- CatalunyaExpert spécialisé
Lisez bien particulièrement la fin, un bel enchaînement de poncifs anti-profs...
Cocorico ! 86,8 % de réussite au bac, 60 000 postes supplémentaires, 56 000 boursiers en plus : l'autosatisfaction occulte un véritable désastre.
"Pour ne pas avoir son bac aujourd'hui, il faut en faire expressément la demande et insister beaucoup" : la boutade de Luc Ferry s'applique avec une particulière pertinence au cru 2013 du sacro-saint baccalauréat. 86,8 % de réussite, rien de moins. Le taux monte inexorablement d'année en année à la vitesse d'un cheval au galop. Comme la mer, dit-on, un jour de grande marée dans la baie du Mont-Saint-Michel. Les mentions pleuvent aussi comme un orage de mousson. À la grande satisfaction des ayatollahs qui gouvernent la rue de Grenelle. "Un excellent cru", commentent-ils chaque été sous les applaudissements de tous les gogos béats, ces "idiots utiles" dont parlait Lénine. Le score peut donc désormais rivaliser avec les résultats électoraux des dictateurs les plus cyniques.
Tout ceci n'est pas seulement une pantalonnade, mais une escroquerie pure et simple. Si l'on appliquait les critères et les modes de notation des années 50 nous n'aurions sans doute pas plus de 4 % de reçus, constate le même Luc Ferry. Il est possible que l'ancien ministre de l'Éducation nationale noircisse un peu le tableau : en étant optimiste on arriverait peut-être au double, 8 %. Mais pas davantage.
De l'argent jeté par les fenêtres
La secte qui enserre le système éducatif français dans ses griffes corporatistes et idéologiques n'en a cure. Elle se moque comme d'une guigne que l'on ait transformé l'institution en usine à fabriquer des chômeurs. Pourvu que rien ne bouge. On ne change pas un système qui perd. On en rajoute même dans l'absurde : 60 000 postes supplémentaires, 10 000 contrats aidés en renfort, 56 000 nouveaux boursiers qui, pour la plupart, iront se perdre dans des filières sans débouchés. De l'argent jeté par les fenêtres. Pour quel résultat ?
Dans le classement de Shanghai, qui malgré ses défauts fait autorité, les universités françaises ne cessent de rétrograder. En 2012, elles n'étaient que 20 à figurer dans la liste des 500 meilleurs établissements mondiaux. La première, Orsay, est à la 37e place. Les États-Unis en alignent 150, la Chine 42, le Royaume-Uni 38 et l'Allemagne 37. Cherchez l'erreur. Bien sûr, on peut casser le thermomètre et jeter la suspicion sur le mode de classement. On peut ergoter, contester, théoriser. Mais la réalité de la mondialisation est là.
Alors que faire (comme aurait dit encore Lénine) ? Il faut, bien sûr, briser les tabous.
Premier tabou : celui de la sélection. Elle existe, mais elle est hypocrite, sournoise. Elle s'avance masquée. Décrocher son bac en venant de Louis-le-Grand ou du lycée (imaginaire) Salvador-Allende de Garges-lès-Gonesse n'a pas vraiment la même valeur. Personne ne l'ignore. Les prépas sélectionnent, les meilleures universités aussi. Et quand la sélection n'est pas pratiquée après le bac, le couperet s'abat à l'issue de la première année, ou de la seconde première année. Temps perdu, espoirs déçus, argent gaspillé. Joli bilan. Il vaudrait peut-être mieux jeter aux orties la coûteuse cérémonie initiatique du bac, permettre aux universités, devenues concurrentielles et responsables de leur gestion, d'organiser leurs modes de recrutement. Et orienter les bourses non seulement en fonction de critères sociaux, mais aussi par rapport aux besoins du marché de l'emploi.
Deuxième tabou : le temps de travail des enseignants français. Un prof américain du secondaire travaille, à la louche, plus de 1 000 heures par an, un français 650 et un allemand 750. La fondation Ifrap a calculé qu'en faisant travailler nos profs de lycée et collège 2 heures de plus chaque semaine on pourrait économiser 47 000 postes.
Troisième tabou : l'évaluation des enseignants. Les profs adorent noter les élèves, mais détestent être eux-mêmes évalués. L'actuel système d'inspection est une sombre plaisanterie. De l'aveu même des intéressés, que l'on soit compétent, consciencieux travailleur ou un bon à rien intégral, cela ne fait pratiquement aucune différence en matière de carrière et de rémunération. La machine protège les médiocres et pénalise les bons.
Quatrième tabou : l'emploi à vie. Si le statut de fonctionnaire se justifie quand il concerne les fonctions régaliennes de l'État, on voit mal pourquoi un prof de maths ou de géographie serait inamovible. Même s'il est médiocre. Il est vrai que ce système permet à une kyrielle d'enseignants... de ne pas enseigner. Ils sont ainsi 200 000 à être détachés, déchargés de cours. Une véritable armée fantôme (voir Le Point n° 2128).
http://www.lepoint.fr/monde/ou-va-le-monde-pierre-beylau/bac-la-berezina-de-l-education-nationale-19-07-2013-1706291_231.php
Cocorico ! 86,8 % de réussite au bac, 60 000 postes supplémentaires, 56 000 boursiers en plus : l'autosatisfaction occulte un véritable désastre.
"Pour ne pas avoir son bac aujourd'hui, il faut en faire expressément la demande et insister beaucoup" : la boutade de Luc Ferry s'applique avec une particulière pertinence au cru 2013 du sacro-saint baccalauréat. 86,8 % de réussite, rien de moins. Le taux monte inexorablement d'année en année à la vitesse d'un cheval au galop. Comme la mer, dit-on, un jour de grande marée dans la baie du Mont-Saint-Michel. Les mentions pleuvent aussi comme un orage de mousson. À la grande satisfaction des ayatollahs qui gouvernent la rue de Grenelle. "Un excellent cru", commentent-ils chaque été sous les applaudissements de tous les gogos béats, ces "idiots utiles" dont parlait Lénine. Le score peut donc désormais rivaliser avec les résultats électoraux des dictateurs les plus cyniques.
Tout ceci n'est pas seulement une pantalonnade, mais une escroquerie pure et simple. Si l'on appliquait les critères et les modes de notation des années 50 nous n'aurions sans doute pas plus de 4 % de reçus, constate le même Luc Ferry. Il est possible que l'ancien ministre de l'Éducation nationale noircisse un peu le tableau : en étant optimiste on arriverait peut-être au double, 8 %. Mais pas davantage.
De l'argent jeté par les fenêtres
La secte qui enserre le système éducatif français dans ses griffes corporatistes et idéologiques n'en a cure. Elle se moque comme d'une guigne que l'on ait transformé l'institution en usine à fabriquer des chômeurs. Pourvu que rien ne bouge. On ne change pas un système qui perd. On en rajoute même dans l'absurde : 60 000 postes supplémentaires, 10 000 contrats aidés en renfort, 56 000 nouveaux boursiers qui, pour la plupart, iront se perdre dans des filières sans débouchés. De l'argent jeté par les fenêtres. Pour quel résultat ?
Dans le classement de Shanghai, qui malgré ses défauts fait autorité, les universités françaises ne cessent de rétrograder. En 2012, elles n'étaient que 20 à figurer dans la liste des 500 meilleurs établissements mondiaux. La première, Orsay, est à la 37e place. Les États-Unis en alignent 150, la Chine 42, le Royaume-Uni 38 et l'Allemagne 37. Cherchez l'erreur. Bien sûr, on peut casser le thermomètre et jeter la suspicion sur le mode de classement. On peut ergoter, contester, théoriser. Mais la réalité de la mondialisation est là.
Alors que faire (comme aurait dit encore Lénine) ? Il faut, bien sûr, briser les tabous.
Premier tabou : celui de la sélection. Elle existe, mais elle est hypocrite, sournoise. Elle s'avance masquée. Décrocher son bac en venant de Louis-le-Grand ou du lycée (imaginaire) Salvador-Allende de Garges-lès-Gonesse n'a pas vraiment la même valeur. Personne ne l'ignore. Les prépas sélectionnent, les meilleures universités aussi. Et quand la sélection n'est pas pratiquée après le bac, le couperet s'abat à l'issue de la première année, ou de la seconde première année. Temps perdu, espoirs déçus, argent gaspillé. Joli bilan. Il vaudrait peut-être mieux jeter aux orties la coûteuse cérémonie initiatique du bac, permettre aux universités, devenues concurrentielles et responsables de leur gestion, d'organiser leurs modes de recrutement. Et orienter les bourses non seulement en fonction de critères sociaux, mais aussi par rapport aux besoins du marché de l'emploi.
Deuxième tabou : le temps de travail des enseignants français. Un prof américain du secondaire travaille, à la louche, plus de 1 000 heures par an, un français 650 et un allemand 750. La fondation Ifrap a calculé qu'en faisant travailler nos profs de lycée et collège 2 heures de plus chaque semaine on pourrait économiser 47 000 postes.
Troisième tabou : l'évaluation des enseignants. Les profs adorent noter les élèves, mais détestent être eux-mêmes évalués. L'actuel système d'inspection est une sombre plaisanterie. De l'aveu même des intéressés, que l'on soit compétent, consciencieux travailleur ou un bon à rien intégral, cela ne fait pratiquement aucune différence en matière de carrière et de rémunération. La machine protège les médiocres et pénalise les bons.
Quatrième tabou : l'emploi à vie. Si le statut de fonctionnaire se justifie quand il concerne les fonctions régaliennes de l'État, on voit mal pourquoi un prof de maths ou de géographie serait inamovible. Même s'il est médiocre. Il est vrai que ce système permet à une kyrielle d'enseignants... de ne pas enseigner. Ils sont ainsi 200 000 à être détachés, déchargés de cours. Une véritable armée fantôme (voir Le Point n° 2128).
http://www.lepoint.fr/monde/ou-va-le-monde-pierre-beylau/bac-la-berezina-de-l-education-nationale-19-07-2013-1706291_231.php
- DaphnéDemi-dieu
Encore, entre autres fantasmes, celui de 200 000 profs qui n'enseignent pas !! Mais où ils les trouvent ??
- pedro771Niveau 7
Un prof americain?
La bonne blague, ils sont recrutés au CV (ca ne veux rien dire !), les bons font peu d'heures comparés aux mauvais qui... comme par hasard sont dans les écoles publiques déshéritées.
Je connais ce système pour l'avoir observé au Brésil, du capitalisme pur et dur, ou les meilleurs gagnent beaucoup et travaillent peu contrairement aux autres.
Pour le deuxième tabou, il faut effectivement y réfléchir à mon avis, je ne suis pas contre. Mais si l'on veut copier nos amis américains, leur système de notation à la fac tire à la farce et à l'hypocrisie, je ne sais pas ce qu'il en est dans le secondaire.
Enfin l'emploi à vie, c'est un problème je pense. Aucun boulot ne devrait être à vie mais si c'est le prétexte pour virer ceux que l'on ne désire plus pour des raisons fallacieuses ou personnelles je ne vois pas le progrès.
En somme un bon article vantant les mérites du capitalisme mondial où le système français imparfait certes est montré du doigt pour ne pas suivre la BONNE réforme... Ca laisse songeur.
Quid du cinquième tabou? : les salaires ridicules
La bonne blague, ils sont recrutés au CV (ca ne veux rien dire !), les bons font peu d'heures comparés aux mauvais qui... comme par hasard sont dans les écoles publiques déshéritées.
Je connais ce système pour l'avoir observé au Brésil, du capitalisme pur et dur, ou les meilleurs gagnent beaucoup et travaillent peu contrairement aux autres.
Pour le deuxième tabou, il faut effectivement y réfléchir à mon avis, je ne suis pas contre. Mais si l'on veut copier nos amis américains, leur système de notation à la fac tire à la farce et à l'hypocrisie, je ne sais pas ce qu'il en est dans le secondaire.
Enfin l'emploi à vie, c'est un problème je pense. Aucun boulot ne devrait être à vie mais si c'est le prétexte pour virer ceux que l'on ne désire plus pour des raisons fallacieuses ou personnelles je ne vois pas le progrès.
En somme un bon article vantant les mérites du capitalisme mondial où le système français imparfait certes est montré du doigt pour ne pas suivre la BONNE réforme... Ca laisse songeur.
Quid du cinquième tabou? : les salaires ridicules
- JulHabitué du forum
Pour une fois, beaucoup de réponses sont objectives et amènent à réfléchir. Je pense que les vacances n'y sont pas pour rien, des collègues ont du répondre nombreux.
Notamment concernant ces fameux "200 000" professeurs détachés, il a été rappelé que l'on y incut les collègues envoyés en établissement EREA, ECLAIR .. des TZR ou des collègues formateurs à l'IUFM/ESPE, comme l'a rappelé la Cour des comptes.
Notamment concernant ces fameux "200 000" professeurs détachés, il a été rappelé que l'on y incut les collègues envoyés en établissement EREA, ECLAIR .. des TZR ou des collègues formateurs à l'IUFM/ESPE, comme l'a rappelé la Cour des comptes.
- pedro771Niveau 7
donc nombre d'entre-eux enseignent en réalité
- PseudoDemi-dieu
Si les profs sont si mauvais, on devrait se féliciter qu'un nombre certain n'enseignent pas
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- OlympiasProphète
200 000 on n'est pas dans le délire total, là ?
- CatalunyaExpert spécialisé
Si on compte les TZR, je suis heureux d'apprendre que je ne travaille pas depuis 2 ans, mais où donc allais-je tous les matins?
- CeladonDemi-dieu
Et parmi les détachés, ceux qui ont un poste à l'étranger, n'enseignent pas ????
De toute façon, les arguments néolibéraux sont archiconnus, quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage. Fossoyeur, le Point. Parmi tant d'autres !
De toute façon, les arguments néolibéraux sont archiconnus, quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage. Fossoyeur, le Point. Parmi tant d'autres !
- EdgarNeoprof expérimenté
Ces journaux essaient surtout de ne pas mettre la clé sous la porte et se lancent sur des unes inspirées du magazine Détective avec une prétention de sérieux. À mon avis, ils sont en train de creuser leur tombe et de préparer leur place à Pôle Emploi.
- philannDoyen
Edgar a écrit:Ces journaux essaient surtout de ne pas mettre la clé sous la porte et se lancent sur des unes inspirées du magazine Détective avec une prétention de sérieux. À mon avis, ils sont en train de creuser leur tombe et de préparer leur place à Pôle Emploi.
IL est vrai que le Point file un particulièrement mauvais coton!!! Ses Unes me font régulièrement peur!!!
- Presse-puréeGrand sage
Et bon, les calculs de l'Ifrap...
_________________
Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- JEMSGrand Maître
On m'aurait menti ! Je ne travaille pas en fait !
Nimportnawak !
Nimportnawak !
- Reine MargotDemi-dieu
je suis d'accord avec ce qu'ils disent sur le bac. en revanche je ne vois pas en quoi ça justifie le discours concernant les profs. Dans les années 50 où le bac était une vraie évaluation qui voulait dire quelque chose, les profs n'étaient pas moins fonctionnaires que maintenant.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
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