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yranoh
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par yranoh Ven 7 Juin - 20:01
Alors, je me demande si mon interrogation est aussi farfelue qu'elle le semble. On apprend très souvent, me semble-t-il, qu'il faut baisser l'intonation pour marquer la fin des phrases assertives (donc, presque toutes). D'abord, j'ai le sentiment que c'est faux. On abaisse surtout son intonation quand on a fini son propos, et encore, le plus souvent. Il me semblerait plus juste de dire qu'on abaisse très souvent son intonation à la fin d'un paragraphe. Jusqu'à maintenant, j'aurais dit a priori que c'était un bon outil pédagogique pour apprendre à ponctuer et à lire correctement. Mais là ce soir, j'ai de gros doutes. Qu'en pensez-vous?

Par ailleurs, je délire peut-être complètement mais je me demande si les conséquences de cet enseignement, que nous sommes beaucoup à avoir intégré, et qui a une influence sur notre façon de lire à haute voix, sont beaucoup plus importantes qu'il n'y paraît. Notamment, je me demande si l'assimilation de cette idée n'a pas rendu impossibles ou très difficiles les lectures expressives vraiment vivantes, n'a pas réduit très fortement le plaisir qu'on peut y prendre, et n'entrave pas l'engagement dans la lecture. J'ai le sentiment qu'elle a induit une conception de la langue lue  comme fondamentalement monotone et artificielle. Et pour aller encore plus loin, je m'interroge sur l'influence de cette idée (d'ailleurs, de quand date-t-elle ? Depuis quand l'enseigne-t-on massivement ?) sur la littérature et plus largement sur l'écriture contemporaine.

J'ajoute que je pense que c'est un frein à l'analyse des textes. Mais dans quelle mesure ?

Voilà, si ces considérations vous inspirent, vos remarques m'intéresseraient beaucoup.
NLM76
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Grand Maître

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par NLM76 Ven 7 Juin - 22:40
En effet. C'est un des points importants que j'ai appris, et travaille, comme comédien. Ne pas laisser tomber la voix en fin de vers, en fin de phrase. Dire ce qu'on dit, jusqu'au bout; adresser particulièrement nettement le dernier mot, la dernière syllabe de chaque phrase. Ne pas confondre aussi l'intonation (mélodique) descendante et l'affaiblissement de la voix. Pour éviter la monotonie, essayer de terminer sur une note un peu différente à chaque fois, ou plutôt sur une modulation mélodique un peu différente à chaque fois. Varier entre la cloture sèche à Sarkozy-Hollande et la longue vibrante à la De Gaulle-Malraux. Mais toujours dire ce qu'on dit jusqu'au bout, sans être déjà parti sur la suite.
Plutôt qu'une intonation descendante, le point, c'est "ça va recommencer" ; la virgule, "ça va continuer".

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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
yranoh
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par yranoh Sam 8 Juin - 0:27
Merci NLM pour ces remarques intéressantes. Et que penses-tu des conséquences que j'évoque ? Je suis allé un peu loin, j'aimerais bien affiner mon point de vue sur le sujet. Aussi pour voir dans quelle mesure il est intéressant de s'arrêter là-dessus avec les élèves. Peut-être même que ça pourrait avoir une incidence sur leur ponctuation ? Tu as commencé à dire quelque chose là-dessus.

Pour ce qui est de l'analyse (parce que sans enregistrement on ne peut pas mener sur pièce la réflexion jusqu'au bout. Or ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus ici), je note quelques éléments sur la chasse aux pommes de Rousseau.

une chasse aux pommes:


Dernière édition par yranoh le Sam 8 Juin - 2:20, édité 1 fois
Delia
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par Delia Sam 8 Juin - 1:55
H.S.
je montai sur la may : j'ai toujours orthographié maie, le nom de ce coffre à pain.

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par NLM76 Sam 8 Juin - 4:44
yranoh a écrit:Merci NLM pour ces remarques intéressantes. Et que penses-tu des conséquences que j'évoque ? Je suis allé un peu loin, j'aimerais bien affiner mon point de vue sur le sujet. Aussi pour voir dans quelle mesure il est intéressant de s'arrêter là-dessus avec les élèves. Peut-être même que ça pourrait avoir une incidence sur leur ponctuation ? Tu as commencé à dire quelque chose là-dessus.
Je ne pense pas qu'ils soient embarrassés sur la moindre théorie, et certainement pas par celle qui dirait qu'il faut baisser le ton en fin de phrase. Ils n'ont aucune idée de comment il faudrait lire.
Si, il y a une théorie, me semble-t-il, qui les empêche de savoir lire ; c'est celle qui croit que le texte flotte en l'air, qu'il n'est pas la parole d'un humain adressée à un autre humain. Cela va avec cette effroyable manie de dire, en particulier à propos d'un texte dont on connaît l'auteur, "on nous dit que".

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La Bécasse
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par La Bécasse Sam 8 Juin - 7:58
C'est une analyse assez intéressante. Je pense qu'on parle essentiellement d'intonation descendante pour la comparer avec la mélodie de la phrase interrogative. Quoi qu'il en soit, je ne sais pas si elle induit "un frein à l'analyse des textes", mais c'est une hypothèse passionnante.
En tout cas, ce qui est certain, c'est que la lecture des candidats est souvent monotone. Je rejoins tout à fait, ce qui a été dit par NLM. Il faut tenir jusqu'au bout, et adresser. Une réplique qui n'est pas adressée à quelqu'un n'est adressée à personne. Elle se perd donc.
Et en effet, on attend souvent sur un plateau de théâtre : "Attention à vos fins de phrases."
J'ai lu un peu le texte de Rousseau proposé, et voilà mon hypothèse de travail ou en tout cas ce que je fais intuitivement quand je lis à voix haute.
Je ne pense pas qu'il faille faire "remonter l'intonation" ce qui pourrait être un peu artificiel, en tout cas il faut prendre son temps, et proposer parfois des pauses à des endroits où il n'y a pas de ponctuation.
Par exemple, dans la première phrase, je pourrais mettre des coupes ici :
"  Un souvenir  / qui me fait frémir encore et / rire tout à la fois, est / celui d'une chasse aux pommes / qui me coûta / cher."

L'idée ici serait de mettre en valeur l'attribut du COD "Cher".

De la même façon :
" J'allai chercher la broche pour voir si elle y pourrait atteindre : elle était trop / courte."

De la même façon, j'aurais envie ici de ménager mon effet, de demander au destinataire de s'imaginer la broche, de l'anticiper.

Autre exemple,

"Lecteur pitoyable, partagez / mon affliction."

Ce sont des propositions bien sûr, et il y aurait bien d'autres manières de lire ce texte. En tout cas, il est clair qu'il faut apprendre aux élèves à être patient, à comprendre ce qu'ils sont en train de lire, et les inviter à inventer et s'amuser avec leur texte.
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