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- LodyNiveau 10
Bonjour à tous,
Besoin d'un petit coup de pouce bibliographique ou sitographique. J'ai commencé à travailler sur Suétone, mais n'ayant pas eu la chance de bénéficier d'un enseignement sur cet auteur durant mes années universitaires et n'ayant pas accès à une BU, je me retrouve un peu dépourvue.
Où en sont les recherches historiques sur les Vies de Suétone : est-il toujours considéré comme le parfait collecteur des ragots impériaux ? Certes l'introduction de l'édition de poche des Belles Lettres souligne les qualités de ses recherches "documentaires". Mais il fait des choix très douteux (d'accord, dans le but d'éduquer les futurs princes, cf. Vie de Domitien, mais bon...). Peut-on réellement parler d'Histoire ?
Vous l'aurez compris sans doute, Suétone m'agace... J'aurai donc besoin de faire un point sur les études critiques le concernant. Vous auriez des pistes ?
Merci d'avance.
Besoin d'un petit coup de pouce bibliographique ou sitographique. J'ai commencé à travailler sur Suétone, mais n'ayant pas eu la chance de bénéficier d'un enseignement sur cet auteur durant mes années universitaires et n'ayant pas accès à une BU, je me retrouve un peu dépourvue.
Où en sont les recherches historiques sur les Vies de Suétone : est-il toujours considéré comme le parfait collecteur des ragots impériaux ? Certes l'introduction de l'édition de poche des Belles Lettres souligne les qualités de ses recherches "documentaires". Mais il fait des choix très douteux (d'accord, dans le but d'éduquer les futurs princes, cf. Vie de Domitien, mais bon...). Peut-on réellement parler d'Histoire ?
Vous l'aurez compris sans doute, Suétone m'agace... J'aurai donc besoin de faire un point sur les études critiques le concernant. Vous auriez des pistes ?
Merci d'avance.
- OlympiasProphète
http://docnum.univ-lorraine.fr/public/NANCY2/doc78/2003NAN21005_1.pdf
une thèse
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/itinera/Enseignement/Glor2330/Suetone_caligula/intro.htm#historique
une thèse
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/itinera/Enseignement/Glor2330/Suetone_caligula/intro.htm#historique
- LodyNiveau 10
Youpi ! Merci. Je vais de ce pas commencer mes lectures.
(Pour le 1er lien, j'ai subi les cours creux de sa directrice de thèse durant plusieurs années => je me méfie un peu...)
(Pour le 1er lien, j'ai subi les cours creux de sa directrice de thèse durant plusieurs années => je me méfie un peu...)
- clo74Niveau 9
Merci Lody d'avoir posé la question, je me demandais moi aussi où trouver des études critiques du texte de Suétone.
Concernant le premier lien, j'ai simplement lu l'introduction et la table des matières, mais cela me laisse perplexe : c'est bien une thèse? Je ne sais pas, cela me semble... léger, dirons-nous. Bon, ne préjugeons pas, je la lirai demain, à tête reposée.
Merci en tout cas pour ces infos!
Concernant le premier lien, j'ai simplement lu l'introduction et la table des matières, mais cela me laisse perplexe : c'est bien une thèse? Je ne sais pas, cela me semble... léger, dirons-nous. Bon, ne préjugeons pas, je la lirai demain, à tête reposée.
Merci en tout cas pour ces infos!
- JohnMédiateur
L'ouvrage Présence de Suétone (2009) doit être très intéressant en ce qui concerne la réception de Suétone (les ouvrages similaires sur Virgile, Cicéron, Ovide,... sont très bien faits).
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- AbraxasDoyen
Il y a une très belle étude due à Roger Vailland (http://fr.wikipedia.org/wiki/Suétone_(Vailland)), que j'ai lue il y a longtemps, qui a dû servir de préface à une édition des années 60. Tout à fait remarquable — tend à démontrer que Suétone est en fait un républicain, et que ses Vies sont une machine de guerre à démonter le pouvoir impérial.
- IphigénieProphète
Peut-on réellement parler d'Histoire ?
Etait-ce bien le but?
Regard de moraliste désabusé (qui expose plus qu'il ne juge, ce n'est pas Tacite) dans un temps où "il n'y a plus d'histoire" avec le régime impérial qui confisque le pouvoir des sénateurs?
(Si j'ai bien compris Vailland cherche surtout à travers le texte latin l'écho des méfaits du totalitarisme à la Staline.).
Une synthèse contemporaine sur Suétone dans "Les genres littéraires à Rome" de Gaillard et Martin?(court, bref,simple:D et clair)
- NLM76Grand Maître
Lefteris répondra mieux que moi quand il aura accès à internet. Il m'a dit que le bouquin de Cizek lui a semblé le plus intéressant.
L'introduction aux Vies dans Le livre de poche est assez intéressante et synthétique. Il faut lire, sans doute, le livre qu'évoque John, ainsi que le texte de Vailland qu'évoque Abraxas. Surtout, avant de vous encombrer de lectures critiques, lisez Suétone dans le texte, qui est vraiment très méchant et très drôle.
Tenez, je viens de relire le chapitre II. A la fin du premier chapitre, il annonce qu'il va évoquer les vertus des ancêtres de Néron, avec leurs vices. Dans le chapitre II, voyez les "vertus" du trisaïeul: s'il donne au peuple le pouvoir de subroger les prêtres, c'est uniquement par ressentiment: il avait été écarté par la cooptation. S'il redonne courage aux Marseillais, c'est pour les abandonner aussitôt.
Et que pensez-vous de ce at qui introduit la deuxième phrase du chapitre ? Certes le mot a souvent en latin un sens affaibli; mais j'ai tendance à croire davantage au foutage de gueule caractérisé : "C'était vraiment un minable (réforme qui n'était qu'une mesquinerie); MAIS, d'un autre côté, il était vraiment pitoyable (parodie de triomphe)".
L'introduction aux Vies dans Le livre de poche est assez intéressante et synthétique. Il faut lire, sans doute, le livre qu'évoque John, ainsi que le texte de Vailland qu'évoque Abraxas. Surtout, avant de vous encombrer de lectures critiques, lisez Suétone dans le texte, qui est vraiment très méchant et très drôle.
Tenez, je viens de relire le chapitre II. A la fin du premier chapitre, il annonce qu'il va évoquer les vertus des ancêtres de Néron, avec leurs vices. Dans le chapitre II, voyez les "vertus" du trisaïeul: s'il donne au peuple le pouvoir de subroger les prêtres, c'est uniquement par ressentiment: il avait été écarté par la cooptation. S'il redonne courage aux Marseillais, c'est pour les abandonner aussitôt.
Et que pensez-vous de ce at qui introduit la deuxième phrase du chapitre ? Certes le mot a souvent en latin un sens affaibli; mais j'ai tendance à croire davantage au foutage de gueule caractérisé : "C'était vraiment un minable (réforme qui n'était qu'une mesquinerie); MAIS, d'un autre côté, il était vraiment pitoyable (parodie de triomphe)".
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- http://instruire.fr
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- LodyNiveau 10
Merci John et Abraxas
Bonjour Iphigénie. Effectivement, Suétone n'a pas écrit les Vies dans l'idée de faire oeuvre d'historien, au sens où on l'entend aujourd'hui. Ce que j'aimerais savoir, c'est comment les historiens d'aujourd'hui abordent cette source, étant donné qu'on le considère généralement comme un historien.
Peux-tu développer ce point que vous semblez tous connaître, concernant les visées politiques du chevalier Suétone ? Le pouvoir est déjà depuis bien longtemps confisqué par les empereurs au détriment du Sénat. Suétone cherchait-il alors à réveiller l'attention des sénateurs ? Et qu'en est-il alors de sa position vis-à-vis d'Hadrien ?
Merci de ton aide.
iphigénie a écrit:Peut-on réellement parler d'Histoire ?
Etait-ce bien le but?
Regard de moraliste désabusé (qui expose plus qu'il ne juge, ce n'est pas Tacite) dans un temps où "il n'y a plus d'histoire" avec le régime impérial qui confisque le pouvoir des sénateurs?
(Si j'ai bien compris Vailland cherche surtout à travers le texte latin l'écho des méfaits du totalitarisme à la Staline.).
Une synthèse contemporaine sur Suétone dans "Les genres littéraires à Rome" de Gaillard et Martin?(court, bref,simple:D et clair)
Bonjour Iphigénie. Effectivement, Suétone n'a pas écrit les Vies dans l'idée de faire oeuvre d'historien, au sens où on l'entend aujourd'hui. Ce que j'aimerais savoir, c'est comment les historiens d'aujourd'hui abordent cette source, étant donné qu'on le considère généralement comme un historien.
Peux-tu développer ce point que vous semblez tous connaître, concernant les visées politiques du chevalier Suétone ? Le pouvoir est déjà depuis bien longtemps confisqué par les empereurs au détriment du Sénat. Suétone cherchait-il alors à réveiller l'attention des sénateurs ? Et qu'en est-il alors de sa position vis-à-vis d'Hadrien ?
Merci de ton aide.
- LodyNiveau 10
Bonjour nim76
Le at, pour moi, souligne l'opposition entre l'orgueil qui apporte qqc au peuple et l'orgueil qui n'a d'autre conséquence que l'intérêt personnel. Mais ce n'est que mon très humble avis.
Je suis bien d'accord et ne m'en suis pas privée. Je cherche à aller plus loin, et je dois avouer que je ne maîtrise pas parfaitement le contexte (et du coup la portée) de l'écriture des Vies. D'où ma question : Suétone = un simple collecteur de ragots ?nlm76 a écrit:Lefteris répondra mieux que moi quand il aura accès à internet. Il m'a dit que le bouquin de Cizek lui a semblé le plus intéressant.
L'introduction aux Vies dans Le livre de poche est assez intéressante et synthétique. Il faut lire, sans doute, le livre qu'évoque John, ainsi que le texte de Vailland qu'évoque Abraxas. Surtout, avant de vous encombrer de lectures critiques, lisez Suétone dans le texte, qui est vraiment très méchant et très drôle.
C'est justement le passage que j'ai choisi pour mon 1er texte sur cette oeuvre (et non pas le début du I. qui me semble peu intéressant à commenter). Je suis en train de le finir et le posterai ce week-end pour le soumettre à votre sagacité.nlm76 a écrit:Tenez, je viens de relire le chapitre II. A la fin du premier chapitre, il annonce qu'il va évoquer les vertus des ancêtres de Néron, avec leurs vices. Dans le chapitre II, voyez les "vertus" du trisaïeul: s'il donne au peuple le pouvoir de subroger les prêtres, c'est uniquement par ressentiment: il avait été écarté par la cooptation. S'il redonne courage aux Marseillais, c'est pour les abandonner aussitôt.
Et que pensez-vous de ce at qui introduit la deuxième phrase du chapitre ? Certes le mot a souvent en latin un sens affaibli; mais j'ai tendance à croire davantage au foutage de gueule caractérisé : "C'était vraiment un minable (réforme qui n'était qu'une mesquinerie); MAIS, d'un autre côté, il était vraiment pitoyable (parodie de triomphe)".
Le at, pour moi, souligne l'opposition entre l'orgueil qui apporte qqc au peuple et l'orgueil qui n'a d'autre conséquence que l'intérêt personnel. Mais ce n'est que mon très humble avis.
- IphigénieProphète
Bon alors, j'ai moi aussi fouillé les "archives" pour retrouver de vieux "restes" que je savais avoir, mais où????Lody a écrit:Merci John et Abraxasiphigénie a écrit:Peut-on réellement parler d'Histoire ?
Etait-ce bien le but?
Regard de moraliste désabusé (qui expose plus qu'il ne juge, ce n'est pas Tacite) dans un temps où "il n'y a plus d'histoire" avec le régime impérial qui confisque le pouvoir des sénateurs?
(Si j'ai bien compris Vailland cherche surtout à travers le texte latin l'écho des méfaits du totalitarisme à la Staline.).
Une synthèse contemporaine sur Suétone dans "Les genres littéraires à Rome" de Gaillard et Martin?(court, bref,simple:D et clair)
Bonjour Iphigénie. Effectivement, Suétone n'a pas écrit les Vies dans l'idée de faire oeuvre d'historien, au sens où on l'entend aujourd'hui. Ce que j'aimerais savoir, c'est comment les historiens d'aujourd'hui abordent cette source, étant donné qu'on le considère généralement comme un historien.
Peux-tu développer ce point que vous semblez tous connaître, concernant les visées politiques du chevalier Suétone ? Le pouvoir est déjà depuis bien longtemps confisqué par les empereurs au détriment du Sénat. Suétone cherchait-il alors à réveiller l'attention des sénateurs ? Et u'en est-il alors de sa position vis-à-vis d'Hadrien ?
Merci de ton aide.
D'après un vieux cours d'agreg de R. Combes sur la Vie d'AUguste, voici son opinion sur Suétone et l'histoire:
D'abord:faisant référence à l'étude de Cizek et à la thèse de doctorat de J Gascou( Suetone historien, 1979):
Je passe à la conclusion qui me paraît ouvrir une piste intéressante:"ces études ont corrigé l'habitude habituelle qui comparait systématiquement Suétone avec Tacite sans tenir compte de leur différence fondamentale dans leur situation et leur visée.Suétone, haut fonctionnaire impérial est au service de l'Empire.Tacite membre d'un sénat souvent en conflit avec les empereurs est dans une position ambiguë.D'autre part, Suétone a voulu présenter la vue qu'il portait sur eux d'une façon particulièrement différente de la tradition historiographique à laquelle Tacite a emprunté sa forme la plus ancienne, Les Annales.
Le grec Plutarque a lui aussi écrit des Vies à la même époque et il aura comme Suétone une influence longue et profonde sur l'imagination collective et artistique."(...)
"Suétone s'insère dans l'évolution qui a conduit la société romaine à mettre "en relief" les personnalités. Caton l'Ancien ne désignait les acteurs de son récit historique que par la fonction dont la cité les avait investis: ils n'étaient que ses "outils" et ses représentants. Puis les historiens ont ajouté à ce récit le portrait des personnages qui se "distinguaient" comme le réclamait Cicéron.Dans Suétone, le rapport s'est inversé, parce que le personnage est devenu le centre vital de la cité. Aussi les "rubriques" qui analysent sa personnalité sont utilisées à partir du moment où il accède au pouvoir ou bien, pour Auguste, où il entame le processus fondamental qui non seulement l'y conduit mais qui fonde la nouvelle forme de ce pouvoir et enfin, puisqu'il y atteint sous l'effet de sa mission de "vengeur de César", qui explique l'unité donnée aux Douze Césars. C'est une forme d'histoire qui est encore très moderne par la plénitude de la présentation qui passe par dessus tous les interdits et par le souci de l'exactitude de la documentation.Elle garde de son époque les préoccupations morales qui lui font oublier malgré ces efforts vers une histoire "totale", l'action des forces matérielles.
Voilà si ça peut faire avancer le schmilblick:D
J'en déduis : pas simple collecteur de ragots, un réel souci d'exactitude dans la documentation ça c'est plutôt moderne), une visée plus littéraire et morale que politique (ça ce n'est pas très scientifique), pas d'intérêt personnel dans la revendication du pouvoir des sénateurs puisque chevalier et plutôt attaché à l'empire dont il est un haut fonctionnaire(ça ce n'est pas la thèse de Vailland).Ce qui n'empêche pas son regard pour le moins détaché sur les Douze, leurs grandeurs et petitesses individuelles.
Et je passe le relais aux spécialistes
- SphinxProphète
Tu peux aussi lire J. Gascou, Suétone Historien. (J'annonce tout de suite que je le connais pour être passée devant à la bibli mais non pour l'avoir lu, donc je ne sais pas ce que ça vaut)
Edit : doublée par Iphigénie !
Edit : doublée par Iphigénie !
- LefterisEsprit sacré
Voilà, fragilement connecté , mais je n’ai évidemment aucun document là où je suis (en vacances, mais le « cerveau » me rappelle à mes devoirs ). Je rédige de tête, ça sera donc superficiel.
Evidemment, je n’ai pas la prétention d’avoir tout lu (d’autant que le boss m’avait donné un délai, et qu’il fallait aussi annoter copieusement les realia…) mais j’ai quand même remarqué dans tout ce que j’ai feuilleté, que Suétone est le plus souvent considéré comme un compilateur, voire un auteur mineur, sans réflexion ni esprit critique. Des spécialistes de la littérature comme Grimal, Bayet et d’autres l’expédient en quelques lignes. Et l’on a l’impression que ce jugement de transmet de génération. Les historiens aiment Suétone pour les informations historiques fournies mais ne lui accordent pas non plus une grande place parmi les auteurs (je pense à P. Petit)
Celui qui m’a le plus convaincu est quand même Cizek, qui argumente de manière précise, à condition de bien relire à la lumière des éléments qu’il donne Suétone, et de mettre la vie de Néron en perspective des autres vies. Il incite vraiment à le lire avec attention.
Suétone utilise une méthode qui en elle-même n’est pas anodine, mélangeant des genres existant, selon un agencement calculé (biographie, chronologie historique, exitus), et paraît en elle-même signifiante. Il met l’accent sur les monarques à une époque où le principat est chose entérinée, où Hadrien prend les commandes après Trajan (le modèle du bon prince pour Suétone, comme pour son protecteur Pline) et ce choix n’est pas neutre, pas plus que les éléments biographiques ou les anecdotes choisies. Il s’agit de dresser en creux le portrait du bon prince.
Les Césars ne sont globalement pas flattés, mais il y a de grandes différences entre eux, c’est une question de degrés, de bilan global qui ressort de la lecture de chaque vie et de la synthèse de toutes, et si l’on regarde de plus près, on s’aperçoit que ceux qui sont tout noirs présentent plus d’un point commun , par exemple Caligula, Néron, Domitien, Vitellius : « orientalisme » exagéré, dépravation hors du commun et contraire au mos majorum, fantaisies personnelles avant le sens de l’Etat, et même nuisibles à celui-ci, et à chaque fois en méprisant et foulant au pied l’aristocratie sénatorial et l’ordre équestre. On remarquera par exemple que l’exitus de Domitien et celle de Néron sont évoquées, contrairement au plan global des Vies, après leurs actes, comme conséquence directe de ceux-ci, qui eux-mêmes n’ont eu lieu que conformément aux fantaisies individuelles tordues des monarques.
On peut en faire la démonstration avec des empereurs plutôt négatifs comme Tibère, mais rachetés partiellement par une volonté de respect du sénat (il gâche tout par la suite) et des actes favorables à Rome et à son prestige (militaires, politiques). On voit aussi de qualités chez Claude. Rien de tout cela chez les monarques histrions capricieux et sanguinaires. Un des moins amochés est Vespasien : non qu’il soit exempt de défauts, mais ces défauts ne déteignent pas sur l’Etat, au contraire même : ses mœurs un peu rustiques servent Rome. Il serait intéressant pour un oisif (pas moi, hein…) de faire un tableau comparatif, et cela ressortirait.
Sur le plan littéraire, Suétone choisit l’apparente neutralité pour mieux choquer, il choisit même de détails incroyables, auquel lui-même très certainement ne peut accorder foi, que pour en faire sortir le caractère cruellement ridicule, bouffon , sur un ton pince-sans- rire (je crois que l’expression est de Cizek, je la reprends à mon compte. Par exemple, dans la Vie de Néron, l’épisode des citoyens « prisonniers » plusieurs jours du spectacle de Néron, avec les femmes qui accouchent, les hommes qui font le mur où font semblant d’être morts pour être emportés vaut son pesant de moutarde. Et pourtant, le récit est parfaitement neutre, comme si l’auteur rapportait un fait parmi d’autre, et s’étant déroulé tel quel.
Il faut imaginer des lectures publiques (on ne lisait pas pour soi, seul et mentalement) dans les milieux huppés, sénatoriaux et équestres, voire en présence du princeps.
Mais que penser de cette neutralité de façade quand Suétone laisse tomber le masque , intervient personnellement un peu plus loin, et dit en substance que l’empire se débarrasse de ce fléau au bout de 14 ans ? Quand la généalogie montre des ancêtres, comme par hasard, violents, pervers, ayant des goûts de cocher et d’histrion ?
Il utilise donc semble-t-il le fait divers étrange, violent, sanguinolent, scabreux (la sexualité de Néron par exemple, est choquante pour un romain, dégradante même , lire par exemple P. Veyne sur ce sujet que je ne peux aborder sans rougir), mais à la fois pour capter l’attention (le procédé est éternel, et c’est d’ailleurs ce qui a fait aimer Suétone dans les temps modernes), faire rire ou sourire , tout en distillant les bons et les mauvais points quant à la manière d’être au pouvoir.
Evidemment, je n’ai pas la prétention d’avoir tout lu (d’autant que le boss m’avait donné un délai, et qu’il fallait aussi annoter copieusement les realia…) mais j’ai quand même remarqué dans tout ce que j’ai feuilleté, que Suétone est le plus souvent considéré comme un compilateur, voire un auteur mineur, sans réflexion ni esprit critique. Des spécialistes de la littérature comme Grimal, Bayet et d’autres l’expédient en quelques lignes. Et l’on a l’impression que ce jugement de transmet de génération. Les historiens aiment Suétone pour les informations historiques fournies mais ne lui accordent pas non plus une grande place parmi les auteurs (je pense à P. Petit)
Celui qui m’a le plus convaincu est quand même Cizek, qui argumente de manière précise, à condition de bien relire à la lumière des éléments qu’il donne Suétone, et de mettre la vie de Néron en perspective des autres vies. Il incite vraiment à le lire avec attention.
Suétone utilise une méthode qui en elle-même n’est pas anodine, mélangeant des genres existant, selon un agencement calculé (biographie, chronologie historique, exitus), et paraît en elle-même signifiante. Il met l’accent sur les monarques à une époque où le principat est chose entérinée, où Hadrien prend les commandes après Trajan (le modèle du bon prince pour Suétone, comme pour son protecteur Pline) et ce choix n’est pas neutre, pas plus que les éléments biographiques ou les anecdotes choisies. Il s’agit de dresser en creux le portrait du bon prince.
Les Césars ne sont globalement pas flattés, mais il y a de grandes différences entre eux, c’est une question de degrés, de bilan global qui ressort de la lecture de chaque vie et de la synthèse de toutes, et si l’on regarde de plus près, on s’aperçoit que ceux qui sont tout noirs présentent plus d’un point commun , par exemple Caligula, Néron, Domitien, Vitellius : « orientalisme » exagéré, dépravation hors du commun et contraire au mos majorum, fantaisies personnelles avant le sens de l’Etat, et même nuisibles à celui-ci, et à chaque fois en méprisant et foulant au pied l’aristocratie sénatorial et l’ordre équestre. On remarquera par exemple que l’exitus de Domitien et celle de Néron sont évoquées, contrairement au plan global des Vies, après leurs actes, comme conséquence directe de ceux-ci, qui eux-mêmes n’ont eu lieu que conformément aux fantaisies individuelles tordues des monarques.
On peut en faire la démonstration avec des empereurs plutôt négatifs comme Tibère, mais rachetés partiellement par une volonté de respect du sénat (il gâche tout par la suite) et des actes favorables à Rome et à son prestige (militaires, politiques). On voit aussi de qualités chez Claude. Rien de tout cela chez les monarques histrions capricieux et sanguinaires. Un des moins amochés est Vespasien : non qu’il soit exempt de défauts, mais ces défauts ne déteignent pas sur l’Etat, au contraire même : ses mœurs un peu rustiques servent Rome. Il serait intéressant pour un oisif (pas moi, hein…) de faire un tableau comparatif, et cela ressortirait.
Sur le plan littéraire, Suétone choisit l’apparente neutralité pour mieux choquer, il choisit même de détails incroyables, auquel lui-même très certainement ne peut accorder foi, que pour en faire sortir le caractère cruellement ridicule, bouffon , sur un ton pince-sans- rire (je crois que l’expression est de Cizek, je la reprends à mon compte. Par exemple, dans la Vie de Néron, l’épisode des citoyens « prisonniers » plusieurs jours du spectacle de Néron, avec les femmes qui accouchent, les hommes qui font le mur où font semblant d’être morts pour être emportés vaut son pesant de moutarde. Et pourtant, le récit est parfaitement neutre, comme si l’auteur rapportait un fait parmi d’autre, et s’étant déroulé tel quel.
Il faut imaginer des lectures publiques (on ne lisait pas pour soi, seul et mentalement) dans les milieux huppés, sénatoriaux et équestres, voire en présence du princeps.
Mais que penser de cette neutralité de façade quand Suétone laisse tomber le masque , intervient personnellement un peu plus loin, et dit en substance que l’empire se débarrasse de ce fléau au bout de 14 ans ? Quand la généalogie montre des ancêtres, comme par hasard, violents, pervers, ayant des goûts de cocher et d’histrion ?
Il utilise donc semble-t-il le fait divers étrange, violent, sanguinolent, scabreux (la sexualité de Néron par exemple, est choquante pour un romain, dégradante même , lire par exemple P. Veyne sur ce sujet que je ne peux aborder sans rougir), mais à la fois pour capter l’attention (le procédé est éternel, et c’est d’ailleurs ce qui a fait aimer Suétone dans les temps modernes), faire rire ou sourire , tout en distillant les bons et les mauvais points quant à la manière d’être au pouvoir.
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Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
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- NLM76Grand Maître
Lody a écrit:
Le at, pour moi, souligne l'opposition entre l'orgueil qui apporte qqc au peuple et l'orgueil qui n'a d'autre conséquence que l'intérêt personnel. Mais ce n'est que mon très humble avis.
Pourquoi pas. Mais vous croyez vraiment que Suétone compte pour quelque chose le fait de transférer au peuple l'élection des prêtres ? Qu'en dis-tu Lefteris ?
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
ça n'est pas simplement pour mettre en regard comme les deux versants d'une même médaille (et d'un même comportement héréditaire), une attitude empreinte de démagogie d'un côté et de l'autre l'affirmation d'une réelle tendance à l'autocratie ?
(mais pardon, je ne suis pas Leftéris )
(mais pardon, je ne suis pas Leftéris )
- LodyNiveau 10
iphigénie a écrit:ça n'est pas simplement pour mettre en regard comme les deux versants d'une même médaille (et d'un même comportement héréditaire), une attitude empreinte de démagogie d'un côté et de l'autre l'affirmation d'une réelle tendance à l'autocratie ?
(mais pardon, je ne suis pas Leftéris )
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- LodyNiveau 10
Merci beaucoup tout le monde ! Je commence à y voir un peu plus clair. Et je file à la librairie pour investir dans l'ouvrage de Cizek.
Merci encore !
Merci encore !
- NLM76Grand Maître
Vous avez remarqué aussi les deux premières phrases du chapitre III ?
1° Le meilleur des Domitius.
2° Un type vraiment valeureux: la flotte qu'on lui confie, en vertu des liens sacrés de la famille, il la conserve, il l'accroît même... pour la donner à l'adversaire de sa famille et en tirer les plus grands profits.
1° Le meilleur des Domitius.
2° Un type vraiment valeureux: la flotte qu'on lui confie, en vertu des liens sacrés de la famille, il la conserve, il l'accroît même... pour la donner à l'adversaire de sa famille et en tirer les plus grands profits.
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- NLM76Grand Maître
Lody a écrit:iphigénie a écrit:ça n'est pas simplement pour mettre en regard comme les deux versants d'une même médaille (et d'un même comportement héréditaire), une attitude empreinte de démagogie d'un côté et de l'autre l'affirmation d'une réelle tendance à l'autocratie ?
(mais pardon, je ne suis pas Leftéris )
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Certes. Mais vous ne voulez vraiment pas qu'il y a un effet assez cocasse dans une telle pseudo-opposition ? Ce que je trouve ici, c'est qu'on a un véritable styliste très cruel. Il vous annonce qu'il va énumérer défauts et qualités. Il commence par décrire un défaut, écrit "at" et en ajoute un pire. Et le lecteur se dit "Ah ouais, en fait la qualité, c'était d'avoir fait une loi bouleversant les institutions par ressentiment ? C'est de la même eau que Coluche qui dit "Duras n'a pas dit que des conneries... elle en a dit aussi." Me semble-t-il.
P.S. Et d'ailleurs, qu'est-ce que c'est que ce boxon ? Pourquoi Iphigénie répond-elle à la place de Lefteris? Ah... le petit personnel !
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
Je ne crois pas qu'il annonce l'énumération de "défauts et qualités": il veut montrer que si Néron a "dégénéré" c'est toutefois en conservant les défauts de tous ses ancêtres, et il en énumère une longue liste (d'ancêtres et de défauts!....). Je ne sais pas si "at" a vraiment un sens d'opposition ici , je n'en suis pas sûre en tout cas. Dans ce passage toutefois ,à chaque fois, il montre bien associés ce qu'on pourrait trouver être une qualité, (encore que) et un défaut, avec peut être même un effet de chiasme:
irrité qu'on n'ait pas choisi son père // il donne au peuple le droit d'élire les prêtres
ayant vaincu les Allobroges et les Arvernes // il parade sur son éléphant en un pseudo triomphe....
toutes caractéristiques d'un caractère intempérant que l'on retrouve chez Néron.
(enfin je verrais ça comme ça.)
irrité qu'on n'ait pas choisi son père // il donne au peuple le droit d'élire les prêtres
ayant vaincu les Allobroges et les Arvernes // il parade sur son éléphant en un pseudo triomphe....
toutes caractéristiques d'un caractère intempérant que l'on retrouve chez Néron.
(enfin je verrais ça comme ça.)
- NLM76Grand Maître
"degenerasse a suorum uirtutibus" (I) ne te paraît pas annoncer des vertus ?iphigénie a écrit:Je ne crois pas qu'il annonce l'énumération de "défauts et qualités": il veut montrer que si Néron a "dégénéré"
Je crois qu'il faut mettre cela en parallèle avec la fin du ch. XIX, où il prétend conclure une partie présentant des actes "partim nulla reprehensione, partim etiam non mediocri laude digna", alors que la liste des vices est déjà largement commencée.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
tu donnes à virtus un sens moral? j'y verrais plutôt une "mâle énergie" (certes en partie positive, si l'on veut)...? qui fait que ses ancêtres se sont illustrés, mais pas forcément qualitativement?
(mais tu connais beaucoup mieux le texte que moi: je lis par petit morceaux au fil de la discussion)....
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- NLM76Grand Maître
iphigénie a écrit:Je ne sais pas si "at" a vraiment un sens d'opposition ici , je n'en suis pas sûre en tout cas. Dans ce passage toutefois ,à chaque fois, il montre bien associés ce qu'on pourrait trouver être une qualité, (encore que) et un défaut, avec peut être même un effet de chiasme:
irrité qu'on n'ait pas choisi son père // il donne au peuple le droit d'élire les prêtres
ayant vaincu les Allobroges et les Arvernes // il parade sur son éléphant en un pseudo triomphe....
toutes caractéristiques d'un caractère intempérant que l'on retrouve chez Néron.
(enfin je verrais ça comme ça.)
D'accord avec toi. Mais je crois qu'il faut bien voir que ce chiasme se construit aux dépens des qualités d'une façon extraordinairement efficace. Il y a bien opposition, mais seulement une opposition avant tout stylistique : quand ce n'est pas la cause (colère) de ses actes qui est viciée, c'en est la conséquence (pseudo-triomphe).
Mais tu as raison: mon idée comme quoi "at" ne serait pas tout à fait affaibli est discutable; j'ai tendance à faire crédit aux auteurs, peut-être excessivement, que le choix des mots qu'ils font sont signifiants. J'ai cependant l'intuition que c'est ce genre de choses (at plutôt que atque, "chiasme") qui font que Suétone est bien plus qu'un compilateur d'anecdotes.
(P.S. : Ce n'est pas son père qui n'est pas choisi, mais lui-même).
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- NLM76Grand Maître
Je ne suis pas hyper fort en sémantique latine, mais bon, je ne vois pas qu'en latin la virtus puisse n'être pas extrêmement positive. La "mâle énergie", ce n'est pas "en partie positif", me semble-t-il.iphigénie a écrit:tu donnes à virtus un sens moral? j'y verrais plutôt une "mâle énergie" (certes en partie positive, si l'on veut)...? qui fait que ses ancêtres se sont illustrés, mais pas forcément qualitativement?
(mais tu connais beaucoup mieux le texte que moi: je lis par petit morceaux au fil de la discussion)....
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
(P.S. : Ce n'est pas son père qui n'est pas choisi, mais lui-même).
en effet
ce qu'il y a de bien avec Suétone, c'est que la tradition l'a toujours minimisé par rapport à Tacite et qu'il a donc toujours été vu sous un angle peut-être en effet réducteur: une relecture est donc stimulante.
En tout cas on attend votre édition avec intérêt
J'ai du mal à me faire une idée de son style, ce qui me paraît évident c'est qu'il n'est pas du tout facile à traduire: limite, je trouve Tacite plus facile à appréhender dans ses raccourcis. Avec Suétone on hésite beaucoup sur les emplois qu'il a de la langue latine: latin post classique? négligence? originalité? je ne saurais trancher pour ma part et pour l'instant....
pour "virtus" il me semble qu'est positive cette "force de tempérament" qui les pousse à agir, même si nous ne jugerions pas forcément, nous, modernes, ces actions comme "vertus" (voir la "virtus" de l'Horace de Corneille par exemple: il y a quelque chose en lui deTenessee brutal. (encore que chez le personnage de Corneille ça se discute aussi, n'ouvrons pas une brèche de plus :lol: )
en effet
ce qu'il y a de bien avec Suétone, c'est que la tradition l'a toujours minimisé par rapport à Tacite et qu'il a donc toujours été vu sous un angle peut-être en effet réducteur: une relecture est donc stimulante.
En tout cas on attend votre édition avec intérêt
J'ai du mal à me faire une idée de son style, ce qui me paraît évident c'est qu'il n'est pas du tout facile à traduire: limite, je trouve Tacite plus facile à appréhender dans ses raccourcis. Avec Suétone on hésite beaucoup sur les emplois qu'il a de la langue latine: latin post classique? négligence? originalité? je ne saurais trancher pour ma part et pour l'instant....
pour "virtus" il me semble qu'est positive cette "force de tempérament" qui les pousse à agir, même si nous ne jugerions pas forcément, nous, modernes, ces actions comme "vertus" (voir la "virtus" de l'Horace de Corneille par exemple: il y a quelque chose en lui de
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