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- wizzzNiveau 2
Bonsoir,
Aujourd'hui nous avons reçu dans l'établissement les dossiers de nos futurs élèves de 6ème. Hier, dans le même esprit, nous avons envoyé ceux de nos 3ème dans les lycées d'affectation. Le collège est vidé de ses élèves, DNB oblige, et ça laisse du temps pour se rendre compte vraiment de la façon dont ces petits, devenus grands, ont évolué. Et bien, je n'aurai jamais dû passer ces longues heures à trier et lire les dossiers, car là j'ai le moral dans les pompes.
Je travaille dans un milieu favorisé, urbain, avec une vraie mixité sociale. Mon bahut est un paradis pour profs, aucun ne veut en partir ( faut voir la tronche de nos stagiaires quand ils nous quittent) la stabilité des équipes est un avantage. Les enseignants sont passionnés et compétents. Peu de problèmes de violence, d'incivilité, de harcèlement. On dispose de moyens importants pour l'accompagnement éducatif et le tutorat. Si vous étendez la photographie du coin aux écoles primaires, c'est la même chose : les conditions d'enseignement sont optimales pour les adultes comme pour les enfants. Un rêve, vous dis-je.
Aujourd'hui j'ai pris le temps de lire le CV de la centaine des futurs 6ème. Cette année, on a une nouveauté : les LPC qui nous arrivent sont complets depuis qu'ils sont à l'école. J'ai sous le nez les cinq années de primaires et les trois de maternelle. Avant, nous n'avions qu'une vision partielle de tout cela. Je vais résumer, parce que sinon je vais vous faire un roman : les enfants qui présentent des difficultés en fin de GS, notamment au niveau des compétences en terme de maîtrise de l'écrit et de la compréhension, sont ceux qui sont invariablement à la traîne... 6 ans plus tard. Et comme on constate que les CM2 qui rament seront les 6ème qui vont ramer, et bien lors des commissions CM2 - 6ème avec les PE et les directeurs, ils nous ont désigné les enfants qui vont bénéficier du soutien en méthodologie, français, maths, aide au devoirs dès qu'ils auront posé un pied au collège. Sympa, non? Sauf que...
On a fait le bilan, en conseil pédagogique, de la plus-value qu'apporte le collège à ces élèves, chiffres à l'appui. Le dispositif de passerelle, ou de prévention de l'échec scolaire, comme vous voulez, est vieux de quatre ans, donc concerne ceux qui sont entrés en septembre 2009, qu'on lâche aujourd'hui en lycée. Et bien figurez vous que nous, collège idyllique ( et ce n'est pas péjoratif ) , nous sommes médiocres, voire mauvais. Malgré des moyens, des enseignants de combat, un cadre excellent, l'élève mauvais en sixième demeure 3 fois sur 4 mauvais en 3ème. On dépense un temps infini à les soutenir, ces petiots à la ramasse, ça change rien ou pas grand chose.
Et le drame c'est que ce constat est extensible sur les écoles de secteurs! Les effectifs par classe sont indécents, la communauté urbaine, riche, mets des moyens terribles aux écoles, je crois qu'il y a des expérimentations et des classes pilotes en terme d'apprentissages via le numérique, et ça change rien : les difficultés en CP perdurent en CM2, voir s'aggravent.
Ce qui me fout le bourdon, c'est que j'ai eu le désagréable sentiment d'être inutile. J'ai le sentiment que l'école ne fait plus que valider un état de fait : les bons demeurent bons, les mauvais demeurent mauvais, et les gamins pris entre ces deux pôles naviguent entre deux eaux : c'est peut-être chez eux que ça évolue le plus, dans un sens comme dans l'autre. Dans le premier degré comme dans le second, j'ai l'impression que nous ne sommes plus là que pour entériner un état de fait, féliciter les meilleurs et dégoûter (au mieux ) ou révolter ( au pire ) les plus faibles. On parle de l'ascenseur social en panne, il serait peut être temps qu'on s'occupe de l'ascenseur scolaire.
Alors bien sûr, c'est un micro-constat, dans un micro-climat qui n'a rien de généralisable. Et puis tout n'est pas perdu : on a pu constater que les gamins issus des populations non francophones, ou immigrées, eux, bénéficiaient de ces conditions favorables, et évoluaient remarquablement bien jusqu'à se fondre dans la masse. L'intégration par la scolarité est réussie.
Mes chefs, avec qui je bossais parfois durant ce tri et cette analyse ( faut bien s'occuper durant le DNB) , riaient jaune au moment de constater une fois de plus le conditionnement scolaire par le prénom. Nos "boulets" de l'année prochaine se prénomment Brandon, Christopher, Jordan, Pamela, Tiffany, Tracy, Kyllian, Enzo, Sabrina. Les mêmes que ceux qu'on s'apprête à lâcher en pâture à la grande broyeuse qu'est le lycée. On ne pourra pas influer sur le destin de ces pauvres élèves, on ne pourra pas lutter contre le conditionnement social et intellectuel qui semble bloquer la possibilité pour l'école de monter le curseur de capacité et d'exigence vis à vis de ces gosses.
"Tu nais neuneu, tu apprendras neuneu." semblent me crier les évaluations et leurs évolutions au gré des cycles et des écoles.
Je suis CPE, j'aime les gosses, le métier, ceux qui m'ont lus ici savent que je m'interroge sérieusement sur le fait de passer chef, mais là ce soir, j'ai l'impression que c'est plus pour devenir Don Quichotte au lieu de Sancho Panza.
J'ai un vrai coup de mou, là, parce que je me dis que même la meilleure école, avec ses éléments les plus motivés, ses moyens les mieux exploités et son cadre le plus préservé, semble pouvoir de moins en moins et subir de plus en plus.
Oui, à l'approche des vacances, c'est paradoxalement pas la forme...
Aujourd'hui nous avons reçu dans l'établissement les dossiers de nos futurs élèves de 6ème. Hier, dans le même esprit, nous avons envoyé ceux de nos 3ème dans les lycées d'affectation. Le collège est vidé de ses élèves, DNB oblige, et ça laisse du temps pour se rendre compte vraiment de la façon dont ces petits, devenus grands, ont évolué. Et bien, je n'aurai jamais dû passer ces longues heures à trier et lire les dossiers, car là j'ai le moral dans les pompes.
Je travaille dans un milieu favorisé, urbain, avec une vraie mixité sociale. Mon bahut est un paradis pour profs, aucun ne veut en partir ( faut voir la tronche de nos stagiaires quand ils nous quittent) la stabilité des équipes est un avantage. Les enseignants sont passionnés et compétents. Peu de problèmes de violence, d'incivilité, de harcèlement. On dispose de moyens importants pour l'accompagnement éducatif et le tutorat. Si vous étendez la photographie du coin aux écoles primaires, c'est la même chose : les conditions d'enseignement sont optimales pour les adultes comme pour les enfants. Un rêve, vous dis-je.
Aujourd'hui j'ai pris le temps de lire le CV de la centaine des futurs 6ème. Cette année, on a une nouveauté : les LPC qui nous arrivent sont complets depuis qu'ils sont à l'école. J'ai sous le nez les cinq années de primaires et les trois de maternelle. Avant, nous n'avions qu'une vision partielle de tout cela. Je vais résumer, parce que sinon je vais vous faire un roman : les enfants qui présentent des difficultés en fin de GS, notamment au niveau des compétences en terme de maîtrise de l'écrit et de la compréhension, sont ceux qui sont invariablement à la traîne... 6 ans plus tard. Et comme on constate que les CM2 qui rament seront les 6ème qui vont ramer, et bien lors des commissions CM2 - 6ème avec les PE et les directeurs, ils nous ont désigné les enfants qui vont bénéficier du soutien en méthodologie, français, maths, aide au devoirs dès qu'ils auront posé un pied au collège. Sympa, non? Sauf que...
On a fait le bilan, en conseil pédagogique, de la plus-value qu'apporte le collège à ces élèves, chiffres à l'appui. Le dispositif de passerelle, ou de prévention de l'échec scolaire, comme vous voulez, est vieux de quatre ans, donc concerne ceux qui sont entrés en septembre 2009, qu'on lâche aujourd'hui en lycée. Et bien figurez vous que nous, collège idyllique ( et ce n'est pas péjoratif ) , nous sommes médiocres, voire mauvais. Malgré des moyens, des enseignants de combat, un cadre excellent, l'élève mauvais en sixième demeure 3 fois sur 4 mauvais en 3ème. On dépense un temps infini à les soutenir, ces petiots à la ramasse, ça change rien ou pas grand chose.
Et le drame c'est que ce constat est extensible sur les écoles de secteurs! Les effectifs par classe sont indécents, la communauté urbaine, riche, mets des moyens terribles aux écoles, je crois qu'il y a des expérimentations et des classes pilotes en terme d'apprentissages via le numérique, et ça change rien : les difficultés en CP perdurent en CM2, voir s'aggravent.
Ce qui me fout le bourdon, c'est que j'ai eu le désagréable sentiment d'être inutile. J'ai le sentiment que l'école ne fait plus que valider un état de fait : les bons demeurent bons, les mauvais demeurent mauvais, et les gamins pris entre ces deux pôles naviguent entre deux eaux : c'est peut-être chez eux que ça évolue le plus, dans un sens comme dans l'autre. Dans le premier degré comme dans le second, j'ai l'impression que nous ne sommes plus là que pour entériner un état de fait, féliciter les meilleurs et dégoûter (au mieux ) ou révolter ( au pire ) les plus faibles. On parle de l'ascenseur social en panne, il serait peut être temps qu'on s'occupe de l'ascenseur scolaire.
Alors bien sûr, c'est un micro-constat, dans un micro-climat qui n'a rien de généralisable. Et puis tout n'est pas perdu : on a pu constater que les gamins issus des populations non francophones, ou immigrées, eux, bénéficiaient de ces conditions favorables, et évoluaient remarquablement bien jusqu'à se fondre dans la masse. L'intégration par la scolarité est réussie.
Mes chefs, avec qui je bossais parfois durant ce tri et cette analyse ( faut bien s'occuper durant le DNB) , riaient jaune au moment de constater une fois de plus le conditionnement scolaire par le prénom. Nos "boulets" de l'année prochaine se prénomment Brandon, Christopher, Jordan, Pamela, Tiffany, Tracy, Kyllian, Enzo, Sabrina. Les mêmes que ceux qu'on s'apprête à lâcher en pâture à la grande broyeuse qu'est le lycée. On ne pourra pas influer sur le destin de ces pauvres élèves, on ne pourra pas lutter contre le conditionnement social et intellectuel qui semble bloquer la possibilité pour l'école de monter le curseur de capacité et d'exigence vis à vis de ces gosses.
"Tu nais neuneu, tu apprendras neuneu." semblent me crier les évaluations et leurs évolutions au gré des cycles et des écoles.
Je suis CPE, j'aime les gosses, le métier, ceux qui m'ont lus ici savent que je m'interroge sérieusement sur le fait de passer chef, mais là ce soir, j'ai l'impression que c'est plus pour devenir Don Quichotte au lieu de Sancho Panza.
J'ai un vrai coup de mou, là, parce que je me dis que même la meilleure école, avec ses éléments les plus motivés, ses moyens les mieux exploités et son cadre le plus préservé, semble pouvoir de moins en moins et subir de plus en plus.
Oui, à l'approche des vacances, c'est paradoxalement pas la forme...
- elwellonNiveau 9
J'ai assisté récemment à une réunion passerelle entre 6° et CM2. L'IPR a dit, devant nos mines déconfites par le bilan de l'année précédente, que l'on devait s'attacher tout d'abord à ce que les élèves faibles ne décrochent pas pendant le collège. Voilà donc notre mission: l'intention y est, mais pas le fond. On ne se bat pas pour qu'ils réussissent, mais pour qu'ils restent à la surface sans se noyer. Alors, pourquoi pas? Si le constat est que ces élèves ne peuvent pas progresser davantage, aidons-les au moins à ne pas décrocher.
Bon, Wizzz, ne te décourage pas! tu n'es pas tout seul(e) à te battre, les vacances vont te permettre d'y voir plus clair et de prendre du recul.
Bon, Wizzz, ne te décourage pas! tu n'es pas tout seul(e) à te battre, les vacances vont te permettre d'y voir plus clair et de prendre du recul.
- RikkiMonarque
Wizzz, c'est exactement le même sentiment que toi que j'ai eu quand j'enseignais au CM2 : je pouvais me démener, mener des projets intéressants, faire évoluer certains gamins "moyen-faible" vers "moyen-bon" (et ça n'est pas rien, crois-moi, tu as tort de sous-estimer tout l'étayage que vous apportez aux "moyens", ce sont eux qui sombrent dans certains quartiers et pas chez vous, manifestement)... par contre, pour les "à la ramasse", ils restent "à la ramasse" et à 10 ans on pouvait leur prédire un avenir tout tracé d'échec scolaire, de remédiations bancales et d'orientations subies.
C'est pour ça que je me suis orientée vers le CP, grâce à l'aide de professionnelles chevronnées comme Double Casquette, Sapotille et Volubilys, qui m'ont fait découvrir des méthodes de travail différentes de celles que je connaissais.
On n'a pas de baguette magique, mais en mettant le paquet sur le cycle 2, qui va de la GS au CE1, on arrive à sauver les meubles.
Après, un gamin avec 75 de QI ne deviendra pas non plus Polytechnicien... mais on pourra au moins lui donner quelques bases lui permettant de s'en sortir.
Comme le dit Elwellon, ne pas se noyer, ce n'est pas spectaculaire, mais c'est déjà énorme !
C'est pour ça que je me suis orientée vers le CP, grâce à l'aide de professionnelles chevronnées comme Double Casquette, Sapotille et Volubilys, qui m'ont fait découvrir des méthodes de travail différentes de celles que je connaissais.
On n'a pas de baguette magique, mais en mettant le paquet sur le cycle 2, qui va de la GS au CE1, on arrive à sauver les meubles.
Après, un gamin avec 75 de QI ne deviendra pas non plus Polytechnicien... mais on pourra au moins lui donner quelques bases lui permettant de s'en sortir.
Comme le dit Elwellon, ne pas se noyer, ce n'est pas spectaculaire, mais c'est déjà énorme !
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mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- roxanneOracle
On multiplie les projets, les moyens d'aide.Deux heures de réunion cette semaine rien que pour prsenter les dispositifs .Et à côté de ça, on est à 4 heures de français en 5° et 4°, 5 heures en 6°.Ce qui était l'aide de français devient une heure pour boucher les edt des profs d'eps ou autres .
- Marie LaetitiaBon génie
Rikki a écrit:Wizzz, c'est exactement le même sentiment que toi que j'ai eu quand j'enseignais au CM2 : je pouvais me démener, mener des projets intéressants, faire évoluer certains gamins "moyen-faible" vers "moyen-bon" (et ça n'est pas rien, crois-moi, tu as tort de sous-estimer tout l'étayage que vous apportez aux "moyens", ce sont eux qui sombrent dans certains quartiers et pas chez vous, manifestement)... par contre, pour les "à la ramasse", ils restent "à la ramasse" et à 10 ans on pouvait leur prédire un avenir tout tracé d'échec scolaire, de remédiations bancales et d'orientations subies.
C'est pour ça que je me suis orientée vers le CP, grâce à l'aide de professionnelles chevronnées comme Double Casquette, Sapotille et Volubilys, qui m'ont fait découvrir des méthodes de travail différentes de celles que je connaissais.
On n'a pas de baguette magique, mais en mettant le paquet sur le cycle 2, qui va de la GS au CE1, on arrive à sauver les meubles.
Après, un gamin avec 75 de QI ne deviendra pas non plus Polytechnicien... mais on pourra au moins lui donner quelques bases lui permettant de s'en sortir.
Comme le dit Elwellon, ne pas se noyer, ce n'est pas spectaculaire, mais c'est déjà énorme !
Ton parcours, Rikki... C'est pour ça qu'avant d'être atteinte du virus de l'histoire je voulais devenir PE, pour donner ce que j'avais reçu, in extremis, d'une maîtresse qui m'a repêchée en fin de CP, juste avant la noyade... (je ne pourrai jamais assez la remercier
Wizz, il y a tant d'élèves plutôt bons en 6e qui se noient dans le courant du collège. C'est déjà tellement de leur éviter cela!
Et puis, les élèves ne sont pas des morceaux de bois que l'on graverait à notre guise. Ils sont marqués par d'autres que nous (leurs capacités, leurs parents, leur environnement) et ils ont leur propre volonté. Cela nous rappelle un peu à l'humilité - nous ne pouvons pas tout - et à rester à notre petit rôle, si simplement. Nous ne sommes pas des dieux, juste des passeurs. Mais comme le souligne Rikki, tous les moyens mis en place au collège sont là surtout pour éviter la noyade en cours de collège des moyens, pas pour sauver ceux qui ont mal démarrés en CP/CE1...
- Spoiler:
Et puis Wizz c'est pas sympa de nous dire que quelque part il existe des collèges sans problème de discipline, tranquilles, toussa... ça s'fait pas! Trop cruel !
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- AnaxagoreGuide spirituel
J'ai envie de répondre à wizzz: et
www.instruire.fr
www.instruire.fr
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- Elle aimeExpert
Hélas !roxanne a écrit:On multiplie les projets, les moyens d'aide.Deux heures de réunion cette semaine rien que pour prsenter les dispositifs .Et à côté de ça, on est à 4 heures de français en 5° et 4°, 5 heures en 6°.
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"Moi, je crois que la grammaire, c’est une voie d’accès à la beauté. Quand on parle, quand on lit ou quand on écrit, on sent bien si on a fait une belle phrase ou si on est en train d’en lire une. On est capable de reconnaître une belle tournure ou un beau style. Mais quand on fait de la grammaire, on a accès à une autre dimension de la beauté de la langue. Faire de la grammaire, c’est la décortiquer, regarder comment elle est faite, la voir toute nue, en quelque sorte. Et c’est là que c’est merveilleux : parce qu’on se dit : « Comme c’est bien fait, qu’est-ce que c’est bien fichu ! », « Comme c’est solide, ingénieux, subtil ! ». Moi, rien que savoir qu’il y a plusieurs natures de mots et qu’on doit les connaître pour en conclure à leurs usages et à leurs compatibilités possibles, ça me transporte."
- dandelionVénérable
Wizz, peut-être que l'inconvénient de ta vision d'ensemble c'est qu'elle laisse de côté les 'petits' miracles que la statistique ne voit pas. Tu dis que vous aidez les jeunes issus de l'immigration à progresser avec les autres: c'est déjà énorme non? Si tu es CPE, et que ton établissement fonctionne bien, c'est aussi beaucoup grâce à toi, j'ai vu des établissements bien sur le papier être proprement saccagés par des CPE peu efficaces. Après, comme Rikki je pense que ce sont les toutes premières années d'école qui sont fondamentales. Je regrette d'ailleurs qu'il n'y ait pas une vraie réflexion sur l'accueil de la petite enfance (notamment un accueil par des personnes ayant un certain bagage en termes linguistiques). Et puis quand je repense aux programmes télévisés qui nous étaient proposés quand j'étais enfant, et aux horreurs qui passent aujourd'hui, je constate que le moins que l'on puisse dire c'est que la société toute entière se désintéresse du sort des jeunes enfants. De plus, à l'heure de l'individualisme, de la satisfaction de ses envies, de l'absence de frustration, beaucoup de parents oublient que s'occuper d'un enfant doit être contraignant: c'est du travail. L'école réussit très rarement quand les familles sont vraiment défaillantes. Et je ne crois pas que cela ait jamais été infirmé sauf cas particuliers (et comme les collègues le soulignent, la baisse des horaires des disciplines fondamentales font qu'à défaut d'une famillle qui fait lire, compter, conjuguer, les enfants qui ne sont pas des génies ne s'en sortent pas).
- IphigénieProphète
Wizz, tu as fait le travail de vérité que l'on ne fait jamais ou plutôt même que tout le système s'efforce de masquer à coup de fausses réunions, faux bilans, fausses statistiques,âge du capitaine, où l'essentiel est de justifier sa place et valoriser son action et non réellement voir ce que l'élève a vraiment retiré du dispositif. Tu donnes le témoignage du collège, Rikki du primaire, c'est le même en lycée, et à chaque étape le sillon est encore plus définitivement creusé: tous les dispositifs mis en place sont bidons. L'école est entièrement conçue aujourd'hui comme un "garage" social (un temps pour "garder les problèmes sans qu'ils ne débordent- ou le moins possible- sur la société), de même les dispositifs ont plus pour but de calmer les parents que d'aider leurs enfants. Il y a des retards ET des capacités irrattrapables. On se mobilise en début d'année pour désigner les élèves devant avoir un suivi (études surveillées, aides diverses) , on désigne des tuteurs, mais on ne fait jamais le bilan final, sauf pour l'AP où les professeurs participant au dispositif ont tellement peur d'être mal jugés ou de ne plus avoir ces deux heures (pour x raisons) qu'ils ont quasiment tous un bilan officiellement satisfait et dévoilent complaisamment l'ingéniosité de leurs prestations au lieu d'établir ce que cela a véritablement apporté à l'élève. Si on le demande aux élèves, ils rigolent en disant que ça ne sert à rien, et les parents eux, demandent à ce qu'on "aide personnellement" leur fils, sans voir les réalités de ce jeu de chaises de groupes de 25 élèves.
les mauvais restent mauvais, les moyens basculent souvent vers le faible, les bons restent bons, mais perdent tellement de temps qu'ils sont plutôt moins bons en fin de seconde .
Dans le supérieur, il y a des mentions TB de bac qui s'effondrent et parfois des passables qui se révèlent enfin en trouvant leur voie: preuve que les maillons antérieurs sont bidonnés et ne correspondent à aucun critère sérieux: il n'y a qu'à voir le fil de discussion sur l'EAF pour voir à quel point nous travaillons sans critères sérieux.Pire, avec des soi-disant dispositifs d'"aide" qui réduisent dramatiquement les temps d'apprentissage disciplinaires, les rendant eux-mêmes impossibles à être assimilés: pas grave, on ajoutera une heure de présence bidon pour masquer le vide de plus en plus sidéral des connaissances. VOire faire de la morale laïque et de l'ECJS quand on n'est plus capable de philosopher ni même de penser.
Je crois fermement comme Rikki que le seul maillon où l'aide devrait être puissante, massive, concentrée c'est au début de la scolarité. Et je suis étonnée qu'avec tant et tant de réformes, on n'ait jamais tenté celle-là, de façon, je le répète, vraiment massive, pas à l'économie: les économies on peut les faire sur les dispositifs du lycée où ils ne servent à rien de rien. Je n'ai personnellement jamais vu un élève de lycée augmentant ses performances grâce à du soutien. Se faire faire ses devoirs en CDR oui, les comprendre, non.
les mauvais restent mauvais, les moyens basculent souvent vers le faible, les bons restent bons, mais perdent tellement de temps qu'ils sont plutôt moins bons en fin de seconde .
Dans le supérieur, il y a des mentions TB de bac qui s'effondrent et parfois des passables qui se révèlent enfin en trouvant leur voie: preuve que les maillons antérieurs sont bidonnés et ne correspondent à aucun critère sérieux: il n'y a qu'à voir le fil de discussion sur l'EAF pour voir à quel point nous travaillons sans critères sérieux.Pire, avec des soi-disant dispositifs d'"aide" qui réduisent dramatiquement les temps d'apprentissage disciplinaires, les rendant eux-mêmes impossibles à être assimilés: pas grave, on ajoutera une heure de présence bidon pour masquer le vide de plus en plus sidéral des connaissances. VOire faire de la morale laïque et de l'ECJS quand on n'est plus capable de philosopher ni même de penser.
Je crois fermement comme Rikki que le seul maillon où l'aide devrait être puissante, massive, concentrée c'est au début de la scolarité. Et je suis étonnée qu'avec tant et tant de réformes, on n'ait jamais tenté celle-là, de façon, je le répète, vraiment massive, pas à l'économie: les économies on peut les faire sur les dispositifs du lycée où ils ne servent à rien de rien. Je n'ai personnellement jamais vu un élève de lycée augmentant ses performances grâce à du soutien. Se faire faire ses devoirs en CDR oui, les comprendre, non.
- NitaEmpereur
Wizzz, si Tyfanie, Dylan et autres sont restés au collège, sans lâcher, en restant plutôt sages et plutôt polis (ou en apprenant à être poli "de base"), c'est, de nos jours, une victoire.
Et, sinon, même constat que Rikki. Tout se joue au cycle 2.
Une dernière remarque, en passant : quand j'étais gamine, j'allais dans une école (remarquable) où la mixité sociale était bien plus fréquente que dans les autres établissements de ma ville, une grosse école jouxtant une zone de maisons individuelles, une zone de HLM, et un truc appelé "la zone" (mieux qu'un bidonville, bien sûr, mais des taudis quand même).
Les Tiffanie, Dylan & Co de l'époque s'en sortaient un petit peu mieux que ceux d'aujourd'hui - guère plus - parce qu'ils trouvaient du boulot s'ils avaient obtenu un bagage minimum.
Mais qu'avons-nous à offrir aux nôtres ?
Et, sinon, même constat que Rikki. Tout se joue au cycle 2.
Une dernière remarque, en passant : quand j'étais gamine, j'allais dans une école (remarquable) où la mixité sociale était bien plus fréquente que dans les autres établissements de ma ville, une grosse école jouxtant une zone de maisons individuelles, une zone de HLM, et un truc appelé "la zone" (mieux qu'un bidonville, bien sûr, mais des taudis quand même).
Les Tiffanie, Dylan & Co de l'époque s'en sortaient un petit peu mieux que ceux d'aujourd'hui - guère plus - parce qu'ils trouvaient du boulot s'ils avaient obtenu un bagage minimum.
Mais qu'avons-nous à offrir aux nôtres ?
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A clean house is a sign of a broken computer.
- Invité41Niveau 6
wizzz a écrit: Les mêmes que ceux qu'on s'apprête à lâcher en pâture à la grande broyeuse qu'est le lycée. On ne pourra pas influer sur le destin de ces pauvres élèves, on ne pourra pas lutter contre le conditionnement social et intellectuel qui semble bloquer la possibilité pour l'école de monter le curseur de capacité et d'exigence vis à vis de ces gosses.
"Tu nais neuneu, tu apprendras neuneu." semblent me crier les évaluations et leurs évolutions au gré des cycles et des écoles.
On pourrait influer sur leur destin en les formant à des vrais métiers qui offrent des débouchés sur le marché de l'emploi.
Malheureusement des crétins tout en haut ont décidé qu'il fallait 80 % d'une classe d'âge au niveau du bac et 50 % au niveau de la licence.
Donc ils se retrouveront en seconde, puis bachelier 3 ou 4 ans plus tard, preuve de la grande réussite de notre système éducatif ! .
- OsmieSage
wizzz a écrit:Bonsoir,
Aujourd'hui nous avons reçu dans l'établissement les dossiers de nos futurs élèves de 6ème. Hier, dans le même esprit, nous avons envoyé ceux de nos 3ème dans les lycées d'affectation. Le collège est vidé de ses élèves, DNB oblige, et ça laisse du temps pour se rendre compte vraiment de la façon dont ces petits, devenus grands, ont évolué. Et bien, je n'aurai jamais dû passer ces longues heures à trier et lire les dossiers, car là j'ai le moral dans les pompes.
Je travaille dans un milieu favorisé, urbain, avec une vraie mixité sociale. Mon bahut est un paradis pour profs, aucun ne veut en partir ( faut voir la tronche de nos stagiaires quand ils nous quittent) la stabilité des équipes est un avantage. Les enseignants sont passionnés et compétents. Peu de problèmes de violence, d'incivilité, de harcèlement. On dispose de moyens importants pour l'accompagnement éducatif et le tutorat. Si vous étendez la photographie du coin aux écoles primaires, c'est la même chose : les conditions d'enseignement sont optimales pour les adultes comme pour les enfants. Un rêve, vous dis-je.
Aujourd'hui j'ai pris le temps de lire le CV de la centaine des futurs 6ème. Cette année, on a une nouveauté : les LPC qui nous arrivent sont complets depuis qu'ils sont à l'école. J'ai sous le nez les cinq années de primaires et les trois de maternelle. Avant, nous n'avions qu'une vision partielle de tout cela. Je vais résumer, parce que sinon je vais vous faire un roman : les enfants qui présentent des difficultés en fin de GS, notamment au niveau des compétences en terme de maîtrise de l'écrit et de la compréhension, sont ceux qui sont invariablement à la traîne... 6 ans plus tard. Et comme on constate que les CM2 qui rament seront les 6ème qui vont ramer, et bien lors des commissions CM2 - 6ème avec les PE et les directeurs, ils nous ont désigné les enfants qui vont bénéficier du soutien en méthodologie, français, maths, aide au devoirs dès qu'ils auront posé un pied au collège. Sympa, non? Sauf que...
On a fait le bilan, en conseil pédagogique, de la plus-value qu'apporte le collège à ces élèves, chiffres à l'appui. Le dispositif de passerelle, ou de prévention de l'échec scolaire, comme vous voulez, est vieux de quatre ans, donc concerne ceux qui sont entrés en septembre 2009, qu'on lâche aujourd'hui en lycée. Et bien figurez vous que nous, collège idyllique ( et ce n'est pas péjoratif ) , nous sommes médiocres, voire mauvais. Malgré des moyens, des enseignants de combat, un cadre excellent, l'élève mauvais en sixième demeure 3 fois sur 4 mauvais en 3ème. On dépense un temps infini à les soutenir, ces petiots à la ramasse, ça change rien ou pas grand chose.
Et le drame c'est que ce constat est extensible sur les écoles de secteurs! Les effectifs par classe sont indécents, la communauté urbaine, riche, mets des moyens terribles aux écoles, je crois qu'il y a des expérimentations et des classes pilotes en terme d'apprentissages via le numérique, et ça change rien : les difficultés en CP perdurent en CM2, voir s'aggravent.
Ce qui me fout le bourdon, c'est que j'ai eu le désagréable sentiment d'être inutile. J'ai le sentiment que l'école ne fait plus que valider un état de fait : les bons demeurent bons, les mauvais demeurent mauvais, et les gamins pris entre ces deux pôles naviguent entre deux eaux : c'est peut-être chez eux que ça évolue le plus, dans un sens comme dans l'autre. Dans le premier degré comme dans le second, j'ai l'impression que nous ne sommes plus là que pour entériner un état de fait, féliciter les meilleurs et dégoûter (au mieux ) ou révolter ( au pire ) les plus faibles. On parle de l'ascenseur social en panne, il serait peut être temps qu'on s'occupe de l'ascenseur scolaire.
Alors bien sûr, c'est un micro-constat, dans un micro-climat qui n'a rien de généralisable. Et puis tout n'est pas perdu : on a pu constater que les gamins issus des populations non francophones, ou immigrées, eux, bénéficiaient de ces conditions favorables, et évoluaient remarquablement bien jusqu'à se fondre dans la masse. L'intégration par la scolarité est réussie.
Mes chefs, avec qui je bossais parfois durant ce tri et cette analyse ( faut bien s'occuper durant le DNB) , riaient jaune au moment de constater une fois de plus le conditionnement scolaire par le prénom. Nos "boulets" de l'année prochaine se prénomment Brandon, Christopher, Jordan, Pamela, Tiffany, Tracy, Kyllian, Enzo, Sabrina. Les mêmes que ceux qu'on s'apprête à lâcher en pâture à la grande broyeuse qu'est le lycée. On ne pourra pas influer sur le destin de ces pauvres élèves, on ne pourra pas lutter contre le conditionnement social et intellectuel qui semble bloquer la possibilité pour l'école de monter le curseur de capacité et d'exigence vis à vis de ces gosses.
"Tu nais neuneu, tu apprendras neuneu." semblent me crier les évaluations et leurs évolutions au gré des cycles et des écoles.
Je suis CPE, j'aime les gosses, le métier, ceux qui m'ont lus ici savent que je m'interroge sérieusement sur le fait de passer chef, mais là ce soir, j'ai l'impression que c'est plus pour devenir Don Quichotte au lieu de Sancho Panza.
J'ai un vrai coup de mou, là, parce que je me dis que même la meilleure école, avec ses éléments les plus motivés, ses moyens les mieux exploités et son cadre le plus préservé, semble pouvoir de moins en moins et subir de plus en plus.
Oui, à l'approche des vacances, c'est paradoxalement pas la forme...
C'est le système français : le plus inégalitaire de l'OCDE (avec la République Tchèque !).
- Marie LaetitiaBon génie
buster Keaton a écrit:wizzz a écrit: Les mêmes que ceux qu'on s'apprête à lâcher en pâture à la grande broyeuse qu'est le lycée. On ne pourra pas influer sur le destin de ces pauvres élèves, on ne pourra pas lutter contre le conditionnement social et intellectuel qui semble bloquer la possibilité pour l'école de monter le curseur de capacité et d'exigence vis à vis de ces gosses.
"Tu nais neuneu, tu apprendras neuneu." semblent me crier les évaluations et leurs évolutions au gré des cycles et des écoles.
On pourrait influer sur leur destin en les formant à des vrais métiers qui offrent des débouchés sur le marché de l'emploi.
Malheureusement des crétins tout en haut ont décidé qu'il fallait 80 % d'une classe d'âge au niveau du bac et 50 % au niveau de la licence.
Donc ils se retrouveront en seconde, puis bachelier 3 ou 4 ans plus tard, preuve de la grande réussite de notre système éducatif ! .
_________________
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- celitianSage
Les parents sont également fautifs car ils ne veulent pas que leurs enfants soient dirigés vers des filières plus pro. Dans notre lycée hôtelier on a bcp de mal à remplir nos classes de 2nde et dans notre classe de mise à niveau (1 an après un bac général pour faire une BTS), on a tous les ans des étudiants qui nous disent que leurs proches n'approuvent pas ce choix car avec un bac général c'est la honte d'aller dans l'hôtellerie.buster Keaton a écrit:On pourrait influer sur leur destin en les formant à des vrais métiers qui offrent des débouchés sur le marché de l'emploi.
Donc ils se retrouveront en seconde, puis bachelier 3 ou 4 ans plus tard, preuve de la grande réussite de notre système éducatif ! .
- CatalunyaExpert spécialisé
C'est pas politiquement correct de dire que tout simplement, certains ont moins de capacités intellectuelles?
- celitianSage
Plutôt des capacités "scolaires" qu'intellectuelles, pour moi en tout cas car je trouve que les 2 ne sont pas liès et que, assez souvent, les personnes avec les meilleures capacités intellectuelles se plantent à l'école.Catalunya a écrit:C'est pas politiquement correct de dire que tout simplement, certains ont moins de capacités intellectuelles?
- User5899Demi-dieu
Un peu moins de projets et d'expérimentations, un peu plus de cours et d'apprentissages.
- jilucorgNeoprof expérimenté
Quoi, une critique de la pédagogie de la promenade ?! Dans ma petite ville de banlieue lyonnaise, c'est l'école unanimement connue pour rassembler – vu son implantation – la population la plus lourdement en difficulté, qui fait à répétition l'objet de reportages laudatifs dans le canard municipal, avec photos de groupe où tout le monde – enfants, profs, animateurs spécialisés, maire et adjoints – montre sa joie devant la réalisation, pour mettre en valeur tous les "projets" agricoles, internationaux, écologiques, hygiéniques, alimentaires, sportifs etc. menés à bien (à coups de subventions) durant les heures d'enseignement, et il y en a un paquet. Pendant ce temps, dans les écoles "favorisées", les mômes apprennent tristement les bases, enfermés dans leur salle de classe...
- wizzzNiveau 2
A vue de nez, je ne crois pas que ce soit une question de capacité intellectuelle, mais plus de milieu et de méthode.
L'école n'est pas assez forte pour tirer les gamins vers le haut quand tout chez eux les tire vers le bas. En tout cas c'est ce que je constate. Après effectivement, l'exemple lyonnais est consternant.
L'école n'est pas assez forte pour tirer les gamins vers le haut quand tout chez eux les tire vers le bas. En tout cas c'est ce que je constate. Après effectivement, l'exemple lyonnais est consternant.
- PurpleBannerNiveau 7
Catalunya a écrit:C'est pas politiquement correct de dire que tout simplement, certains ont moins de capacités intellectuelles?
Ceux-ci, pour moi, sont une partie infinitésimale des élèves qui restent en échec. Le gros de la troupe, vu de ma ZEP est constitué d'élèves absolument capables, avec la même proportion d'élèves aux capacités "remarquables" qu'avant ou qu'ailleurs.
Le problème, là où j'enseigne, c'est qu'ils cumulent, dès la naissance, des difficultés sociales qui combinées rendent l'apprentissage quasi impossible. Dans le désordre: pauvreté, chômage, immigration, parents analphabètes, anomie sociale, mère seule avec père inconnu pour l'enfant, addiction, abus, délinquance des grands frères, intégrisme (de tous bords)... et les institutions judiciaires/sociales ne peuvent/font rien pour la majorité d'entre eux...
Bien sûr, ils ne sont pas 25 par classe mais 3 ou 4, ça suffit pour être trop avec tous les autres derrière (qui cumulent moins mais traînent toujours quelques unes de ces casseroles)... ceci surtout parce que la situation des premiers ne changent pas.
On ne peut rien faire, on mouline dans le vide avec tous les dispositifs d'aide pédagogique lorsque le problème est social.
- neomathÉrudit
L'école ne peut rien pour les enfant qui ont un petit QI ou des parents pathogènes. C'est une triste réalité qui ne date pas d'hier.
Le problème était moins visible autrefois lorsque ces enfants allaient garder les vaches ou devenaient OS. Mais ce temps est révolu. Il faudra donc bien un jour affronter le problème : dans un monde ou le travail non qualifié devient rare, que fait on des perdants ?
Le problème était moins visible autrefois lorsque ces enfants allaient garder les vaches ou devenaient OS. Mais ce temps est révolu. Il faudra donc bien un jour affronter le problème : dans un monde ou le travail non qualifié devient rare, que fait on des perdants ?
- Marie LaetitiaBon génie
PurpleBanner a écrit:Catalunya a écrit:C'est pas politiquement correct de dire que tout simplement, certains ont moins de capacités intellectuelles?
Ceux-ci, pour moi, sont une partie infinitésimale des élèves qui restent en échec. Le gros de la troupe, vu de ma ZEP est constitué d'élèves absolument capables, avec la même proportion d'élèves aux capacités "remarquables" qu'avant ou qu'ailleurs.
Le problème, là où j'enseigne, c'est qu'ils cumulent, dès la naissance, des difficultés sociales qui combinées rendent l'apprentissage quasi impossible. Dans le désordre: pauvreté, chômage, immigration, parents analphabètes, anomie sociale, mère seule avec père inconnu pour l'enfant, addiction, abus, délinquance des grands frères, intégrisme (de tous bords)... et les institutions judiciaires/sociales ne peuvent/font rien pour la majorité d'entre eux...
Bien sûr, ils ne sont pas 25 par classe mais 3 ou 4, ça suffit pour être trop avec tous les autres derrière (qui cumulent moins mais traînent toujours quelques unes de ces casseroles)... ceci surtout parce que la situation des premiers ne changent pas.
On ne peut rien faire, on mouline dans le vide avec tous les dispositifs d'aide pédagogique lorsque le problème est social.
Entièrement d'accord. On demande à l'école de régler des problèmes qui la dépassent, et de loin...
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- DinaaaExpert spécialisé
neomath a écrit:L'école ne peut rien pour les enfant qui ont un petit QI ou des parents pathogènes. C'est une triste réalité qui ne date pas d'hier.
Le problème était moins visible autrefois lorsque ces enfants allaient garder les vaches ou devenaient OS. Mais ce temps est révolu. Il faudra donc bien un jour affronter le problème : dans un monde ou le travail non qualifié devient rare, que fait on des perdants ?
On essaie de leur expliquer, à eux et à leurs parents, dès la 6e si possible et en douceur, qu'échouer à l'école ne veut pas dire rater sa vie.
Qu'on peut être très heureux même si on n'est pas scolaire.
Qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un Bac + 15 pour être épanoui.
Que Kévin peut être très heureux s'il fait un métier concret, pratique, où il se sentira utile.
Surtout, on ne les leurre pas pendant 4 ans en disant que Kevin a toutes ses chances (de quoi ? d'être chômeur avec un Bac +3 ?), et on n'envoie pas Kevin se casser les dents en 2nde générale.
- PurpleBannerNiveau 7
Dinaaa a écrit:neomath a écrit:L'école ne peut rien pour les enfant qui ont un petit QI ou des parents pathogènes. C'est une triste réalité qui ne date pas d'hier.
Le problème était moins visible autrefois lorsque ces enfants allaient garder les vaches ou devenaient OS. Mais ce temps est révolu. Il faudra donc bien un jour affronter le problème : dans un monde ou le travail non qualifié devient rare, que fait on des perdants ?
On essaie de leur expliquer, à eux et à leurs parents, dès la 6e si possible et en douceur, qu'échouer à l'école ne veut pas dire rater sa vie.
Qu'on peut être très heureux même si on n'est pas scolaire.
Qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un Bac + 15 pour être épanoui.
Que Kévin peut être très heureux s'il fait un métier concret, pratique, où il se sentira utile.
Surtout, on ne les leurre pas pendant 4 ans en disant que Kevin a toutes ses chances (de quoi ? d'être chômeur avec un Bac +3 ?), et on n'envoie pas Kevin se casser les dents en 2nde générale.
Je dirais plutôt: que fait-on des parents ? (plus que des perdants)
Je comprends, Dinaaa, ce discours de franchise et de lucidité à faire devant un élève, nécessaire et finalement bienveillant en fait.
Mais peut-on le tenir à un élève de 6 ans, à parents pathogènes comme dit neomath: ce n'est pas de sa faute s'il n'y arrive pas et pourtant, c'est à lui que l'on va imposer des dispositifs "de remédiation" inefficaces à long terme.
C'est pour ça que je mute (je l'ai déjà dit ailleurs), j'ai carrément perdu la flamme de mes débuts: ils sont en échec parce qu'ils sont dedans jusqu'au cou depuis qu'ils sont nés et rien ne changera s'ils y restent (dans leur mxxxx).
Chez nous, il faut vraiment une catastrophe pour qu'il y ait placement, et c'est toujours grâce à l'intervention d'une association (et pas par l'action de l'assistante sociale de l'école) que des places d'internat sont acquises. Pourtant, dès le primaire, c'est ce dont ils ont besoin. De plus, lorsqu'elle fait des signalement (l'ass. sociale), 4 fois sur 5 le juge, 1 mois plus tard, classe l'affaire (main levée)...
L'école de la République? Où ça?
- User5899Demi-dieu
Mais on a à peu près dit : "Dans un monde où le travail non qualifié devient rare"...Dinaaa a écrit:neomath a écrit:L'école ne peut rien pour les enfant qui ont un petit QI ou des parents pathogènes. C'est une triste réalité qui ne date pas d'hier.
Le problème était moins visible autrefois lorsque ces enfants allaient garder les vaches ou devenaient OS. Mais ce temps est révolu. Il faudra donc bien un jour affronter le problème : dans un monde ou le travail non qualifié devient rare, que fait on des perdants ?
On essaie de leur expliquer, à eux et à leurs parents, dès la 6e si possible et en douceur, qu'échouer à l'école ne veut pas dire rater sa vie.
Qu'on peut être très heureux même si on n'est pas scolaire.
Qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un Bac + 15 pour être épanoui.
Que Kévin peut être très heureux s'il fait un métier concret, pratique, où il se sentira utile.
Surtout, on ne les leurre pas pendant 4 ans en disant que Kevin a toutes ses chances (de quoi ? d'être chômeur avec un Bac +3 ?), et on n'envoie pas Kevin se casser les dents en 2nde générale.
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