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- CondorcetOracle
On oublie Arlette ? :lol:
Si j'en crois la notice rédigée par Arlette Jouanna à l'intention de mon vénérable Dictionnaire de l'Ancien Régime (ce que j'ai aimé l'histoire moderne ! ) :
- "les critères de la richesse et du pouvoir introduisent une hiérarchie de plus en plus marquée au sein de la noblesse. Il faut, en ce domaine, rejeter le cliché simpliste d'un "déclin global" et linéaire de l'ordre nobiliaire au profit d'une "bourgeoisie" (catégorie bien difficile à définir sous l'Ancien Régime) qui "monterait" (depuis le Moyen Age)" =) argument : la noblesse française au XVIIIe siècle détient 30 % du terroir agricole au nord d'une ligne Caen-Lyon et 20% au sud ;
- "Pendant toute la durée des Temps modernes, les plus grandes fortunes du royaume appartiennent à des nobles". Rois, ducs et pairs (les grands officiers du royaume) : 1,5 millions de livres à la fin du XVIe siècle =) 3 millions au début du XVIIIe siècle ;
- "250 familles ("issues pour l'essentiel de la noblesse de cour et de la très haute robe, plus une cinquantaine de nobles de finance et quelques grands nobles provinciaux") détiennent des revenus annuels supérieurs à 50 000 livres" ;
- "Cette élite ploutocratique spécule dans les "affaires du Roi", investit dans le commerce et l'industrie, se montre active et entreprenante dans les secteurs économiques les plus dynamiques" ;
- "Les grandes fortunes sont fragilisées souvent par l'énormité des dettes qu'impose le train de vie" mais la plupart s'en sort ;
- Et les autres ? "la tranche qui va en gros de 25 000 à 50 000 livres définit l'aisance à Paris, la richesse en province. Les revenus de 15 000 à 25 000 livres sont très convenables pour les nobles provinciaux. Au-dessous de 15 000 livres à Paris et de 5 000 en province, peuvent commencer les difficultés, avec, dans le dernier cas, un "seuil" vers 1 000 livres ; mais la "pauvreté" de a noblesse est relative aux exigences, en partie subjectives, de son état. La pléthorique "noblesse pauvre", exposée à la conjoncture, perd une grande partie de ses effectifs vers la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe ; mais en Bretagne, celle qui survit s'adapte bien (M. Nassiet)".
Arlette Jouanna, "Noblesse, Noblesses" in Lucien BÉLY, Dictionnaire de l'Ancien Régime, Paris, PUF, 1996, p.887-893.
P.S : un paysan sous l'Ancien Régime gagne en moyenne 1 livre tournois par journée travaillée. Ce n'est qu'une moyenne avec tous les écarts que cela suppose.
Si j'en crois la notice rédigée par Arlette Jouanna à l'intention de mon vénérable Dictionnaire de l'Ancien Régime (ce que j'ai aimé l'histoire moderne ! ) :
- "les critères de la richesse et du pouvoir introduisent une hiérarchie de plus en plus marquée au sein de la noblesse. Il faut, en ce domaine, rejeter le cliché simpliste d'un "déclin global" et linéaire de l'ordre nobiliaire au profit d'une "bourgeoisie" (catégorie bien difficile à définir sous l'Ancien Régime) qui "monterait" (depuis le Moyen Age)" =) argument : la noblesse française au XVIIIe siècle détient 30 % du terroir agricole au nord d'une ligne Caen-Lyon et 20% au sud ;
- "Pendant toute la durée des Temps modernes, les plus grandes fortunes du royaume appartiennent à des nobles". Rois, ducs et pairs (les grands officiers du royaume) : 1,5 millions de livres à la fin du XVIe siècle =) 3 millions au début du XVIIIe siècle ;
- "250 familles ("issues pour l'essentiel de la noblesse de cour et de la très haute robe, plus une cinquantaine de nobles de finance et quelques grands nobles provinciaux") détiennent des revenus annuels supérieurs à 50 000 livres" ;
- "Cette élite ploutocratique spécule dans les "affaires du Roi", investit dans le commerce et l'industrie, se montre active et entreprenante dans les secteurs économiques les plus dynamiques" ;
- "Les grandes fortunes sont fragilisées souvent par l'énormité des dettes qu'impose le train de vie" mais la plupart s'en sort ;
- Et les autres ? "la tranche qui va en gros de 25 000 à 50 000 livres définit l'aisance à Paris, la richesse en province. Les revenus de 15 000 à 25 000 livres sont très convenables pour les nobles provinciaux. Au-dessous de 15 000 livres à Paris et de 5 000 en province, peuvent commencer les difficultés, avec, dans le dernier cas, un "seuil" vers 1 000 livres ; mais la "pauvreté" de a noblesse est relative aux exigences, en partie subjectives, de son état. La pléthorique "noblesse pauvre", exposée à la conjoncture, perd une grande partie de ses effectifs vers la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe ; mais en Bretagne, celle qui survit s'adapte bien (M. Nassiet)".
Arlette Jouanna, "Noblesse, Noblesses" in Lucien BÉLY, Dictionnaire de l'Ancien Régime, Paris, PUF, 1996, p.887-893.
P.S : un paysan sous l'Ancien Régime gagne en moyenne 1 livre tournois par journée travaillée. Ce n'est qu'une moyenne avec tous les écarts que cela suppose.
- kiwiGuide spirituel
Cripure a écrit:Camarades historiens, je lis sans cesse que les nobles sont richissimes "de tout temps".
Y a--il un ouvrage pas trop spécialisé qui pourrait m'aider à me faire une idée documentée sérieusement sur la fortune des nobles disons au cours du XVIIIe siècle et également après la Révolution de 1789 ? Ou pourriez-vous me donner quelques idées de base ?
D'autres seront plus calés que moi pour donner des références bibliographiques. Mais c'est complètement faux, et ce de tous temps!
Avant 1789, la noblesse n'est pas homogène. On trouve des petits hobereaux de campagne désargentés, des courtisans au bord de la ruine, et de manière générale, des nobles qui dérogent. Beaucoup de bourgeois sont plus riches que certains nobles d'épée.
Être noble ne signifie pas être riche forcément, mais appartenir à un ordre social avec ses spécificités et prérogatives.
Pour après 1789, de quelle noblesse parlez-vous? Et de quelle période? Sous Napoléon? La Restauration? En outre, il ne s'agit plus de la même noblesse que celle d'Ancien Régime. Les temps changent...
- eulbenNiveau 1
La noble d'Ancien Régime est avant tout un gentilhomme vivant à la campagne, pas nécessairement riche (mais loin d'être miséreux) mais qui vie noblement et est reconnu comme noble. La noblesse urbaine, et encore plus la noblesse de cour ne représentent que le haut du panier.
- CondorcetOracle
Témoin le sire de Gouberville, noble normand ayant vécu au XVIe siècle. http://gouberville.wordpress.com/
http://books.google.fr/books?id=qTF8Kd6MS2MC&pg=PT239&lpg=PT239&dq=revenus+sire+de+gouberville&source=bl&ots=LggY6hNUsn&sig=XSe-IbC9wWEY8EJL_zEgYrMdoOE&hl=fr&sa=X&ei=Ho7aUff1IoiH0AWSiICACA&ved=0CDMQ6AEwAQ
Ce livre évalue à 600 livres le revenu annuel du sire de Gouberville.
http://books.google.fr/books?id=qTF8Kd6MS2MC&pg=PT239&lpg=PT239&dq=revenus+sire+de+gouberville&source=bl&ots=LggY6hNUsn&sig=XSe-IbC9wWEY8EJL_zEgYrMdoOE&hl=fr&sa=X&ei=Ho7aUff1IoiH0AWSiICACA&ved=0CDMQ6AEwAQ
Ce livre évalue à 600 livres le revenu annuel du sire de Gouberville.
- IphigénieProphète
de plus en plus passionnant ce fil! (merci Paolo!)
- CondorcetOracle
C'est Arlette Jouanna qu'il faut remercier !
- ElaïnaDevin
PaoloSarpi a écrit:C'est Arlette Jouanna qu'il faut remercier !
plutôt Madeleine Foisil pour Gouberville
- CondorcetOracle
Je pensais à l'article du Dico de l'AR.
Mais bien sûr je n'oublie Madeleine Foisil
Mais bien sûr je n'oublie Madeleine Foisil
- OudemiaBon génie
Ajoutons que c'est pour les filles de cette noblesse désargentée qu'a été créée la maison d'éducation de Saint-Cyr (la liste des pensionnaires est édifiante par sa variété géographique); pour les garçons, plus tard, l'Ecole militaire...
- CathEnchanteur
De mémoire, un des rares métiers autorisé aux nobles était la verrerie (et autre chose, j'ai oublié!).
L'histoire foisonne de ces nobles désargentés qui épousaient une jeune fille roturière mais fortunée.
Comme c'était le père qui transmettait le titre, au bout de quelques générations, le poisson était noyé...
J'espère ne pas avoir dit de bêtises...
L'histoire foisonne de ces nobles désargentés qui épousaient une jeune fille roturière mais fortunée.
Comme c'était le père qui transmettait le titre, au bout de quelques générations, le poisson était noyé...
J'espère ne pas avoir dit de bêtises...
- CardenioNiveau 7
Abraxas a écrit:$
Longtemps les nobles n'ont pas eu le droit (comme l'ensemble des catholiques, d'ailleurs) de trafiquer l'argent — i.e d'être banquiers. D'où les fortunes de gueux du genre Fouquet au XVIIème. La seule chose qui rapportait vraiment, c'étaient les bénéfices des riches abbayes, dont la direction était donnée nominalement à tel ou tel favori (c'est comme ça que Mazarin accumule une énorme fortune).
Ça a changé au XVIIIème.
Effectivement, travailler était une activité "ignoble" (les élèves aiment beaucoup cette idée :lol:- ). Avec l'essor de la bourgeoisie au XVIIIè, les nobles réclament l'accès aux affaires économiques sans pour autant devoir "déroger".
Comme d'autres ici, j'insiste toujours avec mes élèves pour dire que "noble" ne veut pas forcément dire "riche".
_________________
Everything beautiful is far away.
It's happiness that matters anyway...
- Isis39Enchanteur
Petit rappel : Mme de Maintenon est née dans une prison où son père purgeait une peine pour dettes.
- DaphnéDemi-dieu
Isis39 a écrit:Petit rappel : Mme de Maintenon est née dans une prison où son père purgeait une peine pour dettes.
Et sa mère, elle purgeait quoi comme peine :lol:
- User5899Demi-dieu
Oh merci, exemple frappant que je connaissais pas du tout !Isis39 a écrit:Petit rappel : Mme de Maintenon est née dans une prison où son père purgeait une peine pour dettes.
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Daphné a écrit:Isis39 a écrit:Petit rappel : Mme de Maintenon est née dans une prison où son père purgeait une peine pour dettes.
Et sa mère, elle purgeait quoi comme peine :lol:
Ce sont évidemment ses deux parents qui étaient emprisonnés
- Isis39Enchanteur
Cripure a écrit:Oh merci, exemple frappant que je connaissais pas du tout !Isis39 a écrit:Petit rappel : Mme de Maintenon est née dans une prison où son père purgeait une peine pour dettes.
C'est parce qu'elle était sans le sou qu'elle a épousé Scarron.
- CathEnchanteur
C'est vrai.
C'est bien raconté dans "l'allée du roi", si je ne me trompe pas.
C'est bien raconté dans "l'allée du roi", si je ne me trompe pas.
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Isis39 a écrit:Cripure a écrit:Oh merci, exemple frappant que je connaissais pas du tout !Isis39 a écrit:Petit rappel : Mme de Maintenon est née dans une prison où son père purgeait une peine pour dettes.
C'est parce qu'elle était sans le sou qu'elle a épousé Scarron.
La famille d'Aubigné était de noblesse très récente (je crois que c'est le père de l'auteur des Tragiques qui a été anobli) et, surtout, le père de Madame de Maintenon était un débauché notoire qui a dilapidé toute la fortune familiale. Un cas effectivement très intéressant.
- Isis39Enchanteur
cath5660 a écrit:C'est vrai.
C'est bien raconté dans "l'allée du roi", si je ne me trompe pas.
Oui, ce film est excellent. Manque juste la jeunesse de Françoise d'Aubigné et son passage à la Martinique.
- Ingeborg B.Esprit éclairé
Je me souviens aussi du système de la dormition qui permettait aux nobles d'abandonner leurs privilèges un temps pour pouvoir travailler. Je crois que cela existait en Bretagne, non ?
- CathEnchanteur
Isis39 a écrit:cath5660 a écrit:C'est vrai.
C'est bien raconté dans "l'allée du roi", si je ne me trompe pas.
Oui, ce film est excellent. Manque juste la jeunesse de Françoise d'Aubigné et son passage à la Martinique.
J'avoue que je pensais au livre.
- Isis39Enchanteur
cath5660 a écrit:Isis39 a écrit:cath5660 a écrit:C'est vrai.
C'est bien raconté dans "l'allée du roi", si je ne me trompe pas.
Oui, ce film est excellent. Manque juste la jeunesse de Françoise d'Aubigné et son passage à la Martinique.
J'avoue que je pensais au livre.
L'interprétation par Dominique Blanc est vraiment bien.
- ElaïnaDevin
cath5660 a écrit:De mémoire, un des rares métiers autorisé aux nobles était la verrerie (et autre chose, j'ai oublié!).
Verrerie et métiers du fer, car travail avec le feu considéré comme noble.
C'est ainsi que Charles IX adorait faire de la ferronnerie (apparemment, taper comme un bourrin sur une enclume lui plaisait), et que Louis XVI faisait de la serrurerie, car en bon homme des Lumières, il adorait le bricolage.
- CathEnchanteur
Ah, voilà, merci d'avoir rafraichi ma mémoire.
- Ibn KhaldounNiveau 8
Ce qui fait la noblesse c'est la naissance avant tout, et non pas la richesse.
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Qui pourrait, en France, parler de « race » ? Notre Midi a sa pinte de sang sarrasin, espagnol, andalou. [...] Tant d'« immigrés », depuis si longtemps, depuis notre Préhistoire jusqu'à l'histoire très récente, ont réussi à faire naufrage sans trop de bruit dans la masse française que l'on pourrait dire, en s'amusant, que tous les Français, si le regard se reporte aux siècles et aux millénaires qui ont précédé notre temps, sont fils d'immigrés. Très diverse, la France ne peut-elle courir le risque de le devenir, biologiquement, davantage encore ?
L'identité de la France - Fernand Braudel
- User5899Demi-dieu
Je me marre parce qu'avec une question posée en dehors des questions TICE, on a des réponses super intéressantes et pas une seule dispute/polémique :lol!:
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