est pas impressionnée ni par sa hardiesse ni par sa mine. Son franc parler est amusant et sympathique. Le jeune homme aura beau la tenter, fière et sage, fidèle aussi, elle le repoussera. Le dialogue est plein de vivacité et de naturel. Bref,ce genre, qui deviendra plus tard si conventionnel, offre ici tout le charme de la spontanéité.
1. 1. Sous l’ombre d’un bois trouvai pastoure à mon goût; contre l’hiver était bien protégée la fillette aux blonds cheveux. La voyant sans compagnie, je laisse mon chemin et vais vers elle. Aé!
2. 2. La fille n’avait compagnon, hormis son chien et son bâton. A cause du froid, serrée dans sa cape, elle était blottie contre un buisson. Aux accents de sa flûte elle évoque Garinet et Robichon. Aé!
3. 3. Quand je la vis, aussitôt je me dirige vers elle, mettant pied à terre, et lui dis:”Pastourelle, mon amie, de bon coeur je me rends à vous: faisons tonnelle de feuillage, gentiment nous nous aimerons.” Aé!
4. 4. “ Seigneur, ôtez-vous de là! ce langage je l’ai déjà entendu. Je ne suis pas à la disposition de quiconque me dit: Viens çà! Vous avez beau avoir selle dorée, jamais Garinet n’y perdra.” Aé!
5. 5. “Pastourelle, si tu veux bien, tu seras dame d’un château. Ote ta pauvre chape grise, mets ce manteau de vair; ainsi tu ressembleras à la fraïche rose qui vient de s’épanouir.” Aé!
6. 6. “Seigneur, voilà un grand engagement; mais bien folle celle qui accepte ainsi, d’un inconnu, manteau de vair ou parure, si elle ne cède à sa prière et ne consent à ses voeux.” Aé!
7. 7. “Pastourelle, sur ma foi, je te trouve si belle que je ferai de toi, si tu veux, dame parée, noble et fière. Laisse l’amour des rusteauds, et te remets toute à moi.”Aé!
8. 8. “Seigneur, paix! Je vous en prie; je n’ai pas le coeur si vil: j’aime mieux humble bonheur sous la feuillée avec mon ami que d’être dame dans une chambre lambrissée pour chacun me méprise. “Aé!
les rondeaux,
les ballades,
et chez Villon
http://www.poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/recherche.php?nbRechercheDunAuteur=1&Auteur=VILLON%20Fran%E7ois&Pays=&Age=14&Vers=&Titre=&mots_entiers=
Charles d'Orléans
Rutebeuf
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés ?
Ils ont été trop clair semés,
Je crois, le vent les a ôtés,
L’amour est morte,
Ce sont amis que vent me porte,
Et il ventait devant ma porte,
Les emporta
Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d’hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m’était à venir
M’est advenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M’a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m’évente
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta.
Rutebeuf | 1230 – 1285
- retraitéeDoyen
Colin Muset
http://www.clg-fraissinet.ac-aix-marseille.fr/spip/IMG/pdf/Cours_no2_-_Sire_cuens_j_ai_viele.pdf
http://www.clg-fraissinet.ac-aix-marseille.fr/spip/IMG/pdf/Cours_no2_-_Sire_cuens_j_ai_viele.pdf
- retraitéeDoyen
Une foule de textes sur ce lien
http://lelivrescolaire.fr/18/1_Francais_5e.html#Chapitre=222
http://lelivrescolaire.fr/18/1_Francais_5e.html#Chapitre=222
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum