la grammaire, pour quoi faire ?

Je lance un sondage pour m'aider à orienter ma réflexion sur la grammaire (vous savez, le truc dont je rêve même quand je dors - certains font des rêves érotiques, moi je donne des cours de grammaire, super... ). J'ai l'idée que repenser une progression n'est pas le plus difficile, si je réponds d'abord à la question : "pour quoi faire avant tout ?" Merci de votre aide...
Pour moi, cela sert surtout à mieux écrire, tant pour la forme (orthographe grammaticale) que pour le fond (construire des phrases correctes). C'est justement sur ce point-là que je ne suis pas à l'aise, car il n'existe pas grand-chose dans ce domaine. Comment transférer les connaissances grammaticales dans l'écriture d'invention, et comment le faire avec une certaine méthode ?
Je pense bien sûr que je peux recourir à l'écriture d'imitation, ou à l'écriture cadrée par des consignes grammaticales. Mais comment élargir ces activités ?

Message édité : on peut voter pour plusieurs catégories. Je m'en suis néanmoins tenue au 1.

Pour moi, la grammaire structure notre vision du monde et donc notre façon de penser.

Quand j'ai étudié le latin puis le grec, je me suis rendue compte que la langue grecque était beaucoup plus souple, plus subtile, et que philosopher dans cette langue était plus évident que la langue latine, beaucoup plus rigide, précise ce que je reliais à l'esprit bâtisseur des romains... Mais ce n'est que mon point de vue...

Quoi qu'il en soit, on envisage pas le monde de la même façon selon la langue dans laquelle on pense : tout le monde peut penser aux exemple du mot "neige" qui est dit de je ne sais combien de façon en langue Eskimaude, ou des couleurs bleu et vert qui sont dites par le même mot en russe. Comparons aussi deux phrases, en anglais et en français:
Tu es la femme (l'homme) de ma vie / You are the one.
L'une est la traduction culturelle de l'autre. Elles ne disent pourtant grammaticalement pas la même chose.

Qui a dit : "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire en viennent aisément." ? C'est ma grand-mère qui me répète souvent cette phrase, alors je ne sais plus. Ne serait-ce pas Boileau ?

Bref, pour penser le monde, on a besoin de la grammaire, je dirai donc que la grammaire permet de s'exprimer, d'exprimer correctement ses opinions.

J'aurais bien coché toutes les cases, mais je me suis limitée à 1, 2, et 4.
Cette réflexion est importante, effectivement (moi, j'ai eu besoin de me demander au début de ma carrière : pourquoi vouloir faire lire les élèves ? Lire, pour quoi faire ? ). Cela dit je ne pense pas que cela puisse être dit explicitement aux élèves. Mais cela peut nous aider à mieux penser nos activités.

J'ai aussi voté 1, 2 et 4.

J'aime beaucoup tes arguments Lunelaure.

Et c'est bien Boileau qui a dit cette célèbre phrase.

Toutes les propositions sont intéressantes! Cependant pour moi, la grammaire a d'abord l'avantage de structurer l'esprit. Faire l'analyse grammaticale d'une phrase, cela oblige à de la rigueur, à de la méthode, à de la logique ; j'y retrouve le même fonctionnement qu'en mathématiques (en algèbre notamment).
De plus, elle permet d'éclairer le sens des textes dès que ceux-ci sont un peu complexes. Essayez donc de lire Proust si vous n'êtes pas capable d'identifier les différents groupes constituant une phrase, la façon dont ils peuvent s'imbriquer...

Et l'idéal serait, non que les élèves écrivent des phrases à la Proust, mais qu'ils apprennent à varier les tournures, à être plus précis, à choisir leurs mots et non à viser toujours l'immédiateté.
Lunelaure, j'aime beaucoup ton exemple sur les Esquimaux et la neige...

Pour moi, ce sont surtout les raisons 1,3 et 4.
Je rejoins beaucoup Lunelaure: le jour où j'ai vu, en linguistique, comment le langage structure notre perception du monde, j'ai eu une sorte de révélation...
J'essaie de l'expliquer aux élèves (oui, vaste utopie, je sais, je sais) mais l'important au fond, n'est pas maîtrise de telle ou telle règle, plutôt l'habitude de la réflexion sur la langue. Sur le sens de chaque mot, employé, là, de cette façon-là, à telle position... l'importance du détail qui n'en est jamais un et fait sens.

Angua a écrit:Pour moi, ce sont surtout les raisons 1,3 et 4.
Je rejoins beaucoup Lunelaure: le jour où j'ai vu, en linguistique, comment le langage structure notre perception du monde, j'ai eu une sorte de révélation...
J'essaie de l'expliquer aux élèves (oui, vaste utopie, je sais, je sais) mais l'important au fond, n'est pas maîtrise de telle ou telle règle, plutôt l'habitude de la réflexion sur la langue. Sur le sens de chaque mot, employé, là, de cette façon-là, à telle position... l'importance du détail qui n'en est jamais un et fait sens.

Oui, mais il n'y a pas que cela : les élèves aiment toujours les détails qui ont un sens, ils en sont même friands, là-dessus je trouve qu'on n'a pas de mal à leur "faire passer" l'intérêt de la grammaire, mais la régularité les rebute davantage... Je ne faisais plus d'analyse grammaticale systématique, mais je me dis qu'il faut peut-être "y revenir", pour qu'ils acquièrent des réflexes, des automatismes, ce qui pourrait ensuite les rendre plus autonomes dans leur compréhension de la langue, justement !
Mais cela revient à me demander si cela en vaut vraiment la peine.

lunelaure a écrit:Pour moi, la grammaire structure notre vision du monde et donc notre façon de penser.

Idem, pour structurer sa pensée ; et ton développement me plaît énormément !